Qui suis-je ? Je ne sais pas vraiment si je connais la réponse à cette question qui semble pourtant simple. Oui, puisque je pourrais vous répondre dans les grandes lignes ceci : je suis Dante Sullivan, un homme qui n'a pas à se plaindre de sa vie. Riche, beau, ayant la côte envers la gente féminine, ayant une famille sombre, mais aimante et solidaire. Je suis fort et j'aime m'en venter, j'ai deux métiers qui payent bien dont l'un est illégale. En effet, car je suis un tueur à gage, un Hitman qui cherche à se faire un nom et une réputation dans le milieu criminel. J'adore tout ce que je suis, tout ce que je peux représenter, rien ne me semble impossible ou inaccessible dans cette vie qui est la mienne. L'argent est ce qui représente le véritable pouvoir, c'est pourquoi seul l'argent à une véritablement place importante dans ma vie. Je n'ai pas honte dire que l'argent passe avant ma famille, je ne tiens pas à dépendre de qui que ce soit.
Mais voilà, même si j'aime tout ce qu'il y a en moi, je parle ici de tout ce que l'homme que je suis représente... Car à l'inverse, je déteste toutes ces choses dont je suis contraint à devenir lorsque mon corps me force à être une femme. Rien que d'en parler j'en ai des vertiges. Oui, j'aime les femmes, mais pas au point d'en devenir une. Les femmes c'est comme une lingette jetable, après consommation il n'y a plus rien à en tirer, il y a plus d'intérêt à profiter des qualités du même produit. Je suis donc un coureur de jupon, un macho et tout ce que vous voulez, je l'assume et j'en suis pas mal fier. Pourtant, un jour, par ivresse et excitation, j'ai laissé une femme tomber enceinte de moi, moi qui déteste les gosses. Pire encore, cette femme qui était une sorcière, avait le pourvoir du métamorphe et je ne sais pas comment j'ai pu me laisser embarquer, l'alcool très certainement... Mais, j'ai laissé sa version masculine me foutre en cloque.
Rien que d'en parler, j'en ai la nausée... Je devais être très malade à ce moment-là, oui, je devais avoir attrapé une forme de virus de stupidité. Non, je veux dire... Je ne me rappelle même pas d'avoir laissé une femme avec un pénis me rentrer dedans, rentrer en moi ! Oh non mais merde quoi, je ne peux pas dire ça, je vais vomir ce qu'il me reste de dignité sinon. Bref... Je n'étais pas vraiment au courant pour la chose qui poussait en moi au début. Non. Par contre, Shae m'avait retrouvé pour m'annoncer que je l'avais engrossé et tout le merdier qui va avec. Genre, je devais prendre mes putains de responsabilité, qu'elle n'était pas sûre de vouloir garder l'enfant ! Mais qu'est-ce que j'en avais à branler moi, c'est elle qui a eu la débilité de tomber enceinte, elle aurait dû plus soigneusement se préparer à l'assaut de mes braves guerriers en quête de l'ovule sacrée. Mais plus important, à cette période de ma vie, j'étais incapable de reprendre ma forme masculine.
Je pensais que mon corps avait subi une malédiction, quelque chose, je ne sais pas moi. Mais je ne voulais pas que mon état permette à mes ennemis d'en profiter pour m'abattre et je pense bien évidemment à Eveleen, cette salope de garce. J'ai fui dans un endroit isolé par lâcheté, j'en avais le droit à l'époque lorsque ce corps qui fut le mien me força à être une fragile bonne femme. Je n'aimais pas compter sur la téléportation pour me battre, car il risquait de m'épuiser plus qu'autre chose et déjà que je ne valais pas grand-chose en femme... Enfin, passant. Je n'ai pas eu le choix que de rentrer, puisque de toute évidence ma mère tenait fermement à avoir un contrôle sur ma vie. Elle était carrément venue me cherchait et avec une arme blanche à la main, les joies de vivre dans une famille de sorciers noirs un peu trop conservatrice sur les bords. De retour à la maison et le fait que je fus toujours une femme avait créé des tensions.
Surtout à cause de moi, en fait... J'étais toujours très colérique, énervé, j'avais besoin de bouffer tout ce qui me passait sous la main. Si au début, je croyais que c'était à cause de ma forme et que je n'étais pas rassuré. Ma mère, elle, me posait des questions que je ne m'étais jamais vraiment posé, surtout parce que ce n'était tout simplement pas le genre de question qu'un homme devait se poser. Genre : saignes-tu toujours ? Ta poitrine est-elle différente ces temps-ci, toutes ces questions qui me donnaient envie de me suicider sur place. Je lui avais donc fait plaisir en lui répondant parce que mine de rien, valait mieux jamais chercher le petit cailloux avec la patronne. Je lui avais répondu que je n'avais plus de saignement et que c'était vachement plaisant, ce corps admettait enfin que j'étais un homme et que je n'allais jamais, mais alors jamais m'abaisser à mettre une serviette hygiénique ou un tampon, alias le petit pénis pour les femmes en manque de Dante l'étalon.
Je lui répondis que ma poitrine me faisait par contre vachement mal de temps en temps, mais ce n'était pas pire que lorsque j'avais ses saignements où la douleur était un enfer et que les dieux pouvaient en témoigner. Lorsque maman m'annonça que je devais aller vérifier quelque chose avec elle chez le médecin, j'avoue qu'à ce moment-là, elle avait réussi à me foutre une angoisse bien profondément ancrée dans mon esprit. Et euh... j'ai littéralement perdu connaissance lorsqu'on m'a annoncé qu'une créature qu'on nomme embryon, grandissait à l'intérieur de moi. Je n'ai pas voulu y croire au début, essayant toutes les Runes que je pouvais trouver pour tenter de rompre le sort qui me forçait à rester dans le corps d'une femme, reniant l'idée que c'était parce que j'avais été engrossée. MOI, DANTE ! C'était le comble du comble ! Il m'a fallu vraiment un bon bout de temps pour accepter qu'il y avait une chose en moi et qu'il fallait que je la tue, tout simple.
Oh mais, oui, j'avais le désir de mettre fin à la chose qui osait trucider toute virilité en moi et qui faisait de moi une ma... ma... Oh non, je ne le dirai pas désoler, mon cœur ne pourrait pas le supporter. Mais ma mère, mon frère et même les autres membres de la famille Sullivan à savoir pour ma forme féminine, refusèrent l'avortement. Pourquoi ? Eh bien parce que la chose qui poussait en moi était un Sullivan et on ne touche pas aux Sullivan ! Et connaissant ma nature à faire ce que bon me semble, pour m'empêcher d'avorter j'étais surveillé et garder à la maison 24/24h. Tout ce que je mangeais, tout ce que je commandais fut contrôlé au millimètre près, afin que je n'essaye pas de tuer le bébé avec un quelconque poison. Évidemment, j'ai traversé des moments difficiles où je pétais souvent des câbles, car je n'en avais plus qu'assez. Mais pour eux, c'était davantage un comportement qu'il associait aux hormones.
Mon cul, aucune hormone ne pourrait contrôler Dante ! C'est du moins ce que je pensais à l'époque, ne reconnaissant pas la puissance du corps d'une femme. Le jour de l'accouchement arriva sans que je puisse y changer quoi que ce soit, je percevais ma famille comme des traîtres. J'angoissais tellement que j'en voulais à la terre entière, surtout parce que les contractions qui venaient déjà bien avant l'accouchement m'indiquaient déjà à quel point j'allais en chier le moment venu. Et puis derrière, ma mère venait envenimer les choses et me disait que ça ce n'était rien mon fiston, tu vas savoir ce que ça fait de donner la vie. Ta gueule la vieille ! C'était-ce que j'aurais aimé lui dire. J'ai évidemment cherché à négocier une césarienne sous anesthésie, mais on m'a clairement dit que dans mon cas ce n'était pas utile. En gros j'étais foutu quoi que je fasse. Le médecin nous avait donné une date butoir à l'arrivée probable de l'enfant, mais ce connard de gosse nous avait tous pris au dépourvue.
Lorsqu'il est arrivé et sans prévenir, j'étais chez moi. Sa tête sortant déjà, du coup impossible de m'hospitaliser ou négocier une dernière fois une césarienne sous anesthésie. L'enculé. J'ai tellement eu mal, que c'est la première fois que je criais à m'en rompre les poumons, que je pleurais à m'en vider ma réserve de larme. Aucun homme ne peut vivre ce que j'ai vécu cette nuit-là, ce n'est pas dans l'ordre naturel des choses ça. Et dans toutes ces douleurs, la seule chose que je voulais c'était que cela se termine. Et ce qui était incroyable, ce que frêle corps de femme qui était le mien trouvait la force de continuer à combattre pour que ce petit être puisse connaître le monde extérieur. Et quand vient les cris de cette chose, malgré que la douleur était encore présente, je ne la sentais plus rien car plus rien n'avait d'importance à mes yeux que la chose venue au monde... Ma chose à moi !
Je me suis mis à ressentir pour cette chose un truc qu'un homme ne pourrait pas ressentir pour un enfant, surtout l'homme que je suis censé être. Du coup, je repose la question... Qui suis-je ? Je crois que je n'en ai pas la moindre idée en fait. Je déteste toujours la femme que je suis, mais j'ai désormais un certain respect pour la force qu'elle possède et pas l'homme. Et même si je me refuse à le penser, pour mon fils avant d'être son père, je suis sa mère prête à traverser l'enfer avec son frêle petit corps pour le protéger.
J'ai beau être le connard que vous prétendez que je suis, ce que je ne pense pas être bien évidemment, j'ai quand même tenue à informer Shae qu'elle était... Eh bien, Papa. Oui, en plus d'être maman, elle était papa. Si madame ne voulait pas le gosse au-début, un jour elle a débarqué en prétendant vouloir la garde de l'enfant. Je ne vous raconte pas mon humeur à ce moment-là... La famille c'était apparemment important pour les O'Callaghan, très bien ! Mais pour les Sullivan aussi et il était hors de question que le gosse qui m'avait fait endurer l'enfer me soit juste retiré comme ça. Et si je n'avais rien contre les O'Callaghan, j'étais prêt à leur faire la peau s'il osait me prendre mon gosse. La solution se présenta avant qu'on en arrive à de telle extrémité : un mariage ! Un mariage dont la date a toujours été repoussé, car les deux familles ne se m'étant jamais d'accord sur une date qu'il leur conviendrait.
Nous sommes en 2017 et il semblerait enfin qu'une date soit en accord avec certaines conditions des deux familles... Mais nos mômes avait déjà plus de trois ans, bientôt quatre pour cette année. Voilà... Je suis Dante à la fois un père cool et une mère protectrice, même si je ne l'admettrai jamais !
AVENGEDINCHAINS