Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo

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 Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo

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MessageSujet: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyJeu 9 Aoû 2018 - 10:55


"Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo"


Pister c'est tout de même l'une des sensations les plus grisantes qui soit. Ça demande d'être bon en recherche d'information, d'être extraverti et de n'avoir peur de rien, d'aller au-delà de la loi et d'exploiter la moindre petite faille. Et puis, le jeu en vaut toujours la chandelle.


Ça doit bien faire quoi, une semaine depuis ce léger « incident » ? Grâce à Rosenrot, j’ai pu récupérer l’entièreté de mes capacités en un temps record. A cause de Rosenrot, j’ai pu vivre une fantastique punition. On est comme ça ici. Si je m’étais enfui, j’en aurais pris pour mon grade. En étant resté, j’ai provoqué un peu plus de dégât, potentiellement percé la couverture d’autres sorciers noirs sans avoir tué un quelconque exorciste. Quoi qu’on fasse, ça se finit toujours par de l’entraînement alors les punitions n’en sont plus vraiment. Elles sont simplement une méthode pour se maintenir en forme.
Que ceux qui ne tiennent pas se fassent appeler sorcier noir, c’est dégradant pour notre métier.

Le temps de refaire de nouveaux papiers, dégager l’argent retenu à l’ancienne banque et toute la paperasse, une bonne semaine s’est écoulée. J’ai bien entendu fait comprendre à Olive -qui s’est trouvé être l’auteur de ces faits- qu’il fallait mieux pour lui qu’il ne recommence pas. Non pas seulement par malice, mais aussi par précaution. Moins on se mêle au monde des humains non doués, mieux notre organisation s’en porte. D’ailleurs, lui aussi s’est pris une partie du courroux du supérieur, même si ma trop bonne gentillesse m’a poussé à l’écarter de l’affaire.

Malgré toute cette agitation, je n’ai pas pu m’empêcher d’occuper une partie de mon agenda à rechercher la jeune exorciste ayant été assez folle ou empathique pour me sauver la vie. Non pas qu’un désir particulier me pousse à la retrouver, mais l’objet trônant sur mon bureau semble lui appartenir. Une pièce trouée. Impossible de dire d’où ça vient, à vrai dire ça ne m’intéresse pas vraiment. J’aurais pu la jeter c’est vrai, ce n’est pas faute d’avoir entendu cette proposition une dizaine de fois de la part de mon jumeau.
Mais non, pourquoi ?

Je hausse les épaules pour répondre à une énième tentative de la part de ma moitié pour me faire lâcher cette obsession. Je n’y peux rien. Pianotant sur les touches de mon clavier, la cigarette à la bouche, je termine de rassembler les pièces de la filature et lance un « ahaaaah » victorieux, dégageant par la même occasion un nuage de fumée. 5 jours que je suis dessus, mais ça y est, j’ai retrouvé sa trace. Orpheo fonctionne pareil que nous à ce niveau. Les fausses identités et tout, ça me connaît. Ça n’a pas été facile, mais je dois avouer que ce genre de travail fait partie de mes préférés toute catégorie confondue. Alors autant passer mes vacances de la manière la plus agréable qui soit. Fort heureusement, mes recherches n’ont pas eu à se concentrer sur l’extérieur de Berlin. Dans ce cas, il aurait été probable que je ne la retrouve plus jamais. Mais ce n’était pas le cas. On l’avait juste transférée dans un autre bâtiment, avec une autre responsabilité tout aussi fantastique. Non pas que le métier de bibliothécaire soit inutile, mais passer mon temps assis sur une chaise, très peu pour moi.

Je fais rouler la pièce de monnaie entre mes doigts et extrait le morceau de papier fraîchement sorti de l’imprimante. Une bibliothèque mixte magique et non magique. C’est assez rare pour être noté et j’ignorais même que ça existait. C’est en faisant mes propres recherches sur l’allure et les pièces générales du bâtiment -parce que je ne fais jamais le travail à moitié- que certaines formations m’ont mis la puce à l’oreille. Certains emprunts de livre aussi, la répartition des thèmes sur les étagères. Je passais beaucoup de temps dans les bibliothèques, plus jeune, avec mon frère, alors j’ai appris quelques petites choses. Il y a aussi une médiathèque souterraine. C’est un assez grand bâtiment au final et il doit être assez facile de s’y perdre.

Mais pas de moment à perdre. Je passe le petit objet dans ma poche, sort du bureau, attrape d’une main mon sweat à capuche gris, de l’autre la brioche sortie du grille-pain et prévient mon frère de mon départ imminent, me récoltant un quelque chose comme « Je suis pas dispo cet après-midi, alors stp te fais pas tuer. » Remarque à laquelle je me contente de sourire d’un air niais. Mais non. Une bibliothèque magique potentiellement gérée par plusieurs membres d’Orpheo, ça ne peut que bien se passer, non ? Au pire, la demoiselle m’a sauvé une fois, elle pourrait tout aussi bien recommencer, n’est-ce pas ?

Comme une mission est prévue pour dans quelques jours avec mon frère, je suis aussi passé par la case coiffeur et teinture noire. C’est pas très intelligent de venir voir Orpheo avec ma tenue de camouflage, mais tant pis. Avec un peu de chance, elle sera toute seule à l’accueil. J’ai l’air d’un adolescent et ça tombe plutôt parce qu’on est censé partir faire une mission d’infiltration dans un des centres de formation d’Orpheo en Russie. Ça promet du très lourd et il me tarde d’y être à vrai dire.

J’occupe donc mon temps efficacement.

Lentement mais sûrement, j’arrive en traînassant un peu les pieds, pleinement prêt à assumer mon rôle mais me redresse en pénétrant dans l’habitacle. C’est pas pour aujourd’hui l’adolescent et j’ai beau avoir un visage absolument jeune, j’ai tout de même la trentaine bien tassée.
Je passe discrètement l’accueil sans un regard pour les personnes présentes et fait semblant de me perdre dans les allées. Tant qu’à être là, autant s’intéresser à ce que peux bien cacher cet endroit. Il y a des livres plus ou moins intéressants, des thèmes classico-classiques et d’autres un peu moins. Certains bien trop en hauteur pour être facilement accessibles. D’autres perdus dans la profondeur de deux rangées superposées.

Je souris au moment où mon regard rencontre un livre au nom évocateur. Je m’en saisis avant de bloquer entre ce dernier et mon pouce la petite pièce. Puis, avec une certaine lenteur, je me dirige vers l’entrée et croise enfin la tête blonde que je suis venue retrouver. Eh bien en voilà une bonne chose. Malheureusement, il y a une autre dame, bien plus âgée, à côté et quelques enquiquineurs posés au calme un livre entre les mains. Je dépose le livre surmonté de la piécette sur la table près de Rhyan et pousse le tout dans sa direction.

-Tiens, un livre qui devrait faire ton éducation un peu. Et je crois que ce machin t’appartient.

Je m’accroupis brusquement pour pouvoir poser ma tête sur le rebord du bureau tout en croisant les bras. Sur la couverture aux tons bleus et blancs, il est inscrit en belles lettrines : « Je suis chiante ! Comment faire ? ». Un immense sourire inonde mon visage de bonheur et j’articule avec une grande exagération.

-Bien le bonjour, Rhy-an.

J'espère qu'on va bien s'amuser.

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Exorciste Humaine
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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyJeu 9 Aoû 2018 - 12:14

Je ne m’en suis pas rendue compte tout de suite. D’abord j’ai parlé à Orpheo, je leur ai expliqué, ils m’ont félicité et j’ai eu une prime. C’était n’importe quoi; pourquoi mentir à mon employeur censé garantir mes valeurs ? Ils se battent pour les mêmes choses que moi mais je crois que je suis fatiguée et que ma hache de guerre est devenue trop lourde à porter.

J’ai donc eu une prime.

Je suis passée dans les locaux de médecine d’Orpheo, ils m’ont retapée petit à petit. J’étais contente de croiser Simje qui m’a regardé un peu étrangement mais n’a pas posé de question. Il m’a dit que j’avais l’air d’aller vraiment bien, a insisté sur le vraiment bien, mais s’est tut le reste du temps. C’était agréable et je ne m’en suis pas rendue compte. Je suis rentrée chez moi et j’allais pour m’endormir quand j’ai porté la main à mon cou.

Il n’y avait rien autour de mon cou et mes yeux se sont agrandis subitement, toute fatiguée envolée, une enclume s’est enfoncée dans mon estomac et la peur m’a glacé le sang. J’suis allée vomir, certaine que c’était fini, que je l’avais perdu.

Je l’avais perdu.

« I spent my nights trying to get a grip of you,
But your divine ribs would help break mine »

J’ai mis la musique plus fort, j’haletais.

« Nothing’s alright, believe me
I won’t feel the same in the mornin’ »

Comment est-ce que c’est possible que la musique exprime toujours exactement les bons mots exactement au bon moment ?
Je m’étais assise et j’avais pris mon visage entre les mains, essayant de retracer à l’envers le chemin de cette stupide chaine et de ce que stupide médaillon. Je le sentais encore sous mes doigts, la courbure abîmée de la pièce et j’avais gargouillé :

- Non, non, non..

Je m’étais levée, j’avais pris quatre pilules pour pioncer - quotidienne, uh ? - et je m’étais écroulée sur mon lit, les yeux vides mais ouverts, la bouche sèche et râpée de la peur viscérale.

Voilà, ça c’était moi hier,
Avant hier.
Avant avant hier.
Bref, ça fait une semaine.
Le moi d’aujourd’hui regrette.

Mais ayant déjà été mutée, faut bien sortir d’ici. J’ai déjà bossé trois jours à la bibliothèque, les gens j’aime pas trop, les livres un peu plus déjà. Mais ça se passe toujours mieux que la banque où y’avait beaucoup de gens, pas du tout de livres.

La douche ne me fait aucun bien, mes pensées tournent en boucle, j’ai envie de la retrouver, j’ai besoin de la retrouver, doit y avoir des runes pour ça, des gens, des pouvoirs ou des dons, doit y avoir un moyen. Il faut qu’il y ait un moyen de toute façon, sinon j’en meurs, j’en meurs tout de suite, c’est plus la peine, c’est plus la peine, c’est plus la peine, c’est plus la peine.

Chill meuf, chill. Je me maquille vraiment lourdement les yeux, j’ai pas envie qu’on me parle, j’ai l’estomac dans la gorge, et ce putain de travail de merde à la con de ses morts. Je pourrais pas être sur le terrain comme les autres ?
Pour finir comme Takeji ?
Ça me tente.

Bref, de bonne humeur - je devrais m’acheter un bien, qui sait, autant les chiens sont des absorbeurs d’humeur. Je bloque intégralement mon don pour ne pas avoir en plus à me taper une raillasse en sortant de chez moi.
Bref, tip tip tip tip tip je marche je marche, j’ai le casque sur les oreilles, la musique pour me rendre sourde. Je verrais plus tard si on peut se désourdiser avec de la magie. Chemise blanche sans manche, help me it’s so hot around here, pantalon noir et baskets.
Ils ont tenté les derbies, les talons, les jenesaisquoiplusféminin, ils ont vite compris qu’ils pouvaient aller se faire foutre.

Et donc je me balade tranquillement, range des livres et passe à travers des bibliothèques pleines ce qui me fait toujours autant marrer. Y’a le enfant qui veut telle BD, bidule qui comprend pas le code wifi, j’enregistre des livres, paperasse, bref, je m’occupe à mort tout en songeant à comment je vais faire pour récupérer le médaillon. Et là.

Je jette un petit regard de côté en entendant un petit bruit de livre insistant et je vois Jean-Luc-de-la-dernière-fois.

Oula. Nope nope nope nope nope. Pas lui.

Comment j’ai la flemme de me battre. Je songe immédiatement à traverser le plancher et passer en sous sol, mais il ne dégaine aucune lame et visiblement je ne suis pas égorgée.

-Tiens, un livre qui devrait faire ton éducation un peu. Et je crois que ce machin t’appartient.

Machin ?
Je baisse les yeux, mon coeur s’arrête littéralement, je m’empare de la pièce aussi vite que je peux et la serre à m’en faire blanchir les phalanges. Putain putain putain putain putain putain. Je suis ultra en colère contre moi que ce gars ait pu y toucher, en colère de l’avoir perdue, en colère de ne pas m’en être rendu compte.

Et c’est là que je lis la couverture du livre.
Va te faire foutre un peu.

- Bien le bonjour, Rhy-an.

Il est accroupi, presque pipou comme ça avec la tête posée sur la table, mignon mais mortel, une bonne ambiance. Je glisse la pièce dans mon soutif et essaie de calmer mes doigts qui tremblent. Comme quoi, tu peux essayer de me tuer, j’m’en tape, tu me files une piécette et c’est la fin des haricots. Sacrée exorciste.

- Si tu t’en es servi pour faire la tienne ça a visiblement raté, Soul.

Petit, sourire, suf, fi, sant.
Je sais toujours pas comment il s’appelle, ahah.
Gêne.

- Tu viens apprendre comment faire tenir une rune d’immobilisation plus de cinq secondes ?

Sale gosse.
Je ne veux même pas savoir comment il m’a retrouvé, je ne veux pas savoir comment il a mis la main sur le médaillon, je ne veux, rien, savoir. Et puis j’suis au boulot, j’ai, actuellement du boulot, et je n’ai pas envie de mettre le feu à autant d’ouvrages qui contiennent des trucs utiles. Plus utiles que l’argent.

J’entr’ouvre la bouche mais ne réplique rien, je me casse juste comme ça, pas merci ni merde, de toute façon je ne sais pas ce qu’il fou là, il y a des gens autour on ne peut parler de rien, et puis je fuis, je sais pas pourquoi je fuis, peut être qu’il est venu pour m’égorger et qu’il prend juste son temps, souris qui est attendue par le chat. J’me casse vers les bouquins d’histoire magique que personne ne consulte jamais, moquette grise et fer rouge, petite rivière sur le côté c’est mon endroit préféré et ouvert.
Au cas où il me suive, au cas où il ait une lame et pas moi.
Au pire j’lui crève les yeux avec cette putain de pièce.

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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyJeu 9 Aoû 2018 - 19:20


"Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo"


Pister c'est tout de même l'une des sensations les plus grisantes qui soit. Ça demande d'être bon en recherche d'information, d'être extraverti et de n'avoir peur de rien, d'aller au-delà de la loi et d'exploiter la moindre petite faille. Et puis, le jeu en vaut toujours la chandelle.


Je ne saurais dire ce qui me pousse à la fixer comme ça. En général, les agents d’Orpheo, je ne les vois même pas en peinture. Et quand ils surgissent de nulle part, je m’arrange pour leur mettre la corde au cou. Ou le poignard, plus rapide et sensitif. Ils ont tendance à tous vivre du « tuons les sorciers noirs » tout comme nous vivons du « tuons tous les exorcistes » alors ça donne rarement l’occasion de trouver des points d’entente. Nos valeurs sont ancrées si profondément qu’il est difficile de souhaiter sortir des sentiers battus. Jusqu’à présent, je me serais ri au nez pour mon impertinence. Si Rosenrot apprend que j’ai filé une exorciste pour le simple plaisir de lui rendre une babiole sans souhaiter –pour le moment- lui faire la moindre blessure, je serais assurément reparti pour une tournée d’entraînements. On ne déroge pas aux règles aussi facilement.

Alors voilà, chez cette fille il y a un fond assez surprenant. J’ai l’habitude de me faire traiter de tous les noms et à vrai dire, ça me passe au-dessus de la tête à bien des égards. Mais cet esprit de compétition, je le retrouve rarement du côté des gentils. Et c’est drôle, je dois avouer que ça me plaît beaucoup. Ça me titille et me donne ce besoin viscéral de l’embêter. De la taquiner. Comme la pichenette de la dernière fois. Ah, je me souviendrais toujours de ce visage offusqué, cet esprit meurtrier.
Du bonheur sous les traits d’une blonde furieuse.

C’est la raison principale qui me force à l’aborder par une belle entrée.
Je dépose la petite pièce, pas vraiment certain de l’utilité du truc –je suis pas trop matérialiste- directement sur la couverture et ouvre grands les yeux. Surpris par la vivacité de la demoiselle. Elle s’en saisit avec une certaine avidité. J’incline la tête sur le côté. Ce truc a donc de la valeur à ses yeux ? C’est assez surprenant, je ne pensais pas qu’elle était du genre à se balader avec un gri-gri. S’il possède vraiment une valeur aussi sentimentale que ça, ces derniers jours n’ont pas dû être facile. Enfin bon, chacun sa merde, c’est qu’une petite pièce, ça se remplace.

Elle percute enfin le nom de la couverture et me jette un regard noir. Ça commence bien. Je lui renvoie un sourire charmant, paradoxe complet. C’est un peu ce qui nous définit le paradoxe. Une exorciste et un sorcier noir. C’est tenter le diable que de passer ne serait-ce que quelques minutes sans se taper sur la figure, même pour passer le temps. Qui ferait ça…

- Si tu t’en es servi pour faire la tienne ça a visiblement raté, Soul.

Sans lâcher une seule seconde mon sourire rayonnant, je réponds :

-Je prends ça pour un merci.

Vous voyez ? Ça commence parfaitement bien.  Deux échanges et la routine est déjà bien installée.  Ah, si nos chemins se recroisent en mission, ça me fera certainement mal au cœur de devoir la tuer. Mais bon, le travail c’est le travail. On ne rigole pas avec ça.  En plus, elle continue à m’appeler par mon nom de famille mais son sourire satisfait vaut bien tout l’or du monde. Je me demande si elle pense vraiment m’atteindre avec ce genre de réflexion. Et qui sera le premier à rendre les armes sur ces échanges verbaux fortement inintéressants.

- Tu viens apprendre comment faire tenir une rune d’immobilisation plus de cinq secondes ?

Je sais très bien comment faire tenir une rune sur plusieurs secondes. Elle serait même surprise qu’en pleine possession de mes moyens, je gère même la minute. Il faudrait qu’elle, de son côté, arrête de se taper des bouquins sur la chevalerie et ces notions plus qu’ancestrales que sont les combats à la loyale. On ne s’y attend pas trop, aux coups fourrés chez les sorciers noirs de la part des exorcistes. Ça lui donnerait un coup d’avance à cent pour cent. Mais bon, à elle de se faire son idée sur la chose, chacun remet ses valeurs à sa place avec le temps nécessaire.

-Ce genre de bouquin existe vraiment ?

Mi-intéressé, mi-blasé, je ne peux pas vraiment dire que la réponse changera le cours de ma vie. Pour moi, ce genre de choses, ça s’apprend avec l’expérience, pas entre les pages fixes d’un livre. Ça consisterait en quoi au juste ? Pour moi, ça tient en quelques mots : commence par améliorer ta condition physique et magique et basta. Pas besoin de 500 pages pour te l’expliquer.  Il est d’ailleurs probable qu’elle ait prononcé cette question par un hasard total et ignore même l’existence d’un tel bouquin. Je lui aurais d'ailleurs bien répliqué quelque chose comme "en espérant gagner de l'expérience pratique en lisant, ça m'étonne pas que les exorcistes soient aussi peu efficaces", mais j'aurais uniquement donné le baton pour me faire battre.
Contentons-nous de rentrer dans le jeu de mes adversaires. Ça ne le rend que plus pimenté.

Mais alors, Rhyan se lève. Déjà ? Est-ce qu’elle veut me montrer où se trouve ce livre ? Ça m’étonnerait grandement. Je la regarde faire le tour du bureau sans un regard pour moi –et j’en suis sincèrement triste- avant de disparaître dans les allées de livre. Quoi, genre vraiment comme ça, sans raison ? Quelle impolitesse. Et dire que j’ai fait tout ce chemin, tout ce travail en amont pour voir ses petites mimiques adorables, voilà qu’elle me fuit sans aucune raison. Et puis s’éloigner des gens comme ça, elle n’a pas peur. A moins qu’elle prévoit de m’assassiner ? On est dans une bibliothèque magique. Je n’ai pas décelé de runes, mais il est probable que certaines se déclenchent pour telle ou telle raison. Question de pratique, Orpheo n’est tout de même pas assez idiot pour ne pas avoir placé ses pseudo bâtiments sous protection magique. En cas d’attaque. Par précaution, je n’utiliserai donc aucunement pouvoir ou don. Pour ce qui est de me défendre, contrairement à la dernière fois, je ne suis pas venu les mains vides. Cette fois-ci, mon poignard loge à sa place, au niveau de mon mollet droit.  C’est étonnant que le détecteur ne l’ait pas remarqué d’ailleurs.

Je me relève donc et la suit doucement, silencieusement malgré moi, bien trop habitué aux mission d’espionnage. Déformation professionnelle.  Si professionnelle qu’en parcourant les allées, mon rythme cardiaque ralentit progressivement, me permettant de réguler ma respiration à un niveau très faible.  Mais tout ça, encore une fois, c’est une habitude et je ne m’en rends pas vraiment compte.
Elle bifurque à un coin en ralentissant et je me stoppe à ma place.  Avec un peu de chance, elle s’arrêtera. Alors, j’ouvre un livre au hasard qui se trouve en vérité plutôt intéressant puisqu’il aborde le sujet des familles fondatrices de l’Ordre. Des exorcistes. Mais aussi des sorciers noirs. La mienne. Parfois je me demande à quel moment en est-on arrivé à générer de pareilles dissensions au sein de personnes douées des mêmes facultés. Je ne suis pas du genre à souhaiter un retour un arrière, mais la psychologie humaine, ça a quelque chose, dans le fond, de fascinant.

-Alors, on t’a fait migrer de la banque à la bibliothèque ? La prochaine étape, ça risque d’être la cave, prépare-toi. Sans vouloir te vexer, mis à part moi, je doute qu’un quelconque sorcier noir se pointe dans ce bouiboui puant l’exorciste à des kilomètres.

C’est vrai. Je suis encore persuadé que cette bibliothèque appartient davantage à Orpheo qu’aux humains. D’ici à deviner où sont les exorcistes en question et si l’autre dame du comptoir en est une aussi, aucune idée. Mais ça sent l’exorciste. Et je sais que quelque part, mes sens de sorcier noir ne me conseillent pas trop de m’éterniser par ici.
Ça ne m’empêche pas de fermer dans un gros bruit le lourd manuscrit et de rouler contre l’étagère pour passer la tête à travers l’autre allée, où Rhyan devrait normalement se trouver. Je lève les deux mains et annonce d’un air qui se voudrait honnête mais qui a trop vécu dans le mensonge :

-Je suis venu en neutre hein. Je dirais pas ami, mais neutre c’est bien.

J’espère qu’elle ne cherchera pas à me mettre une lame sous la gorge.  

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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyJeu 9 Aoû 2018 - 20:27

-Ce genre de bouquin existe vraiment ?

Niania, tg.
Aucun besoin de répondre ne me titille, parfait, parce que je suis déjà partie.

Bon, il me suit. Ça c’est la moyenne nouvelle. Ce n’est pas comme si je l’entendais, c’est plutôt que si j’avais extrêmement conscience de lui et de ses pas sur la moquette épaisse. Peut être que c’est mon instinct de survie qui me talonne aussi précieusement que mon ombre.
Mais en vrai je m’en fou, je m’empresse de ressortir la pièce, Gollum avec son précieux, je touche l’intérieur et j’en ressens presque la vie, c’est chez moi, il n’est pas piégé, pas de rune, je souffle encore, putain de soulagée.

Je prends vraiment conscience que bon que c’est passé et putain, dehors le soleil doit briller haut et fort, radieux.
Torin est toujours là.

Tout, va, bien.

Et l’autre qui est toujours là, qui prend toute la place. Je n’ai aucune idée de ce qu’il a en tête, son intérieur à lui me reste tout à fait inaccessible. J’ai envie de lâcher un immense soupir, bruyant et exagéré en roulant des yeux mais la merveilleuse professionnelle que je suis reste patiente, présente, mes yeux charbonnés rêvants de l’étriper.

-Alors, on t’a fait migrer de la banque à la bibliothèque ? La prochaine étape, ça risque d’être à la cave, prépare-toi. Sans vouloir te vexer, mis à part moi, je doute qu’un quelconque sorcier noir se pointe dans ce bouiboui puant l’exorciste à des kilomètres.

Déjà, monsieur moi je, moi je, moi je, il va se calmer de suite. Ensuite je suis vraiment beaucoup plus mieux bien ici, croyez moi. Je retrousse légèrement mes lèvres, agressive : on ne parlera pas de moi ici, j’ai déjà été bien assez conne pour lâcher mon prénom.

- Mêle toi de tes couilles.

Plus regard méchant.
Vieux moche.
De toute façon, qu’ils viennent ou pas les méchants, moi je suis payée et puis je peux m’entraîner un peu dans mon coin. J’avoue que je suis en forme mais pas au top non plus, j’ai plus des masses le temps ni la motivation. J’avoue j’ai la flemme, voilà, je l’ai avoué.

Vous m’avez eue.

Mais clairement, qu’il ne critique pas mon camp parce que le sien est en train de se faire laver le cul tranquillement par les nôtres. Ils sont à l’agonie, il va pas tarder à me supplier de l’épargner je le sais.

Peut être que je pourrais faire de lui mon esclave personnel.

Putain, si seulement c’était nous les méchants avec des valeurs de méchants et des esclaves de méchants ! J’suis pas bien née j’vous dis.

-Je suis venu en neutre, hein. Je dirais pas ami, mais neutre c’est bien.

Je lui retourne un sourire éclatant. Ami! Ahah! Il est mignon en vrai, mais il est extrêmement chelou avec ses cheveux noirs, déjà, pourquoi ils sont noirs ? Personne ne sait, il a peut être pensé qu’il était discret : spoiler alerte : non. Tu n’es pas discrets, Soul.

- J’espère bien. Après je vais e n c o r e être obligée de te sauver.

Je suis insolente et suffisante, je m’en tape. Il met un peu de distraction dans ma journée et surtout il m’a rendue ma pièce que je serre toujours avec avidité dans la main. Chacun son truc. Certains sont croyants, certains non, moi ma croyance c’est cette pièce.
Ma pièce.
Qu’il a touché, bouh, caca.

- Tu m’as retrouvée comment ?

Je ne dis pas que je suis discrète, je sais bien qu’Orpheo n’a fait que très peu d’efforts pour me protéger. Ils m’ont mollement bougé, je n’ai même pas changé de ville. Je porte toujours une rune dans mon dos pour augmenter un peu mes capacités pulmonaires (vlà-t-y pas que qu’elle est asthmatique la Rhyan, un régal).

« Teenage queen with a loaded gun »


Loaded gun mon cul.
Maintenant qu’il le dit et qu’il a pu me retrouver visiblement en éternuant, je suis pas mal vexée, ils me prennent pour une conne Orpheo un peu. Ou peut être qu’ils pensaient que Olivyan me retrouverait pour me faire la peau ? Non mais en vrai.. si le Soul avait voulu me liquider ici, une balle dans la tête et c’est fini. Donc bon.

Ils s’en battent les couilles de moi en fait, c’est super.

- J’peux concevoir que je puisse déjà atrocement te manquer, mais je t’écoute : tu veux quoi ?

J’ai pas d’aaaaaarmes c’est un scandal, je n’ai pas d’armes. Je l’ai déjà ruiné avec un coupe papier, je peux recommencer à coup de dictionnaires si y’a besoin mais je me sens vulnérable genre nauséeuse-vulnérable. Genre si il veut me mettre une lame sous la gorge et me dire de danser la polka, je peux pas lui crever les deux yeux. A part avec mes doigts, ce qui est un peu sale-sale. Genre ça doit d’un coup crever et être un peu liquide dedans et ça me dégoûte un peu. Et j’ai beau le détailler : front lisse, cheveux plutôt courts, fraîchement noirs, les yeux clairs et la bouche ourlée, grains de beauté et un tic nerveux - ou tic tout court - avec sa main droite, je ne pourrais jamais détailler où il place une arme ou une rune.
Oui, j’ai détaille son visage pour le plaisir. Oui.

Faites comme Rhyan, ayez faim.

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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyVen 10 Aoû 2018 - 11:02


"Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo"


Pister c'est tout de même l'une des sensations les plus grisantes qui soit. Ça demande d'être bon en recherche d'information, d'être extraverti et de n'avoir peur de rien, d'aller au-delà de la loi et d'exploiter la moindre petite faille. Et puis, le jeu en vaut toujours la chandelle.


Est-ce qu’une nouvelle tentative de pichenette m’attirera définitivement les foudres de la demoiselle ? Ce pourrait être amusant. Mais pas pour le moment, contentons-nous de garder cette idée dans un coin de son esprit dans l’attente d’une situation plus opportune. Pour le moment, Rhyan quitte le navire, se lève et file dans les allées. Est-ce qu’on va s’amuser un peu ? Je me le demande. J’ai l’impression que l’écart entre Orpheo et Rosenrot n’a jamais été aussi important. Pas qu’il ait un jour été indissociable, mais au moins les sujets de discussions viennent bien plus facilement. Quoi qu’on ne discute pas trop en général. On se contente de se regarder en opinant de la tête pour se saluer et basta. C’est rare de trouver des gens très causants. Et puis après y’a les frères. Quand je repense à ma dernière rencontre avec Green, une certaine nausée me monte à la tête. J’ignore ce qui m’a pris ce jour-là. Je me suis fait emporté dans un torrent d’émotion et ça a clairement été le bordel parce qu’elles sont en général scellés sous clé, ces émotions.

Tranquillement, je suis les pas de la blonde et me pose à une allée d’écart. Le silence règne en maître sur les lieux et d’un côté, je trouve ça rassurant. Pas de risque qu’on me tombe sur le poil par surprise. On n’est jamais trop prudent. Mais alors que mes réflexions parviennent aux oreilles de l’exorciste, je réceptionne un :

- Mêle toi de tes couilles.

Bien placé. Rhyan Rhyan Rhyan. Tant de vulgarités sur un visage aussi mignon. C’est pas en se conduisant comme ça qu’elle attirera le monde autour d’elle. Il faut rayonner pour ça. Montrer assez de joie de vivre pour la transmettre à ceux qui en ont le plus besoin, à commencer par ces fourmis d’humains constamment en dépression. Le regard vide. C’est la raison pour laquelle ils sont les plus faciles à manipuler, à plus forte raison lorsqu’ils n’ont aucun accès à la magie. Dois-je dire à quel point les humains m’horripilent ou tout le monde a compris ?
Je referme le livre et m’approche de la blonde en lui annonçant ma non hostilité pour elle aujourd’hui. Enfin en théorie. C’est jamais bien de dire jamais, alors je reste ouvert à toutes les propositions. Mais voilà qu’elle me décoche enfin un sourire. Mais l’orage n’est pas loin hein. Il ne l’a jamais été. Alors, tout en gardant pour ma part ce sourire simplet, je l’écoute me répondre :

- J’espère bien. Après je vais e n c o r e être obligée de te sauver.

J’ignore si le rire qui s’extirpe du fond de ma gorge est lié à son attitude suffisante ou si elle reste persuadée d’avoir été la seule à pouvoir me sauver, mais ça me fait vraiment, vraiment marrer. Olive, il était vraiment pas loin ce jour-là. Si j’étais resté une seconde de plus avec madame je-me-sens-plus-pisser, elle l’aurait certainement rencontré. Et lui aussi, il m’aurait sauvé. Parce que je suis son frère, son jumeau, et que la mort de l’un signifie la chute de l’autre. Et Rosenrot le sait bien malgré ses tentatives échouées de nous raccommoder avec la fratrie entière. Il ne manque plus qu’une mission Green et Red, et la boucle sera bouclée. Espérons qu’ils ne soient pas aussi cons que ça, les chefs.
Mais peu importe, pour l’instant j’aimerais arrêter de penser à ces gens si possible. Les missions, c’est pas pour aujourd’hui et le temps, faut bien le passer d’une manière ou d’une autre. En plus Olive me lâche pour je-ne-sais-quoi cet après-midi, alors franchement j’ai tout sauf envie de rentrer à la maison.
Et puis, la Rhyan, franchement, c’est un cas scientifique. Je m’appuie un peu plus contre l’étagère en croisant les bras et hausse un sourcil :

-Qui, soit dit en passant, est extrêmement perturbant pour une exorciste. On t’a maudit à la naissance, c’est ça ?

Je n’ai jamais été maudit et ça ne me gêne pas plus que ça, mais il paraît que certaines malédictions peuvent être très, très handicapantes au quotidien et qu’il est parfois très compliqué de s’en débarrasser. Notamment les malédictions infantiles. Plus sérieusement, à vrai dire l’entendre même vaguement énoncer un autre sauvetage me rend perplexe. Même si ce n’est pas honnête, ce n’était donc pas la fatigue ce jour-là. Elle m’a vraiment sorti des décombres en pleine connaissance de cause. C’est… vraiment pas normal. Personne ne ferait ça. Spécialement quand on a conscience de gérer le cas d’un des deux jumeaux et que l’autre peut débouler à chaque instant. Alors soit elle est complètement folle, soit inconsciente, soit c’est une infiltré qui fait si bien son travail qu’elle ne se dévoile même pour un gars de son camp.

-Tu es une… ?

Ma langue rattrape le mot au dernier instant et je ferme immédiatement la bouche, subitement livide. Merde. Voilà que je commence à trop parler. Ils doivent s’en douter, mais balancer la présence potentielle d’infiltrés au sein d’Orpheo et à des postes aussi aléatoires, c’est une donnée qui pourrait les intéresser. Conscient de ma presque faute, j’inspire profondément et me mut dans un silence surprenant tout en regardant ailleurs.
Elle est la première à rompre de nouveau le silence.

- Tu m’as retrouvée comment ?

Ma tête, un ordi et beaucoup de démarchage en externe ? Et pourquoi ne pas lui donner les sites, mes méthodes de fonctionnement et signaler les failles informatiques d’Orpheo ? Ah, ça m’a filé le cafard, d’un seul coup. Le sourire est tombé et je garde le regard rivé sur les livres face à moi. Histoire de la magie. Abécédaire des runes. Comment décrypter les anciens écrits. Les liens entre les grandes familles. Il y a vraiment des choses intéressantes par ici, dites-moi. Je relève le nez en l’air, passe une main dans mes cheveux avant de réintégrer ma position passive-défensive : bras croisés. Alors ? Alors…

-Disons que les blondes colériques sont plus faciles à repérer que les exorcistes.

Et bam. Voilà. Rien de plus à ajouter, salut les gars. J’appuie ma phrase en hochant la tête pour appuyer mes dires. On est jamais mieux servi que par soi-même, tout le monde devrait en faire sa phrase d’accroche. Le principe, c’est de rester fidèle à ses valeurs.
Bref, on continue quand même ?
Oui !

- J’peux concevoir que je puisse déjà atrocement te manquer, mais je t’écoute : tu veux quoi ?

Pourquoi tant de questions d’un coup ? Je soupçonne une volonté de sa part de me filer entre les pattes. Déjà ? Un peu triste. Quand à ce que je veux… Ça c’est une question ma foi plutôt ardue à répondre. Dans le genre ardu de chez ardu. Pourquoi je suis là ?

-Bah ouais. Justement, tu me manquais.

Et je regarde la demoiselle, droit dans les yeux. Avant de pouffer de ma bêtise pas si bêtise que ça. Je ne tarde pas à corriger ces quelques bouts de phrase par un :

-Tout du moins, disons que je passe le temps. Et comme t’as pas l’air spécialement occupée non plus, c’est plutôt une bonne chose, non ?

Mais vous savez quoi ? Même si j’en ai rien à carrer, y’a quand même quelque chose qui m’intrigue un peu :

-C’est quoi cette pièce d’ailleurs ?

Et j'indique du menton la monnaie qu'elle tient entre ses doigts. Je pensais vraiment pas que ce genre de truc pouvait avoir de la valeur. A vrai dire, si j’avais pas percuté que ça lui appartenait, je l’aurai abandonné sur place. Mais vu comme elle a l’air de l’observer comme un Gollum regarde son anneau…

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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyVen 10 Aoû 2018 - 13:23

Je sais jamais comment je suis arrivée là où je suis. Comme un rêve, je suis plantée là au milieu de la bibliothèque et j’aimerais prendre des heures pour réfléchir à mes choix et comment ils m’ont conduis ici plutôt qu’au sommet de mes rêves. Pourquoi je reste planquée entre des livres alors que j’avais des espoirs plus grand que ça.

Pourquoi j’aimerais être la meilleure mais je ne m’en donne pas les moyens, pourquoi je ne passe pas plus de temps à faire des choses qui comptent. Je suis assise à regarder le sablier tourner et je m’euphorise aux regrets. Finalement peut être que je suis un peu contente qu’il me suive. Comme ça je peux moins regretter sans pour autant me mettre à faire quoi que ce soit ? Je suis frustrée d’avoir mal commencé ma vie, vous voyez. Les j’aurais dû me tournent autour, j’aurais dû prendre des cours de théâtre depuis l’âge de deux ans et être actrice, j’aurais dû apprendre à chanter, j’aurais dû apprendre à courir et être aux J-O, j’aurais dû apprendre à coudre et je construirais les costumes des plus belles reconstitutions, j’aurais dû apprendre à maîtriser mes pouvoirs et mes humeurs et je dirigerais un QG, je m’enterrerais dans la paperasse.

Est-ce qu’Allen Kristiansen est plus heureux que moi ?

-Qui, soit dit en passant, est extrêmement perturbant pour une exorciste. On t’a maudit à la naissance, c’est ça ?

Ahahahah, ouais, un peu en vrai, j’suis pas partie du bon pied. J’suis pas partie sur un pied même, j’suis partie en faisant des roulades mais vous voyez, ce genre de manière d’avancer à assez vite ses limites. Mais il enchaîne encore, son visage change un peu mais ça ne dure pas, il s’ouvre quelques secondes et commence une phrase.

- Tu es une.. ?

Mais il reprend ses mots. Il les ravale et change d’expression au quart de tour, conscient d’avoir fait une faute. J’adore quand les gens font ce genre de lapsus. J’aurais préféré qu’il ne rattrape pas la suite bien sûr mais je me contente de lui lâcher un regard extrêmement suspicieux, l’air de dire que je l’ai vu, ouais ouais je l’ai vue et j’ajoute même un clin d’oeil; mais je ne suis pas du genre à tirer les vers du nez.

Surtout mais aux ennemis.

Neutre mon cul.

J'ai vu Mrs and Mr Smith et ça ne finit pas bien.

- Yup.

Mate comme je suis sympa Soul, surtout fait un effort pour t’en souvenir le jour où c’est moi sur une chaise et toi qui essaie de poser les questions. Voilà, j’espère que tu ne les poseras pas. Que tu diras « oh, Rhyan, tu es humaine d’Orpheo ? Tant pis allez, je te sauve. »
Mais ça n’arrivera pas. Je suis l’héroine de mon histoire, je n’ai pas besoin d’être sauvée.

Par rapport à certains.

-Disons que les blondes colériques sont plus faciles à repérer que les exorcistes.

Euh, déjà je s u i s une exorciste, donc sa phrase ne veut rien dire. En plus je ne suis pas colérique et jusqu’à quelques temps lui aussi était blond.
Il m’agace sa mère.
Et il hoche la tête !
Putain. J’ai même plus les mots, il me les hôte de la bouche en étant aussi.. aussi.. lui même ?

Je devrais peut être lui demander son prénom.

Toujours est-il que je ne réponds pas, je roule des yeux en soufflant, l’air de dire que walah t’es un gamin ! Je suis beaucoup plus mature face à toi et j’espère que tu t’en rends bien bien compte.

-Bah ouais. Justement, tu me manquais.

Il se met à pouffer. T’avais pas besoin de le faire pour que je remarque que c’est faux, il y a baleine sous roche et j’ai juste de savoir l’espèce de la baleine pour me tirer d’ici. Sincèrement ?
Ils s’ennuient tant que ça à Rosenrot ?
J’ai du mal à l’associer à cette organisation tout de même. Si je ne l’avais pas vu se battre, j’en douterais. D’ailleurs - et ça me l’a toujours fait - quand les guérisseurs me soignent je garde toujours des douleurs fantômes, comme si le cerveau ne pouvait accepter que tout va bien comme, par, magie.
Je vous laisse imaginer l’état de mon ventre.

-Tout du moins, disons que je passe le temps. Et comme t’as pas l’air spécialement occupée non plus, c’est plutôt une bonne chose non ?

Je souris.

-C’est quoi cette pièce d’ailleurs ?

Je ne souris plus.
Il ne peut pas sincèrement se mêler uniquement de son cul ?

- T’es ma distraction personnelle de (yup, j’ai faillis dire de la journée, ahah) l’heure ? Vraiment trop gentil de ta part.

Je lance la pièce et la rattrape.
Arrête de creuser par ici, tu ne trouveras rien d’autre qu’un puit de colère sans fond.

- C’est une pièce de monnaie.

Parce que s’il pense qu’il peut essayer de secouer le sable au fond de l’océan, il se trompe s’il pense qu’il ne sera pas mangé par un requin avant. Fais gaffe, j’ai plusieurs rangées de dents.

Bref, on papote on papote, mais je ne suis pas hyper certaine que de 1, je vais pas me faire rabrouer, de 2, que mes petits potes d’Orpheo (y’en a qu’un, okay) ne connaissent pas le visage du Soul. Je sais pas, et comme je ne sais pas, quand je vois Jean-José débarquer dans le coin, je pause ma main monsieur-je-viens-causer-parce-que-je-me-fais-chier et l’enfonce dans la bibliothèque derrière nous pour passer dans la salle des bouquins historiques sur les fantômes exorcisés.

Personne ne vient pas ici et au moins, j’évite de déclarer une guerre dans un endroit de paix et de culture.
Ils connaissent ça chez les noirs ?

- T’as vu, je t’ai même pas fait passer à travers le plancher.

Et c’est une bénédiction pour toi, parce que tu viens me chercher sur mon territoire alors je pourrais toujours essayer de d’exploser le crâne, voir si ton sang est noir aussi ou pas.
C’est une blague, je l’ai déjà fait couler et il est rouge.
Il est douloureux aussi ? J’en sais rien, la dernière fois que j’ai voulu que vraiment il ait mal, il m’a fait un immense sourire de sociopathe de première alors bon, j’ai pas pu tester mes skills.

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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyMar 14 Aoû 2018 - 19:14


"Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo"


Pister c'est tout de même l'une des sensations les plus grisantes qui soit. Ça demande d'être bon en recherche d'information, d'être extraverti et de n'avoir peur de rien, d'aller au-delà de la loi et d'exploiter la moindre petite faille. Et puis, le jeu en vaut toujours la chandelle.


Et voilà, à trop vouloir parler, on finit par oublier à qui on s’adresse. Rosenrot et Orpheo. Mille raisons de se frapper, probablement une seule de se parler : l’ennui. Quoique, même l’ennui à tendance à faire pencher la balance en direction de la baston. C’est dingue qu’à Rosenrot on soit aussi centré là-dessus. Même avec mon jumeau, des fois ça part en cacahuète et on finit par se frapper dessus en rigolant. Coups fort et en se marrant. Parce que frapper son prochain, c’est quand même vachement drôle. On pourrait faire de la musique entre les coups magiques, les runes, les armes à feu, les armes de points ou le corps à corps. Ça risquerait d’être plutôt anarchique, mais en se coordonnant bien, je suis certain que le résultat pourrait être au rendez-vous. Parce que l’opéra, les instruments de musique, tout ça, c’est passé de mode.

Tout ça pour dire que parler, c’est pas tant dans mon habitude. Oh, si, pour le travail, pour extorquer des informations, parler avec des gens que je ne reverrai jamais, des humains non doués par exemple. J’ai la bavarde attitude pour tout et n’importe quoi. Surtout pour n’importe quoi. Mais voilà, j’ai psychologiquement conscience de ne pas être en mission, de passer le temps auprès d’une personne qui m’amuse et ça me relaxe – pas totalement non plus – du rythme incessant de sorcier noir. Alors paf, ça lâche des paroles et ça se retient au dernier moment parce que vla t’y pas que dans moins d’un quart d’heure, j’aurai fini de lui énoncer toutes les runes couvrant le QG de Rosenrot pour qu’elle puisse venir me voir la prochaine fois.

Donc. Non.

- Yup.

Alors non. Joker. C’est quoi ce « yup ». Qui dit « yup » aujourd’hui, pour commencer ? Elle a quatorze ans ? Elle a quel âge d’ailleurs ? Elle fait jeune mais c’est vraiment, vraiment pas un critère chez les sorciers. Mais bref, c’est quoi ce oui plat, sans avant ni après. J’ai posé deux questions, deux qui n’ont aucun rapport l’un envers l’autre et qui, pour l’un, est plus qu’important. On l’a maudite à la naissance c’est ça ? Je m’en tape de ça. Pour la seconde interrogation, je n’ai pas fini ma phrase. Mais si c’est une espionne, elle a très bien pu prévoir ma fin de phrase et répondre immédiatement. Alors, c’est quoi ? J’en sais rien, et à vrai dire, je ne me sens ni de lui reposer la question plus clairement, ni de la considérer comme une espionne. Restons dans la zone de confort et partons du principe que la demoiselle fait partie d’Orpheo. Qui sait, parfois cette organisation est pas trop idiote et anticipe pas mal nos réactions. Les espions qui se font passer pour des espions, hein, ça date pas de la dernière guerre.
Ni de celle d’avant.

Je me contente donc d’un haussement de sourcil ma foi plutôt discret et nous extrait fissa de cette conversation beaucoup trop risquée pour mon grande. Repartons sur de bonnes bases. C’est bien de l’insulter hein. Ça permet de relâcher tous les moments où j’en ai pris sur la gueule de leur part. Je suis tout de même un peu inconscient de venir comme ça chez eux sans crier gare. Si jamais je me fais arrêter… haha ! Journées fantastiques en vue.

Mais ça continue. Je lui réponds, parce que c’est tout ce que je sais faire, répondre. Et frapper. Et élaborer des tactiques parfois quand y’en a besoin. Mais stop, c’est les vacances. Et c’est la trêve dont j’avais parlé la dernière fois pour moi. Tout du moins jusqu’à ce qu’elle se décide à m’attaquer à mon tour ou appeler la police magique à cause de la présence d’un harceleur. Ce serait bien médisant de sa part.
Je veux juste en savoir un peu plus, c’est méchant ça ?

- T’es ma distraction personnelle de l’heure ? Vraiment trop gentil de ta part.

Y’a une micro hésitation mais j’y fais pas trop gaffe. Distraction personnel ? Ouais, pourquoi pas, utilisons nos distractions personnelles. Remarquez que mon égocentricité n’a pas parlé d’elle. Quoi, c’est vrai, j’aurais pu répondre par un « non, nuance, c’est toi ma distraction personnelle, pas l’inverse », mais j’ai rien dit. J’ai même pensé « nous ». Ce qui est somme toute… très étrange. Parce que le nous c’est déjà trop proche, c’est déjà « salut Rhyan, alors cette dernière mission, tu t’es faite latter la gueule ? Ah j’oubliais, c’est moi qui t’ai fait tout ça ! Mais merci de m’avoir sauvé hein. ». Merci. Haha. Merci. Le jour où ce mot aura atteint le vrai degré d’honnêteté qui lui est dû, les poules marcheront sur trois pattes. Et pas seulement à Tchernobyl ou Fukushima, c’est de la triche sinon.

Et hop, lancer de pièces.

- C’est une pièce de monnaie.

Ouah, merci capitaine obvious. J’avais cru comprendre que, effectivement, ça devait bien ressembler à une pièce. J’ai pu appeler ça un truc par le passé, mais j’ai bien parlé de pièce dans ma dernière phrase. Elle se fiche de moi ? Oh oui, je crois qu’elle se fiche de moi. Je me renfrogne un peu, genre légèrement, les yeux qui roulent et le grincement de dents. Chacun son tour c’est ça ? Bien. Je bâille un peu, il est encore assez tôt.

-C’est ça, ta distraction personnelle. Est-ce que la blondinette a envie de faire quelque chose ? Ou demander ? Dans les limites du raisonnable, bien entendu.

Bah, j’ai bien compris que parler très sérieusement de sa babiole ne semblait pas trop l’enchanter. Si ç’avait été un ordre de mission, je me serais démené, mais spoiler alert, pour le coup je m’en fous. Je suis invivable ? Disons qu’il faut pas être dans ma tête pour pas que ceux qui aiment déballer leurs vies ne se sentent vexés. Faire le tri, ça me connaît. Un peu trop.

Et paf, elle m’empoigne le bras. Et wow, c’est conceptuel comme sensation. Pas que ce soit totalement inhabituel de me toucher, mais en fait c’est pas non plus totalement éloigné de la réalité. A Rosenrot, on est pas trop câlin, je suis pas trop câlin, les humains ils me touchent je les crève et les exorcistes… on en parle ou je m’arrête là ?
Alors le combo je t’empoigne je suis exorciste j’ai pas peur va te faire foutre allons autre part, c’est surprenant. Elle a vraiment peur de rien. En plus elle me fait dos. Ça déclenche tous mes détecteurs « alerte ouvertures » et je dois réfréner toute la série qui me ferait prendre ma lame pour la lui enfoncer dans le dos. Soit elle a confiance –trop confiance-, soit elle est complètement cramée du cerveau. Ces exorcistes putain. Le cerveau comme sa pièce de monnaie : avec un trou à l’intérieur.

ET BORDEL, c’est pas facile de lutter contre ça. Ça touche à mon ego là, ça le percute de plein fouet, vous pouvez pas comprendre. Imaginez dans un mois, elle fait des malheurs et décime plein de sorciers noirs ? J‘aurais l’air bien idiot à dire « oui alors euh non mais elle était bien protégée, la lame a pas perforé ». Non, parce que je ne peux pas tout simplement dire que je suis allée la voir pour le plaisir de la voir. Ça c’est haute trahison et au bûcher.
Moralité, je risque ma vie pour elle là.

- T’as vu, je t’ai même pas fait passer à travers le plancher.

Moralité, j’étais tellement concentré sur son flanc –ceci peut passer pour du voyeurisme oui- que lorsqu’elle s’exprime je relève la tête et me rend compte du nouvel endroit où nous nous trouvons. Qui ressemble à l’autre comme deux gouttes d’eau.

-Trop de gentillesse mais euh, la prochaine fois, fais au moins semblant d’être sur tes gardes quand tu me tires comme ça. J’sais pas, ça peut paraître surprenant, mais on est pas du tout potes. J’dirais même que sur l’échelle du BFF, on est dans le rouge.

N’empêche que j’l’ai pas ouverte en deux. Et ça, ouah, ça ça m’étonne. C’est sa malédiction, c’est ça ? Elle peut pas tuer, mais on peut pas la tuer en conséquence. Malin le renard. Je me disais aussi qu’une brindille blondasse comme ça, en général ça faisait pas long feu. Mais hey, après tout, p’t’être que j’l’apprécie. Au sens le plus bas qu’on puisse lui donner. Je balaye l’air du revers de la main et me décale un peu pour poser mon épaule contre une étagère.

-Bon alors, t’as des questions ou c’est à moi de t’en poser ? Toujours histoire de passer le temps bien sûr.

Faudrait pas que ça commence à se faire des films là-haut.

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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyMar 14 Aoû 2018 - 20:32

J’aimerai vraiment savoir ce qui se passe dans sa tête dans ce moment précis et je suis nulle à ce jeu là, alors je ne m’avancerai pas, mais il me faudrait quelques minutes où je pourrais le fixer impunément. Je vois mal comment je pourrais faire arriver ça.
Si, bien sûr que si, le livrer à Orpheo et les laisser l’attacher, le ficeler dans un coin et alors là je pourrais l’observer comme une bête de foire. Parce que c’est ce qu’il est un peu, non ? Il est le méchant des histoires de mon adolescence. J’aurais préféré que ces histoires soient des légendes, un dragon de plus ou une princesse de moins. Les histoires sont des histoires, Taki est une vraie personne, et moi, je frissonne comme l’idiote que je suis.

J’aurais dû le laisser mourir.

Serais-je à cet instant précis en train de regretter mon choix ?

J’ai bien trop d’imagination, ça me nuit. Il serait mort, je serais déjà passée à autre chose, peut être encensée par Orpheo, avec une médaille et un poste à responsabilités ? Ai-je joué ma carrière pour ce gars ?
Peut être qu’en le tuant, sa famille m’aurait retrouvée et exécuté.

-C’est ça, ta distraction personnelle. Est-ce que la blondinette a envie de faire quelque chose ? Ou demander ? Dans les limites du raisonnable, bien entendu.

On dirait presque deux gens normaux et subitement - et je ne sais pas pourquoi, je ne sais absolument jamais pourquoi - mais les montagnes russes dévalent la pente et je me retrouve au fond du trou. Nous ne sommes pas des gens normaux, la menace est réelle, les gens meurent.

Putain.

J’ai du mal à garder les pieds sur terre mais j’en ai un peu marre de vivre sur un escabeau tout pourri. Mais je n’ai pas le temps de répondre que donc, je laisse la bibliothèque nous avaler, naturellement. C’est ça le mot clé, naturellement. J’ai envie d’avaler six cent fois ma salive pour enterrer tout ce que je ressens - ce qui est plus que l’aigreur ambiante de ces derniers temps. Rien qu’en étant là il me déchire en deux, je devrais le tuer, je devrais vraiment faire gicler son sang sur les livres et aussi violent que ça puisse paraître, je devrais en faire de même pour sa famille.
Mais tuer et famille, c’est dur à mettre à côté. Il parle, il est incroyablement vivant, incroyablement humain. Si je peux me permettre.

Je fronce le nez de frustration.

-Trop de gentillesse mais euh, la prochaine fois, fais au moins semblant d’être sur tes gardes quand tu me tires comme ça. J’sais pas, ça peut paraître surprenant, mais on est pas du tout potes. J’dirais même que sur l’échelle du BFF, on est dans le rouge.

Je secoue la tête. Déjà, je l’ai juste touché. C’est déjà trop pour un sorcier noir ? C’est triste non ?
J’pense quelques secondes au petit Soul à qui on ne prenait pas la main, à qui on n’a jamais dit que c’était possible d’être un peu plus au chaud dans sa propre peau, à qui on n’a jamais expliqué comment traverser l’hiver sans souffrances.
Mais on s’en fou, non ?
Les petits Souls sont déjà cassés à la naissance.

- Tu me brises le coeur.

Mais je reprends vite mon sérieux et vrille mes yeux dans les siens, froide et tranquillement sereine.

- Ça va te paraître surprenant mais peut être que je n’ai pas besoin d’être sur mes gardes ici, dans mon bâtiment, tu sais. Peut être que je te laisse discuter par plaisir mais que tu ne ressortiras pas d’ici.

Je souris, les yeux plissés de plaisir.

- Peut être que je regrette la dernière fois.

Avec ta vie misérable que j’ai pendant un instant estimé.
M’enfin, bien sûr que c’est du bluff, je n’ai aucune idée de ce que je peux lui faire, déjà, puis si j’avais voulu le tuer j’aurais déjà tenté ma chance, j’suis clairement pas patiente. Mais alors tellement, tellement pas patiente.

- Te fie pas aux apparences Soul.

J’suis sûre qu’au fond il avait un peu les boules de s’être presque fait avoir par la petite blonde qui a juste l’air à sa place dans un endroit tel qu’un secrétariat. J’ai le coeur qui s’est mis à battre un peu plus vite parce que ça m’énerve : qu’est-ce qu’on s’en fou qu’il me juge ?

J’devrais le tuer.

Voilà, les états-d’âme reprennent.

Est-ce que je devrais vraiment casser mon jouet ?
Pas casser les jouets, bambi.

-Bon alors, t’as des questions ou c’est à moi de t’en poser ? Toujours histoire de passer le temps bien sûr.

Le mec a pas bien l’air de réaliser que techniquement je suis au travail et que donc je suis théoriquement censée être utile mais bon. On va passer outre le fait qu’il a l’air de penser que les boulots humains sont de faux boulots. Il fait quoi lui, à part tuer d’autres gens et s’entraîner ?
Parce que je l’admets volontiers, les Soul sont des machines de guerre, bien plus sérieuse que genre Jack Weiss, ahah. Sacré souvenir celui là ! De lui, complètement ivre et moi, complètement débile. Je regrette un peu mon adolescence des fois. Enfin, pas en entier mais genre Ichiru..
Bref.
Au moins, j’avais Alfred le chat qui jugeait pas et les jumeaux, trop jeunes pour s’en rappeler. Oh, les jumeaux..
BIEN, DÉNI.
A propos de déni..
Je me rapproche subitement, réalisant que je pourrais en effet lui poser une question, alors j’ouvre la bouche, je dis :

- Est-ce que tu

Et je réalise que non, il ne peut pas me montrer comment trouver une personne de mon choix. Parce qu’il pourrait m’apprendre à trouver les gens de sa sale race et qu’il ne le fera pas, et que c’est con, que y’a bien un quelqu’un que j’aimerais retrouver, mais l’hamster qui tourne en rond que je suis ne sortira pas de sa roue aujourd’hui.
Tant pis.

- réalises que t u, es ma distraction personnelle et que c’est toi qui devrait faire des efforts pour que ma journée passe plus vite. Vas-y, distrais-moi. Tu sais danser ? Oh non, j'oubliais, on doit pas vous apprendre ça chez vous..

On leur apprend à se battre et à mourir, c'est ça ?
Cruelle Rhyan, orgueilleuse Rhyan, fragile, Rhyan.

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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyLun 20 Aoû 2018 - 13:12


"Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo"


Pister c'est tout de même l'une des sensations les plus grisantes qui soit. Ça demande d'être bon en recherche d'information, d'être extraverti et de n'avoir peur de rien, d'aller au-delà de la loi et d'exploiter la moindre petite faille. Et puis, le jeu en vaut toujours la chandelle.


J’trouve ça bien amusant, au fond, de passer quelques minutes ou quelques heures avec des personnes du clan opposé. Ça me permet de jouer sur un terrain sensible, instable et dangereux, tout en paraissant le plus détaché du monde. C’est vraiment plaisant de se sentir sur une corde au milieu d’un gouffre, baladé par un vent menaçant au possible. Un vent nommé Rhyan, avec des jolis épis blonds qui sentent tantôt le piment, tantôt la cannelle.

Ça me fait sourire. Et en même temps prendre conscience de cet écart de valeurs qui ne parvient pas à se défaire de mon esprit. Ennemi ou collègue, voilà bien les deux seules choses inscrites à mon répertoire des relations. Oh, et les humains, mais les humains sans pouvoir n’ont pas lieu d’acquérir une case dans mon esprit. Et mon jumeau non plus n’en a pas besoin, il est bien au-dessus de tout ceci. Pour Green ? Inclassable. Comme toute la famille, le père et la mère compris.

Et ça me tourne le dos en me permettant de jauger l’épaisseur de ses cheveux et la courbe de ses hanches.
Ben voyons.

- Tu me brises le cœur.

Je sais, chérie. Comme je l’ai dit y’a pas trop de place dans l’étroitesse de mes relations. Discuter avec un ennemi n’en fait pas pour autant un collègue, et encore moins un ami. Ça peut être difficile à assimiler pour une tête aussi blonde que la mienne avec le côté gentil en prime, mais c’est la dure réalité. Me tourner le dos une fois, ça peut suffire pour ne plus avoir à le refaire. Dans le genre, plus jamais.

- Ça va te paraître surprenant mais peut être que je n’ai pas besoin d’être sur mes gardes ici, dans mon bâtiment, tu sais. Peut être que je te laisse discuter par plaisir mais que tu ne ressortiras pas d’ici.

Ah, et ce petit retour au sérieux. C’est beau. Pour un peu, j’en paraîtrais effrayé. Oh certes, je connais mes limites. Je sais que mes récentes actions sont plus ou moins stupides et sidérantes, mais ça ne m’empêche pas de garder une certaine mesure -ah bon- sur mes agissements et vérifier constamment -ah bon bis- mes arrières. Donc oui, il est très probable que je puisse terminer ce soir même dans un QG, les mains liées dans le dos ou dans une fosse commune. Mais hey, sans risques, la vie n’a pas lieu d’être. Et si l’on doit s’effrayer du moindre risque mortel, c’est que le chemin de sorcier noir n’est vraiment pas fait pour soi. A plus forte raison lorsqu’on s’appelle Soul.
Mais la demoiselle n’a pas fini de s’exprimer, avec cet air presque malicieux.

- Peut être que je regrette la dernière fois. Te fie pas aux apparences Soul.

Blague à part, cette fille ferait une très bonne sorcière noire.
Ne pas me fier aux apparences. Soit. Je reste un peu en retrait et la détaille un peu plus franchement, sans m’en cacher. Les apparences donc. Un air de racaille ou canaille selon le point de vue, du caractère, beaucoup de caractère. Un côté franchement mignon du style « wah, j’veux t’effrayer » et un autre tout aussi stimulant lié à ses répliques diverses. Elle non plus, elle n’a pas tant peur que ça de moi. C’est sans doute ce qui déclenche ce genre de discussion tout à fait insensée dans une bibliothèque d’Orpheo. Mais bon, ne pas se fier aux apparences. Peut-être est-elle en vérité une jeune fille très délicate et effrayée au moindre coup de vent ? L’image est comique, une Rhyan qui s’envole comme une feuille quand on souffle dessus.
Ça me fait pouffer assez brusquement, relevant mes épaules surprises par ce brusque rejet d’air. Je passe mon poing devant ma bouche pour m’arrêter, la tête légèrement penchée en avant, puis relève le regard :

-Ah ouais, j’comprends mieux. La malédiction, l’air que tu te donnes en me menaçant d’un « te fie pas aux apparences », t’es une princesse 2.0 c’est ça ? Du style remix de la Belle au bois dormant ? Nan, c’est bien, t’as le look, postule pour le prochain Disney.

Et je termine par un rire franc. C’est tellement drôle de l’imaginer en tenue de bal comme ça. Un style qui lui siérait à merveille, à n’en pas douter. Enfin bref. Même si elle aurait raison de regretter m’avoir laissé en vie puis m’avoir laissé filé, comme n’importe qui, il faut dire que me l’annoncer maintenant n’a vraiment aucun sens. Enfin, sauf si Orpheo est déjà en route pour aller me pêcher dans le coin. Auquel cas, ce serait pertinent et très intelligent même.
Je dois lui dire que je suis très déçu par sa défense. Me menacer alors que je n’ai rien fait. Ouais, bon, si un peu, mais c’était de la prévention. Juste « j’aurais pu faire ça, mais je l’ai pas fait, stp fais attention ». Je parle au passé et elle, elle me cause au futur. J’espère que le coup-que-je-ne-lui-ai-pas-donné confortera son choix de ne pas m’envoyer de gars runé jusqu’aux dents.

-Nan mais je comprends, je me tiens à carreau. Promis. Pas de coup tordu.

Pour peu que la parole Soul vaille quelque chose, disons que celle-ci est au moins emprunte de volonté. Pour le moment, en tout cas. Pas de coup tordu donc. Ce qui limite grandement les possibilités d’activités dans le coin. Pas de charcutage d’humain ou d’exorcistes. Viens alors une question de sa part, à ma demande. Elle s’approche un peu, curieusement concernée par ses propres mots. Je fronce très légèrement les sourcils, le sérieux de l’un amenant à celui de l’autre, tous sens en alerte.

- Est-ce que tu…

Moui ?

- réalises que tu, es ma distraction personnelle et que c’est toi qui devrait faire des efforts pour que ma journée passe plus vite. Vas-y, distrais-moi. Tu sais danser ? Oh non, j'oubliais, on doit pas vous apprendre ça chez vous..

Changement de régime, dérapage à 180°, son expression change du tout au tout. Je suis un peu désarçonné. Juste un peu. Mon faible intérêt pour les affaires des autres aidant, j’avoue que ses agissements passent rapidement la barrière de l’oubli, pour me focaliser sur moi. Un peu comme toujours. Enfin, plutôt sur cette capacité qu’à cette nana à insulter la famille dans la plus grande des tranquillités. J’y crois pas. Ce manque de style. On nous assène de ces stéréotypes à Orpheo, ça vaut le coup franchement.

Bon.
Cela dit.
C’est vrai qu’on apprend toutes ces mondanités dans le seul but d’être plus efficace en mission.

Je roule des yeux.

-Ouais, et on boit du sang d’exorciste tous les soirs pour rester en forme. C’est super nutritif, paraît-il.

Dixit Red. Parce que oui, Red a une relation particulière avec le sang et qu’il a déjà fait ça. Enfin c’est ce qu’il m’a raconté. A l’époque, on était très jeune et il a toujours été le grand frère un peu fou mais efficace. Alors bon, qu’il l’ait vraiment fait ne me surprend pas.
Et, sur ces mots, je prends la main gauche de la demoiselle et la fait tourner sur elle-même avant de récupérer sa taille une fois le tour effectué.

-Une valse ? J’me suis dit que ça irait bien pour une princesse. A moins qu’ils vous apprennent pas ça chez vous. Oh, et me poignarde pas, on fait que danser.

Ça fait un peu vieillo la valse mais ça fait partie des premières choses qu’on apprend dans ces cours. Je dois avouer que c’est plutôt marrant. Et puis ça a un côté noble et chez les Soul, y’a quand même une base à maintenir, bien qu’on ait tous l’air de fous à lier. Oh d’ailleurs, à bien m’en rappeler, la danse ça ne sert pas qu’à faire les rigolo, impressionner les dames et se rapprocher des cibles.

-Pour ta gouverne, la danse ça consolide aussi les appuis et l’équilibre. Donc oui, on apprend ça chez les Soul. D’autant qu’elle est utile dans d’autres circonstances. Pas trop déçue j’espère.

Et hop, un deux trois, un deux trois. Trois p’tits chats. Chapeau d’paille. Paillasson.
Sans musique c’est un peu triste quand même. Est-ce qu’elle sait seulement danser la valse ? Parce que c’est bien beau de challenger quelqu’un comme ça, mais si derrière ça suit pas, c’est un peu dommage.
Et puis là, dans cette routine spatiale, à tourner sans raison pour faire peut-être avancer le temps un peu plus vite, une question frôle enfin la barrière de mes lèvres. Une question anodine, mais curieusement tournée vers l’autre. Un intérêt minuscule, une compréhension de point de vue pour un gars aussi conditionné depuis la naissance à penser dans un sens. Je la fais une fois de plus tourner mais ne récupère cette fois-ci pas sa taille tout en gardant sa main dans la mienne. J’incline la tête sur le côté avant de lâcher un :

-Pourquoi t’es devenue exorciste au fait ?

Pas de superflu, pas de moquerie. Juste une question balancée comme ça, sur un ton mi-curieux, mi-posé.

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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyLun 20 Aoû 2018 - 21:03


Out drink me
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Il rigole. Mais à moitié. Je pense un instant qu’il aura la décence de retenir son rire mais non. Il prend juste le temps de m’expliquer pourquoi il se paye ma gueule en prenant le loisir de me l’expliquer dans les yeux. J’étais pas hyper sûre d’avoir envie d’avoir une raison de cette allégresse mais mon petit doigt me dit que je n’ai pas vraiment le choix.

Alors je subis.

-Ah ouais, j’comprends mieux. La malédiction, (le gars s’y accroche à sa malédiction quand même, vous ne trouvez pas ?) l’air que tu te donnes en me mençant d’un « te fie pas aux apparences », t’es une princesse 2.0 c’est ça ? Du style remix de la Belle au bois dormant. Nan, c’est bien, t’as le look, postule pour le prochain Disney.

Et il rigole.
Genre vous savez, ce que les gens font, genre ha! ha! ha! et il a l’air fier de lui.
J’ai envie de l’enculer.
En plus je ressemble plus à Maléfique qu’à une petite daube allongée sur un lit après avoir fait « oups! mon doigt! »
Mon doigt dans ton cul, ouais.

Je fronce le nez et pince les lèvres, mi-agacée, mi-outrée, mi-ohcommentilestpasdrôle. Ouais, j’ai trois moitié moi. Et ?

- Nan mais je comprends, je me tiens à carreau. Promis. Pas de coup tordu.

Ouais.
Bon.

- Tu fais bien, je suis pas du genre à embrasser la Bête. Plutôt du style à la dépecer pour me tenir chaud l’hiver.

Bon, bien sûr que j’ai une grande gueule, je dépèce rien ni personne, déjà parce que la torture c’est interdit, ensuite parce que ça à l’air passablement dégueu et j’aime pas trop me salir. Mais c’est vrai qu’embrasser la bête c’est sale aussi.
J’ai aucune race au niveau des princesses et des rêves mais faut avouer que elle est moche la bête. Vincent Cassel aussi dans le film il est moche et il a une voix de prédateur inquiétant.

Il sort bien avec une meuf de dix-neuf piges.

Bref, aucun rapport avec rien.
On s’envoie des fions à la tête et puis on n’avance pas. J’ai un peu l’impression d’être engluée dans un marais mais de ne pas avoir le choix. SI on avance, on va où ?
Pas dans la même direction. Si on avance on se sépare et j’ai encore envie de rester un moment ici. La souris entre les pattes du chat.

-Ouais, et on voit du sang d’exorciste tous les soirs pour rester en forme. C’est super nutritif, paraît-il.

Je souris.
Trop facile celle-là, tu me tends la perche, gars.

- Comme le sperme. Mais ça tu le sais.

Ouuui, bon, elle était simple je vous l’accorde mais ça reste dans mes cordes. J'ajoute un clin d'oeil. J'ai quinze ans, sérieux.
En plus autant il est gay. Autant il avale. Que de suppositions ! Même si j’admets j’ai une requête à Dieu-en-lequel-je-ne-crois-pas.
Faites qu’il ne soit pas homosexuel.

Il prend ma main et putain, je me laisse entraîner comme une ado prépubère en fleurs.

-Une valse ? J’me suis dit que ça irait bien pour une princesse. A moins qu’il vous apprennent pas ça chez vous ? Oh, et me poignarde pas, on fait que danser.

Je me mords la joue jusqu’à avoir un goût de sang dans la bouche. Non, je n’ai pas appris ça à Orpheo. Je n’ai pas appris ça de mes parents, parce que ce sont des immondices et non, je n’ai appris ça de personne, stupide Rhyan ayant envie de danser le jour du bal de prom qui apprend seule dans sa salle de bain, naïve Rhyan qui bosse dur, effrayée, Rhyan, qui ne se pointe pas au bal de Prom en question.
Stupide hein ?
Mais y’a pas que ça, le fait qu’il me dise ça normalement, et de repenser au bal de prom et tout ça, ça me rappelle que des fois ça me manque un peu de normalité. De me dire que je dois craindre un peu les inconnus mais pas trop et que tout ce qu’il peut m’arriver dans la rue c’est d’être renversée par un bus. Je caresse tout de même l’éventualité d’enfoncer une lame entre ses côtes pour retrouver le sourire fou qu’il m’avait servi.

-Pour ta gouverne, la danse ça consolide aussi les appuis et l’équilibre. Donc oui, on apprend ça chez les Soul. (Notons qu’ils n’a pas dit chez Rosenrot). D’autant qu’elle est utile dans d’autres circonstances. Pas trop déçue j’espère.

J’essaie de suivre - je me venge sur la Rhyan qui a pas eu les couilles d’aller mettre une jolie robe.
C’était peut être ça le soucis, la robe ?
Non, même pas en plus, je m’étais bien fondue dans la masse. On danse comme deux débiles dans un silence feutré trompé par nos bruits de pieds mais j’ai une boule d’oxygène dans la gorge. Brûlante mais euphorisante.

Ptn, qu’est-ce que je fais là.

On tourne donc, et on ne fait que danser. Peut être que vous ne voyez pas le problème là dedans mais moi, je trouve ça étonnamment agréable de relâcher la pression. J’ai la tête pleine de sa paume sur ma hanche et, quand il ne me rattrape pas je lève immédiatement les yeux. Il n’a pas lâché ma main, je me tends comme un arc.

Lâche ma main ?
T’avais dit pas de coups tordus..

-Pourquoi t’es devenue exorciste au fait ?

Je reste deux bonnes secondes interdites, les lèvres scellées, surprise par la question sans réussir à trouver de blague là dedans.

- J’ai été formée pour, j’ai pas vraiment choisi.

Je hausse les épaules.

- Puis j’aime bien claquer du fantôme.

J’me sens immense dans cette bibliothèque, immense sous ses yeux, immense dans mes mots et j’ai soudainement envie de disparaître.

- Et toi ? Pourquoi choisir ce camp là ?

J’ai utilisé le verbe « choisir » à dessein. J’me doute que chez les Souls, c’est pas vraiment vraiment un choix.
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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyMar 21 Aoû 2018 - 10:58


"Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo"


Pister c'est tout de même l'une des sensations les plus grisantes qui soit. Ça demande d'être bon en recherche d'information, d'être extraverti et de n'avoir peur de rien, d'aller au-delà de la loi et d'exploiter la moindre petite faille. Et puis, le jeu en vaut toujours la chandelle.


Ça sonne un peu comme un jeu. A celui qui fera craquer l’autre le premier. A se chercher sans se trouver, à questionner l’autre sans se remettre soi-même en question. Blesser psychiquement son partenaire dans l’espoir de le voir rendre les armes, appuyer une petite suprématie. C’est comme ça que l’on a été éduqué, à Rosenrot. Chez les Soul même. Toujours faire plier son prochain, car les relations égalitaires ça n’existe pas. Il y a toujours un soumis dans l’histoire. Même au sein de la famille, c’est une éternelle recherche de pouvoir, de main mise sur l’autre. Sauf peut-être pour les plus jeunes, les moins obéissants. Même avec Olive, parfois, ça nous arrive de vouloir prendre la place de l’autre. Pas souvent, parce que nous ne sommes après tout qu’une seule et même cellule à l’origine et nous fonctionnons toujours par paire, mais dans un accès de fureur, les choses tournent parfois au vinaigre. Un vinaigre rance et acide.

C’est plutôt bien de l’appeler princesse je trouve. Ça lui va bien car c’est à peu près tout l’inverse de l’image qu’elle renvoie. Et j’aime appeler les gens par les personnes qu’elles ne sont pas, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une exorciste. C’est rien de plus qu’un surnom comme un autre.

- Tu fais bien, je suis pas du genre à embrasser la Bête. Plutôt du style à la dépecer pour me tenir chaud l’hiver.

C’est exactement comme j’ai dit, une princesse 2.0. J’étais bien parti sur la Belle au bois dormant mais si c’est la Belle et la Bête qui la tente, pourquoi pas. Après tout, c’est à elle de choisir son conte de fée. Oh et, bien entendu, j’ai compris l’allusion à la Bête. Je pourrais me taire mais… non, c’est un exercice bien trop difficile. Surtout avec ces phrases amenant des dizaines de réponses. J’affiche un regard dépité avant de m’attrister sur mon sort, la tête basse, simulant des larmes de crocodile rapidement séchée du bout de l’index.

-Tu as une si piètre image de moi que ça pour me comparer à la Bête ? J’en suis tout chamboulé.

A vrai dire, je ne fais pas seulement référence au physique fort disgracieux de la Bête. Ça, c’est quelque chose de secondaire bien qu’on puisse penser le contraire. Je m’attache plutôt au psychique du personnage, à son côté pathétique de l’homme blessé par son passé, maudit par une enchanteresse et pas foutu de sortir de son château pour régler lui-même son problème. Le seul point positif à cette histoire, c’est la séquestration qui se transforme en syndrome de Stockholm. Ça c’était bien joué de sa part. Bref, la Bête, c’est un peu le personnage qu’on croit méchant mais qui reste gentil dans le fond. Comment dire…

C’est un peu mon opposé.

Mais voilà qu’elle me propose de danser. Sans musique, sans rien, dans une pièce absolument pas aménagée pour. On va avoir le temps de se frapper trois fois contre les étagères avant d’avoir fait un tour sur nous-même mais qu’importe, le challenge n’est jamais trop loin, surtout dans cette pseudo insulte. Me voilà en train de lui répondre, comme à mon habitude, tandis qu’elle réplique par un :

- Comme le sperme. Mais ça tu le sais.

Je hausse un sourcil. Qui monte haut jusqu’au ciel. Dans un air d’interrogation exagéré. Je suis mitigé entre le soupir et le rire forcé, mais rien ne sort. Pas choqué pour autant, juste interdit. Est-ce qu’on véhicule aussi des ragots comme ça sur moi ? Enfin, je suppose, sur… nous ? Mais qui d’autre ? Je fréquente personne et alors les relations entre mecs, c’est… nop. Mais ça ne naît pas comme ça un ragot. Alors….
Oh.
Est-ce qu’ils croient… enfin elle croit que… Enfin, Olive et moi…

Wow, gerbe en approche, les gars.

J’suis tellement choqué que j’en perds mon langage. Les yeux qui papillonnent frénétiquement avec un air de merlan frit sur le visage. Wow. Je sais pas quoi dire. Je passe ma main sur mon visage, mi écœuré mi écœuré.
Je peux pas laisser passer ça, y’a des trucs d’accord, y’en a d’autres non. Ça c’est le non de Zeus qui fait trembler les montagnes et rugir les volcans.

-Okey. Euh non ? Si c’est de ragots d’Orpheo ça, j’te demanderai de les couper à la source, j’suis pas pédé, merci.

Ouais nan y’a des trucs ça passe vraiment pas. Je peux pas rire dessus ou poursuivre comme si de rien n’était. Y’a des gens qui arrivent à jongler entre les sexes, c’est pas mon cas et ça le sera certainement jamais de chez jamais. Mais alors si en plus y’a des gens qui, dans leurs têtes, se font des films sur Olive et moi. Woh, je veux même pas savoir. C’est juste hyper gênant. Je sais pas si les gens se rendent compte, mais c’est mon jumeau. J’l’ai vu à poil des milliers de fois certes et on dormait dans le même lit quand on était jeune, mais c’est parce qu’on est jumeaux et que dans la famille, on cherche tous à s’accrocher désespérément à quelqu’un ou quelque chose.

Les gars d’Orpheo sont des tarés mentaux.

Mais bon, en essayant de se changer les idées, c’est donc la valse qui commence. Les pas de Rhyan sont hyper incertains et d’un côté ça me détend de la voir aussi concentrée sur ses pas, en essayant de ne pas perdre la face. Elle est mignonne comme ça, du genre vraiment. Elle s’adapte vite et ne me marche pas du tout sur les pieds, ce qui est assez impressionnant pour quelqu’un qui a l’air de danser sur ses premiers pas. Du coup, ça me donne envie de continuer un petit peu plus. La faire tourner sur elle-même, sans musique. Se perdre dans le temps et l’espace, retrancher nos statuts d’ennemis en arrière-plan. Jamais trop loin, mais suffisamment pour apprécier un petit moment comme ça, sans grande prétention.
C’est presque si j’en oublie d’être Soul, d’être Rosenrot. D’être sorcier noir.

Et de me tourner vers l’autre au lieu de tourner sur moi-même.
Un silence.

- J’ai été formée pour, j’ai pas vraiment choisi.

Ça ne choisit pas non plus chez eux alors. Je crois que c’est la première fois que j’écoute un exorciste parler de son parcours. Du choix ou non qui l’a poussé à se diriger vers cette voie. Du non-choix dans son cas. Alors, c’est aussi comme ça que ça se passe. Parce qu’on a grandi dans telle ou telle maison, on se destine à l’un ou à l’autre. Ennemis à la naissance, sans réflexion propre. Et un ennemi est un ennemi. A abattre. L’occasion de me rappeler mon inconscience, du risque que je coure à fricoter avec la demoiselle. Olive ne vendra pas la mèche, c’est sûr. Mais on est jamais trop prudent, Berlin est autant un trou à exorcistes qu’à sorciers noirs. Une ville sous une guerre permanente, au QGs ennemis les plus proches du monde.

- Puis j’aime bien claquer du fantôme.

Je souris avec un certain plaisir. Claquer du fantôme. c’est assez original. C’est vrai que j’ai tendance à oublier que l’une de leurs missions principales consiste à renvoyer les fantômes vers une vraie mort. Ils font ça joliment apparemment, avec des runes et des armes spéciales, même si on s’en fout un peu ici à Rosenrot. En général, quand on voit un fantôme, on s’amuse pas à essayer de le raisonner ou quoi, on le tue directement. C’est rien de plus que des entités qui n’existent déjà plus, à quoi bon s’embêter. Voilà encore une bonne chose qui nous différencie. Une petite chose cela dit.

- Et toi ? Pourquoi choisir ce camp là ?

Moi ?
Sans répondre, je reprends sa taille et fais quelques pas. La fait tourner une fois de plus. M’arrête. Ne lui lâche toujours pas la main, concentré sur ma réponse. Choisir un camp ? Est-ce qu’on a eu le choix, un jour ? Est-ce qu’en étant Soul, notre avenir n’est pas directement tracé, surtout en naissant parmi les aînés, baignés dans l’éducation noire ? Pourquoi j’ai choisi d’être sorcier noir ? Peut-être parce qu’on m’a pris par la main en me montrant un exorciste et me murmurant un « voilà, ça c’est ton ennemi. Ton ennemi pour la vie. » sans me laisser le temps de le connaître davantage, cet ennemi.

Cette ennemie qui se tient face à moi et qui a plus de points en commun avec moi que je n’en ai avec Silver ou Bianco par exemple.
Et si on m’avait laissé les connaître plus tôt, est-ce que j’aurais changé d’avis ?

Oui. Peut-être.
Non, probablement pas.
Le passé possède cette force : on ne pourra jamais connaître l’influence qu’un de nos choix ou non-choix a provoqué sur nous. Le passé est tel qu’il est : inaltérable.

-J’ai pas non plus eu mon mot à dire. Je m’en plains pas, j’ai l’avantage d’avoir jamais rien connu d’autres. L’ignorance, ça nous maintiens dans la routine et la routine dans la normalité. Tuer des exorcistes, c’est un peu comme une addition basique. Le genre de choses qu’on t’apprends à la primaire et sur lequel tu fondes toute ta logique.

C’est exactement ça. Franchement, j’ai rarement tendance à pouvoir bien exprimer ce genre de pensées, mais cette phrase-ci, elle retranscrit à merveille ce qui fait de moi ce que je suis. Ce qui fonctionne dans la tête de nombreux sorciers noirs. Ça ne nous rend pas plus idiots. On nous couds simplement des œillères à la naissance. Tout ce qui reste dans notre champ de vision élargit notre connaissance du monde, nos capacités de réflexions. Mais tout ce qui est dans l’ombre y reste sans nous préoccuper. Je lui lâche finalement la main et me réadosse à une des étagères. Un millier de questions fleurissent dans mon esprit. Des questions simples, pour écarter dangereusement la zone la moins agréable et la plus obscure de mon existence. Dangereuse car un soldat qui se rend compte qu’il tue des hommes aussi pensants que lui est un homme mort. Pour son camp ou celui de l’autre. Et ça, particulièrement pour les Soul, c’est inconcevable.

Alors on avance à pas mesurés, prêt à s’arrêter à la moindre bêtise, à la moindre prise de conscience.

-Et t’as jamais voulu faire autre chose ? C’est ta famille qui t’as forcé à aller chez Orpheo ?

Je contracte un peu la mâchoire. Est-ce que c’est bon ? Est-ce que c’est vraiment bon de creuser sur ce sentier-là ? J’ai l’impression de me poser ces questions à moi-même. Ça ne va pas. Si je commence à remettre ma famille en question, le peu de pilonnes qui la maintiennent encore au-dessus de l’eau vont s’effondrer.

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Rhyan L. James
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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyMar 21 Aoû 2018 - 21:24


Out drink me
Cyan
Je crois que ce qui fait du bien avec Cyan c’est qu’il ne me rappelle personne. Aucun souvenir, aucune expérience. Je n’ai jamais été autant sur la défensive mais pourtant vulnérable. Frisson d’exaltation, frisson d’effroi. Il fait une moue de ptit gars triste mais je le sens loin, dans un château de craie inaccessible. Peut être qu’il se l’est construit seul, peut être non mais on est sûrement tous pareil. On prétend qu’on peut être touchés mais ce n’est plus vraiment le cas.

Ce n’est plus le cas depuis des années.

-Tu es une si piètre image de moi que ça pour me comparer à la Bête ? J’en suis tout chamboulé.

Je hausse les épaules, faussement innocente et vaguement amusée. Il est chamboulé et j’ai désormais, selon mes propres dires, le coeur brisé. Chacun son truc. J’aime bien le jeu qui se développe ici mais j’ai l’impression de ne pas avoir les mêmes cartes en main que lui, un jeté de dés qui peut m’avoir un douze quand il peut prétendre que vingt-quatre. Peut être une question de pouvoirs ? De sexe ? D’entraînement ?
Je pince mes lèvres, pensant à ce que l’entraînement Soul aurait fait de mon corps et de mon esprit. Sûrement des muscles fins et le corps délié mais brisé.

Est-ce que t’es tout cassé Soul ?

-Okey. Euh non ? Si c’est de ragots d’Orpheo ça, j’te demanderai de les couper à la source, j’suis pas pédé, merci.

Ahahahah ! Sa tête est vraiment cool, vraiment elle vaut son petit pesant d’or, et moi, je dis jamais ça à la légère. Il semble outré et puis gêné qu’on puisse penser ça. Genre le gars, je peux l’insulter de la Bête, qui est dégueulasse et pathétique, c’est ok, ahah c’est marrant, mais alors quand on lui dit qu’il aime bien les zizis c’est la débandade absolue.
Sans vieux jeu de mots.

Il a le droit à un immense sourire qui plisse mes yeux clairs. Il est marrant, je l’aime bien.
J’ai envie de répliquer, mais je préfère le laisser dans le flou que tout le monde pense qu’il baise des gars à foison, des tournantes de gars.
Parce qu’ils violent, chez eux, non ?

Je déglutis.

Bien. Nous dansons donc sur le parquet vernis de mon nouveau travail. Il a déjà investi les lieux et je sais que je penserai sûrement un moment à lui demain. Si on ne s’est pas entretués. Est-ce que c’est encore une possibilité ? A vrai dire je n’en sais rien, il a crevé ma bulle de confort l’air de rien.
Pourquoi ?
Je ne sais pas comment on est arrivés là mais son masque est un peu retombé, il semble différent et n’est plus agité du Cyan qui joue. C’est étrange, il a perdu les tics qu’il s’est sûrement lui-même donné pour cacher celui qu’il est quand il rentre chez lui. Et quand il ouvre la bouche, je sais qu’il va essayer de parler vrai.

Et ça me fait putain de flipper.

-J’ai pas non plus eu mon mot à dire. Je m’en plains pas, j’ai l’avantage d’avoir jamais rien connu d’autre. L’ignorance, ça nous maintiens dans la routine et la routine dans la normalité. Tuer des exorcistes, c’est un peu comme une addition basique. Le genre de choses qu’on t’apprends à la primaire et sur lequel tu fondes toute ta logique.

Je secoue la tête en avalant ma salive âpre. Nous sommes tous pareils, nous sommes tellement différents. Il s’entête à tuer les nôtres comme on manoeuvre pour tuer les leurs, occupation lucrative et efficace. Si on m’enlevait ça, que me resterait-il ? N’avais-je pas apprécié la baston de la dernière fois ?
Et puis ses mots dans ses bouches me semblent trop vrais et faux à la fois, il se routine dans sa zone de confort sans vouloir en sortir parce qu’il a peur de ce qu’il y a derrière. Mais peut être que de l’autre côté de la clôture y’a rien. Quand j’suis passée et que j’ai laissé Torin derrière, j’me suis vite rendue compte que je laissais tout derrière. J’avais beau avoir ouvert les yeux sur le monde je n’avais plus nulle part où les poser.

Un régal.

Mais il a parlé vrai, il tue les nôtres, il tue les miens que je ne connais pas mais qui se battent contre les gens comme lui. Aussi aberrant que ça puisse paraître, ça nous place chacun d’un côté des rails et je n’ai pas envie de le rejoindre.
Le mauvais côté.
Il a l’argent, la noblesse, la famille, un but.

Et moi ?

Il a lâché la main mais moi, je n’ai pas vraiment lâché l’affaire. J’ouvre la bouche pour répondre, la peau brûlée là où il l’a touchée mais il reprend la parole.

A quoi est-ce qu’il joue ?

-Et t’as jamais voulu faire autre chose ? C’est ta famille qui t’as forcé à aller chez Orpheo ?

Mon coeur se met à tambouriner sourdement à mes oreilles, accès de sang alors que sens mes joues se colorer. Le désavantage d’être blonde. J’me retrouve à masquer le fait que je manque un peu de souffle parce qu’il y a des sujets que je n’aime pas, et je viens malheureusement me rendre compte que ma famille est pire que Torin. Parce que si j’esquive en permanence de parler du second, personne me casse les couilles habituellement avec ma famille.

Est-ce que des gens sont vraiment forcés d'aller chez Orpheo ? Les gentils ne forcent personne, n'est-ce pas ?

Je ne sais pas quoi dire, parce que tout ce qui me vient à l’esprit, c’est la vérité et la vérité est dégradante pour moi.

-Autre chose ?

Je divague. On m’a appris à faire ça, je ne sais rien faire d’autre, c’est aussi simple que ça. Je n’ai pas de talent particulier

-T’as jamais voulu regarder de l’autre côté du mur toi ?

Peut être que c’est ce qu’il est en train de faire maintenant, il se met sur la pointe des pieds et il regarde le no man’s land où il y a moi, minuscule et hargneuse. Il va rapidement avoir envie de retourner dans son trou.
Et moi dans le mien.

-J’ai pas de famille. Du coup personne ne m’a forcée, mais quand les gens qui m’ont récupérée ont commencé à m’entraîner pour les pouvoirs et les fantômes, je ne connaissais que ça.

Je détourne les yeux .Les gens qui m’ont récupérée ? Sérieusement ? Shybaï et Takeji ne sont que ça avec les jumeaux ?
Peut être que je ne fais que les protéger, peut être que j’ai peur de me poser des questions.

- J’me suis pas posée la question de si ça m’allait ou pas, c’était comme vivre dans un tunnel au bout duquel il n’y aurait qu’une sortie.

Et puis c’est vraiment ça en plus, j’me suis juste pas questionnée et quand on m’a dit « voilà, t’es exorciste » quelqu’un d’autre m’a donné des ordres, et puis c’était la guerre, et puis il y avait des blessés et des morts, l’horreur de la guerre à plein temps.

Comment vais-je sortir de ce labyrinthe ?

Peut être que c’est moi qui ne regarde pas de l’autre côté du mur. Mais qu’est-ce que je verrais ?
Lui, ses lèvres, ses yeux, ses mots.

J’aimerais bien sortir de cette conversation mais je n’admettrais pas que j’ai peur. Je ne pourrais même pas mettre des mots sur cette peur, je n’ai pas envie de fouiller la plaie grouillante de vers énormes et purulents. Alors sans admettre que mon coeur ne s’est pas calmé, je me dérobe comme toujours en me rapprochant de lui. Je pose une main à plat sur sa hanche, les yeux dans les yeux.

J’ai terriblement conscience de son odeur.

-Tuer ceux de Rosenrot, c’est un peu comme une addition basique.

Désinvolte mais touchée.
Comment peut-il m’avoir avec des questions que je me suis déjà posée des millions de fois ?
Mais je n'arrive plus à jouer, je détourne les yeux et laisse tomber ma main, me posant nonchalamment comme l'étagère.

J'ai besoin qu'il réponde et qu'il me dise à quel point il est différent de moi.
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Dernière édition par Rhyan L. James le Mer 22 Aoû 2018 - 20:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyMer 22 Aoû 2018 - 13:04


"Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo"


Pister c'est tout de même l'une des sensations les plus grisantes qui soit. Ça demande d'être bon en recherche d'information, d'être extraverti et de n'avoir peur de rien, d'aller au-delà de la loi et d'exploiter la moindre petite faille. Et puis, le jeu en vaut toujours la chandelle.


J’sais pas. J’sais vraiment pas ce qui me prend à vouloir jeter un coup d’œil à ce qu’il y a derrière tout ça. Je me suis jamais posé la question auparavant. Les exorcistes sont méchants, tuons-les tous. Ça a toujours été comme une chasse pour moi, qui me récompense lorsqu’elle se déroule sans encombre. Il faut dire qu’être humain c’est aussi vivre sur le principe du travail-récompense. Si l’on accède à quelque chose de positif en ayant travaillé pour quelque chose, alors on finit par se dire que notre travail est légitime, quand bien même il s’attache à s’enduire les mains d’une liqueur rougeâtre et chaude.
La question non formulée, c’est : pourquoi c’est mal ?

Présentez une glace à un européen friqué et à un indien pauvre. Vous verrez à quel point leur vision changera sur l’objet en question. Tout est toujours question de point de vue. Dans mon cas, lorsqu’on ne s’est jamais questionné, le point de vue est stable, concret, plus difficile à déloger qu’une tique ancrée en soi. Plus douloureux aussi.
On finit par ne plus s’en préoccuper, surtout lorsque tout son entourage vit avec cette même tique.

Elle est là, l’habitude, la normalité.

Alors voilà, je suis sans doute en train de plonger dans son regard aussi limpide qu’une mer des caraïbes. Parce qu’il y a quelque chose à gratter en-dessous, du sable à fouiller dans l’espoir d’y trouver un trésor. Et quoi de mieux qu’une chasse au trésor lorsqu’on flotte déjà entre deux rivages ennemis ?
Je sais que je ne suis pas Icare. J’suis pas assez con pour m’approcher trop près du soleil, ou dans le cas précédent, couler et me noyer. J’ai la force d’esprit pour tuer, mais pas celle pour remettre mes valeurs en question. Parce que c’est ce qui nous permet de ne pas sombrer dans la folie les valeurs, non ? Je sais m’arrêter lorsqu’il le faut. Je connais les formulations pour ne pas toucher de trop près les zones sombres de mon éducation. J’ai besoin de ça. Être intelligent, c’est aussi savoir quand s’arrêter d’apprendre.

Elle se met à rougir et je comprends vraiment pas pourquoi. Je fais mention de sa famille et ça a l’air de ne pas lui plaire. Je pense ? L’empathie, ça se gère pas d’un jour à l’autre. C’est pas parce qu’elle est apparue devant moi que tout d’un coup je vais me mettre à devenir tout gentil tout doux. C’est même fort peu probable.

-Autre chose ?

Oui, autre chose. Tout comme je ne me vois pas autrement qu’en sorcier noir à déchiqueter de l’exorciste, peut-être qu’elle ne se voit pas autrement qu’exorciste à déchiqueter du sorcier noir. Qui sait. Même en prenant la peine d’y réfléchir plus sérieusement, j’ignore quel métier j’aurais pu exercer. Mercenaire peut-être. Certaines fleurs bleues trouveront ça triste, mais je ne suis décemment bon qu’à tuer. Les métiers humains sont tels qu’ils sont : dédiés à leur fournir une raison de vivre. Bon nombre deviennent inutiles mais ils sont trop cons pour s’en rendre compte par eux-mêmes. Les militaires vivent à la solde du gouvernement et je ne supporterai pas d’avoir mes mouvements dictés par des humains. Mais c’est parce que je suis Soul. Parce que tout ça, c’est ma famille et mon héritage. Détester les humains, vivre pour la mort.
Les exorcistes, ils ont le choix eux.

-T’as jamais voulu regarder de l’autre côté du mur toi ?

De l’autre côté du mur ? Ah, elle fait référence à ma chasse au trésor ? Je regarde déjà de l’autre côté. Mes questions en sont la preuve non ? Oh, certes, j’ai pas prévu d’enjamber le mur ou plonger dans les abysses, mais qui le ferait.

-J’ai pas de famille. Du coup personne ne m’a forcée, mais quand les gens qui m’ont récupérée ont commencé à m’entraîner pour les pouvoirs et les fantômes, je ne connaissais que ça. J’me suis pas posée la question de si ça m’allait ou pas, c’était comme vivre dans un tunnel au bout duquel il n’y aurait qu’une sortie.

Je soulève un coin de lèvres. Pas par moquerie, mais plus pour la métaphore employée. Un tunnel a une seule sortie. Moi et mes œillères. Ça peut sembler être la même chose comme ça, mais ça ne me procure pas du tout la même sensation. Le tunnel, c’est quelque chose de long, de rectiligne. On peut regarder à droite ou à gauche, on verra que la sortie, vers laquelle on sera d’ailleurs fatalement dirigé. Et à la sortie, on pourra soit se retourner pour voir le chemin accompli, soit on en aura peur. Mais la sortie, elle nous montrera le monde tel qu’il est. On aura fait tout ça dans l’obscurité la plus totale, guidé par son seul instinct et la lumière au bout. Les œillères, elles nous le montrent déjà tel qu’il est, ce monde. Elles nous le montrent déjà déformé, masqué, à tel point qu’on en fait notre point de départ dans la vie. On avance sans savoir où on va, parce qu’il n’y a pas de chemin. Mais on est sûrs de ce qu’on voit, on y croit, alors on continue d’avancer. Et on nous les retire jamais, ces œillères. Faut le faire soi-même, et déjà commencer par se rendre compte qu’elles sont là.

J’me suis rendu compte qu’elles étaient là.
Et c’est la première fois.
Et c’est un peu flippant.

Je reste silencieux. J’aimerais bien me moquer parce que les situations sérieuses comme celles-ci, elles me prennent rapidement la tête. Et j’ai pas de raison de me la jouer gentil avec madame l’exorciste. Je le fais déjà pas avec mes propres collègues et les traitements de faveur y’a qu’avec Olive que ça marche. Bon et Green, une fois.
Bref, j’ai mille et une raisons d’arrêter de faire mon vieux gars sérieux mais y’a rien qui vient. Enfin si, mais rien qui ne veuille sortir. Je sais pas pourquoi j’ai lancé une discussion pareille. Je sais franchement pas ce qui m’a pris. J’m’en balance qu’elle n’ait plus de famille, je vais pas non plus me mettre à la plaindre. A vrai dire, ma comparaison sur les œillères et le tunnel, c’est quelque chose de tout pourri. J’essaye de dire quoi, au juste ? Qu’on est juste encore plus manipulés qu’eux ? Qu’on vit sans aucun libre arbitre ? Qu’on est né pour tuer et basta ? Qu’on est doué qu’à ça et qu’au final, y’aura plus de monde pour faire la fête que pour pleurer ma mort ? Et que le pire de tout ça, c’est que même en sachant ça, j’en ai toujours rien à branler et j’continue ma vie, ma routine, mes habitudes, qu’la prochaine fois, j’pourrais bien la butter, cette Rhyan ?

Parce que oui, c’est inscrit dans ma tête, ma peau, mes gènes. T’es une exorciste, j’suis un sorcier noir.
On s’voit, on s’frappe, que le meilleur gagne.
Point.

Si j’ai voulu déjà regarder de l’autre côté du mur ?

-Regarder de l’autre côté du mur ? Pourquoi au juste, me remettre en question ? Désolé, chez nous on a pas de tunnel, pas de lumière à la fin, pas de récompense. On nait, on tue, on meurt. C’est la proximité de la mort qui me maintient en vie. J’ai rien à gagner d’un autre bout de terre qui me dise qu’il y a autre chose. Est-ce que t’as seulement envie de regarder, toi, par-dessus ton mur d’exorciste, ce qu’il y a de notre côté ?

Non. Juste non. Parce qu’on s’attire comme on se repousse. Parce que y’a rien à gagner, pas de trésor à trouver. On est bien mieux à la surface, à nager tranquillement avec le reflet du soleil sur la peau, la chaleur de ses rayons. J’ai même pas essayé de retenir l’aigreur dans mes paroles. J’ai flippé mais j’suis trop fier pour l’admettre. J’ai pas envie de savoir qu’elle a pas eu la vie de rêve d’exorciste qu’on nous balance comme vérité générale dès le plus jeune âge. J’ai pas besoin de savoir qu’elle est peut-être aussi scarifiée que moi mais qu’elle, elle a le courage d’y faire face au lieu de les cacher. J’veux pas me sentir inférieur. Alors je botte en touche. Parce que c’est la sécurité le plus important.
Mais alors, elle se rapproche, pose sa main sur ma hanche. Elle a l’air encore perdue dans ses mots, là et puis pas trop là. Elle est belle et sauvage à la fois, comme le requin blanc. Magistral et mythique, aussi paradoxalement vulnérable en captivité, se laissant mourir en quelques jours, semaines ou mois.

-Tuer ceux de Rosenrot, c’est un peu comme une addition basique.

Elle est si proche qu’il serait extrêmement facile d’en finir. Mais elle se décale finalement, laisse retomber sa main, s’adosse à l’étagère face à moi. Un requin blanc à la langue bien pendue. Trop pendue. Un peu perdue aussi. Je lui souris d’un air attristé, pas vraiment certain du pourquoi et du comment, mais c’est la seule émotion qui me vienne dans l’instant.

-Ça nous fait un point commun. On a désespérément… -envie, besoin ?- envie de se taper dessus.

J’ai pas envie de lui éclater le visage. J’ai pas besoin non plus, c’est pas dans un ordre de mission. Pourquoi je suis là alors ? Pour passer le temps. Du temps. Du temps avec ? Avec elle. Parce qu’elle est marrante et caractérielle. Juste pour ça. Oui, juste pour ça.

-Rhyan ! Rhyan, qu’est-ce que tu fiches ?! T’es pas en pause à ce que je sache !

Je me momifie sur place. La voix s’approche dangereusement de nous. Très vite. Trop vite. Ça sent subitement le roussi et j’ai encore du taf moi. Mais un rapide constat des lieux me fait prendre conscience du cul de sac dans lequel nous nous trouvons. Des livres, des livres, mais pas de quoi se glisser entre les étagères sans les déplacer ou les faire tomber. La seule sortie, elle est trop proche de la voix. Je pourrais tenter une rune de lévitation mais utiliser de l’énergie pour ça, c’est tendu et je risque de me faire repérer. Je me tourne alors vers Rhyan en me collant au mur. Nan. Pas une deuxième fois. Hors de question. J’inspire franchement et rabats ma capuche de sweat sur ma tête, récupère des lunettes dans ma poche et les pose sur mon nez. Avec ma teinture noire, normalement ça va passer sans problème, ils ne se doutent pas qu’un Soul viendrait jusqu’ici juste pour parler avec une exorciste.
Le mieux, ça reste encore de prendre les devants. On est toujours plus sceptique et observateur quand on fixe une scène statique que lorsqu’on la subit de plein fouet. Qu’est-ce qu’on peut faire, qu’est-ce qu’on peut faire, comme dirait Zazou. Heureusement, j’ai pas un cerveau de perroquet, piaf ou peu importe l’animal qu’il est censé représenter. Je sais parfaitement ce que j’ai à faire, parce que détourner l’attention ça fait aussi partie de mon travail.

Alors, sans le moindre émoi, j’attrape la main de Rhyan et la tire vers moi en me dirigeant à pas ni trop rapides, ni trop lents, vers la source du bruit. Des culs de sac de partout. Encore. Encore. Et paf, une sortie. Et paf, une exorciste ou une humaine non douée, le stéréotype même de la directrice de bibliothèque, qui file dans notre direction. Faut pas qu’elle voit mon visage, faut pas qu’elle puisse faire le rapprochement, parce que cette tenue, je la reporte dans quelques jours à peine et le principe d’une couverture, c’est de ne servir qu’une fois chez moi. Faut que j’attire toute l’attention de cette dame sur Rhyan.

Alors, une fois certain de l’avoir dans mon champ de vision, je me retourne précipitamment vers la jolie blonde et la plaque bien en évidence contre le mur. Voilà, attention détournée. Je plonge mon regard gris vert dans celui presque bleu cyan de la princesse et la jauge un instant à quelques centimètres de son visage. J’entends derrière moi l’autre dame arriver à toute vitesse en répétant d’une voix fortement agacée le prénom de la demoiselle.
Je lui souris avec une pointe de tendresse et beaucoup d’ironie.

-T’es toujours là quand il faut, décidément.

Mes mains viennent encadrer son visage de princesse et je la gratifie d’un baiser. Un baiser un peu moins mesuré que celui des Disney. Un baiser qui pourrait signifier une longue relation, qui n’a pas peur et qui en demande un peu plus. Un baiser qui saura à coup sûr m’octroyer un billet de sortie express.

En effet, une main -plus puissante que je ne l’aurai pensé- s’agrippe à mon épaule et me dégage violemment. En l’espace d’une demi-seconde, je baisse le regard, la tête et me confond théâtralement en excuses face à l’autre dame. Ose relever les yeux vers Rhyan pour lui lancer un regard ravageur et m’apprête immédiatement à disparaître.


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MessageSujet: Re: Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo   Je le savais qu'ils étaient tous jetés à Orpheo EmptyMer 22 Aoû 2018 - 20:13


Out drink me
Cyan
« I WANT TO ENDORSE YOU
I WANT YOU TO EXHAUST ME »

J'ai vraiment l’impression de faire quelque chose que je ne devrais pas. Je sais d’avance que je n’en parlerais pas à Shybaï. C’est drôle comment je peux me casser sur un prénom que je ne connais même pas encore et une situation qui n’en en rien à mon avantage. Pourquoi je me laisse aller, indolente et axieuse à un jeu auquel j’ai peut être déjà joué avant, dans une autre vie dans laquelle j’aurais pu choisir. Tout, depuis le début.
Est-ce que j’aurais choisi les gentils ?
Je me sais égoïste et capable de choisir ce qui m’aurait apporté le plus et pourtant, faire au Soul je sais que j’aurais été une piètre sorcière noire car il est le vrai méchant de l’histoire et pourtant, tout ce que je vois c’est à point il est humain. Pourtant je ne me cache pas les yeux pour autant, je sais qu’il est comme tous les autres. Si je baisse la garde il attaquera un point c’est tout.
Mais je ne suis pas du genre.

Relâchera-t-il sa vigilance, que je puisse planter mes crocs dans sa peau ?

Il ne me répond pas tout de suite et j’ai peur qu’il ne réponde jamais et je me retrouve comme une desséchée en attendant la pluie. J’attends sans rien dire, pensant qu’il peut à tout moment se moquer et reprendre la main qu’il m’a tendue. Je ne tomberai pas de la falaise pour autant mais j’aurais espéré ne plus avoir envie de le pousser.

Et puis.

-Regarder de l’autre côté du mur ? Pourquoi au juste, me remettre en question ? Désolé, chez nous on a pas de tunnel, pas de lumière à la fin, pas de récompense. On nait, on tue, on meurt. C’est la proximité de la mort qui me maintient en vie. J’ai rien à gagner d’un autre bout de terre qui qui me dise qu’il y a autre chose. Est-ce que t’as seulement envie de regarder, toi, par-dessus ton mur d’exorciste, ce qu’il y a de notre côté ?

Ne suis-je pas en train de le faire ? Quand je l’ai sorti des souterrains, n’étais-ce pas parce que j’étais persuadée que nous sommes des soldats bien dressés qui tirent à l’aveuglette en attendant de tomber ?
Le jour où une rosace rouge s’étalera autour de mon coeur, serais-je vraiment surprise ? Sa tirade est incroyablement amère mais pas totalement sincère. Il trouve une porte de sortie comme tout le monde, j’en suis certaine. Nous avons tous trouvé au fil des temps des échappatoires qui, même s’ils mènent tous à des culs de sac, permettent de respirer. Juste ça. Mais visiblement il n’a pas besoin d’oxygène pour vivre et déchire la vérité comme un nuage.
Je ne réponds pas, les lèvres bien scellées cette fois. Je n’ai pas envie de m’étaler et, autant curieuse que je suis j’ai trop peur pour aller voir plus proche. Je ne me sens pas le courage de gratter un homme à qui on a enlevé sa peau pour en mettre un autre, plus pratique et évidente, avec ses avantages qui font de lui ce qu’on veut bien qu’il soit.
Ne suis-je pas pareille ?
Mais je suis le héros de ma propre histoire, je n’ai pas besoin d’être sauvée. En a-t-il besoin, lui ?
Je ne pense pas qu’il soit du genre à tendre la main en cas de chute. Plus du genre à se laisser couler en apprenant à muter orque.

-Ça nous fait un point commun. On a désespérément envie de se taper dessus.

Sait-il qu’il a fait des fautes, ici ? Qu’il a laissé une artère exposée, sa gorge pulser trop proche de moi ?
J’ai envie qu’il ait peur de moi, qu’il me considère surtout comme une arme mortelle et une menace potentielle mais je n’en suis pas certaine et pendant un moment je regrette tous mes choix. J’aurais voulu arriver au niveau à ce moment là mais je ne savais pas.

- Rhyan !

Je sais immédiatement qui parle et je ferme les yeux. Le moment va m’échapper et je ne peux absolument pas le retenir. Liquide entre mes doigts je sens la boule de colère gonfler ma poitrine.

- Rhyan qu’est-ce que tu fiches ? T’es pas en pause à ce que je sache !

Et ta mère elle est en pause ?
J’oublie de respirer pendant quelques secondes tellement j’ai envie de tout faire exploser. Le sort m’a peut être lotie de pouvoirs passifs pour ne pas que je rase la planète entière.
L’autre réagit aussi, il se tend et subitement il n’est plus avec moi. Son cerveau a repris le bon chemin mais il ne semble rien maîtriser, il sent l’angoisse et la peur, la surprise. Le pincement de s’être fait avoir et de ne pas se rappeler comment il est arrivé là. Je croyais qu’il contrôlait tout, avec ses talents Soul, ugh ?

Il fait beaucoup plus jeune, à présent.

Il met sa capuche d’un mouvement sec. Sort ses lunettes et enchaîne.

Il m’attrape aussi la main et je me tends, prête à cent pour cent à tirer pour ne pas me laisser faire. S’il pense me mettre une lame sous la gorge pour sortir de là, c’est mort. Au premier contact d’acier je l’explose.
Mais au premier contact, il serait trop tard, n’est-ce pas ?
Il me serre plus fort que de raison et je suis malgré moi, angoissée mais prise au piège entre mon cerveau et mon ventre qui décidément me fait faire n’importe quoi. Subitement, y’a la géniale Stéphanie qui se ramène - elle n’est pas méchante ou injuste, elle manque juste d’une énorme dose de fun. D’empathie. De vie, vous voyez ? De spontanéité. Mais pourtant elle est pas méchante et elle travaille bien alors d’avance je sais que je vais devoir me confondre en excuses. Je suis gênée et j’aimerai qu’il me lâche la main, qu’elle ne se fasse pas d’idées.

- Rhyan !

Elle s’approche encore un peu et subitement il me plaque contre un mur, je regrette de ne pas avoir de couteau sur moi et j’entr’ouvre la bouche, prête à répliquer avec hargne que je vais lui arracher les yeux, que c’était pas la même de me faire valser si c’était pour me trancher la gorge.

Mais son énergie est extrêmement différente, il n’est plus le Soul qui joue, ni celui qui s’ouvre, il est subitement délicatesse.

-T’es toujours là quand il faut, décidément.

Je n’ai pas le temps de comprendre que ses doigts et puis ses paumes sont sur mon visage avec une douceur infinie qui vient d’ailleurs, capacité inexprimée et dévoilée sur ma peau. Ses lèvres suivent sur les miennes et j’en perds mes mots, j’en perds ma colère. Elle se tapit dans mon ventre alors que je prends une immense bouffée, son odeur partout autour de moi et sa peau, et puis tout s’arrête.

Il est arraché de moi et je reste comme une idiote. Il se retourne pour me regarder et je suis là en silence, mes grands yeux de chouette rivés sur lui et j’oublie quelques secondes que je suis moi.

Je me fais immédiatement reprendre mais je n’écoute pas, incapable de me faire une raison acceptable à ce qui vient de se passer, incapable de coller ce que je sais de ce qu’il vient de se passer. Je suis brûlée ou il était, noyée où il n’est plus.
Ne suis-je donc qu’une poupée qu’on utilise pour partir ? Une diversion utile et une personne à faire tourner quand on se fait chier, objet à usiter comme une cuillère en bois pour cuisiner ?
Mais il n’avait pas besoin de faire ça comme ça et je me retrouve sur un fil, à essayer de danser entre ce que je sais, ce que je me laisse savoir et ce que j’aimerais ignorer. M’a-t-il utilisée ?
Il n’avait pas besoin de le faire comme ça, les Souls sont trop doués avec leurs lames qu’il n’aurait pas vendu ses lèvres par obligation. Les Souls sont rarement obligés d’agir d’une seule façon, surtout pas dans une bibliothèque minuscule de Berlin. Alors pourquoi ?

Les sorciers noirs ne violent-ils pas ?

N’a-t-il pas dit qu’il m’avait utilisée comme une opportunité ? Là quand il faut, ça veut dire quoi au juste ? Pourquoi s’ouvrir à moi pour au final conclure par ça ?
Je ferme les yeux devant l’océan vertigineux de questions qui m’assaillent. Romeo et Juliette étaient idiots, pourquoi marcheraient-on dans leurs traces ? Pour essayer de ressentir quelque chose d’autre, pour souffrir encore un peu plus ?

Je ne sais même pas son prénom.

Pas sûre de vraiment me rappeler du mien non plus. Je joue vraiment, vraiment à un jeu dans lequel je pourrais perdre beaucoup plus que ce que je pensais. Mais quelle que soit la façon dont j’essaierai de raisonner je le sais déjà.

Le jeu en vaut la chandelle.
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