CITATION DU PERSONNAGE : C'est cool d'avoir un mec sensationnellement beau et intelligent comme jumeau.
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Sujet: One day these steps will be my last Jeu 23 Aoû 2018 - 19:48
"One day these steps will be my last"
On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.
Croyez-le, ça doit bien faire la vingtième fois que j’essaye de prononcer le nom de cette ville. Cette ville qui n’a ni queue, ni tête, ni cou ni rien en fait, parce que c’est une ville. Mais voilà, je suis têtu alors je continue, j’essaye, je me tue à la tâche quand bien même je croule sous le boulot. On m’en a assigné une récemment, de tâche. Une tâche très, très importante. Une tâche qui m’enchante réellement au plus haut point et qui se limite en quelques mots : tuer un directeur de QG. Ça paraît tellement impossible, irréel que mon excitation est montée à son paroxysme. Avec ça à mon compte, je suis bon pour nous faire vraiment déménager de Berlin. Le vieux croûton en question est bien croûtonné dans son siège, mais récemment, nos espions nous ont fait parvenir des bruits de couloirs plutôt inquiétants. Un QG de plus se dirigeant vers l’extrémisme allemand d’anéantissement des sorciers noirs. L’est de l’Europe est plutôt bien connu pour sa dominante conservatrice mais là c’est autre chose. Ça commence à parler très clairement d’échanges de procédés, d’allègement de passage de justice au profit des interrogatoires et des bonnes et simples méthodes de torture suivies la plupart du temps par la mort elle-même.
Et si à Berlin, on est plutôt aux faits de ce que l’on risque au quotidien, en Pologne en revanche, les sorciers noirs eh bien, ils n’ont pas l’habitude de se sentir aussi menacés. C’est un peu un comble pour un sorcier noir d’aimer tuer sans risquer sa peau. Y’a pas d’intérêt si au final on galère pas autant que les exorcistes à rester en vie. Il est où le challenge si tuer donne simplement lieu à de l’enfermement ? Croyez-moi, après une vraie séance de torture, y’a plus grand-chose qui vous fait souffrir. Et je parle d’expérience.
Enfin bon, toujours est-il qu’après ma mission avec Olive, c’est moi qu’on a démarché pour répondre au S.O.S. de nos congénères de Pologne. « Occupe-toi du directeur ». Une lettre, quatre mots. Enfin non, pas quatre mots, ils savent à Rosenrot que je chipote sur le moindre mot de trop et sait parfaitement m’en tenir à ce qui est écrit noir sur blanc. Sans en faire plus. Sans en faire moins. Mais cette fois-ci, ça me va. C’est une mission hautement satisfaisante et le sourire mauvais sur mes lèvres en est l’expression directe.
Me voilà donc parti pour Książ Wielki, un bled paumé à une cinquantaine de kilomètres de Cracovie. Paraît qu’il y aura un gars de l’ambassade magique d’Allemagne, le directeur du QG de Varsovie alias ma cible et une bien bonne vingtaine d’exorcistes. Des gens, en somme, bien entraînés. Ils se sont donnés rendez-vous dans un des manoirs de Pologne, le château de Mirów, d’inspiration italienne. Sincèrement, sur le papier qui m’indique les coordonnées, il est littéralement écrit « Szkolne Schronisko Młodzieżowe Przy Zespole Szkół im. W. Witosa ». Autant vous dire que pour écrire ça sur le GPS, ça a été une. Vraie. Torture.
C’est à partir de là que j’ai arrêté de me focaliser sur la langue en elle-même en me cantonnant à ma très chère Allemagne.
Ce qui est bien dans ce genre de mission très risquée, c’est qu’on accède a à peu près toutes tes demandes en terme d’équipement. Alors je me fais plaisir tant qu’à faire, d’autant plus s’il s’agit de mon dernier jour sur Terre.
Je me suis posé à une station-service, environ trois à quatre kilomètres plus loin. Armé de mon oreillette à défaut de pouvoir communiquer avec mon frère jarté de la mission pour une raison qui m’échappe totalement, je prends le temps de jauger l’emplacement. Des champs à perte de vue, et une forêt bien plus loin. Et derrière cette forêt, la fameuse demeure de rendez-vous. La plaine est très légèrement vallonnée, mais ça ne devrait pas poser problème, car ma position sera un peu plus élevée. Je songe très sérieusement à investir le toit de la station. La nuit est déjà en train de tomber et il est probable que les échanges ne tardent pas à se faire. Mon objectif, c’est de l’abattre, ce vieux. Et tant qu’à faire, si je peux aussi atteindre l’ambassadeur, c’est pas mal non plus.
Je patiente, adossé à la Jeep réquisitionnée à Cracovie, jusqu’à temps que les premières lumières s’allument, puis décide de me mettre au travail. Chargé d’un important long bagage, je fronce les sourcils et désigne le chauffeur de la Jeep d’un signe affirmatif de la tête. La voiture démarre immédiatement et pars rejoindre le lot de sorciers noirs disposés bien plus proches du lieu. Je reste en retrait, à mon emplacement, mais c’est de moi que dépend la rapidité de la mission.
Je me dirige à pas rapides vers la station et passe discrètement à l’arrière du bâtiment pour récupérer l’escalier de secours menant au toit. Une fois dessus, je dépose l’immense malle et l’ouvre, des étoiles plein les yeux. Bijou de technologie. Un sniper oui, pas n’importe lequel. Chaque balle est doublée d’une rune traversant les barrières magiques et d’une autre de chercheuse de tête. Parfaite pour tracer à travers les arbres d’une forêt. Sans compter bien évidemment les fondamentaux, c’est-à-dire l’éclatement de la balle une fois en contact avec la peau, permettant une mort quais immédiate du sujet et toutes ces petites choses. Bref, pas le temps de s’extasier davantage. J’inspire profondément et prépare le sniper. Le bruit de chargement m’excite au plus haut point, mais rien sur mon visage ne semble l’exprimer, focalisé sur sa mission. Je trace une rune à ma tempe droite d'amélioration des capacités visuelles et grimace face au décalage de vision entre mes deux prunelles. M’installant confortablement, je finis en position et jette mon regard dans le viseur lui-même amélioré pour faire fi des difficultés liées aux biomes. Ça donne quelque chose à mi-chemin entre la vision thermique et les rayons X. Additionné à ma propre rune, ce n’est pas quelque chose de très agréable à observer, mais c’est terriblement efficace.
Ma respiration ralentit. Doucement. J’aperçois par transparence des formes bouger au loin, pas plus grandes que des grains de riz mais cela me suffit. Je me repère aux tailles. Le plus grand doit être le directeur, à sa manière de se mouvoir. Il doit y avoir, en plus de l’ambassadeur une… une vingtaine, c’est ça, d’exorcistes. J’en compte très exactement 23. Nous sommes venus à 27, ce qui ne nous avantage pas énormément. J’appuie sur l’oreillette et lance :
-Ils sont 23. 10 dans une pièce du rez-de-chaussée, 6 en patrouille dans les couloirs, 5 avec le directeur et l’ambassadeur et 2 sniper sur le toit. Ils sont tous armés. Je suis en position.
Après un instant de silence, la voix du chef de mission –oui, parce que malgré ce que l’on peut penser, c’est pas moi- me répond :
-Bien compris. C’est à toi.
J’inspire profondément et bloque alors ma respiration. Me focalise sur les formes et la transparence des vitres devant eux. Enregistre leurs mouvements, tente d’y déceler des motifs, des habitudes. Pose mon doigt sur la gâchette, tranquillement. Il faudra presque 8 secondes à la balle pour atteindre sa cible. Si je perds mon sang-froid et que je tire, il suffira d’un mouvement de la part du directeur pour ficher ma balle dans le mur. Et le mur, elle ne le traversera pas. Alors j’attends. Encore et encore. Personne ne va me prendre la tête pour ma patience.
Puis, l’homme semble s’arrêter. S’asseoir. Pile dans mon champ de vision, pile face à la fenêtre. Pile bien comme il faut. Alors, subitement, j’oublie le monde autour de moi et tire. Une balle. Le bruit siffle, la douille saute et moi je serre les mâchoires. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. La balle traverse la barrière érigée en protection autour du bâtiment et vient brutalement se ficher dans la vitre, telle une araignée au centre de sa toile. Une rune apparaît brutalement à l’endroit exact de l’impact et le monde s’active au rez-de-chaussée comme à l’étage. Ma cible disparaît, mais je me rends bien vite compte que c’est juste la rune dirigée droit sur moi qui obstrue violemment ma vision. Une rune aveuglante, d’un genre que je n’ai encore jamais vu. Qui me brûle la rétine si fort qu’une seconde supplémentaire m’aurait suffi pour perdre la vue.
-Dégage de là, dégage de là, dégage de là.
Je me lance cette phrase à moi-même et me précipite sur le sniper que je balance du pied sous la barrière en béton du toit, tout en roulant également pour m’y cacher, pleurant à chaudes larmes pour évacuer le feu dans mon œil droit. Mais pas le temps de cracher sur les exorcistes. Sans parvenir à ouvrir le moindre œil, je reprends contact avec les sorciers noirs et enchaîne :
-Négatif. Ils ont runés les vitres, la balle n’a pas pu passer. -On prend le relais. Soul, tu nous rejoins, même objectif et pas de troisième chance. -Compris.
Gnagnagna pas de troisième chance. C’est pas de ma faute s’ils ont des satanés vitres quadruple vitrage ou autre runées jusqu’au moindre bout de verre. Et c‘était quoi ça ? Putain, j’ai tellement mal que j’ai l’impression de devenir aveugle sérieux. J’efface précipitamment la rune d’amplification et prend le temps de récupérer une vision normale. Ou presque. Connards. Connards connards connards. J’ai encore plus envie de les buter maintenant. J’y vois rien. Rien du tout. Ils m’ont atteint qu’à l’œil droit et j’ai l’impression qu’on me balance de l’encre à la figure. Sur tout le visage. Œil gauche compris. Mais faut y retourner. Putain, il faut vraiment y retourner. J’ai les yeux qui parviennent pas à s’empêcher de pleurer et la rage au ventre. Ça me saoule. C’était quoi ? Une nouvelle rune éblouissante ? Jamais rien vu de pareil.
Je parviens enfin à discerner deux-trois trucs. Tout ce qui se trouve à la lumière des lampadaires. Le reste, c’est plus noir que noir. Mon sniper, cachée sous la bordure du toit, je le vois pas. Mes pieds, idem. Mon corps, à quelques centimètres de mon visage, idem. Putaaaaaain. J’ose même pas retenter une balle. Mais faut que je quitte cet endroit. Face à l’absence de réponse des sniper sur les toits de la belle bâtisse, il faut croire qu’ils n’ont pas encore la technologie du « je traverse les arbres ». Tant mieux. Je tâtonne à la recherche du sniper et le range dans sa boîte. Puisqu’ils ne l’ont pas ce fusil, la moindre des choses serait de ne pas le leur laisser en cadeau. Discret cependant, je redescends et réquisitionne une voiture au hasard non sans en avoir tué le propriétaire. A cette heure-ci tout est fermé de toute manière. Pas de risque de me faire toper par une quelconque police.
Je prends les commandes du bolide et file en direction de la maison un peu isolée. Manque de tomber dans le ravin plusieurs fois et choisit finalement de ralentir. On est plus nombreux qu’eux et je dois arriver en un seul morceau, alors contentons-nous d’un très modeste 70km/h. Voilà. Rien ne presse. Papi Cyan arrive, les gars.
Il arrive ouais. Doucement mais sûrement, il prend même le temps de se garer pas trop trop loin. Mais pas trop trop près non plus parce que, une fois de plus, y’a le joli bijou dans le coffre. Et on fait quoi maintenant ? Bah on marche. Bah oui, parce que courir alors qu’on n’y voit pas grand-chose de base c’est quelque chose, mais quand on voit vraiment rien c’est mega dangereux. Je suis, complètement, écervelé. J’sais pas si c’est par hasard ou une rune qui pop de nulle part ou l’adrénaline, mais quand les premiers coups de feu, les magnifiques jets d’eau et de feu et les… chaises qui volent parviennent à mes oreilles, je plisse les yeux si fort que y’a un truc qui se débloque et ma vision qui s’améliore. Un peu. Si je suis pas capable de discerner qui est devant moi, ça va être l’amusement pour trouver le chef de QG. J’inspire et ajuste les couteaux à ma ceinture et le pistolet à l’arrière. Mais les couteaux d’abord. C’est bien, bien mieux.
Y’a pas mal de lumière et ça doit bien jouer en ma faveur. Mais ça suffit pas. J’vois une voiture se faire la malle sur le côté alors ça me met immédiatement la puce à l’oreille. Ils démarrent et font pas vingt mètres avant de se prendre un piège de feu qui leur explose à la figure. Ah, point pour Rosenrot, ils ont bien géré sur ce coup. Mais la barrière de protection du véhicule se déclenche à son tour et c’est vraiment, vraiment lumineux à voir. A gauche, y’a un autre convoi, certainement un leurre ou bien le vrai, j’en sais rien, qui s’en prend un autre, de piège. Y’a le capot de la voiture qui se met à cramer et les occupants qui quittent en vitesse le truc. A droite ça se bastonne sévère dans la maison. Y’a de la lumière partout et j’ai beau voir bien mieux grâce à cela, je peux le dire :
C’est. Le. Bordel. Super chouette !
Je me serai bien lancé à corps perdu dans la mêlée en balançant une bonne grosse onde de choc, mais je dois rester discret. Parce que gnagnagna pas de troisième chance. Et les gars qui s’enfuient en général, c’est toujours ceux qui ont le plus à perdre. Ça tombe bien, j’suis venu pour tout gagner. Alors, j’me dirige rapidement vers eux, sept sorciers noirs sur le dos au cas où un besoin d’aide se fasse ressentir. Ça va péter. Ça va, violemment péter.
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Jeu 23 Aoû 2018 - 23:32
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Dernière édition par Rhyan L. James le Ven 24 Aoû 2018 - 16:31, édité 1 fois
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Ven 24 Aoû 2018 - 12:01
"One day these steps will be my last"
On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.
S’il y a bien quelque chose qui ne m’effraie pas dans la vie, c’est de mourir. C’est vrai, ce serait quand même vachement chiant, parce que j’aurais pas pu vivre pleinement, j’aurais pas pu tuer davantage, j’aurais pas pu faire tel ou tel truc. Mais au-delà de ça, crever ça n’a pas plus de valeur que m’endormir. C’est d’ailleurs à peu de choses près le même ressenti à mon avis. S’endormir pour ne plus se réveiller. Pas de conscience, pas de superflu. On peut mourir baigné dans son sang, dans sa baignoire, dans son lit, debout les pieds sur terre ou pendu au bout d’une corde. Au final, ce qui change c’est la douleur et le temps passé à agoniser. Juste ça, la finalité elle est identique. Mais quand la douleur vous l’avez vécu pendant vos jeunes années, qu’on vous a fait subir ce qui s’approche du pire, la douleur et l’agonie elle est ancrée dans votre être et la peur de partir, vous la rationnalisez, vous la banalisez.
J’parle de tout ça parce que je suis pas hyper optimiste sur la suite des opérations. Au domicile familial, on a eu beaucoup, beaucoup d’entraînements pour se passer de notre vision et compter sur notre ouïe et notre toucher, mais en plein champ de bataille à quarante, c’est compliqué de filtrer les bruits dans notre direction. A plus forte raison lorsque la majorité des exorcistes utilisent des armes à feu, donc rapides et parfois silencieuses.
Ça tire de partout. J’aimerais bien aller régler le compte aux sniper sur le toit, mais m’est avis que je ne suis pas le seul à le vouloir. Il est probable qu’un téléporteur soit déjà sur le coup. Avec mes indications, espérons qu’il ne se soit pas jeté tout seul contre les deux bonshommes. N’oublions pas que les sniper sont avant tout bons pour tirer.
On avance à pas décidés vers les deux voitures enflammées et tout d’un coup, le ciel se couvre. C’était pas prévu ça, ce qui veut dire qu’il y a un ou une miss météo dans le coin. Et c’est pas hyper commun comme pouvoir. Je lève la tête alors que de grosses, très grosses gouttes nous tombent sur le nez, le visage, les cheveux et les vêtements. Ça se colle de partout et ça éteint les chaudes flammes m’ayant jusqu’à présent permis de me déplacer sans encombre. Il pleut comme vache qui pisse et ça limite notre champ de vision sur cinquante mètres à peu près. Difficile de prédire, pour ma part avec mon handicap de merde, les chaudes langues de feu éteintes et les nuages noirs cachant la lune, c’est équivalent à une cécité avancée. Mais ça ne devrait pas tant me gêner. On est préparés à ça et à vrai dire, c’est maintenant que commence le vrai jeu. A côté de moi, on commence à poser les lunettes sur le nez. Des jolies lunettes à vision nocturne, pré-runées pour une utilisation sur une bonne heure avant d’aller puiser dans nos propres réserves. Pas de fatigue. Mais même avec ça, malheureusement on ne parvient pas à différencier les collègues des ennemis. Enfin, normalement. En vérité, nous sommes tous marqués d’une autre rune sur le poignet droit pour émettre un signal différent des autres mais similaire entre nous. En termes simples, disons que les exorcistes nous apparaissent rouges tandis que nous sommes bleus. Ou vert. Ou d’une autre couleur s’il y a des daltoniens de notre côté. C’est chouette. Ça rend la chasse encore plus amusante.
Le collègue à ma droite s’anime aussi subitement que moi et nous esquivons tant bien que mal un projectile lancé à vive allure. Un projectile clairement dirigé sur moi. En relevant le regard sur sa trajectoire, il nous apparait la présence de deux exorcistes, certainement une femme vu sa stature et sa taille ainsi qu’un homme. Comme je devine plus que je ne vois, j’ai qu’une envie, c’est leur renvoyer la monnaie de leur pièce. Je m’apprête à sortir une de mes lames, sur le qui-vive, mais Odin, mon collègue le plus proche -physiquement parlant, je le connais pas plus que ça- me retient le bras avant de s’exprimer par-dessus le bruit de la pluie :
-Fais ce que t’as à faire, on se charge d’eux.
Sur les sept sorciers, y’en a trois qui disparaissent vers le duo, visiblement en train de se faire la malle. Y’a pas de temps à perdre, l’une des deux bagnoles est encore en état de se déplacer et si le gars dedans est bien le directeur de QG, j’aurai terminé ce que je suis venu faire. Un seul objectif. Tout en me mettant à courir malgré le sol de plus en plus gadoueux et par-là même glissant, je m’adresse à mes suiveurs :
-Il faut qu’on atteigne le portail avant eux. Deux pour ralentir le véhicule, un avec moi.
Et sur ces mots, y’a un gars qui tombe du toit. Un des exorcistes. Je vois pas l’autre ni notre sorcier là-haut mais à en juger par les nouveaux tirs, il est probable qu’on ait pris l’avantage sur les hauteurs. Je passe alors une main sur mon oreillette en dirigeant mon regard vers le toit :
-Sniper, vise la voiture. -Bien reçu.
En quelques secondes, nous voici en train de fondre sur notre adversaire. Si la voiture contient vraiment le directeur, je suis tranquille. Sinon, il va falloir chercher un peu plus loin. L’espace d’un instant, je songe qu’il aurait très bien pu s’enfuir avec des téléporteurs. Ça paraît probable, ils gagnent du temps en balançant deux leurres mais ça ne me paraît effectivement pas du tout logique d’avoir prévu une attaque de sorciers noirs sans avoir assuré ses arrières. Mais pourquoi y aurait-il autant de mise en scène ? Parfois, il n’y a juste pas de téléporteurs. Mais ça paraît gros pour une réunion pareille. Courir ne m’aide pas à stopper ce débat infernal. Les tirs retentissent de toute part. Un exorciste se trouve sur mon chemin et je lui saute dessus en l’égorgeant comme un porc. Pas le temps. Pas du tout le temps. Nous arrivons au portail, ouvert, quelques secondes à peine avant la voiture occupée à se débarrasser des deux sorciers. L’un d’entre eux se fait rouler dessus.
J’inspire profondément. Faire une rune en une seconde ne fait pas partie de mes habitudes, surtout pour stopper une voiture. Tant pis. Je sors mon pistolet et vise, à deux pas d’un arbre, les pneus du véhicule. C’est franchement pas facile et je n’ai même pas une seconde de réflexion mais après un tir à trois kilomètres, on se sent capable d’à peu près tout. Trois tirs successifs de cet autre bijou de technologie et la barrière de la bagnole cède. Les trois autres pneus crissent, puis ce ne sont plus que deux, l'une d'elle touchée par mon camarade. Camarade qui, plus exposé que moi, se fait passer au crible par d’autres balles venues par la gauche. L’une m’atteint à l’avant-bras gauche et je me rabats brutalement contre le tronc de l’arbre, maintenant ma plaie. Mais voilà que les exorcistes sortent à leur tour du véhicule. L’un d’eux se fait descendre par mon ami sniper. Une portière s’ouvre sur un cadavre ce qui ne laisse que trois personnes. Plus ceux qui ont mitraillé le collègue à deux mètres de moi. Il y a un sorcier encore sur le toit de la voiture qui se bat à fond tout en sachant que face à trois gars, il n’a aucune chance. On dirait que l’un des trois, justement, est plutôt en retrait. Alors, ambassadeur ou directeur ?
Mais des pas se dirigent vers moi en direction des cribleurs de balle qui ont tué mon proche compagnon. Amis, ennemis ? J’ai pas eu le temps de voir. Espérons que les sorciers dans le manoir en auront bientôt terminé pour venir nous prêter main forte.
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Ven 24 Aoû 2018 - 16:34
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Ven 24 Aoû 2018 - 20:23
"One day these steps will be my last"
On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.
Patienter. Patienter alors que chaos m’entoure. Pour peu, je fermerais les yeux et me laisserai plonger jusqu’au centre de la terre, apprécier ma future demeure. Ma dernière demeure. Laisser ses habitants gourmands grignoter ma chair et la transformer en déchets puis en terre. Le tout dans le plus grand des calmes, dans une agitation permanente néanmoins mesurée, chronométré par la seule horloge solaire.
Jour, nuit.
Nuit. Je me décale à peine d’un centimètre et une balle fuse dans ma direction, se plante dans le tronc. Ennemis, donc. Et l’autre qui se débat dans son désespoir mêlé à une frénésie meurtrière. Tel un ouragan, ancré sur le toit du véhicule, le sorcier fait face seul à deux exorcistes et demi. Le troisième s’affiche toujours en retrait et mon petit doigt me dit qu’il s’agit au moins d’une de mes primes.
Le tronc s’enflamme subitement. Je me précipite sur le côté en effectuant une roulade, frôlant de près les ardentes langues mais déjà, les tirs reprennent. Et me voilà à découvert. Plus le choix, je me retourne face à mes assaillants et en compte quatre. C’est trop. Je sais dès à présent que je vais mourir si je ne m’expose pas franchement. Alors, bien qu’une nouvelle balle suit l’alignement d’une de mes côtés, je rassemble mon énergie et envoie une onde de choc. Suffisante pour les repousser sur quelques mètres et me donner le temps nécessaire pour rejoindre mon autre collègue droit comme Dieu. Avec un peu plus de péchés à son actif. Désolé pour le sniper en haut, les sorciers en bas, mon pouvoir il fait pas trop de traitement de faveur, je peux juste gérer un peu l’intensité –et dans ce genre de situation, j’ai plus tendance à sur doser que l’inverse- et la direction. Et la direction là, elle est droit sur le bâtiment. Et l’onde de choc ? Bah, pas mal puissante vu l’essoufflement qu’elle m’offre comme un cadeau empoisonné. Et la vue des exorcistes, aussi, envolés tels des feuilles mortes. Z’avaient qu’à pas être aussi près de moi. Avec un peu de chance l’un d’eux se prendra un mur dans les cervicales et crèvera sur le coup. Ça en fera toujours un de moins.
Pas le temps de s’occuper d’eux, je manque de trébucher et faisant volte-face et cours en direction de la berline. Je suppose que c’est une berline, j’en ai aucune idée à vrai dire. Le sorcier est toujours debout mais les pieds sur terre cette fois. Il est clairement en désavantage et je me précipite sur l’un des exorcistes en lui lançant préalablement une lame. Le troisième se retourne et prends les jambes à son cou en fuyant par la forêt. Ça doit être elle, ma tête primée, mais d’après l’allure du sorcier, il est probable qu’il ne tienne plus très longtemps. Alors, non pas par altruisme mais par simple désir de ne pas me retrouver avec ces hommes en poursuivants, je termine ma besogne. L’une des exorcistes se retourne pour esquiver ma lame et je lui tombe dessus comme un rocher en pleine montagne. Dépassé, l’autre décide aussi de prendre la poudre d’escampette, aussitôt poursuivi par mon collègue. S’enchaîne alors un combat qui s’était voulu rapide et durera un peu plus longtemps que prévu. Se terminera par une lame profondément plantée dans la boîte crânienne de la demoiselle.
Je me relève immédiatement et suit le chemin précédemment emprunté par l’un des deux hommes d’affaires. Pas de trace de sa présence. Je cours, cours encore et encore. Trébuche plusieurs fois. Serre les dents. Si je l’ai perdu, je n’ose pas même imaginer mon châtiment si tous les exorcistes sont éliminés. J’ai pas le droit à l’erreur. J’pourrais crever mais il me le faut ce gars. Mort, au bout d’une pique ou une balle dans la tête, je m’en tape. Faut juste qu’il crève de mes mains.
Le temps se couvre de plus en plus. On dirait qu’un orage est prêt à éclater. Se trouver dans une forêt, c’est pas le meilleur choix possible, mais passons. Quand le désespoir mêlé à l’exaspération se transforme en fureur, je parviens enfin à le retrouver. Ou plutôt à retrouver la rune qu’il a eu le temps de poser là, au calme. Un immense courant d’air me projette au loin et je trouve l’humour pour penser « ah, c’est ça que ça fait, une petite onde de choc ? ». Me relève. Serre les mâchoires, fusille l’homme quelques mètres plus loin. Il me fixe lui aussi, droit comme un arbre, peut-être aussi vieux qu’eux. Je sais que je dois rester méfiant. Les vieux, ils ont plus la force de bouger mais c’est des experts en magie. Un manque d’attention et je meure.
Présentement, je tombe brutalement sur les genoux, peinant à réguler ne serait-ce que ma respiration. Mes organes se tordent et hurlent de douleur mais je reste la bouche close, fier. Relève les yeux avant de recevoir une nouvelle salve. C’est un supplice, j’ai l’impression d’exploser. Mes doigts se resserrent tout en récupérant les feuilles mortes sur leur passage. Haha. Un bourreau. Evidemment. Je connais ces angoisses qui perturbent ma respiration. Tu vas mourir, tu vas mourir. L’amygdale du cerveau qui clignote et me force à battre en retraite, à me rendre, à faire n’importe quoi pour échapper à une mort certaine. C’est vrai, je pourrais crever. Mais être bourreau, c’est éprouver une sensation, pas la vivre. Et ça me suffit pour savoir que, malgré la douleur, c’est irréel. Magnifié tel un chef d’œuvre pour fonctionner à la perfection. Ce qu’il ignore, ce vieux tas, c’est que la véritable mort peut m’attendre s’il ne décède pas maintenant. Ça a tendance à vous motiver. Alors, je me relève lentement et le supplice ne fait que grandir. Il ne s’approche pas, reste à distance. Il sait qu’au corps à corps, il n’aura pas les réflexes suffisants pour esquiver une de mes frappes. Alors, il m’observe, avec ses grands yeux. Il me sent et me voit me lever, lui faire face et le fixer d’un air de psychopathe, un sourire carnassier étendu sur tout le visage. Fier. Impertinent. Dans la force de l’âge. Et quelque part ça doit le contrarier car la souffrance redouble d’intensité. Je m’accroche au tronc le plus proche pour ne pas faiblir, y ancre mes ongles comme les serres autour de sa proie. Si je voyais tout noir, c’est à présent le blanc qui m’envahit et un grésillement désagréable me faisant perdre pied. Il veut me faire perdre connaissance ? Non. Non !
Je sors de nouveau mon arme, plus ou moins rangée pendant ma course et lève lentement le bras, sentant chacune de mes phalanges et muscles souffrir sous cet effet. J’ai du mal à respirer, l’envie de m’effondrer, mais il se tient toujours devant moi, concentré sur ma présence, certain d’avoir le dernier mot. Il sait que le premier à lâcher l’attention finira perdant. S’il se tourne, s’il bouge, il perdra en puissance et compte tenu de ma résistance, ça ne lui portera pas chance. S’il se rapproche, il risquera doublement de finir ses jours entre mes griffes. Alors, il n’a pas le choix, il doit me faire perdre connaissance avant que je puisse le viser.
D’ailleurs, il n’y va plus crescendo. Des larmes coulent sans raison sur mes joues alors que je ne prononce toujours pas la moindre plainte, prêt à me décrocher la mâchoire plutôt que laisser échapper le moindre son. Je ne respire même plus et retombe sur les genoux, les bras ballants, le cœur au bord des lèvres. Maintenant ou jamais. Maintenant ou jamais. Maintenant. Ou jamais.
Je lève brutalement la main, le visage tordu dans la douleur, m’offre un cri d’encouragement et tire. Une balle, deux, trois, quatre. Je vide mon chargeur devant moi, à l’aveugle. La douleur cesse immédiatement mais je ne peux pas m’arrêter là. Je me relève, empreint d’une nouvelle énergie mélangée à l’incompréhension de mon cerveau et saute sur le directeur, pas si blessé que ça. Ma lame toujours dans son étui, je ne dois pas laisser le temps au directeur de retenter une seconde phase de douleur. Ça va splatcher dans tous les sens. Je concentre l’entièreté de mon pouvoir entre mes doigts. Ces derniers émettent un bruit de défibrillateur, rassemblent l’oxygène comme un trou noir et je pose brutalement mes paumes sur la poitrine de l’homme à terre.
Les gouttelettes de sang se mêlent à celles de l’eau et défient la gravité, se répandent sur les arbres alentours avant d’être rapidement lessivés par le torrent venu du ciel. Il me semble avoir entendu le tonnerre gronder au loin, mais mon regard est obnubilé par la mare de sang répandue sur le sol, les organes explosés, les membres dispersés. La tête s’est échouée un peu plus loin, balle rebondie au pied d’un arbuste, la mâchoire inférieure inexistante, le regard dirigé vers les cieux. Il ne reste rien sous mon corps. Les lambeaux de chair sont presque carbonisés et les habits n’ont même plus lieu d’exister. Je reste ainsi quelques secondes, interdit, avant de récolter le résultat de cette douleur infondée. Me dégageant brusquement sur le côté, je laisse s’échapper une mare de bile à défaut de n’avoir pas mangé depuis un certain temps mêlé à du sang. La sensation me brûle l’œsophage et accélère les battements de mon cœur. A quatre pattes, je ferme les yeux et pose mon doigt sur l’oreillette. Reprend un minimum de contenance pour ne pas paraître essoufflé et annonce :
-C’est bon, j’l’ai tué.
Je n’entends rien, aucune réponse. Comment ça se passe, de l’autre côté ? J’ai besoin de me relever mais mon corps n’a pas l’air de vouloir accéder à ma demande. Pourtant, il le faut. Je me sers de mon environnement pour me mettre debout tranquillement et ce n’est qu’une fois sur pieds qu’une réponse me parvient enfin :
-On rabats le reste vers la forêt. Shootes-en quelques-uns sur ton passage.
Bien bien. Pour les déçus, non y'a pas trop de "bien joué !" en mission. Le dos contre l’arbre, je recherche lentement mon deuxième chargeur et laisse tomber l’ancien au sol. Recharge de ce bruit si particulier à l’oreille et me tient prêt. La rune de silence s’est rayée à je ne sais quoi et ne fait donc plus effet. Il va falloir que je sois très prudent pour ne pas me faire repérer trop vite, d’autant que la forêt s’étant devant, derrière, à ma droite et à ma gauche. Partout. La mare de sang devrait aussi faire son petit effet si l’un des exorcistes vient à passer dans le coin. Faut que je décampe d’ici et en vitesse si la chasse au gibier vient de commencer. Inspirant profondément, je marche à pas rapides pour m’éloigner de la source du combat et me pose à une vingtaine de mètres, dos à un des innombrables arbres, prêt. Les yeux fermés. Sensible au moindre mouvement.
Le premier qui arrive, je le défonce bien comme il faut.
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Ven 24 Aoû 2018 - 21:20
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Sam 25 Aoû 2018 - 12:14
"One day these steps will be my last"
On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.
Dos plaqué contre l’arbre, yeux clos, je régule lentement ma respiration, attentif au moindre mouvement. J’apprends à discerner le bruit de la pluie sur les feuilles et la canopée des arbres à celle, éventuelle, d’exorcistes en fuite. La pluie goutte régulièrement, comme une fanfare réglée au cordeau. J’espace de plus en plus mes inspirations et tend mon arme à hauteur du visage, avant de pivoter doucement sans faire crisser l’humus à mes pieds.
Je suis prêt. Prêt à les tirer. La foudre tombe brusquement au loin. Ah, donc ce n’était pas juste une impression, mister météo s’amuse avec son pouvoir. Le bruit me hérisse les poils de surprise mais je reprends rapidement mon calme. Toujours pas d’exorcistes. Suis-je parti si loin qu’il leur faille courir sur des kilomètres pour m’atteindre ? J’en ai pas l’impression, mais à y réfléchir j’ai tout de même couru pendant un certain temps. Est-ce que c’est le premier éclair qui tombe ? Je crois pas, j’ai entendu la foudre il y a peu. Quelques secondes de réflexion plus tard et un rythme, bien moins précis, bien plus rapide et bien plus lourd, effleure mes oreilles. Des humains.
Concentration. Des formes apparaissent au loin, tantôt cachées par les arbres, tantôt bien exposées. Ils n’ont aucune idée de la présence d’un sorcier noir devant eux. Ils fuient ceux qui les pourchassent. Je ne peux pas voir leurs expressions, mais je me doute qu’elles sont bourrées de désespoir. D’un désespoir presque fataliste.
Tel une statue, je garde mes positions. Les sent, les voit arriver à hauteur de mon viseur. Attends. Attends encore un peu. Un, deux, trois et quatre. Quatre exorcistes en fuite. Les opportunités de m’éviter ici sont importantes. Les arbres sont assez denses et s’ils se dispersent, je ne pourrais pas les suivre. Il faut les abattre en une seconde. Ne pas leur laisser le temps de réfléchir. J’étudie le premier, la distance par rapport au deuxième et je crée mon propre classement pour évaluer la distance minimale entre deux tirs. Quatre, deux, un et trois.
Quatre. BAM. Deux. BAM. Un. BAM. Trois. CRAC.
J’ai raté le dernier, la balle est allée se ficher dans un tronc, détournée de sa trajectoire par son mouvement aléatoire. Les trois autres sont tombés, raides. L’autre a disparu d’un seul coup, impossible pour moi de le pister. Je m’apprête à baisser mon arme mais l’entente de nouveaux pas pressés m’empêche de relâcher mon attention. Et puis, subitement, je suis ramené en arrière et la sensation délicieuse d’une lame à quelques centimètres de ma gorge me force à pousser la personne en arrière et protéger dans le même ma peau en coinçant le canon entre le coutelas et mon cou. Le bruit d’entrechoc entre les deux surfaces métalliques n’est pas des plus agréables et ma peau ne manque pas d’être pour autant sévèrement attaquée. Je sens le liquide chaud couler abondamment et mes yeux s’ouvrent si grands que je crois ma fin venir. Nous tombons tous deux en arrière mais avant d’avoir pu réaliser quoi que ce soit, l’homme qui tombe n’est alors plus qu’un cadavre et je ne ressens la chute que lorsqu’elle me pose délicatement contre un arbre. Y’a trois gars face à moi mais j’ai tellement l’impression que je me vide de mon sang, que je crève égorgé, que j’en oublie tout. Je devrais me dire qu’il est temps de me foutre moi-même mon poignard dans le cœur pour en finir plus vite mais avant d’avoir pu esquisser le moindre mouvement, je sens la plaie se refermer, doucement mais sûrement.
J’ouvre un peu plus les yeux et constate la présence de trois sorciers noirs penchés sur moi. Ah. Je vois.
-J’espère que tu te souviendras de ça, Soul. Pour une prochaine fois si on est dans la merde et qu’tu t’en sors.
C’est Leo, Amin et Frederick. Un trio d’ami très efficaces. Probablement ceux qui m’ont sauvé et ceux dont j’ai senti les pas se presser à ma rencontre. Les deux premiers sont téléporteurs, le dernier guérisseur. Il est à parier que l’homme m’ayant attaqué était le dernier exorciste, probablement un invisible et qu’il se soit méchamment fait amocher par un des téléporteurs pendant que l’autre me plaçait un peu plus en sécurité, proche du guérisseur. Et voilà. Je suis en vie. J’acquiesce à sa demande. Je peux rien dire avec certitude, je suis pas trop du genre à tenir ma parole, mais si les sorciers continuent à penser à me sauver pour réclamer ensuite mes faveurs, c’est que quelque part, je dois d’une telle ou telle autre façon leur rendre la monnaie de leur pièce. Amin me sourit franchement et me tend la main pour m’aider à me relever. Mais que, bien sûr, je ne prends pas.
-Où est le reste ? -En train d’être rassemblé devant le manoir. On va jouer à pile ou face.
Je roule des yeux, mi-exaspéré, mi-amusé, avant de me parer d’un tout aussi joli sourire moqueur.
-Vous êtes vraiment des gros gamins. -C’est Peonia qui a proposé. Ça nous permettra de les compter en même temps. Se défendit Leo. -Dis plutôt que c’est une excuse bien trouvée.
Et le voilà qui se gratte l’arrière du crâne avec un regard gêné. Soit il gère parfaitement sa gêne, soit il se sent vraiment embarrassé d’avoir été pris sur le fait. Impossible de le savoir, après tout ce trio est encore très jeune. Jeune mais compétent. Nous remontons donc vers le manoir après avoir fait une boucle pour récupérer la tête du directeur, non sans intercepter deux nouveaux exorcistes en fuite sur le passage, sans les tuer mais en bloquant allègrement leur pouvoir avec des runes.
Lorsque nous revenons vers le manoir, une pile moyenne de cadavres d’hommes et de femmes est entassée. L’un des nôtres semble appliqué à les compter tout en mâchant un chewing-gum, aidé d’un autre déplaçant progressivement les morts d’une pile à l’autre. Une autre, un peu plus lointaine et bien mieux arrangée, présente les cadavres les uns à côté des autres. Ce doit être les nôtres. Il y a pas mal de pertes mais nous sommes toujours majoritaires. Je compte cinq exorcistes en plus des nôtres placés dans un coin, sagement assis et encerclés de sorciers noirs le canon dirigé vers eux. Ils sont dans l’ombre et à vrai dire je n’ai pas plus d’envie que ça de chercher à ancrer leur visage dans mon esprit. Pas par peur, plutôt par indifférence. Je me dirige vers le chef de mission, une bonne saleté à la cinquantaine bien tassée et au visage émacié. Il a de la bouteille dans le milieu et s’en tire très très bien, avec une petite éraflure au visage, s’ajoutant à ses très nombreuses cicatrices, tant corporelles que psychiques. Je lui fous le crâne fraîchement extrait de son corps dans la main et fait volte-face pour me poser quelques mètres plus loin, contre la voiture au capot carbonisé. Croise les bras. J’ai plus grand-chose à faire maintenant à part les observer jouer à pile ou face. J’ai conscience d’avoir des regards à la fois effrayés et furieux de la part des exorcistes depuis le début. La faute à la tête que je me trimballais à mon arrivée.
Bah, qu’importe.
Voilà qu’on allume un feu au-dessus des cadavres d’exorcistes car la pluie semble avoir curieusement cessé. Il est peut-être mort, le mister météo. Ou bien scellé avec les autres dans le coin. Ou il reste quelque part et ne souhaite pas trop se faire remarquer. On va en avoir le cœur net, car déjà le mâcheur de chewing-gum revient vers le groupe, secoue la tête et balance un :
-Nan, y’a pas le compte. Il en manque quatre. Peut-être des téléporteurs. -Où est notre localisateur ?
Le voilà qu’il commence à beugler, le chef. Y’en a un qui s’approche puisqu’il n’est visiblement pas mort. Bah, s’il reste un ou une nana dans les parages, ça se saura. Vaut mieux qu’il décampe rapidement s’il tient à sa vie. On fera pile ou face sur lui aussi. D’ailleurs, le jeu démarre. Y’en a un qu’on traîne à proximité du feu de camp en lui présentant une pièce. Généralement, il doit donner un pile ou un face. S’il se trompe il crève sur place. S’il réussit, on lui donne dix secondes pour disparaître. Vu la proximité des arbres, ce sera plutôt cinq secondes. En général, c’est au plus jeune du groupe de tirer mais y’a des variantes où c’est à l’exorciste de jeter son dévolu sur l’un ou l’autre. Je sais pas trop comment ils vont jouer. Le sorcier noir s’accroupit face à l’exorciste et entame les règles du jeu :
-Pile ou face, tu connais ? Tu donnes l’un ou l’autre. Si tu réussis, t’as cinq secondes pour filer. Sinon, tu meurs sur place. On te laisse le choix sur la personne qui t’achèveras au loin. Alors, pile ou face ?
L’exorciste lui crache brusquement au visage et je pouffe dans mon coin. Classique. C’est lui qui va choisir.
-Disons pile alors.
Et peu importe le résultat il va le laisser s’échapper. La pièce saute et le résultat tant attendu est annoncé.
-Dommage, face. Mais je suis gentil, je vais te laisser partir. Cinq secondes, d’accord ?
Et là, en général, l’exorciste il sait qu’il va mourir mais il va devoir choisir entre l’opportunité minuscule d’une échappatoire et une mort certaine mais noble. Ceux qui ont l’esprit le plus fort seront ceux qui ne se relèveront pas. Des gens qui, assurément, auraient pu faire de bons sorciers noirs s’ils n’avaient pas déviés. Et il y a les autres, la majorité et probablement le cas de ce gars trop jeune pour mourir, qui misent leurs vies sur cette opportunité. Le voilà qui se relève déjà. A ma droite, le localisateur semble avoir identifié la présence d’une ou deux personnes. Je ne sais pas, il a l’air concentré et deux d’entre eux se dirigent vers la forêt à pas rapides. Je recentre mon attention sur l’exorciste, déjà parti depuis deux secondes et quelques. Le sorcier a le viseur posé sur l’homme en fuite et tire à la cinquième seconde. Fait mouche. Le corps tombe quelques mètres plus loin.
Tout sourire, il annonce :
-Au suivant !
P’tin, espérons que ça va pas s’éterniser, j’ai envie de rentrer chez moi. Enfin, en cinq minutes c’est planché, l’objectif c’est quand même de disparaître illico avant l’arrivée éventuelle de renfort. Et le chef il est pas con, il sait très bien que y’en aura, des renforts. Surtout vu la tête qu’il tire, serré comme il est. Dès qu’il va perdre patience, il va tous leurs mettre une balle dans la tête et ça s’arrêtera là. Je retire mes lunettes vu la luminosité provoquée par le feu de camp et campe sur mes positions.
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Sam 25 Aoû 2018 - 14:11
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Sam 25 Aoû 2018 - 16:10
"One day these steps will be my last"
On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.
Et ça s’enchaîne. Un, deux, trois, quatre exorcistes y passent déjà. Assis plus ou moins confortablement sur le capot de la voiture, je laisse mon regard bivouaquer, s’attendrir sur les formes du manoir ou de ce qu’il en reste. Fixe le ciel peu après. L’adrénaline considérablement redescendue me donne sommeil mais il serait mal avisé de relâcher son attention. Tant que l’on n’aura pas quitté cet endroit, les renforts seront toujours à prévoir. Les sorciers qui jouent semblent véritablement trouver un plaisir macabre à accorder la chance de filer aux exorcistes. J’ignore si c’est dû à mon âge ou mon éducation, mais ça ne m’amuse qu’à moitié. J’aime le travail correctement fini et si je suis un grand joueur dans l’âme, ce genre de choses a tendance à rapidement me lasser. C’est un peu une manière pour eux d’exprimer leur supériorité. De dire « j’ai gagné, alors maintenant tu meurs quand je l’ai décidé ». Y’a rien d’intéressant là-dedans, c’est juste pour combler le manque affectif et de reconnaissance souvent trop présents chez les recrues. Surtout chez les plus jeunes.
Bref, ça m’intéresse pas. Le groupe partit dans la forêt ne tarde pas à revenir mais je ne leur jette qu’un regard las, un peu peiné d’avoir à faire durer ce manège encore plus longtemps. Et le temps passe. Doucement pourtant, mais l’ennui me pousse à croire que les secondes sont des minutes, et les minutes des heures. C’est chiant. Diable que c’est chiant. J’ai même commencé à me mettre en tailleur comme un gosse de douze ans qui boude. Pitié faites que ce truc cesse qu’on puisse tous gentiment rentrer chez nous. J’ai eu c’que j’voulais, j’vois pas pourquoi on joue les prolongations. Le chef aussi, il commence à perdre un peu patience et s’occupe comme il peut en rabattant les derniers exorcistes chopés dans la forêt.
Ouais, les derniers. On y arrive enfin. Y’a un gars qui passe. Qui fait pile en ayant dit face. C’est le chef lui-même qui lui met une balle dans la tête avant que l’autre ait pu lui proposer de courir. « Un maître du jeu qui respecte pas les règles, c’est un lâche » qu’il a dit. J’ai opiné de la tête.
Et là, y’a une blonde qui était dans l’ombre qu’on avance lentement jusqu’à l’emplacement dorénavant rouge de sang, chaud et battu par les premiers pas effrénés des gens avant elle. Comme pour les autres, je l’observe tranquillement.
Et mon cœur rate subitement un battement.
PARDON ?
Je reconnais ce visage. Oh, en fait j’aimerais ne pas le reconnaître. Avec ses cheveux blonds plaqués au visage, c’est pas si facile, mais j’ai une bonne mémoire visuelle et c’est quand même pas la première fois qu’elle passe devant mes yeux. J’ai même plutôt eu la chance de l’observer de très près. De très, très près. Y’a l’autre qui s’accroupit face à elle, prêt à sortir de nouveau son monologue pré-mâché. Attends.
-Alors petite dame, on s’est perdue ? Pile ou face ?
C’est vrai qu’elle a pas l’air comme ça super violente, mais quand elle va te mordre le doigt quand tu l’approcheras de trop, faudra pas venir pleurer dans la jupe de ta mère. Un requin ce machin, un requin. Je reste là, sans bouger, les yeux écarquillés, persuadé de n’avoir rien à faire, certain d’avoir à agir. Le paradoxe est tel qu’il me bloque totalement avec un air tout sauf détendu. Les empathes du coin vont le cramer rapidement et si je ne me calme pas, ça va finir par attirer le chef. Et j’ai un beau petit trophée à mon actif, ce serait con de perdre tout ça pour une blonde. Blonde exorciste. Blonde qui, une fois de plus, n’a rien à foutre dans ce bled. On est en Pologne, y’a 0% de chance qu’on se trouve au même endroit. Après tout, c’est peut-être un sosie ? C’est ça, un sosie. Et puis avec le regard qui va bien aussi.
Putain, y’a aucune chance que ce soit pas Rhyan. Et ça, ça m’arrange pas du tout. Du tout.
J’songe au fait qu’elle m’ait sauvé la vie une fois, qu’elle m’ait sorti d’un endroit où je m’étais volontairement fourré pour elle aussi. J’songe au fait que c’est une exorciste et que j’ai strictement rien à lui devoir, que sauver un sorcier noir, c’est elle que ça concerne et que j’ai rien à lui rendre. J’songe au fait que j’tiens jamais ma parole mais que les gens continuent de me sauver la mise dans l’espoir qu’un jour je sauve la leur.
J’pense que dans moins de trente secondes, elle va crever si je fais rien.
Y’a tout le monde d’entassé. Une bonne dizaine de sorciers noirs, certains que je connais plus que d’autres, le chef surtout, le trio, quelques têtes de plus, et un dernier exorciste avec Rhyan. J’pense à ma gueule avant tout qui me somme de rester assis et de pas l’ouvrir sans raison. Puis j’pense que si je prends la place du gars à ce jeu pourri, je pourrais la rater et après partir plus tôt pour la récupérer avant qu’elle ne se fasse intercepter par les plus relous d’entre nous. Mais j’pense aussi que si la gamine se trompe, le chef va lui faire un joli trou dans la tête. J’suis prêt à risquer le destin ? J’devrais. J’y arrive pas.
Alors j’me lève. Y’en a deux à mes côtés qui se tournent vers moi un peu surpris, sans s’attacher davantage à mes agissements. Enfin, seulement jusqu’à ce que je n’arrive à hauteur du sorcier noir. Je sais à cet instant que tous les regards sont posés sur moi mais j’m’en tape. Je suis un Soul. J’ai pas à faire mes preuves, pas à me sentir coupable de quoi que ce soit. Même le chef il m’arrêtera pas si j’l’ouvre.
Alors je m’approche de mon adversaire, que je devrais considérer comme un collègue. Il est un peu plus grand que moi mais ça ne me dérange pas. Il se lève à son tour et me regarde sans comprendre. J’empoigne alors le bras de Rhyan et la pousse en avant pour me placer entre elle et lui. J’crois que y’en a au moins un qui est énervé. Pauvre petit piou piou blessé dans sa quête de reconnaissance.
-Tu fous quoi ?!
Je suis déjà furieux contre moi-même, alors franchement faut pas trop trop trop me chercher. Je me saisis immédiatement de mon flingue que je pointe dans sa direction. Immédiatement imité par le gars. Je réponds pas, parce que si je réponds, je vais tirer, et faut vraiment pas que j’empire les choses. Heureusement, papa chef a déjà vu pire dans sa vie et il accoure pour calmer les deux. Enfin, il essaye. Il a pas commencé sa phrase que j’assène un :
-J’ai bien fait mon travail hein ? Alors j’la veux, elle. Maintenant. Et j’veux pas qu’on s’en occupe, j’veux pas qu’on me suive, j’veux qu’on l… me foute la paix.
Ma langue a fourché et je me maudis intérieurement de me sentir redevable comme ça. Pour rien. Mais une vie pour une vie, ma dette est payée comme dirait Chang. Et si vous trouvez que j’ai trop de références Disney, je vous prie de bien vouloir vous faire entuber, pour rester poli. Le chef reste un instant en suspens, un peu surpris par ma demande. Faut dire que je suis pas du tout du genre à réclamer un dû et encore moins un dû en chair. Tout ce que j’attends, c’est de la monnaie. En général. Tout le temps même en fait. Du coup, il pige pas, il reste là, un peu excentré, pas sûr de savoir qui engueuler, pas sûr de savoir qui tuer. Il voit le temps passer et je sais que plus il réfléchit, moins les chances de Rhyan d’en sortir vivante sont grandes.
Alors j’agis comme un Soul. Comme mon frère quand il craque et qu’il s’en balance de la hiérarchie. De mon autre main, je saisis ma dague et la fout sous la gorge du chef. Il ne cille même pas, me regarde d’un air méprisant, regard que je soutiens. J’ai pas besoin de ton approbation. La mission est finie. On rentre chez nous, point.
-C’était pas une proposition.
C’est ultra silencieux. Il n’y a que le crépitement des flammes. Je cherche pas à mettre en jeu le statut de chef, j’en ai rien à foutre. Et il doit très bien le savoir, le vieux. J’veux juste qu’on me laisse tranquille. Ça remontera peut-être aux oreilles du vrai papa mais j’en ai rien à faire dans l'immédiat. Je lui sauve la vie, ça s’arrête là. Le vieux abaisse alors l’arme simultanément sous sa gorge et sur ma poitrine.
-C’est bon, laisse-le partir.
Le sorcier, plutôt penaud, trouve pas les mots pour répondre. Je range mes clic et mes clac et reprend Rhyan par le bras en la forçant à se lever. A hauteur de son visage, je lui murmure un :
-Tu ouvres la bouche, je te tue.
Faut juste qu’on s’éloigne et je veux vraiment pas qu’on m’emmerde là. Y’en a qui ricanent derrière, persuadés de l’unique raison pour laquelle je l’ai sauvé. Ils savent pas qu’elle m’a sauvé la vie la première, et je garderai ce secret jusque dans ma tombe. Je la tire assez brutalement pour nous éloigner rapidement du groupe et dévie pour rejoindre la voiture. On a un peu de marche à pied encore pour l’atteindre mais au moins y’a plus de regard indiscret. Je coupe ses liens et efface les runes de blocage de magie. J’ai les traits encore serrés et c’est le bordel dans ma tête. Je la fixe, comme ça.
-Je suppose qu’on peut dire que les compteurs de sauvetage de vie sont remis à zéro.
J’ai failli lui proposer de la raccompagner en jeep un peu plus loin mais je me rends compte que là, ça part vraiment trop loin pour un simple service rendu. Elle veut pas non plus que je la masse dans un bassin à bulles pendant qu’elle y est. Et elle, toujours avec son regard fatigué et pourtant aussi acéré. Faites qu’elle prenne les jambes à son cou et ne réapparaisse plus jamais.
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Sam 25 Aoû 2018 - 19:38
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Sam 25 Aoû 2018 - 21:18
"One day these steps will be my last"
On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.
Plus je la regarde, et plus je me dis que c’était une mauvaise idée, que là, sous les arbres se secouant des dernières gouttelettes de pluie, y’en a forcément un, de sorcier noir, qui va finir par me suivre. Qui va vouloir sa part du butin, comme un charognard après le passage du carnivore. Il me fixera avec les lèvres pincées et le sourire du coup mec qui s’apprête à violer. Il me demander par son regard à me laisser la demoiselle à son tour et après avoir commis son méfait, il la butera. Ça se passera comme ça. Peut-être que si je la tuais, au moins ça lui éviterait ce genre de dernière humiliation. J’ai retardé sa mort, je ne l’ai pas arrêté. Et c’est pas ça que je devrais faire, enfin je crois. Enfin non, je crois pas. Elle peut bien se démerder là, non ?
Non. Elle tient à peine sur ses jambes. Elle a des plaies ouvertes et clairement si elle ouvre sa bouche, c’est juste pour rester éveiller. Est-ce qu’elle sait qu’elle va mourir ? Est-ce qu’elle sent que malgré mon intervention, elle va juste y laisser sa peau ? Probablement se faire baiser par des mecs non loin, proches de la nécrophilie. Parce que oui, contrairement aux apparences, contrairement à ce qu’Orpheo pense des sorciers noirs, on est pas tous des gros tarés à ce niveau-là. On peut bien nous influencer sur nos choix, trouver que c’est normal, au final, c’est en rencontrant des partenaires qu’on se fait un avis sur la question. Et moi, ma première vraie copine, ça a été Ella. Je fais une micro-parenthèse sur cette nana histoire de placer l’intrigue, ne serait-ce que pour me rassurer, pour me dire que je fais les bons choix et que j’ai vraiment, vraiment pas envie de la laisser là. Bref, donc Ella, c’était une jolie brune, sorcière noire de noble lignée, de quatre ans mon aînée et accessoirement la première à m’avoir fait découvrir ce nouveau territoire, probablement le dernier qu’il me restait à explorer. C’était une grosse, grosse salope dans la vie de tous les jours. Aucun respect, plus fière que les étalons du coin, la langue bien pendue, super sanguinaire et j’en passe. Mais alors derrière, c’était une femme douce, attentionnée, très empathique en général, amoureuse. Et je l’étais aussi. J’ai basé toute ma sexualité sur ce qu’elle m’avait enseigné et, sans paraître gêné le moins du monde, j’ai jamais été celui qui violait les femmes. Je couchais, ça oui, quand il fallait des renseignements ou autre, mais ça s’est toujours bien passé, même si j’y mettais pas vraiment les sentiments. Surtout si fallait les égorger le lendemain pour ne pas laisser de preuves.
Mais voilà, Ella est morte en mission et après, les nanas, j’avoue que je me suis arrangé pour les éviter comme la peste. M’en méfier jusqu’aux os. Voilà, tout ça pour dire que violer les femmes, je sais pas faire. Je sais juste ouvrir ma gueule et menacer, torturer, tuer. Croire moi-même que j’en suis capable. Mais au final j’y arrive pas. J’ai même pas envie d’essayer, à vrai dire.
-C’est vrai que là, merci beaucoup Soul, t’as fait toute la diff.
Mais tuer, ça oui je sais faire et putain, qu’est-ce qu’elle me gonfle d’un coup. Ouvrir la bouche pour me blablater à la figure comme ça, je m’en vais les lui coudre, ses lèvres, ça me fera des vacances. Sérieux, t’es en train de crever et tu parles. Et voilà, et Soul il est pas gentil, et il m’a sauvé mais qu’est-ce qu’j’en ai à branler tiens, j’vais crever de toute façon. Merci, je me sens encore plus légitime de t’avoir sauvé les miches de mes collègues tiens. M’est avis qu’à poursuivre, je vais t’y ramener.
- J’vais pouvoir rentrer chez moi. Comme Peter Pan.
Voilà, tout à fait, comme Peter Pan, achète-toi un don second tiens. Des fois c’est comme ça qu’ils apparaissent, quand t’es sur le point de clamser mais que tu refuses. Est-ce que t’as vraiment envie de mourir comme ça ? Me dis pas oui. J’ai même pas envie d’entendre la réponse. Pas envie de savoir si je pourrais regretter, remettre mes choix en question. Craindre des choses pour lesquelles je ne devrais même pas me préoccuper.
Et elle continue. Poursuit, animée d’une rage que je devrais comprendre mais que je ne cherche même pas à survoler.
- Putain, tu m’as gâché mes dernières minutes, j’allais lui briser les doigts à cette sale chienne de « pile ou face ». -Mais j’t’en prie, j’te ramène illico presto si tu veux !
J’hallucine. Ses dernières minutes ? Lui casser les doigts ? – je le savais que c’était un requin – et puis quoi encore. Elle aurait même pas pu l’approcher, même pas pu lui mettre un coup. Elle serait morte et c’en serait terminé là tout de suite. On ne serait pas en train de parler et je ne me serais pas arrêté sur ce chemin complètement gadoueux. Je serais rentré chez moi, j’aurais vu Olive et on aurait ri ensemble. Puis je serais parti me coucher. J’aurais peut-être rêvé du crâne du directeur et ça m’aurait fait marrer au réveil. Puis j’aurais eu ma prime, on se serait barrés d’Allemagne et jamais, jamais son visage, ses yeux ses jolies cheveux ne me seraient revenus en mémoire.
J’peux pas la blairer. Mais si elle disparaît là maintenant, je sais que je ne pourrais pas l’oublier. Et ça me tue, sincèrement ça me tue.
- Alors que là j’vais mourir anonymement sur la chaussée. Je serai connue pour celle qui a réussir à fuir sur au moins, eh, cent mètres. La gazelle ont m’appelait au lycée.
Parce que franchement, j’ai qu’une envie, c’est de la tuer. Mais alors doucement, veine par veine, On pourrait même tester des nouvelles méthodes de torture histoire de voir à quel moment elle la ferme. En plus j’arrive même plus à comprendre ce qu’elle raconte. Je m’étonne qu’elle songe encore à tenir cent mètres. Vu son état, vu son regard, dix mètres ce sera déjà bien. Et ça ne m’arrange pas du tout du tout.
-J’sais même pas t..
J’aurais bien voulu répliquer, mais la demoiselle me tombe dessus et j’ai exactement deux réflexes. Celui de m’éloigner et celui de la retenir. Deux réflexes qui se produisent au même instant. Elle est en train d’y passer. Sincèrement en train d’y passer. Et j’ai la sensation que ça ne va pas s’arranger. Elle finit pas sa phrase. Faut qu’elle finisse sa phrase. Je suis pas téléporteur, je connais pas les environs mais il y a un IBMM à Cracovie. Mais c’est à plusieurs kilomètres. On en a pour au moins une heure. Et hors de question de la déposer dans un hôpital lambda, ce serait prendre le risque d’exposer la magie aux humains. Tout à fait hors de question. Mais alors quoi.
-Merci. -J’ai pas besoin d’un merci, j’ai besoin que tu restes en vie.
Je grogne ces paroles entre mes dents, exaspéré. Je suis pas guérisseur non plus. Elle est en train de se vider de son sang. Et lorsque son poids devient subitement bien plus lourd, je me rapproche brusquement pour la réceptionner. Qu’est-ce que je fais. Mais putain, qu’est-ce que je suis en train de faire. Est-ce que j’ai bien conscience d’être en train de sauver la peau d’une exorciste ? Si on me voit, je suis mort. Terminé. On va me demander des explications, on va croire que je suis devenu un espion, on va me balancer en quarantaine ou que sais-je.
Je la dépose à terre. Me lève. J’en ai rien à faire. Rien à faire. Elle est morte de toute façon. Morte. J’ai payé ma dette. C’est comme ça, on peut pas sauver tout le monde, et y’a aucune raison de sauver une exorciste. Voilà. Rentrons chez nous. Je tourne les talons. Fais un pas, puis deux. Trois. Avance sur quelques mètres. Me stoppe, entend de brusques exclamations vers le manoir. Des cris de joie. Ça doit être terminé. Ils vont tous rentrer maintenant. Ils vont prendre ce chemin, tomber sur elle étendue à terre. Peut-être qu’elle respirera encore mais je m’en fiche. Je m’en contrefiche. C’est plus mes affaires. Alors je reprends la marche.
Sur quelques mètres de nouveau, avant de faire brusquement demi-tour, grincer des dents et serrer mes poings à en faire pâlir mes phalanges.
-Merde.
C’est absolument illogique, mais je suis de retour. Ne réfléchis plus. Ça sert à rien de réfléchir, seulement à me faire perdre du temps, comme dirait Olive. Alors, je ne réfléchis pas. D’une efficacité qui m’est propre et chère, je saisis sa main toute molle puis son bras pour la faire pivoter sur le ventre sans risquer d’aggraver sa situation. J’aurais jamais pensé pouvoir faire du premier secours sur un exorciste inconscient. Je ne fais déjà pas ça souvent, mais alors sur un exorciste. Exorciste. Pas réfléchir j’ai dit. Je constate les dégâts. Eraflée au cou, ça c’est pas grave, ça peut attendre, ça saigne pas et sa respiration saccadée n’est pas causée par ça. Respiration trop saccadée pour une demoiselle plongée dans les limbes. Doit y avoir autre chose. En effet, son dos fait peine à voir. Elle a dû se prendre un coup de couteau. Long couteau, ça pisse toujours le sang. Les bordure de la peau sont un peu brûlée. On ferme une plaie comme on peut. Les lèvres sont tellement ouvertes que son dos est complètement déformé. C’est vraiment pas bon signe. J’inspire et retire ma ceinture, trace une rune de compression sur l’une des extrémités. Cette partie tombe lourdement sur le sol, soumise à sa nouvelle gravité. Je la pose sur le côté et détruit une partie de mon vêtement pour improviser une compresse, elle aussi rapidement améliorée d’une rune de guérison. Enfin, je trace une dernière rune à même sa peau pour stopper son hémorragie, ou tout du moins la ralentir. Faire fonctionner trois runes en même temps, même mineurs, c’est un puits à énergie. Je les ai chargées au minimum mais bon. Une fois la rune achevée sur son corps, je passe le linge sur son omoplate et la maintient avec la ceinture, sur l’emplacement du point de compression. Normalement, on est censé maintenir la compression sans discontinuer jusqu’à l’arrivée des secours mais hey, il s’trouve que mes secours sont pas tout à fait les siens et qu’on est censé voir se tabasser plutôt que de se sauver la vie.
Je la fais de nouveau pivoter et la récupère délicatement sur mon dos. Désolé, porter les femmes comme des princesses, c’est que dans les films que ça marche. Porter dans le dos c’est quand même bien mieux niveau répartition du poids. J’aurais bien fait quelque chose pour le sien d’ailleurs, mais ajouter une rune n’aurait pas grandement amélioré les choses.
Je me presse alors, marche, marche encore et encore sans discontinuer. Je suis crevé. Les runes me bouffent de l’intérieur et son poids de l’extérieur. Pourquoi je me suis garé aussi loin, sérieux. Mais finalement, j’y arrive. Et j’y arrive avant les autres. J’espère qu’ils sont rentrés chez eux. J’ouvre la portière arrière et la dépose sur la banquette. Referme, ouvre la portière avant et me pose. Démarre immédiatement pour faire un petit kilomètre puis me pose sur le côté. J’ai pas tout à fait envie qu’elle meure avant qu’on arrive alors le but ça va être de la maintenir consciente et de savoir exactement où ça va pas.
-Hey. HEY ! J’te parle. On file à l’IBMM le plus proche. Alors tu vas faire un effort et pas décéder dans ma voiture.
Ma voiture… Enfin tout est relatif. Je passe la main pour lui picheneter au visage jusqu’à ce qu’elle se décide à ouvrir ou tout du moins me râler au visage. Et je redémarre.
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Sam 25 Aoû 2018 - 22:02
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Sam 25 Aoû 2018 - 23:04
"One day these steps will be my last"
On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.
C’est pourtant pas bien compliqué de rester en vie, non. Respirer c’est naturel, un réflexe que même cent pieds sous terre ou dans la mer, on cherchera à expérimenter avec l’unique espoir d’y arriver. Dans l’eau, on s’y laisserait mourir, noyé, submergé par la peur. Mais ici, ce n’est pas le cas. Elle est allongée sur la banquette arrière, sécurisée. Elle ne pourra pas beaucoup bouger et ses chances de tomber sont faibles, aussi proche du sol qu’elle se trouve déjà.
Mais je peux pas la voir aussi pâle que ça. Je suis incapable de savoir si elle vit encore, et si je conduis, je me dois de rester le regard rivé sur la route, pas sur les mouvements de sa poitrine. Il n’y a qu’en lui parlant que je suis certain, absolument certain de la savoir vivante.
Alors pichenette. Paf. Paf. Paf.
- Ouais, ouais.
Je me surprends à laisser échapper un soupir de soulagement et ne tarde pas à récupérer mon rôle. Le rôle de vivant, le rôle de celui qui sauve la personne à terre. Celui qui ne se serait jamais senti capable d’une chose pareille. Elle râle, mais c’est une bonne chose. Tant qu’elle râle, c’est qu’elle réfléchit. Tant qu’elle réfléchit, c’est qu’elle vit. Je redémarre, rapidement. Le cadran affiche un bon dépassement de la limitation de vitesse mais j’en ai rien à carrer, j’ignore même les limitations ici. On ne s’amuse pas à suivre le code la route lorsque quelqu’un décède à l’arrière. Question de priorités.
Du coup, je m’arrange pour ne pas lâcher mon regard de la circulation, de la route, des éventuels panneaux et du danger environnant. Les runes m’épuisent énormément mais je reste bien assis, confortablement assis. L’objectif, c’est de finir tous les deux en vie, pas de nous faire terminer dans un ravin parce que j’ai été trop con pour me penser intouchable et avoir pensé prendre un raccourci. Jamais trop prudent.
Elle parle plus. Mais je ne me retourne pas. Je peux pas. Prêt à relancer la discussion ? Elle me précède.
- C’est gentil.
Ben voyons. Maintenant je suis gentil. Ça m’insultait y’a pas un quart d’heure et maintenant ça me remercie. Je sais même pas comment prendre un « c’est gentil » de la part d’une exorciste. C’est comme un casse-tête chinois qui va jusqu’à vous retourner l’estomac après s’être emparé de la tête. Penser, maintenant j’ai tout le temps. Maintenant qu’elle se trouve à l’arrière, que, plongé dans le feu de l’action, je me sois délibérément porté caution d’un poids n’ayant rien à faire ici.
C’est gentil. Gentil de pas mourir. J’espère bien. Je peux rien faire de plus. Rien pour t’aider à te sentir un peu mieux, rien, rien. Rien.
Elle se met à tousser brutalement et je ferme un instant les yeux sur tout. Grince des dents. Je me suis embarqué dans une histoire qui me dépasse. J’ai le sentiment d’avoir à le regretter plus tard, qu’il aurait mieux fallu la laisser par terre et lui offrir le fameux sommeil éternel. Que ç’aurait été mieux pour moi. Mieux pour elle. Mieux pour nous.
- Je vais pas mourir.
J’espère que ce n’est pas juste pour se donner du courage qu’elle s’exprime comme ça à l’oral. Si ça peut l’aider à se sentir mieux néanmoins, je suis prêt à laisser passer ça. Laisser passer tout ce qu’il faut jusqu’à ce qu’elle soit en sécurité. Et après, je m’en irai. Et après je jure qu’on se verra plus. Parce que c’est ce qu’il faut et qu’il me faudra du temps avant d’oublier ce moment de ma vie.
- Hé, Cyan ? j’te revaudrai ça.
J’ouvre grands les yeux, surpris, une curieuse sensation dans le corps. Chaude et douce, comme la caresse d’un voile soufflé par un vent chaud. On m’appelle pas Cyan. On m’appelle Soul, mes collègues m’appellent Soul, mes ennemis m’appellent Soul. C’est à l’instant où elle prononce mon prénom que je me rends compte à quel point il sonne différemment des lèvres d’une autre personne que mes frères et ma sœur. Je chasse brutalement cette émotion, comme une claque donné au plus âgé des enfants, souffrant de sa vieillesse pour les bêtises des plus jeunes. T’as pas le droit. Pas le droit de ressentir ça. Je me tends comme un « i » et accélère encore un peu plus. Un peu trop. J’ai pas les mots. Il file comme ces randonneurs sur le bord de la route, lampe frontale allumée, que j’aurais voulu écraser mais que je n’ai pas fait, parce qu’il y avait plus urgent. Depuis quand y’a plus urgent que mon bonheur personnel. Je passe une main dans mes cheveux, dans le déni complet. Ça ne m’arrange pas de réfléchir. Ça me torture. Mes faits sont illogiques, poussés par un destin que je ne contrôle pas. Que j’aimerais contrôler.
-T’as intérêt. Et je te conseille d’y réfléchir dès à présent. En commençant par ne plus m’appeler par mon prénom.
J’ai envie ? Ou pas. Je suis sec, soufflé par ce vent inopiné qui, après m’avoir offert une seconde de répit, s’est transformé en tempête et m’a cisaillé le visage de ses grains de sable. Comme une punition. On sait faire que ça des sentiments agréables dans la famille. Les rouler en boule et les mettre à la poubelle ou s’en servir pour les transformer en mauvaises sensations. Avec l’espoir qu’ils ne réapparaissent plus jamais. Mais sous la montagne de déchets, y’a toujours une partie qui trouve ça bien de revivre ça, au moins une fois.
- Mais faudrait arrêter de tuer nos directeurs quand même.
Je m’anime d’un sourire carnassier tout en considérant le manque d’intérêt de cette jeune femme. C’est tout ce que ça lui fait. Je soupire.
-Je me demande sincèrement ce que tu fiches chez les exorcistes. Blaguer sur un directeur assassiné pas plus tard qu’il y a une vingtaine de minutes, c’est assez inhabituel. M’enfin, tu m’as bien remercié entre temps, donc je suppose qu’il y a bien un souci.
Un gros même. J’ai fait l’impasse sur le « t’es gentil » et mon prénom, c’est bon. Urg. Faut pas trop m’en demander non plus. N’empêche qu’elle est plutôt calme. Ou bien ça y est, c’est bon, elle est vraiment en train de lâcher prise. Non. Nop nop nop. Hors de question. Les mains serrées sur le volant, je poursuis, toujours autant concentré sur la route. J’accélère encore tandis que nous parvenons enfin sur une voie rapide.
J’ouvre le vide poche et trouve ce que je cherche. Une couverture. Enfin un coussin couverture, ces trucs que vous pouvez ouvrir et qui contiennent une couverture chauffante. Je lui balance ça à l’arrière et ordonne :
-Au cas où tu te croirais prête à dormir, sache que ça fonctionne pas comme ça. Raconte-moi n’importe quoi. Chante même si tu veux. Je veux entendre ta voix. Si je l’entends plus, je continue de te balancer des trucs à la figure. Et couvre-toi. C’est compris ?
J’ai pas le ton le plus sympa du monde. Non, ça pour sûr, c’est compliqué de croire que je lui ai sauvé la vie tantôt. Et c’est vrai ça n’a aucun sens. Et oui, je tourne sur ça, y’a effectivement que ça à faire tourner dans ma tête. Ressasser secondes après secondes. J’aimerais bien penser à autre chose, figure-vous, mais avec un pseudo cadavre à l’arrière, c’est pas aisé de se focaliser sur ce qu’on va faire le week-end, voyez.
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Dim 26 Aoû 2018 - 0:07
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Dim 26 Aoû 2018 - 13:15
"One day these steps will be my last"
On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.
L’allure rectiligne de la route m’aide à calmer mes nerfs tantôt survoltés, tantôt brisés par la fatigue. Elle m’aide à diriger mon regard sur quelque chose de concret, de droit et ma vitesse rend cette dernière incroyablement enivrante. Comme si l’on roulait sur le dos d’un serpent en mouvement, à droite comme une gauche, en piqué puis la tête relevée. Sans jamais la trouver, cette tête. Un corps infini, parfois maltraité par les assauts des nombreux voyageurs sur son corps. Des écailles en moins, des zones rugueuses. De la boue pour colmater les pires dégâts dus au temps. Une torture au quotidien pour un animal qui jamais ne se plaindra, condamné à se laisser rouler dessus jusqu’à la fin des temps. C’est aussi ce que l’on nous demande, à Rosenrot. De garder la face peu importe la situation. On nous a préparé à tout. A la torture, à la mort, aux plus atroces douleurs. Mais on ne m’a jamais mis face à cette situation. J’improvise depuis presque trente minutes et personne ne trouve rien à redire. Il n’y a pas de sorcier noir sur mes talons, pas de téléporteur ou d’invisible dans le coffre prêt à me sauter dessus et pourtant, je vérifie de temps à autre mon rétroviseur pour m’assurer de l’identité de cette voiture derrière moi. De ce gars sur le bord de la route à une heure pareille, des gars en sortie de bar qui lèvent leur verre à mon passage. Je me sens comme un criminel en fuite et c’est une grande nouveauté dans la palette de mes émotions.
Lorsqu’elle prononce mon prénom, c’est encore une nouvelle émotion. Et ça m’agace d’être ainsi extrait de mon cocon agréable et routinier. Cocon dont j’accepte en général de sortir en mission. Mais je ne suis plus en mission. Ce qui se passe en ce moment, c’est de l’affaire du privé. J’ai moi-même ordonné qu’on me foute la paix et c’est ce qu’il s’est effectivement produit. Est-ce que je suis en train de trahir Rosenrot sur mon temps libre ? Est-ce qu’on me pardonnera cette histoire si… ? Non, on ne pardonne pas. J’ai agis délibérément, je finis mon travail et je retrouve ma maison. Point.
- On a de l’humour chez nous aussi. Soul.
De l’humour oui. De l’humour noir, je suis en état de me questionner. Pourtant, elle me prouve que c’est bien le cas. Je me demande jusqu’à quel niveau elle pourrait tenir. Si je gardais la tête du directeur sur le siège passager et la lui balançait comme un ballon de foot, rirait-elle encore ? Me sortirait-elle une phrase comique ou vomirait-elle son reste de vie ? L’expérimentation propose toujours son lot de ratés mais je n’ai malheureusement aucun objet répugnant à lui présenter. Ça attendra. Ou ça n’attendra pas. Quoi qu’il en soit, je me surprends à ne pas lui répondre. Sans doute à cause de la fatigue. Alors, je lui envoie la couverture pour qu’elle s’y réchauffe. J’avais rien sous la main à l’extérieur, mais lorsqu’on perd autant de sang, le mieux reste de la réchauffer le plus vite possible.
- Oh là là, c’est le goulag ici.
« Je te maintiens en vie comme je peux ». -Content que tu t’en sois rendue compte.
Encore une fois, ma voix est dénuée d’émotions. Ou plutôt concentrée sur la route, encore et toujours là pour maintenir le peu de conscience sur une chose en mouvement et ne pas me préoccuper du reste. Surtout pas d’elle, même si… Une brusque toux me force à lâcher les yeux de la route un instant, ralentir un peu ma prise sur l’accélérateur et abaisser le rétroviseur intérieur pour m’enquérir de son état. Elle a vraiment l’air de souffrir et laisse échapper un petit bruit, suivit d’un :
- Pardon.
Je relève le rétroviseur et récupère mon état précédent, comme si de rien n’était. Après tout, si elle décède, je ne pourrais pas m’en vouloir, hein ? J’aurais fait tout ce qui était possible. Donc bon, c’est pas si grave. Au pire, j’aurais perdu une petit heure et descendre à Cracovie au lieu de remonter vers Berlin, mais qu’importe, je ne suis plus à ça près.
- J’vais te dire un secret.
Un… secret ? Je tends l’oreille, déjà tendue malgré moi, et dévie un peu mon attention de la route pour la diriger sur Rhyan. Un truc sur Orpheo ? Ça m’étonnerait. Peut-être qu’elle va juste profiter de ça pour se foutre de moi un bon coup, à la manière d’un « j’t’ai bien eu ! » ou en racontant une anecdote de sa vie qui risque de ne pas du tout m’intéresser. Mais bon, je lui ai demandé de parler. Elle le fait. Si ces choses sont à retenir, mon cerveau se chargera de les enfouir soigneusement dans une petite boîte et de les déballer à Rosenrot une fois rentré. Sinon, ça aura au moins eu le privilège de passer le temps.
- J’ai pas été câblée pour l’empathie. Ni pour euh.. la survie. Mais ça tu l’as compris, mh. Mais j’ai quand même tué plus ce que j’ai été tuée. J’espère que c’est pas toi qui m’a tiré dessus quand même, ça m’briserait le coeur, Cyan.
Son début de discours me place dans un état passablement indifférent, bien que ses paroles parviennent à trouver leur chemin jusqu’à mon cerveau et à être étudiées. Empathie ? Survie ? Laisse-moi rire. Est-ce que c’est vraiment un secret ? Je laisse échapper un rire moqueur. Puis, je me mets à saluer sa clairvoyance malgré son état. Tuer plus que l’on a été tué. Ce genre de phrase devrait sincèrement entrer dans le top des questionnements les plus évidents. Mais est-ce une manière pour elle de me menacer ? ou se donner du courage, ne pas subir son destin, se sentir prisonnière des agissements d’un de ses ennemis ? À sa place, qu’aurais-je fait ? Je pense que j’aurais préféré crever. Elle aurait dû y mettre les formes et les manières pour me persuader de rester en vie, avec des runes de blocage et j’en passe. Notre état échangé ne se serait pas du tout passé de la même manière, je peux l’assurer. Est-ce qu’elle aurait été aussi inquiète que moi à l’idée d’être en cavale, à l’idée de me voir cracher du sang et d’étendre au sol chaque seconde un peu plus des morceaux de vie. Puis, elle termine par se moquer une fois de plus. Si je lui ai tiré dessus ? Peut-être que oui, peut-être que non. Même si je voulais être honnête, je ne pourrais pas répondre à cette question. On ne voit que des formes avec ces lunettes. On ne reconnait pas les visages et avec l’éblouissement subit quelques temps auparavant, je ne pouvais vraiment rien discerner. Heureusement pour moi, l’effet semble s’être considérablement affaibli.
Je dépasse brutalement une voiture par la droite dans un crissement de pneus furieux. Putain. C’est quoi maintenant ? Elle va continuer à m’appeler Cyan longtemps ? Je hais ça. Je la hais. Tous ces fourmillements, cette surprise innocente, j’ai l’impression qu’on joue avec moi, qu’on se moque et qu’il n’y a rien, rien du tout derrière. Que c’est juste pour le plaisir de tacler, tendre la main pour refaire tomber. Je déteste ça. J’ai rien envie d’espérer, rien envie de connaître. Ça m’agace tellement que la probabilité même d’ouvrir sa portière en route m’échauffe les doigts. Heureusement, cette dernière se trouve hors de portée de mes mains et il me faudrait lâcher le volant pour l’atteindre.
- Tu peux arrêter d’alimenter les runes d’ailleurs. J’te claquerai pas dans les pattes.
Et voilà, nous voilà revenus sur un sujet banal. Toujours banal. Y’a jamais eu que ça non ? Des trucs inutiles, des piques à longueur de temps, l’un qui cherche à tester les limites de l’autre sans dépasser la ligne blanche qu’il s’est lui-même construit. Vous savez quoi ? Pour une fois, j’suis heureux d’être celui qui lâche l’élastique le premier. J’espère qu’il claquera bien fort du sien. Ne plus alimenter ? Je vais pas gêner. Inspirant profondément, je coupe brutalement la liaison avec les runes de Rhyan et me sent instantanément plus léger. Mine de rien, mon humeur remonte doucement, comme boostée par l’effet de la caféine ou du coca.
- Puis c’est à toi de raconter un truc. Moi je t’écoute. Je t’ai quand même lâché un gros secret.
Ouais c’est ça. Secret de mes deux oui. J’en veux pas des secrets de ce genre. Ça n’a aucun intérêt. Ça n’apporte rien. Ça me menace alors que c’est en train de clamser à l’arrière. Ça trouve encore assez d’énergie pour m’appeler par mon prénom et se sentir suffisamment à l’aise pour me proposer de lâcher la pression sur les runes alors que nous approchons à peine à mi-chemin. J’ai rien à lui raconter, enfin je crois. Rien d’important en tout cas. C’est à elle de parler, pas à moi. C’est comme ça que ça marche. Le boss, il disait que les maîtres du jeu doivent respecter leurs règles, sans quoi c’est des lâches. Et je suis pas quelqu’un de lâche. Pourtant, j’ai des mots qui me brûlent les lèvres mais qui patientent malgré tout. Un silence qui tombe dans la cage, conduite par le seul encore debout. J’ai chaud. Je devrais ouvrir la fenêtre. En plus, mon bras gauche recommence à me lancer furieusement, en passe de se rouvrir malgré l’intervention du guérisseur. La balle n’ayant pas été extraite, ça ne m’étonne qu’à moitié. On ne va pas s’arrêter pour ça, il faudrait vraiment que je me mette à perdre beaucoup de sang, et ça ne risque vraiment pas d’arriver pour une simple balle.
- C’est joli les lumières. Je pensais pas que tu me ramasserais. Je sais pas si t’as bien fait.
Moi aussi, je me dis la même chose. Voyons qui sera redevable envers l’autre maintenant. Voyons si Orpheo saura respecter sa parole après avoir douté de celle de Rosenrot. Voyons qui aura le plus de noblesse dans le cœur, vu à quel point cette notion semble être inscrite chez les exorcistes. Peut-être pas chez Rhyan. Est-ce qu’elle me poignardera, la prochaine fois ?
-Je pensais pas que je te ramasserais. Mais tu sais quoi ? Puisque tu veux un secret, je vais t’en donner un.
Quand est-ce que ce jeu ridicule prendra fin ? Peut-être jamais ? Peut-être après. Peut-être maintenant.
-Je ressens quelque chose pour toi. D’indéfinissable.
Et cette phrase est empreinte du même ton. Indéfinissable. Mais je ne m’ouvre pas. Il n’y a pas de tension, pas de tremblement dans ma gorge, rien, rien qui laisse percevoir un fond de mensonge ou de vérité. C’est comme constater à un inconnu que le ciel est bleu et qu’il fait donc beau. Ça amène un début et une fin. Une fin banale, oubliable. Comme elle. Je lève un peu le bras malgré la douleur lancinante pour mieux illustrer mes futurs propos.
-S’il était possible de ressusciter quelqu’un, je pense que je t’aurais enfermé quelque part. Pour te tuer, te ressusciter, te tuer, te ressusciter. Comme ça, jusqu’à ce que je me lasse d’un état ou de l’autre.
Ma main oscille d’un côté et de l’autre. C’est comme le problème de l’œuf et de la poule. C’est une boucle, une boucle infinie, intemporelle, qui ne permet pas de se questionner sur « est-ce que je la préfère vivante » ou « est-ce que je la préfère morte ». On se contente d’apprécier les deux états. Le silence de l’un, la fraîcheur de l’autre. Le sang sur les mains de l’un, la douceur d’un toucher mortel de l’autre. Ainsi de suite. Il se pourrait que je ne me lasse jamais de ça. Quitte à devenir le lâche que je répugne à être et lui ôter tout moyen de riposter. Juste pour elle, juste pour ses yeux diamants et ses épis d’or. Juste pour voir naître sa palette d’émotions et m’en inspirer pour peindre la plus belle des toiles qui soit. Intemporelle, comme elle.
J’abaisse ma main en la laissant mollement retomber sur la boîte de vitesse. Mais les morts sont morts. Ça n’existe pas. Les fantômes sont morts, ils ne sont plus là. Il faut choisir la vie ou choisir la mort. Y réfléchir à en devenir fou. S’accrocher au besoin de la maintenir en vie tant que rien n’est décidé.
Est-ce comme cela que ça marche ?
-Mais ça n’existe pas. Il n’y a rien après la mort. Pas de nouvelle opportunité pour fouler la terre une seconde fois. Alors, je te propose quelque chose.
J’ai pas envie de faire ça. C’est le plus raisonnable, mais ça me tue de le prononcer. Ça m’irrite. Je ralentis. Ralentis encore un peu plus, comme pour faire pause dans une vie portée à cent pour cent sur le futur, rapide, directe. Vie. Mort. Un moment juste là, bloqué entre deux failles temporelles. La voiture se pose sur le bas-côté et les feux de détresse clignotants éclairent à intervalles réguliers nos deux visages. Je me tourne de moitié pour lui faire entièrement face, passant ma main autour de l’appui-tête, avant de prononcer très clairement ces mots :
-Je vais t’emmener à l’IBMM de Cracovie. Je vais y rester non pas jusqu’à ce que les médecins m’annoncent que tu vas mieux, mais jusqu’à ce que toi tu sois sur pied, devant moi. Après ça, je partirai. Et je veux que jamais, jamais plus on ne se voit. Que ce soit en mission ou autre, où tu te contenteras de m’ignorer, comme si je faisais partie du décor. Je ferai de même.
Tout ira pour le mieux et la normalité sera revenue à son point de départ. Toi, moi, ça n’existera pas. Ça n’existera plus. Plus de Cyan, plus de Rhyan. Pas d’exorciste ou de sorcier noir.
Rien.
-Mais si tu as quelque chose de mieux à proposer, je t’en prie, je suis toute ouïe.
Et tu t’accroches encore désespérément au lien que tu t'efforces de couper.
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Dim 26 Aoû 2018 - 15:10
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Dim 26 Aoû 2018 - 18:35
"One day these steps will be my last"
On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.
Voilà. On joue avec mon jeu, pas avec mes sentiments. Je la regarde comme ça, adossée à la portière dans son coin, couverte par l’épais manteau bleu nuit. J’ai fini d’énoncer les règles et si mon regard se veut intangible, il brille d’un fond d’espoir, trop imperceptible pour être même détecté par mon esprit. Mais existant, là, quelque part entre ma bouche et mon œsophage. Je m’efforce de le faire tomber en avalant ma salive mais, tel un yo-yo il remonte se loger dans ma gorge, maintenu à un fil invisible.
Elle reste de marbre et il n’y a bientôt plus que le bruit réguliers des feux. Tic, tic, tic, tic. Régulier. Parfait pour caler ses propres battements de cœur. Tic, boum, tic, boum. C’est bien comme c’est. On ne peut pas rêver mieux comme situation pour elle. C’est ce que n’importe qui voudrait, c’est la logique des choses. Je me suis senti bienheureux d’avoir été sauvé de ses mains et ma dette a été dignement rendue. Maintenant, il est temps de revenir à nos vies. Pas nos vies précédentes, simplement à celles qu’on a laissé avant de se rencontrer. Les reprendre là où elle était pour mieux les poursuivre et les achever. C’est tout. Ça ne sert à rien d’espérer.
Et puis d’espérer quoi, au juste ?
Elle se met à rire brutalement et je sursaute à moitié, papillonnant du regard. Rire ? Est-ce que j’ai l’air d’avoir raconté une blague ? Est-ce qu’elle divague à cause de la blessure ? Je suis perdu. Dans ma –presque- voiture, je me sens tout à coup un étranger face à une autre étrangère. Capable de communiquer, incapable de se comprendre. Le tonnerre remonte lentement en moi, prêt à craquer au-dessus de sa tête. Le calme a toujours été mon fort, la réflexion aussi. Mais je ne parviens plus à la garder en place, à m’asseoir dans son couffin confortable et rationnel. La réflexion s’en est allée et je ne suis qu’animé de pulsions normalement présentes en plein combat, quand l’un et l’autre risquent leur vie. Mais je ne risque pas la mienne ici. Il n’y aucune raison de m’énerver, aucune raison de réagir, même. Le fait de rire ne me touche pas, parce que ça, ce discours, c’est un fait. Le chemin de nos deux vies est tracé et j’en ai pris les rênes pour le claquer, briser les chaînes à la racine.
J’ai peur. Pourquoi j’ai peur ?
- Quelque chose de mieux ?
J’vois un schéma se répéter, une situation bien trop commune à notre famille et qui m’a toujours bien fait rire. Qui a brisé deux frères. Deux frères que je pourrais considérer comme des échoués. Des perdus. Des gens qu’on balance à la mer parce que le bateau peut plus supporter tout le monde. Et ça me rend malade. Complètement malade d’avoir les regards des survivants dorénavant tournés vers moi, dans l’attente de mon choix, de mes actions. De tout ce que ça pourrait entraîner. J’ai pas envie de ressentir leurs doigts qui m’approchent des vagues menaçantes. Rhyan, s’il te plaît, ne propose rien de mieux. J’préfèrerai être le seul à craquer, comme ça je serai aussi le seul à ramasser mes sentiments et m’endurcir encore un peu plus. J’ai envie que tu penses à personne d’autre qu’à toi-même et que tu te dises, comme moi, que y’a rien à extraire de cette relation, si tant est qu’elle ait existé. Si tant est que tu la ressentes. Et j’espère que tu ne la ressens pas, auquel cas il faudra faire comme moi, la jeter au loin sans chercher à y accrocher un bout de fil dans l’espoir de pouvoir le rattraper. J’ai pas envie qu’elle me réponde.
- Jsais pas à quoi j’m’attendais.
Je réponds pas, continue de la fixer. La fixer intensément, pour pas avoir à détourner le regard. C’est ce qu’on nous a toujours appris. A la fin, on doit toujours avoir le dernier mot. Sans doute pour ça que je parle beaucoup. Et pourtant là je trouve pas les mots. J’attends systématiquement qu’elle finisse de s’exprimer avant d’oser ouvrir ma bouche. Dans un respect à peine palpable de celui qui ira le plus loin. De ce qu’il adviendra d’elle. De moi. J’ai dit que je lâcherai le premier ces émotions. Mais pas mes valeurs. Et mes valeurs m’assurent de la fuir.
Elle devrait s’attendre à rien. Rien. Je lui ai rendu service. Nous nous sommes rendus service. La bibliothèque, c’était une erreur. Une grossière erreur de ma part, que je ne pourrais pas effacer, que j’aimerais effacer. Si elle me questionne là-dessus, je pourrais pas répondre. Pourquoi t’es venu, ce jour-là ? Pour te rendre tes affaires. Pourquoi tu m’as embrassé ? Pour m’enfuir. Pourquoi tu m’as sauvé des sorciers noirs ? Parce que je te devais ma vie. Pourquoi t’es toujours là à m’emmener à un hôpital à des bornes d’ici ? Parce que j’estime que j’ai pas fini ma mission. Et qu’est-ce que tu feras la prochaine fois ?
Y’aura pas de prochaine fois.
Je grignote un bout d’ongle avant de recracher fissa, le sang séché de mes récentes victimes emplissant encore mon corps d’une odeur nauséabonde. Il ne faut pas rester trop longtemps ici, comme ça. Si quelqu’un s’arrête à proximité pour passer la tête par la vitre, ce qu’il verra, c’est un criminel. Un homme tâché à la fois dans son corps et dans son âme, harnaché pour se protéger des autres et avant tout de lui-même, prêt à appuyer sur la détente de l’arme déjà pointée sur le nouveau venu. Je sais pas non plus à quoi je m’attendais, mais je ne vis pas dans le passé.
- Tout me paraît mieux que ce que tu proposes. Je ne vois pas pourquoi je lâcherai quelque chose auquel je tiens.
Le tout les yeux relevés vers moi. Qui perce ma rétine pour mieux s’insinuer encore plus loin, toujours plus loin. J’ai subitement chaud, très chaud, beaucoup trop chaud et je ne peux pas retenir ma bouche qui s’entrouvre pour me laisser inspirer, comme descellée après avoir vécu une éternité de solitude et d’indifférence. Je ne peux pas non plus retenir mon regard, s’imprégnant d’une bouffée de tendresse totalement hors personnage. Avant de transformer mes pensées en envie puis mes envies en besoins. J’inspire par à-coup, pas foutu de prendre une bonne gorgée d’oxygène, à l’étroit dans ce machin en acier. Je ferme les yeux après l’avoir vu détourner les yeux. Peut-être que le temps s’est vraiment arrêté. Il n’y a pas une voiture pour marquer le passage et le tableau de bord semble lui-même s’être mis en veille. Mais le tic tic est toujours là. Sa lumière orange avec. Eclairés par la nuit.
Recouverts par les ténèbres, brume réconfortante sous laquelle tout peut se produire, tout peut s’oublier. Tout peut s’enfuir.
- Je te revaudrai ma vie en sortant de la tienne.
La tension redescend. Brutale, inconfortable, nauséeuse. T’as pas le droit. T’as pas le droit de parler comme si tu tenais à moi puis à me retourner mes paroles au visage. J’aurais préféré rien savoir, rien entendre. J’étais mieux avant. Je vais craquer. Craquer un bon coup. Et on n’en parlera plus. Je m’en veux d’avoir posé le sujet ici, maintenant alors qu’il reste encore tant de temps avant d’arriver à Cracovie.
-C’est faux, princesse.
Je la regarde d’un air peiné mais intense. Les mots m’ont quitté avant d’avoir pu trouver leur suite. J’ai les lèvres brûlantes et l’envie d’en finir mais rien à faire, le silence s’étale. C’est comme si une ruche venait d’élire domicile dans mon corps, bourdonnait jusque dans mes doigts, investissait mon crâne.
-C’est faux.
Qu’est-ce qui est faux. Tout. Tout ce qui a été dit. Y’a pas un gramme de vérité. Même ces paroles-là, elles sont fausses. Je suis faux et tu l’as dit toi-même, la belle elle a rien à foutre avec la bête. Y’a que dans les contes que ça finit bien. Et encore, souvent même là ça finit mal. Sortons de la vie de l’autre. Comme si rien ne s’était passé. C’est normal.
-Tu tiens pas à moi. Y’a rien à lâcher, t’as juste à te laisser porter.
J’ai envie de me mordre jusqu’au sang, lui dire à quel point j’aime son caractère impétueux, que j’ai envie d’en savoir plus, d’en toucher plus, qu’on n’est pas né pour passer notre vie derrière un mur et que braver les interdits c’est notre lot au quotidien. Qu’on finira par en avoir marre de toute façon et qu’on prendra le temps de tout achever comme ça a commencé, avec la satisfaction d’avoir au moins fait entrer l’autre dans une parcelle de sa vie. Mais entre deux ennemis, accorder sa confiance c’est montrer ses faiblesses. Des faiblesses mortelles. Des faiblesses qui atteignent l’autre jusqu’au plus profond de son âme. Faut être prêt à tout perdre.
J’suis prêt à tout perdre, Rhyan, aussi brutal, aussi inconcevable que ce soit. J’ai lâché l’élastique trop tôt et ça m’a submergé comme les flots. J’suis allé le chercher ce trésor et même si c’était pas ce que j’attendais, j’l’ai pris en plein poire. Et maintenant que je suis balancé par ça, maintenant qu’il y a toute ma famille prête à me jeter par-dessus bord et que j’observe Silver et Green se noyer, j’ai qu’une envie, c’est m’accrocher aux bras de mes frères et être prêt à tout pour pas les laisser me faire tomber. Tu tiens pas à moi, Rhyan. Abandonne parce que c’est voué à l’échec. C’était que de la poudre aux yeux tout ça. Un tour de magie pour les non-doués. On fera que se heurter à nos différences. L’un ou l’autre finira par en crever, c’est certain. J’ai pas peur de la mort, mais toi ?
-Il faut qu’on reparte.
Je sais pas à qui je dis ça, mais ça me donne la force pour me retourner. Poser les pieds sur les pédales, inspirer un grand coup. Et repartir. Parce que c’est ça. Tout est inscrit. Tout est clair. J’ai envie de la voir, de la revoir, mais tout ce dont je suis capable c’est de lui dire adieu. Adieu pour toujours. Comme sur cette route qui repart et qui, sur cette bande d’arrêt d’urgence, s’est presque voulu trop sérieuse.
Et dans ma tête, je suis toujours pendu à mes mots. Jusqu’à l’IBMM. Jusqu’à ce qu’elle aille mieux. Cette pensée maladive qui me pousse à la blesser encore un peu plus pour qu’ils ne puissent plus rien faire pour elle, pour que jamais, jamais cette situation d’adieu n’arrive.
J’ai pété un plomb, un bon gros, gros plomb. Si gros qu’il n’y a plus rien dans ma tête. Aussi violent et rapide qu’une torpille.
-Mais je veux bien faire une chose pour toi. N’importe quoi. Mon cadeau d’adieu.
Garde ce trophée entre tes doigts et si tu choisis de ne pas l’utiliser, sache qu’il restera toujours actif. Ce sera mon lot de consolation. C’est tout ce que je peux t’offrir. Quand tu fais un pas, j’en ai déjà fais trois en arrière.
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Dim 26 Aoû 2018 - 21:55
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Lun 27 Aoû 2018 - 17:25
"One day these steps will be my last"
On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.
- Qu’est-ce que t’en sais..
J’en sais suffisamment. Me cantonner dans cet univers où l’un fuit l’autre ou s’en détourne dédaigneusement, ça me va. Retournons à nos vies d’avant, ramenons-les sur la route au lieu de les faire bifurquer sur les sentiers sinueux, gadoueux, sur lesquels on ne voit ni devant ni derrière. Qui nous agite comme des bouteilles de soda à chaque irrégularité du sol, prêtes à exploser. Je suis prêt à exploser et je n’ai qu’une envie : reprendre la belle route goudronnée et frappée pour moi par ceux avant moi, confortable.
J’en sais rien. J’applique le MESORE, la meilleure solution de rechange en négociation. Celle qui ne nous force pas à conclure quelque chose que l’on viendra à regretter tout en tirant le meilleur parti des atouts que l’on possède. Je sais, j’ai cassé toute la magie de l’instant en sortant mes mathématiques et en me sentant en entretien. Mais c’est ça pourtant, et ça s’applique aussi bien au domaine professionnel que personnel. C’est quoi, la meilleure solution ? A en juger par nos organisations, je ne donne pas cher de la peau de l’un ou de l’autre, si l’un ne se décide pas simplement et purement à étriper l’autre avant d’avoir laissé l’élément perturbateur pointer le bout de son nez. Mon meilleur atout ? Tuer, torturer, être un Soul et agir quand on me le dit. Je suis une machine à tuer et les machines n’ont pas d’émotions. La tête nous tourne dans ce petit habitacle et l’adrénaline retombée, la soif d’être encore vivant, tout ça s’entremêle pour diriger tout l’objet de son désir sur l’autre. C’est une réaction physiologique et psychologique. On s’adapte à notre environnement pour garder un minimum de stabilité. S’empêcher de sombrer dans la folie. Rhyan, c’est juste ça. Demain, après-demain peut-être, ce sera fini. Tu seras sur pied et tout ceci ne sera qu’un battement de cil dans ta vie. Peut-être même que tu te frapperas la tête contre le mur en pensant aux opportunités ratées d’avoir pu m’enfoncer un couteau dans la poitrine.
Ne pas se revoir, s’ignorer même, c’est ma meilleure solution de rechange. Et malgré tout, j’suis toujours là à batailler contre mon conscient pédagogue et rationnel, ce petit père qui a vécu toutes les tortures et qui pense aux frères passés là avant moi. Il a envie de me frapper et si la simple pensée de déconnecter mes neurones lui mitraille l’esprit, il ne parvient à s’y résoudre tant il craint l’inconscient et son intrépidité. Une autre part de moi-même.
Il reprend le dessus un instant, se détourne du regard du petit requin à l’arrière et s’apprête à redémarrer, sûr de lui, les mains sur le volant, la tête plongée vers l’avant mais les prunelles penchées sur l’arrière. Ça s’arrêtera jamais.
Mes yeux se ferment à la suite de ma phrase et je me maudis intérieurement de l’avoir prononcé. D’avoir espéré. Au mieux, elle blessera mon ego démesurément grand en me proposant d’aller bien me faire foutre. Au pire, elle me demandera de l’embrasser. Il peut pas y avoir pire, non ? J’ai pas envie de songer aux autres scénarios catastrophiques dans lesquels je m’embourbe jusqu’à la taille. Le professeur Conscient est toujours là, à frapper mon crâne de son bâton, rajustant ses lunettes à chaque seconde, tic furieux qui m’est propre.
Qu’est-ce que j’en sais ? J’en sais rien et je veux surtout pas que toi, t’en saches davantage.
-Reste.
Le mot se perd dans un océan mélodramatique. On croirait entendre un chant de sirène au loin balancé par le bruit des vagues, mais en tendant l’oreille, c’est un opéra, une soprano assistée d’une nuée de violonistes. Puissant et envoûtant. Sa main vient rencontrer ma peau et j’inspire profondément pour résister à l’envie de l’amener à moi.
Tu sais pas dans quoi tu te lances. Sa main retombe et elle baisse les yeux.
- C’est tout ce que tu peux faire pour moi. Juste.. t’en vas pas.
Ma lèvre inférieure se fraye brutalement un chemin entre mes mâchoires et se retrouve enserré d’un étau d’émail blanc. Blanc à en devenir rouge. C’est pas ça, pas ça du tout qu’elle aurait dû dire. Elle est passée où, sa fierté légendaire ? Est-ce qu’elle se sent pas pitoyable comme ça ? Misérable.
Je sais à cet instant que je tiens dans mes mains un explosif suffisamment gros à lui claquer au visage. Un dont elle finira forcément par se remettre parce que cette histoire n’a même pas commencé, mais un dont elle n’oubliera certainement pas le déroulé. Moi non plus. Mais ce machin, il pourrait aussi m’exploser au visage. Un peu comme une bombe à retardement. Je me retourne et elle tire la couverture sur elle pour se cacher de ma vue. J’ai jamais été très sensible, encore moins à ce genre d’attitude transi, mais tout a une autre saveur lorsqu’il s’agit de l’observer. Sa fragilité ne m’oppresse pas avec ce sentiment d’échappatoire. Au contraire, un mince sourire vient étirer mes lèvres. Confus. Je l’observe toujours, pas trop loin, pas trop près. A savoir si les cloches sonneront pour le glas ou les douze coups de minuit. Mais dépendre des cloches pour se décider, c’est attendre le moine pour les tirer. Et j’ai pas une culture ultra penchée sur la religion pour me laisser dicter mes choix par un mec en robe de chambre.
Je passe mon bras à l’arrière assez brusquement, porté par le poids de mon corps en équilibre au-dessus de la demoiselle. J’ai un regard un peu plus cru, un peu moins ingénu, dans lesquelles tournent et se laissent emporter des milliers d’étoiles. Un tourbillon troublant et mal maîtrisé.
-T’as pas le droit de vouloir ça. Tu sais pas ce que c’est de fréquenter un Soul.
C’est sans doute qu’une passade. Qu’un petit jeu pour pouvoir le dire, plus tard, comme ce premier pétard, ce premier mort. Ça a un goût de nouveauté, rafraîchissant. A quoi bon s’encombrer l’esprit. Tout est pourtant inscrit dans la pierre, ça ne durera pas. Ce genre de questionnement, on le réserve pour les situations à long terme. Celles comme celle que j’ai éprouvé pour Ella. Voyons plutôt qui se lassera le premier de l’autre et ayant le plus profité de sa chaleur. J’attrape son joli menton, observe son cou et l’estafilade encore chaude de la balle. Elle aurait pu en mourir de ça.
-Mais, premier conseil, commence par ne pas me confondre avec mon frère. Olive sera beauuuucoup moins clément.
Je m’approche de son visage avec lenteur. M’y stoppe à quelques centimètres avant de décaler la couverture masquant son visage.
-Deuxième conseil, en fait méfie-toi de toute ma famille. Même de moi. Surtout de moi.
Par chance ou malchance, il se trouve que tu es fatiguée et blessée. Mais ça ne m’empêche pas de fondre sur tes lèvres une seconde fois et d’y apprécier son goût venu d’ailleurs, à la fois déjà nostalgique et pourtant si exotique. Percer la barrière des dents pour y déposer un peu plus de mon être. Comme ça, jusqu’à l’infini.
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Sujet: Re: One day these steps will be my last Lun 27 Aoû 2018 - 19:00