Je pense à rien. C’est bizarre, vraiment. Y’a une certaine prospérité qui encercle mon esprit, pas de plans perchés sur l’après, pas de ressentiments sur l’avant. Y’a elle, moi et le présent. J’dois dire que mon présent m’explose en bouche comme une cerise gorgée de sucre, qu’on n’apprend jamais vraiment à déguster tant la douceur donne envie de plus. Plus, toujours plus. Tout son corps réagit à mes sollicitations et sa main qui vient s’engouffrer dans mes cheveux avec passion. Est-ce son propre plaisir ou la sensation exquise d’avoir un pouvoir sur elle qui contribue à faire gonfler mon excitation ? Aucune idée, mais ça marche magnifiquement bien. Elle m’attrape pour me faire remonter jusqu’à son visage et embrasse mon cou avec une fougue impressionnante. La sensation est électrisante alors que mes mains viennent se perdre dans ses cheveux.

- C’est bon pour moi.

Sa voix n’a pas changé et pourtant elle me semble différente. Elle ne vibre pas sur les mêmes accords et m’attire inlassablement. J’ai jamais autant aimé me perdre dans ce labyrinthe d’incertitudes et d’actions spontanées. Elle prononce ces quelques mots et nous roulons jusqu’à inverser les rôles. Elle sur moi et un amour qui parcoure mon ventre. J’attends la suite comme un petit enfant trop gâté, prêt à se saisir de la part de gâteau si elle n’arrive pas trop vite. Elle s’approche encore de moi. M’embrasse encore. J’ai ma langue qui brûle près de la sienne, la bouche grande ouverte pour accaparer tout ce qui a été, est et sera.

Mon lourd esprit de possessivité vient corrompre mon désir et attiser ses flammes, attirer cette femme à moi comme l’aimant force le fer. Mais elle ne peut déjà plus être aussi proche qu’actuellement. Elle provoque la pénétration et tombe dans mes bras presque au même instant. Je ferme les yeux et entrouvre la bouche, préférant savourer ce moment en occultant tous les autres sens. J’ai toujours mes mains dans ses cheveux mais elle se relève bientôt, agrippe ces dernières pour les poser sur ses hanches. Le cœur s’accélère encore, incroyable turbine, entraînant dans son sillage un brouillard dense, un rythme effréné qui résonne dans les tempes et réchauffe le corps. Les corps. La dernière partie de jambes en l’air ne semble pas remonter à si loin – et à vrai dire je sais même pas comment j’peux avoir à me poser cette question dans un moment pareil – et ça n’a pourtant rien à voir. Genre, vraiment, rien à voir. J’suis clairement en train de penser que je prends bien plus mon pied avec une humaine, d’Orpheo qui plus est, qu’avec une belle sorcière de Rosenrot. Comme quoi la logique du monde c’est rien que celle qui résonne la mieux à nos oreilles, jusqu’à temps qu’on réalise qu’on a tort.
J’ai eu tort de la traiter avec autant de mépris. Ça peut paraître totalement con de se faire une remise en question comme ça, pour ça, mais j’y peux rien. Je vais pas me sentir coupable pour autant ou moins apprécier. C’est une constatation comme une autre.

Retour brutal à l’instant t, à cette nouvelle vague de plaisir. J’ai les joues en feu et l’envie de reprendre le dessus. Je l’attire jusqu’à moi et bascule une nouvelle fois. Faudra bientôt faire attention à ne pas tomber, j’ai absolument perdu toute notion de l’espace ou du temps. J’suis réduit à un corps qui vit et à celui d’en face qui me fait envie. J’ai peut-être pas toute l’empathie du monde, peut-être même pas un tiers de celle d’une personne normale mais j’la considère elle dans son entièreté, mon amour qui file le long de mes doigts et se posent sur sa chair comme des perfusions pour lui transmettre ma fièvre. Je suis peut-être un peu fou de vouloir jouer avec un feu comme celui-ci mais cette folie me va.
L’interdit ne donne-t-il pas de la saveur ?

Une main vient descendre de ses hanches pour saisir ses fesses et l’autre vient se tendre et supporter une partie de mon poids, sans ménager l’oreiller proche de son visage. Son visage, ses cheveux blonds, la naissance de son cou, sa peau si claire, ses yeux pâles comme l’océan. J’vois rien d’autre qu’elle et je pense que réellement, mon cœur va pas tarder à exploser. J’la regarde un instant, perdu dans ce temps que je n’arrive plus à voir passer, je laisse grimper la frustration manifeste et vient mordre sa lèvre inférieure. Je respire distinctement, rapidement et je joue avec mes nerfs autant qu’avec ceux de Rhyan. Mon esprit joueur ne s’arrête jamais totalement, il semblerait.
J’arrête de faire l’imbécile cinq secondes et la pénètre à mon tour, écarte un peu plus ses jambes, colle mon corps au sien pour les faire fusionner. Y’a une autre pensée imbécile qui me traverse l’esprit et si j’étais pas aussi focalisé sur nous, j’me mettrais certainement à rire. Qu’est-ce qui se passerait si Rhyan elle pouvait vraiment me passer au travers ? On ressent quoi, même quand un humain nous passe au travers ? Un froid, ou au contraire une chaleur ardente ? Franchement, j’ai pas trop envie d’essayer là. Si y’a bien un truc dans lequel je proscris toute utilisation de dons/pouvoirs, c’est bien dans le sexe. J’ai peut-être affreusement conscience que ma réflexion est somme toute très humaine et empathique mais heureusement, je réfléchis pas trop à la question.

Je sais pas depuis quand on tient comme ça, depuis quand j’ai perdu jusqu’à mon rythme cardiaque. J’arrive à mon pic et je sais que je tiendrais vraiment pas plus longtemps.
Alors PAF, j’pense aux conséquences dont a parlé Rhyan, j’pense à ses précautions ô combien salvatrices, j’pense à tout et à rien à vrai dire et je franchis ma ligne d’arrivée dans une expiration de sportif de haut niveau. J’ai la satisfaction de penser qu’elle gardera encore un peu de moi pendant quelques jours et ça me ravit plus que de mesure. Et j’pense toujours aux conséquences, mais ça se retrouve noyé dans le reste, détritus qui partent rejoindre mon sixième continent. Je me retire et l’embrasse une nouvelle fois, différemment pourtant. Y’a peut-être un peu moins d’excitation mais y’a un truc nouveau qu’j’aimerais qualifier d’amour sauf que j’aurais jamais les tripes pour l’annoncer. Un truc qui brille un peu plus dans mes yeux quand je la regarde et qu’il y avait pas vraiment avant. On reste pas sûrs de pouvoir avancer l’un avec l’autre, mais y’a un pas, un pas de géant qui s’est produit ici.
J’lui souris affectueusement et bascule sur le côté parce que wow, c’était vraiment, vraiment bon.
Et j’ai vraiment, vraiment pas les mots pour dire quoi que ce soit là.