Réunir pour mieux régner.

Don't think it'll be easy

Anja & Dorian



Après midi de ce même mercredi. Ce mercredi où Dean était arrivé en retard à leur rendez-vous le matin même et qui avait mis sur les nerfs Dorian. Cependant parler avec son frère et éclaircir les plans des Cross et de Croix aussi avait fait du bien à l'homme, même s'il ne montrait rien.

En tout cas, il n'avait sûrement pas parlé de ce rendez-vous à Dean. Il l'aurait su, il aurait sûrement critiqué Dorian pour sa gestion de Croix et aurait dit qu'ils n'avaient besoin de personne. Au fond, le chef de Croix pensait ça aussi mais il savait que plus ils étaient nombreux, plus ils avaient de chance d'attraper Luka.

Après, il serait facile de trahir. Croix n'avait vraiment besoin de personne. Il avait besoin de manipuler les autres pour arriver à ses fins. Classique. En tout cas, il était certain que quand la chef de Rosenrot lui avait envoyé une lettre, il avait été un peu surpris. Il était persuadé qu'elle ne les aimait pas beaucoup.

"Cher Dorian Cross,

Je vous écris cette lettre pour solliciter un rendez vous avec vous. Bien sûr, j'imagine que si je ne vous dis pas l'objet de la rencontre vous ne viendrez pas. J'aimerais que nous discutions d'un possible rapprochement entre Rosenrot et Croix. J'espère vous voir le mercredi 21 Mars vers 17h au Dark Phoenix.

Anja L. von Duisbourg."

Il n'avait pas daigné répondre. A quoi bon ? Rosenrot était-il tellement en perdition pour avoir besoin de l'aide de Croix ? Quoi qu'il en soit si Dorian était là c'est qu'il avait aussi un intérêt quelque part. Il n'y avait pas de raison qu'il refuse. C'était des sangs pur et leur aide ne serait pas négligeable.

Au fond, il n'y avait qu'une seule chose qui poussait Dorian à accepter ça. C'était trouver Luka et la faire payer. Elle devait crever cette mêlée. Anja n'en savait probablement rien. Enfin, maintenant les rumeurs circulait si vite qu'elle était peut-être au courant. Il verrait bien.

Pour l'occasion, Dorian s'était mis dans un costard très sobre et une chemise rouge écarlate avec une cravate noir. Il avait l'air encore très impressionnant une fois de plus et le but était de faire peur à la chef de Rosenrot. Bien qu'il était très peu probable qu'elle ait peur de sa stature. Dorian avait mis un couteau dépliable dans sa poche intérieure. Juste au cas où.

Il arriva au Dark Phoenix, QG de Croix. Il y allait tout les jours lorsqu'il n'était pas en voyage depuis qu'il était chef de Croix. C'était un grand honneur pour lui d'avoir ce poste. Il voulait être irréprochable et jusqu'à maintenant, il s'en sortait pas mal. Il serait un chef reconnu. Tout le monde se souviendrait pour ces actions de choc.

Pour ces décisions un peu hasardeuses aussi peut-être ? Ce que l'on fait résonne dans l'éternité. Est-ce que quelqu'un penserait que s'allier avec Rosenrot était une mauvaise chose et que Croix était tombé bien bas ? Il y en aurait toujours un pour penser ça. Peu importe, maintenant c'était Dorian qui dirigeait le bateau.

De toute façon l'accord ne se conclurais pas si le chef de Croix ne se sentait pas bien avec la chef de Rosenrot. Il fallait voir ce que la femme proposerait. D'après ce qu'il avait entendu, elle ne se laissait pas faire en affaire. Ca tombe bien, Dorian était un coriace aussi. Un sourire sadique passa sur le visage de l'homme.

Il entra dans la boite de strip-tease. Ils étaient en train de préparer la nuit qui s'annonçait incandescente, comme toutes les nuits ici. Quelle planque idéale. Il s'assit au bar et s'offrit un bon verre de whisky avec des glaçons. Il avala une gorgée et il eût l'esprit très clair. La petite allait voir qu'on ne négocie pas aussi facilement avec des Cross.

Il finit son verre et vit la jeune femme pénétrer dans la pièce. Avant même de la saluer, il l'examina du regard. Elle n'avait pas l'air d'être très impressionnante. Par contre, elle était vraiment charmante et Dorian n'hésiterait pas à en faire son quatre heure s'il pouvait. Elle dégageait une froideur dans son regard. Assez fou.

Sans dire un mot, il l'invita à venir dans le véritable QG de Croix et pas cette vulgaire boite de strip-teaseuse. Par la même occasion, il embarqua deux verres et la bouteille de whisky. Il poussa une porte magique et emmena la jeune fille le long d'un couloir puis pénétra dans un bureau. Assez sombre, pas très spacieux.

Il servit deux verres de whisky sans même lui demander si elle en buvait. Peu importe, il n'était pas là pour faire des amabilités. Elle buvait tant mieux, elle buvait pas tant pis. Il la regarda glacialement et eût un sourire qui n'était sûrement pas très plaisant à voir et rompit le silence qui s'était légèrement installé.

- Bonjour mademoiselle von Duisbourg, dit-il d'une voix très calme.

No sir, well I don't want to be the blame. Not anymore.

Le tourne disque passe une vieille chanson des Beatles alors qu'en avant plan une jeune femme au regard infiniment froid est en train d'écrire. La vue de sa fenêtre offre une vue plongeante sur la Tour Eiffel, mais la belle n'en a rien à faire, trop concentrée sur ce qu'elle est en train de faire. Anja aurait bien voulu une chambre plus près de Sarzeau, malheureusement ses esclaves sont bien trop minables pour faire leur boulot. Elle en a fait fouetter trois l'avant-veille. Mais ça, elle l'a déjà oublié.
La scène de la veille, elle, est autrement plus intéressante. Sa rencontre avec le grand Dorian Cross... Une main attrape un stylo, dépose le bout d'un bec sur du papier à entête puis se met à griffonner. À raconter.

Paris, le 22 mars 2012

Liebe Mutti,

Je n'ai jamais rencontré le regard de ma grand-mère ailleurs que sur du papier glacé. Elle n'était pas vraiment belle et c'est un heureux hasard que je ne lui ressemble pas. J'ai les yeux de mon père, les cheveux blonds de Diego et ta silhouette à toi maman. Rien de Elke-Heide Von Hammersbrück. Quand j'y pense, je trouve bizarre que ma Oma ait gardé son nom de famille. Même s'il m'est encore plus étrange d'imaginer Diego avec une femme. Lui qui n'avait d'affection qu'avec son poisson rouge... Alors comment l'imaginer offrir son coeur a une femme ? Voilà une question bien étrange...
Et pourtant elle a bel et bien existé, sinon toi maman tu ne serais pas là. Je crois qu'elle est morte d'un cancer... Je ne sais plus vraiment. La preuve que même les sorciers ne sont pas parfaits. Sur les photos elle a cet air sévère des femmes du début du XXème siècle. Elle a connu une guerre Mondiale, puis une deuxième. Elle a vu bien plus de choses en quelques années que je n'en verrai sans doute en toute une vie. Elle a vu le massacre de Rosenrot pendant la deuxième guerre mondiale, puis le phénix renaître de ses cendres, avec la fragilité de l'oisillon, l'hésitation du nourrisson et la détermination du feu. Elle l'a vu renaître, mais elle n'a pas vraiment eu le temps de le voir puisque de toute façon elle était déjà passée dans les mains de Croix et de Diego. De toute façon Oma n'a jamais été très attachée à Rosenrot, je crois bien que son père, ton grand-père, mon arrière-grand-père, a tout fait pour l'en éloigner. Les femmes ne sont pas faites pour combattre, elles doivent rester à la maison... Encore un homme !
Tout ça pour dire que, sans vouloir t'offenser, ta maman n'était pas très jolie. Quelque part, je suis contente de lui ressembler ; les gens se méfient moins de la beauté et de ma finesse. Comment penser qu'un être de 50 kg tout mouillé est capable de tuer sans sourciller un gorille qui fait le triple de son poids ? Je joue de mon poids plume comme une arme de plus... Les gens s'attachent trop souvent à l'apparence. Ils sous-estiment et ça, c'est stupide.
N'en parlons plus.

Mais tu dois te demander pourquoi j'évoque ma grand-mère. C'est à cause de Dorian Cross, le nouveau chef de la Croix, l'assassin de Natasha Cross et l'oncle de Luka. Les rumeurs courent qu'elle se serait d'ailleurs enfuie... C'est bien malheureux pour eux ça. Mais que voulez-vous, la gazelle court bien plus vite que le lion...
Il faudrait un guépard pour remettre de l'ordre.
Tout ça pour dire que, quand je suis rentrée à l'endroit où je lui avais donnée rendez-vous - au Dark Phoenix, son endroit, son camps, histoire qu'il soit plus confiant -, j'ai tout de suite repéré celui que je venais voir. Grand, solide, avec une silhouette rassurante qui contrastait étonnamment avec son regard hargneux, on aurait pu croire à un ours sauvage dans un magasin de porcelaine. Un danger de tout moment. Et lorsque je l'ai vu, lorsque j'ai aperçu cette détermination à peine voilée dans ses yeux, cela m'a indéniablement fait penser à Diego. Et c'est ainsi que je me suis fait cette réflexion ; comment une femme pourrait-elle supporter d'aimer un homme comme Dorian ou mon grand-père ?
Comment une femme pourrait-elle aimer un homme tout court ?

Mais je n'étais pas là-bas pour essayer de comprendre l'amour et ses subtilités. J'étais là pour passer un contrat, une alliance avec la Croix. Comme la Russie et l'Autriche en 1815 ou encore celle franco-écossaise en 1295. Je ne comptais pas faire ami-ami avec mes anciens patrons, mais plutôt leur proposer une sorte de trêve et une assurance contre Orphéo. Je sais bien que la dernière guerre à décimé grand nombre de leur membres et Dieu seul sait à quel point Rosenrot et ses petits effectifs ont besoin de tels pactes. J'avais des arguments suffisants et Dorian n'avait aucune chance de refuser. Je me doutais bien qu'à un moment ou à un autre la Croix voudrait trahir, mais il me suffisait de réagir plus vite qu'eux. Et puis face à un ennemi commun, nous avons tout à y gagner... non ?

Le Dark Phoenix est une boîte de strip-tease tellement classique des mafieux dans les films que, étrangement, elle passe totalement inaperçu dans le monde magique. Orphéo doit se dire que ça serait trop gros et que la Croix n'est pas aussi vulgaire que ça. Et pourtant... En me faisant cette réflexion, j'en ai presque sourit. Presque. J'étais là pour négocier, pas pour sourire.
De toute façon, Dorian ne m'a pas laissé le temps d'observer la salle enfumée en m'entraînant directement dans son bureau qui ressemblait au cliché parfait du chef de la mafia ; étroit et sombre. Il y avait fort à parier qu'une arme à feu type 9mm était planquée dans le premier tiroir de son bureau...

- Bonjour mademoiselle von Duisbourg.

Il avait posé sur le bureau deux verre de whisky auxquels j'ai à peine jeté un coup d'oeil. Tu le sais maman, je n'aime pas vraiment boire. Un peu de temps en temps, mais pas souvent. Ce n'est pas tant le goût qui me déplaît, mais l'appréhension de perdre le contrôle de moi-même. Être saoul c'est marcher sur un fil, risquer de tomber beaucoup plus souvent qu'avant. Et puis je bois rarement en négociation. Il me fallait être ferme. Et pour cela, j'avais besoin de toute ma tête.

- Monsieur Cross.

Léger basculement pour lui témoigner mon respect. C'est vrai, au fond cet homme est... admirable. C'est lui qui a tué Natasha après tout... Je sais que tu avais beaucoup de respect pour elle maman, mais... elle a osé coucher avec de vulgaires humains ! Et avoir deux enfants... En parlant d'eux d'ailleurs... Je tenais à vérifier les rumeurs et distinguer le vrai du faux. C'est pourquoi j'ai lancé avec une assurance parfaite en plantant mon regard dans celui de Dorian :

- Il paraît que vous avez perdu Luka ?

Si mon apparence calme n'était qu'une façade, à l'intérieur de moi c'était déjà beaucoup plus agité. Je pouvais m'être trompée. Ou je pouvais aussi avoir raison. Et, dans le deuxième cas, j'aurais un moyen de pression de plus.
Finalement Luka Era Grey n'est pas si inutile que ça...

[...]

Juste à côté d'elle et, pourtant, à des milliers de kilomètres, le vieux tourne-disque balances ses mots et sa musique. Les paroles des Beatles qui semble à Anja être à des milliers d'années de son idéologie.
« Help, I need somebody, Help, not just anybody, Help, you know I need someone, Help ! »

Mais es-tu si sûre que ça, Anja, de ne pas avoir besoin d'aide... ?

Un regard très froid. Même glacial, insondable. Que voulais dire ces yeux bleus impénétrable. Comme un mur lorsqu'on tente de les regarde mais comme des rayons X lorsqu'ils nous regardent. Dorian n'était pas impressionné car il savait que la jeune femme était là aussi pour l'impressionner. Au moins autant que lui. La négociation c'était avant tout un long round d'observation.

Tant de jeunesse dans son visage mais tant d'expérience dans son regard. Cette jeune fille était un contraste à elle même. Dorian la trouvait vraiment mignonne avec cette longue chevelure blonde et ses formes. Hum.. Pourtant, elle était si distante.. Elle semblait n'avoir aucun contact avec le monde réel hormis son esprit. Comment peut-on avoir tant d'expérience à son âge ? Dorian était impulsif lui..

- Monsieur Cross.

Une légère inclination en sa direction. Dorian répondit d'un signe de tête. C'est ça, incline toi. Bientôt tu mordras la poussière et tu me supplieras. Dorian, calme toi. Tu n'es pas ici pour la torturer, juste pour parler. Simplement parler. Retiens ton humeur massacrante. Jusqu'à ce qu'elle provoque ta colère. Un sourire de crocodile envers elle.

L'ambiance était si étrange dans la pièce. Peu de tension mais on sentait tout de même que ni l'un ni l'autre n'était ici pour rigoler. Surtout pas Dorian. Il prenait son rôle de chef de Croix très à coeur. Il ne laisserait personne bafouer leur institutions. Depuis si longtemps, Natasha s'était permise de.. Il serra le poing. Quelle effrontée.

Comment tant de personnes avaient pu rester muets face à elle ? Trop puissante sans doute. Dorian lui même au début n'avait rien pu faire. Elle était contestée mais en silence. Il fallait absolument qu'il fasse oublier cette page sombre pour Croix et pour les Cross. Cela passait par des jours comme ça. Surtout garder son calme.

Look, if you had one shot or one opportunity
To seize everything you ever wanted in one moment
Would you capture it or just let it slip?

Il porta son verre de whisky aux lèvres. Quel plaisir de sentir le nectar enflammer son oesophage rien qu'un instant et ressentir une sensation de chaleur se propageant lentement dans son corps. Ah.. L'alcool.. Il reposa son verre et il vit que la jeune demoiselle avait planté son regard dans le sien.

- Il paraît que vous avez perdu Luka ?

Pan. Boum. Bam. Vlan. Gouack. Toutes les interjections que vous souhaitez. Elle avait touché en plein coeur de la nervosité de Dorian. Une veine se mit à enfler légèrement sur son front. Oui cette sale traînée, elle s'était enfui. S'il la retrouvait, il la torturait jusqu'à ce qu'elle hurle,qu'elle souffre, qu'elle implore. Elle serait ravagée encore et encore, et encore..

- Perdu n'est pas exactement le terme approprié.

Cela suffisait comme réponse. Pour l'instant. Une flopée de mots acides étaient aux bords de ses lèvres mais il se retenait. Il ne devait surtout pas laisser transparaître ses sentiments sinon c'était la fin car elle aurait un point d'appui dans les négociations et c'était sûrement fatal. Garde ton calme. Balance une réplique.

- Ce n'est qu'une question de jours avant qu'elle paie de son sang pour tout ses affronts.

Et si tu continues à lui faire des remarques sur les erreurs qu' il a pu faire, je peux te promettre que tu vas le payer. Il fallait qu'il l'attaque aussi. Nouvelle gorgée du nectar jaune. Nouvelle sensation de plaisir se propageant. Nouvelle envie de massacre. Nouvelle retenue. A ton tour d'attaquer. Heureusement que Dorian avait regardé un peu les dossiers qu'il avait sur la demoiselle avant de venir.

- C'est si dommage que vous soyez parti de Croix, votre mère était pourtant un bon élément..

Dorian espérait avoir aussi réussi à toucher là où ça faisait.mal. Si c'était le cas, ils étaient de retour sur un pied d'égalité. Sinon, elle avait toujours un avantage. Dans tout les cas, elle ne laisserait rien transparaître. Un nouveau sourire de crocodile. En son for intérieur, il était persuadé d'avoir réussi son coup. Il s'assit et l'invita à faire de même.

- Je crois que nous devons parler affaire aujourd'hui, n'est ce pas ? Comment va Rosenrot ?

Every time when I look in the mirror
All these lines and my face getting clearer
The past is gone, In went by, like dusk to dawn
Isn't that the way, Everybody's got the dues in life to pay

La Seine se traîne paresseusement juste sous son balcon. Quelle vue plus romantique que ce fleuve et, juste derrière, la magnifique dame de fer parisienne, jetant ses lumières sur la capitale ? Et pourtant Anja n'en a rien à faire de cette vue. À peine y a-t-elle jeté un oeil en arrivant. Le balcon l'a séduit plus pour l'idée d'une cigarette que pour sa vue à tomber. Il n'y a pas à dire en tout cas ; être chef d'une organisation noire rapporte gros.
Mais Anja s'en fiche. Pour l'instant, la seule chose qui la préoccupe se sont les mots qui tombent sur la papier devant elle.

[...]

Malgré l'absence de lumière dans ce bureau aux airs de mafia, je pu remarquer le sang ne faire qu'un tour dans le corps de Dorian. Une veine palpitait sur son front, signe de sa colère à l'encontre de Luka. J'avais touché dans le mille, ce qui confirmait les rumeurs et montrait au chef de Croix que, premièrement il y avait des fuites au sein de son organisation, deuxièmement je n'étais pas n'importe qui. Je savais des choses.

- Perdu n'est pas exactement le terme approprié.

Sa voix était calme. Trop calme à vrai dire. À force de trop vouloir se contrôler, cela trahissait sa colère et son énervement. Je dû me retenir de sourire, heureuse d'avoir su déstabiliser le colosse en face de moi.

- Ce n'est qu'une question de jours avant qu'elle paie de son sang pour tout ses affronts.

À cette phrase je ne pu contenir un sourire amusé en imaginant cette traînée impure se vider de son sang en hurlant. Nul doute que si je mets la main dessus je n'hésiterais pas à la remettre à Dorian ; je sais qu'elle y sera entre de bonne main. Un bon mêlé est un mêlé mort.
Je savais cependant que ce sourire sur ces lèvres ne durerait pas. J'avais provoqué le chef de Croix et je me doutais bien que le retour de bâton ne serait pas facile à encaisser.
En revanche, ce dont je ne me doutais pas c'est qu'il parviendrait aussi facilement à toucher mon plus gros point faible. Le mien. Pas celui de Rosenrot. Coup bas.

- C'est si dommage que vous soyez parti de Croix, votre mère était pourtant un bon élément..

Connard. T'utiliser toi maman. Quel fils de pute. Je comprends maintenant pourquoi tu travaillais pour lui. Vous auriez fait un bon couple de salauds. Peut-être même bien qu'il t'a sauté ? Je doute qu'il ne soit très fidèle envers son épouse...
Enfin bref. À ces mots mon sourire est resté figé sur mon visage, mais ma respiration n'a pu s'empêcher de s'intensifier, trahissant mes sentiments. "Connard" avais-je envie de lui balancer à la figure.

- Touché.

Finalement cet homme est plus intelligent qu'il en a l'air.
J'ai continué de sourire, tout en m'asseyant  sur le fauteuil de cuir qu'il me désignait. J'ai pris soin de laisser ma robe remonter jusque vers le milieu de ma cuisse et de remettre distraitement en place une de mes mèches blondes. Après l'étape "destabilisation", venait l'étape "séduction". Et à ce petit jeu, je savais être bonne. Il fallait néanmoins reconnaître que j'avais peu de mérite ; Dorian n'est pas difficile à convaincre. Un homme qui tient une boîte de strip-tease... Et puis comme tous ceux de son genre, tu peux être sûre qu'il ne pense ça. Alors entre mon décolleté, le rouge carmin sur mes lèvres et mon charme naturel...
Je suis sûre que si je n'avais pas été la chef de Rosenrot, il n'aurait pas hésité à me violer sur ce bureau.
C'est bien un homme ça. Un déchet.

- Je crois que nous devons parler affaire aujourd'hui, n'est ce pas ? Comment va Rosenrot ?

Le vif du sujet. Je dois reconnaître à Dorian qu'il est direct et qu'il ne tourne pas autour du pot. Soit, dans ce cas là, moi non plus je n'allais pas éterniser mon discours avec des phrases phatiques et inintéressantes.

- On renaît de nos cendres, un peu comme l'oiseau à l'origine du nom de cet endroit. Nous avons l'argent accumulé par nos ancêtres dans les banques suisses. Et j'ai des membres fidèles. Mais pas suffisamment. Et c'est pour ça que je m'adresse à vous aujourd'hui ; je pense que nous pouvons nous être mutuellement bénéfiques.

Je prends le temps de croiser mes jambes, sensuellement, puis de porter le vers de whisky à mes lèvres. Si le liquide me brûle la gorge, je n'en laisse rien paraître. Je veux qu'en plus de voir cette femme sexy en face de lui, Dorian remarque également que je ne suis pas une simple idiote. Si l'on m'a mise à la tête de Rosenrot, c'est pour un affaire de sang, mais également de capacité. Dès le début je n'ai laissé personne contester mon autorité et bien vite mon travail acharné à payé ; mes soldats seraient prêts à sacrifier leur vie pour moi et Rosenrot remonte gentiment de l'enfer dans lequel la fin de la seconde guerre mondiale et la défaite de l'Allemagne l'avait plongé. Je suis une femme, mais je suis toute aussi chef que l'homme en face de moi, même si je dois peser un tiers de son poids et qu'il aurait l'âge d'être mon père.

- Les sorciers noirs ont toujours cherché à viser la tête, Orpheo et leur bureau londonien. Je pense que nous nous trompons de cible. Et c'est pourquoi Rosenrot cherche maintenant à toucher un autre endroit. N'avez-vous jamais entendu parler d'un petit village écossais perdu du nom de Little Angleton ?

Mon plan est parfait. Viser la nouvelle génération, les enfants du Mystery Orphenage dans lequel Orpheo met tant d'espoir. Et cette vieille harpie de Pandora, la directrice. On peut être sûr qu'un plan pareil ébranlera longtemps les hautes sphères d'Orpheo. Mais ce n'est bien sûr qu'un début avant que la grangrène ne se répande et n'envahisse toute l'Europe. À partir de ce moment ils ne pourront plus faire grand chose, le pouvoir d'Orpheo étant relativement faible en Asie et en Amérique et quasi inexistant en Afrique et en Océanie. Et oui très cher... la répartition du pouvoir est un de leur gros point faible. Ainsi que l'attache qu'ils ont aux jeunes orphelins du monde magique. Oh... les pauvres chéris, il faut absolument les sauver. Et se jeter dans la gueule du loup.
Une fois Orpheo tombé, il ne restera plus qu'à Croix et à Rosenrot à régner sur le monde magique et à faire de la Terre un enfer pour chaque humain. Et à éliminer tous les mêlé, bien évidemment.
Je ne vois pas comment Dorian pourrait cracher sur ce plan en or. D'autant plus que j'ai déjà au sein du Mystery Orphenage, un homme infiltré... Tout ce qu'il me manque c'est des forces brutes, des hommes, de la chair à canon à envoyer au combat. Ce que seul Dorian peut me fournir.

[...]

Le sourire sanguinaire sur les lèvres d'Anja ne laisse aucun doute sur la conclusion de cette rencontre...

Dorian était définitivement un fin stratège. Celui qui contredisait cette affirmation malgré tout ce qui venait de se passer n'était pas quelqu'un d'objectif. Il avait su faire le dos rond quand il le fallait avant de jaillir de l'ombre pour s'emparer des Cross et de Croix en faisant une pierre deux coups. Il était maintenant à la tête du regroupement de sorciers noirs le plus puissante au monde. Un mouvement de main et il pouvait réduire en cendres Rosenrot dont la faible cheffe se trouvait toujours en face de lui. Il pourrait l'écrabouiller. Mais il avait de meilleurs desseins pour elle. Lui faire un môme. Ha, ha, trés drôle Dorian.

- Touché.

Son sourire resta figé sur ses lèvres. Dorian sentit le triomphe au fond de son coeur. Il lui avait rendu la monnaie de sa pièce. Il lui avait montré que, peut-être, elle avait certaines informations et qu'elle pouvait se permettre de faire la maligne mais que son passé la rattraperait toujours. Non, Anja von Duisbourg, ce n'est pas ton territoire ici. C'est le territoire du loup, de l'ogre, du prédateur. De Dorian Calean Cross, chef de Croix. Tu ne peux pas t'échapper de ces filets une fois que tu t'y es glissée. Dure la vie n'est-ce pas ?

Ce n'était que le début de leur confrontation et déjà le sorcier noir sentait qu'une relation de dominant/dominé s'installait. Il sentait qu'il avait clairement le dessus sur la jeune femme : était-ce le statut ? était-ce le sexe ? était-ce l'âge ? était-ce les échanges ? Dans tous les cas, il se sentait prêt à d'autres attaques et avait encore d'autres arguments dans son sac. Il regarda la jeune femme dans le blanc des yeux avant de finir son verre qu'il posa sèchement sur le bureau.

- On renaît de nos cendres, un peu comme l'oiseau à l'origine du nom de cet endroit. Nous avons l'argent accumulé par nos ancêtres dans les banques suisses. Et j'ai des membres fidèles. Mais pas suffisamment. Et c'est pour ça que je m'adresse à vous aujourd'hui ; je pense que nous pouvons nous être mutuellement bénéfiques.

Dorian écouta difficilement la première partie de sa tirade. Il s'en fichait en réalité de ce que Rosenrot devenait, ou plutôt, il le savait déjà. Il avait des infos presqu'en même temps qu'elle. L'avantage d'avoir des espions bien positionné au sein de sa propre organisation. En voyant les gestes qu'elle accomplissait avec ses mains, le chef de Croix ne pouvait s'empêcher de sourire intérieurement. Elle ne savait pas tout ça, elle jouait un beau personnage de tragédie. Celle qui ignore tout de ce qui va lui arriver. Celle qui ne sait pas ce que tout le monde sait. Ha.
La deuxième partie de sa tirade était plus intéressante ou presque. D’après son invitation papier, c'était exactement la raison de pourquoi ils étaient présent dans la même pièce aujourd'hui. Enfin, c'était la raison principale, parce que Dorian trouverait facilement à s'occuper avec Anja s'il n'était pas question d'une alliance. Son corps était attirant et ses petites manières de femme bien éduquée aussi. Elle méritait de se faire apprendre le respect mais là n'était pas la question. Dorian fit un geste pour l'inviter à poursuivre. Il menait l'entretien, c'était le boss.

- Les sorciers noirs ont toujours cherché à viser la tête, Orpheo et leur bureau londonien. Je pense que nous nous trompons de cible. Et c'est pourquoi Rosenrot cherche maintenant à toucher un autre endroit. N'avez-vous jamais entendu parler d'un petit village écossais perdu du nom de Little Angleton ?

C'est une pute totalement folle. Ce sont les premiers mots qui vinrent à l'esprit de l'homme tandis qu'il entendait prononcer ces derniers mots. Bien sur qu'il savait que Little Angleton et par extension le Mystery Orphanage était une cible intéressante mais le problème était de comment mener l'attaque : l'endroit était bourré de protections magiques et en plus il y avait un vivier plutôt intéressant de sorciers prêt à remplir son armée.

- Quelle est votre stratégie quant à l'attaque du Mystery Orphanage ?

Dorian la dévisagea avec son regard perçant. Elle avait sans doute l'impression d'être passer sous rayons X. Elle tournait autour du pot et le sorcier noir s'impatientait. Il tentait de pondérer son âme en se disant qu'elle en faisait exprès et qu'elle comptait lui faire perdre patience.
Il s'assit sur sa chaise et sortit un dictaphone qu'il posa pour enregistrer la conversation. Il voulait conserver cette conversation dans sa mémoire toute sa vie. Était-ce la conversation de son avènement ?

- Je comprends les intérêts de Rosenrot à vouloir s'allier avec nous. Mais je ne vois pas ce que vous pouvez nous apporter. Nous avons beaucoup plus d'hommes et de moyens que vous. Malgré cela, vous osez venir devant moi avec une stratégie soit disant nouvelle. Proposez moi quelque chose de concret sinon je ne vois pas mon intérêt à m'allier avec vous. Croix n'a besoin que de plus-value. Ce qui ne l’intéresse pas, il l'extermine.

Il mit le dictaphone en marche. Alors, voyons ce que tu as dans le ventre Anja. Est-ce que Dorian allait te tuer maintenant ou seulement dans quelques années ?

Le disque a fini de tourner et l'aiguille s'est relevée, attendant qu'une main vienne mettre la phase b et reposer délicatement l'aiguille sur les traits noirs.
Mais pas tout de suite.
Tout de suite, Anja est très prise par sa propre musique.

[...]

Beaucoup de chose me dégoûtent chez cet homme. Son comportement avec les femmes, l'air jubilatoires qui naît sur son visage quand il se sent vainqueur, son impulsivité. Oui, décidément, Doran Cross est un homme affreux dont je me serais bien passé pour accomplir mes plans. Malheureusement, et je dois bien lui reconnaître ça, il a à son actif l'organisation noire la plus puissante et la plus développée d'Europe. Certes, il l'a acquise de manière peu orthodoxe, mais il faut bien avouer que depuis il la maintient d'une main de fer. Sans gant de velours. Et, si ses méthodes, son personnage et sa philosophie m'horripile, pour parvenir à mes fins je dois bien m'associer à lui. Prendre le risque de m'associer à lui.
Je dis risque parce que je ne suis pas assez bête pour ne pas deviner que, à la première occasion venue, il me plantera un couteau dans le dos. En plus d'être impulsif, il est facile de deviner que Dorian n'aime pas partager le pouvoir. Aussi devrais-je être particulièrement attentive à ses actes. Et ne pas trop le provoquer si je n'avais pas envie de finir cramée par son pouvoir d'élémentariste.

Aussi, je dus me retenir de ne pas lui lâcher une pique devant son arrogance. Il semblait tellement fier de lui, tellement fier de savoir où toucher, de pouvoir t'utiliser toi, mon histoire pour blesser. Le sourire arrogant qui se trémoussait sur sa bouche me donnait grandement envie de prendre un couteau afin de le lui arracher.
Je repoussais cette idée dans un coin de ma tête et me contentais d'exposer le début de mon plan. Il valait mieux le laisser croire qu'il dirigeait tout, qu'il était le maître des cartes. Et puis je n'avais pas de temps à perdre en plaisanteries douteuses sur nos familles respectives. Ce jeu là avait assez duré, je préférais que nous nous concentrions sur la prise du Mystery Orphanage. Puis d'Orpheo. Puis du monde.

- Quelle est votre stratégie quant à l'attaque du Mystery Orphanage ?

Je voyais bien dans ses yeux qu'il me prenait pour une folle. L'orphelinat n'était pas une cible facile. Il y avait des protections, la vieille Pandora Mystery encore trop vaillante pour son âge, des professeurs bourrés de talent. Nul doute que, s'il se doutait un instant de notre attaque, nos chances de gagner diminueraient de beaucoup. C'était là le point essentiel de mon plan ; la surprise. Et pour cela il fallait abaisser les barrières magiques et les alarmes.
C'est pour cela que j'avais mis en place Mikeal O'Callaghan. Avec son pouvoir et sa formation aux runes, il a la capacité de s'infiltrer partout et de mettre un joyeux bordel dans tout cela. De plus, son pouvoir de technicien nous permet d'avoir accès à des informations qu'Orpheo préférerait garder secrètes.

Dorian s'assit à son bureau et sortit un dictaphone. Je venais d'obtenir toute son attention, ce qui était déjà un début avec le sorcier noir. Tant mieux.

- Je comprends les intérêts de Rosenrot à vouloir s'allier avec nous. Mais je ne vois pas ce que vous pouvez nous apporter. Nous avons beaucoup plus d'hommes et de moyens que vous. Malgré cela, vous osez venir devant moi avec une stratégie soit disant nouvelle. Proposez moi quelque chose de concret sinon je ne vois pas mon intérêt à m'allier avec vous. Croix n'a besoin que de plus-value. Ce qui ne l’intéresse pas, il l'extermine.

Le cliquetis du dictaphone me confirma que le chef de Croix avait enclenché le dispositif. Cette fois, nous y étions. Plus question de jouer, nous entrions en plein dans les négociations. Aussi, décroisai-je mes jambes et me penchai-je vers le bureau, posant mes coudes sur la surface plane.

- Vous avez le nombre, nous avons les bons contacts aux bons endroits.

À ces mots je me penchai pour saisir mon sac au pied de ma chaise et j'en sortis une pile assez épaisse de dossier. Des informations stratégiques sur les défenses, mais également le personnels et les enfants du Mystery Orphanage. Il me fallait reconnaître que mon soldat avait bien fait son boulot. Malgré ses airs répugnants, ses blagues puériles et ses regards inadéquats sur les femmes, il savait au moins bien bosser.
Ces dossiers là représentaient des mois de travail. Nul doute qu'il aurait fallu des années d'infiltration pour n'importe qui d'autre, ne possédant pas le même pouvoir que Mikeal. Mais voilà ; ce pouvoir il le possédait et il était du côté de Rosenrot. Ces informations, et je le savais de source sûre, Dorian Cross n'y avait pas eu accès pour la majorité.
Dans un bruit lourd je lâchai les dossiers sur le bureau.

- Voilà certaines des informations récoltées par ces... contacts.

Un sourire froid se dessina sur mes lèvres alors que je vrillais mes yeux dans ceux glacés de Dorian. Je ne laissais transparaître aucune émotion sur mon visage même si, en mon fort intérieur, je jubilais.
J'avais délibérément gardé pour moi une partie des informations dégotées par Mikeal. Je ne faisais pas confiance à Dorian et je ne voulais pas qu'il me double si je lui refilais toutes les cartes en main. Même si, dans tous les cas, il lui manquerait quelqu'un d'aussi bien en place que mon soldat au sein du Mystery afin de faire cesser les défenses et les alarmes magiques le jour de l'attaque.

- Avec les informations que je détiens et mes contacts au sein du Mystery ainsi que vos hommes et les miens, la prise de l'orphelinat deviendra un jeu d'enfant. À partir de là, nous pourrons opérer plus facilement pour viser les grosses têtes d'Orpheo qui seront déstabilisées par cette première attaque.

Je me détournai du regard de Dorian et regardai mon verre. D'un geste de la main je fis tourner les glaçons à moitiés fondus dans l'alcool. Puis je relevai la tête pour regarder une fois de plus mon nouvel allié :

- Je ne prétends pas que c'est gagnés d'avance. Mais depuis la seconde guerre mondiale, les sorciers noirs n'ont jamais été aussi proches de la victoire. Et je sais que vous êtes un homme assez intelligent pour ne pas laisser passer une telle opportunité.

Cette fois-ci j'avais abattu mes cartes. C'était à lui de jouer.

[...]

Un seul bruit règne en maître dans la chambre ; le bec de la plume qui gratte avidement le papier.

A la fin de sa phrase, Dorian sentait qu'il avait engagé un engrenage. Quelque chose dans lequel il avait simplement mis le doigt mais qui allait lui aspirer sa vie, son âme. Anja décroisa ses jambes. En tout autre circonstance, l'homme aurait bien plus été intéressé par ce qui se passait entre ses jambes que par ce qu'elle avait à dire. Mais aujourd'hui, il savait que c'était ce qui sortait de sa bouche qui était le plus important.
Parce que quelques phrases, des positions ou des révélations pouvaient lui ouvrir grand les portes de la gloire. Il pourrait peut-être devenir le chef du monde. Une fois qu'il y serait parvenu, éliminerait-il la jeune femme ? Non, non. C'était un être d'une grande cruauté, peu empathique et sans aucune gentillesse. Pour autant, il était a peu prés loyal. Le plus souvent à sa famille, à Louyse, à Dylan mais aussi parfois à ceux qui savaient le mériter.

- Vous avez le nombre, nous avons les bons contacts aux bons endroits.


Dorian ne cilla pas. Il attendait la suite. Elle se pencha et sortit une pile épaisse de dossier. Sans sourciller, le chef de Croix s'en saisit et commença à feuilleter rapidement, en lisant en diagonale. Ce dossier, c'est tout ce dont il avait rêvé. Des informations stratégiques sur le Mystery Orphanage. Le coeur de cette guerre. S'il prenait l'orphelinat, il y serait. De multiples générations de sorciers noirs, surtout sa famille, s'était battu pour tenter de conquérir le monde magique, pour faire en sorte que la pureté des sorciers reprennent le dessus sur les mêlés et les humains.
Des milliers de morts, de sessions de tortures, d'otages, de plans, de batailles, de traques. Et maintenant, tout était là. Dorian ignorait bien comment elle s'y était pris. Cela l'importait peu pour l'instant et il le découvrirait bien assez tôt. Il y avait un travail considérable dans ce dossier. Il manquait certaines pièces bien sur, mais le sorcier noir était bien convaincu qu'elle ne lui avait pas tout donné. Quel intérêt aurait-il à la garder sinon ? Sa "loyauté", c'est vrai.

- Voilà certaines des informations récoltées par ces... contacts.


Elle sourit et, étrangement, le sorcier noir lui rendit ce sourire très froid. Il avait cette sensation, cette excitation qui lui montait du fond des entrailles. Comme un enfant qui sait que Noël approche et qu'il va enfin toucher au but, avoir le cadeau ultime, celui dont il avait rêvé toute une année. Dorian rêvait depuis plus de 40 ans d'être roi du monde sorcier. Et grâce à cette idiote il allait réussir. Leurs regards se croisèrent, l'espace d'un instant. Dans cette pièce allait être décidé l'avenir de millions de personnes.

- Avec les informations que je détiens et mes contacts au sein du Mystery ainsi que vos hommes et les miens, la prise de l'orphelinat deviendra un jeu d'enfant. À partir de là, nous pourrons opérer plus facilement pour viser les grosses têtes d'Orpheo qui seront déstabilisées par cette première attaque.


Il hocha la tête. Elle avait raison. Elle avait sans doute bien préparer son coup, il le savait. Elle ne solliciterait pas une rencontre si elle n'avait rien à proposer. Elle avait du mûrir son plan pendant des mois et des mois. Si elle avait pu se passer de lui sans doute l'aurait-elle fait. Mais elle n'en était pas capable. Elle n'avait pas l'effectif. Rosenrot et Croix. Le cerveau et les muscles.

- Je ne prétends pas que c'est gagnés d'avance. Mais depuis la seconde guerre mondiale, les sorciers noirs n'ont jamais été aussi proches de la victoire. Et je sais que vous êtes un homme assez intelligent pour ne pas laisser passer une telle opportunité.


De la flatterie. Dorian ne pût s'empêcher de la regarder avec un air très hautain. Des compliments, il en avait toute la journée, à la demande. Il n'avait pas besoin de ces compliments. Elle méritait sans doute une baffe dans la figure mais il se retint, se disant que ça lui ferait peut-être passer une belle opportunité.

- Qu'est-ce qui se passera après ?

Il avait pensé à haute voix et n'attendait pas spécialement de réponse de sa part. Il se posait réellement la question. Il se projetait déjà dans le futur : un mystery orphanage envahi, des postes d'Orphéo détruit à travers le monde. Et il restait les deux chefs : Dorian et Anja. Maintenant comment se départageaient-ils le juteux gâteau ?

- Croix sera la puissance majeure du monde magique après la guerre.

Il ne cherchait pas à l'impressionner. C'était un fait. Croix était UNE puissance majeure actuellement. Après la guerre, il serait LA puissance majeure. Personne d'autre ne serait au dessus. Rosenrot ? Ils se contenteront d'un poste de sous-fifre. Peu importe leur réaction. Si un quelconque problème venait à émerger, Dorian n'aurait qu'un mot à prononcer pour voir tous les hommes à son service écraser les maigres effectifs de Rosenrot.

- Le Mystery Orphanage sera contrôlé à 50% par nos deux organisations.

Le sorcier n'avait qu'une envie. C'était de se lever et de célébrer cette future victoire. Elle ne soupçonnait même pas à quel point ça allait être facile avec toutes ces informations. Evidemment, il fallait tout prévoir à l'avance. Rien n'était encore gagné, Orphéo avait sans doute plus d'un tour dans son sac mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il allait les écrabouiller. Oh, quel plaisir il aurait à exécuter Pandora et bien d'autres...