One day these steps will be my last

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 One day these steps will be my last

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Admin | Sorcier noir de Rosenrot || Twins
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Cyan Soul
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MessageSujet: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyJeu 23 Aoû 2018 - 19:48


"One day these steps will be my last"


On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.


Croyez-le, ça doit bien faire la vingtième fois que j’essaye de prononcer le nom de cette ville. Cette ville qui n’a ni queue, ni tête, ni cou ni rien en fait, parce que c’est une ville. Mais voilà, je suis têtu alors je continue, j’essaye, je me tue à la tâche quand bien même je croule sous le boulot. On m’en a assigné une récemment, de tâche. Une tâche très, très importante. Une tâche qui m’enchante réellement au plus haut point et qui se limite en quelques mots : tuer un directeur de QG. Ça paraît tellement impossible, irréel que mon excitation est montée à son paroxysme. Avec ça à mon compte, je suis bon pour nous faire vraiment déménager de Berlin. Le vieux croûton en question est bien croûtonné dans son siège, mais récemment, nos espions nous ont fait parvenir des bruits de couloirs plutôt inquiétants. Un QG de plus se dirigeant vers l’extrémisme allemand d’anéantissement des sorciers noirs. L’est de l’Europe est plutôt bien connu pour sa dominante conservatrice mais là c’est autre chose. Ça commence à parler très clairement d’échanges de procédés, d’allègement de passage de justice au profit des interrogatoires et des bonnes et simples méthodes de torture suivies la plupart du temps par la mort elle-même.

Et si à Berlin, on est plutôt aux faits de ce que l’on risque au quotidien, en Pologne en revanche, les sorciers noirs eh bien, ils n’ont pas l’habitude de se sentir aussi menacés. C’est un peu un comble pour un sorcier noir d’aimer tuer sans risquer sa peau. Y’a pas d’intérêt si au final on galère pas autant que les exorcistes à rester en vie. Il est où le challenge si tuer donne simplement lieu à de l’enfermement ? Croyez-moi, après une vraie séance de torture, y’a plus grand-chose qui vous fait souffrir. Et je parle d’expérience.

Enfin bon, toujours est-il qu’après ma mission avec Olive, c’est moi qu’on a démarché pour répondre au S.O.S. de nos congénères de Pologne. « Occupe-toi du directeur ». Une lettre, quatre mots. Enfin non, pas quatre mots, ils savent à Rosenrot que je chipote sur le moindre mot de trop et sait parfaitement m’en tenir à ce qui est écrit noir sur blanc. Sans en faire plus. Sans en faire moins. Mais cette fois-ci, ça me va. C’est une mission hautement satisfaisante et le sourire mauvais sur mes lèvres en est l’expression directe.

Me voilà donc parti pour Książ Wielki, un bled paumé à une cinquantaine de kilomètres de Cracovie. Paraît qu’il y aura un gars de l’ambassade magique d’Allemagne, le directeur du QG de Varsovie alias ma cible et une bien bonne vingtaine d’exorcistes. Des gens, en somme, bien entraînés. Ils se sont donnés rendez-vous dans un des manoirs de Pologne, le château de Mirów, d’inspiration italienne. Sincèrement, sur le papier qui m’indique les coordonnées, il est littéralement écrit « Szkolne Schronisko Młodzieżowe Przy Zespole Szkół im. W. Witosa ». Autant vous dire que pour écrire ça sur le GPS, ça a été une. Vraie. Torture.

C’est à partir de là que j’ai arrêté de me focaliser sur la langue en elle-même en me cantonnant à ma très chère Allemagne.

Ce qui est bien dans ce genre de mission très risquée, c’est qu’on accède a à peu près toutes tes demandes en terme d’équipement. Alors je me fais plaisir tant qu’à faire, d’autant plus s’il s’agit de mon dernier jour sur Terre.

Je me suis posé à une station-service, environ trois à quatre kilomètres plus loin. Armé de mon oreillette à défaut de pouvoir communiquer avec mon frère jarté de la mission pour une raison qui m’échappe totalement, je prends le temps de jauger l’emplacement. Des champs à perte de vue, et une forêt bien plus loin. Et derrière cette forêt, la fameuse demeure de rendez-vous. La plaine est très légèrement vallonnée, mais ça ne devrait pas poser problème, car ma position sera un peu plus élevée. Je songe très sérieusement à investir le toit de la station. La nuit est déjà en train de tomber et il est probable que les échanges ne tardent pas à se faire. Mon objectif, c’est de l’abattre, ce vieux. Et tant qu’à faire, si je peux aussi atteindre l’ambassadeur, c’est pas mal non plus.

Je patiente, adossé à la Jeep réquisitionnée à Cracovie, jusqu’à temps que les premières lumières s’allument, puis décide de me mettre au travail. Chargé d’un important long bagage, je fronce les sourcils et désigne le chauffeur de la Jeep d’un signe affirmatif de la tête. La voiture démarre immédiatement et pars rejoindre le lot de sorciers noirs disposés bien plus proches du lieu. Je reste en retrait, à mon emplacement, mais c’est de moi que dépend la rapidité de la mission.

Je me dirige à pas rapides vers la station et passe discrètement à l’arrière du bâtiment pour récupérer l’escalier de secours menant au toit. Une fois dessus, je dépose l’immense malle et l’ouvre, des étoiles plein les yeux. Bijou de technologie. Un sniper oui, pas n’importe lequel. Chaque balle est doublée d’une rune traversant les barrières magiques et d’une autre de chercheuse de tête. Parfaite pour tracer à travers les arbres d’une forêt. Sans compter bien évidemment les fondamentaux, c’est-à-dire l’éclatement de la balle une fois en contact avec la peau, permettant une mort quais immédiate du sujet et toutes ces petites choses. Bref, pas le temps de s’extasier davantage.
J’inspire profondément et prépare le sniper. Le bruit de chargement m’excite au plus haut point, mais rien sur mon visage ne semble l’exprimer, focalisé sur sa mission. Je trace une rune à ma tempe droite d'amélioration des capacités visuelles et grimace face au décalage de vision entre mes deux prunelles. M’installant confortablement, je finis en position et jette mon regard dans le viseur lui-même amélioré pour faire fi des difficultés liées aux biomes. Ça donne quelque chose à mi-chemin entre la vision thermique et les rayons X. Additionné à ma propre rune, ce n’est pas quelque chose de très agréable à observer, mais c’est terriblement efficace.

Ma respiration ralentit. Doucement. J’aperçois par transparence des formes bouger au loin, pas plus grandes que des grains de riz mais cela me suffit. Je me repère aux tailles. Le plus grand doit être le directeur, à sa manière de se mouvoir. Il doit y avoir, en plus de l’ambassadeur une… une vingtaine, c’est ça, d’exorcistes. J’en compte très exactement 23. Nous sommes venus à 27, ce qui ne nous avantage pas énormément. J’appuie sur l’oreillette et lance :

-Ils sont 23. 10 dans une pièce du rez-de-chaussée, 6 en patrouille dans les couloirs, 5 avec le directeur et l’ambassadeur et 2 sniper sur le toit. Ils sont tous armés. Je suis en position.

Après un instant de silence, la voix du chef de mission –oui, parce que malgré ce que l’on peut penser, c’est pas moi- me répond :

-Bien compris. C’est à toi.

J’inspire profondément et bloque alors ma respiration. Me focalise sur les formes et la transparence des vitres devant eux. Enregistre leurs mouvements, tente d’y déceler des motifs, des habitudes. Pose mon doigt sur la gâchette, tranquillement. Il faudra presque 8 secondes à la balle pour atteindre sa cible. Si je perds mon sang-froid et que je tire, il suffira d’un mouvement de la part du directeur pour ficher ma balle dans le mur. Et le mur, elle ne le traversera pas. Alors j’attends. Encore et encore. Personne ne va me prendre la tête pour ma patience.

Puis, l’homme semble s’arrêter. S’asseoir. Pile dans mon champ de vision, pile face à la fenêtre. Pile bien comme il faut. Alors, subitement, j’oublie le monde autour de moi et tire. Une balle. Le bruit siffle, la douille saute et moi je serre les mâchoires.
Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. La balle traverse la barrière érigée en protection autour du bâtiment et vient brutalement se ficher dans la vitre, telle une araignée au centre de sa toile. Une rune apparaît brutalement à l’endroit exact de l’impact et le monde s’active au rez-de-chaussée comme à l’étage. Ma cible disparaît, mais je me rends bien vite compte que c’est juste la rune dirigée droit sur moi qui obstrue violemment ma vision. Une rune aveuglante, d’un genre que je n’ai encore jamais vu. Qui me brûle la rétine si fort qu’une seconde supplémentaire m’aurait suffi pour perdre la vue.

-Dégage de là, dégage de là, dégage de là.

Je me lance cette phrase à moi-même et me précipite sur le sniper que je balance du pied sous la barrière en béton du toit, tout en roulant également pour m’y cacher, pleurant à chaudes larmes pour évacuer le feu dans mon œil droit. Mais pas le temps de cracher sur les exorcistes. Sans parvenir à ouvrir le moindre œil, je reprends contact avec les sorciers noirs et enchaîne :

-Négatif. Ils ont runés les vitres, la balle n’a pas pu passer.
-On prend le relais. Soul, tu nous rejoins, même objectif et pas de troisième chance.
-Compris.

Gnagnagna pas de troisième chance. C’est pas de ma faute s’ils ont des satanés vitres quadruple vitrage ou autre runées jusqu’au moindre bout de verre. Et c‘était quoi ça ? Putain, j’ai tellement mal que j’ai l’impression de devenir aveugle sérieux. J’efface précipitamment la rune d’amplification et prend le temps de récupérer une vision normale. Ou presque. Connards. Connards connards connards. J’ai encore plus envie de les buter maintenant. J’y vois rien. Rien du tout. Ils m’ont atteint qu’à l’œil droit et j’ai l’impression qu’on me balance de l’encre à la figure. Sur tout le visage. Œil gauche compris. Mais faut y retourner. Putain, il faut vraiment y retourner.
J’ai les yeux qui parviennent pas à s’empêcher de pleurer et la rage au ventre. Ça me saoule. C’était quoi ? Une nouvelle rune éblouissante ? Jamais rien vu de pareil.

Je parviens enfin à discerner deux-trois trucs. Tout ce qui se trouve à la lumière des lampadaires. Le reste, c’est plus noir que noir. Mon sniper, cachée sous la bordure du toit, je le vois pas. Mes pieds, idem. Mon corps, à quelques centimètres de mon visage, idem. Putaaaaaain. J’ose même pas retenter une balle. Mais faut que je quitte cet endroit. Face à l’absence de réponse des sniper sur les toits de la belle bâtisse, il faut croire qu’ils n’ont pas encore la technologie du « je traverse les arbres ». Tant mieux. Je tâtonne à la recherche du sniper et le range dans sa boîte. Puisqu’ils ne l’ont pas ce fusil, la moindre des choses serait de ne pas le leur laisser en cadeau. Discret cependant, je redescends et réquisitionne une voiture au hasard non sans en avoir tué le propriétaire. A cette heure-ci tout est fermé de toute manière. Pas de risque de me faire toper par une quelconque police.

Je prends les commandes du bolide et file en direction de la maison un peu isolée. Manque de tomber dans le ravin plusieurs fois et choisit finalement de ralentir. On est plus nombreux qu’eux et je dois arriver en un seul morceau, alors contentons-nous d’un très modeste 70km/h. Voilà. Rien ne presse. Papi Cyan arrive, les gars.

Il arrive ouais. Doucement mais sûrement, il prend même le temps de se garer pas trop trop loin. Mais pas trop trop près non plus parce que, une fois de plus, y’a le joli bijou dans le coffre. Et on fait quoi maintenant ? Bah on marche. Bah oui, parce que courir alors qu’on n’y voit pas grand-chose de base c’est quelque chose, mais quand on voit vraiment rien c’est mega dangereux. Je suis, complètement, écervelé.
J’sais pas si c’est par hasard ou une rune qui pop de nulle part ou l’adrénaline, mais quand les premiers coups de feu, les magnifiques jets d’eau et de feu et les… chaises qui volent parviennent à mes oreilles, je plisse les yeux si fort que y’a un truc qui se débloque et ma vision qui s’améliore. Un peu. Si je suis pas capable de discerner qui est devant moi, ça va être l’amusement pour trouver le chef de QG. J’inspire et ajuste les couteaux à ma ceinture et le pistolet à l’arrière. Mais les couteaux d’abord. C’est bien, bien mieux.

Y’a pas mal de lumière et ça doit bien jouer en ma faveur. Mais ça suffit pas. J’vois une voiture se faire la malle sur le côté alors ça me met immédiatement la puce à l’oreille. Ils démarrent et font pas vingt mètres avant de se prendre un piège de feu qui leur explose à la figure. Ah, point pour Rosenrot, ils ont bien géré sur ce coup. Mais la barrière de protection du véhicule se déclenche à son tour et c’est vraiment, vraiment lumineux à voir. A gauche, y’a un autre convoi, certainement un leurre ou bien le vrai, j’en sais rien, qui s’en prend un autre, de piège. Y’a le capot de la voiture qui se met à cramer et les occupants qui quittent en vitesse le truc. A droite ça se bastonne sévère dans la maison. Y’a de la lumière partout et j’ai beau voir bien mieux grâce à cela, je peux le dire :

C’est. Le. Bordel.
Super chouette !

Je me serai bien lancé à corps perdu dans la mêlée en balançant une bonne grosse onde de choc, mais je dois rester discret. Parce que gnagnagna pas de troisième chance. Et les gars qui s’enfuient en général, c’est toujours ceux qui ont le plus à perdre.
Ça tombe bien, j’suis venu pour tout gagner. Alors, j’me dirige rapidement vers eux, sept sorciers noirs sur le dos au cas où un besoin d’aide se fasse ressentir. Ça va péter. Ça va, violemment péter.

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Exorciste Humaine
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Rhyan L. James
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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyJeu 23 Aoû 2018 - 23:32


EYES ROLLED BACK GUESS WE WERE LIVING FAST
WHERE DID YOU GO, YEAH WHERE DID YOU GO?


Simje m’a regardée droit dans les yeux et la première chose qu’il a dit cette journée là, c’est « je suis désolé » et puis il m’a remis l’ordre de mission. Il avait les dents tellement serrées que j’aurais presque pu entendre les grincements de ses molaires. J'ai levé le regard sur lui et il m’a laissé le fixer dans se détourner pour autant. J’ai décacheté l’enveloppe et j’ai lu la missive rapidement mais j’ai immédiatement compris pourquoi il s’excusait. J’étais dépêchée dans une mission où clairement, je n’étais pas la priorité. Une mission qui n’était pas adaptée à mon niveau et à mes compétences sur le terrain. J’étais un pion sacrifié.

Il m’a expliqué qu’il serait sur les lieux dès le lendemain pour runer la demeure et les alentours du mieux qu’il pouvait, qu’il pourrait me runer à même la chair la vieille de la mission mais que c’était tout. Mon coeur s’était emballé, j’avais souris sans réussir à répondre, une boule de terreur dans ma gorge et j’étais rentrée chez moi. Je ne sais pas ce qu’ils ont dit à la bibliothèque et je n’y ai rapidement plus pensé, allongée dans mon lit, les jambes contre le mur, la tête renversée en arrière.

Putain.

Mais il n’y avait rien à dire et j’ai passé tout mon temps libre à m’entraîner dur, le corps et l’esprit, les runes, les réflexes, mais comment rattraper le temps perdu ?

J’ai effectivement revu Simje, il m’a runé avec une sorte de scalpel recourbé et écartait les lèvres de la plaie avant de guérir un peu. En résultait des cicatrices profondes qu’il jura enlever à mon retour.
Si je rentrais, donc.
On savait tous les deux que la priorité serait de protéger le directeur de QG, puis, toute personne importante. J’étais la personne sacrifiable qu’on laisserait à l’arrière pour gagner du temps. Mais que m’avaient-ils donné en échange de ma loyauté ? Et puis, quelle loyauté ? J’avais la gerbe et aucune envie de mourir, peur et froid, puis chaud et nauséeuse. J’étais une idiote non préparée, une idiote qui avait eu la tête bien pleine d’un garçon qui n’était pas réapparu. J’avais eu des sueurs froides en pensant que c’était sûrement le soir où il aurait sa revanche. Croix serait peut être sur les lieux ou bien Rosenrot. Quelle différence ? Tout le monde prétendait que le lieu était sécuritaire, qu’il ne s’y passerait rien. Mais ma présence prouvait le contraire.

Mais la guerre ne donnait pas le choix à Orpheo et voilà donc où je me retrouve.

Je regarde mes doigts piteux autour de ma coupe remplie d’une eau rosée avec des bulles. J'ai tellement gratté la cuticule, le contour, les petits peau que chaque doit a fini par saigné quand je pelais méthodiquement la peau. Ce n'est pas une eau rose qui va changer quoi que ce soit. Idioties mondaines qui ne pourront pas calmer mon palpitant. Je n’ai pas envie de mourir ce soir. Les autres semblent détendus et plus calmes, je vois au fond Alcott qui a la quarantaine et qui est proche du directeur, souple comme un chat et armé jusqu’aux dents. J’ai déjà fait des missions de terrains mais elles étaient insignifiantes et j’ai envie de vraiment péter un câble. Je décharge et recharge pour la millième fois mon silencieux, vérifie les trois lames bien cachées, touche que bout des doigts les six runes. Chance, protection, énergie, guérison, vision, calme.
Sans calme était serais-je sans cette rune ?

J’ai les paumes un peu moîtes mais au fur et à mesure de la soirée je me déleste de la Rhyan que j’ai cru être. Je tourne et discute en restant alerte mais de plus en plus à l’aise. Le monstre de haine me grignote les intestins et peut être que finalement je suis soulagée de pouvoir dévaster de potentiels ennemis avec tout ça. La concentration prend le relais, je traîne autour des gens que je connais et nous échangeons des banalités mais tous ont ce regard spécial de ceux en guerre. Je sais qu’ils ont sûrement beaucoup plus à perdre que moi, une famille et des amis. Je passe d’un étage à l’autre en me forçant à rire, j’écoute le directeur parler sans réussir à comprendre ce qu’il veut dire. Je ne suis codée que pour la survie. J’ai un sourire absent sur les lèvres, début d’adrénaline terrifiant dans mes veines.

Quand une balle vient percuter la vitre, tout le monde est prêt. Simje a bien fait son travail, incroyable Simje, précieux Simje, et j’ai subitement une bouffée d’affection pour ce gars qui parle pas et qui sauve mieux que nous. La balle ne passe pas la vitre et une immense manège se met en branle. L’ambassadeur ne semble pas surpris et il se met à se ranger méthodiquement près de ses gardes du corps. Le directeur lui, affiche un air de terreur pure. Voit-il la barque d'Hadès avancée ?
Je me routine immédiatement avec les autres. Il faut tenir la maison ou partir avec les précieux. Ou partir en diversion.
Je sais ce qu’il est attendu de moi, partir en diversion, mais je sais aussi que dans la forêt nous serons des daims traqués pour le plaisir de la chasse. Visiblement Alcott le sait aussi et nous trainons sans pouvoir nous résoudre à obéir aveuglément. Je prends le temps d’écouter mais mon coeur tape lourdement à mes oreilles. Tant pis, je traverse un mur, tire cinq balles.
J’aurais du économiser et ne tirer qu’une fois. Je sais tirer.

Putain.

Alcott me rejoint par la porte, j’entends un sorcier noir tenter de passer par la fenêtre mais elle explose en éclats acérés vers l’extérieur. Il tombe mort et nous restons deux secondes de trop à le regarder.

- On doit sortir.

Ce n’est pas un ordre mais c’est une évidence, nous devons protéger le directeur et je lui emboîte le pas, les yeux voilés d’adrénaline. Je suis complètement droguée à la peur et à l’action mais je crois savoir ce que je fais.
Une de mes lames vient se ficher dans la gorge d’un sorcier noir qui, en agonisant, prend quand même le temps de lancer une boule de feu. Alcott dessine rapidement une planche de bois qui, si elle se consume en un instant, permet au moins de me garder en vie. J’essuie la sueur aigre sur mon front. Mes cheveux sont attachés en une queue de cheval stricte mais des mèches s’en sont déjà échappées et me gênent. Tant pis, l’autre est déjà dehors et je traverse tous les murs pour me retrouver dans l’air frais de la nuit. On retrouve une voiture (immolée ? Qui a sauté ?) en feu et je reconnais immédiatement les sorciers noirs à leur façon d’avancer. Je prends la droite, Alcott me suit. Nous sommes indéniablement en retard mais nous devons faire perdre l’avantage aux poursuivants. Avec une telle lumière et dans la forêt, les nôtres n’ont aucune chance. Nous connaissons le terrain mais pas totalement et, si des renforts sont postés de l’autre côté du bois, ils faut qu’ils puissent les atteindre.

- Couvre moi.

Je sais qu’il dessine extrêmement rapidement et que théoriquement il devrait pouvoir faire ça. Il hoche la tête, blême mais bien décidé. Je ferme les yeux, un léger sourire sur les lèvres et je laisse ma rage, ma colère, ma haine dans le pouvoir, tous les mots ravalés avant d’avoir été même formulés, tous les non dits et la frustration, je laisse une boule en moi qui me congestionne les organes et les côtes. Et quand la pression se fait insupportable, douloureuse à en crier, je laisse mon don éclater et une lourde pluie s’abat, épaisse. La lumière disparaît immédiatement. Je sais qu’il y a des chances pour qu’un orage éclate. Je sais que les éclairs illumineront la forêt et que les exorcistes se feront tirer comme des lapins; tant pis, je prends le risque. Peut être qu’il n’y aura pas d’orage. Peut être que si. Je suis incapable d’être aussi précise dans ma magie sans m’épuiser.

Alcott est toujours là mais nous sommes d’or et déjà trempés. Mon débardeur me colle à la peau, tout comme son smoking doit peser des tonnes à présent. Je me lance donc à la suite des miens (si je peux aller les miens d’autres personnes que je ne connais pas), lame au poing, prête à percer une nuque si besoin. Je vois plutôt bien, même si la pluie me gêne mais quand je sprinte un coup pour tenter de dépasser les sorciers noirs, je n’ai pas besoin de bien voir pour le reconnaître.

Oh, Soul.

Tu sais viser, Rhyan.

Je visualise son front, entre ses deux yeux, je visualise sa gorge, je bande mon bras et tire de toutes mes forces dans son ventre.

Faible, Rhyan, idiote, Rhyan.

Je trébuche en lançant, Alcott me rattrape par le bras et siffle, autant essoufflé que moi « beau lancé » puis « Seth, Betty et Javel sont à gauche au même niveau, on peut les prendre en tenaille » je hoche la tête et sort mon silencieux. Nous sommes à droites d’eux, les autres à gauche, mais si j’ai réussi à lancer ma lame, j’aurais sûrement du mal à tirer en courant dans une forêt ou poser les pieds est sévèrement compliqué. Je trébuche à nouveau quand les premiers coups de feux sont échangés.

Putain, j’aurais vraiment les boules de crever la face dans la boue.
code by bat'phanie

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"Fuck'em if they talk"



Dernière édition par Rhyan L. James le Ven 24 Aoû 2018 - 16:31, édité 1 fois
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Cyan Soul
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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyVen 24 Aoû 2018 - 12:01


"One day these steps will be my last"


On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.


S’il y a bien quelque chose qui ne m’effraie pas dans la vie, c’est de mourir. C’est vrai, ce serait quand même vachement chiant, parce que j’aurais pas pu vivre pleinement, j’aurais pas pu tuer davantage, j’aurais pas pu faire tel ou tel truc. Mais au-delà de ça, crever ça n’a pas plus de valeur que m’endormir. C’est d’ailleurs à peu de choses près le même ressenti à mon avis. S’endormir pour ne plus se réveiller. Pas de conscience, pas de superflu. On peut mourir baigné dans son sang, dans sa baignoire, dans son lit, debout les pieds sur terre ou pendu au bout d’une corde. Au final, ce qui change c’est la douleur et le temps passé à agoniser. Juste ça, la finalité elle est identique. Mais quand la douleur vous l’avez vécu pendant vos jeunes années, qu’on vous a fait subir ce qui s’approche du pire, la douleur et l’agonie elle est ancrée dans votre être et la peur de partir, vous la rationnalisez, vous la banalisez.

J’parle de tout ça parce que je suis pas hyper optimiste sur la suite des opérations. Au domicile familial, on a eu beaucoup, beaucoup d’entraînements pour se passer de notre vision et compter sur notre ouïe et notre toucher, mais en plein champ de bataille à quarante, c’est compliqué de filtrer les bruits dans notre direction. A plus forte raison lorsque la majorité des exorcistes utilisent des armes à feu, donc rapides et parfois silencieuses.

Ça tire de partout. J’aimerais bien aller régler le compte aux sniper sur le toit, mais m’est avis que je ne suis pas le seul à le vouloir. Il est probable qu’un téléporteur soit déjà sur le coup. Avec mes indications, espérons qu’il ne se soit pas jeté tout seul contre les deux bonshommes. N’oublions pas que les sniper sont avant tout bons pour tirer.

On avance à pas décidés vers les deux voitures enflammées et tout d’un coup, le ciel se couvre. C’était pas prévu ça, ce qui veut dire qu’il y a un ou une miss météo dans le coin. Et c’est pas hyper commun comme pouvoir. Je lève la tête alors que de grosses, très grosses gouttes nous tombent sur le nez, le visage, les cheveux et les vêtements. Ça se colle de partout et ça éteint les chaudes flammes m’ayant jusqu’à présent permis de me déplacer sans encombre. Il pleut comme vache qui pisse et ça limite notre champ de vision sur cinquante mètres à peu près. Difficile de prédire, pour ma part avec mon handicap de merde, les chaudes langues de feu éteintes et les nuages noirs cachant la lune, c’est équivalent à une cécité avancée. Mais ça ne devrait pas tant me gêner. On est préparés à ça et à vrai dire, c’est maintenant que commence le vrai jeu. A côté de moi, on commence à poser les lunettes sur le nez. Des jolies lunettes à vision nocturne, pré-runées pour une utilisation sur une bonne heure avant d’aller puiser dans nos propres réserves. Pas de fatigue. Mais même avec ça, malheureusement on ne parvient pas à différencier les collègues des ennemis. Enfin, normalement. En vérité, nous sommes tous marqués d’une autre rune sur le poignet droit pour émettre un signal différent des autres mais similaire entre nous. En termes simples, disons que les exorcistes nous apparaissent rouges tandis que nous sommes bleus. Ou vert. Ou d’une autre couleur s’il y a des daltoniens de notre côté. C’est chouette. Ça rend la chasse encore plus amusante.

Le collègue à ma droite s’anime aussi subitement que moi et nous esquivons tant bien que mal un projectile lancé à vive allure. Un projectile clairement dirigé sur moi. En relevant le regard sur sa trajectoire, il nous apparait la présence de deux exorcistes, certainement une femme vu sa stature et sa taille ainsi qu’un homme. Comme je devine plus que je ne vois, j’ai qu’une envie, c’est leur renvoyer la monnaie de leur pièce. Je m’apprête à sortir une de mes lames, sur le qui-vive, mais Odin, mon collègue le plus proche -physiquement parlant, je le connais pas plus que ça- me retient le bras avant de s’exprimer par-dessus le bruit de la pluie :

-Fais ce que t’as à faire, on se charge d’eux.

Sur les sept sorciers, y’en a trois qui disparaissent vers le duo, visiblement en train de se faire la malle. Y’a pas de temps à perdre, l’une des deux bagnoles est encore en état de se déplacer et si le gars dedans est bien le directeur de QG, j’aurai terminé ce que je suis venu faire. Un seul objectif. Tout en me mettant à courir malgré le sol de plus en plus gadoueux et par-là même glissant, je m’adresse à mes suiveurs :

-Il faut qu’on atteigne le portail avant eux. Deux pour ralentir le véhicule, un avec moi.

Et sur ces mots, y’a un gars qui tombe du toit. Un des exorcistes. Je vois pas l’autre ni notre sorcier là-haut mais à en juger par les nouveaux tirs, il est probable qu’on ait pris l’avantage sur les hauteurs. Je passe alors une main sur mon oreillette en dirigeant mon regard vers le toit :

-Sniper, vise la voiture.
-Bien reçu.

En quelques secondes, nous voici en train de fondre sur notre adversaire. Si la voiture contient vraiment le directeur, je suis tranquille. Sinon, il va falloir chercher un peu plus loin. L’espace d’un instant, je songe qu’il aurait très bien pu s’enfuir avec des téléporteurs. Ça paraît probable, ils gagnent du temps en balançant deux leurres mais ça ne me paraît effectivement pas du tout logique d’avoir prévu une attaque de sorciers noirs sans avoir assuré ses arrières. Mais pourquoi y aurait-il autant de mise en scène ? Parfois, il n’y a juste pas de téléporteurs. Mais ça paraît gros pour une réunion pareille. Courir ne m’aide pas à stopper ce débat infernal. Les tirs retentissent de toute part. Un exorciste se trouve sur mon chemin et je lui saute dessus en l’égorgeant comme un porc. Pas le temps. Pas du tout le temps. Nous arrivons au portail, ouvert, quelques secondes à peine avant la voiture occupée à se débarrasser des deux sorciers. L’un d’entre eux se fait rouler dessus.

J’inspire profondément. Faire une rune en une seconde ne fait pas partie de mes habitudes, surtout pour stopper une voiture. Tant pis. Je sors mon pistolet et vise, à deux pas d’un arbre, les pneus du véhicule. C’est franchement pas facile et je n’ai même pas une seconde de réflexion mais après un tir à trois kilomètres, on se sent capable d’à peu près tout. Trois tirs successifs de cet autre bijou de technologie et la barrière de la bagnole cède. Les trois autres pneus crissent, puis ce ne sont plus que deux, l'une d'elle touchée par mon camarade. Camarade qui, plus exposé que moi, se fait passer au crible par d’autres balles venues par la gauche. L’une m’atteint à l’avant-bras gauche et je me rabats brutalement contre le tronc de l’arbre, maintenant ma plaie. Mais voilà que les exorcistes sortent à leur tour du véhicule. L’un d’eux se fait descendre par mon ami sniper. Une portière s’ouvre sur un cadavre ce qui ne laisse que trois personnes. Plus ceux qui ont mitraillé le collègue à deux mètres de moi. Il y a un sorcier encore sur le toit de la voiture qui se bat à fond tout en sachant que face à trois gars, il n’a aucune chance. On dirait que l’un des trois, justement, est plutôt en retrait. Alors, ambassadeur ou directeur ?

Mais des pas se dirigent vers moi en direction des cribleurs de balle qui ont tué mon proche compagnon. Amis, ennemis ? J’ai pas eu le temps de voir. Espérons que les sorciers dans le manoir en auront bientôt terminé pour venir nous prêter main forte.

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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyVen 24 Aoû 2018 - 16:34


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Nous n’avons pas nos chances. Mon lancé n’atteint pas la cible et immédiatement je sais qu’il faut que je m’éloigne de lui, je n’aurais jamais le courage de l’éviscérer. Je détourne mes objectifs.

« jumpsuit jumpsuit cover me »

J’ai juste révélé notre endroit et je me mets à courir un peu plus vite, les poumons remplis de l’eau que j’ai moi même abattue ici. Ils ont de quoi voir de nuit je le sais, mais théoriquement les nôtres ont été runés aussi. J’entends Alcott ahaner derrière moi mais nous ne pouvons pas ralentir. Nos snipers ne tirent plus, cela veut dire ce que ça veut dire.

Par contre les leurs sont toujours intouchés.

Je n’ai pas le temps de changer d’avis sur notre plan que trois ombres fondent sur nous. J’attrape Alcott sans réfléchir et nous traversons les arbres. J’espère que nous n’allons pas nous enfoncer dans le sol de la forêt et en mourir mais la technique fonctionne. J’entends trois bruits mats derrière nous, les troncs ont arrêtés les projectiles mais nous n’avons pas de plan B.

Je me retourne, expulse avec violence tout l’air dans mes poumons. Tire, tire, tire.
Me fait tirer dessus.
Je suis tirée par le bras et un trait brûlant file sur le côté de mon cou. La plaie ne saigne pas car la balle a cramé ma peau et j’ouvre la bouche de douleur, avant de retenir un cri entre les dents. Okay les bâtards, j'espère que vous avez mieux. J’entends courir devant nous d’autres exorcistes qui ont dû fait demi tour. Peut être que les sorciers noirs sont déjà là-bas. Putain. Mais j’entends « l’ambassadeur est parti »

Je sais qu’il est venu avec deux téléporteurs qui ont du le mettre en sécurité. Leur hantise aurait été de se heurter sur des runes noires qui aurait happé la téléportation, mais le premier a dû aller tater le terrain, et rien ne devait être de cet acabit. Mais le directeur, alors ? Alcott dessine des lames qu’il me colle dans les mains mais nous nous retrouvons quelques secondes plus tard face aux sorciers noirs. Ils ne sont plus que deux, j’en ai abattu un mais ils décident visiblement de prendre leur temps. J’ai deux chargeurs dans les poches mais je n’aurais pas le temps de recharger. Ils s’avancent, félins face aux rongeurs.

Mais qui sont les rats, qui sont les chats.

Ce soir, je ne meurs pas.

Je ne dégaine ni arme ni lame mais j’ouvre la paume vide et subitement fait le geste du lancer. Alcott me colle un coutelas dans la main et il se fiche dans une gorge.
L’autre a compris et ne joue plus. Nous sommes balayés du sol par une télékinésie puissante et ma tête heurte un tronc. Je reste quelques secondes au sol, poisson rouge hébété. Je sais que je joue la montre et que chaque seconde est une éternité, mais une main m’empoigne l’épaule. Il y a un cinq cadavres au sol, trois des leurs et deux des nôtres. Alcott est blême mais respire bel et bien. J’évite de regarder les cadavres des sorciers noirs mais je ne peux m’empêcher de lorgner sur les nôtres, figés pour toujours dans une expression de supplice intense et éternel.

Je déglutis.

Morts, on ne sait pas discerner les monstres des autres.
Monstres contre monstres.
Non ?

Alcott me demande si ça va, mais je suis incapable de répondre. Il me pose une main sur l’épaule et j’hoche vaguement la tête parce qu’après tout, si je peux marcher c’est que ça va. Je porte deux doigts à ma blessure dans le cou. Ça à l’air d’aller. La douleur me pince et me lance des courants électriques à chaque mouvement mais elle ne va pas s'empirer.

Nous sommes un troupeau de moutons incapables de savoir quoi faire à présent. Nous sommes trop loin de la maison et des voitures et nous ne pouvons pas demander où est le directeur. Personne n’est télépathe. Retourner à la baston, se planquer, fuir ?
La pluie nous a lavé et nous allons commencer à avoir froid et à nous enfoncer de plus en plus dans la boue dense qui se créera. Je dis :

- La maison.

Et tout le monde hoche la tête. Nous nous dispersons en essayant de faire le moins de bruit possible mais nous progressons lentement. Nous revenons vers le portail et les voitures, coyotes apeurés de l’humain, les têtes basses et les lèvres entr’ouvertes pour essayer de reprendre notre souffle.

Quand une branche craque derrière moi, il est déjà trop tard. Il lève le bras pour m’égorger, mais je recule brusquement. Il s’étale derrière sans réussir à attraper ma peau, trop glissante. Pourtant, en tombant, il a le réflexe de lancer la lame qui vient se ficher juste sous l’omoplate. J’ai un réflexe pourri, je cours, mais il est plus rapide et rattrape le manque pour tirer vers la gauche, déchirant cartilage et muscles. Pourtant, ça ne dure qu’une demi-seconde et il s’écroule, mort.

Je ne cherche pas à comprendre. La meute se protège, mais plus pour longtemps.

Je saigne déjà à perte et j’ai des étoiles noires devant les yeux. Un des gars passe derrière moi et je sais que je l’ai déjà vu, il est un peu guérisseur mais ce n’est qu’un don second. Il n’enlève pas la lame mais fait stopper le saignement.
C’est en faisant ça qu’il se prend une balle en pleine tête.

Snippers, putain.

J’halète derrière un arbre et cours pour me coller à la maison. Je suis bloquée contre la façade, j’ai perdu du sang, je suis trempée jusqu’aux os et peut être que finalement, je vais mourir ce soir. Alcott me dit « je rentre, il faut pas laisser ces gars sur le toit » et je secoue la tête, non, non me laisse pas, mais il pince les lèvres et je comprends.
Je suis déjà morte pour lui ?
Je le suis sûrement. Mon coeur a inexorablement ralenti mais j’ai l’impression d’avoir trois coeurs. Dos, cou, poitrine. Je me monte péniblement les escaliers et essayant de retenir ma respiration par intermittence. Je sais qu’ils sont encore sur le toit, leurs balles font un bruit bien particulier, mais je laisse Alcott y aller seul comme je n’ai aucune chance. Je reste collée l’abdomen à un mur, certaine que c’est ma seule option. Si je suis découverte, je change d’étage ou de pièce avec mon don et tente ma chance dans la forêt.

Enfin, ma chance.

Je tente ma vie dans la forêt.

J’attrape la première lame de Tyr, censée m’apporter de la sérénité mais il n’y a aucune sérénité à avoir, juste une massive lucidité.
Vivre.
J’attrape la seconde, plus lourde et essaie de me calmer, priant pour que Alcott l’emporte au dessus de moi. Car si ce n’est pas le cas, les snipers finiront bien par redescendre. Je ne sais absolument pas où en sont les affrontements et combien de nous sont encore vivants. Enfin, je ne le sais pas. Personne ne m’a donné l’information mais au fond je sais bien que nous sommes au milieu d’une immense chasse aux lapins.

Je tousse un peu et une écume rouge se traine sur les lèvres.

Ouais, une chasse aux lapins.
Mais les poursuivants de sont pas des loups. Les poursuivants ne seront jamais rassasiés et si par malheur ils nous ont compté, ils sauront bien que nous ne sommes pas tous morts.

Je serre les dents, en colère. Putain, quelle sécurité et quelle prévoyance les gars ! Bien ! Et moi j’suis là comme une conne, une lame - courte, dieu merci - dans le dos, à attendre que d’autres fassent des choix pour moi.

Qu’ils m’oublient ou qu’ils me trouvent, finalement, est-ce que ça fait une différence ? Je vais mourir ici et ils n’auront même pas besoin de m’achever.
Non, non.
Je peux pas finir comme ça.

Quand j’entends un bruit de baie vitrée, je me convainc d’aller jusqu’au toit. Avec un peu de chance, je l’atteindrais avant qu’on me rattrape et alors je leur collerai tous une balle dans le crâne, tous autant qu’ils sont. Je prendrais les snipers et j’abattrais ceux qui se cachent dans les arbres et je pourrais sortir de là. Après, je me découvre des talents de téléporteuse. Et je rentre chez moi.

Ouais, parfait comme plan, parfait.
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Dernière édition par Rhyan L. James le Ven 24 Aoû 2018 - 21:19, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyVen 24 Aoû 2018 - 20:23


"One day these steps will be my last"


On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.


Patienter. Patienter alors que chaos m’entoure. Pour peu, je fermerais les yeux et me laisserai plonger jusqu’au centre de la terre, apprécier ma future demeure. Ma dernière demeure. Laisser ses habitants gourmands grignoter ma chair et la transformer en déchets puis en terre. Le tout dans le plus grand des calmes, dans une agitation permanente néanmoins mesurée, chronométré par la seule horloge solaire.

Jour, nuit.

Nuit.
Je me décale à peine d’un centimètre et une balle fuse dans ma direction, se plante dans le tronc. Ennemis, donc. Et l’autre qui se débat dans son désespoir mêlé à une frénésie meurtrière. Tel un ouragan, ancré sur le toit du véhicule, le sorcier fait face seul à deux exorcistes et demi. Le troisième s’affiche toujours en retrait et mon petit doigt me dit qu’il s’agit au moins d’une de mes primes.

Le tronc s’enflamme subitement. Je me précipite sur le côté en effectuant une roulade, frôlant de près les ardentes langues mais déjà, les tirs reprennent. Et me voilà à découvert. Plus le choix, je me retourne face à mes assaillants et en compte quatre. C’est trop. Je sais dès à présent que je vais mourir si je ne m’expose pas franchement. Alors, bien qu’une nouvelle balle suit l’alignement d’une de mes côtés, je rassemble mon énergie et envoie une onde de choc. Suffisante pour les repousser sur quelques mètres et me donner le temps nécessaire pour rejoindre mon autre collègue droit comme Dieu. Avec un peu plus de péchés à son actif.
Désolé pour le sniper en haut, les sorciers en bas, mon pouvoir il fait pas trop de traitement de faveur, je peux juste gérer un peu l’intensité –et dans ce genre de situation, j’ai plus tendance à sur doser que l’inverse- et la direction. Et la direction là, elle est droit sur le bâtiment. Et l’onde de choc ? Bah, pas mal puissante vu l’essoufflement qu’elle m’offre comme un cadeau empoisonné. Et la vue des exorcistes, aussi, envolés tels des feuilles mortes. Z’avaient qu’à pas être aussi près de moi. Avec un peu de chance l’un d’eux se prendra un mur dans les cervicales et crèvera sur le coup. Ça en fera toujours un de moins.

Pas le temps de s’occuper d’eux, je manque de trébucher et faisant volte-face et cours en direction de la berline. Je suppose que c’est une berline, j’en ai aucune idée à vrai dire. Le sorcier est toujours debout mais les pieds sur terre cette fois. Il est clairement en désavantage et je me précipite sur l’un des exorcistes en lui lançant préalablement une lame. Le troisième se retourne et prends les jambes à son cou en fuyant par la forêt. Ça doit être elle, ma tête primée, mais d’après l’allure du sorcier, il est probable qu’il ne tienne plus très longtemps. Alors, non pas par altruisme mais par simple désir de ne pas me retrouver avec ces hommes en poursuivants, je termine ma besogne. L’une des exorcistes se retourne pour esquiver ma lame et je lui tombe dessus comme un rocher en pleine montagne. Dépassé, l’autre décide aussi de prendre la poudre d’escampette, aussitôt poursuivi par mon collègue. S’enchaîne alors un combat qui s’était voulu rapide et durera un peu plus longtemps que prévu. Se terminera par une lame profondément plantée dans la boîte crânienne de la demoiselle.

Je me relève immédiatement et suit le chemin précédemment emprunté par l’un des deux hommes d’affaires. Pas de trace de sa présence. Je cours, cours encore et encore. Trébuche plusieurs fois. Serre les dents. Si je l’ai perdu, je n’ose pas même imaginer mon châtiment si tous les exorcistes sont éliminés. J’ai pas le droit à l’erreur.
J’pourrais crever mais il me le faut ce gars.
Mort, au bout d’une pique ou une balle dans la tête, je m’en tape. Faut juste qu’il crève de mes mains.

Le temps se couvre de plus en plus. On dirait qu’un orage est prêt à éclater. Se trouver dans une forêt, c’est pas le meilleur choix possible, mais passons. Quand le désespoir mêlé à l’exaspération se transforme en fureur, je parviens enfin à le retrouver. Ou plutôt à retrouver la rune qu’il a eu le temps de poser là, au calme. Un immense courant d’air me projette au loin et je trouve l’humour pour penser « ah, c’est ça que ça fait, une petite onde de choc ? ». Me relève. Serre les mâchoires, fusille l’homme quelques mètres plus loin. Il me fixe lui aussi, droit comme un arbre, peut-être aussi vieux qu’eux. Je sais que je dois rester méfiant. Les vieux, ils ont plus la force de bouger mais c’est des experts en magie. Un manque d’attention et je meure.

Présentement, je tombe brutalement sur les genoux, peinant à réguler ne serait-ce que ma respiration. Mes organes se tordent et hurlent de douleur mais je reste la bouche close, fier. Relève les yeux avant de recevoir une nouvelle salve. C’est un supplice, j’ai l’impression d’exploser. Mes doigts se resserrent tout en récupérant les feuilles mortes sur leur passage. Haha. Un bourreau. Evidemment. Je connais ces angoisses qui perturbent ma respiration. Tu vas mourir, tu vas mourir. L’amygdale du cerveau qui clignote et me force à battre en retraite, à me rendre, à faire n’importe quoi pour échapper à une mort certaine. C’est vrai, je pourrais crever. Mais être bourreau, c’est éprouver une sensation, pas la vivre. Et ça me suffit pour savoir que, malgré la douleur, c’est irréel. Magnifié tel un chef d’œuvre pour fonctionner à la perfection. Ce qu’il ignore, ce vieux tas, c’est que la véritable mort peut m’attendre s’il ne décède pas maintenant. Ça a tendance à vous motiver.
Alors, je me relève lentement et le supplice ne fait que grandir. Il ne s’approche pas, reste à distance. Il sait qu’au corps à corps, il n’aura pas les réflexes suffisants pour esquiver une de mes frappes. Alors, il m’observe, avec ses grands yeux. Il me sent et me voit me lever, lui faire face et le fixer d’un air de psychopathe, un sourire carnassier étendu sur tout le visage. Fier. Impertinent. Dans la force de l’âge. Et quelque part ça doit le contrarier car la souffrance redouble d’intensité. Je m’accroche au tronc le plus proche pour ne pas faiblir, y ancre mes ongles comme les serres autour de sa proie. Si je voyais tout noir, c’est à présent le blanc qui m’envahit et un grésillement désagréable me faisant perdre pied.
Il veut me faire perdre connaissance ? Non. Non !

Je sors de nouveau mon arme, plus ou moins rangée pendant ma course et lève lentement le bras, sentant chacune de mes phalanges et muscles souffrir sous cet effet. J’ai du mal à respirer, l’envie de m’effondrer, mais il se tient toujours devant moi, concentré sur ma présence, certain d’avoir le dernier mot. Il sait que le premier à lâcher l’attention finira perdant. S’il se tourne, s’il bouge, il perdra en puissance et compte tenu de ma résistance, ça ne lui portera pas chance. S’il se rapproche, il risquera doublement de finir ses jours entre mes griffes. Alors, il n’a pas le choix, il doit me faire perdre connaissance avant que je puisse le viser.

D’ailleurs, il n’y va plus crescendo. Des larmes coulent sans raison sur mes joues alors que je ne prononce toujours pas la moindre plainte, prêt à me décrocher la mâchoire plutôt que laisser échapper le moindre son. Je ne respire même plus et retombe sur les genoux, les bras ballants, le cœur au bord des lèvres. Maintenant ou jamais.
Maintenant ou jamais.
Maintenant.
Ou jamais.

Je lève brutalement la main, le visage tordu dans la douleur, m’offre un cri d’encouragement et tire. Une balle, deux, trois, quatre. Je vide mon chargeur devant moi, à l’aveugle. La douleur cesse immédiatement mais je ne peux pas m’arrêter là. Je me relève, empreint d’une nouvelle énergie mélangée à l’incompréhension de mon cerveau et saute sur le directeur, pas si blessé que ça. Ma lame toujours dans son étui, je ne dois pas laisser le temps au directeur de retenter une seconde phase de douleur. Ça va splatcher dans tous les sens. Je concentre l’entièreté de mon pouvoir entre mes doigts. Ces derniers émettent un bruit de défibrillateur, rassemblent l’oxygène comme un trou noir et je pose brutalement mes paumes sur la poitrine de l’homme à terre.

Les gouttelettes de sang se mêlent à celles de l’eau et défient la gravité, se répandent sur les arbres alentours avant d’être rapidement lessivés par le torrent venu du ciel. Il me semble avoir entendu le tonnerre gronder au loin, mais mon regard est obnubilé par la mare de sang répandue sur le sol, les organes explosés, les membres dispersés. La tête s’est échouée un peu plus loin, balle rebondie au pied d’un arbuste, la mâchoire inférieure inexistante, le regard dirigé vers les cieux. Il ne reste rien sous mon corps. Les lambeaux de chair sont presque carbonisés et les habits n’ont même plus lieu d’exister. Je reste ainsi quelques secondes, interdit, avant de récolter le résultat de cette douleur infondée. Me dégageant brusquement sur le côté, je laisse s’échapper une mare de bile à défaut de n’avoir pas mangé depuis un certain temps mêlé à du sang. La sensation me brûle l’œsophage et accélère les battements de mon cœur. A quatre pattes, je ferme les yeux et pose mon doigt sur l’oreillette. Reprend un minimum de contenance pour ne pas paraître essoufflé et annonce :

-C’est bon, j’l’ai tué.

Je n’entends rien, aucune réponse. Comment ça se passe, de l’autre côté ? J’ai besoin de me relever mais mon corps n’a pas l’air de vouloir accéder à ma demande. Pourtant, il le faut. Je me sers de mon environnement pour me mettre debout tranquillement et ce n’est qu’une fois sur pieds qu’une réponse me parvient enfin :

-On rabats le reste vers la forêt. Shootes-en quelques-uns sur ton passage.

Bien bien. Pour les déçus, non y'a pas trop de "bien joué !" en mission. Le dos contre l’arbre, je recherche lentement mon deuxième chargeur et laisse tomber l’ancien au sol. Recharge de ce bruit si particulier à l’oreille et me tient prêt. La rune de silence s’est rayée à je ne sais quoi et ne fait donc plus effet. Il va falloir que je sois très prudent pour ne pas me faire repérer trop vite, d’autant que la forêt s’étant devant, derrière, à ma droite et à ma gauche. Partout. La mare de sang devrait aussi faire son petit effet si l’un des exorcistes vient à passer dans le coin. Faut que je décampe d’ici et en vitesse si la chasse au gibier vient de commencer.
Inspirant profondément, je marche à pas rapides pour m’éloigner de la source du combat et me pose à une vingtaine de mètres, dos à un des innombrables arbres, prêt. Les yeux fermés. Sensible au moindre mouvement.

Le premier qui arrive, je le défonce bien comme il faut.

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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyVen 24 Aoû 2018 - 21:20


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Alcott finit par m’appeler. Sa voix est rauque mais j’écoute ce léger déraillement avec soulagement. Je monte les escaliers, relayée petit à petit par les runes, par le temps, par l’adrénaline et le désespoir. Pourtant, il n’y a pas de cadavre sur le toit - sûrement les a-t-il poussés ? - mais il me regarde l’oeil encore hagard. Je ne veux pas savoir comment il a gagné, après tout.

- Tu sais te servir de ça ?

Il me désigne les engins posés sur le béton froid. Dans l’idée, oui, j’ai appris, mais le modèle ici présent est bien éloigné des modèles d’entraînement sur lesquels j’ai eu des cours. Mais tout devrait plus ou moins fonctionner de la même façon, non ?

- Tu devrais enlever la lame.

C’est vrai que le fer me titille les muscles avec ce scratch scratch qui me donne envie de hurler de lassitude de la douleur. Mais ce n’est pas le moment.

- Je risque de me vider de mon sang.
- Je peux cautériser.

Je lui jette un regard amorphe, pas certaine.

- Mais il faudrait cautériser en profondeur pour..

Je vois bien à ses yeux que c’est bel et bien le plan. Je dis oui et me force à m’éloigner spirituellement de la pluie, du toit, des morts. Il dessine un flamme et s’en sert pour chauffer à blanc un morceau de métal qui rentrera à moitié dans la plaie. Je préfère ne pas trop trop regarder. Je m’allonge à plat ventre pour éviter de bouger, la joue dans un mélange d’eau et de sang. Des noirs ou des blancs ? Qui sait ?
Tout le monde est mort ici visiblement.
Il tire sur la lame, je laisse échapper un cri étranglé mais quand il pose le métal je tourne immédiatement de l’oeil. La douleur me vrille en entier et je tombe dans des limbes de souffrance infinie. Tout n’est qu’affliction, géhenne, désespoir, tout n’est que noir et horreur mais il me tourne sur le dos et je m’étouffe à moitié. Un cran est passé dans mon esprit et j’me sens tellement, tellement douloureuse que tout perd du sens.

Alcott me hurle dessus et moi je reste assise à promener mes yeux clairs sur la pluie toujours sauvage et incontrôlable. Il me pousse par l’épaule puis me plante un quart de shoot de morphine dans l'épaule et je finis par reprendre pieds, mais juste un peu. La folie est doucereuse et délicate mais je sens mon esprit tout proche de se briser. La douleur me rappelle l’enfermement et les années de torture, et si je garde au pied c’est par survie immédiate. Je me roulerai en boule plus tard.

Dieu que j’ai hâte.

Enfin, Dieu.

Putain de ses morts.

Je m’approche donc du sniper, il reste trois balles. Je prends mon temps. Peut être qu’une bonne dizaine de minutes passent alors que je charge et décharge, que je manipule pour me routiner et calmer coeur et corps. Peut être que le shoot n'était pas que de la morphine.
La première balle fait mouche. Pleine tête. Mais le sorcier noir a commis l'imprudence de rester proche du bâtiment qui est la zone la plus visible. Dans la forêt, je suis incapable de discerner quelqu’un, le sniper est inutile. Je me détourne juste à temps pour voir le téléporteur de l’ambassadeur.

Les renforts arrivent ?

- Pas de renforts avant trente minutes. Au moins.

Puis.

- Je peux repartir avec une personne seulement.

Alcott est grand, debout et en bon état, je suis couverte de sang, brûlée à deux endroits, les lèvres écumées de sang. Il lui attrape l’épaule et disparaît.

Bien.

Je m’autorise une véritable crise de nerfs. Je me curl sur le toit, et hurle, un poing dans la bouche. Putain de ses morts. Putain. Tout fait mal, respirer fait mal, marcher fait mal, les renforts seront là quand ils seront tous morts et cette machine de Soul sera bien trop professionnel pour laisser ne serait-ce qu’un survivant. Sauf si il est mort avant. De toute façon, que vais-je faire ?

Quand j’entends des pas dans la maison en dessous de moi, je me laisse pendre sur un des murs. Je sais que si quelqu’un me voit comme ça, je suis morte. Mais j’espère qu’ils sont occupés à rabattre dans la forêt et que les autres sont tous dans la maison. J’arrive à atteindre une aspérité du pied et me soutient juste assez pour glisser le canon sur la bordure. Le premier a à peine la tête qui dépasse de l’échelle que je lui explose le crâne.
Les autres seront plus prudents mais je n’ai que la surprise pour moi, aucun autre atout. Je me décale un peu, crochète quelques prises et me laisse tomber. J’atterris sans aucun bruit mais j’me suis mal équilibrée et ma cheville gauche proteste violemment. Rien de cassé, seulement un petit trauma, mais je boitille un peu. Je recharge mon silencieux et me glisse dans la forêt. Pleine de sang, de pluie et de boue, je ne suis pas sûre d’être repérable. Je ne suis pas sûre de pouvoir repérer les autres non plus d'ailleurs.

Je fais les comptes et me choisi un seul et unique plan. Changer d’avis en cours de route serait idiot, douter serait idiot. Je prends mon souffle et je me mets à courir - sans traverser les arbres. Je cours vraiment à pleines enjambées sans craindre de faire du bruit. Théoriquement, je suis bien excentrée mais pas si loin derrière. J’entends des tirs mais ils ne me sont pas destinés. Un hurlement déchire deux fois le silence et j’accélère.

Maintenant on sort l’as de coeur et on prie.

J’ai extrêmement envie de pleurer.

Du genre, extrêmement.

Je prends quelques secondes pour me poser et quand enfin un sourire cruel s’étale sur mon visage je me sais prête. La foudre tombe dans un fracas impressionnant sur un arbre à une trentaine de mètres de moi. Le feu est trop loin pour être une source de lumière continue là où je suis mais l’éclair a éclairé toute la zone.

Je tire l’intégralité de mon chargeur. Plus de la moitié des balles sont perdues mais au moins j’ai attiré l’attention et beaucoup se sont réfugiés derrière les chênes. Bien sûr qu’en temps normal, il est dur de faire prendre feu à du bois mouillé mais quand la foudre s’abat une deuxième fois, je sais qu’ils brûlent. Enfin, ils.

Un ou deux, quoi.

Les autres ne sont que panthères dans la nuit.

Je m’applatis sur le sol et attend. De toute façon, plus question d’utiliser le moindre pouvoir. Ni le moindre don d’ailleurs. Mais j’ai pris de l’avance dans la traque, les sorciers noirs n’avaient aucune raison de sprinter et les exorcistes aucune raison de s’arrêter. Je m’approche petit à petit du bosquet qui brûle. La chaleur est immense mais je monte sur un arbre en galérant toute ma vie. J’ai jamais mis aussi longtemps pour essayer de me percher.

Please god, help me get one more*.

Quand je dis essayer, c’est qu’au moment où un bruit mat éclate à ma gauche, je saute, me retourne, lance de toutes mes forces ma lame et file comme un feu folet à travers les troncs. Je ne sais pas qui j’ai visé et j’espère de tout mon coeur que ce n’était pas un allié. Mais je me doute que les alliés ne sont plus très nombreux à cette heure là. Peut être sont-ils déjà morts ? Je me cale derrière un rocher qui est posé devant un trou. Je me glisse dans le trou, recharge le silencieux.

Si celui sur qui j’ai lancé la lame est accompagné c’est fini. S’il n’est pas accompagné et que je l’ai touché, le soupçon de douleur a pu lui faire perdre ma trace.
Ou pas.

Peut être aurais-je quand même la temps de vider mon chargeur une dernière fois avant de mourir.


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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptySam 25 Aoû 2018 - 12:14


"One day these steps will be my last"


On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.


Dos plaqué contre l’arbre, yeux clos, je régule lentement ma respiration, attentif au moindre mouvement. J’apprends à discerner le bruit de la pluie sur les feuilles et la canopée des arbres à celle, éventuelle, d’exorcistes en fuite. La pluie goutte régulièrement, comme une fanfare réglée au cordeau. J’espace de plus en plus mes inspirations et tend mon arme à hauteur du visage, avant de pivoter doucement sans faire crisser l’humus à mes pieds.

Je suis prêt. Prêt à les tirer. La foudre tombe brusquement au loin. Ah, donc ce n’était pas juste une impression, mister météo s’amuse avec son pouvoir. Le bruit me hérisse les poils de surprise mais je reprends rapidement mon calme. Toujours pas d’exorcistes. Suis-je parti si loin qu’il leur faille courir sur des kilomètres pour m’atteindre ? J’en ai pas l’impression, mais à y réfléchir j’ai tout de même couru pendant un certain temps. Est-ce que c’est le premier éclair qui tombe ? Je crois pas, j’ai entendu la foudre il y a peu. Quelques secondes de réflexion plus tard et un rythme, bien moins précis, bien plus rapide et bien plus lourd, effleure mes oreilles. Des humains.

Concentration.
Des formes apparaissent au loin, tantôt cachées par les arbres, tantôt bien exposées. Ils n’ont aucune idée de la présence d’un sorcier noir devant eux. Ils fuient ceux qui les pourchassent. Je ne peux pas voir leurs expressions, mais je me doute qu’elles sont bourrées de désespoir. D’un désespoir presque fataliste.

Tel une statue, je garde mes positions. Les sent, les voit arriver à hauteur de mon viseur. Attends. Attends encore un peu. Un, deux, trois et quatre. Quatre exorcistes en fuite. Les opportunités de m’éviter ici sont importantes. Les arbres sont assez denses et s’ils se dispersent, je ne pourrais pas les suivre. Il faut les abattre en une seconde. Ne pas leur laisser le temps de réfléchir. J’étudie le premier, la distance par rapport au deuxième et je crée mon propre classement pour évaluer la distance minimale entre deux tirs. Quatre, deux, un et trois.

Quatre. BAM.
Deux. BAM.
Un. BAM.
Trois. CRAC.

J’ai raté le dernier, la balle est allée se ficher dans un tronc, détournée de sa trajectoire par son mouvement aléatoire. Les trois autres sont tombés, raides. L’autre a disparu d’un seul coup, impossible pour moi de le pister. Je m’apprête à baisser mon arme mais l’entente de nouveaux pas pressés m’empêche de relâcher mon attention. Et puis, subitement, je suis ramené en arrière et la sensation délicieuse d’une lame à quelques centimètres de ma gorge me force à pousser la personne en arrière et protéger dans le même ma peau en coinçant le canon entre le coutelas et mon cou. Le bruit d’entrechoc entre les deux surfaces métalliques n’est pas des plus agréables et ma peau ne manque pas d’être pour autant sévèrement attaquée. Je sens le liquide chaud couler abondamment et mes yeux s’ouvrent si grands que je crois ma fin venir. Nous tombons tous deux en arrière mais avant d’avoir pu réaliser quoi que ce soit, l’homme qui tombe n’est alors plus qu’un cadavre et je ne ressens la chute que lorsqu’elle me pose délicatement contre un arbre. Y’a trois gars face à moi mais j’ai tellement l’impression que je me vide de mon sang, que je crève égorgé, que j’en oublie tout. Je devrais me dire qu’il est temps de me foutre moi-même mon poignard dans le cœur pour en finir plus vite mais avant d’avoir pu esquisser le moindre mouvement, je sens la plaie se refermer, doucement mais sûrement.

J’ouvre un peu plus les yeux et constate la présence de trois sorciers noirs penchés sur moi. Ah. Je vois.

-J’espère que tu te souviendras de ça, Soul. Pour une prochaine fois si on est dans la merde et qu’tu t’en sors.

C’est Leo, Amin et Frederick. Un trio d’ami très efficaces. Probablement ceux qui m’ont sauvé et ceux dont j’ai senti les pas se presser à ma rencontre. Les deux premiers sont téléporteurs, le dernier guérisseur. Il est à parier que l’homme m’ayant attaqué était le dernier exorciste, probablement un invisible et qu’il se soit méchamment fait amocher par un des téléporteurs pendant que l’autre me plaçait un peu plus en sécurité, proche du guérisseur. Et voilà. Je suis en vie. J’acquiesce à sa demande. Je peux rien dire avec certitude, je suis pas trop du genre à tenir ma parole, mais si les sorciers continuent à penser à me sauver pour réclamer ensuite mes faveurs, c’est que quelque part, je dois d’une telle ou telle autre façon leur rendre la monnaie de leur pièce. Amin me sourit franchement et me tend la main pour m’aider à me relever. Mais que, bien sûr, je ne prends pas.

-Où est le reste ?
-En train d’être rassemblé devant le manoir. On va jouer à pile ou face.

Je roule des yeux, mi-exaspéré, mi-amusé, avant de me parer d’un tout aussi joli sourire moqueur.

-Vous êtes vraiment des gros gamins.
-C’est Peonia qui a proposé. Ça nous permettra de les compter en même temps. Se défendit Leo.
-Dis plutôt que c’est une excuse bien trouvée.

Et le voilà qui se gratte l’arrière du crâne avec un regard gêné. Soit il gère parfaitement sa gêne, soit il se sent vraiment embarrassé d’avoir été pris sur le fait. Impossible de le savoir, après tout ce trio est encore très jeune. Jeune mais compétent. Nous remontons donc vers le manoir après avoir fait une boucle pour récupérer la tête du directeur, non sans intercepter deux nouveaux exorcistes en fuite sur le passage, sans les tuer mais en bloquant allègrement leur pouvoir avec des runes.

Lorsque nous revenons vers le manoir, une pile moyenne de cadavres d’hommes et de femmes est entassée. L’un des nôtres semble appliqué à les compter tout en mâchant un chewing-gum, aidé d’un autre déplaçant progressivement les morts d’une pile à l’autre. Une autre, un peu plus lointaine et bien mieux arrangée, présente les cadavres les uns à côté des autres. Ce doit être les nôtres. Il y a pas mal de pertes mais nous sommes toujours majoritaires. Je compte cinq exorcistes en plus des nôtres placés dans un coin, sagement assis et encerclés de sorciers noirs le canon dirigé vers eux. Ils sont dans l’ombre et à vrai dire je n’ai pas plus d’envie que ça de chercher à ancrer leur visage dans mon esprit. Pas par peur, plutôt par indifférence. Je me dirige vers le chef de mission, une bonne saleté à la cinquantaine bien tassée et au visage émacié. Il a de la bouteille dans le milieu et s’en tire très très bien, avec une petite éraflure au visage, s’ajoutant à ses très nombreuses cicatrices, tant corporelles que psychiques. Je lui fous le crâne fraîchement extrait de son corps dans la main et fait volte-face pour me poser quelques mètres plus loin, contre la voiture au capot carbonisé. Croise les bras. J’ai plus grand-chose à faire maintenant à part les observer jouer à pile ou face. J’ai conscience d’avoir des regards à la fois effrayés et furieux de la part des exorcistes depuis le début. La faute à la tête que je me trimballais à mon arrivée.

Bah, qu’importe.

Voilà qu’on allume un feu au-dessus des cadavres d’exorcistes car la pluie semble avoir curieusement cessé. Il est peut-être mort, le mister météo. Ou bien scellé avec les autres dans le coin. Ou il reste quelque part et ne souhaite pas trop se faire remarquer. On va en avoir le cœur net, car déjà le mâcheur de chewing-gum revient vers le groupe, secoue la tête et balance un :

-Nan, y’a pas le compte. Il en manque quatre. Peut-être des téléporteurs.
-Où est notre localisateur ?


Le voilà qu’il commence à beugler, le chef. Y’en a un qui s’approche puisqu’il n’est visiblement pas mort. Bah, s’il reste un ou une nana dans les parages, ça se saura. Vaut mieux qu’il décampe rapidement s’il tient à sa vie. On fera pile ou face sur lui aussi. D’ailleurs, le jeu démarre. Y’en a un qu’on traîne à proximité du feu de camp en lui présentant une pièce. Généralement, il doit donner un pile ou un face. S’il se trompe il crève sur place. S’il réussit, on lui donne dix secondes pour disparaître. Vu la proximité des arbres, ce sera plutôt cinq secondes. En général, c’est au plus jeune du groupe de tirer mais y’a des variantes où c’est à l’exorciste de jeter son dévolu sur l’un ou l’autre. Je sais pas trop comment ils vont jouer.
Le sorcier noir s’accroupit face à l’exorciste et entame les règles du jeu :

-Pile ou face, tu connais ? Tu donnes l’un ou l’autre. Si tu réussis, t’as cinq secondes pour filer. Sinon, tu meurs sur place. On te laisse le choix sur la personne qui t’achèveras au loin. Alors, pile ou face ?

L’exorciste lui crache brusquement au visage et je pouffe dans mon coin. Classique. C’est lui qui va choisir.

-Disons pile alors.

Et peu importe le résultat il va le laisser s’échapper. La pièce saute et le résultat tant attendu est annoncé.

-Dommage, face. Mais je suis gentil, je vais te laisser partir. Cinq secondes, d’accord ?

Et là, en général, l’exorciste il sait qu’il va mourir mais il va devoir choisir entre l’opportunité minuscule d’une échappatoire et une mort certaine mais noble. Ceux qui ont l’esprit le plus fort seront ceux qui ne se relèveront pas. Des gens qui, assurément, auraient pu faire de bons sorciers noirs s’ils n’avaient pas déviés. Et il y a les autres, la majorité et probablement le cas de ce gars trop jeune pour mourir, qui misent leurs vies sur cette opportunité. Le voilà qui se relève déjà. A ma droite, le localisateur semble avoir identifié la présence d’une ou deux personnes. Je ne sais pas, il a l’air concentré et deux d’entre eux se dirigent vers la forêt à pas rapides. Je recentre mon attention sur l’exorciste, déjà parti depuis deux secondes et quelques. Le sorcier a le viseur posé sur l’homme en fuite et tire à la cinquième seconde. Fait mouche. Le corps tombe quelques mètres plus loin.

Tout sourire, il annonce :

-Au suivant !

P’tin, espérons que ça va pas s’éterniser, j’ai envie de rentrer chez moi. Enfin, en cinq minutes c’est planché, l’objectif c’est quand même de disparaître illico avant l’arrivée éventuelle de renfort. Et le chef il est pas con, il sait très bien que y’en aura, des renforts. Surtout vu la tête qu’il tire, serré comme il est. Dès qu’il va perdre patience, il va tous leurs mettre une balle dans la tête et ça s’arrêtera là. Je retire mes lunettes vu la luminosité provoquée par le feu de camp et campe sur mes positions.

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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptySam 25 Aoû 2018 - 14:11


Don't wake me up
I'm already gone



Personne ne vient. La vérité m’étrangle les intestins mais personne ne vient, peut être ai-je halluciné mes poursuivants dans ma peur, peut être ont-ils esquivé le lancé avec une aisance toute leur. Je ne sais pas.

Et j’attends.

Je commence à avoir froid et chaud en même temps et je sais bien que dans ma vie prochaine, si j’ai la chance de pouvoir me souvenir de ce moment, j’en rigolerai bien. Parce qu’au fond, la vie, la mort, ça ne change rien. Je vais mourir et le calme m’envahit lentement. Ce n’est pas si grave, j’ai tué beaucoup des leurs et, au fond, avec Simje on le savait. Je serre les dents pour ne pas penser à Alcott qui a eu la chance de se faire téléporter. Mais c’est tout. Je n’ai aucune pensée pour ma vie jusqu’à cette mission.

Il n’y a plus Shybaï, plus Torin, plus les jumeaux, plus Takeji. J’ouvre la bouche pour m’humidifier la bouche de la pluie. Peut être qu’il serait plus agréable de l’arrêter ?
Je n’aurais pas assez d’énergie pour le faire mais peut être au moins je pourrais m’évanouir et oublier le reste, mourir dans les limbes avant de mourir pour de vrai. Le confort de l’absence. Je ne sais pas si ce sont des minutes qui passent ou des heures, des journées ou des semaines mais des pas finissent par arriver. Je sais que ce ne sont pas les renforts. Alcott l’a dit mais sûrement qu’ils ne viendront jamais, nous avons perdu et il faudrait une trentaine d’exorcistes pour rétablir la balance. Forts de leurs succès, les Noirs pourraient encore tuer en masse. Ce sont des machines, après tout. Les pas sont réguliers. Ils sont dans leur bon droits et ils n’ont plus peur de mourir, ils ont gagné. Et ils savent que je suis là. Je sais qu’ils savent. Ouais, je le sais parce qu’ils contournent et subitement ma main devient molle et secouée. Marionnettiste ?

Je lâche le silencieux sans résister. Ils m’attrapent par l’épaule et me lèvent, je laisse une plainte couler entre les lèvres. La plaie se craquèle, se déchire et s’ouvre. Je saigne à nouveau.

- On va te laisser une chance de vivre.

J’ai envie de rire, tout au fond de moi. Le deal va sûrement être hyper équitable, du genre, jette toi la tête la première de la maison, les mains et les pieds lestés. Si tu survis plus d’un mois après la chute sans eau ni nourriture, tu seras libre !

Je ne réponds pas. Mais en passant à côté de la lame que j’ai moi même lancé, je demande quand même :

- C’est sentimental, je peux la prendre ? Je préfère mourir avec.

Ils se concertent sans un mot mais l’un d’eux me la met quand même dans la poche arrière avec avoir littéralement ricané. Il ressemble à une hyène. Et puis, que peuvent-ils craindre de moi ? De toute façon je ne pourrais pas l’atteindre, mais je me sens un peu moins nue. Toujours autant dégueulasse et désespérée, mais pas vraiment nue. Peut être que je pourrais crever un oeil au passage, qui sait.

Je crois que je suis résignée. Je suis résignée et des étoiles noires dansent devant mes yeux. Je sens le liquide vermillon couler sur mon côté gauche et l’épuisement m’essoufle. Nous nous rapprochons de la maison alors qu’une odeur atroce me prend à la gorge. Ils font brûler les cadavres, j’aurais dû m’en douter. Heureusement que je ne connaissais personne. Je sais que Simje est tombé sur un charnier et qu’il en porte encore la trace.

M’enfin.

Maintenant, je peux tout voir, c’est pas comme si j’avais des souvenirs à trimballer sur des dizaines d’années. Un étrange sourire flotte sur mes lèvres.

F o l i e.

D’autres attendent, il y a une histoire de pièce, mais je reste calmement. Je sais qu’ils me fouilleront avant de me lancer dans la forêt. Sinon, bien sûr que je me retournerai pour leur lancer dessus.

Peut être que je vais choisir de ne pas jouer ? De toute façon, des runes m’empêchent de pouvoir utiliser mes pouvoirs. Il n’y a plus de plan possible. Quel intérêt de courir dans la nuit pour leur fait plaisir ?

Je renverse la tête en arrière pour réussir à respirer un peu plus aisément. La douleur est supportable mais elle reste lancinante, elle creuse ma patience et ma vie. Comme tout le monde, j’ai entendu des milliards d’histoire sur les sorciers noirs, Ian avait beaucoup d’imagination pour nous raconter des histoires qui nous glaçaient le sang et, incapable de dormir nous avions pris l’habitude de dormir à quatre dans le même lit. J’espère que le fait d’être une meuf ne changera rien. J’ai conscience de mon débardeur transparent qui me colle à la peau, moule mes seins, mon ventre, mes hanches. Il est déchiré dans le dos où la lame est entrée. Mais ils sont là sur ordres non ? Ils ne sont pas des porcs, ils ne sont pas là pour ça ?

Finalement, quand je pensais avoir tout perdu j’me rends compte qu’on peut encore un peu escalader la montagne de l’horreur. Je peux encore redouter quelque chose. M’enfin. Qu’est-ce que ça changera, au fond ?

Je vais jeter la pièce comme tout le monde, et je leur afficherai un immense sourire. Peut être que finalement, je suis soulagée d’être débarrassée de cette vie là.

Enfin.

On se convainc comme on peut.

La pluie coule sur mon ventre et mes lèvres, mes plaies et mes espoirs que j’ai laissé là bas dans la boue. Les sorciers noirs parlent, les prisonniers parlent. Nous avons tous déjà jeté la pièce en venant ici. Nous avons dit pile, la pièce est tombée sur face. ils étaient mieux préparés.

Que peuvent-ils se reprocher ?

De vaincre ?

Un vent se lève, vent chaud, vent malade d’orage et je souris.

Je suis l’héroïne de cette histoire, je n’ai pas besoin d’être sauvée.
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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptySam 25 Aoû 2018 - 16:10


"One day these steps will be my last"


On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.


Et ça s’enchaîne. Un, deux, trois, quatre exorcistes y passent déjà. Assis plus ou moins confortablement sur le capot de la voiture, je laisse mon regard bivouaquer, s’attendrir sur les formes du manoir ou de ce qu’il en reste. Fixe le ciel peu après. L’adrénaline considérablement redescendue me donne sommeil mais il serait mal avisé de relâcher son attention. Tant que l’on n’aura pas quitté cet endroit, les renforts seront toujours à prévoir. Les sorciers qui jouent semblent véritablement trouver un plaisir macabre à accorder la chance de filer aux exorcistes. J’ignore si c’est dû à mon âge ou mon éducation, mais ça ne m’amuse qu’à moitié. J’aime le travail correctement fini et si je suis un grand joueur dans l’âme, ce genre de choses a tendance à rapidement me lasser. C’est un peu une manière pour eux d’exprimer leur supériorité. De dire « j’ai gagné, alors maintenant tu meurs quand je l’ai décidé ». Y’a rien d’intéressant là-dedans, c’est juste pour combler le manque affectif et de reconnaissance souvent trop présents chez les recrues. Surtout chez les plus jeunes.

Bref, ça m’intéresse pas. Le groupe partit dans la forêt ne tarde pas à revenir mais je ne leur jette qu’un regard las, un peu peiné d’avoir à faire durer ce manège encore plus longtemps. Et le temps passe. Doucement pourtant, mais l’ennui me pousse à croire que les secondes sont des minutes, et les minutes des heures. C’est chiant. Diable que c’est chiant. J’ai même commencé à me mettre en tailleur comme un gosse de douze ans qui boude.
Pitié faites que ce truc cesse qu’on puisse tous gentiment rentrer chez nous. J’ai eu c’que j’voulais, j’vois pas pourquoi on joue les prolongations. Le chef aussi, il commence à perdre un peu patience et s’occupe comme il peut en rabattant les derniers exorcistes chopés dans la forêt.

Ouais, les derniers. On y arrive enfin. Y’a un gars qui passe. Qui fait pile en ayant dit face. C’est le chef lui-même qui lui met une balle dans la tête avant que l’autre ait pu lui proposer de courir. « Un maître du jeu qui respecte pas les règles, c’est un lâche » qu’il a dit. J’ai opiné de la tête.

Et là, y’a une blonde qui était dans l’ombre qu’on avance lentement jusqu’à l’emplacement dorénavant rouge de sang, chaud et battu par les premiers pas effrénés des gens avant elle. Comme pour les autres, je l’observe tranquillement.

Et mon cœur rate subitement un battement.

PARDON ?

Je reconnais ce visage. Oh, en fait j’aimerais ne pas le reconnaître. Avec ses cheveux blonds plaqués au visage, c’est pas si facile, mais j’ai une bonne mémoire visuelle et c’est quand même pas la première fois qu’elle passe devant mes yeux. J’ai même plutôt eu la chance de l’observer de très près. De très, très près. Y’a l’autre qui s’accroupit face à elle, prêt à sortir de nouveau son monologue pré-mâché. Attends.

-Alors petite dame, on s’est perdue ? Pile ou face ?

C’est vrai qu’elle a pas l’air comme ça super violente, mais quand elle va te mordre le doigt quand tu l’approcheras de trop, faudra pas venir pleurer dans la jupe de ta mère. Un requin ce machin, un requin. Je reste là, sans bouger, les yeux écarquillés, persuadé de n’avoir rien à faire, certain d’avoir à agir. Le paradoxe est tel qu’il me bloque totalement avec un air tout sauf détendu. Les empathes du coin vont le cramer rapidement et si je ne me calme pas, ça va finir par attirer le chef. Et j’ai un beau petit trophée à mon actif, ce serait con de perdre tout ça pour une blonde. Blonde exorciste. Blonde qui, une fois de plus, n’a rien à foutre dans ce bled. On est en Pologne, y’a 0% de chance qu’on se trouve au même endroit. Après tout, c’est peut-être un sosie ? C’est ça, un sosie. Et puis avec le regard qui va bien aussi.

Putain, y’a aucune chance que ce soit pas Rhyan.
Et ça, ça m’arrange pas du tout. Du tout.

J’songe au fait qu’elle m’ait sauvé la vie une fois, qu’elle m’ait sorti d’un endroit où je m’étais volontairement fourré pour elle aussi. J’songe au fait que c’est une exorciste et que j’ai strictement rien à lui devoir, que sauver un sorcier noir, c’est elle que ça concerne et que j’ai rien à lui rendre. J’songe au fait que j’tiens jamais ma parole mais que les gens continuent de me sauver la mise dans l’espoir qu’un jour je sauve la leur.

J’pense que dans moins de trente secondes, elle va crever si je fais rien.

Y’a tout le monde d’entassé. Une bonne dizaine de sorciers noirs, certains que je connais plus que d’autres, le chef surtout, le trio, quelques têtes de plus, et un dernier exorciste avec Rhyan. J’pense à ma gueule avant tout qui me somme de rester assis et de pas l’ouvrir sans raison. Puis j’pense que si je prends la place du gars à ce jeu pourri, je pourrais la rater et après partir plus tôt pour la récupérer avant qu’elle ne se fasse intercepter par les plus relous d’entre nous. Mais j’pense aussi que si la gamine se trompe, le chef va lui faire un joli trou dans la tête. J’suis prêt à risquer le destin ? J’devrais.
J’y arrive pas.

Alors j’me lève. Y’en a deux à mes côtés qui se tournent vers moi un peu surpris, sans s’attacher davantage à mes agissements. Enfin, seulement jusqu’à ce que je n’arrive à hauteur du sorcier noir. Je sais à cet instant que tous les regards sont posés sur moi mais j’m’en tape. Je suis un Soul. J’ai pas à faire mes preuves, pas à me sentir coupable de quoi que ce soit. Même le chef il m’arrêtera pas si j’l’ouvre.

Alors je m’approche de mon adversaire, que je devrais considérer comme un collègue. Il est un peu plus grand que moi mais ça ne me dérange pas. Il se lève à son tour et me regarde sans comprendre. J’empoigne alors le bras de Rhyan et la pousse en avant pour me placer entre elle et lui. J’crois que y’en a au moins un qui est énervé. Pauvre petit piou piou blessé dans sa quête de reconnaissance.

-Tu fous quoi ?!

Je suis déjà furieux contre moi-même, alors franchement faut pas trop trop trop me chercher. Je me saisis immédiatement de mon flingue que je pointe dans sa direction. Immédiatement imité par le gars. Je réponds pas, parce que si je réponds, je vais tirer, et faut vraiment pas que j’empire les choses. Heureusement, papa chef a déjà vu pire dans sa vie et il accoure pour calmer les deux. Enfin, il essaye. Il a pas commencé sa phrase que j’assène un :

-J’ai bien fait mon travail hein ? Alors j’la veux, elle. Maintenant. Et j’veux pas qu’on s’en occupe, j’veux pas qu’on me suive, j’veux qu’on l… me foute la paix.

Ma langue a fourché et je me maudis intérieurement de me sentir redevable comme ça. Pour rien. Mais une vie pour une vie, ma dette est payée comme dirait Chang. Et si vous trouvez que j’ai trop de références Disney, je vous prie de bien vouloir vous faire entuber, pour rester poli.
Le chef reste un instant en suspens, un peu surpris par ma demande. Faut dire que je suis pas du tout du genre à réclamer un dû et encore moins un dû en chair. Tout ce que j’attends, c’est de la monnaie. En général. Tout le temps même en fait. Du coup, il pige pas, il reste là, un peu excentré, pas sûr de savoir qui engueuler, pas sûr de savoir qui tuer. Il voit le temps passer et je sais que plus il réfléchit, moins les chances de Rhyan d’en sortir vivante sont grandes.

Alors j’agis comme un Soul. Comme mon frère quand il craque et qu’il s’en balance de la hiérarchie. De mon autre main, je saisis ma dague et la fout sous la gorge du chef. Il ne cille même pas, me regarde d’un air méprisant, regard que je soutiens. J’ai pas besoin de ton approbation. La mission est finie. On rentre chez nous, point.

-C’était pas une proposition.

C’est ultra silencieux. Il n’y a que le crépitement des flammes. Je cherche pas à mettre en jeu le statut de chef, j’en ai rien à foutre. Et il doit très bien le savoir, le vieux. J’veux juste qu’on me laisse tranquille. Ça remontera peut-être aux oreilles du vrai papa mais j’en ai rien à faire dans l'immédiat. Je lui sauve la vie, ça s’arrête là.
Le vieux abaisse alors l’arme simultanément sous sa gorge et sur ma poitrine.

-C’est bon, laisse-le partir.

Le sorcier, plutôt penaud, trouve pas les mots pour répondre. Je range mes clic et mes clac et reprend Rhyan par le bras en la forçant à se lever. A hauteur de son visage, je lui murmure un :

-Tu ouvres la bouche, je te tue.

Faut juste qu’on s’éloigne et je veux vraiment pas qu’on m’emmerde là. Y’en a qui ricanent derrière, persuadés de l’unique raison pour laquelle je l’ai sauvé. Ils savent pas qu’elle m’a sauvé la vie la première, et je garderai ce secret jusque dans ma tombe. Je la tire assez brutalement pour nous éloigner rapidement du groupe et dévie pour rejoindre la voiture. On a un peu de marche à pied encore pour l’atteindre mais au moins y’a plus de regard indiscret. Je coupe ses liens et efface les runes de blocage de magie. J’ai les traits encore serrés et c’est le bordel dans ma tête. Je la fixe, comme ça.

-Je suppose qu’on peut dire que les compteurs de sauvetage de vie sont remis à zéro.

J’ai failli lui proposer de la raccompagner en jeep un peu plus loin mais je me rends compte que là, ça part vraiment trop loin pour un simple service rendu. Elle veut pas non plus que je la masse dans un bassin à bulles pendant qu’elle y est. Et elle, toujours avec son regard fatigué et pourtant aussi acéré.
Faites qu’elle prenne les jambes à son cou et ne réapparaisse plus jamais.

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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptySam 25 Aoû 2018 - 19:38


Is it something that we have to find ?
Out of nothing on a fragile ground



Les gens meurent, et ils choisissent presque tous de courir. Je vois bien l’intérêt de se penser encore libre pour quelques secondes, se laisser flamber par l’espoir. Je vois et je comprends. Ne pas voir la balle. Là est la lacune d’Orpheo, nous n’avons pas appris à affronter une réelle souffrance, une réelle peur, la mort.

Je me réjouis d’avoir appris seule. Enfin. Que d’autres aient choisis de m’inculquer ça sans me demander mon avis. Mais quand même.

Quand celui face à moi s’avance et ouvre la bouche, je n’ai pas peur de répondre, je n’ai pas peur de réagir. Il me demandera à moi aussi de choisir mon côté et j’espère avoir l’air assez fatiguée pour lui briser le doigt. Ce n’est pas l’espoir qui me sauvera, c’est un dernier instant d’adrénaline. Nous sommes des vaches qui attendons de se faire abattre. Si ces dernières essayaient sans relâche de fendre un crâne, peut être qu’on se foutrait un peu moins de leur gueule.

- Alors petite dame, on s’est perdue ? Pile ou face ?

Je laisse mes lèvres esquisser une moue cruelle. Il faut que je réussisse à m’approcher assez, à lever la main innocemment et à briser ses doigts en crachant ma réponse. Peut être que je serai abattue avant.
Je me lèche la lippe pour récupérer un affreux goût de fer fané.

Il est trop loin.

Tant pis, je demanderai à lancer la pièce moi ?

Je n’ai pas de plan.

Tic, tac, tic, tac.

Quelqu’un émet un bruit de vêtements mouillés qui se frottent et un froid tombe sur l’assemblée. J’entends ses pas avant de le voir.
Oh.
Je n’ai absolument pas l’énergie de réagir et je regarde d’un air borne s’approche du sorcier noir. Tout le monde se regarde subitement en chien de faïence. Super ambiance chez les méchants, ils n’ont pas du tout l’air prêts à se sauter à la gorge.

Il m’attrape le bras avec une force qui me fait froncer le nez. J’ai mal de partout, mes os ne sont plus que des bâtons usés et j’ai l’impression qu’il y a plus de sang au sol qu’en moi. Plus de cadavres que ce que je n’en verrai jamais. Les morts-vivants portent la lassitude du monde sur leurs épaules.

-Tu fous quoi ?!

Je ravale une goulée d’air. Je suis pas loin de l’inconscience et malgré mes yeux plissés pour rester là, je sens ma tête dodeliner.

-J’ai bien fait mon travail hein ? Alors j’la veux, elle. Maintenant. Et j’veux pas qu’on s’en occupe

Pendant une demi-seconde j’me dis que, oh, c’est vraiment un gros immonde Soul, qu’il va me violer dans un coin. J’pensais pas qu’un mec qui se souciait de ses sous se souciait aussi de la cher.

- ..j’veux pas qu’on me suive, j’veux qu’on me foute la paix.

Je garde les yeux rivés sur l’autre sorcier mais je me laisse quelques secondes pour les fermer, sans rien dire. De toute façon, même s’il ne m’a pas reconnue, je suis pas en état de dire non.
Autant il m’a reconnue et va, se venger ?
Mais de quoi ?
Et si il avait appris que j’étais une humaine et qu’il venait se laver les lèvres en tranchant les miennes ?

J’ai envie de vomir.
Je m’essuie le front, me touche les yeux, ma bouche est engourdie.

Il sort une dague. J’me dis que ça va partir en grosse baston - ou pas. Soit, il s’affirme par ego et par nécessité, soit il finit par ses dire que ma tête et sa fierté ne valent pas le coup. M’enfin.
Je ne suis que spectatrice de ma vie. J’aimerais avoir de la peine pour l’exorciste qui se prendra une balle dans la tête dès l’échange terminé, mais tout le monde est mort ce soir. Moi avec.

-C’était pas une proposition.

Sa phrase a claqué dans le silence absolu. Son visage est à moitié mangé par les ombres que les flammes projettes. Ses iris claires semblent noires et sang. Noir et mort.

-C’est bon, laisse-le partir.

Il me rattrape comme sa chose et déchire la plaie. Je ne dis rien, la douleur me semble lointaine et dissociée de moi. Suis-je celle à l’agonie ? La petite Rhyan rencoignée à l’intérieur d’elle même à lâché les rênes de son corps. C’est l’Soul qui les a reprises, hein ?

-Tu ouvres la bouche, je te tue.

Il a détaché les syllabes avec sa diction habituelle et l’espace de quelques secondes je suis à nouveau à la bibliothèque alors qu’il me fait tourner. J’entends le parquet faire un léger chuintement, de ses ses doigts sur ma peau, ma paume sur sa hanche, ses lèvres sur les miennes. J’ai envie de me laisser glisser; je ne sentirai pas mon corps chuter sur les cailloux.

Je le sais.

Il me traine plus que ce que je marche mais je reprends un peu mes esprits alors qu’on s’éloigne du carnage. L’odeur se fait moins prenante mais pas la pluie. Elle me fait me sentir chez moi. Tout à l’air si confortable et moins pénible que ce que la vie est maintenant. Parce que je n’en peux plus. Vous savez à qui je me fais penser ?

L’idée me donne subitement un coup de fouet, et je me redresse alors qu’il enlève mes liens et les runes.

A mon géniteur. Qui a abandonné la société blablabla, je suis las de tout ça, je suis fatiguée, blabla, pauvre moi.

Pauvre moi ?

-Je suppose qu’on peut dire que les compteurs de sauvetage de vie sont remis à zéro.

Un sourire débile file sur mon visage mais je le rattrape bien vite. Je prends le luxe de l’ignorer quelque seconde pour enfoncer les doigts de ma main droite dans la plaie, à gauche de mon dos. Ils ressortent sanglants et j’me dis que je suis quand même bien engourdie pour ne plus sentir moi qui touche moi.

Je le sentais bien m’arracher le bras pourtant.

Mon estomac hésite entre se révulser pour me faire vomir sur rien et juste, juste se casser.
J’ai froid, faim, chaud, très très chaud putain, est-ce que la pluie sort d’une casserole bouillante ?

Je frissonne. Épaules nues sous l'eau qui flic flac sur ma peau.

-C’est vrai que là, merci beaucoup Soul, t’as fait toute la diff.

J’ai envie de lui patpater le bras, mais l’idée de lever les mains me semble extrêmement lointaine, comme si j’avais oublié comment faire.

- J’vais pouvoir rentrer chez moi. Comme Peter Pan.

Je débloque. Et je m’entends débloquer, ce qui est le pire. De loin, Rhyan me fait pitié, elle me fait bien de la peine et elle semble encore plus petite et frêle que d’habitude, mais elle à toujours l’air autant en colère.

Parce qu’en colère, je le suis toujours.

- Putain, tu m’as gâché mes dernières minutes, j’allais lui briser les doigts à cette sale chienne de « pile ou face ».

Je secoue la tête. Farouche mais quand même bien pas fraîche fraîche. Comme quand on a trop bu, et qu'en fait on perd du sang.

- Alors que là j’vais mourir anonymement sur la chaussée. Je serai connue pour celle qui a réussir à fuir sur au moins, eh, cent mètres. La gazelle ont m’appelait au lycée.

L’ironie me coûte beaucoup trop cher, aussi je me tais quelques secondes. Il a dit que si je parlais, il allait me tuer.
Et j’suis toujours pas morte, ahah.
Je pourrais en profiter pour enfoncer ma lame dans sa gorge. Mais c’est trop tard. C’est trop tard pour tout.

-J’sais même pas t..

Dying, dying, dead. Tu sais pas quoi Rhyan ? j’ai vaguement conscience que chercher appui sur son bras mais j’ai l’impression de lutter contre un corps qui pèse des tonnes de gum. Et puis au pire c’est pas grave de tomber, si ?

Si un peu.

Je hausse les épaules.

-Merci.

J'sais plus trop ce que je dis. J'ai envie de m'asseoir. Et d'un bouclier pour me cacher en dessous. Les pièces vides résonnent un peu dans ma tête, murmurant les peurs qui me tenaient réveillée petite, ceux qui font le moins de bruit sont ceux qui hurlent le plus, non ?

Lui, il me parle pas trop, maintenant.

Fataliste, Rhyan.

Je prends une bouffée d’air en plantant mes pieds dans le sol, revêche. Mes dents sont serrées à m’en faire exploser la mâchoire. Je ne suis plus très sûre de ce que j’ai vois.
Plus très sûre de voir, d’ailleurs.

Mais ça n’aurait pas de sens de perdre la vue, si ?
Alors c'est comme ça qu'on s'est trouvés, avec ce gars ? Je le sauve alors il me sauve. Peut être qu'on aurait eu besoin d'un nouvel instant à la bibliothèque, de quelques heures hors du temps et des principes. Se sent-il mieux face au miroir de m'avoir épargné une balle dans la tête ?
On aurait dû déterrer quelque chose du sol pour se tenir chaud.

Parce que j'ai froid.

Il a froid, aussi ?

Ses yeux rappellent les mers d'hiver au petit matin. Mais je me souviens de sa paume et de ma peau, de ma paume sur la sienne, chaude comme les corps qui dorment dans les nuits d'hiver.

Et puis, au pire, c’est pas grave de s’allonger un moment, si ?

Si, sûrement..

Non, peut être pas.

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Dernière édition par Rhyan L. James le Sam 25 Aoû 2018 - 21:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptySam 25 Aoû 2018 - 21:18


"One day these steps will be my last"


On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.


Plus je la regarde, et plus je me dis que c’était une mauvaise idée, que là, sous les arbres se secouant des dernières gouttelettes de pluie, y’en a forcément un, de sorcier noir, qui va finir par me suivre. Qui va vouloir sa part du butin, comme un charognard après le passage du carnivore. Il me fixera avec les lèvres pincées et le sourire du coup mec qui s’apprête à violer. Il me demander par son regard à me laisser la demoiselle à son tour et après avoir commis son méfait, il la butera. Ça se passera comme ça. Peut-être que si je la tuais, au moins ça lui éviterait ce genre de dernière humiliation. J’ai retardé sa mort, je ne l’ai pas arrêté. Et c’est pas ça que je devrais faire, enfin je crois. Enfin non, je crois pas. Elle peut bien se démerder là, non ?

Non.
Elle tient à peine sur ses jambes. Elle a des plaies ouvertes et clairement si elle ouvre sa bouche, c’est juste pour rester éveiller. Est-ce qu’elle sait qu’elle va mourir ? Est-ce qu’elle sent que malgré mon intervention, elle va juste y laisser sa peau ? Probablement se faire baiser par des mecs non loin, proches de la nécrophilie. Parce que oui, contrairement aux apparences, contrairement à ce qu’Orpheo pense des sorciers noirs, on est pas tous des gros tarés à ce niveau-là. On peut bien nous influencer sur nos choix, trouver que c’est normal, au final, c’est en rencontrant des partenaires qu’on se fait un avis sur la question. Et moi, ma première vraie copine, ça a été Ella. Je fais une micro-parenthèse sur cette nana histoire de placer l’intrigue, ne serait-ce que pour me rassurer, pour me dire que je fais les bons choix et que j’ai vraiment, vraiment pas envie de la laisser là. Bref, donc Ella, c’était une jolie brune, sorcière noire de noble lignée, de quatre ans mon aînée et accessoirement la première à m’avoir fait découvrir ce nouveau territoire, probablement le dernier qu’il me restait à explorer. C’était une grosse, grosse salope dans la vie de tous les jours. Aucun respect, plus fière que les étalons du coin, la langue bien pendue, super sanguinaire et j’en passe. Mais alors derrière, c’était une femme douce, attentionnée, très empathique en général, amoureuse. Et je l’étais aussi. J’ai basé toute ma sexualité sur ce qu’elle m’avait enseigné et, sans paraître gêné le moins du monde, j’ai jamais été celui qui violait les femmes. Je couchais, ça oui, quand il fallait des renseignements ou autre, mais ça s’est toujours bien passé, même si j’y mettais pas vraiment les sentiments. Surtout si fallait les égorger le lendemain pour ne pas laisser de preuves.

Mais voilà, Ella est morte en mission et après, les nanas, j’avoue que je me suis arrangé pour les éviter comme la peste. M’en méfier jusqu’aux os. Voilà, tout ça pour dire que violer les femmes, je sais pas faire. Je sais juste ouvrir ma gueule et menacer, torturer, tuer. Croire moi-même que j’en suis capable. Mais au final j’y arrive pas. J’ai même pas envie d’essayer, à vrai dire.

-C’est vrai que là, merci beaucoup Soul, t’as fait toute la diff.

Mais tuer, ça oui je sais faire et putain, qu’est-ce qu’elle me gonfle d’un coup. Ouvrir la bouche pour me blablater à la figure comme ça, je m’en vais les lui coudre, ses lèvres, ça me fera des vacances. Sérieux, t’es en train de crever et tu parles. Et voilà, et Soul il est pas gentil, et il m’a sauvé mais qu’est-ce qu’j’en ai à branler tiens, j’vais crever de toute façon. Merci, je me sens encore plus légitime de t’avoir sauvé les miches de mes collègues tiens. M’est avis qu’à poursuivre, je vais t’y ramener.

- J’vais pouvoir rentrer chez moi. Comme Peter Pan.

Voilà, tout à fait, comme Peter Pan, achète-toi un don second tiens. Des fois c’est comme ça qu’ils apparaissent, quand t’es sur le point de clamser mais que tu refuses. Est-ce que t’as vraiment envie de mourir comme ça ? Me dis pas oui. J’ai même pas envie d’entendre la réponse. Pas envie de savoir si je pourrais regretter, remettre mes choix en question. Craindre des choses pour lesquelles je ne devrais même pas me préoccuper.

Et elle continue. Poursuit, animée d’une rage que je devrais comprendre mais que je ne cherche même pas à survoler.

- Putain, tu m’as gâché mes dernières minutes, j’allais lui briser les doigts à cette sale chienne de « pile ou face ».
-Mais j’t’en prie, j’te ramène illico presto si tu veux !

J’hallucine. Ses dernières minutes ? Lui casser les doigts ? – je le savais que c’était un requin – et puis quoi encore. Elle aurait même pas pu l’approcher, même pas pu lui mettre un coup. Elle serait morte et c’en serait terminé là tout de suite. On ne serait pas en train de parler et je ne me serais pas arrêté sur ce chemin complètement gadoueux. Je serais rentré chez moi, j’aurais vu Olive et on aurait ri ensemble. Puis je serais parti me coucher. J’aurais peut-être rêvé du crâne du directeur et ça m’aurait fait marrer au réveil. Puis j’aurais eu ma prime, on se serait barrés d’Allemagne et jamais, jamais son visage, ses yeux ses jolies cheveux ne me seraient revenus en mémoire.

J’peux pas la blairer.
Mais si elle disparaît là maintenant, je sais que je ne pourrais pas l’oublier.
Et ça me tue, sincèrement ça me tue.

- Alors que là j’vais mourir anonymement sur la chaussée. Je serai connue pour celle qui a réussir à fuir sur au moins, eh, cent mètres. La gazelle ont m’appelait au lycée.

Parce que franchement, j’ai qu’une envie, c’est de la tuer. Mais alors doucement, veine par veine, On pourrait même tester des nouvelles méthodes de torture histoire de voir à quel moment elle la ferme. En plus j’arrive même plus à comprendre ce qu’elle raconte. Je m’étonne qu’elle songe encore à tenir cent mètres. Vu son état, vu son regard, dix mètres ce sera déjà bien. Et ça ne m’arrange pas du tout du tout.

-J’sais même pas t..

J’aurais bien voulu répliquer, mais la demoiselle me tombe dessus et j’ai exactement deux réflexes. Celui de m’éloigner et celui de la retenir. Deux réflexes qui se produisent au même instant. Elle est en train d’y passer. Sincèrement en train d’y passer. Et j’ai la sensation que ça ne va pas s’arranger. Elle finit pas sa phrase. Faut qu’elle finisse sa phrase. Je suis pas téléporteur, je connais pas les environs mais il y a un IBMM à Cracovie. Mais c’est à plusieurs kilomètres. On en a pour au moins une heure. Et hors de question de la déposer dans un hôpital lambda, ce serait prendre le risque d’exposer la magie aux humains.
Tout à fait hors de question.
Mais alors quoi.

-Merci.
-J’ai pas besoin d’un merci, j’ai besoin que tu restes en vie.

Je grogne ces paroles entre mes dents, exaspéré. Je suis pas guérisseur non plus. Elle est en train de se vider de son sang. Et lorsque son poids devient subitement bien plus lourd, je me rapproche brusquement pour la réceptionner. Qu’est-ce que je fais. Mais putain, qu’est-ce que je suis en train de faire. Est-ce que j’ai bien conscience d’être en train de sauver la peau d’une exorciste ? Si on me voit, je suis mort. Terminé. On va me demander des explications, on va croire que je suis devenu un espion, on va me balancer en quarantaine ou que sais-je.

Je la dépose à terre. Me lève. J’en ai rien à faire. Rien à faire. Elle est morte de toute façon. Morte. J’ai payé ma dette. C’est comme ça, on peut pas sauver tout le monde, et y’a aucune raison de sauver une exorciste. Voilà. Rentrons chez nous.
Je tourne les talons. Fais un pas, puis deux. Trois. Avance sur quelques mètres. Me stoppe, entend de brusques exclamations vers le manoir. Des cris de joie. Ça doit être terminé. Ils vont tous rentrer maintenant. Ils vont prendre ce chemin, tomber sur elle étendue à terre. Peut-être qu’elle respirera encore mais je m’en fiche. Je m’en contrefiche. C’est plus mes affaires. Alors je reprends la marche.

Sur quelques mètres de nouveau, avant de faire brusquement demi-tour, grincer des dents et serrer mes poings à en faire pâlir mes phalanges.

-Merde.

C’est absolument illogique, mais je suis de retour. Ne réfléchis plus. Ça sert à rien de réfléchir, seulement à me faire perdre du temps, comme dirait Olive. Alors, je ne réfléchis pas. D’une efficacité qui m’est propre et chère, je saisis sa main toute molle puis son bras pour la faire pivoter sur le ventre sans risquer d’aggraver sa situation. J’aurais jamais pensé pouvoir faire du premier secours sur un exorciste inconscient. Je ne fais déjà pas ça souvent, mais alors sur un exorciste. Exorciste. Pas réfléchir j’ai dit. Je constate les dégâts. Eraflée au cou, ça c’est pas grave, ça peut attendre, ça saigne pas et sa respiration saccadée n’est pas causée par ça. Respiration trop saccadée pour une demoiselle plongée dans les limbes. Doit y avoir autre chose. En effet, son dos fait peine à voir. Elle a dû se prendre un coup de couteau. Long couteau, ça pisse toujours le sang. Les bordure de la peau sont un peu brûlée. On ferme une plaie comme on peut. Les lèvres sont tellement ouvertes que son dos est complètement déformé. C’est vraiment pas bon signe. J’inspire et retire ma ceinture, trace une rune de compression sur l’une des extrémités. Cette partie tombe lourdement sur le sol, soumise à sa nouvelle gravité. Je la pose sur le côté et détruit une partie de mon vêtement pour improviser une compresse, elle aussi rapidement améliorée d’une rune de guérison. Enfin, je trace une dernière rune à même sa peau pour stopper son hémorragie, ou tout du moins la ralentir. Faire fonctionner trois runes en même temps, même mineurs, c’est un puits à énergie. Je les ai chargées au minimum mais bon. Une fois la rune achevée sur son corps, je passe le linge sur son omoplate et la maintient avec la ceinture, sur l’emplacement du point de compression. Normalement, on est censé maintenir la compression sans discontinuer jusqu’à l’arrivée des secours mais hey, il s’trouve que mes secours sont pas tout à fait les siens et qu’on est censé voir se tabasser plutôt que de se sauver la vie.

Je la fais de nouveau pivoter et la récupère délicatement sur mon dos. Désolé, porter les femmes comme des princesses, c’est que dans les films que ça marche. Porter dans le dos c’est quand même bien mieux niveau répartition du poids. J’aurais bien fait quelque chose pour le sien d’ailleurs, mais ajouter une rune n’aurait pas grandement amélioré les choses.

Je me presse alors, marche, marche encore et encore sans discontinuer. Je suis crevé. Les runes me bouffent de l’intérieur et son poids de l’extérieur. Pourquoi je me suis garé aussi loin, sérieux. Mais finalement, j’y arrive. Et j’y arrive avant les autres. J’espère qu’ils sont rentrés chez eux. J’ouvre la portière arrière et la dépose sur la banquette. Referme, ouvre la portière avant et me pose. Démarre immédiatement pour faire un petit kilomètre puis me pose sur le côté. J’ai pas tout à fait envie qu’elle meure avant qu’on arrive alors le but ça va être de la maintenir consciente et de savoir exactement où ça va pas.

-Hey. HEY ! J’te parle. On file à l’IBMM le plus proche. Alors tu vas faire un effort et pas décéder dans ma voiture.

Ma voiture… Enfin tout est relatif. Je passe la main pour lui picheneter au visage jusqu’à ce qu’elle se décide à ouvrir ou tout du moins me râler au visage. Et je redémarre.

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Rhyan L. James
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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptySam 25 Aoû 2018 - 22:02


Ha! Ha! Ha!
Bless your soul



You killed me twice

J’ai une chanson dans la tête. Je ne sais pas si elle est exacte, peut être qu’elle est mélangée avec une autre. Ou deux autres. Je n’écoute pas beaucoup de musique, je préfère les bruits de la rue, les mots et puis
ce, dos, à qui appartient-il pour être aussi douloureux ?

i don’t wanna be here anymore
i don’t wanna be here anymore
i know there’s nothing left worst staying for


les pas et l'eau

i don’t think i can pack this anymore
Oh non, ça ne faisait pas vraiment comme ça.
Il y a le sol sous moi je le sais mais Soul m’a libérée de mes runes, je devrais essayer de m’enfoncer dans le sol, traverser la terre jusqu’au centre pour brûler. Nous brûlons si bien, nous brûlons si beau. Mais je me trompe dans le refrain.

Forgive me here,
I cannot stay


Noyade ?

He cut out my tongue,
There is nothing to say


Oui, celle là. C’est celle là, je la reconnais.
J’entends des bruits de pas.

Left me alone, when I needed the light
Fell to my knees, and I wept for my life


C’est plutôt bien adapté à la situation, j’entends les bruits de pas qui s’éloignent et je ne sais plus comment je me suis appelée. Est-ce qu’on a souvent utilisé ce prénom ? J’aurais dû en changer, quoi qu’il en soit. Il me ramenait trop à

trop à

peut être trop au chat.

-J’ai pas besoin d’un merci, j’ai besoin que tu restes en vie.

Her skin is white, and I'm light as the sun,
So holy light shines, on the things, you have done


Si il en a besoin, pourquoi n’est-il pas là ?
J’entends des bruits de pas.
J’ai du mal à respirer, j’ai envie de tousser sans respirer.
Il me soulève.

Je le sais.
Mais qui le fait?

Love me? Oh lord, he threw me away,
He laughed at my sins, in his arms I must stay


Je monologue pour qu’un peu de moi reste là. La guitare est là aussi alors ça va un peu mieux. Je sens la rune de Simje pulser sur moi. J’ai toujours trouvé ça ridicule. Si tu t’écorches le visage avant de sauter sur une mine, ton corps va quand même envoyer lymphe et je ne sais quoi pour tout sauver.

Tout sauver.

L’océan.
J’dois être en train de me noyer.

We write
That's alright
I miss his smell


We speak,
When spoken to
That suits us well
That suits us well
That suits me well


Je sens ses mains sur moi et l’angoisse m’enveloppe tout entière. La peur me bouffe et me ronge de l’intérieur, ses griffes dans mon ventre qui labourent. Crissements de se laisser approcher, ne pas se laisser toucher, c’est la règle, personne ne te touche, si vulnérable et tellement offerte, c’est de ta faute.
Il ne devrait pas te toucher, pourquoi est-ce que tu le laisses faire ?
J’entends des pas et la douleur me blanchit les pensées.
J’aimerais repousser ses mains et les brûler pour qu’elles oublient, me gratter la peau comme j’avais l’habitude de le faire après les rapports. Frotter, frotter, frotter. Tu veux du sexe mais tu ne supportes pas les après alors que frottes aussi fort que tu peux à t’en faire rougir la peau. Comme dans Gattacca. C’est une habitude que tu as gardée. Ou perdue ?
Tu devrais chercher sous le lit, peut être qu’elle est.. là ?
Comme la pièce.

La pièce ?!

Les doigts sur ta peau comme des brûlures.

La pièce, où est la pièce ?

Je suis dans l’eau non ?
Je me noie.

Referme les doigts et sent là, n’est-elle pas là ?

Je suis seule et je reprends mon souffle, allongée. Il est là, je reconnais son odeur. Les inflexions et les teneurs, comme une leçon apprise par coeur. J’évite de me recroqueviller, je sais que mon dos a été touché et qu’il a du essayer.

Ça me terrorise.

Il a essayé de me sauver. Il a vraiment essayer en son âme et conscience, il a fait de son mieux et maintenant on roule. Le sang ne coule plus et le noir qui m’envahit reflue un petit peu, c’est différent, j’entends le ronron de la voiture. Je respire un grand coup et passe la langue sur mes lèvres. Mes paupières semblent scellées.

J’aimerais ne plus jamais bouger.

-Hey. HEY ! J’te parle. On file à l’IBMM le plus proche. Alors tu vas faire un effort et pas décéder dans ma voiture.

Et là.
Je jure il va mourir pour cette action. Il me pichenette au calme le visage par petits à-coups qui pincent. Chaque impact est ressenti comme un coup de marteau dans les os. J’essaie de m’appuyer en me redressant mais un éclair me vrille le dos.
Ok.

- Ouais, ouais.

Je souffle et déglutis.
Ouais.
Bon.
Bon.
OH !
Ouais.
J’ai l’impression de m’étouffer complètement. Je suis finalement prise d’un spasme qui me plie en deux malgré moi alors que je tousse, attrapant mon t-shirt pour le plaquer sur ma bouche. Sang dans les poumons.
Maman disait que ceux qui crachaient du sang mourraient de la tuberculose.
Quel rapport ?
L’océan a reflué. Les runes brûlent un peu mais je sais qu’elles me maintiennent en vie. Mon corps se démène pour vivre. J’apprécie l’effort. Les IBMM sont quand même hyper loin.

.. les IBMM ?

- C’est gentil. (je suis certaine de passer pour une meuf dont le cerveau a grillé. Quelqu’un a déjà associé gentil, et sa personne ?)

J’ai des milliards de chose à ajouter mais je ne trouve pas trop les mots. Ils glissent sur la pente et je suis trop lente pour les rattraper complètement, encore bien trop pataude pour les dire. Il ne devrait pas me laisser aussi loin, il peut y laisser sa peau surtout après l’attaque, ils soignent sans distinction mais avec les conservateurs on sait jamais.

On sait jamais.

Je tousse. J’ai extrêmement envie de le toucher sans aucune raison valable mais mes yeux s’ouvrent et se ferment aléatoirement. Sensation désagréable d’essayer de se réveiller mais de n’y arriver qu’à moitié, sombrant encore et encore dans un puit glacial.
J’ai froid sa mère.

- Je vais pas mourir.

Je préfère m’entendre à haute voix, au cas où ça rendrait la chose plus réelle.

- Hé, Cyan ? j’te revaudrai ça.

Ma voix ne ressemble pas vraiment à ma voix. Eraillée. Puis la diction est abîmée, un peu lente et hasardeuse. J'espère que c'est Olive, limite, parce que ça serait drôle. Il me pardonnerait parce que je serai dans les vappes.
Mais peut être que j'ai raison.
J'entends encore des pas.
Peut être que j'ai raison parce que la mort m'a ouvert un troisième oeil ?

- Mais faudrait arrêter de tuer nos directeurs quand même.

Et me laisser dormir.
Et me faire taire, aussi. Il pourrait le faire ça.

Ne change pas d’avis s’il te plaît. Toi-dont-j'ai-tenté-le-nom.

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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptySam 25 Aoû 2018 - 23:04


"One day these steps will be my last"


On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.


C’est pourtant pas bien compliqué de rester en vie, non. Respirer c’est naturel, un réflexe que même cent pieds sous terre ou dans la mer, on cherchera à expérimenter avec l’unique espoir d’y arriver. Dans l’eau, on s’y laisserait mourir, noyé, submergé par la peur. Mais ici, ce n’est pas le cas. Elle est allongée sur la banquette arrière, sécurisée. Elle ne pourra pas beaucoup bouger et ses chances de tomber sont faibles, aussi proche du sol qu’elle se trouve déjà.

Mais je peux pas la voir aussi pâle que ça. Je suis incapable de savoir si elle vit encore, et si je conduis, je me dois de rester le regard rivé sur la route, pas sur les mouvements de sa poitrine. Il n’y a qu’en lui parlant que je suis certain, absolument certain de la savoir vivante.

Alors pichenette. Paf. Paf. Paf.

- Ouais, ouais.

Je me surprends à laisser échapper un soupir de soulagement et ne tarde pas à récupérer mon rôle. Le rôle de vivant, le rôle de celui qui sauve la personne à terre. Celui qui ne se serait jamais senti capable d’une chose pareille. Elle râle, mais c’est une bonne chose. Tant qu’elle râle, c’est qu’elle réfléchit. Tant qu’elle réfléchit, c’est qu’elle vit. Je redémarre, rapidement. Le cadran affiche un bon dépassement de la limitation de vitesse mais j’en ai rien à carrer, j’ignore même les limitations ici. On ne s’amuse pas à suivre le code la route lorsque quelqu’un décède à l’arrière. Question de priorités.

Du coup, je m’arrange pour ne pas lâcher mon regard de la circulation, de la route, des éventuels panneaux et du danger environnant. Les runes m’épuisent énormément mais je reste bien assis, confortablement assis. L’objectif, c’est de finir tous les deux en vie, pas de nous faire terminer dans un ravin parce que j’ai été trop con pour me penser intouchable et avoir pensé prendre un raccourci. Jamais trop prudent.

Elle parle plus. Mais je ne me retourne pas. Je peux pas. Prêt à relancer la discussion ? Elle me précède.

- C’est gentil.

Ben voyons. Maintenant je suis gentil. Ça m’insultait y’a pas un quart d’heure et maintenant ça me remercie. Je sais même pas comment prendre un « c’est gentil » de la part d’une exorciste. C’est comme un casse-tête chinois qui va jusqu’à vous retourner l’estomac après s’être emparé de la tête. Penser, maintenant j’ai tout le temps. Maintenant qu’elle se trouve à l’arrière, que, plongé dans le feu de l’action, je me sois délibérément porté caution d’un poids n’ayant rien à faire ici.

C’est gentil. Gentil de pas mourir.
J’espère bien. Je peux rien faire de plus. Rien pour t’aider à te sentir un peu mieux, rien, rien. Rien.

Elle se met à tousser brutalement et je ferme un instant les yeux sur tout. Grince des dents. Je me suis embarqué dans une histoire qui me dépasse. J’ai le sentiment d’avoir à le regretter plus tard, qu’il aurait mieux fallu la laisser par terre et lui offrir le fameux sommeil éternel. Que ç’aurait été mieux pour moi. Mieux pour elle. Mieux pour nous.

- Je vais pas mourir.

J’espère que ce n’est pas juste pour se donner du courage qu’elle s’exprime comme ça à l’oral. Si ça peut l’aider à se sentir mieux néanmoins, je suis prêt à laisser passer ça. Laisser passer tout ce qu’il faut jusqu’à ce qu’elle soit en sécurité. Et après, je m’en irai. Et après je jure qu’on se verra plus. Parce que c’est ce qu’il faut et qu’il me faudra du temps avant d’oublier ce moment de ma vie.

- Hé, Cyan ? j’te revaudrai ça.

J’ouvre grands les yeux, surpris, une curieuse sensation dans le corps. Chaude et douce, comme la caresse d’un voile soufflé par un vent chaud. On m’appelle pas Cyan. On m’appelle Soul, mes collègues m’appellent Soul, mes ennemis m’appellent Soul. C’est à l’instant où elle prononce mon prénom que je me rends compte à quel point il sonne différemment des lèvres d’une autre personne que mes frères et ma sœur.
Je chasse brutalement cette émotion, comme une claque donné au plus âgé des enfants, souffrant de sa vieillesse pour les bêtises des plus jeunes. T’as pas le droit. Pas le droit de ressentir ça. Je me tends comme un « i » et accélère encore un peu plus. Un peu trop. J’ai pas les mots. Il file comme ces randonneurs sur le bord de la route, lampe frontale allumée, que j’aurais voulu écraser mais que je n’ai pas fait, parce qu’il y avait plus urgent.
Depuis quand y’a plus urgent que mon bonheur personnel. Je passe une main dans mes cheveux, dans le déni complet. Ça ne m’arrange pas de réfléchir. Ça me torture. Mes faits sont illogiques, poussés par un destin que je ne contrôle pas. Que j’aimerais contrôler.

-T’as intérêt. Et je te conseille d’y réfléchir dès à présent. En commençant par ne plus m’appeler par mon prénom.

J’ai envie ? Ou pas. Je suis sec, soufflé par ce vent inopiné qui, après m’avoir offert une seconde de répit, s’est transformé en tempête et m’a cisaillé le visage de ses grains de sable. Comme une punition. On sait faire que ça des sentiments agréables dans la famille. Les rouler en boule et les mettre à la poubelle ou s’en servir pour les transformer en mauvaises sensations. Avec l’espoir qu’ils ne réapparaissent plus jamais. Mais sous la montagne de déchets, y’a toujours une partie qui trouve ça bien de revivre ça, au moins une fois.

- Mais faudrait arrêter de tuer nos directeurs quand même.

Je m’anime d’un sourire carnassier tout en considérant le manque d’intérêt de cette jeune femme. C’est tout ce que ça lui fait. Je soupire.

-Je me demande sincèrement ce que tu fiches chez les exorcistes. Blaguer sur un directeur assassiné pas plus tard qu’il y a une vingtaine de minutes, c’est assez inhabituel. M’enfin, tu m’as bien remercié entre temps, donc je suppose qu’il y a bien un souci.

Un gros même. J’ai fait l’impasse sur le « t’es gentil » et mon prénom, c’est bon. Urg. Faut pas trop m’en demander non plus. N’empêche qu’elle est plutôt calme. Ou bien ça y est, c’est bon, elle est vraiment en train de lâcher prise. Non. Nop nop nop. Hors de question. Les mains serrées sur le volant, je poursuis, toujours autant concentré sur la route. J’accélère encore tandis que nous parvenons enfin sur une voie rapide.

J’ouvre le vide poche et trouve ce que je cherche. Une couverture. Enfin un coussin couverture, ces trucs que vous pouvez ouvrir et qui contiennent une couverture chauffante. Je lui balance ça à l’arrière et ordonne :

-Au cas où tu te croirais prête à dormir, sache que ça fonctionne pas comme ça. Raconte-moi n’importe quoi. Chante même si tu veux. Je veux entendre ta voix. Si je l’entends plus, je continue de te balancer des trucs à la figure. Et couvre-toi. C’est compris ?

J’ai pas le ton le plus sympa du monde. Non, ça pour sûr, c’est compliqué de croire que je lui ai sauvé la vie tantôt. Et c’est vrai ça n’a aucun sens. Et oui, je tourne sur ça, y’a effectivement que ça à faire tourner dans ma tête. Ressasser secondes après secondes. J’aimerais bien penser à autre chose, figure-vous, mais avec un pseudo cadavre à l’arrière, c’est pas aisé de se focaliser sur ce qu’on va faire le week-end, voyez.

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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyDim 26 Aoû 2018 - 0:07


I want you to sit me down
sit me down, sit me down, sit me down



J’en étais où moi ?
Je sais plus trop. Quelque part. Sa voiture sent l’immonde odeur des tissus qui ont pris le chaud et qui sont trop neufs. Elle est neuve, la voiture ? Je me sens un peu plus moi. Je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle, sûrement pas pour l’autre. J’ai la réplique facile et pas toujours intelligente. Rhyan, elle cause pour moins penser. Elle cause pour mieux dormir, moins vivre, moins être à l’intérieur d’elle même. Tout comme Rhyan adore utiliser sa magie qui aspire ce qu’elle est pour changer ce qui n’est pas encore.

Comme la pluie.

Il ne pleut plus, si ?

Je ne sais pas pourquoi je m’en soucie, mais, ça me les brise un peu qu’il puisse me voir dans cet état, c’est pire qu’être nue. Je préfèrerai être nue dans une position de force que comme ça. La lavette qu’est mon corps me rebute un peu. Les muscles soit rois et courbaturés à l’extrême, crampés de cette journée qui s’étire et qui n’en finit pas. De cette vie, qui n’en finit pas et qui finira par nous claquer à la gueule comme un élastique qui aurait pris l’hiver.

Entre ses deux mains.

Mmmh. Le ronron de la voiture. J’aimerai bien qu’il mette un air à la radio pour que je puisse fermer les yeux, aspirée par la mélodie. Quelque chose au piano ? Milky chance !
Je ne peux pas voir les étoiles. Milky way.

On pourrait ouvrir la fenêtre ?

-T’as intérêt. Et je te conseille d’y réfléchir dès à présent. En commençant par ne plus m’appeler par mon prénom.

La phrase claque sèchement dans la voiture, entraînant un léger blanc. Je dois vous avouer un truc : je ne sais pas exactement ce que j’ai dis, j’ai déjà oublié. Les mots sont pâteux et tous faux, ils sonnent faux, personne ne chante bien ici. J’ai envie de hurler à m’en déchirer les cordes vocales, pourquoi est-ce qu’il ne dit pas la vérité ? Mais il a parlé comme un chef et l’ordre reste en suspend. Ne plus utiliser son nom.
Cyan ?
Pourquoi ?
Les morts se cachent-ils derrière sont prénom ? Une fille, une soeur, un pote ? Une grand-mère, quelqu’un qui formulait ça différemment ? Ce n’est qu’un mot sur un acte de naissance.
Je ne sais plus comment l’appeler.

Je ne sais plus vraiment qui s’est.

Je me redresse un peu et tente de m’avachir sur un côté de la voiture. Ou de la route. Ou de la forêt ? L’inconsistance noie les pensées qui passe et en les rendant confuses, les rend surtout incohérentes. Du coq à l’âne.

-Je me demande sincèrement ce que tu fiches chez les exorcistes. Blaguer sur un directeur assassiné pas plus tard qu’il y a une vingtaine de minutes, c’est assez inhabituel. M’enfin, tu m’as bien remercié entre temps, donc je suppose qu’il y a bien un soucis.

Je ne comprends pas. J’étais pas censée dire merci ? Pourtant je suis là. C’est peut être pas là où il fallait être. Là où il fallait être c’était avec Alcott et l’ambassadeur.

- Alcott ? je grommelle, sûrement inaudible.

Je délire.

J’aurais voulu qu’il m’attrape la main à moi. Mais j’aurais dû ma vie au téléporteur. Là, c’est à Cyan. Ou Olive ?

Putain, je croyais avoir tranché. J’ai oublié?
Soul.
De toute façon, il m’a dit de ne plus l’appeler.

- On a de l’humour chez nous aussi. Soul.

Le mot est dur à sortir et sirupeux, collant. Il aurait mieux fait de ne pas sortir mais il a été dit et appuyé, provoquant une rebiffade de mon ventre. Ce que je suis conne quand je suis dans cet état. Pas que je l’ai déjà été mais y’a bien que mourante, ivre morte ou privée de sommeil sur des semaines que je deviens aussi.. aussi inconsistante et insipide. Pathétique et pitoyable.
J’aimerai bien être devant pour pouvoir le regarder. Je jette un coup d’oeil sur le rétro.

Mon coeur crisse dans ma poitrine mais je ne demande à personne pourquoi.

Une couverture atterrit sur mes genoux et mes mains se jettent dessus, avides de chaleur. Privée depuis des années, on dirait, la pauvre Rhyan.
Maintenant, j’vais pouvoir dormir. Dormir, douleur. Douleur, dormir. Ça se ressemble un peu. Comme Cyan et Soul. J’sais plus trop.

-Au cas où tu te croirais prête à dormir, sache que ça fonctionne pas comme ça. Raconte-moi n’importe quoi. Chante même si tu veux. Je veux entendre ta voix. Si je l’entends plus, je continue de te balancer des trucs à la figure. Et couvre-toi. C’est compris ?

Je râle.

- Oh là là, c’est le goulag ici.

On lui a déjà dit qu’il était bossy ? Je m’enroule mais me met quand même à claquer des dents. Ce qui me rassure quand même, tout reprend petit à petit le relais. J’me sens pas mieux, mais plus présente. Je dois avoir les lèvres exsangues.
La vanité me perdra mais je jette tout de même en me grandissant un peu un regard à moi-même dans le rétroviseur central. Bien. Ça se passera de tout commentaire. Je me tasse. Ce mot est chelou quand même. Je me tasse, prêt à recevoir du thé ?

Bon sang.

Je tends la main pour aller essayer de toucher ma plaie mais elle a été plus ou moins raccommodée. Qu’est-ce que je suis censée lui raconter ? Ha, ha, je suis allée voir cette petite pute de Tyr-mes-couilles-en-short pour trouver une lame, pour te, péter, la gueule.
Tu veux toujours me trouver un hôpital ?

Putain, rien que de penser à l’autre, je suis énervée.
Je me plie en deux, sérieux le sang, comprend que c’est pas dans les poumons qu’il faut aller. Une plainte passe mes lèvres alors que je tousse et j’ai subitement envie de rire.

- Pardon.

Oui, je m’excuse d’avoir glapit. Entre nous, c’est moi la plus gênée de ce râle rauque de grand père décédé.

- J’vais te dire un secret.

C’est pas un secret du tout, mais faut bien parler. Et dire qu’on va dire un secret c’est déjà un peu parler.

- J’ai pas été câblée pour l’empathie. Ni pour euh..

Je vois l’océan de choses que je ne sais pas faire et j’ai subitement plus du tout envie d’en parler. Je ne compte pas me dévaloriser devant monsieur-je-réussi-tout, hors de question.

-.. la survie. Mais ça tu l’as compris, mh. Mais j’ai quand même tué plus ce que j’ai été tuée. J’espère que c’est pas toi qui m’a tiré dessus quand même, ça m’briserait le coeur, Cyan.

Il fait nettement plus chaud sous la couverture et bon sang, ce que j’ai sommeil. C’est logique après tout, non ? Le corps a besoin de restaurer toutes les forces qu’il a perdu, je l’épuise à essayer de rester éveillée, c’est idiot. Il me donne des conseils nuls.
M’enfin.
La lucidité elle est pas bien présente Rhyan dis-donc. Cyan.
J'ai glissé.
J'aurais voulu dire Soul. Je ne sais pas pourquoi j'ai envie de le blesser. Il me sauve et j'ai envie de le pousser et de lui dire "regarde ce que tu me fais!"
Hystérie.

Est-ce que je flotte ?
Il m'a touché.
J'ai envie d'un bain brûlant. De prendre une lame et de me scarifier les cuisses jusqu'à colorer la baignoire.

Je me redresse et l’aiguillon de souffrance me fait sortir des vappes.

- Tu peux arrêter d’alimenter les runes d’ailleurs. J’te claquerai pas dans les pattes.

Elle sonnait comment déjà la chanson ?

- Puis c’est à toi de raconter un truc. Moi je t’écoute. Je t’ai quand même lâché un gros secret.

Ouais, je me moque, mais se moquer c’est beaucoup plus confortable que dire des trucs. Parce qu’au fond, je mens pas trop, c’est un peu un secret, les gens ils s’en doutent pas que je suis retranchée derrière des kilomètres de no man’s land et que j’ai du mal à me soucier. Y’a moi et puis les autres et puis la vie, la mort, je suis trop loin pour avoir envie d’attraper quoi que se soit.
Même les kiddos ils sont plus là, alors bon. J’ai pas été câblée, j’ai pas été câblée. Un psychiatre pourrait peut être l'exprimer. On m'a tellement peu nourrie que la faim a fini par passer mais au fond, je n'en ai juste plus conscience que je meurs de faim. Que j'ai besoin qu'on me dise des mots, ces mots, ses mots ? Qu'on me regarde dans les yeux pour me dire qu'on ne partira pas, que moi je compte, que j'ai pas besoin d'être agressive tout le temps, qu'on m'enferme dans des bras. Mais quoi qu'on en dise j'ai plus envie d'avoir tout ça. Si ?
J'sais pas.
J'ai sommeil surtout.

J’ai envie de lui demander pourquoi est-ce qu’il est venu à la bibliothèque mais je crispe mes doigts sur la couverture. j’ai encore envie de cracher à m’en sortir les poumons. J’me doute bien que j’devrais tousser régulièrement pour nettoyer les poumons mais ça fait trop mal, genre trop mal, genre putain de sa mère. Je regarde les lumières défiler et subitement, embarquée dans mon chariot des montagnes russes je m’entends dire d’une voix blanche et impersonnelle.

- C’est joli les lumières. Je pensais pas que tu me ramasserais. Je sais pas si t’as bien fait.

Parce que peut être que la prochaine fois c’est moi qui viserait le coeur, peut être que quand tu seras attaché dans les locaux d’Orpheo j’aurais oublié comment tu t’appelles, Soul.
Cyan.
Hauts les coeurs les jolies lumières.

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Dernière édition par Rhyan L. James le Dim 26 Aoû 2018 - 15:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyDim 26 Aoû 2018 - 13:15


"One day these steps will be my last"


On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.


L’allure rectiligne de la route m’aide à calmer mes nerfs tantôt survoltés, tantôt brisés par la fatigue. Elle m’aide à diriger mon regard sur quelque chose de concret, de droit et ma vitesse rend cette dernière incroyablement enivrante. Comme si l’on roulait sur le dos d’un serpent en mouvement, à droite comme une gauche, en piqué puis la tête relevée. Sans jamais la trouver, cette tête. Un corps infini, parfois maltraité par les assauts des nombreux voyageurs sur son corps. Des écailles en moins, des zones rugueuses. De la boue pour colmater les pires dégâts dus au temps. Une torture au quotidien pour un animal qui jamais ne se plaindra, condamné à se laisser rouler dessus jusqu’à la fin des temps. C’est aussi ce que l’on nous demande, à Rosenrot. De garder la face peu importe la situation. On nous a préparé à tout. A la torture, à la mort, aux plus atroces douleurs. Mais on ne m’a jamais mis face à cette situation. J’improvise depuis presque trente minutes et personne ne trouve rien à redire. Il n’y a pas de sorcier noir sur mes talons, pas de téléporteur ou d’invisible dans le coffre prêt à me sauter dessus et pourtant, je vérifie de temps à autre mon rétroviseur pour m’assurer de l’identité de cette voiture derrière moi. De ce gars sur le bord de la route à une heure pareille, des gars en sortie de bar qui lèvent leur verre à mon passage.
Je me sens comme un criminel en fuite et c’est une grande nouveauté dans la palette de mes émotions.

Lorsqu’elle prononce mon prénom, c’est encore une nouvelle émotion. Et ça m’agace d’être ainsi extrait de mon cocon agréable et routinier. Cocon dont j’accepte en général de sortir en mission. Mais je ne suis plus en mission. Ce qui se passe en ce moment, c’est de l’affaire du privé. J’ai moi-même ordonné qu’on me foute la paix et c’est ce qu’il s’est effectivement produit. Est-ce que je suis en train de trahir Rosenrot sur mon temps libre ? Est-ce qu’on me pardonnera cette histoire si… ? Non, on ne pardonne pas. J’ai agis délibérément, je finis mon travail et je retrouve ma maison. Point.

- On a de l’humour chez nous aussi. Soul.

De l’humour oui. De l’humour noir, je suis en état de me questionner. Pourtant, elle me prouve que c’est bien le cas. Je me demande jusqu’à quel niveau elle pourrait tenir. Si je gardais la tête du directeur sur le siège passager et la lui balançait comme un ballon de foot, rirait-elle encore ? Me sortirait-elle une phrase comique ou vomirait-elle son reste de vie ? L’expérimentation propose toujours son lot de ratés mais je n’ai malheureusement aucun objet répugnant à lui présenter. Ça attendra. Ou ça n’attendra pas. Quoi qu’il en soit, je me surprends à ne pas lui répondre. Sans doute à cause de la fatigue. Alors, je lui envoie la couverture pour qu’elle s’y réchauffe. J’avais rien sous la main à l’extérieur, mais lorsqu’on perd autant de sang, le mieux reste de la réchauffer le plus vite possible.

- Oh là là, c’est le goulag ici.

« Je te maintiens en vie comme je peux ».
-Content que tu t’en sois rendue compte.

Encore une fois, ma voix est dénuée d’émotions. Ou plutôt concentrée sur la route, encore et toujours là pour maintenir le peu de conscience sur une chose en mouvement et ne pas me préoccuper du reste. Surtout pas d’elle, même si…
Une brusque toux me force à lâcher les yeux de la route un instant, ralentir un peu ma prise sur l’accélérateur et abaisser le rétroviseur intérieur pour m’enquérir de son état. Elle a vraiment l’air de souffrir et laisse échapper un petit bruit, suivit d’un :

- Pardon.

Je relève le rétroviseur et récupère mon état précédent, comme si de rien n’était. Après tout, si elle décède, je ne pourrais pas m’en vouloir, hein ? J’aurais fait tout ce qui était possible. Donc bon, c’est pas si grave. Au pire, j’aurais perdu une petit heure et descendre à Cracovie au lieu de remonter vers Berlin, mais qu’importe, je ne suis plus à ça près.

- J’vais te dire un secret.

Un… secret ? Je tends l’oreille, déjà tendue malgré moi, et dévie un peu mon attention de la route pour la diriger sur Rhyan. Un truc sur Orpheo ? Ça m’étonnerait. Peut-être qu’elle va juste profiter de ça pour se foutre de moi un bon coup, à la manière d’un « j’t’ai bien eu ! » ou en racontant une anecdote de sa vie qui risque de ne pas du tout m’intéresser. Mais bon, je lui ai demandé de parler. Elle le fait. Si ces choses sont à retenir, mon cerveau se chargera de les enfouir soigneusement dans une petite boîte et de les déballer à Rosenrot une fois rentré. Sinon, ça aura au moins eu le privilège de passer le temps.

- J’ai pas été câblée pour l’empathie. Ni pour euh.. la survie. Mais ça tu l’as compris, mh. Mais j’ai quand même tué plus ce que j’ai été tuée. J’espère que c’est pas toi qui m’a tiré dessus quand même, ça m’briserait le coeur, Cyan.

Son début de discours me place dans un état passablement indifférent, bien que ses paroles parviennent à trouver leur chemin jusqu’à mon cerveau et à être étudiées. Empathie ? Survie ? Laisse-moi rire. Est-ce que c’est vraiment un secret ? Je laisse échapper un rire moqueur. Puis, je me mets à saluer sa clairvoyance malgré son état. Tuer plus que l’on a été tué. Ce genre de phrase devrait sincèrement entrer dans le top des questionnements les plus évidents. Mais est-ce une manière pour elle de me menacer ? ou se donner du courage, ne pas subir son destin, se sentir prisonnière des agissements d’un de ses ennemis ? À sa place, qu’aurais-je fait ? Je pense que j’aurais préféré crever. Elle aurait dû y mettre les formes et les manières pour me persuader de rester en vie, avec des runes de blocage et j’en passe. Notre état échangé ne se serait pas du tout passé de la même manière, je peux l’assurer.
Est-ce qu’elle aurait été aussi inquiète que moi à l’idée d’être en cavale, à l’idée de me voir cracher du sang et d’étendre au sol chaque seconde un peu plus des morceaux de vie.
Puis, elle termine par se moquer une fois de plus. Si je lui ai tiré dessus ? Peut-être que oui, peut-être que non. Même si je voulais être honnête, je ne pourrais pas répondre à cette question. On ne voit que des formes avec ces lunettes. On ne reconnait pas les visages et avec l’éblouissement subit quelques temps auparavant, je ne pouvais vraiment rien discerner. Heureusement pour moi, l’effet semble s’être considérablement affaibli.

Je dépasse brutalement une voiture par la droite dans un crissement de pneus furieux. Putain. C’est quoi maintenant ? Elle va continuer à m’appeler Cyan longtemps ? Je hais ça. Je la hais. Tous ces fourmillements, cette surprise innocente, j’ai l’impression qu’on joue avec moi, qu’on se moque et qu’il n’y a rien, rien du tout derrière. Que c’est juste pour le plaisir de tacler, tendre la main pour refaire tomber. Je déteste ça. J’ai rien envie d’espérer, rien envie de connaître. Ça m’agace tellement que la probabilité même d’ouvrir sa portière en route m’échauffe les doigts. Heureusement, cette dernière se trouve hors de portée de mes mains et il me faudrait lâcher le volant pour l’atteindre.

- Tu peux arrêter d’alimenter les runes d’ailleurs. J’te claquerai pas dans les pattes.

Et voilà, nous voilà revenus sur un sujet banal. Toujours banal. Y’a jamais eu que ça non ? Des trucs inutiles, des piques à longueur de temps, l’un qui cherche à tester les limites de l’autre sans dépasser la ligne blanche qu’il s’est lui-même construit. Vous savez quoi ? Pour une fois, j’suis heureux d’être celui qui lâche l’élastique le premier. J’espère qu’il claquera bien fort du sien. Ne plus alimenter ? Je vais pas gêner. Inspirant profondément, je coupe brutalement la liaison avec les runes de Rhyan et me sent instantanément plus léger. Mine de rien, mon humeur remonte doucement, comme boostée par l’effet de la caféine ou du coca.

- Puis c’est à toi de raconter un truc. Moi je t’écoute. Je t’ai quand même lâché un gros secret.

Ouais c’est ça. Secret de mes deux oui. J’en veux pas des secrets de ce genre. Ça n’a aucun intérêt. Ça n’apporte rien. Ça me menace alors que c’est en train de clamser à l’arrière. Ça trouve encore assez d’énergie pour m’appeler par mon prénom et se sentir suffisamment à l’aise pour me proposer de lâcher la pression sur les runes alors que nous approchons à peine à mi-chemin.
J’ai rien à lui raconter, enfin je crois. Rien d’important en tout cas. C’est à elle de parler, pas à moi. C’est comme ça que ça marche. Le boss, il disait que les maîtres du jeu doivent respecter leurs règles, sans quoi c’est des lâches. Et je suis pas quelqu’un de lâche. Pourtant, j’ai des mots qui me brûlent les lèvres mais qui patientent malgré tout. Un silence qui tombe dans la cage, conduite par le seul encore debout. J’ai chaud. Je devrais ouvrir la fenêtre. En plus, mon bras gauche recommence à me lancer furieusement, en passe de se rouvrir malgré l’intervention du guérisseur. La balle n’ayant pas été extraite, ça ne m’étonne qu’à moitié. On ne va pas s’arrêter pour ça, il faudrait vraiment que je me mette à perdre beaucoup de sang, et ça ne risque vraiment pas d’arriver pour une simple balle.

- C’est joli les lumières. Je pensais pas que tu me ramasserais. Je sais pas si t’as bien fait.

Moi aussi, je me dis la même chose. Voyons qui sera redevable envers l’autre maintenant. Voyons si Orpheo saura respecter sa parole après avoir douté de celle de Rosenrot. Voyons qui aura le plus de noblesse dans le cœur, vu à quel point cette notion semble être inscrite chez les exorcistes. Peut-être pas chez Rhyan. Est-ce qu’elle me poignardera, la prochaine fois ?

-Je pensais pas que je te ramasserais. Mais tu sais quoi ? Puisque tu veux un secret, je vais t’en donner un.

Quand est-ce que ce jeu ridicule prendra fin ? Peut-être jamais ? Peut-être après. Peut-être maintenant.

-Je ressens quelque chose pour toi. D’indéfinissable.

Et cette phrase est empreinte du même ton. Indéfinissable. Mais je ne m’ouvre pas. Il n’y a pas de tension, pas de tremblement dans ma gorge, rien, rien qui laisse percevoir un fond de mensonge ou de vérité. C’est comme constater à un inconnu que le ciel est bleu et qu’il fait donc beau. Ça amène un début et une fin. Une fin banale, oubliable. Comme elle. Je lève un peu le bras malgré la douleur lancinante pour mieux illustrer mes futurs propos.

-S’il était possible de ressusciter quelqu’un, je pense que je t’aurais enfermé quelque part. Pour te tuer, te ressusciter, te tuer, te ressusciter. Comme ça, jusqu’à ce que je me lasse d’un état ou de l’autre.

Ma main oscille d’un côté et de l’autre. C’est comme le problème de l’œuf et de la poule. C’est une boucle, une boucle infinie, intemporelle, qui ne permet pas de se questionner sur « est-ce que je la préfère vivante » ou « est-ce que je la préfère morte ». On se contente d’apprécier les deux états. Le silence de l’un, la fraîcheur de l’autre. Le sang sur les mains de l’un, la douceur d’un toucher mortel de l’autre. Ainsi de suite. Il se pourrait que je ne me lasse jamais de ça. Quitte à devenir le lâche que je répugne à être et lui ôter tout moyen de riposter. Juste pour elle, juste pour ses yeux diamants et ses épis d’or. Juste pour voir naître sa palette d’émotions et m’en inspirer pour peindre la plus belle des toiles qui soit. Intemporelle, comme elle.

J’abaisse ma main en la laissant mollement retomber sur la boîte de vitesse. Mais les morts sont morts. Ça n’existe pas. Les fantômes sont morts, ils ne sont plus là. Il faut choisir la vie ou choisir la mort. Y réfléchir à en devenir fou. S’accrocher au besoin de la maintenir en vie tant que rien n’est décidé.

Est-ce comme cela que ça marche ?

-Mais ça n’existe pas. Il n’y a rien après la mort. Pas de nouvelle opportunité pour fouler la terre une seconde fois. Alors, je te propose quelque chose.

J’ai pas envie de faire ça. C’est le plus raisonnable, mais ça me tue de le prononcer. Ça m’irrite.
Je ralentis. Ralentis encore un peu plus, comme pour faire pause dans une vie portée à cent pour cent sur le futur, rapide, directe. Vie. Mort. Un moment juste là, bloqué entre deux failles temporelles. La voiture se pose sur le bas-côté et les feux de détresse clignotants éclairent à intervalles réguliers nos deux visages. Je me tourne de moitié pour lui faire entièrement face, passant ma main autour de l’appui-tête, avant de prononcer très clairement ces mots :

-Je vais t’emmener à l’IBMM de Cracovie. Je vais y rester non pas jusqu’à ce que les médecins m’annoncent que tu vas mieux, mais jusqu’à ce que toi tu sois sur pied, devant moi. Après ça, je partirai. Et je veux que jamais, jamais plus on ne se voit. Que ce soit en mission ou autre, où tu te contenteras de m’ignorer, comme si je faisais partie du décor. Je ferai de même.

Tout ira pour le mieux et la normalité sera revenue à son point de départ. Toi, moi, ça n’existera pas. Ça n’existera plus. Plus de Cyan, plus de Rhyan. Pas d’exorciste ou de sorcier noir.

Rien.

-Mais si tu as quelque chose de mieux à proposer, je t’en prie, je suis toute ouïe.

Et tu t’accroches encore désespérément au lien que tu t'efforces de couper.

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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyDim 26 Aoû 2018 - 15:10


there's nothing left to say now
i'm giving up, hey, hey, i'm giving up now



Il dit « content que tu t’en sois rendue compte » et ne parle plus du tout après ça. Les limbes deviennent de plus en plus distantes comme les prairies Valhalla qui me seraient désormais interdites. Les portes sont nostalgiques et teintées d’une douce délivrance. Rien à voir avec le bruit de bitume froid et austère et Cyan, à l’avant, qui est subitement terrifiant. Ma blague sur le secret ne l’a pas fait vraiment rire et sa seule intervention est un éclat qui me scie les jambes. Nous sommes encore loin de Cracovie et pourtant, la seule envie qui m’étreint à présent c’est de sortir de la voiture. Tant pis si c’est pour expirer dans la forêt, au milieu d’écureuils moqueurs et de sangliers débiles.

Je sens subitement l’arrêt des runes. Je serre les dents mais ne bronche pas. Après tout c’est vrai, s’il ne change pas d’avis, je ne meurs pas ce soir. Le personnel qui prendra le relais pour mon corps saura rapidement me soigner et à part dormir, je n’aurais sûrement besoin de rien. Dormir.
Mh.
L’atmosphère dans la voiture ayant complètement changé, le confort m’est inaccessible. Je ne sais pas encore ce qu’il va dire mais je sais qu’il va finir par parler pour me déverser une acidité qui me rongera sûrement. De toute façon, cette voiture est trop petite pour nous deux, on risque de chercher à se bouffer les tripes. Qui compte mordre en premier ?
Pense-t-il que j’ai déjà montré les crocs ?

« please go,
please don’t go,
just go,
please don’t go,
‘cause i .. only let you down »


Mes yeux restent bien ouverts, rivés sur l’extérieur. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’on puisse arriver à destination et le temps, ça finit toujours par passer. Je m’accroche à cette idée dérisoire mais il se met à parler.

-Je pensais pas que je te ramasserais. Mais tu sais quoi ? Puisque tu veux un secret, je vais t’en donner un.

Immédiatement une chair de boule électrique me hurle sur la peau. Il ne joue plus du tout, il ne blague plus du tout. Il a arrêté de se soucier et je suis enfermée sur cette banquette arrière, à la merci de ses humeurs et de son passé. De son éducation et de cette soirée. Nous étions plus doués pour la valse. Ses mots sont posés et glacials.

-Je ressens quelque chose pour toi. D’indéfinissable.

Je reste de marbre. Je n’ai jamais vraiment eu peur de lui mais pour la première fois je sais qu’il n’en a pas fini, qu’il pourrait me donner des petits coups de pattes jusqu’à ma mort. Oiseau de proie fasciné pour son gibier. Ce que j’ai de si spécial à ses yeux me semble être infiniment dangereux et il n’a pas fini de lancer les dés. Sûrement que leur éclat sur le plateau de bois va m’achever. Il lève le bras, j’essaie de me couler dans le siège. Je sens du bout des doigts la lame. Pourtant il me sauve et sans doute que mes pensées vont dans la mauvaise direction. Il est en colère, blanc de rage mais je ne sais pas pourquoi. Il est comme un enfant qui n’a pas couru assez vite pour échapper à son adolescence. Et son adolescence, elle le rattrape maintenant.

-S’il était possible de ressusciter quelqu’un, je pense que je t’aurais enfermé quelque part. Pour te tuer, te ressusciter, te tuer, te ressusciter. Comme ça, jusqu’à ce que je me lasse d’un état ou de l’autre.

Ah. D’accord.
Passé le blanc que sa déclaration a provoqué, je m’efforce de garder contact avec la douleur pour ne pas lui éclater de rire au nez. Je ne suis pas un objet ni une nouvelle sensation qu’on s’efforce de garder avec soi. Je suis moi et j’ai envie de lui enfoncer le nez au milieu de ses jolis yeux.

-Mais ça n’existe pas. Il n’y a rien après la mort. Pas de nouvelle opportunité pour fouler la terre une seconde fois. Alors, je te propose quelque chose.

Je te laisse en vie un petit peu, et puis après je reviendrais te tuer ? Un nouveau pile ou face qui s’étalerait sur des années. Mais la peur s’en est allée et tout ce qui reste c’est le silence et les mots que je n’ai pas envie qu’il prononce. C’est évident. Mes doigts se mettent à trembler et ce n’est pas de froid. Nous ralentissons progressivement et les lumières passent de plus en plus doucement. Flash, flash, flash.
Flash, flash.

Flash.

N'as-tu jamais vu de morts-vivants, Cyan ?

Quand enfin nous sommes à l’arrêt il met les warnings et se tourne face à moi. Si d’ordinaire j’ai toujours quelque chose à dire, je me tiens parfaitement silencieuse, frissonnante. La bataille a disparu sous mes pieds, il n’y a plus de blessure, pile ou face n’a jamais existé. Mes yeux vont sur ses lèvres et j’entrouvre les miennes.

-Je vais t’emmener à l’IBMM de Cracovie. Je vais y rester non pas jusqu’à ce que les médecins m’annoncent que tu vas mieux, mais jusqu’à ce que toi tu sois sur pied, devant moi. Après ça, je partirai. Et je veux que jamais, jamais plus on ne se voit. Que ce soit en mission ou autre, où tu te contenteras de m’ignorer, comme si je faisais partie du décor. Je ferai de même.

Sa météorite touche le fond de l’eau après s’être enfoncée doucement dans mon estomac. Il a coupé d’un coup de ciseau sec ce qui se passe et puis voilà. Je le fixe sans bouger, droite et soudainement tellement, tellement misérable. Le ras-de-marée me balaye et je détourne les yeux. Il est hors de question qu’il voit que je me noie. Bien sûr !
Peut être qu’il faudrait que j’en rigole. Je m’esclaffe en fixant l’extérieur de la voiture. J’ai envie de le tuer sur le champ, de taper dans son torse débile, taper jusqu’à ce que je passe au travers, que je brise ses côtes et que je morde à pleines dents dans ses reins. Pourquoi est-ce qu’il a fait ça, c’est débile, me sauve pas si c’est pour m’abandonner sur le bord de la chaussée. Tu croyais avoir une dette envers une exorciste. Une humaine ?!

Je suis ridicule d’avoir cru à quoi que se soit. Les gens ne restent pas autour de moi, mais putain, pourquoi est-il venu à la bibliothèque ? « kiss them once then never again »

- Mais si tu as quelque chose de mieux à proposer, je t’en prie, je suis toute ouïe.

L’étonnement me coupe la langue bien net. Pourquoi propose-t-il finalement un retour en arrière ? J’ai envie d’éclater mon poing contre la vitre tellement je me sens pitoyable.

« Is my miserability a warm coat ? »

Je pense à la petite Rhyan avant qu'elle se fasse kidnapper qui avait tellement envie que ses parents fassent attention à elle qu'elle pratiquait de fausses potions magique d'amour - qui bien sûr ne marchaient pas, je n'avais pas conscience de la magie - et qui s'en allait chialer au milieu de l'immense salon bourgeois au milieu de la journée.

Ne suis-je donc pas encore habituée ?

- Quelque chose de mieux ?

Je ne suis qu’acidité mais je n’ose pas le regarder. Il ne serait que trop facile que de poser mes mains sur ses joues pour l’embrasser. Voilà ce que je te propose. J’ai pas envie qu’il parte, je n’ai pas envie qu’il me laisse à Cracovie, seule et seule, et seule et seule. Je n’ai pas envie qu’il dise ses mots. Reprend tes mots s’il te plaît, tu n’as pas dit ça.

- jsais pas à quoi j’m’attendais.

Je me mords la lèvre inférieure. C’est marrant, avant, j’avais toujours envie de pleurer de rage tellement j’étais en colère contre les gens qui me faisaient ça mais au fond, maintenant, n’ai-je pas fini par comprendre ? On ne peut pas garder près de soi les gens qui n’ont pas envie d’y être. Les remarques acerbes glissent dans ma bouche et je me retrouve pleine de venin, j’ai envie de le blesser, de lui faire mal, de l’atteindre dans sa petite carapace qui me dit qu’il va me laisser là.

Voilà que j’ai la lèvre inférieure qui tremble. Je m’efforce de prendre une immense bouffée d’air pour ne pas exploser d’air comme une bombe à retardement et je vrille mes yeux dans les siens. J’aimerais avoir une diction normale mais mes dents serrées me font siffler ma vérité.

- Tout me paraît mieux que ce que tu proposes. Je ne vois pas pourquoi je lâcherai quelque chose auquel je tiens.

Je me mords l’intérieur de la joue. J’ai envie de l’embrasser mais l’humiliation de me faire repousser serait bien trop cuisante et ce n’est pas le moment d’en reprendre encore une couche. Je hausse les épaules et regarde à nouveau dehors.

« What can I do if the fire goes out ? »

- Je te revaudrai ma vie en sortant de la tienne.

Le silence est une chape de plomb sur mes épaules qui pèse des tonnes. Cette vie n’a-t-elle donc aucune fin ? J’aurais dû mourir là bas, finalement. La balance des moments cools et des moments à vomir n’est décidément pas très équilibrée.

J’aurais pu supplier ne part pas, ne part pas, ne me laisse pas Cyan s’il te plaît, pourquoi, me laisse pas, je sais que je ne vaux pas le coup mais ne me laisse pas. J’ai vraiment envie d’éclater un mur, de laisser un ouragan déterrer la ville. Mais à la place je crispe mes mains qui tremblent sur cette couverture débile dans cette voiture débile et je prie pour qu’on arrive bientôt. Ces dernières minutes sont une douce torture qui me noie.

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"Fuck'em if they talk"



Dernière édition par Rhyan L. James le Dim 26 Aoû 2018 - 21:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyDim 26 Aoû 2018 - 18:35


"One day these steps will be my last"


On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.


Voilà. On joue avec mon jeu, pas avec mes sentiments. Je la regarde comme ça, adossée à la portière dans son coin, couverte par l’épais manteau bleu nuit. J’ai fini d’énoncer les règles et si mon regard se veut intangible, il brille d’un fond d’espoir, trop imperceptible pour être même détecté par mon esprit. Mais existant, là, quelque part entre ma bouche et mon œsophage. Je m’efforce de le faire tomber en avalant ma salive mais, tel un yo-yo il remonte se loger dans ma gorge, maintenu à un fil invisible.

Elle reste de marbre et il n’y a bientôt plus que le bruit réguliers des feux. Tic, tic, tic, tic. Régulier. Parfait pour caler ses propres battements de cœur. Tic, boum, tic, boum. C’est bien comme c’est. On ne peut pas rêver mieux comme situation pour elle. C’est ce que n’importe qui voudrait, c’est la logique des choses. Je me suis senti bienheureux d’avoir été sauvé de ses mains et ma dette a été dignement rendue. Maintenant, il est temps de revenir à nos vies. Pas nos vies précédentes, simplement à celles qu’on a laissé avant de se rencontrer. Les reprendre là où elle était pour mieux les poursuivre et les achever. C’est tout. Ça ne sert à rien d’espérer.

Et puis d’espérer quoi, au juste ?

Elle se met à rire brutalement et je sursaute à moitié, papillonnant du regard. Rire ? Est-ce que j’ai l’air d’avoir raconté une blague ? Est-ce qu’elle divague à cause de la blessure ? Je suis perdu. Dans ma –presque- voiture, je me sens tout à coup un étranger face à une autre étrangère. Capable de communiquer, incapable de se comprendre. Le tonnerre remonte lentement en moi, prêt à craquer au-dessus de sa tête. Le calme a toujours été mon fort, la réflexion aussi. Mais je ne parviens plus à la garder en place, à m’asseoir dans son couffin confortable et rationnel. La réflexion s’en est allée et je ne suis qu’animé de pulsions normalement présentes en plein combat, quand l’un et l’autre risquent leur vie. Mais je ne risque pas la mienne ici. Il n’y aucune raison de m’énerver, aucune raison de réagir, même. Le fait de rire ne me touche pas, parce que ça, ce discours, c’est un fait. Le chemin de nos deux vies est tracé et j’en ai pris les rênes pour le claquer, briser les chaînes à la racine.

J’ai peur. Pourquoi j’ai peur ?

- Quelque chose de mieux ?

J’vois un schéma se répéter, une situation bien trop commune à notre famille et qui m’a toujours bien fait rire. Qui a brisé deux frères. Deux frères que je pourrais considérer comme des échoués. Des perdus. Des gens qu’on balance à la mer parce que le bateau peut plus supporter tout le monde. Et ça me rend malade. Complètement malade d’avoir les regards des survivants dorénavant tournés vers moi, dans l’attente de mon choix, de mes actions. De tout ce que ça pourrait entraîner. J’ai pas envie de ressentir leurs doigts qui m’approchent des vagues menaçantes.
Rhyan, s’il te plaît, ne propose rien de mieux. J’préfèrerai être le seul à craquer, comme ça je serai aussi le seul à ramasser mes sentiments et m’endurcir encore un peu plus. J’ai envie que tu penses à personne d’autre qu’à toi-même et que tu te dises, comme moi, que y’a rien à extraire de cette relation, si tant est qu’elle ait existé. Si tant est que tu la ressentes. Et j’espère que tu ne la ressens pas, auquel cas il faudra faire comme moi, la jeter au loin sans chercher à y accrocher un bout de fil dans l’espoir de pouvoir le rattraper.
J’ai pas envie qu’elle me réponde.

- Jsais pas à quoi j’m’attendais.

Je réponds pas, continue de la fixer. La fixer intensément, pour pas avoir à détourner le regard. C’est ce qu’on nous a toujours appris. A la fin, on doit toujours avoir le dernier mot. Sans doute pour ça que je parle beaucoup. Et pourtant là je trouve pas les mots. J’attends systématiquement qu’elle finisse de s’exprimer avant d’oser ouvrir ma bouche. Dans un respect à peine palpable de celui qui ira le plus loin. De ce qu’il adviendra d’elle. De moi. J’ai dit que je lâcherai le premier ces émotions. Mais pas mes valeurs. Et mes valeurs m’assurent de la fuir.

Elle devrait s’attendre à rien. Rien. Je lui ai rendu service. Nous nous sommes rendus service. La bibliothèque, c’était une erreur. Une grossière erreur de ma part, que je ne pourrais pas effacer, que j’aimerais effacer. Si elle me questionne là-dessus, je pourrais pas répondre. Pourquoi t’es venu, ce jour-là ? Pour te rendre tes affaires. Pourquoi tu m’as embrassé ? Pour m’enfuir. Pourquoi tu m’as sauvé des sorciers noirs ? Parce que je te devais ma vie. Pourquoi t’es toujours là à m’emmener à un hôpital à des bornes d’ici ? Parce que j’estime que j’ai pas fini ma mission. Et qu’est-ce que tu feras la prochaine fois ?

Y’aura pas de prochaine fois.

Je grignote un bout d’ongle avant de recracher fissa, le sang séché de mes récentes victimes emplissant encore mon corps d’une odeur nauséabonde. Il ne faut pas rester trop longtemps ici, comme ça. Si quelqu’un s’arrête à proximité pour passer la tête par la vitre, ce qu’il verra, c’est un criminel. Un homme tâché à la fois dans son corps et dans son âme, harnaché pour se protéger des autres et avant tout de lui-même, prêt à appuyer sur la détente de l’arme déjà pointée sur le nouveau venu.
Je sais pas non plus à quoi je m’attendais, mais je ne vis pas dans le passé.

- Tout me paraît mieux que ce que tu proposes. Je ne vois pas pourquoi je lâcherai quelque chose auquel je tiens.

Le tout les yeux relevés vers moi. Qui perce ma rétine pour mieux s’insinuer encore plus loin, toujours plus loin. J’ai subitement chaud, très chaud, beaucoup trop chaud et je ne peux pas retenir ma bouche qui s’entrouvre pour me laisser inspirer, comme descellée après avoir vécu une éternité de solitude et d’indifférence. Je ne peux pas non plus retenir mon regard, s’imprégnant d’une bouffée de tendresse totalement hors personnage. Avant de transformer mes pensées en envie puis mes envies en besoins.
J’inspire par à-coup, pas foutu de prendre une bonne gorgée d’oxygène, à l’étroit dans ce machin en acier. Je ferme les yeux après l’avoir vu détourner les yeux. Peut-être que le temps s’est vraiment arrêté. Il n’y a pas une voiture pour marquer le passage et le tableau de bord semble lui-même s’être mis en veille. Mais le tic tic est toujours là. Sa lumière orange avec. Eclairés par la nuit.

Recouverts par les ténèbres, brume réconfortante sous laquelle tout peut se produire, tout peut s’oublier. Tout peut s’enfuir.

- Je te revaudrai ma vie en sortant de la tienne.

La tension redescend. Brutale, inconfortable, nauséeuse. T’as pas le droit. T’as pas le droit de parler comme si tu tenais à moi puis à me retourner mes paroles au visage. J’aurais préféré rien savoir, rien entendre. J’étais mieux avant. Je vais craquer. Craquer un bon coup. Et on n’en parlera plus. Je m’en veux d’avoir posé le sujet ici, maintenant alors qu’il reste encore tant de temps avant d’arriver à Cracovie.

-C’est faux, princesse.

Je la regarde d’un air peiné mais intense. Les mots m’ont quitté avant d’avoir pu trouver leur suite. J’ai les lèvres brûlantes et l’envie d’en finir mais rien à faire, le silence s’étale. C’est comme si une ruche venait d’élire domicile dans mon corps, bourdonnait jusque dans mes doigts, investissait mon crâne.

-C’est faux.

Qu’est-ce qui est faux. Tout. Tout ce qui a été dit. Y’a pas un gramme de vérité. Même ces paroles-là, elles sont fausses. Je suis faux et tu l’as dit toi-même, la belle elle a rien à foutre avec la bête. Y’a que dans les contes que ça finit bien. Et encore, souvent même là ça finit mal. Sortons de la vie de l’autre. Comme si rien ne s’était passé. C’est normal.

-Tu tiens pas à moi. Y’a rien à lâcher, t’as juste à te laisser porter.

J’ai envie de me mordre jusqu’au sang, lui dire à quel point j’aime son caractère impétueux, que j’ai envie d’en savoir plus, d’en toucher plus, qu’on n’est pas né pour passer notre vie derrière un mur et que braver les interdits c’est notre lot au quotidien. Qu’on finira par en avoir marre de toute façon et qu’on prendra le temps de tout achever comme ça a commencé, avec la satisfaction d’avoir au moins fait entrer l’autre dans une parcelle de sa vie. Mais entre deux ennemis, accorder sa confiance c’est montrer ses faiblesses. Des faiblesses mortelles. Des faiblesses qui atteignent l’autre jusqu’au plus profond de son âme. Faut être prêt à tout perdre.

J’suis prêt à tout perdre, Rhyan, aussi brutal, aussi inconcevable que ce soit. J’ai lâché l’élastique trop tôt et ça m’a submergé comme les flots. J’suis allé le chercher ce trésor et même si c’était pas ce que j’attendais, j’l’ai pris en plein poire. Et maintenant que je suis balancé par ça, maintenant qu’il y a toute ma famille prête à me jeter par-dessus bord et que j’observe Silver et Green se noyer, j’ai qu’une envie, c’est m’accrocher aux bras de mes frères et être prêt à tout pour pas les laisser me faire tomber.
Tu tiens pas à moi, Rhyan. Abandonne parce que c’est voué à l’échec. C’était que de la poudre aux yeux tout ça. Un tour de magie pour les non-doués. On fera que se heurter à nos différences. L’un ou l’autre finira par en crever, c’est certain. J’ai pas peur de la mort, mais toi ?

-Il faut qu’on reparte.

Je sais pas à qui je dis ça, mais ça me donne la force pour me retourner. Poser les pieds sur les pédales, inspirer un grand coup. Et repartir. Parce que c’est ça. Tout est inscrit. Tout est clair. J’ai envie de la voir, de la revoir, mais tout ce dont je suis capable c’est de lui dire adieu. Adieu pour toujours. Comme sur cette route qui repart et qui, sur cette bande d’arrêt d’urgence, s’est presque voulu trop sérieuse.

Et dans ma tête, je suis toujours pendu à mes mots. Jusqu’à l’IBMM. Jusqu’à ce qu’elle aille mieux. Cette pensée maladive qui me pousse à la blesser encore un peu plus pour qu’ils ne puissent plus rien faire pour elle, pour que jamais, jamais cette situation d’adieu n’arrive.

J’ai pété un plomb, un bon gros, gros plomb. Si gros qu’il n’y a plus rien dans ma tête. Aussi violent et rapide qu’une torpille.

-Mais je veux bien faire une chose pour toi. N’importe quoi. Mon cadeau d’adieu.

Garde ce trophée entre tes doigts et si tu choisis de ne pas l’utiliser, sache qu’il restera toujours actif. Ce sera mon lot de consolation. C’est tout ce que je peux t’offrir. Quand tu fais un pas, j’en ai déjà fais trois en arrière.

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Rhyan L. James
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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyDim 26 Aoû 2018 - 21:55


save me, i can't be saved i want
just your soul and bones



L’ambiance s’étale devant nous et nous baignons dedans. Tout à l’air d’être un rêve. L’inconscience est loin mais le sommeil s’approche en rampant, attrapant mes jambes engourdies, mes lèvres exsangues et mes attentes déçues. Il ne répond pas à mes mots et je continue de glisser dans ma rivière de sueur de douleur et d’aigreur. J’hallucine sûrement, il n’est pas vraiment là avec moi. Mon chez moi et la banque, la bibliothèque semblent appartenir à une autre vie qui m’aurait échappée depuis.

Il me regarde et rien que ça, à présent, c’est trop. J’aimerais pouvoir le contrôler et qu’il soit prévisible comme les autres gars, doués et pas doués, ceux dont on devine les intentions des pas et des pas avants.

-C’est faux, princesse.

Le bruit d’un coeur qui se froisse. Il n’a pas le droit de m’appeler princesse. Il le pouvait alors qu’on jouait, mais a-t-il encore l’impression qu’on s’amuse ici ? Moi non. Je serre les dents sans vraiment comprendre le sens de ses mots. Me pense-t-il incapable de sortir de sa vie ? J’attends la suite en étant certaine de ne pas vouloir l’entendre. J’ai envie de m’enfoncer les doigts dans la plaie à en hurler pour ne pas ressentir cette tension qui me broie toute entière.

-C’est faux.

Il prend son temps. Se délecte-t-il de ce qu’il se passe ? Il n’en a pas l’air pourtant ; j’ai l’impression de lui avoir fait de la peine. Mais c’est lui qui a commencé. C’est lui qui est venu me chercher à nouveau pour me rendre la pièce. Il a pris du temps pour me chercher, il est venu jusqu’à moi en prenant des risques, il m’a faite danser et puis m’a embrassée. La faute est sur ses épaules, pas sur les miennes. Je ne l’aurais pas retrouvé, je l’ai sauvé parce que je suis une mauvaise exorciste qui ne sait pas achever les gens qu’elle a regardé droit dans les yeux.

-Tu tiens pas à moi. Y’a rien à lâcher, t’as juste à te laisser porter.

Un immense ressentiment se met à grandir en moi et je détourne le regard. Il n’en sait rien. Il ne sait pas ce que je ressens et n’a pas le droit de prétendre le contraire. Peut être que ça sera facile pour lui mais ça ne le sera pas pour moi. Mais qu’est-ce que t’en sais putain ! Comme s’il était doué en sentiments et en émotions.

J’ai envie de le gifler.

Qu’est-ce que j’y peux, moi, si j’y tiens déjà ?

- Qu’est-ce que t’en sais..

De toute façon je ne suis pas en position pour négocier. Je suis faible et il a tout le pouvoir de disparaître, je n’arriverai sûrement pas à le retrouver. Cela fait des années que les Soul sont sur toutes les listes noires et qu’on poste des pecnauds comme moi faire le flamant rose un peu partout dans la ville.
J’ai envie de le secouer comme un prunier et lui dire bon sang! Il ressemble à quelqu’un ayant passé toute sa vie dans une cage et qui refuse de prendre le risque d’aller vraiment voir. Que craint-il ? De ressentir ?
Peut être que c’est moi qui commet une erreur. Je ne dis pas que j’ai envie qu’il rentre dans ma vie. Je n’envisage rien avec cette homme. Mais pourquoi me priver en attendant ? À cause de ce soir ?

Ai-je tout ruiné ?

Je me pince l’arrête du nez.

C'est tellement incohérent et compliqué dans ma tête que j'vais bien finir par exploser. Ou imploser. Ou les deux en même temps, qui sait.

-Il faut qu’on reparte.

Il cesse de me regarder. Je le trouve lâche. Mais il ne repart pas, et à la place du bruit des crissements de pneus, j’entends seulement sa voix qui reprend.

-Mais je veux bien faire une chose pour toi. N’importe quoi. Mon cadeau d’adieu.

Je n’ai sûrement pas conscience de l’ouragan qui se déroule dans son crâne mais j’ai sûrement le même. A quoi est-ce qu’on joue, au juste ? Peut être que c’est moi qui sort tout juste de ma cage et qui ait peur. Je ne sais pas qui on pense tromper avec nos mots et nos idées. Il me sauve la vie, qu’est-ce que je veux de plus ? N’est-ce pas une fin en soi ?

Non.

I’m here for the ride.

J’ai vraiment envie de sortir de cette voiture pour échapper à ce qui se trame, vraiment envie de rester dans cette voiture pour ne jamais perdre ce que j’ai là. Ma raison me tord l’esprit; je ne devrais pas être là. Mais pourquoi ne me laisserai-je pas sauver ?

J’ai subitement extrêmement envie de pleurer. Bien sûr que je ne me laisse pas aller au larmes. Pourquoi est-ce que tu me tends cette perche, Cyan ? Si t’as autant que ça envie de tout couper, fait ça nettement. Tu sais faire, non, couper nettement ? Je pause ma paume sur sa joue avec toute la douceur que je peux trouver en cet instant. Mes sourcils se crispent et je demande :

-Reste.

Voilà, le cadeau que tu peux faire. Me laisse pas, putain. Je laisse tomber ma main pour soulager mon dos. Si ça continue, je vais vomir dans sa caisse et on sera tous les deux bien ravis et bien gênés. Je suis au bord de l’hystérie mais au bord du sommeil, paradoxe aiguisé qui me maintient plus ou moins à flots. Plus rien ne peut m’arriver de pire maintenant. Si ?

Je baisse les yeux. J’ai conscience d’être une idiote mais j’ai bien trop peur qu’il se casse vraiment si je ne réagis pas.

- C’est tout ce que tu peux faire pour moi. Juste.. t’en vas pas.

J’ai conscience que c’est n’importe quoi. Je le sais bien, c’est un sociopathe, il a tué des gens et je l’ai vu à l’action ce soir. Mais c’est la seule vie que je vais vivre et ça serait con de passer à côté de ça. Même si c’est mal.

De tous ceux que je pouvais croiser, j'espère garder Cyan Soul ?

Parce qu’au fond, ça ne veut rien dire, mal ou bien. Je ne compte pas m’expliquer. Les mots sont peut être vides de sens pour lui mais qu’il ne m’accuse pas de mentir. La peur m’enserre la poitrine et j’ai envie d’ajouter quelque chose de distant comme depuis le début de la conversation. Je tire un peu plus la couverture sur moi pour disparaître, pour me soustraire à son regard. J’n’assume pas trop et je déteste être prise à défaut, obligée d’agir pour ne pas me retrouver les mains vides.
J’ai toujours autant envie de pleurer mais je ravale mes larmes pour mieux me laisser noyer. Une barre de migraine s’est installée doucement sur mon front. Je n’arrive pas à me résoudre à lui demander de partir. Pourtant il a coupé les runes et trop, c’est trop, je risque de glisser dans un sommeil mortel petit à petit mais je m’en fou.
Putain mais gifle toi Rhy, t’es pathétique un peu.
T’es pathétique, beaucoup. Heureusement que je n’ai pas ajouté un « s’il te plaît » à ma tirade. Je passe mes mains sur mon visage en soufflant. J’me sens malheureuse et misérable et je ne sais que me débattre dans mes maux à l’arrière d’une voiture.

C’est trop tard de toute façon.
C’est bien trop tard. J’ai l’impression d’avoir déjà perdu un jeu dans lequel je n’ai pu tirer aucune carte.

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Dernière édition par Rhyan L. James le Lun 27 Aoû 2018 - 18:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyLun 27 Aoû 2018 - 17:25


"One day these steps will be my last"


On m'a donné une mission à remplir. Une mission pas facile qui pourrait, comme de nombreuses autres fois, me coûter la vie. C'est normal. Mais la question, c'est pourquoi toi t'es là. Pourquoi t'es toujours là quand tu devrais juste disparaître.


- Qu’est-ce que t’en sais..

J’en sais suffisamment. Me cantonner dans cet univers où l’un fuit l’autre ou s’en détourne dédaigneusement, ça me va. Retournons à nos vies d’avant, ramenons-les sur la route au lieu de les faire bifurquer sur les sentiers sinueux, gadoueux, sur lesquels on ne voit ni devant ni derrière. Qui nous agite comme des bouteilles de soda à chaque irrégularité du sol, prêtes à exploser. Je suis prêt à exploser et je n’ai qu’une envie : reprendre la belle route goudronnée et frappée pour moi par ceux avant moi, confortable.

J’en sais rien. J’applique le MESORE, la meilleure solution de rechange en négociation. Celle qui ne nous force pas à conclure quelque chose que l’on viendra à regretter tout en tirant le meilleur parti des atouts que l’on possède. Je sais, j’ai cassé toute la magie de l’instant en sortant mes mathématiques et en me sentant en entretien. Mais c’est ça pourtant, et ça s’applique aussi bien au domaine professionnel que personnel. C’est quoi, la meilleure solution ? A en juger par nos organisations, je ne donne pas cher de la peau de l’un ou de l’autre, si l’un ne se décide pas simplement et purement à étriper l’autre avant d’avoir laissé l’élément perturbateur pointer le bout de son nez. Mon meilleur atout ? Tuer, torturer, être un Soul et agir quand on me le dit. Je suis une machine à tuer et les machines n’ont pas d’émotions. La tête nous tourne dans ce petit habitacle et l’adrénaline retombée, la soif d’être encore vivant, tout ça s’entremêle pour diriger tout l’objet de son désir sur l’autre. C’est une réaction physiologique et psychologique. On s’adapte à notre environnement pour garder un minimum de stabilité. S’empêcher de sombrer dans la folie. Rhyan, c’est juste ça. Demain, après-demain peut-être, ce sera fini. Tu seras sur pied et tout ceci ne sera qu’un battement de cil dans ta vie. Peut-être même que tu te frapperas la tête contre le mur en pensant aux opportunités ratées d’avoir pu m’enfoncer un couteau dans la poitrine.

Ne pas se revoir, s’ignorer même, c’est ma meilleure solution de rechange.
Et malgré tout, j’suis toujours là à batailler contre mon conscient pédagogue et rationnel, ce petit père qui a vécu toutes les tortures et qui pense aux frères passés là avant moi. Il a envie de me frapper et si la simple pensée de déconnecter mes neurones lui mitraille l’esprit, il ne parvient à s’y résoudre tant il craint l’inconscient et son intrépidité.
Une autre part de moi-même.

Il reprend le dessus un instant, se détourne du regard du petit requin à l’arrière et s’apprête à redémarrer, sûr de lui, les mains sur le volant, la tête plongée vers l’avant mais les prunelles penchées sur l’arrière. Ça s’arrêtera jamais.

Mes yeux se ferment à la suite de ma phrase et je me maudis intérieurement de l’avoir prononcé. D’avoir espéré. Au mieux, elle blessera mon ego démesurément grand en me proposant d’aller bien me faire foutre. Au pire, elle me demandera de l’embrasser. Il peut pas y avoir pire, non ? J’ai pas envie de songer aux autres scénarios catastrophiques dans lesquels je m’embourbe jusqu’à la taille. Le professeur Conscient est toujours là, à frapper mon crâne de son bâton, rajustant ses lunettes à chaque seconde, tic furieux qui m’est propre.

Qu’est-ce que j’en sais ? J’en sais rien et je veux surtout pas que toi, t’en saches davantage.

-Reste.

Le mot se perd dans un océan mélodramatique. On croirait entendre un chant de sirène au loin balancé par le bruit des vagues, mais en tendant l’oreille, c’est un opéra, une soprano assistée d’une nuée de violonistes. Puissant et envoûtant. Sa main vient rencontrer ma peau et j’inspire profondément pour résister à l’envie de l’amener à moi.

Tu sais pas dans quoi tu te lances.
Sa main retombe et elle baisse les yeux.

- C’est tout ce que tu peux faire pour moi. Juste.. t’en vas pas.

Ma lèvre inférieure se fraye brutalement un chemin entre mes mâchoires et se retrouve enserré d’un étau d’émail blanc. Blanc à en devenir rouge. C’est pas ça, pas ça du tout qu’elle aurait dû dire. Elle est passée où, sa fierté légendaire ? Est-ce qu’elle se sent pas pitoyable comme ça ? Misérable.

Je sais à cet instant que je tiens dans mes mains un explosif suffisamment gros à lui claquer au visage. Un dont elle finira forcément par se remettre parce que cette histoire n’a même pas commencé, mais un dont elle n’oubliera certainement pas le déroulé. Moi non plus. Mais ce machin, il pourrait aussi m’exploser au visage. Un peu comme une bombe à retardement. Je me retourne et elle tire la couverture sur elle pour se cacher de ma vue. J’ai jamais été très sensible, encore moins à ce genre d’attitude transi, mais tout a une autre saveur lorsqu’il s’agit de l’observer. Sa fragilité ne m’oppresse pas avec ce sentiment d’échappatoire. Au contraire, un mince sourire vient étirer mes lèvres. Confus.
Je l’observe toujours, pas trop loin, pas trop près. A savoir si les cloches sonneront pour le glas ou les douze coups de minuit. Mais dépendre des cloches pour se décider, c’est attendre le moine pour les tirer. Et j’ai pas une culture ultra penchée sur la religion pour me laisser dicter mes choix par un mec en robe de chambre.

Je passe mon bras à l’arrière assez brusquement, porté par le poids de mon corps en équilibre au-dessus de la demoiselle. J’ai un regard un peu plus cru, un peu moins ingénu, dans lesquelles tournent et se laissent emporter des milliers d’étoiles. Un tourbillon troublant et mal maîtrisé.

-T’as pas le droit de vouloir ça. Tu sais pas ce que c’est de fréquenter un Soul.

C’est sans doute qu’une passade. Qu’un petit jeu pour pouvoir le dire, plus tard, comme ce premier pétard, ce premier mort. Ça a un goût de nouveauté, rafraîchissant. A quoi bon s’encombrer l’esprit. Tout est pourtant inscrit dans la pierre, ça ne durera pas. Ce genre de questionnement, on le réserve pour les situations à long terme. Celles comme celle que j’ai éprouvé pour Ella. Voyons plutôt qui se lassera le premier de l’autre et ayant le plus profité de sa chaleur.
J’attrape son joli menton, observe son cou et l’estafilade encore chaude de la balle. Elle aurait pu en mourir de ça.

-Mais, premier conseil, commence par ne pas me confondre avec mon frère. Olive sera beauuuucoup moins clément.

Je m’approche de son visage avec lenteur. M’y stoppe à quelques centimètres avant de décaler la couverture masquant son visage.

-Deuxième conseil, en fait méfie-toi de toute ma famille. Même de moi. Surtout de moi.

Par chance ou malchance, il se trouve que tu es fatiguée et blessée.
Mais ça ne m’empêche pas de fondre sur tes lèvres une seconde fois et d’y apprécier son goût venu d’ailleurs, à la fois déjà nostalgique et pourtant si exotique. Percer la barrière des dents pour y déposer un peu plus de mon être. Comme ça, jusqu’à l’infini.

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MessageSujet: Re: One day these steps will be my last   One day these steps will be my last EmptyLun 27 Aoû 2018 - 19:00


In this place i'll be
everyone but me



Il s’approche de moi subitement et je n’entends plus rien que mon coeur qui bat sourdement. Peut être va-t-il quelque chose pour m’enfoncer la tête sous l’eau mais aucun sourire cruel n’étale ses lèvres. Ce n’est que la troisième fois qu’on se croise mais il a un visage qu’il ne masque pas toujours; aussi je sais que j’ai mes chances.

Enfin, mes chances.

Je suis juste une idiote qui fait de mauvais choix consciemment, je ne pense pas avoir de la chance. Au moins suis-je assez libre pour décider de faire n’importe quoi. Est-ce de l’autodestruction ? J’aimerais bien voir ça avec quelqu’un pour me décrypter. Qu’on me dise que je m’engage là-dedans pour m’auto détruire et qu’au fond j’espère réellement réussir. Quel autre candidat qu’un Soul ?

- T’as pas le droit de vouloir ça. Tu sais pas ce que c’est de fréquenter un Soul.

En effet, je n’ai jamais essayé. Mais on essaie rarement avant de s’engager. Enfin, s’engager ! Je blague. Nous ressemblons à un chemin que nous prenons par dépit. C’est triste se dire ça, mais nous sommes-nous vraiment choisis ?

Ou sommes-nous infiniment seuls ? Affamés au point de sauter sur la première occasion qu’on a de se sortir un peu la tête de l’eau. J’ai envie subitement de secouer la tête et d’être méchante, de lui dire que je rigole. Pas que je me fasse du soucis pour lui, ni vraiment pour moi par rapport aux Soul. Il ne m’aura pas avec la peur. Mais je suis subitement mal à l’aise, pas vraiment confortable avec ce que nous essayons de faire parce que ça implique un début, un milieu, une fin et honnêtement, les fins je ne les supporte plus.

Mais il attrape mon menton et la chaleur de sa main sur ma peau glaciale me fait fermer les yeux. Il tient entre ses mains un espoir sorti de nulle part, des méandres de mes émotions, et je lui en veux un peu d’avoir tant gratté pour l’avoir. D’avoir réussi à déterrer quelque chose à coup de lame pour pouvoir s’en saisir.

-Mais, premier conseil, commence par ne pas me confondre avec mon frère. Olive sera beauuuucoup moins clément.

Il enlève la couverture. Il y a juste moi en dessous.
Suffisant ?

-Deuxième conseil, en fait méfie-toi de toute ma famille. Même de moi. Surtout de moi.

Oserais-je lui dire que je serais sûrement la première à prendre peur et à lui scier la gorge pendant la nuit ? Que je suis en train de mourir et que je n’ai rien à dire, mais que je me débattrais sûrement toujours pour ne pas trop ressentir ? Pour ne pas lui faire trop de place dans ma vie, aussi loin qu’on soit l’un de l’autre, aussi différents, aussi occupés, j’essaierais sûrement de ne pas trop m’y fier. Mais il m’embrasse une deuxième fois et je n’ai plus rien à dire, la chaleur me réchauffe le ventre et les années vides. La sécheresse dans mon corps s’apaise un peu alors que je ferme les yeux, goûtant à une bulle d’apaisement.

Je manque de mots.

Je manque de mots, je manque de souffle, je suis comblée de sa douceur et de ma langue avec la sienne. Ma conscience me mord déjà terriblement le ventre mais tant pis, tant pis, c’est n’importe quoi mais on fera avec.

Si on en fait quelque chose.

Je sais bien au fond qu’il y a des chances qu’on ne se revoie jamais.

Mais il a dit qu’il allait rester jusqu’à me voir sur pieds.
Il l’a dit.

Est-ce que je le crois ?

Hé, Cyan, est-ce que tu vas rester ?

Mais quand il se recule, je n’ai plus la force de rien et je remonte la couverture. Un sourire fend mes lèvres; je ne sais même pas ce qui me plaît tant chez lui mais ça en est douloureux. Ma plaie pulse dans le dos et je souffle :

- Roule au lieu d’essayer de m’effrayer. Je suis en train de mourir.

C’est un peu malheureux mais c’est quand même vrai, je me cale un peu mieux et ferme immédiatement les yeux. Peut être que ce n’est pas pour le mieux mais, si je me sens moins proche de décéder qu’avant, je me sens complètement incapable de tenir un peu plus longtemps.

Mais c’est sa faute aussi.
Reste à savoir comment concilier ce que j’ai vu de ce que je sais, ce que je connais de ce que j’ai appris. Basically, il a tué tout ceux que j’essayais de protéger et j’embrasse le gars qui à fait ça. Il a laissé l’autre jouer à pile ou face et je n’ai de la valeur qu’en restant assez distrayante ? Fière ?
Il a tiré sur tout le monde, il a tué le directeur et ils ont brûlés les cadavres.

Quand je ferme les yeux, je ne suis pas sûre de rêver de ses lèvres à nouveau sur les miennes ou de ma lame plaquée contre sa gorge. Dans un cas comme dans l’autre, je ne suis pas certaine de ce que je veux faire du pouvoir que je viens d’acquérir.

Faire ce qui est bien, ou faire ce qui est vrai ?

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