Once upon a time,
A married couple left.

C'est moi qui ai payé. Oui, je chipote, parce que je sais que techniquement, j'ai insisté pour le faire. Je ne lui ai pas laissé le choix. N'empêche que l'entreprise va s'en souvenir. Oui, faut pas le dire, mais j'ai dû un peu pomper dans les réserves. Je sens d'ici mon père s'en rendre compte et m'appeler en rage. Je le sens mal... très mal. Et ce n'est pas mon faible salaire de professeur qui va changer la donne. Je n'aurai qu'à me serrer un peu la ceinture pendant quelques mois pour rembourser ce que je dois à la compagnie. Ça a beau être mon entreprise, je n'aime pas trop savoir que des gens bossent pour mon compte et que je me sers de cet argent pour ma propre volonté. En même temps, ils ne peuvent pas trop se plaindre, vu les salaires que je leur donnent. Il va falloir que j'en discute avec mon père. Quitte à lui dire la malheureuse chose que j'ai osé faire.

Quoiqu'il en soit, le jeu en vaut la chandelle. Et puis, je n'ai pas payé grand chose en fait. J'ai des contacts un peu partout dans le monde, même si j'avoue que les beaux bateaux de croisière ne font pas partie de mes principaux clients. D'ailleurs, il est prévu que j'aille saluer le capitaine pendant la croisière afin de discuter un peu. L'avantage d'être chef d'entreprise, c'est qu'à moins de se retrouver face à quelqu'un qui regarde les informations 24h/24, peu de gens connaissent vraiment notre visage. De cette manière, l'on est riche sans connaître la popularité. Et pour moi qui suit plutôt flemmard, c'est une chance.

Nous avons dû prendre l'avion avant de prendre ce fameux paquebot. Pour arriver jusqu'à New York. Il faisait froid, et franchement, j'avais surtout hâte que la température se réchauffe. Je ne parlais pas vraiment, car moi et la langue française... ça fait deux. Finalement, nous arrivâmes au moment où les quais d'embarquement sortaient pour faire passer les multiples voyageurs. Je ne voulais pas vraiment laisser la voiture ici, surtout que ce n'était pas vraiment la mienne mais plutôt celle de Miyaki. Finalement, après l'avoir mise dans un garage prévu pour la croisière, mais toujours sur le quai, nous parvenions enfin sur les strapontins. Miyaki eut alors un sorte de haut le cœur. Elle avait peur des requins. Oui, ça elle me l'avait dit à la maison déjà. Mais sur un bateau comme ça, c'était pratiquement impossible de tomber. C'était beaucoup trop haut, et puis... et puis on e se sentait même pas sur un bateau, à vrai dire.

Miyaki soupira d'aise alors que nous montions à bord du bateau de croisière. Je soupçonnais un peu son imagination. Des hommes derrière nous portaient nos bagages, tandis que je maintenais fermement Ayumi d'une main, et sa poussette de l'autre. On aurait vraiment dû songer à se marier avant de faire un enfant. L'intéressée m'observa d'un sourire plus que charmant avant de tenter quelques paroles inintelligibles. Elle est mignonne Ayu'. Je lui souris à mon tour, avant de l'embrasser sur le front. Nous n'allions pas la laisser seule à la maison, même avec une nourrice. Ça ne se fait pas. Et puis, elle a déjà... sept mois, la petite ! À ce stade, elle ressemble à un petit bout d'humaine. Elle sert très fort quand elle touche quoique ce soit. Actuellement, c'est mon costume qu'elle tient fermement. Je suis même sûr qu'en la lâchant, elle tiendrait encore. Mais je ne tenterai pas.

Je percute alors Miyaki qui s'était arrêtée d'un seul coup. Un léger râle sort de ma bouche, par faute d'être surpris. Ayu' ne comprend elle-même pas trop la situation et manque de pleurer. Cette fille pleure trop. Je l'embrasse une nouvelle fois avant de recevoir une excuse de la part de ma femme. J'ai encore du mal à m'y faire, mais ça passe mieux qu'avant.

« Tu me trouves niaise ? »

J'aimerai bien éclater de rire pour le coup. Niaise ? Avant, peut-être un peu. Mais là, tu assumes ton rôle de mère, de femme, je n'en demande pas plus. Tu remplis mon cœur de joie et tu gardes des attitudes enfantines. Je n'ai rien à redire. Doucement, ayant conscience de bloquer la file qui nous suit, je donne Ayumi dans les bras de sa mère, embrasse ma femme et la pousse légèrement en avant pour rentrer dans le bateau. Je me mets alors à rire et la suit pour pénétrer dans l'enceinte plutôt colorée.

-Contente-toi d'avancer, avant de raconter des trucs pareils !

On nous dirige plutôt rapidement vers la suite. Je sors aussitôt pour admirer le balcon. Bon, je dois avouer que pour l'instant, la vue n'est pas bien impressionnante. Le port de Saint Nazaire est grand, et les paquebots ne manquent pas. Le temps est plutôt maussade, et le gris est probablement la couleur majoritaire de ce décor. J'attends de voir ce que donnera le coucher de soleil. Nous sommes pour l'instant bien orienté. Cela changera probablement. C'est l'avantage d'une croisière. Je me retourne pour ouvrir les valises, tout en prenant soin de fermer la porte vitrée. Ayumi commence à marcher à quatre pattes, et elle se débrouille plutôt bien. Les renforcements pour éviter de tomber sont bien construit, mais j'aimerais éviter de perdre mon enfant à l'eau. J'ai d'ailleurs demandé au personnel de s'occuper d'Ayu' quand nous ne serions pas disponible. Ce bateau est vraiment tout équipé, ça fait plaisir. J'inspire profondément, respirant l'air de la marée.

À ce propos, je ne vois carrément plus Miyu. Où a-t-elle bien pu passer ? Je défais les valises pour les ranger dans les placards puis les passe sous le lit. Quelques minutes plus tard, après un bon étirement, je sors dehors pour observer les délices qu'ont à nous offrir cette croisière. Où est passée Miyaki ?

Foutez un chat dans l'eau,
voyez ce qu'il répondra.

Je passe une main dans mes cheveux. Avant de lâcher un râle plus que perceptible. Toujours dans la chambre, je suis littéralement en train de mourir de peur. Pendant que je rangeais nos affaires dans les armoires prévues à cet effet, j'ai totalement oublié que la porte était ouverte. Et Ayumi, en toute aventurière qu'elle est, en a profité pour filer. Or, nous sommes sur un bateau. Et en extérieur, les bastingages sont à hauteur d'un humain normal. Ayu pourrait passer à la baye sans que personne ne s'en rende compte. Torturé dans ma tête, je pris une bonne dizaine de secondes pour comprendre ce qu'il s'était passé. Ce ne fut qu'après ces secondes que mon cerveau enregistra enfin la disparition de la petite. Soudainement apeuré, je sortis en trombe de la chambre et commença à la rechercher. Je n'aime pas ça, je n'aime pas ça du tout. Râlant cette fois-ci d'une voix plus que dure, je me précipitai dans les différents couloirs. Une porte était à moitié ouverte. Je me risquais à y entrer sans autorisation. En effet, la petite était cachée sous le lit, à peine visible. Je me penchais pour la rattraper, au moment où une femme entra.

-Mon Dieu, que faites-vous dans la chambre d'une demoiselle, mons...

Je me retournais avant qu'elle n'ait le temps de terminer sa phrase. Je ne sais pas si j'ai un bouton sur le nez, mais j'aimerais qu'on évite de me dévisager de cette façon. Ou bien, est-ce ma beauté fatale qui ne laisse aucun mot sur la bouche de la demoiselle en question ? J'avoue qu'elle n'est pas moche, mais d'ici à rattraper la beauté de mon épouse il y a beaucoup plus qu'un pas.

Vous savez, je disais ça pour rire. J'ignore si la femme en question est une lectrice de pensée, mais en tout cas, on dirait que je lui faisais de l'effet. Ce qui, personnellement, n'était pas partagé. Voir même pas du tout. Elle m'observe d'un air doucereux, comme si ça pouvait changer quoique ce soit de ma vision envers elle. Et c'est à ce moment qu'on apprécie d'avoir Ayumi, ma fille. J'étais loin de penser qu'elle pouvait me rendre encore plus heureux que je ne l'étais actuellement. Mais là, si. Je saisis la petite qui était déjà en train de repartir faire sa vie et me releva, ma fille dans les bras.

-Excusez-moi, ma fille s'était perdue dans votre chambre, je suis venu la récupérer.

Si vous aviez vu la tête de la dame. J'aurais pu en rire. Mais respect oblige, je me tus et passa mon chemin sans un autre regard pour elle. Une fois à bonne distance de la chambre de la demoiselle, je me mis à rire franchement en observant ma fille et lui offrant un bisou sur la joue. Elle est trop, cette petite. Elle tint dans ses petites mains ma chemise qu'elle accrocha très fort. Aventurière... j'ai peur de voir quand elle va commencer à marcher. Très peur. Je soupire et pose la petite dans son lit et ferme la porte à clé en sortant. On sait jamais. J'ai enlevé ma veste, pour terminer en chemise blanche et pantalon tergal. Je sais que d'ici quelques jours, je sortirai le short, mais il fait pour l'instant trop froid. Je vais avertir s'il est possible de prendre une nounou pendant la durée du voyage quand nous ne sommes pas disponible. En levant les yeux, je fais face à un homme. Je le reconnais aussitôt, c'est le capitaine. D'une bonne poignée de main, nous nous saluons. Il m'indique que ma femme me cherche dans tout le bateau. Pourquoi n'est-elle pas simplement rentrée dans notre chambre ? Je m'y suis toujours trouvé. Mais qu'importe. Nous discutons de ci et de ça, puis il me dirige vers la piscine.

Et là, là je vois ma femme en train de se prélasser devant la piscine. Elle se lève, en bikini, et vient me voler un baiser avant de piquer une tête dans la piscine. Elle a de la volonté pour se baigner alors qu'il fait plutôt froid dehors. Quoiqu'elle n'est pas la seule. Dix personnes se sont entassées devant la piscine. C'est une vraie attraction. Attendez, Miyu n'était pas censée me chercher ? Je regarde le capitaine, qui hausse les épaules d'un air amusé. Elle n'a pas fait preuve d'une franche envie de me retrouver. J'avoue qu'elle est très belle dans son maillot de bain. C'est... sexy. Je souris et m'approche du bassin. C'est alors qu'elle prend le pied et me tire à elle dans la piscine. Je tombe, non sans être subitement pris d'assaut par le léopard des neiges. Je le retiens rapidement, mais perds toute attention sur la scène. Et j'exécute un presque plat sans avoir pris mon souffle. Je n'ai même pas le temps de crier. Je plonge dans l'eau translucide et me dépêche de remonter à la surface, en manque d'air. Vous avez que les chats n'aiment pas l'eau. Je m'accroche au bord de la piscine et fusille Miyaki. Je déteste être mouillé dans autre chose que des vêtements de plage. Et je vais tomber malade. J'entends des gens qui rient. Eux aussi, je les fusille du regard. On ne se moque PAS de moi. Je passe mes cheveux en arrière pour voir devant moi et les garde un instant en main pour les secouer du surplus d'eau. Et voilà, ma chemise est toute dégoulinante. Et le pire, c'est qu'on voit mon corps à travers. Donc je vais attraper froid. Encore heureux que mon portable est resté dans la chambre, sinon j'aurais vu des couleurs. Par contre, ma montre a peu de chance de survivre. Je mets pas du waterproof sur moi. Je m'empresse de la retirer et la pose à côté de moi, pour la faire sécher. Avec un temps pareil, on peut toujours rêver. Et je n'ai toujours rien dit. Je fixe Miyu d'un air mauvais, trèèèès mauvais, trop mauvais pour ce qu'il vient de se passer et lance, criant presque :

-Mais ça va pas la tête ? Tu aurais fait quoi, si je m'étais fracassé le crâne contre la piscine ??

S'ensuit des dizaines de râles les uns à la suite des autres, sans une quelconque liaison entre eux. Je suis pas content. Terriblement pas content. Pourquoi elle fait ça ? Ça rime à quoi ? Je m'éloigne de la piscine et me pose sur une chaise longue, ouvrant ma chemise en entier pour la garder sur moi et la faire un peu sécher. Je vais tomber malade, je vous le dis. Ok, je ressemble à un chat qui va griffer si on l'approche, mais après tout, c'est le cas. Ma pupille est déjà un peu dilatée, mais rien de bien voyant. Il faut savoir que je suis métamorphe pour le remarquer. Je prends une serviette qui doit probablement lui appartenir et la fout sur ma tête, boudeur. Il faut un sacré courage pour s'être marié avec moi.

Un ange et une sirène,
ma femme est la plus belle de toutes.

Je ne suis pas de bonne humeur. À quoi voulait-elle s'attendre ? J'aime pas qu'on me mette dans l'eau. Je ne raffole pas d'elle, voyez-vous. Il doit y avoir marqué « à foutre sur l'eau » sur mon front, à force. C'en est vraiment à se demander. Je connais bien l'eau glaciale du lac à Little Angleton. J'avoue que celle-ci est légèrement plus chaude. En fait, même beaucoup plus chaude. Mais la température extérieure n'est pas la même. Sortit de l'eau, je m'empresse de déboutonner ma chemise. Elle est trempée. Et mon pantalon aussi. Mes chaussures aussi. Ma montre aussi que j'ai reprise. Miyaki fait une réflexion aux gens qui ont rit pour ma tombée. J'en suis presque à frissonner à entendre le ton de voix qu'elle emploie. Cependant, ce peut-être dû au fait que je vais prendre froid. Je ne lève pas les yeux et soupire. Je m'en veux déjà de lui parlé sur ce ton. Je me calme tellement rapidement maintenant que je la connais. Et puis, c'est notre lune de miel, je n'ai pas envie de gâcher ça dès la première journée. Elle a intérêt à profiter, vu le prix que j'y ai mis.

« Je savais très bien ce que je faisais.. J'allais te retenir ! Je ne suis pas folle ! C'est malheureux d'en arriver là chaque fois.. mais là c'est toi qui n'a pas confiance en moi.. »

C'est vrai que je suis allé un peu loin. Mais à me surprendre, il ne faut pas s'attendre à une réplique sympathique du genre « oh l'eau est chaude ! ». Non, ça, peut-être que Takeji le ferais. Pas moi. Je suis quelqu'un de nerveux, qui n'aime pas les moqueries, qui s'emballe rapidement pour un rien et qui galère à s'excuser. Voilà le type d'homme que je suis. Et malgré tout, Miyaki a décidé de passer sa vie avec moi. Soit elle est maso, soit je change vraiment totalement de caractère quand je suis avec elle, et dans ce cas, je peux la comprendre.

Je lève les yeux pour l'observer, plus calme. Elle me dévisage comme si je venais de Vénus. Je n'ai pas choisi la planète au hasard, détrompez-vous. Elle me sort son sourire aguicheur. C'est me voir mouillé avec la chemise ouverte qui t'excite autant ? Je peux la refermer, si c'est un problème. Elle me donne presque envie de rire. Mais je suis encore trop boudeur pour oser dire quoi que ce soit. Je détourne les yeux et passe ma main sur la serviette pour la faire passer devant mes yeux. Elle est suffisamment longue pour cacher tous mes cheveux et mon visage. D'ailleurs, en parlant de cheveux, j'ai l'impression que ces derniers ont pas mal poussés depuis... un certain temps. Je ne suis pas allé chez le coiffeur, car ils n'ont pas besoin de soins particuliers. Ou bien disons plutôt que les shampoings de coiffeurs, je les ai déjà. Comme je me coupe moi-même les pointes, je les empêche de partir en fourches. Mais ils continuent de pousser à une vitesse incroyable. Les voilà déjà en bas de mes épaules. En temps normal, ça ne se remarque pas, parce que j'ai de sacrés brushings, mais là... puisqu'ils sont mouillés, on peut voir distinctement leur longueur. Je vais encore devoir m'activer dans la salle de bain pour gérer cette tignasse. À ce propos, Miyaki les as plus longs que je ne le pensait. Puisqu'elle les boucle, je n'ai pas souvent de les voir lisses. Bref, je vais pas lancer un débat.

Je m'allonge sur la chaise longue, débarrassant la serviette de ma bouche et de mon nez histoire de me laisser respirer. J'entends vaguement une discussion entre un serveur et ma femme, mais n'y prend pas garde avant que cette dernière ne s'assit subitement sur moi. Je m'apprête à enlever la serviette lorsque Miyaki m'enfourne quelque chose dans la bouche. Je l'entrouvre légèrement. Je sais que je devrais apprendre à faire un peu plus attention, mais tant qu'elle ne me donne pas de poison, je devrais pouvoir survivre... je dis ça, je dis rien. Finalement, je reconnais au goût le caviar. C'est trop salé le caviar... et souvent on le fait payer cher alors que ce n'est qu'une imitation. Mais celui-là à le vrai goût. C'est plutôt difficile de le différencier avec les œufs de lump, qui est un ersatz de caviar. Celui-là laisse un bon goût sur le palais. Je mords dans le toast avant d'enlever la serviette de mes yeux. Je manque de sursauter en remarquant ma femme penchée sur moi à me retirer du caviar qu'il me restait sur la bouche. Pas que ça me dérange, mais bon, on est en public, et j'aime pas être considéré comme un spectacle.

« Tu le trouves comment alors, mon amour ? »

C'est du caviar. C'est cher. Mais c'est bon. Même si on peut trouver presque pareil pour beaucoup moins cher. Le caviar, c'est la plus grosse arnaque du siècle. Mais je ne dirai rien de plus. Je râle à moitié, avant de me relever sur mes bras avant.

 « Apportez-lui des serviettes propres, s'il vous plait ! Je n'ai pas envie que mon amour attrape froid... » 

Ah ! Elle s'en rend enfin compte. Pas trop tôt, mais pour le coup, je crois que je n'échapperai pas au rhume. Mon nez me gratte déjà. C'est énervant. Vous allez voir, dès que je vais me mettre à parler, je vais éternuer. Alors, pour le coup, j'observe simplement ce qu'il se passe au-dessus de moi. Miyaki parle au serveur qui lui répond rapidement. Le service est vraiment rapide, j'apprécie. Ça fait du bien de se reposer un peu. N'empêche que... je vais avoir une tonne de boulot sur les bras quand je rentrerai. J'ai laissé mes cours à la maison en m'obligeant à ne pas y toucher sur le bateau. Je me demande si j'ai bien fait. C'est bien de se reposer, mais en fait, je commence à douter.

« Tu m'en veux encore, mon amour ? Pas maintenant ! Pas pendant notre voyage de noce.. »

Je prends son menton dans ma main droite et lui sourit chaleureusement. Je me calme vite, hein ?

-Je ne t'en veux pas, ou peut-être juste un peu. Je m'excuse.

Puis, finalement, je décide de me lever, prend ma femme dans mes bras et inspire profondément. Soudainement, je le relâche le plus rapidement possible. Je mets ma main devant ma bouche. Je sens, je sens... que je vais é...

-ATCHOUM !

Suivit d'un deuxième puis d'un troisième éternuement. Quand je dis que j'allais tomber malade. Je reste sceptique et lance rapidement à Miyaki que je vais aller me changer sous peine d'attraper froid. Je rentre dans les chambres, puis passe devant le miroir. Mes cheveux sont vraiment longs en fait. Trop longs pour moi. Et puis, ma permanente n'est presque plus visible. On voit très bien mes racines brunes et je n'ai plus que des reflets blonds. Il est temps de refaire une couleur, mais là j'ai la flemme. J'irai chez le coiffeur en même temps. Quoiqu'il doit y en avoir sur le bateau, vu comme il est équipé. J'éternue une nouvelle fois, histoire de me rappeler que je dois faire quelque chose. Je prends une serviette blanche trônant sur le lit et rentre dans la salle de bain. Je ne vais pas aller prendre ma douche, mais il faut bien que je me déshabille. Et la vue sur le port a beau être magnifique, je ne tiens pas trop à ce que l'on me voie. Je me change rapidement, optant pour une tenue un peu moins formelle. Je sors une chemise à larges manches, un peu style renaissance, et enfile un jean. Là, elle me refout pas à l'eau sinon je hurle. Je tiens beaucoup à cette chemise. Et les jeans mouillé c'est TRES désagréable à porter. J'en profite pour faire sécher mes vêtements sur le haut de la douche. À peine arrivé et déjà trempé. J'ai peur de la suite. En plus, je commence à avoir faim. On a fait un sacré trajet pour arriver à New York, et c'est pas le petit en cas donné dans l'avion qui me rassasiera. Je fouille un peu dans les affaires de Miyaki et en sort une belle petite robe à volant rose avec des papillons bleus imprimés en bas. Elle est jolie celle-là. Je la pose sur le lit, comme ça elle pourra se changer quand elle reviendra. Bon, après, si ça ne lui plaît pas de la mettre, ça ne me gêne pas.

D'ailleurs, j'y pense, il va falloir changer ses papiers, à Miyaki. Oh, plus tard, pensons à nous détendre. Je me dirige vers la piscine et remonte mes bas de pantalon pour poser mes pieds dans la piscine en m'y asseillant au bord. Je sais que je joue avec le feu, mais il faut avouer que l'eau est quand même bonne. Très bonne, même. Miyaki est encore dans l'eau, ou peut-être l'a-t-elle quittée pendant que je me suis changée, mais en tout cas, elle est dedans. Et elle s'approche de moi. Lorsqu'elle sort la tête de l'eau, j'empoigne son magnifique visage et me penche pour l'embrasser avec toute la fougue que j'ai. Il y a nettement moins de monde maintenant.

-Ma sirène se plaît-elle ici ?

Je ne lui laisse pas vraiment le temps de répliquer et l'embrasse une nouvelle fois.

J'ai besoin d'amour,
pour vivre pleinement chaque jour.

J'avoue qu'il y a des jours où je ne comprend pas trop ce qu'il se passe dans ma tête. Sous l'effet de la colère, je peux faire et dire n'importe quoi. Pour moi, c'est une mauvaise chose. Très mauvaise chose. Avec Miyaki à mes côtés, j'ai appris à me calmer. Ou en tout cas, à comprendre quand me calmer. J'inspire profondément, lorsque Miyaki m'offre son plus beau sourire. Elle est vraiment craquante. Je suis content d'être tombé sur elle. Enfin, je pense que dans tous les cas, j'aurais terminé avec elle, car nos parents l'ont décidés ainsi. C'est un peu vieillo comme façon de faire, les mariages arrangés, mais il faut croire que ces derniers se déroulent parfois en de très bons termes pour les principaux concernés. Si Miyaki n'avait apporté aucun soutien ou avantage à ma famille, mes parents ne l'auraient probablement pas acceptés. Finalement, ma mère a tout gagné dans le lot. Une bonne famille, et un fils responsable.

« Ce n'est rien, c'est compréhensible... »

J'acquiesce doucement, fixant de mes yeux argentés la belle créature à mes côtés. Il n'y a pas de doute, je suis heureux d'être avec elle, de passer le plus de temps accroché à elle, malgré mon peu de temps libre. Lorsque je suis avec elle et Ayumi, je m'arrange pour les satisfaire au maximum. Avec deux parents très refermés sur leur enfant et deux familles très riches qui offrent de nombreux cadeaux, Ayumi est chouchoutée. Il va rapidement falloir lui apprendre à ne pas devenir égoïste. Et ce n'est pas si facile. Quand un enfant vous demande un cadeau, que vous avez largement les sous pour le lui offrir mais que le montant reste quand même exorbitant, vous devez inventer des raisons idiotes pour résister malgré soi à la volonté de l'enfant. Si tous ses rêves deviennent réalité, Ayumi finira par se ratatiner. Miyu s'approcha de mon oreille afin de me glisser quelques mots.

« ..de la part d'un chat ! Comment puis-je me faire pardonner ? »

Se faire pardonner ? En voilà une drôle de question. Je fais mine de réfléchir, pour terminer par un magistral éternuement. Non, je confirme, il ne fait vraiment pas chaud. Miyaki passe sa main sur mon front. Que je me contente rapidement de retirer. Allons bon, je n'ai pas de fièvre. Ce n'est rien qu'un petit rhume. Les métamorphes ne tombent pas facilement malades. En revanche... lorsque je tombe malade... c'est pour une bonne semaine. Malheureusement. Et si je finis au lit pour la croisière, c'est dommage, alors pour éviter ça, on va prendre un bon doliprane et on se couchera tôt ce soir. Même si la journée ne fait que commencer. Je reste assis sur la chaise longue, ma serviette sur la tête, m'arrangeant pour me sécher un maximum les cheveux. Ils sont longs. Et je sais que je l'ai déjà dit. Ils dégoulinent de partout. C'est dérangeant, et ça donne encore plus envie d'éternuer.

Ma femme saute du plongeoir pour épater tout le monde. Je ne peux m'empêcher de sourire en coin en observant ses prouesses. Je suis vraiment nul en piscine. La nage, c'est vraiment énervant. Tu ne vas pas assez vite. Et ça fatigue. La mer, c'est salé, après tes cheveux collent. Bref, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. Je passe ma main devant ma bouche pour étouffer un nouvel éternuement. Je ne peux m'empêcher par la suite de râler. J'ai envie de manger un bon steak bien saignant là. J'ai des envies bizarres parfois. Mon regard dérive sur mon annulaire gauche. Puis sur l'anneau symbolique. Il a une belle couleur argentée, de la même couleur que mes yeux. Je n'aime pas trop la couleur jaune de l'or, c'est pourquoi je me suis d'abord tourné vers l'argent. Mais mes parents ont décrétés qu'il fallait mieux. C'est pourquoi cet anneau est fait en or blanc. Finement taillé de plusieurs motifs très végétal, il est aussi incrusté de trois diamants d'un millimètre de diamètre, sauf le central légèrement plus gros. Cet anneau est réellement magnifique. J'ai parfois peur de le porter.

Miyu commence à manger du homard sur un matelas gonflable en plein milieu de la piscine. C'est pas vraiment sérieux. Et si tout tombe dans l'eau ? Merci au service de nettoyage. Sans qu'elle le remarque, je lance un regard de reproche dans sa direction. Et c'est elle qui souhaite garder une taille fine ? La sauce du homard fait grossir. Très vite. De toute façon, même si la richesse permet de s'offrir ce que l'on souhaite, il faut varier les plaisirs. Le homard et la viande de gibier sont deux mets très forts, en manger trop souvent est mauvais pour la santé. Très mauvais. Je pars me changer, pour revenir quelques instants plus tard. Ma sirène est toujours là, et s'approche de moi lorsque je trempe mes pieds dans l'eau. Je m'empresse de l'embrasser dès sa sortie de l'eau, comme pour l'empêcher de respirer. Elle passe ses bras autour de moi et comme je n'ai pas l'intention de piquer une tête dans l'eau, je résiste, ce qui a pour but de soulever la jeune femme de l'eau. Elle finit par stopper son baiser pour me répondre.

« J'a-d-o-r-e ! C'est la plus belle lune de miel que tu puisses m'offrir, mon amour ! Merci beaucoup ! »

Et la voilà repartie dans l'eau, comme un souvenir. Je crois que je suis un peu fou sur les bords. Oui, un fou amoureux. C'est ainsi. Je souris en la regardant partir. Je suis heureux qu'elle soit heureuse avec moi. J'ai l'air idiot un peu non ? Ma propre bêtise m'amuse. Je soupire, sort de la piscine, et m'apprête à faire un tour de bateau, lorsque le capitaine annonce aux hauts parleurs que le repas est servi. Effectivement, les jeunes gens autour de la piscine commencent à s'agiter. Je me sèche les pieds avant d'attendre ma femme. Sans que je m'en sois rendu compte, le bateau a démarré. Ça a dû pourtant faire un sacré grabuge, mais nous voilà à présent parés pour commencer notre lune de miel. Je descends en même temps que Miyaki à nos appartements. Ayumi est à présent de dormir.

« Mon amour, je vais me doucher.. Si quelqu'un veut me rejoindre ! Il n'est jamais trop tard ! »

Quelqu'un ? Parce qu'une autre personne est sensiblement invitée ? Je souris légèrement mais n'ajoute rien. Cependant, avant que Miyaki n'entre dans la salle de bain, je saisis le sèche cheveux et tente de réarranger ma coupe de cheveux. Au final, ça se termine au lisseur. Au même instant, Miyu sort de la salle de bain avec une simple serviette autour de la taille. Je lui lance un regard aguicheur. Ce à quoi elle me répond par un baiser. Je profite de ce petit instant pour reposer le sèche cheveux et le lisseur dans la salle de douche puis me dirige vers ma trousse de toilette pour fixer mon propre reflet dans le miroir de la chambre. D'un air décidé, je pose la trousse près du miroir, saisit une chaise que je place dossier face à mon ventre, droit devant le miroir. Je passe un coup de crème, de fond de teint, puis souligne mes yeux par un léger trait d'eyeliner. Très léger, mais suffisant pour être remarqué. Je prends mon vernis à ongles noir et l'étale sur chacun de mes doigts. Une fois secs, je prends le pochoir et passe une seconde couche blanche représentant les quatre signes du jeu de cartes. Le cœur se retrouve par hasard sur l'annulaire gauche, et ça me fait doucement rire. Je prends un far à paupières noir et le dispose doucement à la base de mes paupières, remontant en dégradé jusqu'à ignorer la distinction entre la peau et le far. Et voilà, je suis fin prêt.

Ça ne m'a pas pris beaucoup de temps, mais Miyaki semble éprouver un malin plaisir à me faire patienter. Je me dirige donc vers l'extérieur et croise au hasard un petit garçon qui semble faire toutes les chambres pour vendre des fleurs. Je ne savais pas que les marchands itinérants étaient autorisés sur ce bateau. En tout cas, ça me donne une idée. Me dirige vers lui, et lui propose de lui acheter une fleur. Ses yeux semblent un instant rayonner. Il ne doit pas faire fortune et n'a même pas la vingtaine. C'est déprimant. Il vend des fleurs de tiaré. Typique des îles. Il est d'ailleurs bien métis lui aussi. Il n'empêche que nous sommes plutôt loin des îles pour le moment. Je rentre dans la chambre, et Miyaki finit par sortir au bout de longues minutes d'attente. Je pose la fleur sur le lit, de son côté.

« Comment tu me trouves ? »

Et elle tourne sur elle-même. Les vêtements choisis sont judicieux et elle est vraiment belle. Maquillée et bien coiffée, elle ressemble maintenant à une princesse. Quel joyau. Je m'approche d'elle, prend la fleur dans mes doigts fins et le lui accroche tranquillement près de son oreille.

-Y'a pas à dire, j'ai bon goût...

Je lui tire naïvement la langue, avant d'effectuer une agile référence et de tendre ma main vers elle. Elle est vraiment belle. Je me suis changé, pour revêtir un pantalon tergal avec la même chemise.

-Ma chère femme, me feriez-vous l'honneur de venir dîner ?

Technique ancestrale pour convaincre la femme face à vous que vous vous conduisez avec élégance. Encore aujourd'hui, c'est rare de voir une femme résister aux charmes d'un bon gentleman. On apprécie beaucoup le style rétro. Mais je me permets d'y mettre mon petit grain de sel. Lorsque cette dernière fait mine d'avancer sa main, j'attrape cette dernière violemment et l'approche de moi. La surplombant d'une petite dizaine de centimètres, je me penche légèrement pour m'approche de son oreille, ma main toujours dans la sienne et l'autre posée sur son dos.

-Je suis d'humeur à manger quoique ce soit, alors ne me faites pas trop patienter, je risquerais de perdre mon sang-froid. Murmurais-je langoureusement.

Faisant appel à ma forme fusionnelle, je modifie légèrement mon apparence, allongeant mes crocs et mes ongles, ainsi que mon regard d'autant plus glacé. En vérité, j'ai vraiment faim. Mais je veux juste m'amuser un peu avant. Il faut savoir tirer profit de son pouvoir. Je détache doucement mes lèvres des quelques centimètres de son oreille, et prend son menton dans mes doigts efféminés. Je la fixe un instant pour finalement l'embrasser. Rapidement coupé, je garde ma main dans la sienne et l'entraîne à l'extérieur, après un regard inquiet sur Ayumi. Elle dort profondément, et tout est fermé. Je reviendrais dans la soirée pour lui donner à manger. Dans les couloirs qui mènent à la grande salle à manger, je passe ma langue sur les crocs, pendant que ces derniers se rétractent et que je réintègre ma forme humaine beaucoup plus humaine. Un serveur nous place à une table en tête à tête, et je pose ma tête en piédestal pour mes mains croisés, dont les coudes sont posés sur le bois vernis. On commence à nous apporter le menu. Je vois un plat avec du homard. Je sais que Miyaki va le prendre. Pour moi, ce sera plutôt de la viande. Le poisson ne me donne pas vraiment envie pour le moment.

Et voilà qu'on nous apporte les premiers plats.

Il était un petit navire,
qui n'avait jamais navigué.

Miyaki est vraiment femme magnifique. Je ne cesserai probablement jamais assez de le dire, mais je ne regrette vraiment pas d'avoir demandé la main à cette femme. Elle m'a donné tant de choses, et notamment de quoi avancer, de quoi ne plus se buter sur des sensations. De quoi évoluer. J'espère lui être d'un quelconque service en écho à ce qu'elle m'offre sans visiblement s'en rendre compte. J'inspire profondément, lançant par la suite une petite pique à son attention. Oui, j'ai bon goût, mais en même temps qui ne l'aurait pas avec une femme pareille ? Je me sens comblé à ses côtés. Et encore une fois, j'espère que c'est réciproque. Suite à ma légère phrase, la petite poupée de porcelaine me sourit, pourtant légèrement boudeuse.

- « C'est que M. se vanterai presque.. »

En lui rendant son sourire, je l'approche de moi pour l'embrasser. C'est que Mrs apprécie aussi beaucoup qu'on la complimente, alors j'ai le droit de temps en temps de flatter mon ego, non ? Quoiqu'il en soit, je sais qu'elle ne m'en veut pas, et c'est tout ce qui suffit à mon bonheur actuellement. Je me penche par la suite légèrement en avant, en tendant gracieusement mes doigts fins vers elle, en invitation à venir souper. Vieille méthode qui a toujours sa place entre nous deux. Après tout, nous avons tous deux vécus dans un luxe admirable. Même si la majorité des mœurs se sont perdues avec l'évolution, parfois il arrive que les méthodes de nos ancêtres refassent surface pour nous dicter la marche à suivre. D'un attitude de gentleman, j'invite la dame à se placer à mes côtés pour le repas. Elle tend une main hésitante, annonçant dans le même lieu ces quelques mots :

- « Je serai honoré de dîner en votre compagnie, très cher ! »

Un sourire surgit au coin de mes lèvres, le visage baissé. Et voilà comment on gagne les faveurs d'une demoiselle, quoique celle-ci est déjà sous mon contrôle total. J'ajoute par un baiser ma joie de la savoir avec moi. Il n'y a parfois pas de mots pour décrire une sensation, et on la passe par des faits et gestes divers. Me détachant de ses lèvres, je prends le temps d'observer ce fin minois correctement proportionné. De près comme de loin, je ne trouve aucun défaut. En même temps, je suis amoureux, alors ma vision est quelque peu... troublée ? Impossible d'afficher un caractère objectif sur celle qui m'a autant transformé. Transformation. J'ai bien envie d'essayer de m'amuser. Miyaki est devenue beaucoup moins timide depuis que je la connais. Elle qui par le passé avait les joues empourprées dès que je la croisais. Elle a bien changée. Par moments, je regrette qu'elle ait perdu cette attitude si timide. Parfois, cela revient à la charge, parfois c'est l'inverse.

- « Seriez-vous prêt à manger même votre femme ? »
-Pourquoi pas ? Susurrais-je à son oreille.

Je ne pourrais bien évidemment pas la manger. Elle est trop importante à mes yeux, et en fait, je n'y ai jamais pensé. Et je me rassure de n'y avoir jamais pensé, auquel cas je serai cannibale. Bref. Après un dernier regard pour Ayumi en train de dormir, je referme soigneusement la porte et nous nous dirigeons vers la salle à manger. La grande salle à manger, je dois bien l'avouer. Il doit y avoir deux restaurants sur ce paquebot, et celui-là est réservé de par ses prix à la plus grande bourgeoisie qui soit.

Miyaki s'assoit en première, galanterie oblige. J'observe le menu et opte pour la viande rouge. Des fois, quand je regarde les menus, je me demande si on paye le plat ou le nom du plat. D'ailleurs, c'est souvent a qui me rebute. J'aime bine la bonne cuisine, mais j'aime très peu qu'on se fiche de ma tête, pour rester poli. Il y a des moments où je me pose la question de ce qu'on va m'apporter. C'est terrible comme sensation après avoir lu en toute lettre le repas. Alors prenons de la bonne viande, au moins ils ne vont pas t'apporter du soja. Je lève le nez vers Miyu, qui a l'air à son aise et sort d'un bout à l'autre son repas de ce soir au serveur :

- « J'aimerai.. du fois gras, avec du homard à l'arôme de chocolat, légumes et avocats. Avec du saumon grillé accompagné de légume. Et pour dessert.. un framboisier macaron ! »

Si j'eus été malpoli, j'aurai ouvert en grand la bouche pour signifier mon étonnement. Et c'est encore elle qui se plaindra après coup qu'elle mange trop, qu'il faut qu'elle maigrisse. Le serveur, professionnel, se tourne alors vers moi pour prendre ma commande. Je repose mes yeux sur le menu avant de lâcher quelques secondes plus tard ces quelques mots :

-Une viande de bison au vin rouge et au foie gras avec du riz aux amandes, et en dessert une génoise au chocolat et à la framboise, merci.

Le serveur acquiesce en silence et repart tranquillement, nos menus dans ses mains, la commande sur son calepin. Je tourne la tête sur le coté, ma main en appuie-tête. Le soleil commence à se coucher, c'est vraiment superbe la vue qu'on a d'ici. Miyaki a l'air de me fixer si intensément que je finis par détourner mon regard sur elle. Elle marmonne quelque chose, mais je ne comprends pas vraiment sa peur. Elle est probablement déjà en train de se plaindre des futurs kilos qu'elle va prendre. Je lui souris donc affectueusement, même si j'ignore de quoi elle parlait. Je n'ai pas pris d'entrée, ni Miyaki. On nous apporte donc les plats de résistance. Manger, c'est aussi apprécier la vue du plat, et j'avoue que celui-ci est particulièrement bien présenté. Mes yeux se teintent d'envie et je m'apprête à commencer mon repas.

- « Bon appétit, mon amour ! »

Je lui souris chaleureusement en lui renvoyant la même sauce. Je commence mon repas, paisiblement, après avoir jeté un coup d’œil au plat d'en face. Je ne m'en fais pas pour ma ligne, car un métamorphe mange déjà beaucoup en temps normal, et après tout je suis en quelque sorte un prof de sport. Revoilà Miyaki qui murmure des mots que je n'arrive pas à entendre avec les bruits alentours. Je lâche alors mes couverts, m'essuie la bouche et pose mes coudes de chaque côté du plat, les mins jointes et la tête dessus, un air enfantin sur le visage :

-Pourriez-vous parler un peu plus distinctement, ma chère et tendre ?

Ah, et dire qu'on s'est longtemps vouvoyés entre nous. Je ne me souviens même plus quand la glace a été franchie. Ça me paraît si loin. Tellement de choses sont venues pimenter ma vie. J'ai cru perdre Miyaki des centaines de fois, à tel point que mon cœur s'en souvient encore. Et maintenant, je vis une vie paisible bien que très, très chargée. Le capitaine annonce alors de vive-voix qu'un bal sera organisé ce soir pour fêter le départ du navire. Bonne idée, très bonne idée. Ça fait bien longtemps que je n'ai pas dansé. Et puis, c'est aussi l'occasion de se parer de beaux bijoux et de belles tenues. Dans les bals, on revient un peu à l'époque ancestrale. Les grandes robes sont à l'honneur. Les fins costumes noirs taillés pour les hommes. Il me tarde de me remettre à danser. Je me demande si Miyaki acceptera qu'on lui demande de danser avec une autre personne que moi.

On arrive progressivement au dessert, après avoir abordé tel ou tel sujet. Je n'ai pas envie de laisser trop longtemps Ayumi toute seule, même si elle dort. C'est pourquoi je prends un peu moins de temps pour manger mon dessert et revenir dans la chambre assez vite. J'apprécie tout de même le moment passé avec Miyaki. Soudainement, on vient près de ma chaise pour m'annoncer que la petite a été prise en charge sur ma demande et qu'elle est sou la surveillance d'une nourrice. Voilà qui est bien.

-Tu me dis quand tu as terminé, que nous allions faire un petit tour à l'extérieur du bateau avant le bal.

On dit que le bateau le soir est magnifique. On ne doit plus voir les côtes à présent, ou très loin. J'aimerais vivre cette instant avec elle, dans le silence marin.

J'ai l'impression de m'être levé plusieurs fois à table. Et visiblement, ce fut aussi le cas de Miyaki. J'ai lu quelque part que les riches étaient réputés pour manger tard. À l'époque, je trouvais pas vraiment, mais c'est vrai qu'au final, les gens qui ont établis cette règle n'ont pas tort. Ce n'est pas que l'on mange spécialement tard, ni qu'on ai vraiment le temps de rester à table. C'est plutôt que la majorité des plats sont assez longs à cuisiner. Voir très longs pour certains. Alors il faut bien patienter. Et pendant cette attente, l'on discute. Sauf que je ne suis pas très patient. Lorsque le repas arrive, c'est avec un vrai sourire de contentement que je m'acharne sur la tâche. Inspirant profondément, j'entame la viande. Elle est vraiment tendre. Et puis la viande de bison est bonne aussi. Ce n'est pas du gibier, ça n'a pas autant de goût que le sanglier, mais c'est tout de même très appréciable. Et puis la bonne cuisine, ce n'est pas seulement un plat difficile à préparer, c'est aussi une bonne, voir très bonne qualité. Quelque chose que j'apprécie beaucoup.

- « Je reviens mon ange. Je vais me repoudrer le nez ! »

Et voilà, disparue alors que nous sommes en train de dîner. Enfin, il s'agit du premier jour, et nous allons vivre la même chose pendant plusieurs semaines. J'espère juste que nous pourrons un jour manger sans que l'un de nous ne déserte la table. Je soupire légèrement lorsqu'elle sort. Se repoudrer le nez... est-ce vraiment nécessaire ? De toute façon elle n'a que moi en vis-à-vis, et je ne remarquerai pas ce genre de choses. Je veux bien croire qu'elle fasse partie de la haute société, mais tout de même. Je me nettoie la bouche en observant le vin qu'on nous a servi. Le serveur est vraiment sympathique. Je bois une petite gorgée en attendant le retour de Miyaki. Voyons, c'est qu'elle tarde. Ça ne devrait pas prendre autant de temps. Je m'apprête à me relever quand elle refait subitement surface.

- « Me revoilà! »

Ah ! Mais quelle attitude sérieuse. Ton repas a déjà commencé à refroidir. Je te sers un verre de vin. La suite du repas est entremêlée de discussions diverses et variées. Quelquefois, il me semble l'entendre murmurer quelques paroles. Puis d'autres. Si bien que je finis par lui poser distinctement la question. Pourquoi murmure-t-elle alors que je suis là ? Elle veut me cacher des choses, c'est ça ? Peut-être, en tout cas, j'ai eu ma dose de cachotteries depuis que je la connais, et j'ai rapidement appris à ne plus aimer ça, puisqu'elles se révèlent souvent bien plus dures qu'elles ne le devraient. Ma chérie, ma fiancée décide alors de parler à voix haute, d'une manière distinctive. Eh ben voilà, je préfère ça. Je suis magnifique ? Eh bien, c'est gentil ! Elle m'embrasse un peu, puis se rassoit à sa place. Eh bien, quand je pense qu'elle se serait mise à rougir il y a quelques années pour m'embrasser en public... elle a bien changée. C'est une bonne chose. Je passe une main dans mes cheveux, légèrement gêné. Que ce soit elle qui me le dise et pas n'importe qui change beaucoup la donne de mes émotions. Je soupire puis nous poursuivons le repas en quelques échanges. Le dessert est servi , puis nous sortons de table. Alors, ce fameux bal ? C'est pour ce soir. Mais avant ça, même si nous n'aurons pas le temps de faire le tour du bateau avant l'ouverture, j'ai envie de prendre l'air.

- « C'est bon, nous pouvons y aller ! Qu'as-tu pensé du repas, mon chéri ? »

Je lui prends la main et nous sortons du hall où nous mangions. Je lui offre un sourire pour toute réponse. De toute évidence, elle la connaît déjà. Je regrette un peu d'avoir eu faim, car j'aurais dans ce cas pu apprécier le repas à sa juste valeur, et non pas en tant que coupe faim. Une fois dehors, Miyaki passe devant moi pour me lancer un joyeux :

- « Il fait bon, tu ne trouves pas ? »

J'acquiesce de la tête avant de la lever vers le ciel, comme pour humer un peu plus l'air marin. Il fait bon, ça oui. Très bon, même. On ne se sent même pas sur un bateau. Il ne tangue pas. La seule chose qui nous rappelle à l'ordre, c'est cette odeur qu'on pense familière, qu'on voit à perte de vue, la mer. Je vis ma femme se diriger vers l'avant du bateau. Nous y étions tout prêt. Elle pose ses mains en croix de chaque côté de son corps. Quand à moi, je mets mes mains sur les barrières de sécurité et fixe le soleil commencer sa longue descente. De ce côté-là, on ne vois que l'horizon à perte de vue, contrairement à tribord. C'est un beau spectacle. Il n'est pas loin de 20h30, peut-être un peu plus. Les vagues commencent déjà à s'écraser contre les parois solides du navire, sans le faire osciller. La houle n'est pas bien violente, et les embruns ne nous parviennent pas de notre hauteur. Ça oui, il fait bon. Très bon même. Je soupire de bonheur, tandis que les paroles de Miyaki arrivent à mon oreille.

- « Je suis la reine du monde ! »

Je souris à cette vision. Elle a dû regarder Titanic en boucle pour dire ça. Enfin, en vérité, j'en sais rien. La dernière fois que ce film a effleuré mes yeux, il m'a ennuyé du début à la fin. C'était chiant, plat et beaucoup trop à l'eau de rose pour moi. Le seul truc amusant, c'était de le voir avec des filles qui pleurnichaient tout le long du film. Ça m'amusait beaucoup plus que le film. Bien plus même. Doucement, je viens me placer derrière elle et l'entoure de mes bras en venant loger ma tête dans son cou. Ma respiration est lente, et je profite de cet instant pour sentir cette odeur qui émane d'elle. Cette chaleur qui a bien failli la manquer plusieurs fois. Je suis tellement heureux de la savoir en vie à mes côtés, après toutes ces choses passées ensemble. Ces peines, ces peurs, je suis content qu'elles soient terminés. Je veux enfin apprécier ma qualité de mari et de père, maintenant que tout ceci à pris fin. Après un petit baiser dans le cou, je murmure ces paroles très mélancoliques :

-Promets-moi que nous resterons toujours ensemble.

Ce n’était pas dans mes habitudes de dire ce genre de choses. Mais je n'ai jamais été habitué à vivre de cette manière, à avoir peur du lendemain. J'ai des personnes sur qui compter, et ces personnes comptent aussi énormément pour moi. J'inspire profondément avant de me dégager de sa nuque et l'embrasse profondément. Je lui souris avec un air d'excuse sur le visage, lui prend la main et l'incite à retourner dans nos appartements pour nous préparer pour la soirée. La nostalgie ne me réussit pas vraiment...

Ce n'est pas encore aujourd'hui,
que mes habitudes changeront.

Mon regard est tourné vers ma femme. Enserrant sa taille, je reste collé à elle un maximum de temps. Il n'y a personne à cette heure-ci, la majorité sont encore en train de dîner et l'autre moitié ne profite pas de l'extérieur mais reste cloîtrés dans leurs appartements. Quelle tristesse. Et dire que j'aurais fait parti d'eux si Miyaki ne m'avait pas stoppé dans mon élan. Quoiqu'il en soit, actuellement, je sens le parfum léger de Miyaki, tout en observant devant moi. Le soleil a déjà décliné, et voilà que le capitaine a déjà allumé les lumières pour ne pas confondre mer et terre. Ce serait bête que quelqu'un tombe à l'eau, surtout quand on observe la hauteur du bateau de croisière.

- « Je te le promets ! Mais pourquoi penses-tu à ça, mon amour ? »

Je ferme les yeux. Pourquoi ça ? Je ne sais as, quand je pense à tout ce qui peut se passer dans une vie, j'en ai soudain la chair de poule. La mort fait bien sûr peur, mais il y a aussi la séparation, quelle qu'elle soit. De n'importe quelle nature, elle peut surgir sans crier gare, sans se poser des questions. Et quand elle est là, rien ne peut l'empêcher d'effectuer sa triste besogne. Je soupire dans le coup de ma bien-aimée. Ça ne se fait pas vraiment de se poser autant de questions morbides, surtout pour moi. Mais je pense que l'obscurité me fait défaut et rameute avec elle la dose de déprime pour la soirée. Et ce n'est pas quelques lumières qui vont ramener la luminosité de l'astre matinal. Je détache mes bras de Miyaki et paraît alors à ses côtés pour poser mes main sur la rambarde. La soirée est plutôt calme, il n'y a pas de grosses vagues, tout du moins le bâtiment est trop gros pour qu'on puisse remarquer la moindre vague s'écraser dessus.

Je décidé qu'il est temps de rentrer, parce qu'il ne fait pas si chaud et qu'on aura bien le temps de regarder les vagues en quelques semaines. La prenant par la main, je nous dirige vers les marches mais elle me retient et baisse les yeux lorsque je me retourne. J'aime pas quand elle commence comme ça. Soit c'est des cachotteries, soit elle veut me dire quelque chose, et ce quelque chose l’embarrasse ou la titille. Je n'attends pas plus et m'apprête à parler, mais sa bouche s'ouvre pour me précéder. Je fronce les sourcils et l'écoute attentivement débuter son monologue.

- « J'ai besoin de te parler de quelque chose qui me tient à cœur ! »

Ok, déjà ça commence mal, très mal pour ainsi dire. Elle sait très bien que je n'aime pas quand elle commence comme ça. C'est une sorte de préambule qui va faire suivre toute une série de chose que Miyaki considère comme grave. Et que souvent je finis par trouver grave. En général, j'arrive à comprendre avant qu'elle ne se mette à parler, mais là j'ai beau chercher, je ne vois pas ce qu'elle a à me reprocher, ou à reprocher à qui que ce soit. Non, enfin si, il y a quelque chose, mais elle ne l'a jamais mis sur le tapis, alors je pense que c'est d'autre chose dont elle veut me parler. Je continue à écouter.

-« Ce n'est pas des reproches. Cependant ton travail empiète trop sur ta vie personnel ! Que tu sois mêlée ou sorcier cela ne change rien, tu restes en partie humain.. Les seules fois ou je peux te voir, tu es exténué ! Tu te surmènes trop.. »

Ah... finalement, il faut croire que c'est bien ça... c'est drôle, c'est la première fois qu'elle m'en fais vraiment part à l'oral. Je sais déjà qu'elle en pense beaucoup mais qu'elle n'ose ou ne veuille pas m'en parler. Le fait même qu'elle me rapporte ça aujourd'hui prouve qu'elle est arrivée à sa limite.je soupire avant de lui faire face. Elle n'a pas tort. Mais elle sait que je ne pourrais pas changer du jour au lendemain. Et comment lui dire que j'ai dorénavant un nouvel apprenti à m'occuper ? Ça ne peut pas se faire... ça ne peut pas continuer ainsi. C'est ce que je devrais dire. Mais je ne me plains pas. À vrai dire, je crois que j'aime être occupé. Si on comptabilise tout ce que je fais, mes journées devraient plutôt se baser sur 48h et non pas 24. Je me couche souvent vers une heure du matin, voir plus tard s'il me reste du travail. Et après, c'est lever 06h30, 7h. Des fois, je fais des nuits blanches. Alors oui, j'ai l'air fatigué, et même le week end me paraît chargé. C'est pour dire. Sans rien dire, j'attends que Miyaki poursuive, parce que de toute évidence, elle n'a pas l'air d'avoir terminé.

- « Tu comprends ce que je veux dire ? »

J'acquiesce rapidement, sans toutefois pouvoir lui répondre avec des mots. J'ai la gorge nouée rien qu'à y penser.

- « La plupart des personnes qui sont dans le même cas que toi, prenne le choix qui les arrange le plus.. les cachets jusqu'à en faire une overdose.. et en mourir ! Alors je vais te redire ce que tu m'as dis lors de l'opération du cancer.. »

Je ne dis rien, prêt à entendre ce qu'elle me dira. Pourtant, je trouve qu'elle va un peu loin. Je ne prends pas de cachets, et je ne compte pas non plus en prendre. Je bois du café, et je fume très rarement. Personnellement, je me trouve très sain pour quelqu'un qui se surmène. Et puis, le surmenage, c'est avant tout lorsqu'on n'arrive pas à gérer sa vie. Or, même si je suis fatigué, je parviens à tout gérer sans trop de soucis. Je ne mets pas ma vie sociale à l'écart, ni ma famille. Ils ont tout deux une importance chère à mon cœur. Mais même avec force et volonté, que puis-je faire ? Yoren m'a été donné comme apprenti par Orphéo. Mon entreprise ne se gère pas toute seule, même si mon père m'épargne de nombreuses heures de travail en plus. En tant que professeur et exorciste, j'ai aussi des cours à assurer et des missions à effectuer que je ne peux refuser indéfiniment. Le mieux serait de quitter le monde de la magie. Là, je n'aurai plus rien à faire, et ma vie deviendrais soudainement plus légère. En serais-je seulement capable ?

- « Est-ce que tu penses à tes proches, et à ta famille.. S'il t'arrivait quelque chose. Ils ne pourront pas en survivre. Fait le pour moi. Et Ayumi. »

Je fronce de nouveau les sourcils. La solution n'est pas dans les belles paroles. Ni dans les mots tout court. Il faut la trouver par soi-même, et pour l'instant, ça ne m'intéresse pas d'y penser. Nous avons une vie de famille, elle n'est pas inexistante. Je comprends qu'elle s'en fasse pour moi, mais ce n'est pas une raison pour m'emprisonner. Je me plais dans tout ce que je fais, peu importe le temps que ça me prend. Je veux bien comprendre ses motivations mais... j'ai aussi besoin de tout ça. Et je ne vais pas mourir parce que je travaille beaucoup. Elle va loin. Trop loin pour que je ne puisse plus réagir. Je m'apprête à parler, mais la voilà qui se met à pleurer tout en terminant.

- « Repose-toi je t'en supplie ! Ou du moins essaye de ralentir la cadence ! Je suis là, et si besoin je suis prête à endurer toutes les heures que tu veux pour t'aider que ce soit pour le travail ou à la maison ! Promets-moi que tu vas penser plus à toi ? Je t'en supplie ! Ayumi et moi, on a besoin de toi ! »

mais je sais que vous avez besoin de moi. Moi aussi j'ai besoin de vous. Mais je ne trouve pas que je sois mal disposé pour plaire à tes attentes. Le fait que je t'ai emmené sur ce bateau prouve lui-même que je pense à toi et à moi avant le travail. Mais comment l'exprimer à l'oral. La voilà qui vient se loger près de moi tout en pleurant. Je passe ma main dans ses cheveux pour la calmer puis... la décale de moi et la fixe tout en maintenant ses épaules avec mes mains.

-Je comprends, mais je ne peux ni te déléguer mon travail, ni le stopper. J'ai conscience que notre vie de famille est importante. Et elle l'est pour moi. Je ne risque rien à travailler autant, je ne me drogue pas non plus. Tu n'as vraiment pas à t'en faire, je t'assure.

Je soupire à la suite de cette phrase. Non, elle n'a vraiment pas besoin de s'en faire là-dessus. Comme pour lui signifier que je n'ai pas envie d'en parler, je lui fais dos et lui tend ma main avant de lancer d'un air quelque peu râleur :

-Bon, et maintenant, allons nous préparer.

Je suis là pour me reposer, alors autant ne pas parler de travail maintenant. S'il faut en arriver à la faire culpabiliser pour qu'elle ne me parle pas de ça, alors j'irai jusqu'à la faire culpabiliser. Loin de moi l'idée d'être méchant, mais j'aimerais éviter d'y penser un maximum.

Je n'attends que toi,
ne me déçois pas.

Cette petite sortie avant d’aller se préparer pour le bal prend une tournure que je n'aime pas. Pour ainsi dire pas du tout. Je sais que mon surmenage l'inquiète beaucoup, mais je pars du principe que puisque je ne me plains pas, elle n'a pas à s'en faire. Simplement. Si je reste attentif à ses plaintes dans un premier temps -et je les comprends tout à fait-, je ne parviens plus à empêcher quelques mots d'effleurer le seuil de mes lèvres. Non, je ne veux pas la mettre dans l'embarras. Je ne veux pas qu'elle pense qu'elle ne me sert à rien. Sa simple présence me permet de continuer à vivre dans le plus merveilleux des mondes. Mais voilà, je refuse qu'elle pense qu'elle peut m'aider. Que compte-t-elle faire ? Elle n'a pas mes capacités, quoiqu'elle puisse en penser. On ne devient pas professeur du jour au lendemain. La preuve en est que je lui apprends même des choses pour ce qui touche à la musique. Le japonais aussi, c'est encore différent. Ce n'est pas le tout d'être bilingue. Il faut aussi savoir l'apprendre. Et ça, ça ne s'invente pas. Elle ne peut pas remplacer mes cours de métamorphose. Donc mes apprentis par la même occasion. Et après, c'est mon boulot. Encore une fois, elle n'y peut rien. Elle peut aussi gérer une industrie, mais si elle dirige à moitié une grande entreprise de jouets, moi c'est du cosmétique. Et ce n'est pas du tout la même chose. De plus, tout est trié au préalable par mon père. Ce qui m'arrive sur mon ordinateur, ce sont des papiers officiels à signer ou autres que je me dois de connaître. Or, l'entreprise n'est pas à son nom, et je ne peux pas l’envoyer faire mes conférences de presse. Bref. Je pourrais bien sûr lui expliquer tout ceci, mais je pense que ce serait tout à fait inutile, vu son attitude visiblement bornée... Sa pression sur mon chemisier m'invita alors à me sortir de mes pensées pour écouter ce qu'elle avait à me dire. Sa voix vu si basse que je dû tendre l'oreille.

- « Ren, promet-moi que quoiqu'il arrive tu resteras à mes côtés ! J'ai peur de me réveiller, et de me rendre compte que tout cela n'est qu'un rêve ! Et que lorsque j'aurai vingt quatre ans. Je viendrai donner mon dernier souffle.. »

Mon expression faciale s'adoucit aussitôt. Que s'est-elle encore mise en tête. Je connais son imagination si débordante, c'est pourquoi je ne prend pas vraiment au sérieux ce qu'elle me raconte. Avec une infinie douceur, je pris son menton entre mon pouce et mon index et amena son visage jusqu'au mien pour l'embrasser sur le front. Si c'est un rêve, je l'empêcherai, je la maintiendrais dedans jusqu'à ce qu'elle se décide un jour à se réveiller. Après ce geste, je fronce les sourcils pour la suite de sa phrase. Vingt quatre ans ? Je sais ce à quoi elle se réfère. Sa maladie. Son ancien cancer, depuis quelques mois éradiqué. Cette fois-ci, j'approche mon front du sien et la fixe droit dans les yeux, en prononçant d'un voix assez forte.

-Jamais. Si cela n'est qu'un rêve, je te forcerai à y rester. Et jamais, jamais tu ne te réveilleras. Je te le jure. Tu ne souffriras plus.

Et puis, la discussion revient sur cette idée de surmenage. Je soupire une nouvelle fois, quelque peu agacé ? Ça ne sert à rien, mieux vaut clore le débat pendant qu'il en est encore temps. Si je commence à répondre à tout ce qu'elle dit, on va finir par en parler pendant toute la soirée. Qu'elle profite du fait que je sois en vacances au lieu de me prendre la tête avec ce surmenage. Je n'ai vraiment pas envie de parler de ça. Pas parce qu'il n'y a que la vérité qui blesse mais parce que ce n'est pas une vérité puisque je ne m'en plains pas et je ne manifeste pas de caractéristique de surmenage. Pas de drogue, certes je fume mais ça n'a rien à voir avec ça. Et puis... je ne m'en plains pas. Je dors tard, je me réveille tôt. Voilà, au moins ma vie est bien remplie. Et ça ne dérange pas. Je crois même que je m'ennuierai dans le cas contraire. J'ai pris cette habitude de vie avant de connaître Miyaki, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. Jusqu'à présent j'ai oublié pas mal de mes anciennes mœurs, mais choisir de moins travailler, ça veut aussi dire abandonner quelques petites choses. Et puisque je ne peux pas faillir à mes devoirs de chef d'entreprise, je dois abandonner mon métier de professeur et de maître. Ce qui n'est. Absolument. Pas. Envisageable.

- « Que tu le veuilles ou non, je t'aiderai ! Je ne supporte pas de ne rien faire, en sachant que tu te surmènes au travail ! Même si c'est minime, je m'en contre fiche.. Le principe étant que je me sentirai pas inutile ! »

Un claquement de langue énervé parut à mes oreilles, proféré par ma propre langue. Sans vraiment le vouloir, mon regard se fit plus dur pendant que je l'observais se frotter les yeux comme après avoir pleuré. Mais je ne veux pas paraître tendre pour une fois. Je veux qu'elle comprenne que je n'ai pas le choix, ou tout du moins que je ne songe pas à le faire. Égoïste ou autre, je ne me remets pas en question. Ma voix se fait encore plus forte, comme pour passer au-dessus du vent et je lance, à moitié énervé :

-Mais comment veux-tu m'aider ? Il n'y a rien ! Rien que tu puisses faire. J'ai choisi ce mode de vie, et il me plaît ! Tu me demandes de choisir entre mon entreprise et mon métier de professeur ? C'en est assez !

Conscient d'avoir vidé mon sac, la fin de phrase se termine par un claquement sec, comme un fouet. Je n'aime pas m'énerver. Oh que non. Surtout quand ce n'est pas vraiment de moi qu'on parle. Elle veut se sentir utile, mais je ne peux rien lui offrir de pareil. Sa présence suffit à me donner du courage, de la force pour avancer chaque jour un peu plus. Mais je ne peux pas me résoudre à lui céder une partie de mon travail. Si j'avais pu, je l'aurais fait pour lui donner la conscience tranquille mais non, il n'y a rien qu'elle puisse faire. Si elle veut se sentir utile, elle n'a qu'à donner à manger à Rin par exemple. C'est tout ce que je peux lui proposer. Pour rien d'autre, vraiment rien d'autre, elle ne peut me remplacer.

Pressé que cette discussion se termine, je ramène ma femme dans notre loge. Cette dernière va légèrement plus vite que moi, comme inquiète du devenir d'Ayumi. Lorsque nous pénétrons dans l'appartement, Ayumi nous regarde de ses yeux noisette, aussi pétillants que des feux d'artifices. La nourrice se décale alors pour laisser passer la mère. Cette dernière l'embrasse sur le front avec un « dieu merci » assez prononcé. Ce qui m'arrache aussitôt un sourire. De quoi a-t-elle peur, sérieusement. Tant qu'il y a quelqu'un dans la chambre, je n'en fais pas pour ma fille. Bien qu'elle soit plutôt coquine pour son âge. La nourrice s'en va peu après mon remerciement à son attention. Miyu est déjà en train de se préparer. Décidément, elle ne perd pas un instant. Et je finis par faire de même. Je m'habille d'un pantalon tergal noir, de ma chemise blanche et revêt une cravate toute aussi noire. Pour bien sûr enfin terminer par la veste noire par excellence. Les hommes n'ont pas besoin de choisir leurs vêtements, c'est toujours la même chose. Une norme à suivre, à remplir.

Puisque Miyaki ne se décide toujours pas à sortir de la salle de bain, je prends un peu de temps et m'approche finalement d'Ayumi et lui sourit affectueusement. C'est elle qui tend les bras en première pour être portée. Ce que je me contente de faire. Je m'assoie sur le lit en tailleur et la pose face à moi. Son petite regard d'ange me rappelle les vagues souvenirs que j'ai de la première fois où j'ai vu Miyaki. Quand nous n'étions encore que de petits enfants qui ne connaissaient rien à la vie. J'inspire profondément et prend les petites mains d'Ayumi avec mon index. Elle exerce aussitôt cette petite pression. Elle a beaucoup de force pour son âge. Je continue de lui sourire pendant qu'elle tente quelques mots avec une mine de réflexion intensive. Oui, ce n'est pas facile de parler. Mais ça vient au fur et à mesure du temps. La petite s'approche de moi à quatre pattes et vient se blottir tout contre moi. Avec difficulté, elle se dresse sur ses deux petits pieds et touche mon visage, en rivant son regard sur le mien. Oui, elle doit trouver bizarre que mes yeux aient cette teinte étrange. Et cela se manifeste. Elle tend la main vers mes yeux, mais finit par la poser sur ma joue, à quelques millimètres de l'oeil droit. Puis, finalement, elle se rejette en arrière en se mettant à rire, ce rire d'enfant, les deux mais devant sa bouche et ces yeux toujours aussi pétillants. Je la tiens en arrière pour l'empêcher de tomber et lui offre un bisou sur le front pendant qu'elle continue à rire, lorsque la porte s'ouvre subitement. Je tourne la tête vers l'endroit en question et voit ma femme vêtue d'une magnifique robe. C'est drôle, je trouve que ça la change beaucoup de ne pas avoir de robes amples avec des froufrous partout. Elle paraît tellement plus... adulte. Mûre aussi. Et ça ne me déplaît pas. Je continue de sourire, cette fois-ci pour Miyaki.

- « Terminé ! Elle te plaît la robe ? »

J'acquiesce aussitôt, ce même sourire aux lèvres. Évidemment que j'aime cette robe. Elle allonge encore plus sa silhouette, et ses petites frisettes sont vraiment adorables. Bref, j'aime j'aime, et je re-aime. Prenant Ayumi dans mes bras, je la repose dans son lit après un petit baiser. Je dirige alors mon regard vers ma femme avant de mettre mes chaussures. Après un rapide passage dans la salle de bain pour réarranger mes cheveux et leur faire prendre un peu de volume, je reparais et dit :

-Nous pouvons y aller ?

J'ignore l'heure qu'il est, mais nous ne devrions pas trop tarder...

Il y a des jours comme ça ou tu te rends compte que la vie n'est pas toujours un long lagon bleu. Ou les ennuis s'encombrent les uns après les autres. Ou tu es obligée de travailler pour des personnes que tu n'aimes pas. Et qu'en dehors de ça, tu vois que très rarement ton mari, parce qu'il travaille très tard pour s'assurer l'avenir de la famille. La vie est dure. Je me demande ou il sera lorsque Ayumi aura besoin de lui. Encore au travail. Comme d'habitude. Que vais-je devenir s'il lui arrive quelque chose ? Ou quand on m'annoncera qu'on l'a retrouvé inerte sur le sol ? Mais je crois qu'entre nous deux, ça sera moi qui partira la première. Je ne suis pas en aussi bonne santé que lui. Et mon corps ne tiendra pas longtemps. Je devrais arrêter de m'en faire. Pour l'instant, il ne se plaint pas.. et il n'a pas l'air de trop souffrir. Cependant il me manque ! J'ai toujours eu du mal à supporter la distance. Je m'attache trop. Pourtant on m'a souvent dit de ne pas trop m'attacher aux gens. J'aimerai pouvoir changer du jour au lendemain, et pouvoir accorder ma plus accorder ma confiance, sans trop m'attacher aux gens. Mais cela est impossible. On ne peut pas changer du jour, au lendemain.. La preuve ! Je suis de nouveau en train de me faire des illusions. Je me fais de fausses idées qui m'embrouillent l'esprit. Je suis impossible, décidément je ne changerai jamais !

- « Jamais. Si cela n'est qu'un rêve, je te forcerai à y rester. Et jamais, jamais tu ne te réveilleras. Je te le jure. Tu ne souffriras plus. » me rassure-t-il par de douces paroles enchanteresses.

Il est toujours là pour moi. Il n'a jamais cessé de m'aimer. Tout ça, je le dois rien qu'à lui. Je crois qu'à cette heure là, je serais sûrement en train de m’apitoyer sur mon sort. Me disant que dans quatre ans, je disparaîtrai de la planète. Et que la seule personne que je vais faire souffrir, c'est ma mère. Merci de m'aider, de me soutenir, et de m'aimer. Merci d'être ce que tu es. Merci d'être là pour moi. Merci pour tout ce que tu as fait. Malgré les hauts et les bas, tu as toujours veiller sur moi comme un ange gardien. Je ne sais pas ce que je serais devenu si tu n'avais pas été là ce jour là. Morte, sans doute. Merci pour tout. Moi qui me suit promis qu'après Kanzaki, je n'aimerai plus personne. Me voilà à présent avec le plus merveilleux des hommes. Le temps change, et les personnes aussi. Aujourd'hui, encore je vieillis, et je changes.. même si je garde toujours certaines choses de mon passé qui seront à jamais graver en moi. Car elles font partie de moi, et de ma vie.

- « Mais comment veux-tu m'aider ? Il n'y a rien ! Rien que tu puisses faire. J'ai choisi ce mode de vie, et il me plaît ! Tu me demandes de choisir entre mon entreprise et mon métier de professeur ? C'en est assez ! » rouspète-t-il comme un chat qui feule après un chien.

La première fois. La première fois qui ose lever le ton sur moi. Ça me rappelle un peu les histoires de couples qu'on voit à la télévision, ou mes parents. Après tout, il ne faut pas des hauts et des bas dans un couple. Le platonique tue le couple. Cependant, je n'ose plus rien dire par peur d'aggravée la situation. Par contre, je ne lui demanderai jamais de choisir. Car moi non plus, je ne pourrai pas choisir entre les deux. La musique c'est toute ma vie. Et l'entreprise c'est ce qui permet de faire vivre ma mère, et mon père. Qui finance aussi l'orphelinat pour Mia. La moitié de la somme revient à ma mère, car c'est avant tout mes parents qui ont travaillés ici. Et elle a besoin de cette argent. L'argent des concerts, des lives, ects.. ne la fait pas vivre ! Et c'est la même chose pour moi. C'est pour ça, qu'elle a voulu que je reprends l'entreprise familial pour assurer notre avenir. Le compte de mon père a été fermé y a quelques temps, impossible d'y accéder. En gros, ils comptent tous sur moi !

- « Je ne te demanderai jamais de choisir ! Et tu le sais très bien.. » murmurais-je dans ma barbe pour ne pas que l'entendes.

Après que la conversation est close. Nous pouvons dorénavant nous avancer vers la sortie pour revenir à l'intérieur. Je me fais du sang d'encre pour la petite. Je ne supporte pas de la laisser entre les mains de quelqu'un d'autre que mon mari, ou des amies. Cependant j'ai été rassuré de voir qu'elle n'avait rien. On ne sait jamais ce qui peut arriver, même sur un bateau de cette classe. Bref, je ne me laisse pas une seule minute pour soupirer. Je vais de ce pas me changer pour être plus élégante aux yeux de mon mari et des invités, sans pour autant rencontrer un collège de travail, ou quelque chose comme ça. Déjà que la conversation nous a emmené à nous disputer. Cela ne va tout de même pas recommencer. Alors je ne tarde pas trop à sortir de la salle de bain. J'ai pris un peu plus d'une heure pour me préparer. C'est pas mal non ? Moi qui en générale prend plus de trois heures, sans compter les essayages. C'est vrai que je suis un sacré numéro, mais je vous rassure.. toutes les filles sont comme ça !

- « Nous pouvons y aller ? » me demande-t-il vêtu de son plus beau costume.

Attention ! Il s'est mis sur son 31. Je crois que je vais être méfiante vis à vis des autres filles. Ne sait-on jamais. N'empêche qu'il est magnifique dans ce costume. Tellement, qu'il m'est impossible de décrocher mes yeux de lui. Je l'embrasse tendrement avant de lui prendre la main. Je crois que personne ne peut lui arriver à la cheville. Il est le plus bel homme de ce bateau. Et je ne dis pas ça uniquement parce que je suis follement amoureuse de lui, mais tout simplement parce que c'est la vérité et que je l'aime.

- « Tu es magnifique ! » complimentais-je en souriant timidement.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas souris de la sorte. Surtout qu'après je me met à rougir. C'est une vieille habitude. Je crois que celle-ci n'est pas prête de partir. En tout cas, nous voilà partis pour le grand bal qui a lieu dans la salle de bal. On se croirait dans un conte de fée à la fin la princesse part, en oubliant sa sandale de verre.. et que le prince la retrouve et fait essayer la sandale à toutes les filles. En se rendant compte que la seule fille à qui la chaussure va, c'était une demoiselle qui sert de femme de ménage à une vieille dame. Bon d'accord, j'arrête de raconter ma vie. Je m'avance à ses côtés jusqu'à la pièce.. en observant une à une les invités, ainsi que le comportement de mon mari envers les demoiselles. Oui faut se méfier de tout le monde même de l'homme qu'on aime. Vous ne savez pas, mais les hommes sont attirés par les femmes, donc c'est naturelle d'être jalouse et d'être vigilante. D'ailleurs, je l'observe attentivement.. et me met subitement à lui serrer la main.

- « Attention, ou tu poses les yeux ! » dis-je sans me rendre compte.

La situation est assez amusante. A vrai dire, c'est Miyoko qui a pris les devant. Non elle ne va rien lui faire. Car après tout, c'est une partie de moi. Et elle ne peut plus prendre possession de mon corps. Seulement c'est un avertissement, s'il ne veut pas se retrouver à dormir sur le divan ce soir. Parce qu'il peut très bien baver sur une demoiselle.. qui est célibataire, très séduisante, et qui a un comportement plus mature que moi.. Row je hais les hommes ! A toujours vouloir chercher la perle rare, alors qu'ils ont déjà quelqu'un !

- « désolé ! » m'excusais-je en rougissant de gêne, parce que je fais déjà une crise, alors qu'il n'a encore rien fait.

Offre-moi cette danse
et enlace-moi.

Miyaki se décide enfin à clore le sujet de mon surmenage. Ah, pas trop tôt. De toute façon, je ne lui aurais pas répondu. Je l'entends qui marmonne quelques paroles en croyant que je ne l'entends pas. Pour toute réponse, je lève les yeux au ciel d'un air lassé. Les femmes veulent toujours avoir le dernier mot dans une conversation. Laissez-là y croire.

De retour dans notre appartement, je m'amuse un peu avec Ayumi, jusqu'à ce que ma femme ne se décide à sortir de la salle de bain, après une petite heure. Petite, comparée aux nombreuses autres. Je me demande si elle ne vit pas plus dans la salle de bain que dans la chambre. C'est terrible. 3H le matin, 3h le soir. Je n'aurais jamais pu penser que se démaquiller puisse demander autant de temps. À moins qu'elle ne s'occupe d'autre chose en même temps. Qu'elle ait des moments d'absences. Que sais-je. Enfin, au bout d'un certain temps, elle ressort et je pose Ayumi juste avant que Miyaki ne m'embrasse. Quel élan d'amour. Je souris à moitié, et l'emmène alors dans la salle de bal. J'ai entendu dire qu'il y a d'autres grands PDG de cosmétiques présents sur le bateau. Avec un peu de chance, j'en croiserai un ou une. Je tourne mon regard vers Miyaki. Elle ne me regarde pas. Je soupire. Oui, oui, pas de travail sur le bateau. Je vais donc devoir penser à autre chose. Mon regard écume tout de même la salle dans son intégralité, par réflexe. Les soirées, j'en ai fait un sacré tas quand j'étais petit. Que ce soit ma famille qui réceptionne ou bien que nous soyons invités, la chose est la même. Saluer tout le monde quand on réceptionne. Saluer les hôtes lorsqu'on est invité. Ça fait un peu parti de notre devoir. Or, il se trouve que je ne connais pas la moitié des têtes présent ici. Sans doute sont-ils riches, mais pas assez pour que je les côtoie. Ou bien, n'exercent-ils pas le même type de métier que moi.

- « Attention, ou tu poses les yeux ! »

Je lance un regard étonné à Miyu. Comment ça ? Je ne fais qu'un tour circulaire de la pièce, rien de plus. C'est quoi le mal ? Ah, elle doit encore croire que je cherche les dames à séduire. Elle a du mal à me faire confiance. Beaucoup de mal. Mon étonnement se mue en regard moqueur. Quoi ? Elle est jalouse ? C'est pas très mature tout ça. Je ne vois pas ce que je pourrais lui offrir de plus que ce qu'elle a déjà. Un enfant, un mariage. Je me penche à son oreille et murmure, comme un satyre :

-Eh bien quoi, tu es jalouse de ma beauté ?

Je lui offre un bisou sur la joue puis plie le bras pour qu'elle me le prenne. Quelques secondes plus tard, elle s'excuse et nous pénétrons dans la salle de bal. Cette salle est vraiment impressionnante. Ils n'ont pas lésiné sur la décoration. De magnifiques lustres, plusieurs buffets, une immense piste de danse aux couleurs dorées et carmin. L'ensemble donne vraiment un effet majestueux. Il y a déjà un sacré bon nombre d'invités, tous bien habillés. Nous ne sommes pas les premiers et pourtant ça se presse aussi derrière nous. La musique bat son plein depuis un certain temps.

Je prends la main de Miyaki dans la mienne et l'amène à la piste de danse. Au moins, de cette manière, elle ne se sentira pas délaissée. Et puis, elle n'aura dorénavant plus de soucis à se faire si je vais auprès d'autres filles. Après tout, j'aurais fait ma première danse à ses côtés. Je tends ma main et lui demande dans une belle courbette :

-Accepteriez-vous de m'accorder cette danse, Miyaki Takahata ?

Mon sourire est bien caché, mais mon amusement doit bien se voir. Je relève mon visage et fixe ma femme avec tout l'amour que je suis capable de lui donner. Qu'elle ose refuser, et ça se passera mal !

[HRP=Désolé, j'étais vraiment pas inspirée pour ce post]

La soirée a déjà commencée depuis un certain temps. La musique, retentissante, semble faire vibrer toute la grande salle. Ils ont vraiment bien organisé ce bal. C'est vraiment très impressionnant. Mon regard fait un tour circulaire de la salle. Elle est vraiment plus grande à l'intérieure. Le plafond lui-même est assez haut, et un magnifique lustre illumine une grande partie de la pièce. Il y a plus de monde que je ne l'imaginais, mais c'est vraiment secondaire. Il y a des hommes qui chuchotent dans leurs coins, comme des femmes d'ailleurs. D'autres rient à gorge déployé, d'autres encore s'exclament avec volonté. Bref, tout le monde divague à ses diverses occupations, dont la principale reste la danse. J'espère que le capitaine nous a réservé une table, comme à la plupart des convives de renommée. On peut simplement voir à l'allure des personnes présentes ceux qui sont soumis à de grande responsabilité de ceux qui viennent sur ce bateau dans l'unique but de se détendre, voir en cadeau de famille. Pour ma part, je suis un peu entre les deux. Je n'ai pas pris mes cours, je suis censé me reposer pour le bien-être de ma femme comme pour le mien, mais je sais très bien que peu importe les circonstances, je finirais par tomber sur un ou une personne qui se situe dans ma filière professionnelle. Comme les grandes marques françaises de parfumerie. Bien sûr, il y a toujours des produits dérivés. Mon entreprise elle-même n'est pas spécialisée dans la parfumerie mais plutôt dans le cosmétique, tout ce qui concerne le maquillage. Ça peut paraître étrange du point de vue d'un homme, mais je comprends parfaitement les soucis de peau et... bref, fini la publicité, je suis pas au travail.

« Peut-être un peu ! »

peut-être un peu... Miyu ne trouve-t-elle que ça à me répondre ? J'ai presque l'impression de sentir son regard assassin sur le mien alors que je jauge simplement les personnes présentes dans la pièce. Non, mon regard ne s'arrête pas plus sur les femmes que sur les hommes. C'est elle qui l'imagine, franchement. Je lui ai juré fidélité, nous avons un enfant et ça ne lui suffit pas ? Mince alors, je vois vraiment pas ce que je pourrais faire de plus pour lui prouver mon amour. Puisque même mes précédentes peur ont été aboli par sa simple présence. Je ferme les yeux en soupirant d'un air lassé. Je suppose que c'est dans son caractère. Je me demande si elle accepterai que constamment je sois derrière elle à lui dire « fais pas ci, fais pas ça ». Sinon, elle ne serait jamais en tenue aussi sexy à la plage ou à la piscine, je ne lui laisserai jamais le loisir de partir loin de moi, bref, je serai chiant au possible. J'étais jaloux, certes je le suis toujours, mais à présent je n'ai plus peur. Et cela, cela s'appelle de la confiance. Et la relation est basée sur la confiance. Si quelqu'un la fixe trop fortement, je ne vais pas m'en prendre à elle, mais plutôt à la source-même. Un simple regard suffit souvent. Si elle se fait draguer, je partirai du principe qu'elle est assez grande pour montrer qu'elle est déjà prise, point. Alors pourquoi ?

« Justement le fait d'être beau, va t'emmener à être la convoitise des dames ! »
-Tu me déprimes, ma chérie. J'en serai peut-être la convoitise principale, mais moi je n'appartiendrais qu'à toi.

Je lui souris chaleureusement, sans vouloir lui montrer ma frustration interne qui bouillonne. Pour me changer les idées, je préfère l'emmener vers la piste de danse. Ça fait relativement longtemps que je n'ai pas dansé. Mais c'est un peu comme apprendre à marcher, une fois que c'est fait on se laisse porter par le mouvement. Et puis, ce doit être la même chose pour Miyaki. Depuis que je reprends les affaires familiales, nous avons peu de temps à nous deux, et même avec Ayumi. Un jour, je choisirai. Peut-être dans cinquante ans. C'est trop difficile, mais je sais bien que ça l'embête que je sois aussi occupé. C'est ainsi. J'inspire tranquillement, afin de lui demander une danse. Cette dernière accepte de toute joie et je m'approche d'elle pour commencer à entrer dans la danse. C'est une simple valse classique, sans froufrous ni rien. Quelque chose de très facile en somme. L'homme conduit, et la femme suit. C'est souvent le cas des danses de couple. J'ai rarement le souvenir de connaître l'inverse. Il faut dire que j'apprécie beaucoup la valse. C'est calme, et bien dansé ça relaxe. On se sent un peu dans un autre monde, très différent de celui des pressions quotidiennes de la vie. J'ai envie d'embrasser Miyaki, là tout de suite. Mais la musique a déjà commencé. Sa robe couleur chair tournoie déjà. Et ce serait vraiment mal vu de s'arrêter en plein milieu, surtout que nous ne sommes vraiment pas les seuls. Un couple de jeunes retraités nous frôle presque. Je ne marque pas ce rapprochement mais éloigne ma femme pour lui éviter une collision inutile. La musique dure, dure longtemps et finalement s'achève en une longue note tenue. Accord parfait majeur en sol. Choix judicieux. La note achevée, les basses poursuivent encore sur quelques mesures avant d'achever eux aussi leur mélodie. Je suis rassasié pour ce qui concerne la musique. Mais toujours pas en ce qui concerne la jeune personne à mes côtés. Baiser furtif, presque volé. Je soupire d'aise et nous décale de la piste qui déjà semble de nouveau assaillie.

-M. Takahata !

Je tourne la tête derrière moi. Je ne reconnais pas vraiment la voix, mais au timbre, je peux dire qu'il s'agit d'un homme. Et certainement une de mes connaissances, bien que probablement lointaines. En effet, quelques secondes plus tard, un couple à la quarantaine s'approche. C'est un challenge qui se prépare dans mon cerveau. Reconnaître la personne avant qu'elle n'ait à se présenter. C'est souvent une bonne façon d'avoir les gens en estime. Mais rien n'y fait. Alors, je me contente de simplement lancer un sourire avenant, tout en pliant le bras, laissant à Miyaki le choix de décider si oui ou non elle veut s'y tenir. L'homme se tourne en premier vers ma femme, et lance avec respect :

-Mme Takahata. -il relève légèrement le regard vers moi- J'ai eu vent de votre mariage. Toutes mes félicitations.
-Je vous remercie.

Mon visage se tourne vers Miyaki. Pour le coup, je ne vois vraiment pas qui peut bien être cette personne. Et mon trésor aura certainement très bien compris que je suis dans une impasse totale et que je lui laisse prendre la relève pour parler. Après tout, mon entreprise est tout aussi côté que la sienne, à la différence près qu'elle ne touche pas du tout aux mêmes sujets.

☆ « M. Takahata ! » prononça une voix de fond dans l'immensité de la salle de réception.

Cette voix me semble familière. L'aurais-je déjà entendu quelque part ? Certainement. Cependant, cela m'est encore impossible de m'être un nom sur la personne. Cela remonte-t-il à aussi longtemps ? Je n'ai pourtant pas l'âge d'avoir les premiers symptômes de vieillissement. Je n'ai que vingt-deux ans. Peut-être que lorsque la personne viendra se joindre à nous. J'aurai une vague idée de qui est cette personne. Lors du face à face, mon mari s'incline devant ses paroles. Je fais de même pour rester poli devant nos invités. J'écoute leur entretien d'une oreille attentive, pour savoir de quoi il parle exactement. Ne sait-on jamais, cela peu peut-être m'éclairer sur la personne.

☆ « Mme Takahata. J'ai eu vent de votre mariage. Toutes mes félicitations. » nous félicita-t-il de notre bien heureux mariage.
☆ « Je vous remercie. » remercia-t-il de notre part à tous les deux.

C'est gentil de leur part de nous féliciter de notre mariage. Cela a dû passer aux informations, ou même dans la presse, je suppose. Le monde entier va savoir qui on est. Cela est un peu embarrassant. Je dois dire que depuis le temps, j'aurai dû m'y habituer, avec mon métier de chanteuse, compositrice, et musicienne, mais aussi l'entreprise de mes parents. Cependant j'ai habitude de rester discrète en dehors.. Je n'ai pas envie d'être envahi de paparazzi comme en Amérique. Je doute que cela soit le cas, mais nous ne savons jamais. Il faut être prudent dans la vie. Cependant cela est une belle attention, j'avoue.

☆ « Je vous ai déjà vu quelque part.. votre visage me semble familier ! » annonça la femme de l'homme bien vêtu, en m'observant déjà depuis dix bonnes minutes.

Cela me revient à présent, c'est Mme Humprey.. Il me semble, qu'elle était venu dans mon entreprise pour acheter un présent pour l'anniversaire de leur fille. Oui, c'est bien elle ! C'est pour ça que cette voix m'était familière.. Le mari est venu à l'occasion découvrir l'entreprise de jouet. Cependant j'aurai aimé éviter de débattre sur ce sujet, lors de notre voyage de noce. Cela décommanderait mon mari, et insisterait une conversation très techniques sur les termes du travail et de l'entreprise de jouet de mon père. Je préfère garder mes distances avec ma profession, hors du temps de travail. Je puisse comprendre cependant qu'elle veuille parler de l'entreprise, mais je ne sais pas comment aborder le sujet, sans me montrer désagréable.

☆ « Mme Humprey.. Je suis ravis de vous revoir ! Est-ce que votre fille a aimé le dernier bijoux de notre entreprise ? » questionna innocemment, sans même me rendre compte que je commençais à débattre sur le sujet « tabou ».

A présent que je me sens plus légère. Je me sens plus intimidée par ses personnes. Mme Humprey est une amie. Elle vient souvent me voir discuter de l'entreprise, et de notre vie personnel lorsqu'elle a l'occasion de débattre sur ce sujet. C'est une femme très charmante. Je comprends le choix de Mr. Humprey. Cela doit être agréable d'être en mariée à une femme comme elle.

☆ « Miyaki Yuuji, cela me revient à présent.. Je me disais bien, que je vous connaissez ! Je suis ravis de vous revoir aussi ! Oh elle adore, elle ne le quitte plus, à vrai dire.. Il faudra que vous me tenez au courant de l'avancement de votre futur projet ! J'en suis sûr qu'il aura autant de sucée que le précédent.. » s'exclame-t-elle, en m'adressant un sourire chaleureux.

Il n'y a aucun soucie pour ça. Je ferai en sorte d'avertir par mail, les personnes intéressées. Comme j'ai habitude de faire chaque année. Cela sera une grande surprise. Il sera en vente dés le mois de décembre, autant dire que c'est un cadeau spécialement dédié au fête de Noël. Il sera pour les garçons comme pour les filles. Un mixte ! Je prie pour que cela est autant de sucée que le précédent, comme celle-ci vient-elle de me dire. Cependant, je vais éviter de trop parler autour du travail, cela pourrait me donner l'envie d'interrompre notre séjour pour retourner travailler.

☆ « Cela est gentil de votre part ! J'espère aussi que cela aura autant de sucée que les précédents ! Bien évident, je vous tiendrai au courant par mail ! » finissais-je la conversation, avant que cela n'aille plus loin, et que tout cela commence à peser lourd.

Que pouvons-nous dire d'autre, à part débattre sur mon entreprise. J'aimerai passer inaperçu le plus longtemps possible. Alors qu'elle ne vienne pas lever le soupçon sur mon identité. Oh tient, Mme Humprey semble aussi pensive que moi. Que peut-elle bien penser ? Peut-être qu'elle réfléchit à notre prochaine conversation.. Ouf, quelqu'un vient nous sauver. L'un des invités du paquebot vient adresser la parole à ce merveilleux couple, ainsi je peux soupirer, et me retourner vers mon mari, avec un air vraiment, mais vraiment désolé. Je n'ai pas voulu ce qu'il s'est passé. C'est la vérité, j'espère qu'il va me croire. Je n'ai pas envie de me disputer aujourd'hui, avec le peu de temps que je passe avec lui. Ça serait dommage de gâcher tout ça pour un malentendu.

☆ « Je suis navrée d'avoir parler du travail, lors de notre voyage de noce ! C'était plus fort que moi.. J'espère que tu ne m'en veux pas ! » m'excusais-je de mon comportement.

Et quand le soleil se lèvera,
nous serons enfin réunis.

Ne pas mêler le travail à la vie privée. Ouais, ça je trouve que c'est très facile à dire. Et beaucoup moins à appliquer. Se retrouver sur un bateau de croisière absolument hors de prix nécessite forcément de trouver des gens capable d'aborder ces prix. Et ce ne sont pas les smicards qui pourront s'offrir ce luxe. Ni même les autres qui ne dépensent que ce qui leur est absolument vital. Voilà, ce genre de croisière veut surtout dire qu'on a de l'argent. Et ceux qui le font l'ont. Les grands chefs d'entreprises, les célébrités et tout ce petit monde-là. Chéris par la société et absolument... bref. Des gens qui travaillent dur pour gagner plus qu'ils ne doivent. Voilà. Et j'en fais parti. Chouette alors.

Quoiqu'il en soit, hasard ou non, ce dernier fit bien les choses et nous amena un vieux duo. Vieux duo... ah ça il en est. Il n'empêche qu'ils furent les premiers, et je l'espère les derniers, à venir nous féliciter. Félicitations pour notre mariage, survenu quelques jours plus tôt. Beau voyage de noces. Ça c'est sûr. Bref, toujours est-il que ce petit couple vient nous voir. Premièrement, l'homme s'adresse à moi. Vous savez, quand on vit dans un milieu où les contacts font à peu près toute sa vie, on s'arrange pour en retenir un maximum. La chose étant que, cette fois-ci, je ne reconnais pas du tout les visages. Visages qui ont l'air de me connaître. C'est vrai que notre mariage a dû faire jaser quelques villages. Sans doute même est-ce passé dans le journal, ou dans les « people » comme les gens s'amusent à le dire. J'aurais préféré que ça reste un tantinet soit peu intime. C'est raté. Mais je m'y attendais malheureusement. Toujours est-il que me voilà bien en peine d'accepter les félicitations avec une grande dose d'attention.

Pourtant, rien n'y fait, et c'est à regret que j'ose adresser un coup d’œil à me femme afin qu'elle m'aide dans mon dur labeur. Il n'y a pas à dire, ils ne me disent rien. Et, en vérité, il est bien possible qu'à présent, mon carnet d'adresse double avec ceux de Miyaki. Sérieusement... où va le monde parti comme il l'est ? Finalement, il se trouve que ce clin d’œil est plus que bienvenue. Il permet au moins à Miyaki de se rendre compte que oui, effectivement, ce sont des amis à elle. Eh bien, voilà qui est fait.

« Je vous ai déjà vu quelque part.. votre visage me semble familier ! »

Je soupire intérieurement. Ah, enfin. Je me disais bien qu'elle, je ne la connaissais pas. Ni même l'homme à ses côtés. Je garde mon regard tourné vers Miyu, lui laissant tout à fait le temps de s'exprimer. Pourtant, je ne bouge pas d'un demi-centimètres et garde mon bras dans le sien. Le banquet attendra bien. Nous ne sommes pas à l'heure, c'est vrai. Mai nous ne sommes pas non plus en retard. Et puis, notre table est sûrement déjà réservée. Le repas n'est servi qu'aux environs de 22h. Si nous avons faim d'ici là, il y a toujours les amuse-gueule. Tout en détaillant soigneusement la salle, je me recentre sur Miyaki, qui ne tarde pas à illuminer ma lanterne.

« Mme Humprey.. Je suis ravis de vous revoir ! Est-ce que votre fille a aimé le dernier bijoux de notre entreprise ? »

Autant pur moi, je ne la connais vraiment pas. Humprey... non, décidément, ça ne me dit rien du tout. Consonance anglaise, c'est tout ce que je peux affirmer. Quoique, de nos jours, mêmes les noms de famille peuvent être trompeurs. Je hausse cependant un sourcil d'amusement en écoutant mon amour prononcer quelques paroles sur son entreprise. Alors, après c'est à moi qu'on s'en prend pour dire que c'est une mauvaise chose de mélanger travail professionnel et vie privée.

« Miyaki Yuuji, cela me revient à présent.. Je me disais bien, que je vous connaissez ! Je suis ravis de vous revoir aussi ! Oh elle adore, elle ne le quitte plus, à vrai dire.. Il faudra que vous me tenez au courant de l'avancement de votre futur projet ! J'en suis sûr qu'il aura autant de succès que le précédent.. »

Je regarde M. Humprey d'un air révélateur. Celui-ci à l'air de le sentir, car il me relance un air à moitié gêné. Ah, les femmes. Lorsqu'elles sont parties sur un sujet il est difficile de les arrêter. Et leur couper la parole est certainement encore pire. Alors, les hommes font simplement comme si de rien n'était et s'occupent comme ils peuvent. Cet homme a l'air très gentil. On voit à ses rides qu'il a l'habitude de sourire. C'est une qualité qui se perd dans le milieu des affaires. Oh, après tout, j'ignore s'il travaille vraiment dans ce milieu. Je possède des centaines de contacts, et ils vont du simple ouvrier à la multinationale concurrente.
Parties comme elles le sont, elles en ont pour un certain temps. Alors, je m'adresse doucement à l'homme près de moi.

-Que faites-vous dans la vie ?

Non sans une certaine gêne, le plus âgé répondit :

-Oh, ce n'est rien comparé à votre travail. Je gère une petite industrie de trois cent personnes. Mais j'ai l'air de plutôt bien me porter. Nous sommes spécialisés dans l'orfèvrerie.

Je plisse un peu les yeux. Orfèvrerie. Ça c'est une bonne chose. On peut rencontrer de bonnes personnes ici. Mais je m'égare. Si je commence moi aussi à parler boulot, nous ne sommes pas sortis de l'auberge. C'est terrible. Et puis, Miyaki finira par se plaindre. Et moi aussi. Autant éviter de donner l'exemple. Alors, je me contente simplement d'un sourire et acquiesce silencieusement. Peu après, je tourne mon regard vers Miyaki, afin de lui signifier qu'il est temps pour nous de partir.

« Cela est gentil de votre part ! J'espère aussi que cela aura autant de succès que les précédents ! Bien évident, je vous tiendrai au courant par mail ! »

Je comprends à sa fin de phrase qu'elle semble avoir compris mes pensées. Partir. Oui, nous ne devons pas nous éterniser ici. Cela risque de nous porter plus que préjudice. Et je finirais fatalement par parler travail si la discussion s'éternise. De toute façon, je sens au regard de l'homme qu'il pense de moi la même chose. S'allier à une grande industrie, personne ne peut rêver mieux pour faire marcher les affaires. Surtout que ce genre de travail est en perdition. Je devrais songer à nous lancer dans les produits dérivés tel que les montres ou bien les bijoux. Dans ce cas, cet homme pourrait m'être d'une grande utilité. Mais passons.

« Je suis navrée d'avoir parler du travail, lors de notre voyage de noce ! C'était plus fort que moi.. J'espère que tu ne m'en veux pas ! »

Je lui souris sans m'énerver. Je ne vais pas lui en vouloir pour si peu. Après tout, c'est elle qui m'a dit de me reposer, alors j'en profite. Je serre la main de M. Humprey et salue la dame, puis fait volte-face, Miyaki à mes côtés. Je l'embrasse sur le front puis inspire lentement son parfum. Je nous dirige vers les tables et recherche le placeur. L’apercevant, je fais un geste de la main pour attirer son attention.

-Ce n'est pas grave. Allons manger. Nous pourrons danser une nouvelle fois après.

L'homme accoure presque vers nous et j'indique notre nom. Il ne devrait pas tarder à nous placer.

« Ce n'est pas grave. Allons manger. Nous pourrons danser une nouvelle fois après. » répondit-il à ses excuses, en l'embrassant sur son front.

Il était tard, et l'heure du repas n'allait pas tarder. Elle allait devoir se forcer à manger, pour ne pas inquiéter son mari. Le fait d'être végétarienne n'était pas chose facile, surtout si votre mari était carnivore. Elle ne devra rien dire, ou se plaindre du comportement de son homme. Les hommes étaient après tout de grand prédateur, alors il était normale qu'un gros « chat » est besoin de chasser pour manger. Il ne fallait tout de même pas se gaver jusqu'à l'épuisement. Comme l'avait dit son homme, ils pourront par la suite danser ensemble. La jeune adolescente connaissait beaucoup de danse, sa mère l'avait éduqué avec tant d'enthousiasme, qu'elle pratiquait à elle seule une dizaine de danse, auquel elle ne le pratiquerait sûrement jamais. La royauté était vraiment très stricte, sans oublier que l'éducation était ce qu'il y avait de plus important dans ce domaine là. Lorsqu'il avait appelé le placeur, celui-ci vint accourir auprès d'eux pour les aider à se placer parmi cette grande foule.

« combien de danse sais-tu danser, mon chéri ? » demanda la jolie blonde, curieuse de connaître davantage de chose sur son mari.

Elle vint s'asseoir sur une chaise, afin d'attendre aux côtés de son homme, le repas. Lorsqu'il partit chercher les serveurs pour les prévenir que deux passagers souhaitaient manger. L'adolescente se leva pour se mettre sur les jambes de son mari. N'était-elle pas adorable ! Et qu'il n'avise pas de lui dire, qu'elle était lourde. Il aurait droit à une belle paire de gants sur son visage, la marque serait assez visible pour faire comprendre aux invités, qu'il s'est pris une baffe par sa femme pour l'avoir insulter de « grosse » alors qu'elle était plus légère des femmes de son âge, même après l'accouchement. […] Le serveur vint les voir à leur table pour leur distribuer la carte du menus du soir. Elle ne devait pas payer le prix fort pour ce repas, comme elle avait fait auparavant avec le homard. Oui, quand son côté « volatil » se mettait à faire des siennes, elle mangeait pour deux. C'était pour ça, qu'elle évitait de manger trop, sachant qu'après l'oiseau, allait en demander le double.

« .. ça l'air bon tout ça.. » murmura-t-elle, avec une goutte d'eau sur la tête. « Je ne peux pas me permettre de manger autant ! » affirme-t-elle, en imaginant bien sortir du bateau, avec dix kilos en trop. « .. tu m'aimeras toujours, si j'ai quelques kilos en trop ? » questionna-t-elle innocemment, sans douter de ses sentiments.

Elle était un cas, parce que malgré tout, elle savait déjà la réponse. C'était une façon pour elle de se rassurer, et d'entendre encore de la bouche de son mari à quel point, il l'aimait, même avec ses défauts. Oh ! Qu'avait dû penser le serveur, en voyant l'un assit sur l'autre. Ce n'était pas désagréable, non ? Elle se redressa par revenir à sa place, mais vint tout de même à l'embrasser le coin des lèvres, dans une petite provocation. Elle aurait très bien pu l'embrasser sur les lèvres, mais non... elle voulait le frustrer, sachant très bien combien s'était difficile de faire sortir le chat de sa tanière. Elle sortit de ses lèvres, un rire cristallin, imaginant très bien comment pourrait réagir son homme, s'il était.. moins fainéant, et sexuellement actif ! Il fallait le dire, ils n'avaient pas fait beaucoup l'amour, ses temps-y. C'était un fait, il n'y avait rien à démentir. Miyaki n'était pas en manque, tant qu'elle était avec sa famille, et son homme, rien ne lui faisait plus plaisir. Cependant les pulsions sexuels, étaient toujours là, qu'elle le veuille ou non, donc se côté un tantinet provocateur et tentatrice allait forcément revenir à la surface pour dompter le matou qui désirait dormir dans sa tanière, en délaissant sa femme, et son enfant. Au pire, elle pourrait très bien faire ça ce soir, pour s'amuser un peu, et lui rappeler le temps ou il le faisait dans la nature, ou dans des endroits peu probable.

Je ne te demanderai pas de me suivre,
simplement de m'aimer.

La salle se remplissait peu à peu. Les premières danses achevées, de nombreuses personnes prenaient enfin part au festin préparé pour la soirée. Et nous en faisions parti. C'était avec un certain appétit que la carte nous fut donné.

Assis à une table, Miyaki m'interpelle alors soudainement, me prenant ainsi au dépourvu total.

« combien de danse sais-tu danser, mon chéri ? »

Tout en m'asseyant face à elle, je ne peux m'empêcher de lui lâcher une face surprise. Combien ? Je ne me suis jamais posé la question. La danse ne m'a jamais vraiment intéressé. Ça a toujours été une obligation plus qu'une volonté. Petit, on m'a appris les bases. Les grosses bases. Mais j'étais déjà doué sans même le savoir, et on m'a rapidement fait comprendre que j'étais en capacité d'apprendre un nombre incalculable de danses. Or, ça ne m'a jamais et ça ne me servira jamais dans mon travail alors à quoi bon ? Si ce n'est même pas un loisir, il n'a aucune raison de venir alourdir mon planning. Voilà tout. Alors, le nombre de danses... qu'elle me laisse réfléchir. Elles doivent être bien faibles.

-Peut-être cinq ou six, ça ne m'a jamais vraiment passionné. -je pousse un soupir, avant de relever la tête, charmant- Enfin, si c'est toi qui me propose d'apprendre, je pense en être capable.

Suite à ça, la jeune dame se leva, à mon totale étonnement. Je suis très étonné semble-t-il. Qu'importe, ne me focalisant guère plus sur ça, je laisse mon regard se plonger dans le vague... avant de recevoir un nouveau poids sur les jambe, cachant totalement ma vue. Je relève alors les yeux pour apercevoir ma femme sur mes genoux. Allons bon, qu'a-t-elle encore en tête ? Et le serveur qui arrive pile à ce moment. Quel drôle de hasard. Je saisis les deux cartes d'une main et observe simultanément le serveur et ma femme. La restauration devient de plus en plus inexpressive on dirait. Ce n'est pas comme si la position de Miyaki était tout à fait normale et surtout habituelle. Qu'importe, peu de temps après, je lui donne la carte tandis qu'elle même garde la pose. Et c'est tout à fait innocemment qu'elle lance :

« .. ça l'air bon tout ça.. Je ne peux pas me permettre de manger autant ! .. tu m'aimeras toujours, si j'ai quelques kilos en trop ? » 

Je roule des yeux. Elle connaît la réponse mieux que moi. Encore et encore, il faut le lui répéter. Mais je finis par m'y habituer, et même par apprécier mes répétitions. Je pose alors la carte sur la table, l'entoure de mes bras et vient déposer mes lèvres sur l'épaule nue de Miyaki. Qu'on me regarde, je m'en contrefiche. Depuis tout petit, je dois me plier aux règles établies par je ne sais qui. Maintenant, ça suffit. J'inspire profondément avant de lui répondre ces quelques mots :

-Ce n'est pas avec un repas que tu prendras dix kilos. Au pire... je serai là pour t'éviter d'en gagner trop.

J'ai pris conscience du double sens de ma phrase après l'avoir annoncé. Mais même ce double-sens-là ne me dérange pas. Après tout, j'ai comme qui dirait l'intuition porté sur son attitude aguicheuse. D'ailleurs, il ne me faut même pas plus de cinq minutes pour vérifier mes dires. Un bisou. Oui, juste un bisou, non pas un baiser. Quelque chose de diffus. Ma femme est une diablesse ambulante même si elle n'en a pas l'air, je vous l'assure. Et la voilà qui rit à présent. Et moi ? Moi, je me renfrogne, je me renferme avant de me rouvrir. Comme une petite fleur, et merci pour la métaphore. Néanmoins, je ne peux m'empêcher d'être curieux :

-Qu'est-ce que tu mijotes, à jouer l'allumeuse avec moi ?

C'est peut-être un peu péjoratif comme mot, mais curieusement aucun autre ne m'est venu spontanément. Et j'ai surtout besoin de savoir, alors peu m'importe les mots, tant que la réponse approche.

[HRP=Bon, très honnêtement, sauf si tu as un super idée de suite, je sais pas trop si on va pouvoir le terminer, comme tu peux le voir, j'ai absolument aucune inspiration...]

« Enfin, si c'est toi qui me propose d'apprendre, je pense en être capable. »

La belle blonde se demandait combien de « danse » avait-elle appris tout le long et interminable vie de « princesse ». Il y avait peut-être plus que son mari, après tout c'était une « dame » et devait apprendre des danses pour pouvoir plaire aux hommes, comme apprendre à les séduire avec beaucoup charmes. Il n'y avait pas un moment, ou elle était dans sa chambre en train d'apprendre quelque chose. La petite s'ennuyait de ce monde de « princesse » et rêvait de pouvoir devenir adulte pour sortir dehors même si sa santé ne lui permettait peut-être pas. Il y avait peut-être des danses qu'elle pourront maintenant apprendre à son mari. Elle se mordit nerveusement sa lèvre supérieur, pour savoir laquelle elle pourrait lui apprendre..

« ma mère étant une artiste complète m'a demandé d'apprendre une centaine de danse, dont chacune à un but particulier.. mais y a en une seule qui serait intéressante.. »

Elle venait de lui faire part d'une part de son vécu, ou sa mère était toujours en train de la faire « parfaite » pour qu'elle ne vit pas sans « famille », elle qui rêvait de former une famille, et d'être aimer par un homme. Elle n'avait pas une vie de « conte de fée » loin de là, c'était plutôt un cauchemar avec son père, et son éducation stricte ou on lui avait déjà imposé un métier, ou même un amant qui plus tard deviendra l'homme qu'elle allait aimée. Elle s'installa sur son homme, tout en posant un doigt sur ses lèvres, toujours autant hésitante à manger quelque chose qui lui faisait terriblement envie. Et vint cette fameuse question. L'adolescente avait tellement peur d'être abandonner par son poids, ou même physique, qu'elle posait des questions idiotes, et qui lui semblait importantes à ses yeux. Miyaki avait toujours été une femme « plaisante » qui avait habitude d'être demander par les hommes, ou mêmes les enseignants, qu'elle ne savait pas comment c'était la vie autrement. Il était hors de question qu'elle perde son homme pour une question de poids, ou même de physique, c'était impensable..

« Ce n'est pas avec un repas que tu prendras dix kilos. Au pire... je serai là pour t'éviter d'en gagner trop. »

Les yeux de l'adolescent s'illuminèrent, en entendant la « fin de la phrase ». Il y avait des dizaines d'idées qui lui viennent en tête en ce moment là. Laquelle était la bonne ? Il avait fait un sous-entendu qui ne laissait pas indifférente la belle blonde qui voyait qu'elle avait toujours le même effet sur son homme. Il se trompait cependant sur le poids, on pouvait gagner du poids dans une seule matinée. Il ne fallait pas négliger les kilogrammes que cela pouvait faire prendre à notre « allure », cela était important pour l'adolescente. Elle vint lui faire un bisou très léger, avant de s'amuser, en riant doucement. Oh elle était peut-être un peu provocatrice aujourd'hui. Il ne fallait pas réveiller la diablesse qui sommeillait dans le corps majestueux de cette « petite princesse.

« Oh vraiment ? J'ai hâte de voir ça, alors... »

La jeune femme était une provocatrice, une vrai allumeuse, même si elle ne le voyait pas elle-même. Elle était simplement elle-même, et ne voyait pas ce qu'il y avait de mal de s'installer sur son homme de cette manière, en venant déclarer « la guerre » dans une simple bise, avant de rigoler comme pour montrer qu'on était heureux de pouvoir partager enfin un moment ensemble. Il n'y avait rien de provocant pour l'adolescent, bien sûr que non ! Elle ne comprenait pas pourquoi tout le monde lui disait qu'elle faisait un peu aguicheuse, quand elle ne le faisait pas exprès. Elle se mit soudainement à sourire, en se mordant de nouveau la lèvre, en se mettant à rigoler, en entendant de nouveau la question de son mari.

« Qu'est-ce que tu mijotes, à jouer l'allumeuse avec moi ? »

La bretelle tombait sur son épaule doucement, en même temps qu'elle riait de la question de son mari. Elle était aussi innocente qu'une « plume » qui volait dans les cieux majestueux. Elle ne mijotait rien du tout. Elle allumait personne, ou peut-être s'amusait-elle à le provoquer depuis le temps qu'elle cherchait à avoir du temps à avoir avec son mari, c'était le meilleur moment de s'amuser, tout en voyant de quoi était capable son homme. Elle hocha la tête négativement, avant de l'embrasser, pour montrer sa bonne foi, qu'il n'y avait rien d’aguicheur dans son comportement, seulement de la provocation.

« Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles, mon amour.. »

Il y avait un élément perturbateur qui vint les interrompre. Il ne se gênait pas pour faire son entrée avec élégance, et pleine de bonne manière. Il fit sa révérence comme un « gentleman », il était vêtu d'une façon très chic montrant qu'il venait du même univers qu'eux, et qu'il était également asiatique, ce qui se voyait à ses traits du visage. La jeune femme observa un moment cet homme qui lui tenait la main, avec un sourire très complice et charmeur. Elle ne comprenait pas pourquoi chaque fois un homme venait rendre « jaloux » son mari. Il ne voyait pas qu'elle était déjà avec quelqu'un, ou croyait-il qu'elle était seulement son enfant, ou même son compagnon pour son voyage. Il vint lui adresser la parole, pour tout de même inviter à « danser ».

« Puis-je vous l’emprunter un moment ?! Mademoiselle, accepteriez-vous de danser avec moi ? »

Elle hésita pendant un long moment, se disant après tout que ce n'était qu'une « danse » et que là il pouvait bien dire qu'elle était aguicheuse de vouloir le rendre mal uniquement en dansant avec un autre homme. Elle prit délicatement sa main, avant que celui-ci la tire doucement contre lui, et de repartir avec elle, en adressant un sourire malveillant à son mari pour lui dire qu'elle lui appartenait maintenant, et qu'il comptait bien la séduire, malgré la concurrence, cela ne l'effrayait pas plus que ça. Il avait été séduit par l'adolescente qui s'amusait avec son mari. Ils se mirent à danser, malgré que celle-ci posait quelques moments les yeux vers son homme, en tournant légèrement la tête.