Paris, jour de pluie.
Sans Autumn, jour de merde.

Il s’agit surtout de ne pas foirer la mission ici présente.
Et donc, pour cela, de continuer à courir vraiment plus vite que ça. Le problème est que dans Paris, je ne peux pas muter en cheval, ni en loup, ni en bestiole plus rapide qu’un chat. La forme que j’apprécie le moins. Sauter dans les flaques quand on est un chat revient à galoper dans un lac. Stupide pouvoir qui m’épuise dans ce corps félin. Mais de toute façon mon pouvoir, oh, mon pouvoir se mêle de mes rêves et quand j’ouvre les yeux je suis encore trop souvent loup, le cerveau chargé d’odeurs et de réactions lupines. J’ai peur que l’air bnb dans lequel j’me pieute pour la semaine ne découvre quelque chose.

Bref, continuer de courir donc. Je tourne à gauche et monte sur une gouttière en essayant de me faufiler sur les moulures abimées des bâtiments. L’architecture est un trésor pour les métamorphes, il y a de quoi se planquer de partout. M’enfin, de quoi se planquer de partout si on est assez rapide pour échapper à l’oeil de l’ennemi qui, bien qu’humain, arrive à rester à niveau. Je ne sais pas comment il fait, mais quand je m’étire pour sauter sur le toit, je sais qu’il ne va pas hésiter à me suivre.

Je traverse à tout allure, le poil ébouriffé par la course folle. Mes bandes de métamorphe m’entourent, fines et collées à mon corps. Je saute dans des escaliers, puis une poubelle. L’impact dans mes articulations me fait entr’ouvrir la bouche alors que je file. Il y a une fenêtre ouverte, je saute à l’intérieur sans réfléchir et me tapi contre le sol pour essayer d’être discret. Il y a d’immenses meubles de partout, il me semble probable que je me trouve dans une boutique, et qui dit boutique dit que peut être je vais pouvoir rester quelques secondes ici. Mais rester sous forme féline commence à me tirer sérieusement dessus. Une porte s’ouvre alors que sans le vouloir je deviens loup, j’entends clairement un humain mais il est trop tard pour conserver toute crédibilité car j’éclate sous forme humaine subitement.

Blond, vingt cinq piges, trempé de sueur et de flaques, enroulé dans des bandes élastiques et le corps marqué de coups (vous verriez ce que les autres ils ont reçu en retour, vous sauriez à quel point des bleus ne sont rien) et je me râcle la gorge en me redressant. C’est pas que je sois vraiment gêné en vrai, mais quand même.

- Mmh bonjour ?

J’essaie de reculer en même temps des fenêtres pour essayer au maximum d’être invisible. J’ai super envie de m’accroupir derrière un truc qui traine mais j’aurais l’air déjà bien plus creepy que maintenant. C’est dire.

- Moi c’est Ian. Je suis désolé pour ce que vous avez vu. Je peux rester quelques minutes ?

Je sais que je suis la pire personne en matière de.. et bien d’entrée en matière, mais il faudrait pas que le gars ne me rejette tout de suite, et puis avec un peu de chance, après un coup de fil à Orpheo, des gens passeront pour lui effacer la mémoire.
Hyper pratique les mecs.

Le gars s’avance d’un coup. Alors que je restais de manière assez accueillante, les bras largement visibles et une posture nonchalante, je me décale pour apparaître plus de profil tout en m’allégeant un peu du sol, prêt à réagir. Je sais bien qu’en combat singulier je vais éclater en loup instinctivement, comme un choix pas vraiment pris.

- Qui etes vous et comment êtes vous entré ?!

Il est agressif, mais quand même surtout extrêmement angoissé et ça, bien sûr que je le ressens. Son stress est à tout à son désavantage car qui a peur réagit mal.

- Ian, comme dis précédemment.

Je souris. Ce n’est pas pour le prendre pour un con mais je n’ai pas grand chose à dire de plus. Qu’est-ce qu’il veut que je lui explique à part mon prénom. Mon job ? Où je vis ? Il voudrait un nom de famille aussi ?
Un CV tant qu’il est.

- La fenêtre était ouverte, j’me suis permis.

Je me coule un peu plus loin dans l’ombre pour être tout à fait invisible pour mes poursuivants. Il ne reste plus qu’à gérer ce petit pélo visiblement pas très content que je débarque comme ça, à moitié à poil, seulement emballé comme une momie dans mes bandes de métamorphe. J’admets que c’est un peu chelou et que, bon, l’autre il a le droit de craquer son slip. J’ai bien vu qu’il a mis quelque chose dans sa poche et je n’ai ni envie de me faire planter, ni de devoir lui coller une baigne. Ou pire. Parce que entre ma vie, et celle d’un humain tout banal.. m’enfin. Je dis pas, mais si c’est mon seul choix..

C’est peut être pas le moment de jouer au con, mais le gars a quand même l’air tout à fait dépassé par la situation, alors que mon corps affiche la tranquille conscience de celui qui s’est entrainé d’arrache-pied dans tous les arts martiaux. Celui qui maîtrise son don et son pouvoir aussi.
Et mon don, il me dit que ce monsieur, il envoie des ondes d’émotions très, mais alors très différentes. Quelques temps en arrière j’aurais pris ça pour de la confusion, mais maintenant que j’ai accès à des choses bien plus précises, j’ai juste l’impression qu’il est genre.. tripolaire.

L’angoisse.

Il sort le ciseau à bois. Je pense à mes lames planquées dans les fringues laissées je ne sais où à ma première mutation. Vous comprenez bien qu’un chat ne se trimballe pas avec une lame recourbée d’une trentaine de centimètres. Bien. Encore un truc à racheter.

- AIE MERDE !

Oui, bon, après t’es con, t’es con quoi. Qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ? L’odeur du sang et de fer vient me chatouiller les narines. J’ai un peu faim, ouais. En plus il pue la panique à s’agiter dans tous les sens comme ça.

Il prend d’un coup son téléphone à me menaçant de son jouet débile. J’ai envie d’y mettre un coup de paluche, histoire qu’il sache à quel point il est ridicule, mais j’me dis que ça ne se fait pas trop. Imagine un gars débarque chez toi, et il à l’air tout posé ? Genre salut, comment ça va le sang ?

- Si tu bouge, tu sais ce qu'il t'attend.

Ouais, bon, par contre il va se calmer quand même le petit José, là. Il vient quand même de s’auto mutiler, et JE NE SUIS PAS MENACANT, détend ton caleçon je vais pas t’égorger.

Et là, sorti de nulle part, monsieur je ne comprends rien à la magie a finalement l’air d’y biter un peu plus que rien, à la magie, et commence à graver des trucs calmement dans le bois. On dirait des runes.
Il me prend pour un con.

- Bon alors, J'suis pas habitué a ce genre de situation, habituellement j'étais a ta place . Donc j'vais etre sympa. Qu'est ce que tu fous dans MA BOUTIQUE, A POIL en train de te cacher d'un truc ? De quoi tu te cache et puis merde... Pourquoi chez moi ? et surtout ! SURTOUT ! POURQUOI T'ES A POIL ENCORE UNE FOIS ?

Bon.
Mi, il me prend pour un con, mi, il a l’air con aussi. Parce que ben si tu connais les runes, tu connais la magie non ?
Non ?
Parce qu’il a quand même l’air un peu hystérique.

- J’cache rien, y’a des gens qui me courraient après, mais visiblement je cours plus vite.

Et j'en suis pas peu fier !
Bref.
Petit froncement de sourcil pour décider si oui ou non il essaie de tracer quelque chose de dangereux.

- Tu traces quoi là, au juste ?

Le loup est à fleur de peau, juste là. Je sens son aura dans mon dos, sur mes muscles, prêts à déchirer ce que je suis pour prendre la place, un corps plus utile, plus direct, plus impulsif encore que celui humain, taillé pour la bataille mais sourd, aveugle, mou.
Bien sûr que j’ai l’air plus agressif désormais mais eh, c’est lui qui a commencé.

Orpheo va encore me coller au cul après ça, ça va être un délice. Si il trace, ce n’est pas un civil, et si ce n’est pas un civil et que je le tue sans vraiment de raison, je vais me faire, dé, fon, cer. Comme un gosse pris sur le fait. Ça va craindre comme jamais.

- Ahem en quoi ca t'interesse, si tu pose trop de question, j'te livre a la police au lieu de laisser avec un simple coup de pied au cul pour t'introduire chez les gens

Bon, j’admets que j’ai juste envie de lui coller une baigne. Vraiment, ça fait des années qu’on ne m’a pas menacé d’appeler la police. La police non magique en plus ! C’est ça le pire, même si ça avait été la police magique j’aurais eu affaire à Zach ou Nawel et c’est pas exactement les gens qui me font le plus peur. Mais alors la police civile ? Sérieusement ? Tu veux qu’ils fassent quoi les gugus ? Surtout qu’en France ils ne sont pas armés.
Leurs matraques j’en fais des bâtons.

Le gars fini de tracer et je comprends que c’est une rune de guérison. Ce que par contre j’ai du mal à saisir, c’est que normalement ce genre de runes doivent se faire directement sur la peau, dans le sang même si possible, et là le gars fait ça dans du bois. Il est peut être métamorphe arbre, qui sait. J’en croise vraiment très rarement et j’comprends pas trop l’utilité du pouvoir mais, très très bien.
Fait le gland stp, gros.

- Bon... tu fuis qui au fait ? Y'a rarement des racailles dans se quartier, donc la seul possibilité c'est que t'es les flics au cul.. qu'est ce qui m'empeche de te balancer ?

Bon après si le mec il veut que je le menace, je peux aussi le menacer. Ça, je sais faire.
Il se retourne pour prendre je ne sais quoi et je me décale pour voir que ce ne sont que des médicaments. Très bien.

- J’ai une très bonne raison pour ne pas que tu m’balances.

Je mute. Je ne laisse pas le loup sortir, parce qu’un loup, aussi lupin que ça paraisse, reste un animal qu’on peu croiser, qu’on a peut être même déjà vu. Je me retiens de devenir loutre également pour ne pas faire trop pitié, mais je devient panthère, facilement, comme si c’était une deuxième peau. La tête basse je me lèche les crocs, les yeux rivés sur l’inconnu avant de redevenir humain. Une perle de sueur glisse dans mon dos, mais il est toujours agréable de maitriser ces changements.

- C’est que si tu le fais, je t’égorge.

Bon, en vrai, c’est vraiment pour frimer. Parce qu’il aurait beau appeler les flics, le temps qu’ils viennent je serai envolé. Encore quelques minutes d’ailleurs et je redeviens chat pour rentrer chez moi.

L’homme était en train de pleurer. Genre, il a de l’eau qui sort des yeux, et je ne sais absolument pas pourquoi. M’enfin c’est faux. Parce que je suis empathe. Mais j’aimerais bien juste l’ignorer et me foutre de sa gueule parce qu’il chiale sans raison a p p a r e n t e.
C’est ça le mot clé.
Le problème c’est que mon don m’indique que clairement, il y a pas mal de stress et d’angoisse mais aussi une agressivité hyper fluctuante. Ça va, ça vient comme la marée sans aucun sens.

Et c’est pour ça que je me fais avoir, parce que ça n’a aucun sens et que d’un coup, j’me prends un pieds de chaise venu de nulle part, comme ça, bam sur moi. J’avoue que l’impact ne fait pas bien plaisir.
Je mute.
Il gesticule dans les airs et je sens ma chair s’ouvrir sur mon visage avec la sensation poisseuse du sang qui coule mais je suis déjà trop proche et malgré son ciseau tout seul menaçant dans les mains et son beuglement tout à fait incompréhensible, mes crocs s’enfoncent dans sa jambe comme si ça avait été du beurre, je sens le muscle céder avec les nerfs alors que je tire, et, immédiatement je mute en chat pour rester insaisissable. Je recule, me décale à gauche, les babines rougies et humides.

Il n’a pas bon goût.
J’vais avoir une cicatrice sur la tête pendant au moins une semaine.
Ma mission jusque là se déroulait mieux contre des sorciers noirs que contre un pélo complètement fou.

Le sang m’aveugle l’oeil gauche, c’est douloureux et désagréable et chiant et j’me demande si j’ai le droit ou pas de le buter. Ca ne doit pas être hyper profond sur ma tête, en vrai, juste de quoi casser les couilles et pleurnicher sous la douche, mais je ne l’ai pas vu venir et ça m’emmerde. En plus, Autumn va pouvoir se foutre de ma gueule et je vais être obligée de la faire taire.

Bref, ce n’est pas le moment de tergiverser parce qu’autant l’autre coco il va se remettre à gesticuler. Je me décale à droite, deviens loutre puis saute dessus, et c’est 350 kilos de muscles félin qui se jettent sur l’homme, visant le ventre pour chopper les tripes et les sucs, le sang plus clair qu’ailleurs, c’est les crocs effilés qui cherchent avidement la chair.

Vous remarquerez que j’suis sympa et que je vise pas la gorge. J’suis pas un meurtrier, mais le gars il est malade un peu. Ça va encore me valloir un rapport chez les cocos d’Orpheo, ça.

Le mec, en clair, c'est n'importe quoi. Je ne sais pas exactement ce que c'est son problème mais clairement, un coup, il est super vénère, un coup, il est terrorisé. Je m'apprête à crever sa peau de mes crocs quand une vague de terreur se colle sur mes récepteurs. Je suspends mon geste, tendu. Est-ce que c'est mon don d'empathe qui déconne ? Est-ce que c’est moi qui suit tout cassé à l’intérieur.

Je redeviens humain, crachant sur le sol, un air tout à fait écoeuré sur le visage. Autant pour des papilles lupines ou félines, le sang c’est assez stylé, autant là tout de suite j’suis pas contre un lavage de bouche et d’estomac.
Imaginez dans que je deviens poney, la PLS du mec qui peut pas vomir en paix.

Un bruit sur le sol, le ciseau sur le sol et le gars roule des yeux, subitement plus calme. Il semble réaliser la situation, le sang, sa jambe, moi à poil à nouveau et il hurle :

-- ARRETEZ S'IL VOUS PLAIT ! ARRETEZ ! POURQUOI VOUS M'AVEZ ATTAQUER ! J'AVAIS MEME PAS APPELLER LES FLICS ! POURQUOI !

Oké.
Il n’est plus agressif, ça c’est sûr, mais il est aussi en train de clamser sévère, c’est certain également. Et je me fais pas chier à essayer de passer pour le gentil pour après laisser des gens sur le carreau.

- J'veux pas mourir s'il vous plait !

Connard.
Je soupire, mon sang mélangé au sien sur mon visage. Je pioche dedans, trace en quelques secondes une rune de guérison sur mon bras. J’ai toujours été incroyablement brouillon mais au moins, ça arrêtera le saignement.

- Laissez moi vous aider.

Bien, go faire une autre rune de guérison sur son bras à lui à ce connard de ses morts.
Go appeler Nawel, hein.
Une sonnerie.
Deux.

- Ouais ?
- J’ai besoin de toi. Mission urgente.
- L’adresse ?
- Paris, SMS.

Je pianote sur l’écran, je l’entends grommeler. Je reprends.

- C’est vraiment la merde là, faut vraiment que t|
- Bon, on est sur Paris avec Logan de toute façon, et j'connais cette adresse j'y suis déjà allée.

La blessure de l’autre ne saigne plus, mais j’admets que la plaie est excessivement laide et qu’il doit bien douiller. Parce qu’il plus il pleure.
Mais je n’ai pas le temps de cligner des yeux que pif paf pouf, Nawel est là, fidèle à elle même avec Logan dans ses basques, allez savoir pourquoi, ils font partie de ses gens sans cesse sur le terrain qui ne parle j a m a i s de leurs missions. Ils se la pètent à mort, en vrai.

- Lui ?

Voilà, c’est tout ce qu’elle dit.

Niania, je suis Ian et je suis chiant, je ne me débrouille pas par mes propres moyens, je fais toujours de la merde, j'ai provoqué Nawel et elle a mis le feu à un QG et putain, je sens le vieux cabot mouillé.
Et également, j'envoi des messages de repêche quand Nawel est occupée. Ça donne à peu près ça :

« - Ouais ?
- J’ai besoin de toi. Mission urgente.
- L’adresse ?
- Paris, SMS. »

Je regarde l'adresse reçue. J'connais, c'est juste à côté d'un gars qui me servait de tremplin à téléportation. Il me grogne dessus en plus « - C’est vraiment la merde là, faut vraiment que t|
- Bon, on est sur Paris avec Logan de toute façon, et j'connais cette adresse j'y suis déjà allée.»

Je roule des yeux, attrape la main de Logan sans vraiment lui demander son avis, et BAM, mystère et je suis dans la rue à côté d'une boutique. J'y rentre, y'a en effet Ian, et un mec clairement en train de décéder. Quand je dis que Ian il ne sait pas assumer. Je dis « Lui ? » Il hoche la tête, un peu penaud visiblement. Eh, mais c'est qu'il a le visage tout déformé, dieu qu'il est laid, je n'avais pas remarqué. Je souffle, en me disant que bouger quatre connards ça va me valoir des courbatures de grippe pendant une semaine, alors j'avance :« Logan, tu me traces une rune dans le dos qu'on puisse bouger à quatre ? » Et puis après, ça sera parti pour les locaux de Paris pour sauver le monsieur au sol, histoire qu'il n'y reste pas. Surtout pas maintenant que je suis impliquée avec Logan qui, aussi guignol qu'il est, s'avère être un mec quand même très efficace.

Bref, faut surtout que l'autre ne perde pas connaissance. « C'est quoi vot' petit nom ? » dis-je en m'adressant au gars au sol. Je vois qu'il a une rune de guérison sur lui, c'est cool, le cabot s'est acheté un cerveau entre temps, mais ça l'a pas empêcher d'agir sans réfléchir, pour changer. « Faut pas nous claquer des les pattes, n'est-ce pas ? On reste conscient surtout ! » C'est pas de l'empathie, c'est un bon gros ras-le-bol des gens qui ne savent pas partir quand ils n'ont aucune chance de s'en sortir.

Je suis sorti de mon bureaaaaaau, tralala youpiiiiii. Petite mission de reconnaissance, au calme, avec Nawel. Ça va du bien de voir le ciel, d'entendre les oiseaux de...

Respirer la pollution parisienne. Ouiiiii, je vous ai pas dit, on m'a envoyé en mission à Paris. Déjà c'est rare qu'on m'envoie en mission sur le terrain, j'suis plutôt un cerveau, même si ça me fait grave plaisir, mais en plus, je voyage. Tralala youpi.

Enfin bref, Nawel reçoit un coup de téléphone, normal, j'prête pas attention à ce qu'elle dit Parce que c'est pas trop mes oignons. Sauf que d'un coup elle m'attrape la main et POUF, on est ailleurs.

J'aime pas trop trop ça la téléportation moi. Ça a tendance à remuer tous les intestins c'est pas terrible. Dixit le gars qui s'amuse à se balancer entre Des immeubles à la Spider-Man. C'est pratique, je dis pas. J'ai souvent à faire avec eux Mais ... brrrr. J'suis quand même pas fan.

-Mais euh, pourquoi il est en sang ?

Bah ouais, par terre, y'a un gars qui est juste en train de décéder quoi. TOUT VA BIEN. Non ça va pas bien. Et à côté on a Ian, presque à poil, comme d'habitude, qui est là. Juste là. Et qui fait rien.

Sérieuuuuuux. Enfin si, il a appelé Nawel. Le gars n'est pas trop con non plus. (En vrai j'l'aime bien Ian).

-Logan, tu me traces une rune dans le dos qu'on puisse bouger à quatre ?

-Euh ouais attends.

Parce que là le gars il est en train de faire une hémorragie, juste comme ça. Donc le transporter même super vite (encore un coup de téléportation pour bibi, j'apprécie) j'suis pas sûr que ça lui fasse le plus grand bien.

Du coup j'me mets à genoux à côté de lui et commence à former de la glace sur ses plaies pour que le sang arrête de s'écouler. Je grave également une petite rune de fortune dessus avant de l'activer. Pendant ce temps là, Nawel lui pose des questions pour essayer de le garder en vie, en quelques sortes.

Premiers soins, check.

Ian aussi est un peu abîmé mais il survivra laaaaaaargement, Et il sait déjà occupé de lui.

J'me relève, trace la rune de puissance sur le dos de Nawel Et lui prend la main ainsi que celle du gars à terre.

-Directioooooon, infirmerie magiiiiiiiiiiique.

Le poing en l'air, avec celle de l'inconnu à moitié mort, comme un super héros, c'est parti.

Concrètement, ça devient assez vite le bordel entre l’autre qui piaule dans un coin et Nawel qui arrive, mais y’a Logan aussi, personne ne comprend rien et surtout pas moi qui ne passe qu’à une chose : les bois.
Avant même que ne se déclarent mes pouvoirs, j’avais déjà une sérieuse névrose concernant la forêt ; devenir loup n’avait donc pas été de gros traumatisme.

Petite pensée aux métamorphes qui ont comme forme primaire un poisson. Ou une grosse baleine. Imaginez quand on mute sans faire exprès, dans un magasin. La baleine qui emporte les cadis et les mamies.

Bref.

Hors de question que je rapporte les dialogues, Nawel et Logan ont une façon de fonctionner un peu étranger, on sent le truc mi-rodé, mi-inhabituel, ce qui ne m’étonne pas puisque je la vois plus souvent avec Zach qu’avec Logan.
Il est où d’habitude Logan ?
.. okay, je sais pas.
Logan qui part ailleurs, se met à congeler avec de la glace le p’tit gars complètement niqué du bulbe, ce qui doit faire atrocement mal et brûler les plaies. Oui, de la glace vive sur de la chair, ça brûle.

Bon courage petit-monsieur-m’ayant-défiguré.
Enculé, va. Qui se met d’ailleurs à papoter à toute allure. Mais alors à une vitesse balbutiante du gars qui clairement, devrait passer un peu plus de temps, je sais pas, à la campagne, au milieu des moutons avec de faire un burn out.

- Attendez ! Je vais me soigner en partie, mais s'il vous plait, si vous voulez me sauver, nourrissez moi, forcez moi a avaler plus de nourriture que de raison. Regardez ce que ma magie me fait. Je vais retenter de me soigner, vous ne devriez pas avoir de soins a me prodiguer ! Mais juste a me ramener a manger et je ne dirais rien sur votre existence. J'ai vécu dans la rue ! Taire des secrets ca m'y connais j'vous promet j'dirais rien !

Wow. Déjà, le mec veut qu’on lui file à bouffer et en échange il ne dira rien, blablabliblou, mais je crois qu’il ne se rend pas bien compte que ça sert à rien ses gribouillis tout pourris là, il va juste s’auto cramer sur place, et ça ne sera pas ma faute, et tant pis pour lui. Parce que je sens sa peur, je sens sa douleur aussi, et j’aimerai bien, que, ça, cesse. Tu vas chez Orpheo coco, laisse tomber t’es sauvé, laisse.

Puis le manger, on le trouve où, hein ?

- Je vais m'évanouir, et je serai au porte de la mort mais par épuisement, néanmoins je ne devrais plus avoir de blessure. Vous pouvez en soit me laisser ici pour mort. Mais la police menera l'enquete je pense.

Mais visiblement Logan et Nawel n’écoutent pas des masses parce que la téléporteuse a attrapé des mains, et j’entends sur Lolo dire :

-Directioooooon, infirmerie magiiiiiiiiiiique.

Ce qui est assez drôle pour me faire souffler d’amusement après cette journée qui pue la mort, et la seconde d’après on est à Orpheo, mais par Orpheo Londres parce que ça ferait beaucoup trop loin, donc Paris, ça veut dire plein de gens avec des bérets et des baguettes de pain sous le bras.

Non, en vrai ça veut surtout dire qu’ils auront un accent casse couille et tireront un peu la gueule.

Nawel a eu le cerveau de nous balancer directement dans les quartiers médicaux, ce qui est pas plus mal. D’ailleurs, sans plus de forme ou de respect, elle me fait un clin d’oeil - j’ai toujours envie de la fracasser contre un mur quand elle s’en bat la race comme ça des gens, elle pourrait me demander comment va Ian le magnifique mais non, juste un clin d’oeil - elle attrape Logan et pouf.

Gone.

Comment ça me saoulerait d’être trimballé par Nawel comme ça, pauvre Logan.

Le gars est pris en charge avec un regard noir, mais noir de la part de la petite madame rousse qui, si elle avait pu m’envoyer bouler contre un mur, elle l’aurait sûrement fait.

- C’est un civil, dis-je, [color:7d1f=#thistle]mais il semble avoir des pouvoirs quand même.

De toute façon aucun doute, ils vont le soigner, lui faire oublier l’événement et le renvoyer directement dans la boutique d’où il vient, sans ménagement aucun, en gardant un oeil sur lui au cas où, effectivement, il s’avèrerait être une menace.