L'humeur, c'est quelque chose qui change. Un peu comme le temps mais à l'intérieur de soi, des nuages qui viendraient s'accumuler et qu'on ne verrait pas. Alors seulement il se mettrait à pleuvoir et on ne comprendrait pas d'où ça vient, pourquoi est-ce qu'on est mouillés soudain, qu'est-ce qu'on a bien pu faire ?
Non, à vrai dire, les tempêtes, on les sent bien arriver. Comme une autre odeur qui nous précède partout où on met les pieds. Et cette odeur, je la reconnais : la rage. La haine, la vraie, celle d'être mise de côté. Je sais bien qu'aux yeux de Dorian Cross j'ne suis pas la plus précieuse; loin d'être la plus fidèle, loin d'être la plus parfaite également. Juste un morceau de viande de plus à balancer dans la guerre.
Bref, ça m'allait jusque là, mais la guerre est plus ou moins gagnée et rien ne change. Je sais bien que si je me dévouais entièrement à la cause, il aurait sûrement plus confiance en moi.. mais bref. En attendant, Croix me protège un peu.
En attendant, de l'autre côté à Rosenrot, Anja a complètement pété un câble en nommant une gamine comme son bras droit - ça va être charmant de voir ce genre de personne réduite en miettes. Et quand, lasse de passer mes nerfs sur Mikeal - qui le pauvre, subit un peu - j'suis arrivée en France pour toucher deux mots à Dorian à propos du rapport d'une mission réussie - et un peu pourrie - de runes débiles, j'ai su que dame Elena de Morin'Stal était dans le coin, j'ai pas pu m'empêcher de tourner un peu dans les parages et poser des petites runes stupides de présence. Comme les runes et moi on n'est pas toujours potes, j'ai raté son entrée dans la boîte, hors de question que je rate sa sortie.
J'me suis assise dans un coin, vodka en main à 1h du matin. Les filles dansaient sur la piste, comme d'habitude, à moitié nues comme d'habitude, complètement blasées comme d'habitude. Je ne connais personne - loin de moi d'éviter les clubs mais Dorian n'est pas le genre de personne qu'on vient encombrer chez lui - mais je sais qu'elle est déjà passée dans le couloir.
C'est fantastique, je le sens presque au bout de mes doigts.
Je descends mon verre d'une traite, plus vraiment touchée par l'alcool avec les quantités ingérées quotidiennement, et me glisse vers la sortie, prenant une clope pour l'allumer à l'extérieur. L'air froid me surprend un moment et le calme de l'extérieur. Quelques personnes trainent autour en petits groupes sans faire attention à moi - dieu merci - et je souris en entendant la lourde porte d'entrée.

— Enfin, dis-je en me retournant sur l'adolescente.

Je suis un peu plus grande qu'elle mais ce n'est pas flagrant. Son visage lui donne un air incroyablement.. gentil, et naïf. C'est encore plus vrai dans cet éclairage cru et sale qu'ils proposent devant The Dark Descent. J'trouve toujours que ça met en valeur les corps alors que ça dégrade les visages qui font fatigués, ivres, déformés par l'alcool et les substances ingérées dans la soirée.
Elena n'y coupe pas. Ses yeux clairs font plus vides et sa peau encore plus blanche.

— Je me demandais quand est-ce que la petite nouvelle main droite d'Anja oserait pointer son nez dans un endroit visiblement pas de son âge.

Je tire lourdement sur la cigarette entre mes lèvres, à l'aise au milieu des vapeurs d'alcool et de clope qui trainent. J'ne cherche pas spécialement à la coincer juste à savoir à qui j'ai affaire, savoir si les autres se battrons et la déchirerons avant qu'elle ne puisse faire quoi que se soit de plus que les autres. J'espère pour elle qu'elle est bien dans une lignée pure, loyale, obéissante et conditionnée et que son nom pourra la protéger comme il protège le petit Soul. Idiot, déloyal, tellement proche d'Anja alors qu'il a déjà trahi.
C'est beau, un nom, n'est-ce pas ? Rien au mérite.
Williams ne veut rien dire à personne, nom passe partout, nom inconnu mais trop commun. O'Callaghan s'en sort déjà mieux que moi, ce qui n'est pas bien difficile.
Autour de nous, les hommes ne nous regardent même pas. J'suis pourtant en baskets et jean slim, détonante dans cet univers de jupes plus courtes les unes que les autres mais ils doivent sentir, savoir qu'on ne touche pas aux magiques, pas aux sorciers, pas ceux qui sortent de l'antre de Dorian. Je ne sais même pas ce qu'il s'est dit au final entre eux - et ça ne me regarde pas, j'en ai bien conscience - mais c'est sûrement pour se rencontrer.
Pourquoi est-ce que je n'aurais pas le droit de poser mes marques moi aussi ?

Arrangeant ses cheveux, Elena se regarda longuement dans le miroir, comme scrutant les blessures et les rides que lui avaient fait le passé. Des rides bordaient ses yeux dont l'innocence avaient été bannis dans d'autres regards depuis bien longtemps.
La jeune femme se regarda dans la glace pendant un certains temps avant enfin de détacher son regard. Elle avait réussi à surmonter la peur de devoir regarder son propre reflet. Elle avait peur d'elle-même en pensant à ce qu'elle était devenu. Etre la protégée d'Anja ce n'est pas si facile. D'ailleurs était-elle vraiment sa protégée ? Non. Non. Non
Trop instable. Trop facilement manipulable. Elle n'était rien qu'une ombre dans un monde d'étoiles. Plus ou moins sombres.
Elena mit le micro en face de sa bouche et se mit enfin à parler :

" June, Bienvenue sur ta cassette

Tu dois déjà sans doute savoir pourquoi tu es sur cette cassette hein June ? Tu étais sans doute quelqu'un d'adorable. Ou peut-être pas. Je ne sais pas que penser de toi après tout ce temps. T'as l'air tellement instable.

Je me souviens de ce vendredi soir. Malgré mon appartenance à Rosenrot, la curiosité m'avait poussé à me rendre en France et plus précisément en Bretagne. Ah la Bretagne... Un pays dans un pays. En Allemagne, on ne connaît pas très bien cette pointe à l'Ouest de la France. Moi, je connaissais de nom. Parce que mère et père m'en avait parlé : ils avaient déjà dû se rendre là bas dans le cadre de l'Alliance entre Rosenrot et Croix au début de la guerre.
Moi ? J'étais trop jeune. J'étais qu'une brindille à l'époque. C'est fou comme le temps passe vite. J'avais 14 ans et bien que j'appréciais Croix j'étais loin d'imaginer qu'on pourrait m'accorder une certaine confiance. A l'époque, je me voyais continuer à travailler dans la ferme de mes parents pour un long temps. Sans aucun problème. Avec le moins de sang possible et un nombre infini de douceurs comparés aux douleurs. J'étais la jeune fille qui, après avoir accompli du travail sans intérêt pour Rosenrot, se dépéchait de rentrer chez elle pour cueillir une pomme. Je montais sur une échelle et je cueillais cette pomme si juteuse et si goûteuse. Des pommes que je ne trouve plus maintenant.

Life goes on.

Me voici donc à Sarzeau. Sombre ville. Oh peut-être qu'il y a des années cette ville était bien. Mais depuis y a une certaine famille qui s'est installée là bas. Vous savez bien de qui je parle. Si vous écoutez cette cassette, vous avez était en contact plus ou moins proche avec cette famille de... D'enfoirés. Parce qu'il y a pas d'autre mots.
Ce soir là j'étais au Dark Descent. La curiosité sans doute. Et on m'avait dit que je devrais plus me socialiser. Soit. Je n'étais pas une ermite mais j'avais parfois du mal à me détendre. J'avais de l'argent avec mon nouveau poste. Bien sûr, je ne croulais pas sous l'or, mais j'étais là pour "m'amuser". En vrai, j'étais seule. Difficile de m'amuser seule, surtout quand on ne boit pas. J'avais refusé 1 cocktail de la part d'un homme qui tenais absolument à "m'offrir un verre pour qu'on apprenne à se connaître". Je ne tenais pas spécialement à fraterniser avec Croix.
Et pourtant... T'allais arriver. Au moment où j'allais m'en aller ?

— Enfin,

T'étais là. Ton visage avait l'air cynique ce qui ne donnait pas très envie de te parler. En fait, j'avais plutôt envie de fuir. Je n'avais pas spécialement peur de toi mais je n'avais pas envie de me fâcher avec qui que ce soit. Malgré tout, je dirais que y avait une espèce de sensation en moi qui me disait que je devrais partir sans me retourner. Malgré tout la curiosité l'emporta. J'analysais rapidement la situation

Il était 1h du matin et je n'étais pas en pleine possession de mes moyens. On m'avait dépossédés de mes armes avant l'entrée dans la boite de nuit, ce qui paraissait logique. Si je comptais me servir de mon pouvoir, faudrait que tu me fasses saigner. J'essayais de prendre un air détendu et gentil mais avant même que je puisse te formuler une réponse, tu t'empressa de me sauter à la gorge. Façon de parler bien évidemment.

— Je me demandais quand est-ce que la petite nouvelle main droite d'Anja oserait pointer son nez dans un endroit visiblement pas de son âge.

La nouvelle allait vite. Tu savais que j'étais main droite d'Anja ? Soudain alors que je me posais la question, je fis la connexion dans ta phrase. Tu m'attendais, tu me suivais. Oh, oui tu avais des mauvaises intentions sur moi mais je me disais simplement que tu étais quelqu'un d'un peu déséquilibrée. Je crois que je ressentais un peu de pitié pour toi à ce moment là. J'étais partagé entre la pitié et la malaise.

- Bonsoir. On se connaît ?

Je te regardais de loin. Je n'avais pas envie de rompre la distance entre nous. Vêtu d'une robe violette avec de jolis escarpins de la même couleur, je me disais que je ne pourrais pas vraiment me déplacer avec aisance si jamais on devait se battre.
Mais en fait ce qui m'attendais était d'une tout autre valeur. Hein June ? Parce que t'aimes ça regarder les gens de haut"

Elena avait parlé longuement. Elle s'arrêta sur l'enregistrement un instant pour reprendre ses esprits et se souvenir avec précision de ce qui passa ensuite. Il y a tant de choses auxquelles elle n'aimerait pas repenser qu'elle n'arrivait plus à aller les chercher au fond de sa mémoire. Son cerveau refusait de lui donner les souvenirs.
Elle soupira.

Un jour, elle comprendra.
Tout ça était vain. Un jour elle s'éteindrait, peut-être par sa volonté, peut-être indépendamment. Dans tout les cas, elle s'envolera dans un autre univers et elle ne laissera qu'une trace infime sur terre. Comme toi, comme moi, comme elle, comme tout le monde.
Un jour, elle réalisera que tout ça c'était de la rancœur.
Et la rancœur n'amène rien de bon. Repenser à un acte que quelqu'un à fait pendant un certains temps, à quoi ça peut l'avancer ? Elle ne refera plus sa vie maintenant. Ces joies violentes ont des fins violentes.
Mais elle ne comprenait pas. Pas encore.

Elle reprit.

"June. En fait je ne sais pas que penser de toi. Tu es une personnalité complexe. Il est certain qu'on ne partirait pas en vacances ensemble. Mais je ne suis plus sûre de ressentir de la haine à ton encontre. Parce que tu es pitoyable en fait. Ta vie ne rime à rien. Chasser des gens, les tuer, les torturer, croire que t'amuser c'est faire n'importe quoi. Tu ne sais pas où sont tes priorités, tu n'as pas de rêve. Ça se voit à ta tête.
Quand une balle traversera ta tête te rendra tu compte de ta bêtise ?
Je m'en fiche de ton sort. Cela m'importe vraiment très peu. J'en tirerais une petite satisfaction, bien entendu, mais c'était tout. Malgré ta débilité et ton incompétence apparente, j'imagine qu'il doit bien y avoir des gens qui t'aime dans cet univers, peut-être un tout petit nombre mais tout de même. Le jour où tu t'éteindras de ta connerie, ces gens là souffriront et ils ne méritent pas d'avoir non seulement à te supporter maintenant mais en plus à porter le sentiment de deuil dans leur corps pour quelqu'un qui commet des actes peu agréables.
Enfin. Personne se voile la face.
Sauf l'autre idiote.

- Non. Mais je suis enchantée de te connaître Elena.

Et à ce moment là, tu avais peut être espéré que je me figes sur place. Que je tremble de terreur face à toi, face à ta pseudo puissance et ton arrogance sans limite. Mais même à l'époque, je n'étais pas aussi fragile. J'étais une femme forte et indépendante.
J'ai souris en entendant mon nom. Ma célébrité avait vraiment traversé tout les pays n'est-ce pas ? On devait croire que Anja avait pété un boulon et qu'elle avait nommé une gosse sans aucun talent ni cerveau pour l'envoyer se faire buter. Oh, c'est sans doute ce que tu devais penser à ce moment précis.
La gamine impertinente, naïve et idiote au point de ne pas connaître ton nom à ce moment précis. Mais au fait June, t'étais qui pour que je te connaisse ? Ah oui, t'étais qu'un misérable soldat qu'on envoyait faire des missions à l'autre bout du monde.
La petite esclave de Croix.
La chienne de Dorian.

Mais je me contente de garder mon sourire. Je ne dirais pas qu'à ce moment là, la peur ne m'avait pas attrapé légèrement les tripes. Je n'avais pas spécialement peur de ta puissance personnellement mais j'avais peur d'une embuscade. Je m'étais mis à réfléchir le plus rapidement possible pour me tirer de cette situation sans provoquer quelque chose qui pourrait me mettre en délicatesse moi ou Rosenrot.
Si tu touchais un seul de mes cheveux, c'était une guerre sans merci que Rosenrot te mènerait. Mais sans doute le savais-tu car tu n'as rien tenter à ce moment là.

- Allons prendre un verre.

Je crois qu'au départ je n'en avais pas envie. Mais j'ai vite accepté sans rechigner, pousser par une espèce de force plus forte que ma volonté. Je ne sais plus si au départ j'avais vraiment eu l'envie de refuser ou si c'est ta magie qui m'avait définitivement convaincue. Peu importe, dans tout les cas, ce soir là je suis rentré de nouveau au Dark Descent avec toi.
Tu étais chez toi, tu connaissais tout ici. Une demeurée comme toi ne peut prétendre qu'à un endroit aussi miteux que le Dark Descent. Le genre d'endroit où les femmes sont si bien traitées qu'elles finissent toutes à moitié dénudées sur les tables. Je suis sûre que t'as participé à ce genre de truc. T'aimes bien te faire souiller par plein de monde toi hein ? Petite soumise que tu es.
Oui, soumise. Au monde entier.

Rentré de nouveau dans cet endroit me donna des frissons, je m'en souviens. L'atmosphère n'y est pas incroyablement sain. Il est parfait pour des gens qui aiment l'alcool, la drogue et le sexe. Tout mon contraire en somme. Je jetais des coups d’œil partout et ne constatait que la dépravation ultime d'une société qui glorifie des idoles aussi vide que ta tête June.

Je devais éviter le conflit. Ou alors je devais compter sur un téléporteur pour me tirer d'affaires. Il y en avait un ce soir là dans la boite de nuit. Mais je n'étais pas encore au courant qu'il était de Rosenrot.
J'avais commandé un vodka redbull. Quitte à passer un quart d'heure avec toi June, je m'étais dis, autant que ça soit divertissant. En vérité, je crois que j'avais un peu baissé ma garde à ce moment là. Je me demande si c'est ton pouvoir qui faisait encore effet.

- Na dann prost! J'ai toujours pas le droit de savoir ton nom ?"

La jeune femme avait déjà raconté cette petite rencontre à Anja. Elle ne serait donc sûrement pas surprise de l'entendre dans une cassette.
Elle avait rigolé, en disant que les soldats de Croix étaient définitivement bien débiles. Elena elle n'en était pas resté là.
Ce qui avait suivi n'avait fait plaisir à personne.

Personne, June

Elle rentre sans rien dire. Tant mieux. Ce n'est pas comme si de toute façon elle avait des choses à dire. Enfin si, je suppose qu'elle est du temps à parler, blablabla, nianiania, même, mais rien qui puisse m'intéresse. J'me souviens bien de comment les gens sont, à seize ans.
Idiot.
Même Baudelaire le disait.
Rien de sérieux.
De base, j'ai un peu rien contre elle mais quand même. Enfin si, bien sûr je la méprise. Elle ne sait pas qui je suis, ni mes dons, ni rien. Une enfant. C'est dommage, y'a sûrement un jour où j'ai eu de l'empathie pour les gens, ou quelque chose s'en approchant. Peut être qu'il y a quelques années j'aurais voulu faire quelque chose pour elle, lui donner des tips ou des gimmick, peut importe, lui dire comme Dorian est à prendre avec calme et sérieux - incroyable qu'il n'ait pas tué Mathias d'ailleurs, celui là. Tiens. - mais que d'autres sont un peu plus spéciaux. Lui parler pour de vrai, et tout.

Maintenant je ne sais pas. Peut être que la seule chose qu'il me reste c'est tuer et être utile ? Qui sait. Qui sait qui sait qui sait.
Qui s'y intéresse, surtout ! Ahah. Des barres.
Autant un jour, je trahis et je passe chez les gentils. Et je finis contre Mike à devoir le tuer... Non sérieux, ça serait glauque.
Même, l'autre elle ne parle pas, faut bien s'occuper non ?

Tout le monde se retourne contre nous quand on passe. Eh oui, la petite robe. Ils doivent tous déjà rêver de la prendre dans l'arrière boutique, la forcer à les prendre en bouche pour éjaculer sur sa jolie petite robe imprudente.
Tous des chiens.
Peut être que les talons n'y sont pas pour rien non plus, allez savoir. Des fois pour les dalleux dans le jambe, une bague c'est déjà trop pour leurs petites hormones. J'suis sûre qu'il vont aller s'toucher en rentrant chez eux.
BREF.
La sexualité des chauves obèses ne m'intéresse pas.

Elle commande une vodka redbull, forcément c'est gratuit- je me demande toujours si c'est parce qu'ils sont forcés, parce que la fois où j'avais dit avec mon don "tu ne me feras jamais payer ici" marche encore ou si alors juste c'est gratuit parce que Dorian ou Ysoline ou quelqu'un l'a voulu ainsi. Qui sait.
Ca aussi tout le monde s'en fou au fond, tant qu'on ne paie pas.
Je prends une limonade du coup.
Bon.
En même temps il fait pas froid, j'ai déjà bu de la vodka et ehm.. principalement, j'ai soif. Et puis aussi je connais la règle pour ne pas se cramer les muscles, les tendons, et tout, et j'veux dire, on s'entraîne pas à MORT à Croix juste pour au final être des vieux déchets.
J'me demande ce que Dorian penserait d'Elena, tiens. L'opposé l'un et l'autre.

- Na dann prost! J'ai toujours pas le droit de savoir ton nom ?

.. c'est pas une histoire de savoir ou pas savoir c'est juste pas.. hyper essentiel à la discussion au fond, si ? Mais bon. C'est pas comme si je l'avais interdit ou quoi. Enfin je sais plus, de toute façon elle aura qu'à demander à Anja qui je suis. Même si on ne s'est jamais croisé, quand Croix a fusionné avec Rosenrot, les dossiers de tout le monde ont été partagé.
Enfin, peut être que Dorian garde deux trois pecnos sous le coude au cas où pour pouvoir trahir, ou j'en sais rien.
C'est le genre de choses qui me permettent de vivre aussi, moins j'en sais, moins j'ai de valeur pour les gens d'Orpheo et les autres teams cheloues, et donc j'suis un peu plus sûre que survivre. Un peu plus.
Rien de gagné, tout à faire, je sais.

- June.

May, June, July.
Mois d'été, rayonnant, le soleil. Tu ne trouves pas Elena que je suis absolument drôle et pétillante tel un beau mois d'été ? Ahah. J'aurais du m'appeler November ou December, tiens, ça collerait plus avec moi. Moi moi moi moi moi.
On peut parler d'autre chose aussi.

- Tu connais l'histoire de Fenrir ?

Une histoire sympa, beaucoup de sous entendus. Beaucoup, beaucoup de sous entendus. C'est toujours plaisant les petites histoires pour faire passer des messages. C'pour ça faire lire les enfants c'est utile. Ils comprennent mieux que nous, souvent, à quoi ça fait référence.
Enfin je suppose. C'est pas comme si on m'avait lu des histoires, pas comme si j'avais eu des parents qui m'aiment.
Pas comme si j'avais eu des parents tout cours d'ailleurs.

Sans un soupir, sans déglutir, elle reprit :

"Connaître ton nom n'était pas essentiel June mais tu comprends que c'est toujours déstabilisant de parler avec quelqu'un et de ne pas savoir son nom. Imaginons, tu souhaites appeler la personne, et bien tu ne peux pas car tu ne connais pas son nom. Ah... Que certaines personnes sont têtues. Tu n'es pas la plus têtue que j'ai rencontrée mais tu es sans doute la plus idiote. Non, pardon, une des plus idiotes.
Mais à cet instant j'avais rien compris. J'aurais aimé qu'une alarme se déclenche dans mon cerveau pour que je puisse réagir et te tuer alors qu'il en était encore temps. Mais maintenant tu as gagné, bravo June. Tu pourras emporter ça jusqu'à la fin de ta vie, une fierté immense j'imagine que d'avoir gagné contre une femme de 18 ans. Tu ne peux qu'être heureuse, sans doute l'un des plus grands accomplissement de ta misérable vie.

- June.

Sur le coup ça m'avait fait sourire, un peu l'alcool, un peu encore déstabilisée de tes pouvoirs sans doute. Je m'étais dis que je connaissais déjà une April et maintenant June. C'est vrai qu'on peut donner tous les noms de mois à ses enfants. J'avais hâte de rencontrer une September ou une January pour voir l'originalité des parents dans la conception d'enfants.
Enfin, je n'aurais sans doute plus le temps maintenant. La vie est longue mais pas pour moi.
Je ne me souviens plus exactement de pourquoi mais ça t'avais arraché un sourire à ce moment là. Sans doute pas pour les mêmes raisons. Mais je ne suis pas dans ta tête alors je ne peux pas savoir. En vrai June, c'est pas dégueulasse comme prénom mais désolé ma fierté m'a interdit de te le dire ce soir là.

- Tu connais l'histoire de Fenrir ?

Ah. Fenrir, fils de Loki enchaîné parce qu'il avait trop de pouvoirs. Bien sur que j'en avais entendu parler, même si évidemment je ne connaissais pas chaque détail. Je me demande encore maintenant qu'est ce que tu cherchais à faire. M'endormir sans doute. Vers d'autres sujets pour ne pas me rendre compte de ce qui se passait réellement.

- Oh, tu veux me raconter une histoire ? Je ne suis plus une gamine qu'on endormirait avec des histoires tu sais.

Parfois j'étais nulle, parfois je n'avais pas de répartie. Parfois ? Souvent même. Mais cela m'arrivait d'avoir du répondant. Ce n'était pas la meilleure réponse de l'univers. Pour autant, je me souviens de ta grimace à la suite de ma réponse. Enfin, peut-être que mon esprit me joue des tours et réecrit l'histoire. Une expression déçue de ta part est un cadeau béni des dieux que l'on oublie pas si facilement.

- Mais raconte là, t'es drôle.

Sans doute un peu l'effet de l'alcool qui m'a fait dire ça. J'étais fragile et insouciante. Merci pour moi, j'ai changé. L'univers m'a brisée."

La pluie commença à s'abattre sur la vitre de la chambre ce qui fit naître un sourire aux lèvres d'Elena. Le bruit de la pluie était une des choses les plus apaisantes et plaisantes au monde. Prenez le temps d'écouter chaque goutte de pluie s'écrasant lourdement sur votre vitre en laissant vos pensées dériver. C'est une sensation simple et parfaite à la fois.