Crocodiles don't bite

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 Crocodiles don't bite

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Solitaire | Patpatpatpatpatpat
CITATION DU PERSONNAGE : Meow.

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Simje Voniestosiwjski
Simje Voniestosiwjski
Solitaire | Patpatpatpatpatpat
MessageSujet: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyJeu 31 Aoû 2017 - 11:39

Deux mois et quinze jours. Environ. Un mois et demi. Est-ce que c'est assez ? Est-ce que c'est trop ? Forcément, ça n'a le temps de rien un directeur, n'est-ce pas ? On dirait un ado pré pubère qui ne sait pas comment répondre au sms de sa meuf.
Il tourne les billets dans ses mains. De toute façon, c'est maintenant que tu les as acheté que tu te dégonfles. C'est incroyablement gênant pour toi.
Bon.
Il glisse le billet d'avion dans l'enveloppe. Du Canada à la Pologne en trois étapes, date stricte, première classe. Puis le billet de train, de l'aéroport jusqu'à la gare. Il faudrait joindre un mot, mais quoi ? Quelque chose de pas trop faux, pas trop glauque non plus.
Blanc.
Allez Simje, un cerveau est demandé s'il vous plaît.

L'été avait été chargé de missions en tout genre, beaucoup de déplacements mais jamais d'actions sur le terrain. Son action avait également été requise en temps que guérisseur mais il se savait moins bon que la plupart des autres sur le terrain. Une bonne façon pour apprendre cependant.

Cher Mr. le Directeur,
Vous êtes convié à vous améliorer en runes le 31 août à Varsovie,
Votre dévoué polonais.
PS : étrangement, je n'ai pas été tellement tenu responsable pour les événements passés. C'était idiot de chercher à me protéger, j'aurais pu assumer (où alors tu n'y es pour rien et ils ne peuvent pas se passer de mon extraordinaire personne. Aha. Personne n'y croit)
PS² : c'est non négociable, au cas où tu penserais à annuler.

Bon. Il hésite un moment à ajouter "ami" avant polonais, mais ce serait ambitieux. Il ne sait pas comment les qualifier à vrai dire - et ne préfère rien tenter.
Bon, allez.
A vrai dire, il s'en fiche de la formulation, il n'a jamais été doué ni avec les mots ni avec les phrases, il a juste peur d'un "non" en bonnes et dues forme. Un "désolé j'peux pas" un "désolé j'veux pas".
Ah beh c'est ça de pas vraiment avoir d'amis Simje, quand après on aime bien quelqu'un on voudrait bien qu'il nous apprécie aussi mmh.
Pourtant, il comprendrait qu'Allen ne puisse pas. Et puis, quelle idée de s'attacher à quelqu'un vivant au Canada - il n'a plus jamais fait de cours de runes dans leurs locaux après la dernière fois. Il avait repris contact avec Nawel, Rhyan et Ian pour continuer un peu à bosser - ils s'étaient vus chacun leur tour et tout c'était bien passé. Il les considérait, les respectait mais rien à faire, il se sentait à part. Les sourires et les rires restaient dans les joues, jamais ne creusaient jusque dans le ventre. Il pensait qu'il s'y était habitué, à cette distance toujours là, gluante et poisseuse, et puis Allen s'était pointé, et ils avaient plus vécu ensemble que Simje n'avait jamais vécu avec personne. Enfin, le chien ne comptait pas.

Bref, il ferme l'enveloppe, note l'adresse de son écriture de gaucher un peu plate et penchée, attrape une veste en jean pour ne pas trop prendre la pluie et sort, le chien-loup sur les talons. Ah mais il fait nuit en fait. Les rues de Varsovie sont totalement désertes à cette heure là et les bâtiments dégoulinants de pluie, rien que du vide et du bruit. Parfait Il avait demandé à Ian de parler à sa bestiole, juste pour savoir ce qu'elle pensait, comment elle le vivait. Il en était ressorti que les deux s'étaient grognés dessus, poil hérissé et que Ian était redevenu humain, à moitié à poil et un grand sourire avant de dire "Et ouais, j'aurais pas du muter devant elle, elle était un peu paniquée, du coup j'me suis fait pas mal insultées. D'où la petite embrouille. Mais t'inquiète, c'est rien."
Il en avait conclu que si elle restait avec lui, c'est que ça lui allait.

Il passe donc à travers un peu du QG de la réunifications de quelques pays de l'Est qui avaient mis en commun leurs thunes pour essayer de faire avancer les choses dans la guerre, ce qui n'était pas une chose aisée. Il traverse le couloir à grandes enjambées sous l'éclairage pâle des LED et se retrouve à un guichet. La petite femme assise là hausse un sourcil - il est quatre heures du matin faut dire - alors qu'il pose la lettre sur le comptoir.

- C'est urgent.
- Vous pouvez pas envoyer des mails, comme tout le monde Simje ?

Il sourit. Déso pas déso mon pote, mais non. [i]
Il secoue la tête en s'accoudant sur le comptoir, poussant la lettre un peu plus proche encore de la dame qui soupire.

[i]- Vous souhaitez une remise en main propre urgente, en plus, je suppose ?


Ce qui demanderait le relais de téléporteurs, un max de thunes, beaucoup d'énergie dépensées et à peine un peu de temps de gagné.

- Non, ça ira. Juste une remise en main propre au bout de la chaine.

Seulement le postier qui ramène ses miches jusque dans le bureau d'Allen qui serait là, les sourcils froncés sur un dossier, son co-directeur totalement étalé à ses pieds.

- Bon. Très bien. Je mets ça sur ton compte ?
- Oui. Et un café s'il vous plaît.

Elle roule des yeux à la mauvaise blague alors qu'elle se retourne pour entreposer la lettre. Il tourne les talons, retraverse le mur, reprend sa bestiole, fait le chemin inverse, les mains un peu moites, remonte les six étages de son immeuble sans ascenseur - vieux, briques apparente, salon immense, chambre immense, micro cuisine, micro salle de bain, balcon sur le toit - se pose chez lui, ferme à clé, soupire.

Maintenant, il te reste plus qu'à refuser.

_________________

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Spoiler:
- Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ?
- Oui mais c’était des méchants !


You'll be loved but not by me.
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Allen Kristiansen
Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyJeu 31 Aoû 2017 - 18:00

« Arriva ce qui devait arriver. »

Arriva la lettre dans sa petite enveloppe grise à bordure noire parce que Orpheo sait respecter l’environnement avec du papier recyclé quand c’est pour annoncer des choses graves. Le petit logo d’Orpheo, sans timbre, sans rien, juste qui sent la merde. La grosse, grosse merde, celle qui passe sur ta semelle et s’incruste jusque dans les petits interstices, à un point que même après 2h de marche t’arriveras encore à en mettre dans la maison.

Bien. Ladite lettre est venue avec son porteur. Son télé – trans – porteur, je dirais même. Non pas qu’il y ait un quelconque doute sur son genre non, simplement… simplement une lettre qui arrive directement d’Orpheo par le biais le plus rapide qui soit. C’est donc, somme toute, une très, très mauvaise nouvelle. Vous savez, ça va faire deux mois cette histoire. Un peu plus même. Je m’en suis remis, en quelque sorte. Disons simplement que j’ai foutu ça dans un coin de mon crâne, qu’en me couchant le soir, je me torturais un peu l’esprit mais que la journée je n’avais juste pas le temps d’y penser. Et puis, Simje, je ne l’ai pas revu depuis l’incident. Et quand vous ne voyez pas votre camarade de fortune, ça disparaît plus vite. En plus de ça, y’a un mois j’ai fini à l’hôpital avec un bras cassé. Bref, j’ai eu d’autres chats à fouetter.

Mais comme on dit : chassez le naturel, il revient au galop.
Ce n’était pas tout à fait naturel, mais cette histoire a quand même fait du bruit.

Du coup, un mois, deux mois, trois… Ah non deux semaines et me voilà à la réception d’un cadeau empoisonné. Et le transporteur qui fuit avant même de m’avoir laissé le temps d’ouvrir la chose. Mon co-directeur qui me regarde, inquiet et curieux à la fois. Ça pourrait aussi être une bonne nouvelle, mais Orpheo envoie rarement des bonnes nouvelles, surtout quand on est déjà directeur. Au final…

Au final, je traîne dans mon lit au lendemain de réception de ce joli courrier. Il me contemple là, narquois, à moitié ouvert sur ma table de nuit. Si je parlais aux objets, je suis sûr qu’il serait en train de me cracher à la figure à coup de « Bâtard », « va manger tes morts », « Prie pour ta vie ». Je suis étalé de tout mon long et je le fixe, un peu déboussolé. Il est 4h du matin et j’ai beaucoup bu une fois que Kelyann est parti se coucher. J’ai bien regretté aussi parce que mon organisme n’a pas accusé le choc et comme un meilleur pote il m’a dit « Hey mec, te laisse pas emporter par les émotions » avec la mention spéciale « VOMIS PLUTÔT TES TRIPES SALE CON ».

Voilà, j’erre donc comme une âme en peine où mon âme est la seule à se bouger, mon corps préférant se la jouer ventouse au lit. J’ai tellement, tellement mal au crâne que je soupçonne la troisième guerre mondiale de se préparer. Mon whisky s’est bien vidé également.

Une mise à pied.
C’est joli comme nom ça. Genre comme si tu étais dans un car sur l’autoroute et que paf, tout d’un coup on te décharge avec une jolie lettre et t’annonçant de te démerder jusqu’à ce qu’on vienne te chercher. Cordialement.

Evidemment, les lettres d’Orpheo, ce ne sont pas des lettres classiques, non. Ils te détaillent le contenu de la réunion, indiquent les voix du Conseil ayant voté pour, ayant voté contre. Evidemment, ils t’annoncent le pourquoi du comment, les rétentions de paye qui vont bien au-delà de la date à laquelle tu reprends ton boulot parce qu’il faut bien payer aussi pour ce que tu as fait. Oh, bien sûr, je pourrais, comme ils me le demandent, fournir immédiatement ladite somme immédiatement. Mais si je veux tenir deux mois et quelques sans avoir à travailler autre part, parce que ma date de reprise figure à la mi-novembre quand même, il vaut mieux pour moi me contenter d’une diminution de salaire. Ces mecs, c’est pire que les impôts.

Je devrais considérer ça comme des vacances. Me sortir un peu la tête de tout ça. Respirer un bon coup. Oui, mais c’est quand même un peu choquant. Très choquant. Quand vous êtes habitués à faire plusieurs choses à la fois et que du jour au lendemain on vous dit « salut », y’a un temps d’adaptation qui ne se fait pas. Temps d’adaptation qui saute par la mise en place d’une beuverie sans précédent.

J’ai mal. AU. CRÂNE.

Et blablabla, et blablabla, mon cerveau jamais il ne s’arrête de travailler. C’est dur de lui dire que oui, je vais arrêter de me ronger les ongles sur cet accord commercial avec une industrie pétrochimique, que le rapport tant attendu de mes chercheurs en Alberta me passera même pas entre les mains, que mon co-directeur va devoir assumer mon boulot et que Behati… Je ne sais pas du tout comment ça va se passer pour elle, puisque je suis relevé de mes fonctions. Et le « mes » s’accorde au pluriel, parce que les mecs ont fait tellement fort qu’ils m’ont même jarté mon statut d’exorciste. Une manière de dire « t’es plus rien mec, pour deux et demi, t’es qu’un mec lambda et tu vis sur ta rente. P.S. On s’en fout que tu héberges un orphelin, si t’es pas content, on te le retire aussi. PPS. Merci d’être efficace dès ton retour. »

Vous savez quoi ? Orpheo, je les aime pas.

Il paraît que ma destitution s’est jouée à deux voix près. Du coup, je devrais me trouver chanceux, mais curieusement, je n’ai pas trop le moral pour danser sur mon lit. Alors, je ferme les yeux et j’essaye de dormir.

Bipbip fait mon téléphone portable. Et paf je l’éteins. Bipbip retente-t-il quelques secondes plus tard. Je m’intéresse à l’affichage tout en fixant l’heure digitale projetée sur mon plafond. 8h48. Phil. Ma main à couper qu’il est en désespoir avant même d’avoir commencé à travailler et qu’il va me raconter la philosophie de l’autruche comme d’un rêve d’enfant inassouvi. Alors, je raccroche. Troisième sonnerie. Je décroche et l’engueule immédiatement avant de maudire le monde entier pour ce mal de crâne encore omniprésent. L’autre attend un peu avant de me répondre, puis se lance :

-J’suis désolé Allen. Mais hey j’suis pas responsable. Et je vais faire mon possible pour te remplacer pendant ton… tes vacances. En fait, je viens de recevoir un courrier t’étant adressé. Bon, tu comprendras que je l’ai ouvert.

Je renifle. T’as pris la confiance en un jour, mon gars. Ça va, tu veux que j’aille te chercher un café ? Que je te cire tes pompes ? Que je te lance des fleurs pour tenir le QG d’un bras de maître ? Hey, si ça se trouve, tu seras un meilleur directeur que moi et au final ils vont juste me virer. Allez, je suis sûr que tu t’y feras. Des paroles incendiaires se bousculent à la sortie de ma bouche. Et puis, il attend quoi, il veut que je le supplie de me la lire, sa lettre ? Tu peux crever tiens.

-Allen ?
-Et donc ?

Je lance sèchement, comme un coup de fouet auquel on aurait ajouté des hameçons un peu partout pour être sûr que celui qui se ferait touché, il en ressorte pas vivant. Oh non, la colère made in Allen, la vraie en combo alcool, ça fait un cocktail épicé. Explosif même. L’autre soupire. Bah oui. Désolé de pas être d’humeur, j’allais pas danser la java sur du Mickael Jackson. La hargne ne m’aide pas à calmer les pulsations dans mes tempes et ma production de cortisol est en croissance exponentielle. En clair, j’ai envie d’assassiner le premier qui m’adresse la parole.

-C’est un polonais. Pour un cours de runes. Bon y’a marqué directeur mais vu la façon dont il s’exprime après, je pense que c’est un ami à toi. Il y a un billet d’avion avec. Euh… pour aujourd’hui à 16h24. Je t’envoie une photo.

Un billet d’avion ? Un polonais ? Hein ? Il me faut une réflexion extrême pour arriver à relier tous les événements. Il raccroche et le MMS est reçu dans l’instant. Je décortique le message. Ah. En fait, entre hier et aujourd’hui, c’est le moment réminiscence et nostalgie en tout genre. Ma main à couper que c’est Simje. Et l’autre qui me rappelle aussitôt. Je le passe en haut-parleur et sort douloureusement de mes couettes bien chaudes.

-Tu l’as lu ? Dis, c’est qui ?

Pour peur, il me fait tellement chier à crier au téléphone que je rirais bien grassement en lui balançant un « ma copine », mais ça raterait parce que c’est écrit au masculin. C’est quoi cette question ? En quoi ça le regarde ? Je grogne un peu, comme un ours que l’on dérange. Un gros nounours pas content.

-Un ami. Enfin, je suppose.

Mes articulations craquent tandis que j’emporte le téléphone dans la salle de bain et me prépare tranquillement.

-Tu vas y aller dis ?
-J’en sais rien.

Je me remémore ses mots. Non négociable. Peut-être que ça me ferait bien de m’éloigner du Canada un instant. De le revoir aussi. J’ai sans doute envie de le revoir, oui, même si ça me rappellera cette histoire. Mais je ne suis pas en état. Il ne sait pas que je viens d’être en quelque sorte viré de mon boulot et je ne veux pas qu’il se sente coupable de quoique ce soit. En même temps, j’ai du mal rester calme aujourd’hui, j’ai mal à la tête bref, ça fait partie de ces journées où ta vie se limite à ton lit, ton frigo et tes toilettes. Quoique même le réfrigérateur pourrait passer à l’as. Et ce jour, c’est le jour où je dois me sociabiliser avec des gens et prendre l’avion pendant treize putain d’heures. Ah, j’ai la rage rien que d’y penser. En plus, étant donné les escales, on se dirige davantage sur un 15h. On ajoute à ça les jolis fuseaux horaires. Moralité, ça me fera arriver sur le coup de 13h un 1er octobre. Voilà voilà, c’était le calcul mental intense du lendemain de cuite. J’ai pas envie de compter combien d’heure de ma vie vont disparaître dans ces avions.

La joie se lit sur mon visage – c’est ironique.

-Tu vas y aller dis ?

Lâche-moi la grappe et travaille, enfoiré. Je finis de me brosser les dents. Et pour Kelyann ? Non, non j’ai dit que c’était pas nécessaire d’y aller. Mais j’ai envie de le revoir. En plus il me doit un café – bon là, c’est plus moi qui lui dois quelque chose vu le prix qu’a dû coûter le billet. Je soupire.

-Tu vas y aller dis ?

Je sais qu’il veut que je me change les idées. Je sais qu’il fait ça pour me faire réagir au bien fou que cela me fera en comparaison avec une journée morose.

-Tu vas y aller dis ?
-Mais ferme. TA. GUEULE.
-Désolé, j’suis pas muté là, j’ai encore une bouche.

NGH.

-Je transfère ta lettre et le billet à domicile. Tu devrais partir une semaine. Oublie pas ton pyjama. Et ramène-moi un souvenir du palais de Varsovie.

Non mais…
Il raccroche. Il m’a. RACCROCHE AU NEZ. J’hallucine. Vraiment. Je me saisis de mon téléphone et l’envoie bouler sur mon lit – parce que j’y tiens quand même – et file faire ma douche. A la sortie de cette dernière, ça va déjà un peu mieux et je prends le temps de relativiser sur les paroles de mon co-directeur directeur. Nan, en fait je relativise pas.

Et voilà que le temps passe, que la lettre arrive jusqu’à chez moi ajouté d’une seconde lettre « Vole, mon amour » avec un petit cœur. Lettre que je roule en boule, met à la poubelle, récupère, brûle et dissémine dans le jardin. Bien, nous disions donc. La véritable lettre et le billet d’avion est posé sur le comptoir de la cuisine et je parcoure rapidement sur mon ordinateur portable les billets de retour une semaine plus tard. Je trouverais de quoi me loger sur place. Quant à Kelyann, je n’ai pas plus envie que ça de le mettre sous la responsabilité de quelqu’un d’autre, mais il ne peut décemment pas venir avec moi vu le billet. Donc… donc je vais le passer à mon co-directeur. Ça lui fera une belle jambe, s’il ne se l’est pas fait mordre avant par la tempête ambulante. Qu’importe, tant pis s’il m’en veut mon cousin après ça, on aura deux mois pour se réconcilier.
Ha.
Haha, trop drôle.

Une fois que tout est programmé, tout géré, je préviens Kelyann, je préviens Phil, j’organise une rencontre éclair et les délaisse comme un homme de l’ombre, file faire mes valises, n’oublie pas mon pyjama, boit un cocktail alcoolisé sur une terrasse en attendant l’heure d’embarquement, me pointe deux heures en avance. Râle, râle, râle, lis des magazines pour passer le temps, relis les magazines parce que le temps ne passe pas, lis les pensées inutiles des gens, gèle l’eau des toilettes en partant – j’ai aucun respect quand je suis pas de bon poil, vous pouvez vraiment pas tester – enregistre mes bagages, râle à nouveau, attend, monte dans ce satané avion.

Et puis je dors, dors, dors. Je prends l’alcool à bord alors que mon taux d’alcoolémie est encore élevé. Le soleil se couche et se relève, trop rapidement. J’ai encore terriblement mal à la tête et envie de bastonner Orpheo, leur envoyer une lettre d’insultes. Mais je m’en retiens, parce que je le regretterai. Encore un coup des conservateurs. Il y a beaucoup de conservateurs au Conseil, de plus en plus. Et un petit jeunot progressiste à la tête d’un gros QG de recherche, ça fait mal à leur image de marque. Heureusement que Phil partage mes idées, sinon je me serais déjà fait virer. Bref.

Je me rendors. Je me réveille. Je fais mes escales, dors et me réveille. J’ai le droit de visiter la France pendant quarante minutes alors je me contente d’imaginer la tour Eiffel à quelques kilomètres de là en mangeant une viennoiserie en salle d’attente au niveau d’un bar, avec de l’alcool. Heureusement que je ne conduis pas, parce que là, là, j’en aurais gros. Gros j’vous dis.

Je gèle à nouveau l’eau des toilettes. Et puis à un moment, enfin, j’arrive à Varsovie. Je suis un peu impressionné. L’espace d’un instant, j’oublie que mon sang s’est transformé en alcool bien que je tienne encore parfaitement sur mes jambes. Je vois passer la vieille ville, très belle avec ces superbes couleurs. Et puis je me déplace avec ma valise, garde le silence et profite de cet air si différent de celui du Canada. Une sorte de quiétude se pose doucement au-dessus de ma tête, ou bien est-ce l’alcool qui continue à faire effet. Je file à la gare, donne mes papiers mon billet et avance vers je ne sais où.

Vers je ne sais quoi.
Vers lui.
Vers un vent nouveau et nostalgique à la fois.

Et ce dernier me frappe le visage lorsque j’arrive. Plus chaud que celui que j’ai quitté. Bien, bien plus chaud. Au moins dix degré de plus mais aussi nuageux. J’observe autour de moi et décide de me poser, au calme, sous l’abribus le plus proche, menacé par les gros nuages. Ça me rappelle des trucs. Me fait rire et pleurer à la fois, tenir et tomber. J’ai une petite boule d’anxiété qui se forme. Comment est-ce qu’on doit se parler ? Comment est-ce que ça se passe ? à quelle heure il arrive ? Je le tutoie, je suppose ? Deux mois c’était tellement beaucoup et pas assez. On est pas très nombreux à attendre et moi, sur ma valise, je regarde l’horizon, je regarde les bâtiments, je ferme les yeux tout en retirant ma veste en cuir. Et je tape le sol au rythme de la musique, résonant dans mes oreilles à travers mes écouteurs.

J’attends que le temps passe.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyJeu 31 Aoû 2017 - 21:34

L'attente. Pas de nouvelles, pas de oui, pas de non. L'art de tourner en rond, encore, encore, encore. Regarder les papiers qu'on doit remplir, trier, jeter, les pousser un peu, partir faire un tour, revenir. Attendre, regarder dehors, regarder la louve.

- Allez viens, on va courir.

Il enfile baskets, short, écouteurs. Avancer, avancer, avancer, s'occuper la tête, laisser les jambes brûler et les douleurs fantômes remonter - celle de la jambe quand il avait cinq ans, le pieux sur lequel il s'était fait pousser par sa sœur quand il en avait dit "mais j'ai pas fait exprès papa !" ou celle du bras, luxé, au beau milieu de l'inde et des stiquemou.
Il rêve sans cesse des mêmes choses. Il essaie de parler mais personne ne le regarde, ils sont sur ce terrain en Inde, les gens parlent, tournent, il veut les prévenir qu'ils vont mourir, qu'il faudrait partir maintenant mais ils n'entendent pas, ils n'écoutent pas. Alors seulement, ils se mettent à le fixer un part un jusqu'ils soient subitement soufflés. Il y a celui, aussi où Allen regarde le carnage, passe les mains dans ses cheveux et lâche, le visage déformé "c'est toi qui aurait dû y rester, c'est toi qui à tout causé". Et puis le dernier, habituel, depuis l'enfance. Celui d'être enfermé dans un rêve dans lequel on est parfaitement invisible jusqu'à pouvoir passer les murs, et puis finalement le sol, passer au travers de tout, se réveiller en sursaut.

Si Allen ne répond pas, c'est qu'il ne veut pas. C'est aussi simple que ça.
Et puis une idée, seule, debout comme ça au milieu des autres. Peut être qu'il n'y a pas à répondre puisque ce n'était pas négociable.

Milieu de l'après-midi, capitale bondée. Les gens qui trainent, ceux qui font demi tour au milieu du trottoir en matant leur téléphone mais barrez-vous les gueux ! avec le reste des touristes chelous qui semblent être là à l'année, ceux à qui ont a envie de dire DES GENS VIVENT ICI BORDEL, NOUS EMMERDEZ PAS AVEC VOTRE TEMPS LIBRE ! Il appelle un taxi, plusieurs passent devant lui sans s'arrêter. Ouais forcément, vous auriez préféré une montre de luxe et une chemise pour venir me chercher c'est ça ?

- Vous allez où ?
- La gare. Si vous pouvez, attendez en laissant tourner le conteur. Nous ferons le retour jusqu'ici à deux.

L'autre hoche la tête, la voiture part. Simje pense vaguement à la rune débile qu'on lui a confié cette semaine, totalement abimée et indéchiffrable. Pour une fois qu'on me confie à nouveau quelque chose d'intéressant, je suis inutile.
Nouvel assaut de l'estime de soit qui n'existe pas.
Tu devrais le savoir depuis le temps, puisque t'as fait sauter des milliers de gens.

A vrai dire, Simje il voudrait en parler à Allen, s'excuser pour de vrai, prendre des poids et les poser sur ses épaules parce qu'il en a besoin. Il sait qu'il a merdé, il le sait, damn, pourquoi est-ce que personne ne le reconnaît ?
Enfin, personne. Il était rentré chez lui récupérer un artefact en bois qu'il gardait sous son plancher. Sa mère avait baissé les yeux en fuyant, la plus jeune de ses sœurs était venue directement pour lui rire au nez "Alors Zbibi, on tue des gens au lieu de les sauver ?" et elle avait muté en se tirant. Il aurait voulu lui mettre des immondices au visage, il avait juste changé de pallier.

La voiture s'arrête, la tension monte d'un cran.

- Merci, dit-il en lâchant un peu de liquide.

Il sort. Jean noir, slim, t-shirt gris anthracite, chaussures en cuir châtaigne. Totalement inaperçu au milieu de la foule alors que lui il entend les conversations, les rires et, oh ?
Cette petite fille qui pleure ? Il se tourne un peu sur lui même avant de voir une fillette de huit ans, le genou éclaté. Son père lui tient la main. On laisse tomber non ? Un genou ça guéri. Ohhh mon dieu, il lui manque les deux dents de devant, quelle horreuuuur, non on n'y va pas non, ew.

Il s'avance vers l'arrivée du train, vraiment plus vide. Ah merde, il est déjà arrivé, aloors, Allen, à quoi il devrait ressembler ce type quand il part en vacaaances, oh ! Là-bas. Il s'avance avec un sourire EST-CE QU'ON REGARDE QUELQU'UN QUAND ON VA VERS LUI ? Ou on esquive ? Mon dieu, je sais plus, je f..

Il s'arrête à trois mètres d'Allen. Il sait bien que la gare est pleine d'odeurs étranges, que ça pue vraiment souvent, tout le temps même, il sait tout ça, il est chez lui, ici. Il fait un pas de chat, souple, sur le côté, détaillant Allen. Autant il se sent cerné, toujours à la guerre contre lui même, autant face à lui c'est différent. Allen, est différent. Il pense aux milliers de discussions qu'ils auraient pu avoir, et à celle qui visiblement se profile.


Il s'avance, ne lui serre pas la main, ne claque pas la bise, il reste un pas en retrait et lève les bras, en signe d'incompréhension. Putain, Allen..

- J'avais retenu un taxi, mais je pense qu'on va marcher.


Le ton a du mal a être plat il aurait du être plat bon sang mais on sent la tension, un peu d'angoisse, beaucoup d'attention. Beaucoup trop d'attention. Voilà, il voudrait ne pas remarquer mais il remarque, il voudrait ignorer mais il sait. Tout le monde sait. Les épaules défaites, plus basses qu'avant. Baisser les bras est un langage universel.
[color:34ca=#khaki]
- Tu sais, histoire que l'alcool se dissipe un peu.

Ce n'est pas méchant, vraiment pas, c'est étonné Yay, si Allen perd courage, part te noyer, Simje. Il aurait voulu un rire, quelque chose de drôle, de cynique, bon sang, il arrivait à plaisanter avec un bras luxé et des morts sur la conscience, et là, rien. Rien du temps.
Surtout, ne pas faire de suppositions. Autant il s'est fait larguer par sa meuf et il est super super super triste NE PAS FAIRE DE SUPPOSITION ET

- Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?


Yay. Apprendre à se taire.
Pourtant ça lui semble évident qu'il a payé l'Inde, qu'il a payé les morts et le fiasco. Il aurait voulu lire dans les pensées et savoir quoi faire avec ça. Bon, au moins il est là. Et maintenant que tu t'es bien torturé sur si il allait venir ou pas, t'as aucune idée de ce que vous allez bien pouvoir glander. C'est beau.
Regard sur Allen.
Ouais, déjà réparer ce qui peut l'être.

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- Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ?
- Oui mais c’était des méchants !


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Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyVen 1 Sep 2017 - 10:33

« On se dit que tant qu’on est tout seul, on se fiche bien d’être présentable ou non. »

Sauf que, comme dit, on s’en fiche à partir du moment où on est seuls. C’est con, je n’aurais pas dû boire autant, j’aurais pas dû venir en fait même. Je ne suis pas présentable. Peut-être que mes cernes sont pas si profondes que ça, peut-être qu’il ne les remarquera pas. Peut-être qu’on pourra faire comme s’il ne s’était rien passé ? Je voudrais tellement qu’on puisse rigoler ensemble, qu’on puisse vivre une journée ou deux comme deux vieux copains qui se rejoignent après plusieurs mois sans nouvelles. Mais au fond de moi, je sais que j’en suis incapable, parce que Simje, c’est l’homme avec qui j’ai partagé tout ça. Le seul qui pourrait me dire que ce n’est pas totalement de ma faute en le pensant très sincèrement. Je sais que j’ai pris toute la responsabilité et si c’était à refaire, je le referais sans hésiter, même en sachant ce qui m’attend. C’est juste un mauvais moment à passer, une journée ou deux, à me sentir un peu mal. Après, tout reprendrait son cours. Je finirais par apprécier mes vacances. Je rirais sans problème.

Mais je suis comme ça, l’échec il passe mal.
Et la punition, c’est une pilule de cinq centimètres à avaler.
Une fois qu’elle est dans mon ventre, elle se répand comme du goudron.

Je déteste avoir tort et faire du mal. Quand vous avez le combo, je bois. C’est plus fort que moi, c’est agréable, ça me détend même provisoirement. Mais je n’ai pas pensé à Simje. A aucun moment je n’ai pensé à ma rencontre avec lui, à cette odeur que je dois trimballer autour de moi comme un boulet reflétant mon état de santé. En plus, ses sens sont encore plus développés que la normale. Quel idiot je fais. J’aurais au moins dû prendre un café pour décuver un peu. Prendre de nouvelles affaires dans ma valise. Ça n’aurait été qu’une façade, ça n’aurait pas tenu très longtemps, mais j’aurais pu chercher à excuse. Là, il me fait dos. Il me fait dos tandis que mon pied bat encore le sol furieusement. Puis se stoppe.

- J'avais retenu un taxi, mais je pense qu'on va marcher.

Le pied suspendu dans l’air, la musique qui tourne comme si de rien n’était et prouve que le temps ne s’est pas arrêté. Je l’éteins. Tourne mon regard vers lui. Ça fait deux mois. Ça me semble tellement lointain tout ça mais je n’arrive pas à me défaire de ses yeux. Tout me revient si clairement, comme un film en 4D. J’ai fait mine d’oublier, de cacher dans un coin, mais j’ai toujours été comme ça, à attendre jusqu’au retour d’ascenseur tout en priant pour ne pas l’avoir. Mais il est là, devant moi. Y’a toujours cet ensemble d’émotions paradoxales qui passent dans mon estomac. J’ai envie de vomir et puis de rire, de pleurer et puis de danser. Je me sens tellement vivant. Tellement coupable d’être vivant mais tellement heureux aussi. Et l’alcool n’arrange rien, à vrai dire, même lui il ne sait pas trop quelle émotion amplifier tant elles émanent avec la même puissance.

J’ai pas envie de te faire de la peine Simje, ni même besoin que tu me prennes en pitié. En fait, c’est même la dernière chose qui me ferait plaisir. Je voudrais te dire tout ça, tout ce qu’il s’est passé. Mais je n’ose pas. Pour la première fois, je n’ose pas parler. Je reste les fesses sur la valise. Je le regarde, silencieux. Retire mes écouteurs et les fourre dans la poche de mon jean noir.

- Tu sais, histoire que l'alcool se dissipe un peu.

Histoire de pouvoir penser correctement. Je pense finalement à me lever. J’ai que des excuses qui me viennent en tête. Et des méchancetés aussi. Ma tête explose de stress. J’ai envie de lui dire que c’est de sa faute après tout. Que j’avais pas à réparer les pots cassés juste parce que je suis gentil, juste parce que je l’apprécie. Que j’ai envie qu’il paye aussi pour ça, qu’on soit deux à partager les frais. Je pense que je ferais un papa très protecteur. Le genre de père qui ferait passer ses proches avant toute chose, même les plus graves. Ça m’a fait plaisir de le protéger, même si quelque part, je me doute que ce n’était pas la meilleure des solutions. Parce qu’à toute culpabilité, il y a un besoin intrinsèque d’obtenir un résultat, quel qu’il soit, pour parvenir à passer à autre chose. Et l’ignorance, c’est pire que tout. Surtout lors d’un accident pareil.

- Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?

Il connaît déjà la situation. Il sait de quoi nous allons parler. Je me sens tellement soulagé. Je devrais juste ouvrir la bouche et tout lui dire. Je me sens tellement bête d’avoir cette tête d’enterrement, d’être venu apporter un voile noir à une journée se voulant rafraichissante. Je voulais tellement qu’on s’amuse, vraiment. Je ne désespère pas de ça. Mais j’ai suivi les indications de mon co-directeur en me disant que ça ne pourrait pas être pire et que, par miracle, en arrivant sur ce sol étranger, mes soucis disparaîtraient. Que nenni.

Je soulève la poignée rétractable de ma valise tout en gardant le silence. Par où je commence ? Est-ce que j’annonce l’affaire de but en blanc ? J’introduis la situation ? Je lui mens ? Je lui dis que tout va bien ? Je n’ai pas la volonté de mentir. Avec l’alcool de toute manière, ce sera impossible. Alors, je prends mon courage à deux mains. J’inspire profondément, passe une main dans mes cheveux de mec stressé et prend le temps de poser mes mots, après m’être raclé la gorge.

-Bonjour Simje. Et oui, c’est beau la Pologne.

Ce n’est pas tant par désir d’alléger la situation que ce trait d’humour passe la barrière de mes lèvres. Je veux juste bien introduire les choses. Je refuse qu’il marque cet écart entre nous juste parce qu’il attend une réponse, juste parce qu’il sent que je suis mal. D’ailleurs, il n’y aucun ton dans ma voix, ni de sourire sur mon visage. Je triture ma veste et décide de poursuivre.

-Je sais que ça ne sert à rien de le dire, mais, s’il te plaît, quand on en aura parlé et qu’on aura retourné la question dans tous les sens, je veux qu’on arrête d’y penser.

Je me dis ça certainement à moi. D’arrêter d’y penser. De cesser de ressasser tout ça. Vivre et profiter.
Devrais-je le dire ? Ne devrais-je pas ?
Telle est la question.

-Je…

Le mot s’étrangle avant même d’avoir entamé sa sortie. Evidemment, j’ai pensé à Simje, mais encore une fois, moi et mes sensations, ça passe au second plan. Heureusement, mon corps est là pour me dire que oui, je suis aussi un humain capable d’être affecté. Le cerveau témoigne déjà sa demande en alcool mais je secoue la tête tout en riant nerveusement. Ça va aller. Comme j’ai dit, c’est lui la seule personne capable de me comprendre.

-Orpheo a envoyé une lettre. Ça ne s’est pas joué à grand-chose, mais ils m’ont mis à pied.

J’ai du mal à rester moins flou, à préciser que « ce qui ne s’est pas joué à grand-chose » concerne en vérité mon licenciement et non pas ma mise à pied. Ni de préciser la durée. Ni les rétentions de paye après mon retour. Je peux tenir 3-4 mois sans problème avec mon compte en banque, mais c’est sur le principe que le bât blesse.

-Mais ça va. Je vais m’en remettre.

Ça, c’était pas vraiment nécessaire. Et le niveau de crédibilité est proche du zéro absolu.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyVen 1 Sep 2017 - 13:32

Il ne dit rien, prend sa valise, garde le silence. C'est la guerre des émotions dans la tête de Simje. Il ne sait pas s'il veut rester sérieux, s'il veut lui gueuler dessus, lui scalper la tête en hurlant "mais t'aurais pu appeler mec, sérieusement" ou juste rester froid, rouler des yeux et dire "regarde là où tes choix t'ont mené". Peut être que rire, ça serait la solution, peut être que ça serait le bon choix, mais Allen sent le stress et l'angoisse à plein nez, gorgeant Simje des mêmes émotions. Pas empathe mais animal, le sort n'est pas franchement favorable pour lui quand il voudrait juste rester de marbre. Est-ce que j'suis stressé tout seul, est-ce que ça me stresse qu'il soit stressé, ou est-ce que je suis juste plein de son stress à lui ?
Très bonne question. En attendant, le petit clic du dépliement de la poignée raisonne un instant dans ses oreilles alors que le brouahah de la gare se fait plus distant. Si quelqu'un les regardait à cet instant précis, il ne comprendrait sûrement pas ce qui se joue ici, des retrouvailles ratées, voilà tout et penserait à une discussion polie entre deux inconnus, du genre, est-ce que vous auriez du feu ?

-Bonjour Simje. Et oui, c’est beau la Pologne.

Il souffle, doucement, laissant l'air accumulé dans ses poumons - prêt à l'étouffer - sortir doucement. ET VOILA, JE FAIS COMMENT POUR ETRE EN COLERE MOI MAINTENANT ? . C'est toujours la même chose de toute façon pour lui. Danser d'une émotion à l'autre en essayant de toutes les rejeter. Non, je ne suis pas content de le revoir, ni triste qu'il aille mal, ni affecté par son état, ni stressé par la distance, ni rien de tout ça. . Mais si il y a bien une personne à qui il est difficile de mentir, c'est soi-même.
Il roule des yeux. C'est ça, bonjour.

-Je sais que ça ne sert à rien de le dire, mais, s’il te plaît, quand on en aura parlé et qu’on aura retourné la question dans tous les sens, je veux qu’on arrête d’y penser.

Simje hausse un sourcil, avançant légèrement la tête vers Allen. Il blague là, non ? Il est tout alcoolisé, il a plus de cernes que.. que.. que moi, voilà, et c'est dire hein, et il me parle d'arrêter d'y penser ?
Bouillonnement.
Puis j'ai jamais dit que je me torturais avec non plus, c'est pas moi qui me noie de manière ultra classique dans l'alcool, le on est un peu abusé, moi ça va super merci.
Content ou pas content de retrouver son partenaire, mh ?

-Je…

Le polonais déglutit, continuant d'avancer. Bordel tu pleures pas sinon j'vais paniquer de ouf de ouf . Sa démarche se fait plus souple encore, plus silencieuse, celle qu'il prend instinctivement quand il veut être plus petit, plus discret, pas vraiment là, complètement stressé.
Tu quoi, bon sang !

-Orpheo a envoyé une lettre. Ça ne s’est pas joué à grand-chose, mais ils m’ont mis à pied.

Voilà, maintenant, si les sentiments étaient des couleurs, et si la rage et la haine étaient gris-bleu, Simje aurait la couleur d'une tempête. Orpheo oui bien sûr, qui d'autres, suffisants et imbus, hautain, je les imagine bien avec leur cravate regarder Allen dans les yeux, oh non même pas, lui envoyer une lettre formelle qui se résumerait en trois mots : you did wrong. Il sent son coeur s'emballer un peu. C'est vraiment des enculés quand même, les gars ils sont derrière un bureau et ils appuient sur des boutons ou aboient des ordres mais jamais ils se mouillent, jamais ils ne comprennent rien, jamais ils se posent de question. Quelque chose a foiré, trouvons un responsable, vite, mettons le à pied, laissons la gérance à quelqu'un qui n'est pas préparé, et puis même, prenons des tas de décisions débiles, exagérées, irréfléchies, stupides et j'en passe bordel, ils auraient du faire mieux s'ils arrivaient pas à faire bien, au moins essayé mais putain c'est ça le problème avec eux. Ils essaient jamais.

-Mais ça va. Je vais m’en remettre.

Simje lève ses yeux clairs sur Allen. Il ne doute pas qu'un jour il irait mieux, bien sûr, mais là il avait juste l'air d'avoir trop subi. Exactement comme sous la grotte, quand ils avaient réussi à sortir tout ça pour découvrir un massacre. "c'est trop là les gars. Est-ce que j'peux ne pas vivre ça s'il vous plaît ?"
Bref, des fois les mots, il faut qu'ils sortent, aussi acerbes, acides qu'ils peuvent être. Comme une nécessité pour pas éclater, devenir fou ou s'aliéner.

- Oui, bien sûr.

Petit sourire ironique.

- Le whisky est là pour ça d'ailleurs. Pour tituber de l'avant.


Au lieu de marcher de l'avant, haha.
Haha.

Il passe une main agacée dans ses cheveux.
On arrête le cynisme, c'est navrant comme habitude ça Simje de grincer des dents quand on n'est pas content, bordel. Agresser les gens c'est pas une super super idée au cas où tu le saches pas.
Mais c'est plus fort que lui, il a envie d'attraper Allen par les épaules, le secouer comme un prunier et dire des tas, des milliers de choses, lui qui ne parle jamais s'épandrait en mots, des milliers de mots comme un ballon crevé.
Il se tait un instant, sort une clope du paquet coincé dans son jean, "les clopes de la colère" comme disait son père qui avait la même habitude chelou de ne pas fumer pendant six mois, puis d'en griller une en cinq secondes. Il l'allume sans en proposer une, tire fort, relâche la fumée. Voilà, comme ça, on évite d'incendier quoi que ce soit.

- T'es à l'écart pour combien de temps ?

On marche, on fume, on se détend. On se détend. ON SE DETEND ON A DIT BORDEL
Il serre les dents, tire une latte et puis oh tant pis, au pire il doit déjà lire dans ma tête alors autant lâcher amicalement le fond de ma pensée.

- T'aurais pas du tout prendre sur tes épaules. C'était vraiment idiot, et je pèse mes mots. C'était pas héroïque ni loyal ni je ne sais quoi c'était juste.. autodestructeur, c'était pas ta faute et tu t'es tout pris dans la gueule exprès par quoi.. par principe ? Non mais sérieusement, je suis celui qui n'a pas su dire non, qui n'a pas su évaluer les capacités des autres, qui n'a pas su prendre le temps d'être certain et serein, Wilfried est celui qui n'a pas su tracer et qui n'a pas su rabaisser sa fierté et dire que non, il ne savait pas faire et toi, toi tu prends tout pour toi, alors que t'es le seul qui avait quelque chose à perdre.

C'est là où il faut s'arrêter.
Latte tirée, poumons grisés, tirade pas vraiment terminée. Peut être que se calmer et arrêter de parler serait une solution, la meilleure même peut être, celle à prendre ou du moins celle à envisager mais il n'arrive pas à retenir ses mots. C'est un comble pourtant, venu de celui qui s'en est toujours pris plein les dents sans prendre la peine de répliquer mais là, là c'est différent on ne s'en prend pas à lui, non, visiblement Allen a pris les armes pour s'auto-flageller. Et forcément ça, ça ça a du mal à passer.

- C'est pas hyper beau de blâmer les morts mais c'était juste essayer de dire le vrai, et me laisser en prendre plein la gueule ça aurait été justifié. De toute façon, à part gueuler, ils auraient rien pu faire de concret, et puis merde.

blblblblblbbblblblblb

- Au moins, cette caisse, on aurait pu se la mettre à deux.

Les deux bourrés de service qui noient leur chagrin dans l'alcool mmh - alors que je noie rien moi, sauf des bébés chats - ça aurait été plus sympa - c'est une blague hein - et puis je sais pas. Pourquoi est-ce qu'il se sent obligé de protéger les autres ? Les gens ne dépendent pas toujours de lui, il avait pas à .. enfin je sais pas. Je sais pas ce qu'il a cru.

Simje tourne à gauche, déverrouille une vieille porte super lourde qui grince. L'odeur de renfermé de la cage d'escalier lui saute au visage, une odeur de mousse et de lierre, d'humidité passagère et de lichen qui le calme un peu - la maison c'est sacré, c'est safe, c'est sans danger. De toute façon, si on avait pas crevé la bulle, elle aurait flotté entre tout, malfaisante, et les non-dits m'auraient rongés le cerveau, alors peut être que j'ai bien fait.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyVen 1 Sep 2017 - 16:16

« J’voudrais me dire que ça y est, c’est les vacances. »

Mais non, je regarde ses yeux puis le sol. Il est beau ce sol. Il est gris, bien bétonné, bien artificiel comme il faut. Il n’a pas d’émotion le sol, il se contente de se faire marcher dessus et de résister à la gravité sans jamais fléchir. Il a du courage, quand même, mais il pourrait aussi me représenter. Je ne sais pas, c’est dans ma nature de me la jouer pilier, même si les gens me font systématiquement comprendre que non, ça ne leur fait pas plaisir et que ça ne fait que tout détruire. Je ne suis pas un bon sol, parce que contrairement à lui, j’ai des émotions et parfois elles sont trop puissantes pour que je puisse continuer à me taire pendant qu’on me marche dessus comme si... comme si c’était normal. Et puis, le sol n’a pas non plus affaire à des gens qui le regardent avec compassion en caressant sa surface rugueuse. « Qu’est-ce qu’il t’arrive ? » « Est-ce que c’est pas trop dur d’avoir à porter le monde ? ». Non, personne ne le lui demande. Pourtant, je suis certain qu’en tendant l’oreille parfois, on pourrait entendre son gémissement dans une bourrasque de vent.

Et mon gémissement n’en est pas vraiment un. J’essaye de rester calme, d’annoncer la chose avec détachement mais ça coince dans l’œsophage et l’air a dû mal à sortir. Je veux juste penser à autre chose. Comme ce qu’il a fait Simje, depuis ces deux mois, comment elle est sa ville, si la Pologne c’est chouette à visiter ou si on s’y ennuie rapidement. Et puis, s’il peut m’apprendre deux-trois mots aussi pour pouvoir faire mon intéressant pendant les réunions de famille. J’ai tellement de question idiotes à lui poser parce que je suis heureux de le revoir. Tantôt j’ai envie de lui faire un câlin, tantôt je refuse qu’il m’approche. Tantôt il est cool, tantôt…

- Oui, bien sûr.

Tantôt c’est ça.

- Le whisky est là pour ça d'ailleurs. Pour tituber de l'avant.

J’ai envie de rire. J’ai envie de rire ? Les nerfs mis sous pression, ça fait un cocktail explosif. Mais c’est drôle. C’est drôle, non ? Je trouve ça marrant. Mais je ne suis pas certain que lui décocher un sourire colgate dans l’instant le rebuterai de me cogner. Au contraire, je pense que sa patience pourrait bien s’en trouver fortement diminuée. Puis, à force de fixer le sol de cet air de chien battu naturellement présent sur mon visage, je finis par relever la tête et suivre les mouvements de cet homme avec attention. Avec surprise, je dirais même. Une cigarette ? Genre, un fumeur ? Pardon pour cet affreux malentendu mais replaçons le contexte : Simje fume ? je dirais même plus, fume comme un camionneur ? À quel moment j’ai raté un épisode ? Il n’a pas la tête de l’emploi, pardon de le dire. Ou alors, de temps en temps ? Ou bien je l’ai vraiment, vraiment énervé. A un point d’avoir fait sauter ses plombs. Faites que non.
Je devrais mieux me taire. Oui, tais-toi. Juste. Tais-toi.

-C’est pas utile à long terme mais ça fait passer le tonnerre.

Ah non. C’est tellement mieux de vouloir avoir le dernier mot alors qu’en face mon interlocuteur va finir par la manger sa cigarette. Je n’arrive pas à cerner si oui ou non, je suis énervé. J’ai un débit de parole normal, un peu plus précipité peut-être que la normale, mais tout de même pas au point de bousculer l’ordre de mes mots.

Alors comme ça il fume.

- T'es à l'écart pour combien de temps ?

Et la question tant attendue arriva. Tu vas payer pour cette histoire combien de temps au juste. A quel point t’as été con, à quel point t’as pris le blâme ? Normalement, les mises à pied se comptent en jours, moi elle se compte en mois. Je pense très sincèrement à lui mentir, mais si par malheur il le découvre, je pense qu’il le prendrait très, très mal. Pas besoin d’aller jusque-là. Alors, je mise le tout. Je mise l’entière vérité.

-Deux mois… et demi.

Heureusement que l’on ne marche pas trop proches l'un de l'autre non plus sinon il pourrait tout aussi bien m’attraper et me coller au mur le plus proche. Quoiqu’en fait, il est tout à fait capable de le faire. Mais il n’est pas comme ça, pas vrai ? Il est beaucoup dans l’oral et moins dans le physique, un peu comme moi quoi. Enfin… j’espère ? J’ai l’impression qu’il fulmine un peu et ce n’est pas peu dire. Il ne va pas me frapper, hein ?

- T'aurais pas du tout prendre sur tes épaules. C'était vraiment idiot, et je pèse mes mots. C'était pas héroïque ni loyal ni je ne sais quoi c'était juste.. autodestructeur, c'était pas ta faute et tu t'es tout pris dans la gueule exprès par quoi.. par principe ? Non mais sérieusement, je suis celui qui n'a pas su dire non, qui n'a pas su évaluer les capacités des autres, qui n'a pas su prendre le temps d'être certain et serein, Wilfried est celui qui n'a pas su tracer et qui n'a pas su rabaisser sa fierté et dire que non, il ne savait pas faire et toi, toi tu prends tout pour toi, alors que t'es le seul qui avait quelque chose à perdre.

Je cligne frénétiquement des yeux. Bon, j’ai dit qu’il était un orateur. Mais. A ce point ? Je… Je suis impressionné par autant de paroles. Sincères je veux dire. Enfin, qui viennent du fond des tripes. C’est des paroles véritables ça, qui touchent là où elles doivent toucher. Je relève un peu la tête. Je déteste quand on me juge, quand on me fait voir que ce pourquoi je me suis battu n’en valait pas la peine et que le principal bénéficiaire de toutes ces souffrances me balance que j’suis un peu con au fond.
Je sais. Je sais ça. Et je sens aussi qu’il n’a pas fini de parler. Mais je suis un peu grognon, avant-hier j’étais encore au travail à ignorer tout ce qui se profilait dans mon horizon proche. Et depuis, c’est claque sur claque, rajout de couches avec de la chantilly et une cerise. J’ai un peu envie de frapper dans ce gâteau et dire « Merde, voilà, tirez-vous. ». Du coup, je n’attends pas trop qu’il ait fini sa tirade et je rajoute.

-Ouais, désolé, j’ai des principes à la con. J’aime bien prendre le blâme et c’est pas la première fois que ça arrive. A chaque fois je me dis, « bah Allen, on te remerciera pour ça » et à chaque fois je me prends des piliers dans la figure. J’y peux rien, je suis peut-être masochiste ou c’est ma manière à moi de me sentir important, j’sais pas trop. – Silence – J’essaye de protéger mes amis à ma façon, c’est tout. T’es tombé sur le lendemain de l’annonce, je pouvais juste pas faire semblant.

On ne me demande pas non plus de faire semblant, mais simplement de me la jouer un peu moins solo, non ? Un truc dans le genre. Il faut croire que je ne suis pas si doué pour avoir des amis. Des faux amis, des collègues, ça c’est simple. Tu te montres sous ton meilleur jour, eux aussi. Les vrais amis par contre, c’est plus dur. Ce sont eux qui viennent quand ça va mal, eux qui t’engueulent quand tu fais des conneries. A ce moment toi t’as du mal à gérer les reproches parce que venant de leur bouche ça fait tout de suite plus mal. Beaucoup, beaucoup plus mal. Alors, tu passes en défensive en hurlant dans ta tête pour que ça ne le blesse pas trop. Qu’on puisse rallier les cœurs au final.

- C'est pas hyper beau de blâmer les morts mais c'était juste essayer de dire le vrai, et me laisser en prendre plein la gueule ça aurait été justifié. De toute façon, à part gueuler, ils auraient rien pu faire de concret, et puis merde.

C’est vrai. Il y a beaucoup de responsables derrière cette tragédie. Mais dans l’Ordre, on a souvent tendance à raccourcir les choses à la hiérarchie. T’es le plus gradé, tu douilles et c’est tout. Peu importe le nombre de responsables, t’étais là pour gérer les vies, tu ne les as pas gérées, tu prends ce qu’on te donne et tu te tais. J’adhère à ce rythme. On me l’a bien stipulé quand je suis devenu directeur, peut-être que ça vient de là même cette histoire de surprotection pour les autres. Une habitude qui se transforme en caractère. En gros caractères.

- Au moins, cette caisse, on aurait pu se la mettre à deux.

Je m’autorise un sourire cette fois-ci et répond avant d’avoir pu y réfléchir à deux fois :

-Ça peut encore se négocier.

Non, ça ne se négocie pas. J’ai encore trop de verres dans le sang, c’est même étonnant qu’en étant à ce point alcoolisé je n’en ressente pas autant les effets. Ils ont certes eu le temps de s’atténuer dans le train, mais le mal de tête témoigne encore bien de mes conneries.
Finalement, Simje s’arrête et ouvre une grosse porte qui m’a l’air d’avoir résisté à bien des tempêtes. Je suppose que c’est là où il habite ? Ou bien une salle d’entraînement pour avoir une raison valable de me massacrer ? Je sais pas. Je ne sais même pas pourquoi j’ai cette certitude dans l’esprit. J’ai juste l’impression que ça émane de son corps, ce besoin de me coller au mur.

J’ai pas trop trop envie.

-Tu habites ici ?

Je préfère demander, la salle d’entraînement, ça ne me motive pas trop trop dans l’immédiat.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyVen 1 Sep 2017 - 18:01

C'est étrange pourtant, cette ville, Simje, il la côtoie depuis toujours. Il connaît les rues, les coupe-gorge, il connaît les places pour faire la révolution, il connaît ce pays c'est chez lui, les forêts, les rivières, les ours, il connaît les alentours bref, c'est chez lui. Pourtant, il lui semble que là maintenant, Allen a crevé sa bulle de confort. Il est chez lui mais pas vraiment, un peu mal à l'aise par les côtés glauques, les choses qu'il a appris à ne pas regarder alors que soudainement, il voit tout.
Comme le pigeon mort dans lequel il vient de shooter AH BORDEL C'EST IMMONDE RESTE CALME FAIT COMME SI DE RIEN N'ETAIT. Bref.

-C’est pas utile à long terme mais ça fait passer le tonnerre.

Mais ta gueuuuuuule, on sait tous les deux que c'est faux, pourquoi t'as envie de.. de .. je sais pas, te défendre ? Juste.. juste non, personne peut trouver une bonne raison de boire, c'est supide, c'est juste pour fuir le vrai mais le vrai il va pas s'en aller pour autant, ahah. On a tous essayé, crois-moi.
Ils continuent d'avancer, c'est assez naturel finalement, Allen l'étranger avec son accent chelou au beau milieu de la patrie du polonais.

-Deux mois… et demi.

PARDON?!
Le brun s'étouffe avec sa clope qui en profite pour lui incendier les poumons. Mais merde, deux mois et demi, non mais dur, les gros gros enculés quoi, vraiment les gros enculés.

- Avec la suspension de salaire qui va avec ?

Je sais même pas pourquoi je le demande, les fonds d'Orpheo sont vides, la guerre ils sont en train de la perdre - oui, ils et pas on, je m'en bats la race - et ça m'étonnerait pas qu'ils sucrent à Allen une partie de son salaire.
Il ne le connait pas forcément beaucoup, Allen, mais il pas l'air d'être du genre à compter ses heures, il à l'air de donner de sa personne, et forcément c'est lui qui prend, bref, on va pas regueuler. On va se calmer.

-Ouais, désolé, j’ai des principes à la con. J’aime bien prendre le blâme et c’est pas la première fois que ça arrive. A chaque fois je me dis, « bah Allen, on te remerciera pour ça » et à chaque fois je me prends des piliers dans la figure. J’y peux rien, je suis peut-être masochiste ou c’est ma manière à moi de me sentir important, j’sais pas trop. J’essaye de protéger mes amis à ma façon, c’est tout. T’es tombé sur le lendemain de l’annonce, je pouvais juste pas faire semblant.


Simje souffle, regarde ses pompes. Oh, merde. Bien sûr qu'il comprend pourquoi, il a ses raisons bien sûr mais.. mais c'est trop. Il se rend compte que c'est trop, que c'est une mauvaise idée ? Il se rend compte que c'est comme ça qu'on se brise ?
Ne rien donner à personne, comme ça on attend rien en retour. N'est-ce pas ? Le plan parfait.
Le déni, c'est beau.

Bref, attend d'être à l'appart pour la deuxième session de "je pousse une gueulante parce que Allen j't'aime bien, et si tu t'aimes un peu bien aussi, va falloir arrêter de croire que les gens se magneront le cul pour toi, surtout ceux qui te paient, parce qu'ils se bougeront pas. Strictement jamais.

Allons boire insteeaad ! - c'est une blague.

-Ça peut encore se négocier.

Simje le regarde, un petit sourire en coin, j'suis content qu'tu sois là putain, avant de lâcher, le sarcasme sur la langue comme toujours.

- On va attendre de pouvoir repartir à égalité, tu penses pas ? Sinon tu vas vomir avant moi.

Le gars il se pinte seul, chez lui, dans l'avion, le train, je sais pas trop où même et il en veut encore j'y crois pas. Rendez moi un Allen fit et concerné, pas bourré et tout.. tout.. je sais pas. Voilà.

-Tu habites ici ?
- Euh.. oui.

Mdr, le mec qui est plus sûr de si il habite là ou pas. En vrai, par avance il n'assume rien de son appartement - pourtant très normal - comme si rien n'allait être assez bien, assez.. assez.. bref, il aimerait subitement n'être jugé sur rien (sauf que surprise, quand les gens regardent quelque chose, en général ils en pensent quelque chose)
Il s'avance encore un peu moi laisser passer Allen et refermer derrière lui en poussant avec ses deux - petit - bras.

- Et y'a pas d'ascenseur.

Voilà, comme ça ça fera un peu circuler ton sang et du sera sobre plus vite, putain putain putain putain.
Ca, c'est juste un peu d'énervement contre lui même pour avoir laissé ça arriver. Il ne sait pas au fond, si demander des nouvelles ça aurait pas été mieux alors que peu être que ça aurait été déplacé - au fond ça le saoule de se poser autant de questions - mais peut être qu'il aurait pu éviter un Allen au fond du trou.
Peut être ?
Sûrement pas.

Bref, les six étages sont montés, ah dur, j'avais laissé la porte ouverte, et il s'engage dans l'appartement. La louve se lève immédiatement, le poil hirsute, le museau au ras du sol. Aaaah, oui c'est vrai, c'est peut être la première fois que quelqu'un se ramène chez toi. Ah la panique.

- Wszystko w porządku. Uspokój się.

Soit, en gros, ça va mon pote, calme toi en polonais. Il se retourne donc vers Allen et débite à tout allure.

- Tu peux poser tes affaires dans la chambre, je prendrais le canap' de toute façon.

Et ne crois pas que j'en ai fini avec toi.
Simje s'avance vers le frigo après avoir montré la direction de la chambre, parfaitement silencieux - ce qui faisait hurler de rage sa plus jeune soeur qui ne l'entendait jamais arriver - alors que la bestiole lui colle au train, un peu angoissée. Il lui fait un patpat sur la tête, sort une eau au citron purgeons l'estomac agressé du canadien et s'avance pour lui tendre.

- Les gens te diront pas merci quand tu fais quelque chose pour eux alors qu'ils n'avaient rien demandé. T'es important, même si on ne te dit pas que c'est du bon boulot ce que tu fais, t'es important même quand on ne te lance pas des paillettes et des fleurs à la tête. «Tu n'as fait que ton travail. N'attend pas que je sois satisfait à ta place. La satisfaction doit venir de toi même. » et même si cette citation est un peu dure, va plus jamais falloir compter sur la compassion d'Orpheo mais..

Allez Simje, allez, on n'a plus six ans, on le dit.

- Mais merci d'avoir tout pris pour moi.


C'est pas hyper naturel pour le polonais de dire ce genre de choses - surtout qu'il ment vraiment très mal alors globalement soit il pense ce qu'il dit, soit il ferme bien sa gueule - alors il rajoute en s'asseyant sur une des chaises hautes de l'ilot central.

- Grâce à toi ils pensent encore que j'suis quelqu'un de compétant.

Allez, allégeons un peu l'ambiance
Il a pas du tout envie de faire la morale à son pote, vraiment pas, genre, il voudrait juste le secouer et lui dire oh, soit pas si lent à comprendre que t'es juste toi, toi tout seul dans la vie avec toi-même, dans son corps et dans ta tête et que putain, t'as pas besoin de sacrifier la chose qui à l'air de te tenir le plus à coeur pour te sentir important.
Mais il sait bien que c'est pas aussi simple, il sait qu'on vient tous de quelque part et que c'est jamais facile de se défaire de ce qu'on a vécu avant, de ce qu'on s'est pris dans les dents, des gens qui ne restent pas alors qu'on en aurait tellement, tellement voulu qu'ils restent.
Et voilà, qui c'est qui pense trop maintenant ?
Forcément, quand on connaît quelqu'un, on se demande ce qu'il y a eu avant, ce qu'il s'est passé. Comment est-ce que t'as fait pour te retrouver sur un autre continent, chez un gars hyper asocial, avec un chien loup qui te dévisage, assis à un mètre de toi ? C'était avant tout pour pas que tu sois trop dépaysé, je sais bien que ton co-directeur peut avoir le même gabarit de temps à autre.

_________________

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Spoiler:
- Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ?
- Oui mais c’était des méchants !


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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptySam 2 Sep 2017 - 0:32

« Et c’est lorsqu’on pense connaître quelqu’un… »

… Qu’en fait, on en apprend toujours un peu plus. Bon, je n’ai pas la prétention de connaître SImje. En fait, je pense même que je ne connais rien de sa vie. Je débarque en Pologne sans parler polonais, avec mes passeports mais sans même savoir où je vais dormir. Certes, je suis un homme, les risques de me faire agresser ou autres sont limités, d’autant plus en étant doué. Malgré tout, dans un petit coin de ma tête, je trouve la situation amusante. J’ai fait tout ce chemin pour venir le voir, tout en sachant que nous ne nous sommes vus… que deux fois ? La première pour avoir fait cramer mon QG et le seconde… eh bien la seconde était probablement la plus marquante.

Oui, je trouve ça affolant quelque part de dire oui et de faire autant d’heures de transports : avion, train, voiture, passer absolument partout juste pour aller voir une personne avec qui l’on a eu deux échanges au court de toute une vie. Nul doute que j’aurais ri au nez de l’impertinent m’ayant cru capable de ça. En fait, tout s’est passé tellement vite. Et puis tellement lentement à la fois.

- Avec la suspension de salaire qui va avec ?

J’acquiesce de la tête, un peu lassé. Un peu rabaissé. Un peu incompétent. Avec la suspension de salaire oui, sinon ce ne serait pas une mise à pied. Ce ne sont pas des congés payés, ç’aurait été trop beau. Je suis un peu fatigué. J’ai encore de l’énergie, mais l’alcool commence à me faire comprendre qu’il désire mettre un terme à toutes mes pensées et mes actes. Il est encore loin, assez pour ne pas me faire paraître fatigué, mais suffisant pour m’asséner un léger coup sur la tête. Avec une terrible prévention. Mais voilà, à parler des choses qui dérangent, le silence est mis en arrière-plan et la fatigue aussi. Je me lance dans un long discours. Mais tout cela pourrait se résumer à dire « Je râle et je me justifie comme je peux. P.S. Je te considère comme un ami, t’es prévenu. »

Après, il me parle de l’alcool. Pendant qu’on marche. Mon esprit battant ne dit pas non même si ma vision peut parfois me jouer des tours. Et je balance que ça peut être une bonne idée. Une très bonne idée. Sauf que je ne suis pas tout à fait intelligent de proposer ça alors que mon taux doit être bien élevé. En plus en Pologne, ils doivent avoir de bons alcools qui tiennent bien au corps, qui montent bien vite et qui descendent bien lentement.

- On va attendre de pouvoir repartir à égalité, tu penses pas ? Sinon tu vas vomir avant moi.

Nous voilà à l’intérieur du bâtiment. Je baisse la tête en cachant mon sourire. Ah ben oui, il va pas falloir commencer à faire un pari de celui qui se vide le premier, tu risques de te faire écraser à plate couture. Pour le moment en tout cas. J’arrive pas à me retenir de lui répondre, alors j’annonce, mon sourire transparaissant par le ton employé :

-Je sais pas, tu dois bien tenir l’alcool puisque tu viens des pays de l’Est de l’Europe, non ? À moins que ce soit encore un gros cliché de canadien. On a beaucoup de clichés sur les européens.

Je me sens un peu mieux. Un peu moins déconfit. Un peu moins malheureux. Raconter des blagues à deux francs six sous ça allège l’esprit, ça remonte le moral. Ça fait plaisir. Je m’étire un peu, ankylosé de tous côtés après un aussi loin voyage assis et subitement quelques minutes de marche dans la rue. Je ne sais pas quand l’enclume du sommeil me tombera dessus, mais ce qui est sûr c’est qu’il tombera à un moment où à un autre. Et après, j’aurais l’air un peu plus frais. Je redeviendrais un peu plus sérieux. Beaucoup plus sérieux. Je commencerai à étaler la carte de la Pologne sur le sol et je me renseignerai sur les lieux touristiques. Je préparerai tout dans les moindres détails. Là, en partant, c’est à peine si j’ai vérifié le nombre de caleçons. J’ai juste pas oublié de pyjama, parce qu’on me l’a dit. Tout le reste par contre, ce sera mystère et boule de gomme à l’ouverture de la valise. J’ai vraiment plus aucun, aucun souvenir de ce que j’ai bien pu mettre à l’intérieur. Elle a l’air assez lourde, mais me connaissant, ça pourrait être un faux ami. Ma conception du « prend ce qui est nécessaire » risquant d’être altéré par l’effet de l’alcool, il se peut que j’ai pensé à amener une cafetière mais pas ma brosse à dent. Oh oui, ça c’est bien possible.

Bref, je regarde un peu l’intérieur de l’habitacle. De la cage d’escalier. Ça m’a l’air somme toute très vieux tout ça. Bien entretenu, mais vieux. Ça sent le bois âgé. Ça ne me dérange pas, au contraire, je suis un peu nostalgique. On vivait un peu dans le même type de bâtiment avec mes parents lorsque je vivais en Suède. Ce n’est que lorsque nous sommes revenus en Norvège que j’ai pu me rendre compte de l’influence des Kristiansen et de leur grande maison de famille. Mais moi, j’ai toujours préféré les petits coins, les petites maisons. Plus facile à ranger.

- Euh.. oui. Et y'a pas d'ascenseur.

Simje referme la porte de l’entrée derrière moi. Ah. Merci vieux. C’était fait exprès en fait. Pas d’ascenseur. Mais quelle joie. Avec une valise. Le bonheur vous dis-je. Ne t’attends pas à ce que je te suive en marathonien, ça fonctionne que quand je suis sobre les muscles. Là, ils sont juste encrassés ou ils bullent dans leur jacuzzi, à voir. En tout cas, ils ne sont pas là. Pas là pour m’aider quand j’ai besoin d’eux. Je râle un peu donc, parce que alcool ou non, les vacances avec MH c’est tous les jours par pluie, par soleil, dans l’eau ou sur terre.
On monte, on monte. Et ma tête tourne et tape et blanchit et rosit. J’ai le tournis à force de monter ces fichus escaliers. Je n’ai pas voulu compter les marches mais peut-être que j’aurais dû. Comme ça, une fois arrivés en haut, je lui aurais dit « Félicite-moi pour avoir monté ces deux cent marches. ». Je suis sûr qu’il y en avait deux cent. J’exagère. Si on multiplie l’effort sous l’alcool pour monter une marche par trois, peut-être qu’on n’arriverait pas loin du compte.

Finalement, on s’arrête. ON S’ARRÊTE QUE DIABLE. Je prends la peine de poser ma valise sur le côté pour ne pas boucher le passage – réflexe idiot – et passe ma tête au-dessus de la rampe. Pas pour vomir, quoique l’idée est tentante.

-Heureusement que t’habites pas dans un gratte-ciel, je pense que j’aurais fini par décéder. T’habites à quel étage ? Mon cardio t’annonce qu’il ne va pas bien.

Il ne va pas bien du tout. Il tambourine dans la tête et pulse dans les tempes. Jamais été fatigué en montant trois pauvres marches. Plus jamais d’alcool, Allen. Plus jamais. Je récupère la valise démoniaque comme un boulet, manquant de lui donner un coup juste pour la forme et suit Simje dans le fameux appartement. Et là, il croise la truffe d’un animal. Ah. Ah oui, je me souviens de lui tiens. Du chien sur lequel j’ai manqué de m’étouffer la première fois en me demandant si oui ou non, il avait pris l’avion avec son propriétaire ou non aux frais de la compagnie. Curieusement, oui curieusement, Je n’en ai vraiment rien à faire là. Orpheo aura tout le temps de récupérer l’argent sur mon compte.

Enfoirés.

- Wszystko w porządku. Uspokój się.

Je sais que je suis censé savoir qu’il est polonais puisque je me trouve actuellement en Pologne, que ça devrait être incrusté comme une vérité générale en capitales d’imprimerie dans ma tête, mais la théorie et la pratique, c’est pas pareil. Je suis bluffé par la vitesse linguistique et cette magnifique sensation de n’avoir rien compris du tout. Si je devais ne serait-ce que répéter, je pense que ça se limiterai à « vsovsovsovsovsovso ». Ce que j’apprécie dans les langues, c’est la voix. En fonction de la langue utilisée, elle passe un peu plus dans les aigues ou au contraire s’abaisse. Je trouve ça amusant et c’est pas désagréable à entendre. Je penserais à lui demander de m’apprendre deux-trois mots.

- Tu peux poser tes affaires dans la chambre, je prendrais le canap' de toute façon.

Je veux bien juste poser mes fesses. J’ai la tête qui tourne un peu. Mais je garde le silence. Enfin en théorie. Parce que là, il vient quand même de me proposer de dormir ici ce soir. Non pas que ça me dérange le moins du monde et vu mon état c’est certainement le meilleur plan que je puisse avoir, mais l’espace d’un instant, je me pose la question. Vrai ? Genre vraiment tu m’autorises à dormir ici ?

-Tu veux bien que je dorme ici ? Je veux dire, j’ai pris une semaine. J’avais pas l’intention de venir te déranger, surtout dans mon état.

Bah ouais, surtout dans mon état. Imaginez je me pointe dans un hôtel en émanant l’alcool comme ça. On va me refiler aux autorités, c’est tout ce qu’il se passera. Je n’ai certes pas l’intention de me faire prier, mais je veux simplement vérifier que mes oreilles n’ont pas simplement sifflées pour entendre ce qui m’arrange. Enfin, au final, je ne sais donc pas trop où me placer. Je décide de libérer l’espace en posant la valise juste devant la porte de la chambre, incertain, un peu mal à l’aise. Je ne vais pas souvent chez les gens. Et je ne serais pas le seul à dire que l’appartement de quelqu’un, ça reflète sa personnalité. Pour le coup… Je dirais que Simje est quelqu’un d’assez ordonné sans non plus tout ranger dans les moindres détails et faire dans l’ultra pratique, ultra minimalisme et ergonomique comme chez moi – enfin, moins depuis que la tempête ambulante est venue crier gare. C’est propre, c’est simple. Y’a pas de désir d’enjoliver les pièces, mais elles s’accordent malgré tout, les unes avec les autres. Je n’ai rien à dire.

Occupé à contempler l’espace, je manque de sursauter quand Simje se met subitement à me parler en me tendant une boisson à la main. Je sens le citron. Arg. Je déteste l’acide. Mais c’est la meilleure manière de gérer l’excès d’alcool. Après ça, je vais plus vouloir boire mon pote, ça tu peux en être certain. Mais il voulait parler.

- Les gens te diront pas merci quand tu fais quelque chose pour eux alors qu'ils n'avaient rien demandé. T'es important, même si on ne te dit pas que c'est du bon boulot ce que tu fais, t'es important même quand on ne te lance pas des paillettes et des fleurs à la tête. «Tu n'as fait que ton travail. N'attend pas que je sois satisfait à ta place. La satisfaction doit venir de toi même. » et même si cette citation est un peu dure, va plus jamais falloir compter sur la compassion d'Orpheo mais..

Ah ça, la reconnaissance, c’est toute une histoire. On ne prône pas trop la plus-value dans les entreprises, les encouragements, les félicitations. Je m’efforce de le faire pour mes agents mais il est vrai qu’en étant en haut, on a du mal à les recevoir, les félicitations. Et Orpheo a suffisamment à gérer pour s’occuper de chacun de ses directeurs. Tant qu’on fait bien son boulot, l’Ordre se tait. Quand ça dérape par contre, il n’hésite pas à frapper violemment les doigts. Très violemment. Je soupire. Oui, c’est la merde. Mais c’est difficile d’être satisfait d’avoir tué du monde. D’avoir fait de son mieux, oui sans doute. Mais je n’ai pas été seul sur le coup. On était tous les deux en galère, à ramer pour s’en sortir. Je suis satisfait d’être vivant. Et qu’il soit lui aussi là pour me remonter un peu le moral.

- Mais merci d'avoir tout pris pour moi.

J’ai dit qu’on me disait rarement merci ? Si je ne l’ai pas dit, c’est le moment ou jamais. Je râle, mais au final, ça fait souvent arracher soit… soit rien, soit un remerciement vague un peu serré entre les dents. Là, ça a juste l’air d’un merci franc, tout court mais qui se fraye encore plus facilement un chemin dans mon débarras d’émotions. Je me gratte la barbe tout en détournant le regard tandis qu’il part s’asseoir un petit peu plus loin. Je devrais faire pareil.

- Grâce à toi ils pensent encore que j'suis quelqu'un de compétant.

Ah. Joie. J’arrive plus à parler. Il m’a ébranlé avec son merci là. Vous ne vous rendez pas compte, je m’y attendais pas, surtout de sa part. Pas qu’il soit méchant, mais… mais c’est sorti de nulle part. Franchement. J’avale d’une traite le jus de citron pas bon super acide et ne peut m’empêcher de grimacer avant de tendre la main vers lui avec le verre, la bouche prête à s’exprimer, le mouvement préparé pour accompagner la parole, mais rien ne vient. Je secoue la tête, fasciné par l’absurdité de mon silence. J’en profite pour me gratter la naissance des cheveux en baissant un peu la tête. Et puis, j’ose un peu rire c’est vrai.

-Ok, je suis gêné là. Pas l’habitude qu’on me remercie en fait. Du coup euh, de rien ? Et t’es pas incompétent, sinon on serait pas là à se parler tranquillement.

Je me pose sur le canapé non loin. Ah, la terre est trop basse, heureusement qu’il n’y a plus rien dans mon verre. La descente s’est fait trop rapidement, ça tamponne dans les veines, ça se bouscule, ça fait mal. Je passe ma main sur mon front et ferme un instant les yeux. Tout en parlant à voix basse, persuadé qu’il m’entendra, j’ajoute :

-On va oublier la cuite si tu veux bien pour le moment.

Je relève un peu rapidement la tête, trop vite – gh – pour ajouter, la question me venant instinctivement :

-Mais du coup, ils ne t’ont vraiment rien reproché ? Je suis vraiment content si c’est le cas, ça m’aurait vraiment saoulé de subir leur satanée mise à pied tout en t’ayant aussi fait des représailles. Je suis certain que ça ne dérangerait pas Orpheo de pénaliser plein de monde, surtout avec tous ces conservateurs au Conseil. – je murmure, complètement entré dans mon gouffre social – Toujours la faute des conservateurs de toute manière.

Ah, les conservateurs, c’est une source de râle inépuisable. Ils sont responsables de toutes les merdes de ma vie. Pour le coup, ils sont effectivement probablement la raison de ma mise à pied. J’ai le nom du Scrimgeour là, le directeur d’Allemagne. Le chef des conservateurs. L’époux d’Elizabeth Porter, une dame charmante. Ouais, enfin pas suffisamment pour plaider en ma faveur hein. Grmbl.
J’ai l’impression que ça va un peu mieux, que quelque part, le nuage se dissipe. Que c’est plus facile d’en parler – parce que j’ai eu le temps de bien ressasser tout ça dans les transports – et d’en rire.
Enfin, faut pas trop pousser quand même.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptySam 2 Sep 2017 - 15:08

C'est toujours la même chose.
Ils parlent, ils parlent, la grisaille s'éloigne.
C'est comme ça qu'après, les gens, ils en viennent à nous manquer, ce qui est immanquablement pathétique.

-Je sais pas, tu dois bien tenir l’alcool puisque tu viens des pays de l’Est de l’Europe, non ? À moins que ce soit encore un gros cliché de canadien. On a beaucoup de clichés sur les européens.

Simje roule des yeux, geste pratiqué depuis le plus jeune âge, expression d'une palette entière de sentiments et d'émotions. On voit de la Voda, on est racistes, on est des gros faschos aussi. Aucun rapport, a u c u n p u t a i n d e r a p p o r t. Mais bon, ne répondons rien d'agressif.

- Et vous êtes tous bûcherons, gentils, à grailler du caribou avec votre accent chelou ? Quoique, l'accent, vu le tiens..


Quoi ? Comment ça c'est pas sympa ?
Si Simje n'a qu'un très faible accent polonais, c'est avant tout parce qu'il vient d'une famille aisée qui a poussé l'éducation des enfants à outrance, qu'ils ont beaucoup voyagés et que Simje est franchement maniaque quand il étudie quelque chose. Comme cette rune débile que je n'arrive pas à déchiffrer, c'est fou ça. En plus j'suis tout seul sur le cas, pourquoi est-ce que personne d'autre ne prend le temps d'étudier tout ça ? C'est tellement cheaté les runes c'est comme des super pouvoirs mais tellement accessibles si on prend le temps.. Sérieusement, la plupart des gars qui préfèrent la baston, cimer quoi, retour à la préhistoire, genre GNEUH TAPER TAPER TAPER, BATON CAILLOU TOUT BRULER.
Je déteste.


-Heureusement que t’habites pas dans un gratte-ciel, je pense que j’aurais fini par décéder. T’habites à quel étage ? Mon cardio t’annonce qu’il ne va pas bien.

Bichoune.

- C'est un cliché polonais, rien n'est aux normes. On est au sixième et ton cardio t'annonce que trop d'alcool ça a tendance à dessécher.

Il l'a cherché.
C'est un peu la façon maladroite du brun de dire s'il te plaît, t'enfonces pas dans l'alcool, les gens s'y noient, ils en sortent jamais, s'il te plaît fait pas ça, je te promets ça va passer. Maladroit, quoi. Mais chacun sa façon de faire, non ? Il s'est déjà assez lâché en tirades pour une bonne centaines d'années.

-Tu veux bien que je dorme ici ? Je veux dire, j’ai pris une semaine. J’avais pas l’intention de venir te déranger, surtout dans mon état.

Vague de gêne.
Putain merde, autant je propose mais il a pas du tout envie de rester ici, autant moi dans ma tête c'était à ça que ça ressemblait mais pour lui c'est vraiment super awkward, autant il est trop poli pour dire non, je sais, putain, je dis quoi ?
Gêne. Sérieusement c'est gênant, surtout si il dit qu'il avait pas l'intention de quoi que ce soit, oh, chiant. Je réponds quoi ?


Il se racle la gorge, essayant vaguement e reprendre contenance, un peu moins gêné surtout pour ne pas rendre la scène trop malaisante.

- Comme Monsieur n'a pas daigné m'envoyer une réponse, j'ai rien prévu d'autre. J'te propose pas de rester ici en l'air, si tu veux, tu peux. Sinon, il y a un appartement au premier étage qui peut être loué pour la journée je crois. Les prix doivent pas être exorbitants, surtout par rapport au Canada. (bienvenue chez les pauvres Allen)


Mais bon, comme t'es mis à pied, tu devrais économiser, haha.
Je dis pas ça pour appâter les gens chez moi, promis.
J'ai d'autres techniques.


- Par contre si tu restes ici, hors de question que tu traines dans ma tête.

Oh, imaginez la gêne permanente, genre j'me réveille en sursaut avec des pensées super glauques, ou mieux encore, et non évite d'y penser, oublie pas qu'autant il traine dans tes pensées, MAIS BORDEL COMMENT EST-CE QUE JE PEUX SAVOIR QUAND EST-CE QU'IL EST DANS MA TETE OU PAS ? Je peux pas savoir. Autant tenir sa langue-dans-sa-tête.
Sérieusement, feuler, c'est un pouvoir vraiment moins intrusif.


Bref. Simje s'avance finalement à dire un merci, et pas un merci du bout des lèvres non, un merci bien à plat comme il faut. Comme quand on pose une main sur l'épaule de quelqu'un, comme des lèvres sur un front, vous voyez, le genre de choses sur lesquelles on peut compte.
Le blanc s'éternise un peu, s'étire même. L'appartement est assez grand, spacieux mais il semble qu'une bulle s'est refermée autour d'eux, tissu serré et opaque, juste deux respirations.
L'autre avale d'une traite le citron bordel si tu vomis sur le parquet on va pas être potes, oh là là il a tellement pas intêretet se pose sur le - vieux - canapé. Petite surprise de la maison, c'est presque que des meubles de récupération. Voilà, c'est ça de dire à papa qu'on a pas besoin de lui et de son argent.

-Ok, je suis gêné là. Pas l’habitude qu’on me remercie en fait. Du coup euh, de rien ? Et t’es pas incompétent, sinon on serait pas là à se parler tranquillement.

Il devrait arrêter d'essayer d'être gentil, des fois c'est pas toujours le moment. Mais c'est chou. Mais c'est pas toujours le moment quand même. Sauf si il est du genre fourbe, le genre "be nice first or they won't believe in it anymore, yeah, be nice until it's time to stop. Then kill'em all."
Allez savoir.


-On va oublier la cuite si tu veux bien pour le moment.

Mouais, c'est un peu facile ça monsieur le caribou.

-Mais du coup, ils ne t’ont vraiment rien reproché ? Je suis vraiment content si c’est le cas, ça m’aurait vraiment saoulé de subir leur satanée mise à pied tout en t’ayant aussi fait des représailles. Je suis certain que ça ne dérangerait pas Orpheo de pénaliser plein de monde, surtout avec tous ces conservateurs au Conseil. Toujours la faute des conservateurs de toute manière.

Simje ne comprend pas pourquoi il s'est mis à parler si bas, comme si les mots tiraient sur les cordes vocales et lui donnaient ce timbre rauque et émaillé. Comme si les mots reflétaient ce qu'il a à l'intérieur de lui - pas quelque chose de beau à voir ou à découvrir.

- Ils m'ont envoyé un mail bien formel, et n'ont rien dit de plus. J'ai totalement été isolé après ça, plus aucun accès aux missions importantes mais j'ai été appelé pour des cas un peu plus moindres. Je fais pas vraiment parti des services en fait..

Main passée dans les cheveux, gêne. Il retient le reste de l'histoire entre ses lèvres subitement pincées.

- .. donc du coup.. voilà, ils ont que très peu d'influence dans ma vie. Je n'ai croisé qu'une fois des dirigeants d'ailleurs conservateurs - voilà, changeons de sujet, délicieux, protect yourself - à Berlin. Elizabeth Porter. Tu connais ?

Elle avait l'air hyper chelou et elle a essayé de m'enrôler dans je sais plus trop quoi, j'ai flippé, choppé le chien et je me suis tiré. Voilà. That's called bravery.

Le ciel à l'extérieur commence à s'éclaircir, rare en cette période de l'année pluvieuse et Simje se lève - paresseusement - et comprime dans ses poumons l'envie de s'étirer comme un félin. Tu vis tellement trop seul gros, c'est dur après d'être sociable mmh.

- Un café ? Comme ça après on va dans le jardin. Histoire que tu m'expliques comment j'ai pu tomber là dessus.

BIM, des jours et des jours que j'attends ce moment - délicieux - mais que j'avais besoin de le voir en vrai Allen - au moins ça va nous distraire, changeons d'idées.
Le polonais s'approche d'Allen et lui tend une photo.

Cette photo.

Au moins, il pourra m'expliquer deux trois trucs. Comment j'ai pu trouver ça dans les affaires de ma sœur, sur son bureau en plus. Peut être qu'elle l'a gardé pour les abdos, hein, c'est compréhensif, mais comment elle a pu rentrer en sa possession déjà, c'est un peu plus mystérieux. Je sais qu'elle sort énormément, qu'elle voyage beaucoup aussi, mais ça reste improbable. Mais vas-y Allen, explique toi, le café siffle déjà.

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- Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ?
- Oui mais c’était des méchants !


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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptySam 2 Sep 2017 - 22:08

« Y’a un truc, mais je suis bien incapable de mettre un mot dessus. »

J’essaye de m’expliquer la raison pour laquelle j’ai cette tendance à vouloir taquiner cet homme à ce point. Pourquoi, même bourré, je me fais un devoir de le faire réagir. Sa réaction peut-être. Depuis que je suis arrivé, il m’a l’air toujours un peu… un peu… je ne sais pas, un peu trop gentil peut-être ? Un peu moins à me lancer ces réflexions qui me font hérisser tous mes poils de bras. C’est vrai que je ne n'aime pas trop ça, mais d’un autre côté, c’est ce à quoi j’ai toujours été habitué de sa part – même si ça ne fait que deux fois que nous nous sommes vus, encore une fois – alors je ne peux m’empêcher de me dire que j’en suis un peu responsable. Il est gentil Simje. Vraiment gentil. Et je suppose que, puisqu’on devient amis, il a peut-être plus envie de me préserver ? Je ne sais pas. En tout cas, il n’a pas l’air dans son état tout à fait normal. Ou peut-être que, au contraire, c’est ça son état normal ?
Est-ce que j’ai volontairement envie de me poser mille questions sur le caractère du polonais ? Non, je ne crois pas. Discussion close. Retour à la ligne.
Le voilà qui roule des yeux. Réponse dans 3,2…

- Et vous êtes tous bûcherons, gentils, à grailler du caribou avec votre accent chelou ? Quoique, l'accent, vu le tiens..

Trop rapide pour moi. Je fais mine de me renfrogner. Juste mine, parce que dans le fond j’ai juste envie d’exploser de rire. L’image est plaisante, des bûcherons. Je pourrais avoir la tête d’un bûcheron… ou pas. Un sourcil se hausse, interloqué, un peu frustré aussi et je lance sur le même ton, appuyant un peu plus mon accent :

-T’as un problème avec mon accent canadien ? – J’abandonne, ou plutôt j’essaye d’abandonner sans trop de succès l’accent de ma patrie d’adoption et poursuit – D’autant que je vais t’apprendre un truc mais je suis suédois de naissance.

J’ai pas trop la tête du suédois de base. Ni même du norvégien en fait. Ni des pays du nord en fait. Je n’ai pas les yeux bleus, les cheveux blonds platine. Je ne suis pas un stéréotype des pays nordiques même si ma famille y vit depuis des générations et des générations. Vous remercierez ma mère aux cheveux et yeux bruns qui a pompé tous les gènes de la famille pour me mettre, moi, au monde, un gamin brun ténébreux.
Quand on me compare à mon cousin, on sent clairement la différence et on se demande ce qu’il s’est passé. Dame ma mère, vous dis-je. Bref, en attendant, je décuve de manière drastique en montant ces marches. CES MARCHES. Pas foutu d’installer un ascenseur. Si je dois revenir un jour ici, je m’engage à faire passer l’argent qu’Orpheo me doit pour m’avoir Indignement mis à pied pour installer un ascenseur dans ce bâtiment. Parole de directeur. Je vais te le saigner Orpheo, à un point qu’ils vont regretter de s’en être pris à moi. Les conservateurs principalement. No shame.
Donc au final, pour en revenir à la situation présente, je me retrouve à expulser mes poumons hors de mon corps tant mon cœur menace à chaque battement d’exploser dans ma poitrine. C’est pire que fumer cette histoire. J’ai déjà bu à ce point mais quand même. PERSONNE NE M’AVAIT FAIT MONTER AUTANT D’ETAGES APRES UNE CUITE. Sois fier, le polonais. Mais je ne te les remonterais plus avant d’avoir expulsé la dernière goutte d’alcool dans mon sang. Ah, j’ai envie de vomir mes tripes. De vomir tout simplement.

- C'est un cliché polonais, rien n'est aux normes. On est au sixième et ton cardio t'annonce que trop d'alcool ça a tendance à dessécher.

Au sixième. AU SIXIEME. A partir de quel moment on juge qu’un sixième étage ne justifie pas l’utilisation d’un ascenseur hein ? C’est quoi les critères des polonais ? est-ce qu’ils sont trop habitués à marcher ? Au QG, t’as des ascenseurs partout, absolument partout. Des escalators dans l’entrée même. Tout est fait pour plaire au dieu de la flemme et déposer des offrandes à ses pieds. Et dire qu’il se les monte presque tous les jours. Enfin, tous les jours en fait, ces marches. Il devrait juste avoir une santé de tonnerre. Bon, plaçons mon manque d’endurance sur le compte de l’alcool. En fait, c’est effectivement la faute de l’alcool. Mais ça reste six étages. SIX ETAGES. Je m’en remets pas. Vous êtes pas aux normes, tout à fait.
Et merci de l’avoir fait remarquer.

A force de causer, parce qu’on parle quand même beaucoup depuis que je suis en train de décuver, Simje il en vient à me demander de poser mes affaires. Genre, normal. Genre c’est naturel. C’est peut-être naturel. J’en sais rien, j’ai dit que j’étais pas quelqu’un de super entourés d’amis proches. D’amis suffisamment fous pour me supporter en fait. Du coup, je tente de tourner ma phrase de façon à… à lui faire comprendre que je ne suis pas certain d’avoir bien entendu.

Et là, c’est le moment de silence.
Ok, j’aurais peut-être dû être un peu plus démonstratif dans ma façon de voir les choses. Lui dire que c’est cool de me proposer et que ce sera avec joie que j’accepte mais que j’ai pas non plus envie de me la jouer et de réquisitionner les lieux.
Ouais, j’aurais vraiment juste dû le dire de cette façon au lieu de sortir mes phrases alambiquées qui veulent dire l’inverse et leur contraire. Mais bon, Simje, il se débrouille très bien et après cet instant de gêne intense, il se racle la gorge et répond :

- Comme Monsieur n'a pas daigné m'envoyer une réponse, j'ai rien prévu d'autre. J'te propose pas de rester ici en l'air, si tu veux, tu peux. Sinon, il y a un appartement au premier étage qui peut être loué pour la journée je crois. Les prix doivent pas être exorbitants, surtout par rapport au Canada.

Oj, il va s’calmer le polonais. Déjà, lui répondre m’avait effleuré l’esprit. Malheureusement j’avais d’autres préoccupations en tête et 2g de jus dans le sang alors ouais, j’ai oublié. Désolé. Bon et puis, la proposition de l’appartement au premier étage, très peu pour moi. Je ne suis pas trop à l’aise en-dehors de chez moi. Les hôtels ça passe en seconde position dans l’échelle du confort et les maisons lambda c’est en-dessous de mon seuil de tolérance. Je préfère encore être chez quelqu’un que je connais que perdu dans un coin. Et puis, ça c’est un coup pour finir au bar jusqu’à pas d’heure encore. Je sais que j’ai dit que c’était ma dernière fois, mais il y a une espèce de dépendance malsaine qui s’installe lorsqu’on commence. L’avantage ici, c’est que je parle, que je ris alors ça m’empêche d’y penser. C’est un magicien cet homme. Je m’apprête à lui répondre mais il me devance en un instant.

- Par contre si tu restes ici, hors de question que tu traines dans ma tête.

J’aimerais lui répondre que ça ne fait pas partie de mes préceptes de vie de fouiller dans la tête des gens mais il sait que c’est faux. C’est nul d’avoir un ami, tu ne peux pas vraiment lui mentir sur les choses classiques. Bah, tant pis. De toute façon, dans mon état actuel, ça ne risque pas. Plonger dans la tête de qui que ce soit avec un mal de crâne, c’est l’assurance d’une perte d’équilibre immédiate. Allen, stade larvaire. Après par contre…
Bon, c’était une demande. Non, un ordre du maître de maison. Je me masse l’arête du nez, et mime sur mes doigts les différentes possibilités qui s’offrent à lui.

-Y’a plusieurs solutions pour éviter ce souci : soit je reste bourré, soit tu traces une rune pour me tenir à l’écart de tes pensées, soit tu me crois si je te dis que je ne le ferais pas – et que je puisse moi aussi me croire. Et j'accepte ta proposition de rester dormir ici, je voulais juste être sûr d'avoir bien entendu. Merci.

Je suis très très apaisant dis donc. J’aurais pu me retenir de prononcer la dernière parole. Ouais j’aurais pu. Mais je vais faire mon possible. Enfin, au moins il sait que je ne suis actuellement pas en capacité de lire dans ses pensées. Pas que j’en ai non plus envie. Enfin, ses pensées ont toujours été très conséquentes. Je me souviens qu’au début, c’était plus un flot qui me tombait sur la tête. Maintenant, j’ai un peu appris à réguler tout ça. Quelque part, ça m’a fait du bien, je suis un peu moins sou pression, je gère un peu plus mon don et parvient mieux à me concentrer sur une personne et non pas sur un brouhaha de plusieurs entités.
Bref, est-ce qu’on s’en fiche ? Un peu.

Viens le moment où il me remercie et où c’est à mon tour d’être gêné. Bien bien bien. Je me lance alors dans un long monologue pour cacher un peu tout ça, m’affale sur le canapé sans pour autant me taire. Mon estomac accuse difficilement le citron venu l’agresser d’un coup et ça fait un jus en ébullition bloqué à hauteur de mon œsophage. Non, non. Reste om tu es. J’ai plus envie de bouger, là tout de suite. Evidemment, mon cerveau trouve le moment opportun pour me rappeler mes six étages montés et mon regard porté vers le bas une fois en haut. Charmant. Tout. Va. Bien. Capitaine Nemo n’a pas encore trop le mal de mer.

- Ils m'ont envoyé un mail bien formel, et n'ont rien dit de plus. J'ai totalement été isolé après ça, plus aucun accès aux missions importantes mais j'ai été appelé pour des cas un peu plus moindres. Je fais pas vraiment parti des services en fait..

Moment de silence. Il passe la main dans ses cheveux. QUE DIABLE, ON A LE MÊME TIC. Quelle originalité. J’attends la fin de la phrase, concentré sur ses mots et sur mon ventre. Ça va, ça va vite passer. On y croit. La nausée, elle n’a jamais duré très longtemps avec moi. Le mal de tête par contre, ça peut rester toute la soirée, même en ayant décuvé. Vous remercierez tous les dons psychiques qui t’attaquent le cerveau même sans que tu ne t’en serves. Bref, il disait donc qu’il ne faisait pas parti des services. J’attends mon explication.

- .. donc du coup.. voilà, ils ont que très peu d'influence dans ma vie. Je n'ai croisé qu'une fois des dirigeants d'ailleurs conservateurs à Berlin. Elizabeth Porter. Tu connais ?

Ah ça c’est mesquin. Ça, c’est très très vilain. Je sens le virage prit à 360°, pour parler des conservateurs. Non, en fait, pour parler de Mme Porter. Les questions se bousculent, comme dans une queue de gameurs à la sortie du dernier jeu à la mode. C’est la débandade. Genre « c’était quoi la fin de ta phrase ? » et « pourquoi Orpheo a pas d’influence sur ta vie ? » Et puis, j’en viens à me demander si c’est un espion par hasard, si ça se trouve c’est un sorcier noir et je ne suis pas au courant. Vous vous rendez compte du truc que ça produirait à Orpheo, un agent double ? Non, je divague, il ne me balancerait pas ce genre d’information capitale de manière aussi légère. Il a piqué ma curiosité malgré tout. Il l’a frappé même. Très fort. Passons au deuxième lot de questions pouvant se résumer à « Comment tu connais la dame Porter ? ». Non, parce qu’il est vrai que l’Allemagne et la Pologne sont à touche-touche, mais de là à croiser la dame comme ça tout en connaissant sa fonction et son nom, c’est autre chose. Personnellement, j’ai beau avoir été 7 ans à la tête d’un QG, je n’ai quasiment jamais entendu son nom et son visage m’était jusqu’alors totalement inconnu. A moins que… ce soit aussi un conservateur ?

Attends, stop. Tu peux pas me balancer trois quatre phrases et me mettre à te traiter de sorcier noir ou de conservateur. Va falloir rétablir la vérité et soulever le voile d’ombre. En temps normal, je m’en serai retenu à ses propos, j’aurai par la suite purement et simplement brisé ma promesse pour fouiller dans sa tête et trouver les réponses sans avoir à poser les questions. Malheureusement, je suis bourré, j’ai mal au ventre et à la tête. Ça veut dire zéro filtre, zéro capacité d’utiliser mon don, zéro réflexion. Point. T’avais qu’à pas te la jouer brun ténébreux à ma place. Oui, enfin je trouve quand même le moyen de ne pas être trop violent, par un miracle certain.

-Va falloir être un peu explicite sur ton boulot quand tu en auras l’envie. Et Porter, oui, je la connais. Une charmante dame très classe. Elle m’a littéralement détruit en négociation mais nous avons bien discuté. Tu la connais d’où ? Vu ton visage, je ne suis pas certain qu’elle t’ait laissé exactement la même impression.

Bon, cette histoire de ventre commence à redescendre. Je repense au dîner que j’ai eu avec elle. À mes concessions sur ses opinions. Ça s’est plutôt bien passé après tout. C’est une femme très respectable. Mais bref, ça ne m’empêche pas d’être vraiment curieux de sa profession. Je ne me suis pas vraiment posé la question. Pour moi, Simje a toujours été un exorciste et un maître en runes. On peut travailler de manière détachée à Orpheo ? Oui, enfin ça c’est certain, mais je ne sais pas. J’en sais rien. Il m’a perturbé. Je ne vais pas arrête de me poser plein de questions maintenant.
C’est malin.

- Un café ? Comme ça après on va dans le jardin. Histoire que tu m'expliques comment j'ai pu tomber là dessus.

Mon sourcil droit se lève à outrance. À outrance, oui. Stop les curiosités. Enfin, cette curiosité-là ne devrait pas trop tarder à trouver sa réponse, le voilà qui part me chercher une photo qu’il me tend avec une expression indéchiffrable. Je l’observe un instant puis abaisse mon regard sur la photo.


Ménon. Mais non. Mais noooooooooon.

Comment ?
Juste, comment c’est possible ?

Pas besoin d’être sobre pour reconnaître cette photo. Je me souviens qu’on avait le rire gras au moment de la voir, y’a quelques années. Ah, on avait vraiment beaucoup, beaucoup ri. Les remarques avaient fusé et je me souviens que dans cette dite soirée vraiment très très arrosée, la photo était passée dans toutes les mains. Heureusement, on avait instauré une règle idiote qui disait pas de portables pour pas faire de conneries et la photo était donc restée à l’état de banale photo sans numérisation improbable. Donc, au final, la photo n’appartenait qu’à la propriétaire de l’appareil. Propriétaire dont je me souviens parfaitement, même complètement foutu. Les détails non, mais les faits, oui.

On en revient au moment présent ? Oui. Donc, je manque de m’étouffer avec ma salive, parce qu’il ne faut jamais sous-estimer la capacité de son propre corps à te tuer. Après ça, je me mets à rire franchement, parce que c’est quand même très drôle et que ça me rappelle des souvenirs idiots. Puis, je me lève, doucement et balance, suspicieux et impressionné d’avoir pu retoucher une fois à cette photo :

-Ok pour le café déjà. Quand à… à ça – je retiens un nouveau rire dans ma gorge – je ne sais franchement pas comment il a pu se retrouver chez toi. C’est une fille qui possède ce cliché et ça m’étonnerait d’elle qu’elle ait décidé de l’abandonner chez qui que ce soit.

Moment de silence. La petite hilarité est passée et le moment de réflexion approche. Y’a effectivement qu’une seule femme au monde à posséder cette photo. S’il l’a trouvé chez lui, est-ce que ça signifie qu’eux deux, ils sont… ? Oh le malaise. Va falloir commencer par mâcher mes mots et se la jouer aussi mec-qui-garde-des-secrets. Chacun son tour. Mais d’abord :

-Attends. Ouais, justement. Tu connais Ambrozy ?

J’ai bien fait de sortir son nom ? Je sais pas. En même temps, ça ne sert à rien de le cacher, j’ai déjà balancé le fait qu’elle était la seule à avoir cette photo. Non mais cet homme a soulevé trop de questions d’un coup. Je sais que je ne connais rien de sa vie, mais pour le coup j’ai la sensation de devoir en apprendre trop d’un coup.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyDim 3 Sep 2017 - 12:40

Allen fronce les sourcils, un peu, et une moue apparaît sur son visage. C'est plus mignon que terrifiant, désolé l'ours-brun-du-canada. Peut être qu'au fond Simje, il est un peu empathe, ou un peu observateur. Peut être qu'il capte juste les phéromones comme le fond les animaux mais il sent un peu de tension d'envoler, comme si là dans cet instant, Allen avait finalement oublié à quel point il avait envie de pleurer.
Une excellente chose, somme toutes.

-T’as un problème avec mon accent canadien ?

Pfpfpfpf, n'importe quoi. Si c'est ça ton accent Canadien, tu viens du Pérou en fait mon pote.

- D’autant que je vais t’apprendre un truc mais je suis suédois de naissance.

Alors ça, c'est peut être une déformation professionnelle - ou personnelle, un défaut quoi - mais je suis peut être allé fouiller dans les dossiers, les archives et les bases de données.
Bien que son niveau avec les PCs soit strictement celui d'un humain lambda, Simje gère l'essentiel qui lui permette de s'infiltrer un peu partout. Les polonais ça insiste pas à la méfiance. Ou alors ce sont juste des données publiques pour les travailleurs d'Orpheo ce qui serait, vraiment moins badass.
Aussi lâche-t-il d'un ton détaché du style c'est-normal-tout-le-monde-le-sait :

- Et tu as la double nationalité norvégienne. Je sais, oui.


Allez, c'est tout pour moi.
Enfin, fallait le chercher ça quand même son côté norvégien parce que je le vois plus une bière à la main en train de manger de la poutine que tel un viking, en pleine mer à essayer de pêcher deux trois baleines. Ou des thons. Ou le reste. Aucune idée de ce qu'ils font réellement de leur vie ces gens là.
Bref.
Plus Simje regarde Allen, plus il a l'impression de voir quelqu'un d'autre. La première fois qu'ils s'étaient vus, Simje mourrait de gêne alors que l'autre se trainait son manteau de directeur avec lui, lourd, imposant. La deuxième fois, tout s'était effondrés, totalement différents de ce qu'ils étaient vraiment ou avaient été, last people standing at the end of the night, the grestest pretenders in the cold morning light*, rien de semblables à leurs vraies personnalités.
Mais maintenant ?
Allen avait perdu des plumes dans l'affaire, peut être des morceaux de lui même qui trainaient maintenant dans la poussière et Simje.. Simje, quoi. Peut être qu'il n'a jamais été complet finalement.
Et tant qu'il reste en dehors de ma tête, everything will be fine.

-Y’a plusieurs solutions pour éviter ce souci : soit je reste bourré, soit tu traces une rune pour me tenir à l’écart de tes pensées, soit tu me crois si je te dis que je ne le ferais pas – et que je puisse moi aussi me croire. Et j'accepte ta proposition de rester dormir ici, je voulais juste être sûr d'avoir bien entendu. Merci.


Je sais même pas par où commencer, yeha il reste une semaine chez moi - aucune idée de ce que ça mange un Canadien - et sinon, le gars ça lui a pas suffit de se faire scarifier l'intégralité du dos, il en redemande quoi. Et genre il fait comment po|..
Ses pensées s'arrêtent brusquement quand il réalise qu'il allait se dire il fait comment pour annoncer les décès aux familles s'il n'arrive pas à rester en dehors des têtes ? et même si Simje sait que dans l'instant, Allen ne peut rien lire que l'alcool soit béni il déteste cette sensation de fouiller dans la souffrance du canadien.
Bien.

- J'te fais confiance. même si mec, t'as vraiment l'air d'avoir envie de vomir sur mon parquet et là, j'suis désolé ça sera plus possible entre nous, faudra fuir.

Le ton est léger, comme il doit l'être QU'ON SE SORTE DES GLAUQUITUDES PAR PITIE mais il a bien conscience que c'est un défaut monstre très désagréable à vivre pour les autres que de s'enfoncer tout seul comme ça dans les sujets sales. Et s'il ne s'en rend pleinement compte que maintenant c'est bien qu'il vit seul, travaille seul [s]ne ramène pas ses conquêtes mais préfère aller chez les autres pour pouvoir se barrer en discret[/s] et finalement s'est bien trop habitué à être seul. Alors le voile noir qui vient faire coucou de manière inopiné, quand on est en train de lire un truc tout seul, tout le monde s'en fou, faire subir ses montagnes russes à quelqu'un c'est un peu plus relou.

-Va falloir être un peu explicite sur ton boulot quand tu en auras l’envie. Et Porter, oui, je la connais. Une charmante dame très classe. Elle m’a littéralement détruit en négociation mais nous avons bien discuté. Tu la connais d’où ? Vu ton visage, je ne suis pas certain qu’elle t’ait laissé exactement la même impression.

L'art d'être dans le déni, c'est aussi être capable d'oublier totalement une phrase quand elle ne nous arrange pas du tout.
Il esquisse un grand sourire au souvenir de sa rencontre avec Dame Elizabeth.

- Je ne suis pas très sociable.

Et en soit c'est tout, le gars, c'est une taupe. Par avance il anticipe que si il accepte de travailler avec elle, va falloir dire des trucs, parler, répondre, être sympa, oh là là beaucoup trop chiant.

- On s'est croisé aléatoirement à Berlin, elle connaissait mon visage - eh à y penser je ne sais absolument pas d'où - parce qu'elle avait un travail sur les runes à me proposer. Que euh j'ai refusé du coup.

Vas-y, balance tes raisons.

- .. vraiment pas très sociable.

Ni serviable du coup. Pas sympa ce type, c'est fou.

- Mais ça ne m'étonne pas qu'elle puisse être difficile à torde en négociations.
[s]elle s'arrête jamais de parler. Comme les requins qui meurent s'ils s'arrêtent de nager, she's kinda like that with talking**[/size] Tu connais son mari aussi ? Les gens ont des avis incroyablement tranchés sur eux. Et sur les conservateurs.

L'avantage d'habiter en Pologne c'est que l'avis des pays de l'Est, tout le monde s'en tape le coquillard sur la banquise et que le pôle Européen d'Orpheo n'a pas spécialement l'air de réaliser que la Pologne, bande de culs, c'est l'Europe. Bande de culs.

Et donc cette photo.

Et le visage d'Allen qui change de couleur tel un caméléon, incroyable, je pourrais lire les souvenirs sur son visage comme un kaléidoscope un peu flou. Il manque de s'étouffer, ce qui fait gicler un rire franc des poumons de Simje. ahahahahah, il prend trop cher en même temps sur cette photo, c'est délicieux; ça me fait moins rire que ce soit Rosie qu'il l'ait celle là, mais attendons les explications.
Bien sûr, ça tombe sur la seule soeur qu'il considère assez pour lui avoir collé un surnom. Bien sûr.
La syncope est proche les amis.

-Ok pour le café déjà. Quand à… à ça, je ne sais franchement pas comment il a pu se retrouver chez toi. C’est une fille qui possède ce cliché et ça m’étonnerait d’elle qu’elle ait décidé de l’abandonner chez qui que ce soit.

Non non, on est loin de l'abandon mon pote ET VA FALLOIR S'EXPLIQUER FISSA.

-Attends. Ouais, justement. Tu connais Ambrozy ?
- Mmh mmh. (autant s'expliquer assis avec un café entre les pattes)

Et donc, le café siffle dans la cafetière italienne mon dieu cette odeur, cette odeur qui a fait plus pour les étudiants que la Vème république*** et Simje l'attrape pour monter aux jardins. Tout le reste est déjà en haut, tasses, chaises - sac à vomi - et de l'air frais avec une jolie vue sur la ville, si petite en contrebas. Surtout les gens.
Surtout les rats.

Simje siffle la bestiole qui lève la tête genre whuat? alors qu'il ajoute "Wyjdź na zewnątrz" et elle baille avant de sautiller avec eux dehors. Allez, avons que c'est super marrant de parler une langue totalement incompréhensible pour les autres. Oui il pourrait faire pareil en Norvégien, Suédois et que sais-je encore. D'ailleurs, si il est né en Suède, nationalisé Norvégien c'est qu'il a du pas mal bouger. Du coup, pour lui, c'est où son chez-lui ?
Ca lui fait un peu penser aux déracinés.

Il s'assoit, attrape deux mugs, verse le café fumant s'assoit on s'en bat, les, couilles, il appréciera la vue plus tard.

- Elle est polonaise aussi, entre polonais on se connaît tous. Elle est grave jolie.

Voilà, bien ça, ne pas mentir parce que tu sais pas faire vieux, rester un peu vague, de toute façon je suis sûre qu'une vague de malaise va arrive, je vois pas pourquoi elle aurait gardé la photo d'un mec lambda d'une soirée, oh là là parce que en plus j'avais espoir qu'autant elle n'ait qu'une photo de cette soirée et qu'elle la gardait pour le gars de derrière mais non Allen il se souvient bien de son prénom - aussi chelou qu'il soit - oh bordel.
Dis moi que tu te l'es pas tapée.
Au pire juste embrasser. Ca serait déjà un level de chelou extrême, mais alors rien d'autres. Bordel rien d'autres, j'veux pas être obligé d'imaginer.

[HRP : je n'avais pas internet quand j'ai écris ce RP, les références sont posées de mémoires.
* = Bastille, get home.
** = To the bone.
*** = Romain Gary - la promesse de l'aube. ]

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyDim 3 Sep 2017 - 22:34

« Quelque part, il n’est pas tout à fait crédible, cet accent. »

Vous avez déjà entendu un canadien parler ? Un vrai canadien s’entend, pas un immigré des pays européens. Une personne comme Octavius en fait. Une personne qui te sort des mots que tu ne comprends pas, même après 7 ans passés sur le territoire. Ils sont fantastiques ces canadiens ; même en essayant de les imiter, tu n’arriveras jamais à leur niveau. Le problème par contre, c’est leur français. Je me retrouve rarement, très rarement en France parce que je n’ai…. Aucune raison d’y aller, mais ayant appris le français au Canada, il arrive qu’on me sorte « Hey, mais t’es canadien ? » alors que je fais de mon mieux pour parler français. Il m’a fallu beaucoup, beaucoup de temps pour comprendre que ces deux langues-là se comprennent mais ne s’accordent pas exactement pareil. Ça a été un véritable casse-tête pendant un instant. Je ne parle même pas des explications qui suivent « non mais en fait je suis suédois mais ma famille est norvégienne, j’habite au Canada et je viens parfois rendre des comptes en France. »
T’es clair, mec, on te comprend 5 sur 5.

J’ai l’air content de moi, à lui annoncer qu’en fait ma vie est un mensonge et que ma position de directeur au Canada n’a rien à voir avec ma nationalité d’origine. En vérité, à mon entrée là-bas, il a fallu très rapidement entamer une procédure pour obtenir la double-nationalité, attaché comme je le suis à ma patrie de… presque naissance. Mais alors voilà, Simje, je crois le connaître mais cet homme aura toujours le dernier mot. Le voilà qu’il avance immédiatement.

- Et tu as la double nationalité norvégienne. Je sais, oui.

Soufflé, je suis. Ça va jusqu’où, son degré de connaissance ? Au nom de mes parents ? Bon, ça ne doit pas être trop difficile de trouver la généalogie des Kristiansen vu leur influence sur les pays nordiques mais nous sommes si nombreux qu’il lui faudrait un certain temps pour retrouver exactement le nom de mes parents. Enfin tout de même.
Tout de même.

Je lui lance un air décrépi, comme ce papier-peint qui se laisse tomber du mur tant il est déprimé d’être laissé à l’abandon sans colle et sans attention. Je n’ai rien à lui apprendre de ma propre vie. C’est un peu déprimant. Je dirais même que c’est trop déprimant. La larme à l’œil, retenant comme je peux le presque rire au fond de ma gorge, je poursuis :

-Simje… Je savais pas que je t’intéressais autant.

Quelqu’un sait à quel point je peux rapidement devenir un gosse chiant ? Je ne sais pas si c’est par désir d’oublier rapidement ce qui me tracasse maintenant que les phrases ont été posées, maintenant qu’il m’est enfin possible de passer à autre chose. Je ne sais pas si c’est l’alcool qui fait monter et descendre toutes mes émotions à une vitesse folle sans transition. Mais bref, tout ça c’est trop tentant. Je me fais un devoir de l’embêter, le taquiner, le faire chier quoi. Comme le gosse forcé de grandir trop vite que je suis. Oh et puis, je m’en veux d’être bourré un peu. Les réactions mentales de Simje doivent juste être sensationnelles. Je l’imagine tellement réagir sur chacune de mes phrases, se foutre de moi, bref.
Il est bien comme il est.

Il paraît que l’appartement d’une personne, ça reflète un peu ce qu’elle est. Je sais que je l’ai déjà dit, mais maintenant je m’attache un peu plus aux détails. Aux choses rangées, aux choses moins rangées, à la disposition des meubles, à la gestion de l’espace, au choix des pièces selon l’agencement de l’appartement. Je pense aussi aux six étages que j’ai dû monter, qui ont également fait monter l’alcool dans mon ventre. Je pense à tout ça. Et je me dis que Simje est un mec cool. Peut-être un peu trop habitué au calme – mais je ne m’avance pas – mais malgré tout quelqu’un de confiance. Du coup, quand il me parle de confiance, je me dis que quelque part je lui dois bien ça. C’est pas comme si j’étais arrivé quelques minutes plus tôt avec une tête de dépressif et les idées en boulet accroché sur le crâne. Je pense qu’après la première vision en deux mois qu’il ait eu de moi, il a également le droit d’en voir un petit bout plus sympathique. Plus… moi de tous les jours. Le mec qui veut une vie tranquille et qui aime ses potes plus que tout. C’est une terre sacrée, les amis.
Du coup, même si je suis à deux doigts de lâcher mon repas d’entre deux avions, je trouve la force de lui répliquer deux trois solutions. Et il décide de prendre celle qui, évidemment, va me coûter le plus. Vilain, vilain Simje.

- J'te fais confiance.

Les gens maintenant, je vous jure c’est plus ce que c’était. Les gens ils te croient sur parole quand tu leur dis que tu fouilleras plus dans leurs pensées. Je sais que j’ai promis. Je sais que je déteste la trahison et que l’honnêteté est un de mes préceptes de vie. Mais attendez cinq minutes. J’entretiens une relation très très sérieuse avec mon don. C’est pas de ma faute, je le jure. C’est comme… je sais pas. On te promet une pomme, là, de l’autre côté d’une rivière. Si tu la manges, tu pourras avoir accès à beaucoup, beaucoup d’informations. Pour la majorité des gens, ils ne pourront pas traverser la rivière. Mais toi, toi, non seulement la rivière elle se transforme en mince filet d’eau lorsque tu t’approches, mais en plus, tu n’as qu’à tendre la main pour la prendre, cette pomme. Oui, la pseudo-métaphore avec Adam et Eve est voulue. C’est le fruit défendu, mais on sait qu’au final, même Eve elle ne résiste pas. Alors moi, pur mortel issu de sa descendance, qu’est-ce que je peux bien faire pour lutter contre ? Je vous le demande.
Mais bon, je vais faire des efforts hein. Pas dit que ça dure. Mais je vais tout tenter. Je vais résister par monts et marées.

Bien, je pense faire une ellipse sur le carnage qu’a provoqué le polonais en à peine deux phrases sur mes neurones. Sorcier noir, conservateur, personne étrange recluse dans sa caverne ? C’est lui le canadien hein. J’aimerais lui poser davantage de questions. Si l’on pouvait revenir en arrière, je dirais même que j’apprécierais franchement s’il pouvait m’en raconter un peu plus sur lui. Dans le genre, ce qu’il fait à son travail et pourquoi le sujet est apparu sur la table comme la carte de la mort dans un jeu de tarot. J’ai rien contre les secrets – ceci est un mensonge, je déteste ça – mais il y a secrets et secrets. Et celui-là m’a l’air d’être assez lourd. Bah, ce serait facile de passer outre, de dire que j’ai rien entendu de tout ça. Mais après mon abominable comportement – toujours en cours – je me sens un peu plus idiot. Un peu plus fragile aussi. Je n’aime pas trop me montrer comme ça, sous mes mauvais jours. Et là, avec ses mots, je me rends vraiment compte que Simje, c’est vraiment juste un inconnu pour moi. Quelqu’un que j’essaye de connaître mais qui n’a pas non plus l’air aussi prêt que moi à balancer ses cinq vérités. Bon et puis il n’est déjà pas aussi achevé que moi. Ça peut grandement aider. Je ne me serais jamais permis ce genre de choses en étant sobre.

- Je ne suis pas très sociable.

Posé dans le canapé, concentré sur ma respiration et les mouvements du ventre, je constate le premier passage passé sous silence. Il est vraiment pas prêt à me raconter ça et je suis vraiment pas en capacité de lire ses pensées. Ça me faitvraiment chier.
Sinon ouais, ça je crois que je l’avais remarqué. Enfin oui et non à vrai dire. La première fois, c’est lui qui s’est pointé dans mon bureau. Bon, il était un peu stressé, mais je pense que c’était une émotion tout à fait naturelle compte tenu des dégâts causés autre part que chez soi. Ensuite, la deuxième fois. Ah, blocage. Fermeture des sas de sécurité. Enclenchement du mode « reste souriant, perds pas pied » dans cinq secondes.

- On s'est croisé aléatoirement à Berlin, elle connaissait mon visage parce qu'elle avait un travail sur les runes à me proposer. Que euh j'ai refusé du coup.

Merci. Oui, concentrons-nous sur cette madame. J’ai l’air surpris qu’il aille à Berlin. Ça y est, c’est reparti pour les scénarios catastrophes. Pourquoi est-ce que mon cerveau fonctionne toujours trop, même soumis à 2g d’alcool ? Ah, ça ne va pas le faire s’il m’apprend qu’il est conservateur. Il va falloir que je mette énormément de valeurs de côté, et ça, ça ne va pas se faire en 4 ans. Ni même en 6. Ou en 12. Je pense que si je devais m’investir corps et âme dans une résistance contre les conservateurs, je le ferais avec plaisir. C’est dans les gènes des Kristiansen de vouloir se foutre là où ils ne devraient pas et gérer les problèmes politiques en se disputant deux bouts de terre. Coucou les Jørgensen. Bref. Comment ça se fait qu’elle le connaisse déjà ? Je vous dis, il y a anguille sous roche.

- .. vraiment pas très sociable. Mais ça ne m'étonne pas qu'elle puisse être difficile à torde en négociations. Tu connais son mari aussi ? Les gens ont des avis incroyablement tranchés sur eux. Et sur les conservateurs.

C’était une furie en négociations. Heureusement que j’avais des idées déjà arrêtées car si ça n’avait pas été le cas, j’aurais certainement pu accéder à ses requêtes. Un échange d’informations entre l’Allemagne et le Canada. Pff. Jamais tant que je serais directeur. S’ils sont aussi curieux, qu’ils aillent se renseigner directement à la maison mère, ils auront les dernières avancées technologiques. Mais juste celles disponibles. C’est comme offrir le bâton pour nous frapper. Jamais de la vie. Et puis, Simje qui me demande si je connais son mari. Alors là.

-Je le connais de nom. Juste de nom et ça me suffit.

Oh que oui, il m’arrive de le voir pendant des gala ou choses de ce genre auquel je me rends très rarement car les invitations se stoppent souvent à l’Atlantique. Mais tout de même, moins je le vois, mieux je me porte. On ne se connaît pas et vu son âge, il doit bien totalement m’ignorer. Ne même pas savoir que j’existe. Minuscule vermisseau que je suis. Mais je suis la génération qui arrive, et ça c’est une force. D’autant qu’il existe quelques directeurs de mon âge. D’un très très jeune âge. Trop peut-être.
Quant à sa dernière phrase. Quoi. Ça lui pose un problème les avis tranchés ? J’ai un avis tranché, oui je me sens un peu concerné. Un peu blessé dans mon orgueil d’exorciste progressiste décuvant sur le canapé dans un état nauséeux. Je devrais me taire ? La bonne blague. C’est tellement mieux de râler.

-En même temps, on peut pas dire qu’eux-mêmes n’ont pas d’avis tranchés en ce qui concerne les fantômes et sorciers noirs. Ça me paraît équitable d’avoir des opinions aussi rigoureuses que les leurs.

Le tout sur un ton proche du « Grmbl ». D’ailleurs, ce dernier trouve naturellement sa place à la fin du dernier mot. Ah, parler des conservateurs me met en émoi. Mon répertoire d’insultes s’allonge sur plusieurs kilomètres en quelques secondes à peine. Je pourrais faire une véritable dissertation dessus, mener des colloques entiers sur le sujet. Il y a tellement à dire, ces gens sont une mine à inspiration. Mais bon, ce serait quand même sympathique de passer à un autre sujet moins aigre, si possible.

Enfin, façon de parler. Lorsqu’il me montre la tête de la photo, j’ai d’abord un passage un peu aléatoire sur ma future réaction puis je me mets à rire. Simje se fiche bien de ma tête à ce moment d’ailleurs. Et moi, moi, comme un idiot, je raconte la vérité, comme de l’eau qui coule, comme une radio, sans vraiment me poser de questions – quand on dit que l’alcool délie les langues. Mais bon, je finis par me poser les bonnes questions. Comme, par exemple, ce que cette photo fiche chez lui. La probabilité exacte pour avoir menée cette photo jusqu’à son chez soi. Ici. Face à moi. Le monde est petit. Trop petit. Même si c’est amusant dans le fond.

- Mmh mmh.

Ce n’était pas tout à fait la réponse que j’attendais. Pas du tout même. Je suppose que ça veut dire oui, ça ne peut de toute façon juste pas dire non. Vous imaginez le malaise si cette photo l’avait quitté des mains pour se perdre on ne sais-où jusqu’à cet homme-là, face à moi ? Ça fait partie des dossiers à ne jamais perdre ça. J’inspire profondément après la passade de rire proche de la nervosité.

Et voilà que Simje file dans la cuisine pour récupérer la cafetière et se pose à l’extérieur avec son chien-loup sur les talons. Le tout après avoir prononcé de nouvelles paroles en polonais. Pouvant une fois de plus se résumer à un « wzwzwzwzwzwz ». Vrombissement de bourdon. Wzwzwzwz. Hey Simje : « wzwzwzwz ». Haha. C’est trop drôle le polonais. J’adore. Je devrais peut-être lui donner quelques mots en norvégien à un moment. Genre, si ça commence à chauffer pour moi ici vu le sujet en cours ?

Après avoir vérifié l’état de mon ventre, je décide donc de me lever et de le suivre à l’extérieur pour me poser quelques mètres plus loin. C’est l’affaire de quelques mètres et pourtant j’ai l’impression d’avoir monté l’Everest. Vous remercierez le jus de citron et les six étages. Non, vous n’avez pas fini d’en entendre parler. Et je radote quand je suis bourré. Raison de plus.

- Elle est polonaise aussi, entre polonais on se connaît tous. Elle est grave jolie.

Sert le café mec, empêche-moi d’ouvrir ma bouche pour trop parler. Permets-moi de garder le silence encore longtemps. S’il te plaît. Je regarde le café couler dans les tasses. C’est pas très clair. Le café et cette discussion. J’ai l’impression qu’un mot de travers suffirait à m’embourber jusqu’au cou. Je devrais juste choisir attentivement mes mots, mais c’est pas évident. Je regarde un peu plus la photo et la fait tourner entre mes doigts.
Vas-y, fais-moi croire qu’ici, vous êtes tous potes. J’ai quand même vécu en Europe, la surface de la Pologne je la connais et ce n’est pas un minuscule pays. Je tourne un regard vers lui, un regard tellement indéchiffrable que même moi, je n’arrive pas trop à savoir ce qu’il transmet. C’est mon regard de réflexion quand je ne suis pas clair. Le paradoxe. Alors, choisir ses mots. Imagine, c’est sa copine. Roh, imagine c’est vraiment sa copine ? Je ne sais pas encore me téléporter et peu importe ce qui se trouve dans ma valise, j’aimerais la récupérer intact. Le scénario catastrophe. Comment je pourrais lui expliquer ça ? « Ecoute, on était un peu tous bourrés et voilà, ça s’est fait. ». Nan, ça sonne en plus hyper dégradant pour elle alors que c’est une fille super gentille. Non mais même, comment je suis supposé expliquer ça ? Comment ? À quel moment c’est devenu un interrogatoire cette discussion ? Et puis, mon silence qui s’éternise. Il va falloir que je dise un truc, mais entre mes pensées et la parole parfois, y’a un peu de latence et des informations qui se perdent en route.
Raconte pas de la merde, Allen.

-Ouais.

Ça, c’est un ouais posé. Pas simplement une affirmation, mais le genre de mot que tu prononces d’un air un peu sceptique, un peu angoissé, un peu je-ne-sais-pas-quoi-te-dire. Je n’ai pas envie de donner la vérité comme ça. J’ai la sensation qu’il y a des enjeux derrière. De gros enjeux. C’est une polonaise, bien. C’est pas le problème. Pas du tout le problème. Passe encore le fait qu’ils se connaissent.

Non, ça ne passe pas, je suis désolé.

-Comment tu l’as eu cette photo ? Et tu la connais d'où ? C'est genre... ta copine ?

Bon allez, ça passe ou ça casse. Pas de honte.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyDim 3 Sep 2017 - 23:43

Tout est parti dans rien n'empêche. Un peu de courage principalement. Et puis un peu de bizarrerie aussi, genre elle venait d'où cette impulsion ? Sortie de nulle part un peu quand même. "Hé Allen vient chez moi" "hé d'accord" et bam le voilà ici. Improbable je vous dis. Enfin moi, tout compte fait, j'pense qu'inconsciemment je pensais qu'il ne viendrait pas. Vous savez, les plans en général, ils font moins peur quand tu sais qu'ils ne peuvent pas se réaliser.
Oui je suis ce genre de personne. Oui.

A vrai dire, faire des plans pour la comète c'était aussi pour se sortir un peu de son corps, sa vie, son caractère, tout. Etre quelqu'un d'autre parfois, ça donne envie.

-Simje… Je savais pas que je t’intéressais autant.

Le brun hausse un sourcil, un peu paniqué - merde et se tasse un peu en souriant genre ahah tu te trouves drôle hein, ha ha ha alors qu'au fond il est un peu gêné, il ne sait pas pourquoi, - en plus son prénom prononcé par quelqu'un d'autre, ça lui fait toujours chelou genre ah, oui en effet, c'est moi, weird, can't believe i exist et il ne veut pas savoir pourquoi il trouve ça bizarre, notifiable même, vivre dans le déni c'est confortable et moelleux. C'est comme vivre dans l'ignorance ou dans l'illusion, ça tient chaud et ça récorte comme il faut. Comme l'alcool. Si tu vois de quoi je veux parler, Allen.

Puis c'est trop pas de l'intérêt, c'est de la self protection. Je préfère savoir qui ramène ses miches dans mon appartement.

Le Canadien n'a pas l'air de vouloir décuver d'ailleurs, ce qui laisse imaginer à Simje les doses d'alcool ingérées. Je savais même pas que dans l'avion on pouvait maintenir son alcolémie assez haute pour être bourré, sérieusement c'est pas possible il a du se lâcher pendant les escales, genre le vin en France pour pas paraître trop cliché. Genre il s'attendait à quoi en arrivant ici au juste ? Genre "oh okay dude, t'es à moitié crevé mais allez, allons prendre un verre de Vodka !" alors qu'en plus j'ai trop des habitudes qui ne collent pas à mon pays. Traditionnellement, les gens mangent quatre ou cinq fois dans la journée ici, parfois six alors que bordel j'me nourris deux fois.

Une ombre passe sur le visage d'Allen, juste une demi seconde. L'espace d'une respiration un peu différente - si tu savais à quel point ça s'entend et Simje aimerait vraiment s'offrir le luxe de relever ça, lui dire eh, tu pensais à quoi ? ou encore laisse ça sortir, crache le, le laisse pas te ronger comme ça mais ça serait un peu joué à "fait ce que j'dis et pas ce que je fais" ce qui serait ironique et déplacé. Mais même si ça le titille pas mal, il laisse passer - parce qu'il n'a pas vraiment le choix, et puis merde, comme déjà dit c'est mal poli de mettre le doigt dans les plaies. Qu'elles soient mentales plutôt que physique ne change rien, on ne s'appuie pas sur un bras cassé.
Même quand c'est pour le soulager.
Il continue donc de parler sur cette chère Elizabeth.

-Je le connais de nom. Juste de nom et ça me suffit.

Ah oui, les conservateurs.
Il ne sait pas si c'est un effet de son don ou juste de sa nature absolument téméraire mais le brun sent les poils de sa nuque se hérisser. Tellement d'agressivité, mon dieu, heureusement que je me tiens profondément en dehors de ce genre de conflits. Imaginez, je serais obligé de prendre parti, d'assumer, d'être présent et tout, les gens attendraient des trucs de moi et pire, compteraient sur moi. Comme en Inde.
Un régal.


-En même temps, on peut pas dire qu’eux-mêmes n’ont pas d’avis tranchés en ce qui concerne les fantômes et sorciers noirs. Ça me paraît équitable d’avoir des opinions aussi rigoureuses que les leurs.

Simje hoche vaguement la tête du genre très très bien moi ça me va, fait ta vie avec tes opinions, je vais rester la Suisse. . Il se redresse un peu - ayant tendance à s'avachir comme jamais. C'est intelligent ça, du genre "ouais œil pour œil dent pour dent, loi du talion, c'est pas très progressif ça monsieur le directeur mis-à-pied - bordel heureusement qu'il peut pas lire mes pensées. Même si au fond il peut comprendre la crainte qu'inspirent presque ces gens, à diriger les autres de cette façon on atteint rarement la paix et le progrès. Il est plutôt content d'être à l'écart sur ce point, le polonais. Pas qu'il prenne vraiment à cœur sa neutralité, mais c'est plutôt l'autre partie de sa famille qui se charge des relations diplomatiques et tout.
Vous savez, la partie de la famille avec les v r a i s pouvoirs et les v r a i s dons de la lignée. Quoi, comment ça c'est pas prouvé que ça soit héréditaire tout ça ? Allez donc dire à papa et maman qui vont ont sorti de la succession qu'ils ont eu tord de mettre de côté le druide.

Bref, la table, le café, le chien, Allen en face du brun qui reste absolument tout gêné. Cela se voit un peu de partout, et c'est obligé qu'il se soit passé quelque chose, sinon il serait détendu. A moins que ce soit l'envie de vomir.
Froncement de nez.
Si tu vomis Allen..

-Ouais.

Genre on joue au même jeu maintenant ! Alors qui cache quoi, mh ? Putain c'est rageant, il sent que y'a anguille sous roche, moi aussi et là on se parle avec des pincettes.
Putain.

Il prend une gorgée de café, la vapeur se glissant dans son nez, rassurante, réconfortante. Safe. Honnêtement, mis à part les multiples rebondissements de cette journée - l'alcool, la sœur, le reste - Simje doit avouer qu'il se sent assez étonné d'être à l'aise ici. Genre personne n'est jamais venu ici - sauf Rosie. Oh d'ailleurs, en parlant d'elle.

-Comment tu l’as eu cette photo ? Et tu la connais d'où ? C'est genre... ta copine ?

Simje éclate d'un rire franc, venu des tripes. Les dents dévoilées, le nez un peu froncé, genre Aaaaaaaaaahahahahahhahahaha, ahaha, non mais, ahahaha, non mais EW.
Ew pour la copine tout court ou pour la consanguinité ? Les deux, clairement les deux. Sa sœur en vrai, il la touche pas. Même pas avec un bâton.

- Non, pas de copine non.


Alors oui, réponse cheloue. Il exclut dans sa réponse toute pensée possible sur le fait qu'il ait une copine tout bonnement parce que c'est impensable. J'me supporte pas moi même, comment demander à quelqu'un de le faire pour moi ? Puis vraiment, ahahah, une copine, bref, limite c'est le genre de trucs que je peux raconter au taf. Déjà que c'est une running joke avec Hannah, oh là là. "et là, là il m'a demandé si c'était ma copine, aaaaaaaaahahahhahah. "
Bref, remet-toi.
Mais quand même, ahah, puis imagine ROSIE TA COPINE EN PLUS AHAHAH

Il s'arrête de rire un peu subitement.
Déjà c'est mal poli de rire autant quand l'autre peut pas vraiment rire avec toi, j'veux dire il te connaît pas vraiment, comment est-ce qu'il pourrait savoir que avoir une copine / Simje c'est en dehors de toute compatibilité ?
Puis en vrai, s'il se l'est tapé c'est pas du tout drôle c'est juste dégueu.
Ew.


- Et pour la photo, elle l'avait laissée dans ses affaires.

Et puis bien visible en plus, yay mon pote, t'es limite un trophée exhibé, fait gaffe.
Bon, il a peut être un peu fouillé mais c'était pas tant pire que ça et c'était surtout, de base, pour retrouver [size=10]SES[/i] affaires à lui, de type gros-hoodie-réconfortant-que-Rosie-emprunte-tout-le-temps-et-qui-sentent-la-meuf-pendant-des-décennies.
Et il était tombé là dessus.
Bon. Ca arrive.
Ah mais en fait dit comme ça il va te prendre pour un malade mental qui fouille dans les affaires de ses potes ça craint ça Simje, ça craint, lâche tout.

- ..c'est ma sœur en fait.

T'es hyper nul pour faire parler les gens en plus. C'est ouf. Heureusement qu'il est bourré Allen et que peut être qu'à force de le harceler il va finir par te dire - au pire harcèle ta sœur, pourquoi elle dirait pas la vérité en fait ? Ahhh mais parce que tu lui as pas dit que t'avais pris la photo, c'est vrai, tu vas te faire claquer la gueule. Bien bien. Boh, si il avoue pas, tu.. attendras.. tu attendras ehm.. non pas de plan B.
Restons au plan A.
Le faire avouer.


- Et du coup il s'est passé quoi à cette soirée ?

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Spoiler:
- Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ?
- Oui mais c’était des méchants !


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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyLun 4 Sep 2017 - 12:06

« Y’a de ces moments où tu sens que ça pue. »

Et ce n’est pas peu dire. Ça pue surtout au sens second du terme, mais ça pue quand même. A commencer par cette photo. Sérieusement, ces genres de preuves, ça doit rester cacher au fond d’un tiroir scellé. Ça ne doit jamais se retrouver dans les mains d’une autre personne que de son propriétaire. Ça peut être marrant d’en parler, de le montrer etc, mais au final, il est absolument nécessaire de le ranger. Afin que, comme maintenant, il ne serve de… de quoi au juste ? Pièce à conviction ? Règlement de compte ? Curiosité mal placée ? Je ne pensais pas que Simje aimait à ce point s’occuper des affaires des autres. D’accord, c’est vrai que je n’aurais certainement pas pu m’empêcher de lui demander la même chose si j’avais été en possession d’un cliché pareil mais tout de même. Tout de même.

J’ai beau tourner la photo dans tous les sens, tenter d’y déceler la photo de ce cliché – soit une copie. Il s’agit bel et bien de l’original, avec son coup de stylo bleu sur le verso qui témoignait la volonté d’un des présents sur la photo d’apposer sa signature. Inutile de dire que le gigolo de service, c’était moi. Heureusement, y’en a eu quelques-uns pour m’en empêcher. L’alcool fait faire de ces trucs, je vous jure.

Il s’agit donc de la photo originale. Chez Simje. Le doute est profond et bien évidemment, le cerveau en profite pour mettre en place milles et un scénarios tous plus loufoques les uns que les autres mais également les plus crédibles. Tout à fait, on peut relier n’importe quoi lorsqu’on est soumis à un voile d’incompréhension aussi épais. Alors, je tente un peu le tout pour le tout. Je lui demande s’il s’agit de sa copine. On ne sait jamais, je ne me suis pas intéressé à sa chambre, je n’ai pas vu s’il y avait un lit double. Et puis même si c’était le cas, ça ne prouve rien puisque j’en ai aussi un et que je suis célibataire. Donc bon.
En tout cas, toujours est-il qu’à la fin de ma phrase, posé sur sa terrasse, je l’entends partir dans un rire sinon tonitruant véritablement puissant. Un peu plus et il me faisait sursauter. C’est pas bon pour mes nerfs de jouer comme ça. J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Je suis content que ça le fasse rire, mais j’aimerais si possible être mis au courant de la raison de ce départ soudain.
Malaise.

- Non, pas de copine non.

Ouah, la double négation, carrément. Genre « tu m’as vraiment cru capable d’être en couple, la blague. Wzwzwzwz ». Haha. Parle-moi encore en polonais, ça me manque déjà. Bref. Le jeune homme n’a pas trop l’air d’être emballé par le fait d’avoir une copine et il faudrait être vraiment vraiment doué en mensonge pour me faire gober ça aussi facilement. Son rire se stoppe peu à peu. Ouais, j’aimerais bien avoir une explication à ce genre de fou rire, histoire qu’on puisse partir dans ton délire à deux. J’avoue que je nage en plein questionnement.
Et je vous assure que les questionnements, c’est pas ce qui manque dans ma tête pour le moment.

Le voilà qui poursuit :

- Et pour la photo, elle l'avait laissée dans ses affaires.

Ok, on monte dans le degré de bizarrerie. C’est pas sa copine mais ils sont quand même assez proches pour qu’il puisse aller fouiller dans ses affaires. C’est une fouine en fait ce mec. D’abord il fait des recherches sur moi, ensuite il épie ses… connaissances whatever ce que c’est. J’espère qu’il ne va pas fouiller dans ma valise, déjà que je ne sais pas ce qu’il y a dedans. J’aurais peur d’avoir emmené – en plus des trucs inutiles – des affaires vraiment personnelles. Je sais pas trop ce que j’ai de très personnel, mais je me méfie de moi quand je suis bourré. On ne sait jamais…

Bon, la mention copine est rayée. Il reste plus que la mention parenté. Oh là, est-ce que ce serait pas vraiment pire en fait ? Après, il peut juste s’en foutre de ce que ferait sa cousine, sœur, que sais-je. Ça pourrait juste être ça. Mais vu l’attention qu’il porte à cette photo, j’ai sans doute tort de banaliser les choses. Je bois une nouvelle gorgée de café et le repose pour ne pas faire de bêtises. Voilà, ce moment difficile est passé. Vas-y, annonce la sauce, je suis prêt.

- ..c'est ma sœur en fait.

Ouais c’est ça. Il est sérieux en plus.

Sa sœur. Sa sœur.
Vraiment ? Il est sérieux.

SA SŒUR.
Sérieux, de toutes les filles que j’ai pu rencontrer ce soir-là, il a fallu que ça tombe sur sa sœur.

J’en peux plus. A quel moment je suis aussi pas chanceux ? Est-ce qu’il va me donner un gros coup de boule ? Il avait envie, y’a quelques minutes, je suis sûr qu’il est capable de le faire. Faut pas sous-estimer les fratries, ça peut faire du mal ces choses-là. Est-ce qu’il me frapperait ? Est-ce que je suis obligé de le lui dire même ? Y’a un silence depuis trop longtemps, je peux juste pas lui dire « Non, t’inquiète pas, il ne s’est rien passé » d’une voix blanche. Ça ne passerait pas. Sérieusement, comme ça pourrait passer même ? Je me fais des films. Et puis, là il a juste dit les faits. Je peux simplement dire ok, je suis content. Mais non, évidemment, quand je me pose des questions à ne pas poser, il faut qu’elles sortent de la voix de celui qui m’interroge.

- Et du coup il s'est passé quoi à cette soirée ?

Si je lui racontais la vérité en norvégien ou en suédois, est-ce que ça passerait ? Je pense que je me sentirais encore très mal. Très, très mal et en plus il me regarderait mal. Très, très mal. Je dois être honnête ? Je ne sais pas être malhonnête. Qu’est-ce que je fais, qu’est-ce que je fais ? En plus, j’ai l’impression d’être revenu d’un seul coup sur la terre ferme, l’alcool au loin avec un mouchoir en signe d’adieu. Je n’ai plus du tout la tête à raconter n’importe quoi. C’est comme si mon instinct de survie avait déclenché le signal d’alarme.

-Il s’est passé…

Je dis quoi, je dis quoi, je dis quoi, je dis quoi.

-… Qu’on était un peu tous très torchés.

Ouais, allons-y gaiement, commence par te justifier. Ça ne va faire que l’inquiéter et faire doucement monter la pression. Il doit savoir. Qui ne se douterait pas de ce qu’il arrive en soirée quand on ne percute même plus avec qui on parle ? Quand c’est beaucoup plus facile de délier les langues dans tous les sens du terme ? En plus, c’était il y a assez longtemps, pour je ne sais plus trop quelle occasion. Mais il y avait beaucoup de monde, dont Edwin. Ah, Edwin il était l’un des seuls témoins de l’acte. Il nous avait lancé cet air écœuré avant de refermer la porte. C’était particulièrement gênant. Mais bon, c’était aussi un très très bon moment. Et je ne suis pas sûr que me justifier en lui disant « Hey mais ta sœur est super douée », ça peut faire aller les choses dans mon sens.
Je passe ma tête en arrière et me pose complètement contre le dossier de la chaise. Mais quel bonheur. Comment je vais annoncer ça. Je pousse un long soupir et poursuit, angoissé, déprimé, plein de trucs.

-Sérieux, c’est vraiment ta sœur ? Je m’en serais jamais douté.

Je suis pas bien, pas bien pas bien du tout. Je sais pas comment mettre ça sur le tapis. Maintenant qu’il m’a posé la question, ça m’étonnerait qu’il puisse penser à autre chose. La curiosité, tout ça tout ça. Et puis, me connaissant, je serais capable de culpabiliser longtemps pour ça. Oh là là, il ne me regardera plus jamais de la même façon après ça. Je dois le dire ? Je dois le dire. Je fais tourne la photo dans ma main puis la pose assez brutalement sur la table à côté. Vas-y Allen, te dégonfle pas, quand tu dois dire la vérité, tu la dis sans faire de détours. Je me lève histoire d’être hors de portée de ses mains, de lui quoi, d’avoir le temps de fuir si la situation devient compliquée. J’étudie la porte-vitrée donnant sur cet espace extérieur et mesure le nombre de pas pour pouvoir m’en servir comme d’un bouclier s’il se met à avoir la rage.
Motivation. Inspiration, expiration.
Perds pas espoir. Balance la sauce sans respirer.

-Il se pourrait qu’on ait fini dans le même lit.

Voilà, pas le peine de dire que ça ne s’est pas vraiment fait dans un lit. C’est du détail. Du détail, je vous dis. Maintenant, je me tourne un peu vers lui pour étudier sa réaction. J’ai très mal fait de dire la vérité. Très très très mal fait.
J’aurais mieux fait de mentir. J’ai pas du tout la sensation de m’être allégé l’esprit là. Mais hey, c’est de sa faute, pourquoi c’est sa sœur hein ? Je ne suis pas responsable hein. Elle est majeure et vaccinée. Ouais, je me justifie.
Merde alors.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyLun 4 Sep 2017 - 16:31

Allen cligne des yeux, une fois, deux fois, trois. Son visage change d'un coup comme s'il était plus sérieux, un peu différent. Simje se raidit sur sa chaise shit, on est proche de la révélation là, j'espère qu'il va pas me raconter un truc horrible genre "ouais, on se droguait à la petite cuillère derrière les poubelles.

-Il s’est passé…

Enfait j'ai plus super envie de savoir. J'ai pas envie d'imaginer j'ai pas evie de me faire des idées, oh, shit. Il se sent un peu nauséeux du coup alors que c'est franchement pas lui qui à bu. Allen à l'air moins bourré en plus autant il a un don de transmettre ses états aux autres. Autant bientôt, c'est moi qui vais vomir. Sur mon toit.
Obsession.

-… Qu’on était un peu tous très torchés.

Ouais, ça commence toujours comme ça.
Simje garde le silence. Principalement parce qu'il est curieux, au moins juste un peu, et puis aussi parce qu'il a l'impression d'être rentré dans un cercle et que les cercles se finissent toujours. Mais ses émotions volatiles se retrouvent contraires à nouveau. Le rire est mort dans sa bouche et il se tasse un peu sur sa chaise. Oui, l'alcool, et ?
Ses paumes deviennent un peu plus moites. Toujours l'alcool finalement, ça à l'air d'être récurrent chez toi, Allen, mmh ? Il n'a aucune idée de pourquoi il ressent un peu de colère, bordel c'est vraiment mieux quand je suis tout seul en fait je ressens vachement moins, c'est lourd là, y'a des émotions partout j'vais finir par tâcher les murs de le sol.
C'est incroyable que cela tombe sur l'unique sœur qu'il puisse saquer c'est fou même, si Allen avait traîné avec une autre, n'importe quelle autre il aurait rigolé en jugeant très, mais alors très fort.
Pourquoi se fait-il du soucis pour elle alors qu'il ne la voit jamais ? C'est totalement illogique cette remontée de.. de.. d'envie de je sais pas, c'est n'importe quoi. Tu t'en fou, au fond, non ? Il est pas obligé d'aller au bout de ton histoire parce que tu t'en fous. Qu'elle se mette en danger, elle est grande.

-Sérieux, c’est vraiment ta sœur ? Je m’en serais jamais douté.

Sérieux, arrête d'essayer de gagner du temps Allenito, ça t'sauvera pas crache le morceau. Il se tasse encore plus en attrapant entre ses mains le mug encore chaud. Le temps s'est - enfin - refroidi, assez pour serrer un café, trop peu pour mettre un pull.
Simje serre les dents, ne pas parler des relations ou de parenté ça serait mieux mais ça il pouvait pas le savoir y'a que au taf où ils sont habitués à moi je crois, à force de gros blancs bien gênants ils me laissent tranquilles. Il se renfrogne donc un peu - sans lever les yeux aux ciels ce qui, croyez-moi, est un exploit, avant de grommeler :

- Ouais. Incroyable, hein ?


Les parents disent pareil, t'en fait pas, personne ne comprend. Personne. Je fais pas vraiment parti de la famille, t'inquiète je ferais pas une syncope.
Allen prend alors son souffle, tranquillou, comme s'il allait genre sauter du sixième étage, un peu genre "à la uuune, à la deuuux, à la trois !" (yolo) alors que Simje blêmit sur sa chaise.

-Il se pourrait qu’on ait fini dans le même lit.

Défilé de réactions. Et puis pas des petites réactions, des vraies grosses réactions qui s'enchaînent comme des perles sur un collier.
Il recrache très classiquement le café dans sa taffe, tout choqué qu'il est le pauvre polonais avant de couiner :

- No waaaaay !

Il tousse, déjà, parce que c'est pas passé, bien sûr que la pilule a du mal à passer - alors que c'est le genre de chose qui, dix ans plus tard font rire, du genre tu te souviens de quand j'ai appris que tu baisais ma soeur ? mdr
M, d, r.
Mais pour l'instant ça ne le fait pas spécialement, spécialement marrer, il reste bloqué comme un robot mal huilé.
Puis il réalise, ça arrive au cerveau, yay, deux neurones se connectent et un air un peu dégoûté, totalement traumatisé lui passe sur le visage. Ses grands yeux bleus totalement écarquillés, bien plus proche de l'elfe que de l'humain.

- ..ew.. święty gówno.. Allen..


AH BOREL, ça brûle, ça pique même, j'ai des images dans la tête c'est.. oh mais ew ! Je.. ah, shit, entre ce que t'imaginais et la vérité, ça te pique le crâne de savoir en fait. Plus jamais tu la laisses emprunter des pulls, plus jamais tu cherches à les récupérer dans ses affaires.
Bien sûr que le polonais est revenu au galop, naturel, spontané, très Simje. S'il s'en était rendu compte - que toutes les émotions étaient passées sur son visage, livre ouvert le type, exposé, vulnérable - il se serait sûrement mis en PLS. Ou en position fœtale. Ou en alternant l'un et l'autre.
Mais il ne s'en rend pas compte, légèrement obsédé par une légère autre information.

- Improbable, je..

Il ne sait pas trop quoi dire. Sa magie s'amplifie, il entend tout d'un coup, ça dure peut être deux secondes, une réaction bizarre - l'émotion que voulez-vous. Dire qu'en trouvant ça dans les affaires de sa sœur, au début, il s'est juste dit que c'était marrant qu'ils se connaissent et puis c'est tout.
ALORS QUE OBVIOUSLY NON, C'EST PAS TOUT.
Il finit par lever les mains, genre, paumes vers Allen avant de souffler, tout mal à l'aise qu'il est le Simje.

- J'aurais pas du demander, désolé, je..

Forcément qu'il panique le polonais, il a mis son nez dans des affaires qui ne le concernaient absolument pas pitié que le contraire ne se produise pas, le nez de personne dans mes affaires merci bien et il se sent un peu awkward. Enfin, même sa soeur à vrai dire ne lui parle pas vraiment, alors bon. C'était sûrement pour une nuit, tant que je viens pas à voir Allen avec elle aux repas de famille, la vie est géniale, eh.
Parce qu'il sait qu'il fait la même chose : alcool - fille - départ. Il faut bien une fille pour jouer à ce jeu là non ?
Quoi que, si il se souvient de son prénom, il fait way better que toi mon pote, mh. Way, better. Heureusement que ça t'arrivera pas à toi parce qu'on te dirait "alors, t'as baisé Marnie ? " et tu serais là "ehhhh eh. Peut être est une réponse ?"
Gêne. Tu devrais vraiment arrêter. Mais une copine quoi.

Il s'essuie les paumes sur son jean incroyable qu'on passe toujours par ce moment excessivement gênant avec Allen, la première fois était pas mal mais alors la seconde au top, il nous reste quoi à vivre ?

- ..ça m'regardait pas.

Alors, qui s'est qui panique maintenant ? Chacun son tour. Pire que le jeu de l'oie, t'es tombé dans le puit là mon pote. C'est pas pratique d'être aussi inconstant mais bon. Après avoir recraché son café, écarquillé les yeux, frôlé la syncope, trouvé ça dégueulasse, paniqué, il vient quoi ?
Pas grand chose à vrai dire. Ew quand même, Rosie et Allen déchirés dans un lit c'est genre inimaginable genre, wow, pourquoi est-ce que mon cerveau se sent obligé de mettre des imagines sur les moooots, bordeeeeeeeeeeeeeeeel.
Et puis le naturel qui revient au galop j'espère que même si il est moins bourré il regarde pas dans ma tête parce qu'il avait dit qu'il le ferait pas. Et j'espère qu'il ne le fait pas , parce que, parce que...
Parce que c'est la panique, mon pote.

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Spoiler:
- Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ?
- Oui mais c’était des méchants !


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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyLun 4 Sep 2017 - 22:02

« Va falloir que je résiste une semaine à mon don. »

Une semaine, est-ce que vous vous rendez compte ? Et juste pour lui faire plaisir au polonais. Bon, je conçois que vivre avec quelqu’un qui peut lire dans vos pensées 24h sur 24, c’est pas hyper rassurant et on peut se sentir un peu bousculé dans son intimité, mais tout de même. Je me rattraperais sur les personnes que je rencontre au hasard dans les rues. Ça me détendra. Ah ouais nan. C’est que des gens qui utilisent le wzwzwz. Je vais rien comprendre à ce qu’ils racontent. Bah, au moins, je lirai leurs pensées, même sans piger un seul mot. Non, vraiment, je commence à être tendu si je ne l’utilise pas ce don. Je suis sorcier, c’est ma magie qui devrait se sentir la plus esseulée, mais pour une raison étrange elle se pointe juste quand ma vie est en danger ou que mon cerveau croit qu’il en est ainsi.
Comme maintenant en fait.
C’est dur à dire, mais je pense que quelques minutes de plus à tenir ce café et il aurait fini congelé entre mes doigts, encore. Au lieu de ça, la scène devient juste de plus en plus glauque et le malaise s’installe tranquillement, ses doigts de pied en éventail et les lunettes de soleil sur le nez. Le Malaise avec une majuscule, s’il vous plaît.

- Ouais. Incroyable, hein ?

Franchement, je suis bluffé. Que ce soit sa sœur. Qu’on soit si peu sur terre. Je comprends mieux pourquoi en voulant l’inscrire dans mon répertoire elle m’avait balancé un truc comme « t’embête pas avec le nom, t’arriveras pas à l’écrire même si je te le répète trois fois. ». Evidemment, à cette époque, je n’avais pas encore la volonté d’apprendre à prononcer son nom. Ni même à l’écrire. C’était la faute de Simje. Je me demande ce que ça ferait si je lui envoie un message en lui écrivant un petit « Hey, ton nom de famille, ce ne serait pas Voniestosiwjski par hasard ? Je connais ton frère. »
Effroyable idée que voilà. On repassera pour les idées pourries. J’apprends tout juste à connaître Simje, et Dieu seul sait à quel point j’ignorais tout de lui jusqu’à présent, alors sa sœur... Imagine elle déboule chez lui comme ça, sans prévenir ? Le stress. J’ignore totalement la manière dont je devrais me comporter. On oublie.

Je finis par lâcher la vérité, un peu tendu, un peu résigné. Son café se fait la malle hors de sa bouche. C’est ce qui avait failli m’arriver quelques minutes auparavant si je n’avais pas rapidement avalé le contenu de la tasse. J’ai vu la chose arriver, grosse comme un élan en haut de la colline. Me fonçant dessus. Sa réponse ne se fait pas attendre, mélange de râle, d’effroi, de dégoût, je ne sais pas trop quoi d’autre. Plein d’émotions clignotent comme les lumières autour d’une machine à sous lâchant la cagnotte. Il est vert, puis blanc, puis rouge, puis blanc à nouveau. Il va s’évanouir ? Non, non, non. Je voudrais me rapprocher un peu mais… j’ai pas trop envie soit qu’il m’attrape, me vomisse dessus, me repousse ou quoi. Alors je reste dans mon coin, éloigné, anxieux.
Je n’aurais pas dû le lui dire. C’était la dernière meilleure solution à faire. J’aurais pu lui mentir simplement.

- No waaaaay !

Yeah. Désolé mon ami, mais je ne me serais pas permis de blaguer comme ça sur ta sœur. Je suis pas non plus le genre d’homme à faire des blagues salaces et encore moins sur le sexe. Alors, non. Ce qui me hérisse un peu, c’est que cette histoire commence à dater. Dater comme beaucoup. D’accord, on a gardé contact parce qu’on a déjà eu l’occasion de se voir ou de parler ensemble, mais elle fait partie de mes contacts en fin de répertoire. Y’a de contacts en début de répertoire. Ça se limite à mes parents et la famille en général. Ah, et Phil aussi. Mais là, il va rapidement prendre la grosse tête alors je vais simplement le désactiver jusqu’à la fin de… de-ma-raison-d’être-ici. Ah, c’est beau le déni. Avec un peu de chance, lorsque je rentrerais, je vais faire un burn-out de toute ma colère emmagasinée et gardée dans un coin pendant deux mois et demi. Intelligent, Allen.

- ..ew.. święty gówno.. Allen..
-Stopp å si wzwzwzwz.

Je réponds sur le même ton, en norvégien, en appuyant bien ma fin de phrase, un peu offusqué. Qu’il ne commence pas à me chercher, avec son polonais ou on va pas être amis. Je me dis que j’aurais dû lui dire de penser polonais pour que je ne puisse plus comprendre ses pensées. Mais imaginez il applique ça à tout jamais dès que l’on se voit. Ce serait triste. Très triste. Quand il parle polonais, il pense polonais. Donc, tant qu’il parle anglais, il pense anglais. Et j’ai donc accès à ses pensées – sauf maintenant. Bref. Je vais lui cacher ça encore un moment, il finira bien par s’en rendre compte.

- Improbable, je..

Tu regrettes, je sais. La curiosité c’est vraiment pas une bonne chose, je parle en connaissance de cause. Mais c’est bon, je t’en veux pas. En fait, je crois plutôt qu’il s’en veut de le savoir. Et le problème de ce genre de choses c’est qu’une fois que la compréhension s’est instaurée, c’est difficile de se le sortir de la tête.
Le voilà qui garde le silence, sans avoir pu terminer sa phrase. Je me rapproche un peu pour récupérer ma tasse. Il n’a pas l’air bien du tout. Du tout du tout je dirais même. Je ne devrais pas m’en vouloir mais c’est plus fort que moi, je ne me sens pas bien. Et mon café qui refroidit malgré moi, la tension déclenchant un peu ma magie J’ai des tonnes de remarques pour détendre l’atmosphère, mais je comprends que ce n’est pas vraiment le moment pour ça. Mes blagues feront mouche plus tard. Ou jamais.

- J'aurais pas du demander, désolé, je...ça m'regardait pas.

Je soupire, finit mon café, récupère la photo pour l’empêcher de s’envoler et m’adosse au mur de la terrasse. Je baisse les yeux, un peu gêné et les relève quelques instants plus tard, oppressé par le silence. C’est comme si le ciel nous était tombé sur la tête tant j’ai du mal à respirer. Et quitte à rester là une semaine, je préfère franchement qu’on parle d’autre chose. Il a les mains en l’air, comme s’il ne voulait pas en savoir plus. Forcément. A moins qu’il ait des fantasmes très louches et… Nan moi non plus je ne veux pas imaginer.

-T’excuses pas. Et puis c’était qu’un malheureux hasard… Enfin bref. C’est plutôt moi qui suis désolé.

Je ris, de manière nerveuse et très rapidement, puis ajoute :

-J’espère que t’en as pas d’autres comme ça à me faire avouer. Sinon… Ça te gêne pas si je pars me coucher et que j’utilise ta salle de bain ? Je sais qu’on est en pleine après-midi, mais j’ai un décalage horaire sur la tête.

Je me gratte l’arrière du crâne dans un demi-sourire et me fait un peu tout petit pour disparaître de la terrasse. Silencieux, je passe par la cuisine, dépose la tasse dans l’évier et file dans la chambre. La simple vision du lit me pique les yeux. C’est comme si une sonnette d’alarme venait de retentir et plongeait mon corps dans une fatigue intense. Le pire est passé. J’espère ? J’abaisse les volets, tant il fait encore trop jour à mon goût dehors et ouvre ma valise.
Ouah, je suis impressionné. Tout est bien plié. Il n’y a pas de truc étrange comme une lampe de chevet. Trois livres, mon pyjama en premier plan, mes affaires de toilettes. Purée, je dois prendre une douche, ça va devenir urgent. J’empoigne de quoi me changer et de quoi me doucher puis file.

Tout est assez rapide mais je prends le soin de me laver les cheveux, tout. Ça me fait un peu bizarre d’être chez quelqu’un dans un pays totalement inconnu, mais la douceur de l’eau sur mon corps suffit à détendre tous mes nerfs. Comme je ne sais pas trop combien coûte l’eau par ici, j’évite de trop traîner et ressort en jogging, débardeur et serviette autour du cou – si j’avais été chez moi, ça se serait terminé torse nu, mais je pense l’avoir suffisamment choqué pour lui épargner ça.
Et puis, je reviens dans la chambre. Parce que je me souviens d’un petit colis trônant au milieu de ma pile d’affaire. J’ai même pensé au cadeau. Sérieux, c’est le genre de chose que j’oublie tout le temps. Et là, bourré, je n’oublie pas. Est-ce que mon cerveau essaye de me dire que je dois être gentil avec lui ? Je ne sais pas. Je prends la belle bouteille de sirop d’érable – on n’arrête pas les clichés comme ça – et m’avance un peu dans le salon tout en finissant de me sécher tranquillement les cheveux. Je ne repère pas le brun. Il est parti ? Il se cache ? Il veut plus me voir, c’est ça ? Quitte à parler dans le vent, autant le faire en connaissance de cause.

-Simje, si t’es là, je t’ai ramené un truc du Canada ultra cliché. Si t’aimes pas ça, tu peux le donner à quelqu’un je serais pas blessé ou quoi.

Je tourne la tête, incrédule. Il doit vraiment être parti. Je ne vois pas non plus son chien. Bah. C’est pas trop grave. Je laisse ça sur la table basse du salon et pars me coucher. Puis me lève deux secondes plus tard, prend mon calepin et stylo – j’ai même pensé à emporter un truc comme ça, sérieux – et griffonne rapidement.

« Désolé pour le cadeau cliché. Si tu n’es pas trop sucre, tu peux le donner, je ne me vexerai pas. Je préfère qu’il soit consommé qu’abandonné au fond d’un tiroir. »

J’hésite à ajouter un « Allen », mais en même temps, je dois être le seul à être dans son appartement. Par-dessus tout, y’a qu’un canadien pour offrir du sirop d’érable et je dois être le seul canadien des environs. Alors je m’en retiens. J’observe un moment le bout de papier et l’écriture allongée dans un italique extrême. Bon, ça va, ça reste compréhensible, on n’est pas encore arrivé à l’écriture médecin compréhensible uniquement des pharmaciens. D’ici à ce que ce soit en fait un langage extra-terrestre, il n’y a pas des kilomètres.
Bref, je ferme la porte menant sur la terrasse et passe le mot sous la bouteille puis, dans un bâillement, déclenche mon réveil pour 8h le lendemain. Je pense que je me réveillerais dans quelques heures à peine, déboussolé, en pleine nuit. 7h de décalage quoi. Il fait nuit chez moi. C’est même le petit matin je dirais. J’ai l’envie d’appeler mon co-directeur maintenant pour lui dire de se réveiller mais je ne trouve curieusement pas la méchanceté nécessaire pour le faire. Etonnant.
Bien, sans m’intéresser davantage à toutes ces histoires, je me pose dans le lit, rabat et les couvertures et ferme les yeux.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyLun 4 Sep 2017 - 23:45

Non seulement le gars il baise ma sœur mais en plus, le gars il me répond en Suédois. Ou en Norvégien. Aucun idée en fait, c'est le genre de trucs que j'apprendrais mais plus tard, et quand je dis plus tard je veux dire a lot later pour me remettre de ma syncope ou alors après lui avoir péter les dents et raser le crâne.
Je plaisante.
Ca m'a effleuré l'esprit mais faut avouer qu'il a des plus gros que moi et du coup ça revient juste à une question de survie. Si tu tapes le plus fort, il risque fort de t'éclater les dents. Personne ne veut ça ici. J'aime bien mes dents.
Et Rosie fait ce qu'elle veut avec euh sa vie. Ca reste totalement dégueulasse mais ça va rentrer dans la petite boîte qu'on range sous le lit, sous un plaid, sous un couette, sous des livres, sous des jouets, le tout rangé sous le parquet, sous la poussière, mangé par les rats et plus jamais réouvert.
Bien.

Il m'a quand même parlé Norvégien.

Et en plus, EN PLUS il a récupéré la photo, ça veut dire que Rosie va s'en apercevoir, et me grogner dessus. Hyper relou, oh la la, je vais prendre bordel. Po po po po po po.


-T’excuses pas. Et puis c’était qu’un malheureux hasard… Enfin bref. C’est plutôt moi qui suis désolé.

Allen se met à rire un peu genre entre le rire et je sais pas, chelou, il a vraiment cette tête hyper particulière avec une fossette d'un côté quand il est vaguement gêné mais bon, que ça va quand même un peu.
C'est hyper chelou de détailler les gens comme ça Simje tu arrêtes ça tout de suite.


-J’espère que t’en as pas d’autres comme ça à me faire avouer. Sinon… Ça te gêne pas si je pars me coucher et que j’utilise ta salle de bain ? Je sais qu’on est en pleine après-midi, mais j’ai un décalage horaire sur la tête.

Et le Allen qui s'en va et pas comme un chat les gars, il pense qu'il disparaît mais il ressemble à un orignal. C'est pas raciste. C'est juste une comparaison qui suit avec son pays, ahah.

Simje se lève en finissant son café, se rappelant que son ami s'est tapé des milliards d'heures de trajet, une gueule de bois, une arrivée délicieuse avec des histoires reloues et vraiment pas marrantes et après une petite révélation encore plus drôle. Il sait qu'il a eu raison de se barrer maintenant [i]honnêtement c'était le moment
. Il n'a pas pensé à prendre de jour de congé - à vrai dire c'est un peu de la triche mais comme il n'est pas embauché il n'a pas de jour à poser. Plus il travaille, plus il gagne tout simplement et quand on vit seul, c'est dur de se poser et de prendre des vacances. Du coup il ne le fait jamais.
Dans l'exemple, il pourrait se poser dans son canap, mater une série plutôt qu'aller au QG directement voir le peuple et les autres pour avancer sur cette stupide rune et il prend le temps de checker ses mails.
Ouvre son PC. Voit le nombre à quatre chiffres. Ferme le PC.

Courir ? Ou travailler ? Courir ? Travailler ? Travailler puis courir ? L'inverse ? Glander ?

Et là, c'est le moment absolument délicieux où il se rend compte que, mis à part les affaires en train de sécher dans la buanderie, tout le reste est dans la chambre où Allen dort. Il se glisse dans la pièce ok c'est sec parfait donc une chemise, un jean, trois caleçons donc t'as le choix entre travailler et travailler.

Il se change, va pour sortir et lâche un "tu restes, ici" au chien qui s'en bat la race et le suit quand même je suis vraiment une victime c'est incroyable, traverse le mur et se rend au QG. Ils se sont vraiment cru dans Harry Potter, génial le plagiat et directement se fait sauter dessus :

- Alors du coup pour cette rune ?


Il jette un regard glacial à la femme - toujours la même - qui se met à rigoler avant de lui tendre un café - qu'il ne prend pas en pensée à celui qu'il vient de recracher et elle se met à rire encore plus fort.

- Fais pas la gueule Voniesto, ils ont trouvé ce que c'était la rune normalement.
- Et ?
- Et c'était une rune d'amoureux, ils pensent. Un grigri.

Il déglutit, se tournant vers elle.

- Alors pourquoi cette rune est impossible à toucher et provoque des hallucinations [size=10SI CE N'EST QU'UN GRIGRI[/size]UN TRUC POUR AMOUREUX?!
- Je sais pas, demande leur.

Oh bordel.

- Bad day ?
- Je range mes papiers, et, je, rentre, chez, moi. Comptez pas trop sur moi cette semaine.
- Ta copine est chez toi?

Gros blanc.
Range pas tes papiers et rentre directement chez toi et oublie cette journée.
Il se faufile dans les bureau, atteint la moitié de bureau qui lui sert quand il est dans le coin, met tout en tas, ratifie des runes, en rajoute deux trois autres ça vient toujours en dormant ces trucs c'est incroyable, passe au bloc d'instruction soigner les deux trois connards qui ont pas compris que s'ouvrir la moitié du bras pour faire une rune c'est bien, savoir refermer une plaie pour pas mourir d'une hémorragie c'est mieux et rentre chez lui sans vraiment s'être rendu compte qu'il était déjà super tard.
Okaaaaaaaay, la flemme de manger un peu. Il passe juste chercher des falafels - aucun rapport avec la Pologne, et alors ? - avant de se trainer dans les rues, merde, le chien ?..

Retour à l'appart tranquillement après avoir récupérer le plus-ou-moins-loup-qui-est-en-fait-une-femelle devant le mur, prostrée.
Il rentre chez lui, sans bruit, se rendant compte des milliers de trucs qu'il n'a pas pris, de type une couette ou une couverture, un coussin aussi, même pas genre son chargeur de téléphone en même temps j'avais pas trop pensé au fait qu'il se coucherait aussi tôt. W e l l.
Il tourne un moment en rond, se sert un verre d'eau avant d'enlever sa chemise et son jean putain et si il se lève et que je suis en caleçon ça va être chelou. Oh lala mais si il se lève et que je suis en chemise il saura que j'ai prévu qu'il se lève avant et que j'ai subi toute la nuit pour pas qu'il me voit en caleçon. C'est.. c'est complètement con. J'ai tellement pas de plan B. Va pour le caleçon, hors de question de la froisser cette chemise. Mais putain tu vas te les peler.
Bon tant pis.
Et la douche ? Comment tu fais ? C'est pas comme si il fallait passer par la chambre. POUR ALLER PRENDRE UNE PUTAIN DE DOUCHE. Chill vieux. Tant pis pour la douche, ça va.


Son regard se pose sur la table basse et il regarde quelques secondes sans comprendre la bouteille. Quoi qu'est-ce ? Il tombe alors sur le mot. « Désolé pour le cadeau cliché. Si tu n’es pas trop sucre, tu peux le donner, je ne me vexerai pas. Je préfère qu’il soit consommé qu’abandonné au fond d’un tiroir. » J'aurais tellement préféré du caribou, ahah. Blague. J'ai jamais goûté son sirop d'arbre. Mais c'est grave gentil. Faudra lui dire. On verra plus tard il est genre, oh wait, déjà ?

L'horloge affiche presque une heure du matin.

Il se pose comme une grosse victime sur le canapé jusqu'à qu'il se rende compte que la louve le fixe juste d'un air c'est genre mon canap' mon pote. Il soupire avant de patpater la place contre lui.

- No chodź. Chodź tu.

Elle le fait sans grand conviction - partager ça fait toujours chier - alors qu'il se retrouve allongé sur le dos, une main calée derrière la tête, la boule de poil lovée contre lui. Oh bordel je déteste. Il regarde le temps passer, petit à petit. Deux heures passent avant qu'il ne s'endorme sur le côté, totalement sur la louve qui reste sans bouger, les yeux grands ouverts. C'est ça, veille sur moi

Il est sept heures trente sept exactement quand un cauchemar sort Simje du sommeil, le laissant totalement trempé de sueur, les cheveux en bordel, retombant sur son front. Il souffle, s'assied doucement en remarquant le chien couché au pied du canapé. Ah oui putain les volets, il fait tellement jour du coup.. il soupire en se levant ah oui, toujours pas de douche c'est génial avant de se diriger vers les toilettes. La glace lui renvoie des cernes sans nom et il détourne la tête du genre okay ça va pas besoin de savoir en fait.
Et puis il réalise qu'Allen n'a sans doute pas passé l'intégralité de l'aprèm et de la nuit sans aller pisser et que les toilettes sont de ce côté de l'appartement et que lui, lui il était en caleçon sur le canap. Putain.
Il retourne s'assoir avec un verre d'eau, pas vraiment frais.
Putain j'vais crever.

Il laisse dix minutes s'écouler avant de se rendre compte que soit Allen ne dort plus mais qu'il n'a pas la politesse de venir faire coucou - surtout s'il l'a vu à moitié à poil - soit il dort encore et ça fait un milliard d'années - autant les Canadiens ça hiberne on sait pas au fond.

Okay.. trouvons un truc pour le réveiller sans entrer dans la chambre et sans faire un gros bruit relou.

Il attrape un feuille qui sort de son imprimante et écrit « Si t'as pas trop la gueule de bois t'as le choix entre Wroclaw, OŚWIĘCIM (AUSCHWITZ) et des montagnes cheloues avec des runes cheloues pour aujourd'hui. Si tu veux rester dormir toute la journée... désolé pour le réveil »
Simje remet donc son jean et passe cinq bonnes minutes à chercher un t-shirt, trouve en un bordeaux et gris aux couleurs de son université - super j'ai 20 ans à nouveau et donne le papier à la louve qui le choppe du bout des dents avant de lui dire :

- Go. Et rapporte la couette.


C'est pas qu'elle est dressée, c'est qu'elle comprend tout. Et ramener la couette croyez-moi, c'est un des meilleurs jeux du monde pour cette saleté.

Allez, courage Allen.

C'est juste un mauvais moment à passer.

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- Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ?
- Oui mais c’était des méchants !


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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyMar 5 Sep 2017 - 13:36

« Wouah. »

Il y a d’abord eu ce réveil, à… quelle heure au juste ? 22-23h. Mes heures de sommeil quotidiennes en fait. J’ai bâillé et mon corps a roulé d’un côté à l’autre. Ma tête, elle, n’a pas suivi. Je me sentais tellement, mais tellement mal. La bouche pâteuse, le mal de crâne, les nausées, l’impossibilité à enchaîner trois mots logiques à l’oral, l’extrême fatigue. J’avais absolument tous les symptômes d’une bonne gueule de bois. D’une vraie, celle qui vous fout une baffe au réveil et vous tombe dessus comme un rocher sans vous laisser la possibilité de vous défendre. Je me souviens très perceptiblement avoir râlé à défaut d’avoir pu faire autre chose, me masser les tempes, l’arête du nez, travailler sans le savoir sur les points de tai-chi du repos visuel. C’était sans conteste la merde à l’état pur.

J’ai voulu me lever pour aller boire et j’ai shooté dans une bouteille d’eau. Je ne me souvenais absolument pas en avoir laissé une à mes pieds avant de dormir mais franchement, au moins j’avais pas à me lever davantage, alors j’ai tout bu. Et puis j’ai continué à râler en tournant d’un côté et de l’autre, puis en cessant de bouger, soumis à cet important mal de crâne. J’étais pas vraiment certain à ce moment de pouvoir me rendormir tant mon corps tout ankylosé craquait, mais il faut croire que les heures de vol et le stress roulé en boule ont eu raison de moi. Je me suis réveillé une fois, puis une seconde. Je sais que Simje est rentré à un moment, mais je suis bien incapable de donner l’heure en question.

Et puis pouf, Allen est retombé dans les limbes.

Et puis pouf, il se réveille.
Les yeux dans le vague mais avec une bien meilleure mine. Je bâille et passe sur le dos, les bras en croix pour occuper un maximum d’espace dans le lit. Je soupire comme si mon âme allait s’envoler. La déprime voudrait s’installer mais je la chasse d’un revers de la main. Lentement mais sûrement, mon esprit émerge comme au sortir de la piscine après deux minutes d’apnée – je précise que je ne tiens pas aussi longtemps sous l’eau – et s’intéresse à son environnement. Il me faut quelques minutes supplémentaires pour comprendre où je me situe, pourquoi, comment. Le raccordement des événements passés s’ajuste avec difficulté et soucis temporels mais les cordons finissent par être reliés les uns aux autres. Pologne. T’es-mis-à-pied-mais-considère-que-c’est-des-vacances. Tu t’es pris la cuite du siècle. T’as couché avec sa sœur. T’es chez Simje.
Bien.

Bien bien bien.
Démarrons une nouvelle journée. Je m’intéresse alors à l’heure mais avant d’avoir pu esquisser le moindre geste, y’a un truc qui fonce dans ma chambre. Qu’est-ce que c’est, putain ? Le truc fait voler un morceau de papier pour se libérer les babines et attrape férocement la couette pour la tirer sans vergogne. OUAH. Une chance que je sois réveillé depuis deux minutes, sinon le chien se serait pris un jet de glace dans la figure sans comprendre. Croyez-le, quand vous êtes habitués à vivre seul, le moindre petit geste suspect, il déclenche des phénomènes de défense incontrôlable. Bon, je me suis calmé depuis que mon cousin emménage chez moi. Je pète moins un câble lorsqu’il vient me demander comment ça avance les recherches alors qu’on est AU BEAU MILIEU DE LA NUIT MERDE.

Mais le chien, c’est un level au-dessus du gamin relou. C’est insouciant. Ça te fait chier pour rien et ça remue sa petite queue parce qu’en plus c’est tout content de t’énerver. Si c’est pas mignon, je vous le demande.
Bon, la couette disparaît comme un fantôme par la porte entrouverte et le morceau de papier termine sa course au milieu du matelas. Je l’attrape en grinçant des dents et lis ce qui est écrit. Genre écrit à l’ordinateur en plus, ça fait serial killer sur les bords. « Si t'as pas trop la gueule de bois t'as le choix entre Wroclaw, OŚWIĘCIM (AUSCHWITZ) et des montagnes cheloues avec des runes cheloues pour aujourd'hui. Si tu veux rester dormir toute la journée... désolé pour le réveil »

Je soupire une nouvelle fois et détend un peu mes muscles, malgré tout surpris par l’attaque du chien wzwzwz. Sérieux. Même l’écriture polonaise, j’arrive pas. A quel moment quelque chose écrit « OŚWIĘCIM » ça donne à l’oral Auschwitz ? Y’a une couille dans le potage, c’est moi qui vous le dis. Ils sont bizarres ces wzwzwz. Simje le wzwzwz. Haha. Ha. Je pouffe un peu et me lève avec délicatesse. Je n’ai plus mal à la tête et ça c’est une giga bonne nouvelle. Meilleure nouvelle depuis que je suis ici, même. J’enfile un jean noir, regarde la météo plutôt clémente pour la fin de semaine et opte donc pour un t-shirt gris à mailles anthracite. Vingt degrés, c’est suffisant pour me mettre en t-shirt. Par précaution, je sors tout de même une veste large blanc cassé et le passe sur mon épaule tout en cherchant ma paire de bottines gris sombre Levi’s que je porte à la main même si ces dernières sont encore propres. Un passage très rapide dans la salle de bain pour remettre mes cheveux en ordre et me voilà enfin sorti de la chambre.

Et là, c’est le drame. Je vois Simje. Enfin c’est pas ça le drame, c’est plus son visage tordu de fatigue, ses cernes sous les yeux. Ouah, il a pas dormi ou bien ? Je secoue un peu mes cheveux pour me réveiller un peu plus et commence par un :

-Hello.

Matinal.
Mais c’est quand même pas tout. Je pose le papier sur la table et prend enfin le temps de réagir à ce qui était écrit dessus. Mince, il me demande de choisir. J’ai aucune idée de ce que Wroclaw est. Une ville peut-être ? J’ai pris la peine de regarder la météo, mais j’ai complètement oublié de me renseigner sur les sites susnommés. Intelligent, je suis. Je vais donc beaucoup l’aider en lui sortant un :

-La gueule de bois s’est pointée cette nuit, ça va mieux là. Euh, quant à ce qu’on va faire aujourd’hui… Tu as une préférence ? C’est désolant de le dire, mais j’ai pas encore eu le temps de faire mon curieux sur ton pays.

Et puis, je me recentre un peu plus sur lui. J’ai dormi comme un loir cette nuit, je suppose qu’il n’est même pas passé par la chambre pour se prendre une douche ou autre. En fait, il a dû vivre dans des conditions terribles cette nuit, d’où son visage marqué par les stigmates du manque de sommeil. Cet appartement est véritablement conçu pour abriter une personne. Dès lorsqu’il y en a deux, ça devient le bordel pour l’un ou pour l’autre.

-Tu peux aller te doucher si tu veux. Euh… Par contre, si tu as quelque chose à manger, ça m’intéresse aussi. Salé ou sucré, je m’en fiche. En fait, si tu me laisses l’accès à ta cuisine, je me débrouillerai. Et… sachant que je loge chez toi pour une semaine, j’estime que chaque repas qu’on mange dehors est à mon crédit. Et c’est non négociable.

Je souris légèrement en me souvenant de sa lettre à la mention « non négociable ». Voilà. Qu’on soit d’accord. Je m’étire un peu, dépose mes chaussures à l’entrée de l’appartement et m’assois sur une des chaises de la salle, patient.

-Ah et si tu veux récupérer ta chambre tu peux hein. Ça me gêne pas de dormir sur le canapé et t’es chez toi. C’est juste que ton visage ne respire pas trop le sommeil réparateur.

Je ne voulais pas le dire mais c’est sorti. Et maintenant je me tais et j’attends qu’il me réponde, parce que mon flot de paroles est sans doute un peu trop conséquent dans l’instant.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyMar 5 Sep 2017 - 20:14

POURQUOI EST-CE QUE J'AI UN CHIEN EN PLUS BORDEL ? CA PUE, CA PERD SES POILS, CA EMPECHE DE DORMIR SA MERE.
Voilà, ça, c'était parce qu'il fallait que ça sorte, moi je trouve ça sain écoutez, vider un peu le bol pour mieux pouvoir le remplir après. C'est tout le concept de la vie après tout. On explose, on se remplit, on explose, on remplit. Comme un ballon réutilisable.
Pas comme une capote.
Ewwwww pourquoi j'ai des pensées comme çaaaaaaaaaaa.


-Hello.

Simje hausse un sourcil en regardant l'autre qui arrive. Le mec est frais, habillé, les cheveux en l'état alors que j'ai totalement l'air déchiré. Un plaisir. Salut Allen. Si tu lis dans ma tête dégage.

-La gueule de bois s’est pointée cette nuit, ça va mieux là. Euh, quant à ce qu’on va faire aujourd’hui… Tu as une préférence ? C’est désolant de le dire, mais j’ai pas encore eu le temps de faire mon curieux sur ton pays.

Simje se lève doucement, tout fatigué qu'il est le pauvre. C'est injuste. Avec tout l'alcool qu'il a ingéré il devrait être dans une souffrance intense, le genre de mal de crâne qui vous file la gerbe en vous couchant toute la journée. Mais non, Allen, il est tout frais. Et en plus il a pas choisi où on devait aller le bâtard.

- Auschwitz. Honnêtement c'est glauque mais c'est à voir. Enfin nous on les voit en voyage scolaire alors si des enfants peuvent voir ça...

Il en garde un assez mauvais souvenir à vrai dire mais c'était par rapport aux odeurs et aux phéromones. Il suppose que sans son don ça n'aurait pas tourné comme ça, il n'aurait pas senti la peur sur sa peau des jours et des jours durant. Et pas la peur des prisonniers non, la peur des visiteurs, ceux qui imaginaient précisément.

- .. et conseil d'ami, ne lit pas dans la tête des gens là-bas. Même pas les anglais, rien, personne. L'imagination c'est pire que le vrai.

Il se souvient de la fille assise à côté de lui dans le bus qui détaillait à voix haute les atrocités commises, comment ils avaient fait pour bloquer les pouvoirs, étrangler les métamorphes pour qu'ils ne puissent pas devenir des lions, etc.
Une horreur.
Désolée si on se la joue glauque, tu supporteras pas la rando gros, et la ville est pas hyper connue, juste sympa pour chiller. Et comme le but, c'est te sortir hors de ta vie... désolé. Voilà, désolé.

-Tu peux aller te doucher si tu veux. Euh… Par contre, si tu as quelque chose à manger, ça m’intéresse aussi. Salé ou sucré, je m’en fiche. En fait, si tu me laisses l’accès à ta cuisine, je me débrouillerai. Et… sachant que je loge chez toi pour une semaine, j’estime que chaque repas qu’on mange dehors est à mon crédit. Et c’est non négociable.

Ah oui putain. Habituellement, il mange toujours dehors. Il y a un café proche d'ici qui fait des œufs et des repas traditionnellement polonais, des trucs chelous en somme pas forcément appréciés des étrangers.
Et puis pour le gars qui veut payer alors qu'il est à pieds, blague blague blague, il a vraiment cru que ça aller se passer.

- Je petit déjeune rarement ici, tu peux chercher il doit y avoir des céréales et euh.. du café ? Il y a du thé dans les boîtes là-bas. Des œufs dans le frigo si jamais. Et pas de soucis, paye donc à chaque fois qu'on se retrouve à l'extérieur, on se débrouillera pour manger uniquement à l'appartement.

Petit sourire suffisant, voilà, comme ça on peut dire que les deux sont vraiment des gros gros gamins, ah c'est beau la trentaine, ça rien vraiment hyper mature. Allen se pose tranquillement sur une chaise après avoir posé ses pompes - trop poli le gars avant de lâcher :

-Ah et si tu veux récupérer ta chambre tu peux hein. Ça me gêne pas de dormir sur le canapé et t’es chez toi. C’est juste que ton visage ne respire pas trop le sommeil réparateur.

Simje hausse les sourcils, super haut, super surpris avant de s'entendre répondre sans pouvoir rien y faire.

- Mais.

Grosse rebellion.

- Mon visage très frais t'emmerde, et non, t'en fais pas, garde le lit deux places vraiment très moelleux.
(vous sentez le cynisme?) J'avais juste oublié de prendre coussin, couette, pyjama, tout. Et.. (il esquisse un geste de main vers le chien) j'avais oublié qu'il fallait partager avec ça. Je sais même pas pourquoi j'ai un chien. Vraiment pas.

Il lui lâche un petit sourire avant de disparaître dans sa chambre pour prendre de quoi se changer, t-shirt gris jean noir, pompes en cuir, et bam, sous l'eau délice des délices laissant la sueur aigre se dégager. C'est ouf, à chaque fois que je cauchemarde j'ai une odeur acide comme si je suintais de peur par tous les pores. Bref, il se shampouine, blablabla l'eau chaque c'est toute ma vie blablabla, se sèche, s'habille, sort tranquillou. Il passe vers la cuisine, attrape du pain, des tomates dans le frigo, du poulet, salade et un couteau avant de tout lancer en vrac vers Allen (sauf le couteau, du respect s'il vous plaît)

- Allez go, dans la voiture. On a un peu de route à faire, ça te laissera le temps de faire les sandwichs pendant que je conduis.

J'ai totalement la flemme de me faire à manger, mais alors la flemme comme jamais, ja-ja même tant pis, alors voir des cheveux et des dents, allons traumatiser Allen avec plaisir après son QG et le Sri-Lanka, quoi de mieux que de continuer dans les trucs glauques, glauques, glauques. Il va juger tellement fort.

Il attrape les clés de sa caisse, (une Audi A1, voilà, il faut se faire plaisir de temps en temps, c'était la prime d'Espagne, après ça il a mangé des pâtes pendant un mois mais tant pis, il faut prendre des mauvaises décisions pour pouvoir apprendre) avant d'ébouriffer ses cheveux encore mouillés alors que les gouttes tombent sur ses épaules, sur la ligne de son dos.

- J'espère que tu ne crains pas la route, en Pologne, c'est spécial.

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MessageSujet: Re: Crocodiles don't bite    Crocodiles don't bite  EmptyMer 6 Sep 2017 - 15:01

« Tu sais, c’est censé être joyeux la vie. »

L’objectif ultime d’un être humain, c’est la quête du bonheur. Même si c’est un mot un peu païen sur les bords, à savoir que cette définition appartient à une croyance commune et non à une définition exacte. Ça change pour chacun d’entre nous. Chez certains ça passe par écraser les autres et se retrouver en haut de la chaîne, pour d’autres c’est d’avoir une vie personnelle épanouie, pour d’autres juste professionnelle ou les deux. Y’en a qui se satisfont de peu et d’autres qui rêveront du toujours plus même à l’apogée de leurs ambitions. Pourquoi je parle du bonheur ? Parce que sur les trois propositions, Simje il a choisi Auschwitz.

- Auschwitz. Honnêtement c'est glauque mais c'est à voir. Enfin nous on les voit en voyage scolaire alors si des enfants peuvent voir ça...

Pour être glauque, c’est glauque. Je n’y suis jamais allé, même pendant mes études. Je crois qu’à l’orphelinat, ils avaient proposé des voyages là-bas. Mais j’ai du mal à associer les mots voyage et camp d’extermination. Y’a un manque de goût certain. C’est nécessaire de se remémorer ce genre d’atrocités, de faire comprendre aux générations futures que ce genre de choses peut encore arriver aujourd’hui. Certainement dans le monde des non-doués, encore plus dans celui des doués. Quand j’y pense, on est un peu en retard niveau tolérance. Je trouve parfois que notre conscience commune s’est arrêtée à l’histoire des sorcières, Salem, tout ça. Les conservateurs ont une haine presque raciale contre les sorciers noirs et je dois avouer que je ne les porte moi-même pas dans mon cœur. Y’a une continuelle lutte du pouvoir qui balance entre les deux ou trois principales entités, le tout sur un enjeu de contrôle mondial. Je me demande si, pour un non-doué, ce genre de prise de pouvoir mondial est même imaginable.

Bref, toujours est-il que cette histoire est purement glauque mais que, comme demandé, Simje a choisi. Nous irons donc à Auschwitz même si je n’ai jamais visité ce coin, à défaut de n’avoir pu éviter d’en entendre parler en cours, sur les non-doués comme sur les doués. La chose était aussi violente pour les sorciers d’ailleurs.
Bah, je n’ai jamais aimé les génocides. Les milliers, millions de morts tout ça, j’ai tout fait pour éviter d’en entendre parler. Et malheureusement, ce n’est pas quelque chose que je suis prêt à apprécier à l’heure actuelle. Enfin bon. J’acquiesce donc à sa proposition tout en cachant un peu mon malaise. Je n’ai pas envie qu’il change d’avis et puis ce sera certainement très enrichissant, même si le polonais a des idées glauques.

- .. et conseil d'ami, ne lit pas dans la tête des gens là-bas. Même pas les anglais, rien, personne. L'imagination c'est pire que le vrai.

Attends, il sait que je ne comprends pas les pensées des étrangers ? Je le lui ai dit dans mon sommeil ? Ça y est, il a pris les armes pour lutter contre ma suprématie mentale ? Ou bien c’est une phrase sortie comme ça, pour appuyer le fait que je ne dois pas lire spécialement ceux des anglais parce qu’ils ont plus d’imagination que les polonais ? Hahaha. Je passe ma vie à me moquer. C’est pas bien. Vilain Allen. J’acquiesce une seconde fois. Qu’il ne s’en fasse pas, y’a que dans sa tête que j’aime bien aller. Cette pensée est très étrange. Ne la détournez pas de son contexte. Merci.

Faut qu’il me parle de lecture de pensée pour qu’une envie folle me pousse à le faire. Mais non, j’ai promis. J’ai promis. Chut. J’ai promis. Couché. Voilà, occupe-toi la tête, demande à manger. Fais ton homme autoritaire alors que t’es mis à pied vas-y, tu vas juste te prendre un retour d’ascenseur.

- Je petit déjeune rarement ici, tu peux chercher il doit y avoir des céréales et euh.. du café ? Il y a du thé dans les boîtes là-bas. Des œufs dans le frigo si jamais. Et pas de soucis, paye donc à chaque fois qu'on se retrouve à l'extérieur, on se débrouillera pour manger uniquement à l'appartement.

Voilà, exactement comme ça. Simje est toujours là pour remettre les pendules à l’heure. C’est un pur moment de bonheur. Je râle un peu puis réplique en énumérant les problèmes, principalement sur sa dernière phrase :

-Tu ne vas pas me tenir à coup de repas à la maison pendant une semaine, je ne crois pas non. Surtout si on doit bouger. En plus, tu m’héberges, c’est la moindre des choses.

Parce que je suis un dalleu. Y’a du muscle à nourrir donc les sandwichs tous les midis, ça ne va pas me remplir l’estomac. Pas du tout même. Ou alors il m’en faudra deux ou trois. Et puis mince, c’est quoi son problème à toujours tout refuser comme ça. A croire qu’on n’a pas le droit d’être gentil avec lui, qu’on ne peut pas lui offrir quelque chose. D’ailleurs, il l’a rangé la bouteille de sirop, je ne la vois plus. SI je la vois à la poubelle, je la lui fais boire, puis je pile les morceaux de verre et je les lui fais bouffer. BOUFFER. Tant de violence en moi d’un seul coup. Wouah.
Puis, je lui propre d’aller prendre sa douche. Et alors là, alors là, c’est un déferlement de je-ne-sais-pas-quoi.

- Mais. Mon visage très frais t'emmerde, et non, t'en fais pas, garde le lit deux places vraiment très moelleux. J'avais juste oublié de prendre coussin, couette, pyjama, tout. Et.. j'avais oublié qu'il fallait partager avec ça. Je sais même pas pourquoi j'ai un chien. Vraiment pas.

Non mais d’accord, je vois que monsieur est susceptible ce matin. Grognon comme l’ours sorti de sa tanière. D’accord monsieur, je vous laisse tranquille monsieur. Allez prendre votre douche et revenez plus tard, je vais faire mes affaires monsieur. En plus il sourit à la fin. Au chien, à moi ? Impossible à dire.
Enfin, ce n’est pas comme s’il venait de l’insulter.
Enfin, c’est Simje, on ne sait jamais ce qu’il se passe dans sa tête.
D’où mon intérêt démesuré pour sa conscience.

CQFD.

Le voilà qui se lève. File dans la chambre. Je n’ai même pas eu le temps d’ouvrir la bouche pour répliquer. Il a filé comme une marmotte dans son trou, le chien un peu sur les talons mais pas trop quand même. Il a dû sentir qu’on parlait de lui. Je soupire. Je suppose que j’ai le droit de fouiller dans ses affaires ? Oui. Enfin juste dans la cuisine. Du coup, je file me préparer un café, sort les céréales et parvient à trouver un yaourt. Ça fera l’affaire. J’avale le tout en profitant un peu de sa terrasse, prend le temps d’observer les visages matinaux des polonais, le wzwzwz carburer à toute vitesse dans leurs têtes ou bien au contraire peinant à dérouiller. J’aime bien l’air ici, même s’il est un peu plus humide qu’à nos latitudes. Il fait un peu frais encore, mais ça me fait plaisir. L’espace d’un instant, je me sens vraiment en vacances, soumis à aucun stress, aucune peine – ou en tout cas tout est bien caché sous un monticule de plaisir.

Je finis le tout, passe les déchets à la poubelle sans vraiment savoir si un tri sélectif s’opère ou non et revient dans le salon pour jouer le vieux pépé sur sa terrasse qui observe les gens passer. Je vais finir par me plaire à écouter cette langue.
Pile quand cette pensée m’effleure l’esprit, le jeune trentenaire sort de la chambre, habillé dans les mêmes tons que moi. On n’est vraiment pas des originaux, y’a pas à dire. Il ne prend même pas le temps de me voir alors que je reviens vers lui et file par la cuisine pour revenir l’instant d’après avec un assortiment de condiments et de pain. Assortiment qu’il me balance littéralement à la figure quand je ne suis pas vraiment prêt, ce qui me vaut un petit sursaut de surprise. Bah oui, bien sûr, balance-moi la sauce aussi qu’on rigole un peu. Tu me tâches, je te tâche, j’ai pas de respect pour ça. Pas de culpabilité non plus.

- Allez go, dans la voiture. On a un peu de route à faire, ça te laissera le temps de faire les sandwichs pendant que je conduis.

Il a pris la confiance. Il a grave pris la confiance je dirais même. Je repasse donc par la chambre, prend ma veste, un sac à dos avec le nécessaire de base, choppe le sac plastique à l’intérieur pour y rassembler la nourriture volante et une serviette microfibre assez légère mais utile en toute circonstance. Je ressors l’instant d’après et observe le jeune qui-a-mon-âge tenter d’éliminer les gouttes dans ses cheveux d’une manière aléatoire et inutile. Très inutile. Et moi, j’ai la solution utile en toute circonstance. Moralité, j’attends qu’il se décide à ouvrir la porte de son appartement pour sortir pour poser la serviette sur sa tête. C’est ultra absorbant ces choses-là, j’ai quasiment que ça chez moi. Avant qu’il se mette à m’insulter ou me faire de l’humour noir, j’ajoute :

-Panique pas, elle est propre. Et c’est un réflexe, je laisse pas sortir des cheveux mouillés alors commence pas à râler.

Et puis, on descend les six étages à nouveau et on file jusqu’à sa voiture. Belle voiture. Très très très belle voiture. Ils se mettent bien ici, ça va. Je monte côté passager et ce n’est qu’une fois dans l’habitacle que Simje poursuit par un :

- J'espère que tu ne crains pas la route, en Pologne, c'est spécial.
-La route ou la conduite des polonais ?

Je retiens un sourire, tente de garder mon sérieux. Mais c’était trop tentant. Il ne faut pas me tendre des perches pareilles, sérieusement. Le sourire finit par transparaître sur mon visage puis un petit rire. Très léger, un pouffement plus précisément. Et là, il me sort les deux. Je compte sur lui pour nous faire arriver là-bas vivants. Je commence à sortir les condiments et ajoute :

-De toute façon, l’état du poulet dépendra de ma capacité à tenir ce couteau dans cet habitacle sans te crever un œil. Je prends le défi.

Je souris un peu plus d’un air malicieux, comme un petit enfant qui s’apprête à faire les montagnes russes pour la première fois de sa vie.
Bon, espérons tout de même que ça n’aille pas jusqu’aux montagnes russes, cette histoire.
Même si la Russie n’a jamais été aussi proche de moi.

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