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Sujet: Les bras qui sortaient du gouffre Mar 16 Oct 2018 - 21:13
Les bras qui sortaient du gouffre.
It's not like I don't miss it no.
Peut être que c’est d’ma faute ; sûrement que c’est de la nôtre. J’suis content que Rhy ait bien voulu me prévenir même si de mémoire elles étaient pas super proches. Y’avait un peu anguille sous roche mais quand on me dit que quelqu’un est littéralement en train de nous claquer dans les pattes, j’me bouge.
Même si elle a rien dit quand mon père est mort. Rien, pas un mot. Même si elle a rien dit quand ça allait pas avec Autumn. Même si elle a rien dit quand Bastet est morte, même si elle a rien dit quand Alaina m’a juste rejeté. Comment aurait-elle pu comprendre en dehors du monde magique ? J’sais pas, c’est peut être parce que j’suis empathe que je capte quand les gens sont tristes - vous me direz, c’est un peu le concept, mais quand même. Elle s’est laissée traîner hors du monde et n’a pas tendu les mains pour qu’on puisse la raccrocher.
Mais au final, est-ce que nous on les a tendu, les mains ? Aucune idée ; je m’en tape. J’aurais pas dû la laisser derrière mais c’est compliqué, les innocents, et c’est quand même bien débile de la part de Louis de lui avoir jamais rien dit. Ouvrir les yeux n’est jamais une mauvaise chose.
Toujours est-il que c’est mon tour d’être de retour dans cette ville et que rien, rien, rien ne va. J’me suis trimballé ma forme humaine tout le long en grinçant des dents, pas très à l’aise dans cet environnement. Plus âme qui vive, Mystery Orphanage occupé, aucune chance d’y mettre les pieds. On a essayé de le reprendre. On a essayé. Toujours est-il qu’une boule de souffrance et de terreur s’est formée autour de l’agglomération comme le champignon d’une bombe nucléaire, mon don en est saturé et je sais les traces de raclure que ça va laisser au fond de moi.
Tant pis, j’suis là pour Carla.
Je m’avance par sa rue, le nez au vent, essayant de flairer des odeurs plus anciennes mais le passé reste absent. Je ne sais pas ce que je suis venu chercher mais j’entends encore clairement Bastet me martyriser. C’est trop dur de rentrer. Juste trop dur. J’ai déjà envie de tourner les talons, j’ai l’impression de marcher dans mon propre placard à cadavres. Ici, on était avec Nephilim et Auty, ici c’était la fois où j’ai croisé Framboise, là bas on se battait tout le temps avec Sakura.
Sakura.
Tant pis, moi j’suis là pour Carla.
Je réajuste mon vieux sac sur l’épaule, fais rouler les muscles de mon dos pour mieux convaincre le loup de refluer et je toc. J’sais pas exactement ce que je vais trouver et dans quel état mais j’espère juste qu’elle saura encore comment on fait pour ouvrir les bras.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Mar 16 Oct 2018 - 22:51
Les coups furent toqués à la porte alors que Carla était plongée en plein pays imaginaire. La jeune femme posa la légende de Peter Pan sur le canapé à côté d’elle, intriguée par la venue d’un nouveau. Décidément, Little Angleton était en passe de devenir un hall de gare ! Rhyan la semaine précédente, Sylvester deux jours auparavant les bras chargés de victuailles - le maître de Louis avait compris que la jeune femme ne toucherait jamais à l’argent qu’il lui amenait chaque mois et, inquiet de voir Carla disparaitre dans ses pulls, il lui avait apporté de quoi manger pour plusieurs jours - et voilà qu’on frappait à nouveau à sa porte. À la porte de Louis. Cette fois serait-elle la bonne ? Celle où elle ouvrirait pour trouver un de ces terroristes ? Peut-être n’avait-elle pas été assez discrète en rentrant du boulot et un de ces violeurs et meurtriers l’aurait suivie. Étonnant qu’il frappe. Mais bon. Pourquoi pas au final.
Qu’on lui loge une balle dans la tête. Peut-être que, si Carla n’avait pas été aussi traumatisée par son viol lors de l’attaque du Mystery Orphanage, elle serait retournée à l’orphelinat, dans l’espoir que cette fois on ne l’épargne pas. Mais elle sentait encore la violence entre ses cuisses et son corps, le traitre, qui frissonnait sous le désir, un désir ignoble qu’il lui donnait envie de gerber. Non, elle ne pouvait pas revivre ça une seconde fois. Elle se mutilerait, arracherait son vagin, si fragile, si lâche, puis irait se noyer dans la mer. Rejoindre enfin Louis dans les étoiles.
Louis. Peut-être que c’était lui derrière la porte. Mais c’était absurde. Tellement absurde qu’elle repoussa l’image de son amant à l’autre bout du monde. Si Louis était de l’autre côté, c’est qu’elle devait être également morte et qu’il se retrouverait au paradis. Mais Carla ne pouvait pas aller au paradis. Pas après le sexe, la drogue, la haine. Elle était bouffée de partout. Destinée à l’enfer. Ça ne changerait pas de la Terre.
Enfin la jeune femme parvint jusqu’à la porte et tira dessus avec le peu de force qu’elle possédait encore. Tout ça pour laisser surgir une image du passé, une image un peu brouillée de baisers mouillés et de fumée grise. Ian.
- Bien sûr. Rhyan a envoyé la cavalerie.
Elle aurait aimée savoir ouvrir les bras, tomber sur son ami, se réfugier contre son torse et pleuré comme elle l’avait fait des années auparavant. Mais Carla n’était désormais plus la même et elle était incapable de tout ça. Incapable de se comporter correctement avec d’autres humains. Après tout, cela faisait cinq ans qu’elle ne côtoyait plus que deux personnes. Son patron - un homme gentil mais relativement taciturne - quotidiennement et Sylvester une fois par mois qui venait s’assurer qu’elle respectait sa promesse et qu’elle était encore en vie. Foutue promesse qui la retenait ici. Sur Terre au lieux des enfers. Dernièrement il y avait également eu Rhyan. Carla allait certainement se noyer sous toute cette popularité soudaine. Il fallait pourtant avouer que le contact avec Rhyan n’avait pas franchement été des plus chaleureux. Carla était-elle encore seulement humaine ?
Elle tendit la main pourtant. Ses doigts attrapèrent ceux de son ami et s’y enlacèrent, comme pour être sûr que ce n’était pas un fantôme de l’autre côté de la porte. C’était tout ce dont elle était capable. Et c’était déjà beaucoup.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Mar 16 Oct 2018 - 23:26
Les bras qui sortaient du gouffre.
But then again there's you.
Au début, j’me dis qu’elle est pas là. Mais j’entends ses pas à l’intérieur, les petits pieds usés qui s’avancent et je sais que c’est elle. Et d’avance, je sais que ça ne va pas vraiment me plaire. Elle ouvre la porte en mettant des années. Je vois d’abord un bras, une épaule, un visage. RIen n’est familier ; tout est éteint. C’est donc tout ce qu’il reste de Carla ? C’est pas beaucoup, c’est pas assez.
- Bien sûr. Rhyan a envoyé la cavalerie.
Génial l’accueil, génial ça. Je fronce le nez, immédiatement expressif, pas du genre à cacher les choses. T’accuses Rhy de mal faire les choses maintenant ? D’avoir essayer d’allumer une petite flamme alors qu’il faisait tout noir tout autour ? Rhy allume le briquet Carla souffle dessus. Heureusement que j’suis là pour foutre le feu à la forêt.
Elle tend la main et ses doigts congelés et osseux se lient au mien. Comme si ça allait me suffit, comme si ça avait suffit un seul jour dans ma vie. J’utilise cette petite main pour l’attirer à moi et la prendre dans ma bras. Je la soulève avec douceur et la fait tourner doucement. J’ai peur que le vent ne la brise et qu’elle ne s’éparpille que pour de bon cette fois. J’ai l’impression de saisir du rien dans mes mains et un tout à la fois.
J’sais plus comment faire ça moi. J’sais plus comment aller faire les gens au fond de l’eau et les forcer à respirer. Mon don d’empathe est entièrement bloqué, je préfère qu’elle parle plutôt que deviner, faire attention à tout. Carla est une porcelaine au milieu d’un océan déchaîné.
- Flatté d’être la cavalerie à moi tout seul.
Je la lâche en essayant de faire gaffe mais sans trop prendre de précautions, l’air et la manière de ne pas trop vite mettre les pieds dans le plat. J’ai pas envie d’me faire bouillave par un demi-kilos en colère. Elle risquerait de se faire mal.
Haha.
- On va manger des pizzas ?
Je jette mon sac tel un lancé de bowling pour qu’il soit à l’intérieur et je tire CarlaCarla à l’extérieur. J’crois qu’ici on n’a pas trop le choix, pizzas ou kebab, et j’pense que pour quelqu’un qui visiblement boit de l’eau et de l’air, une p’tite pizza ça passera mieux qu’un gros grec des familles. Sait-on jamais. Mais le résultat est le même, j’ai faim, sinon j’vais avoir envie d’aller chasser sous forme de chat, et la nuit imaginez j’me fait avoir par des sorciers noirs ? Imaginez comment je justifie ça à Orpheo ? J’serais peut être mort avant ceci-dit. Enfin, ma sécurité c’est pas le plus gros challenge de la soirée.
Le challenge c’est d’aller chercher un peu de chaleur pour lui en remettre un peu dans le coeur.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Mer 17 Oct 2018 - 5:40
Les yeux fuyants de Carla ne remarquèrent pas les sourcils froncés et la moue accusatrice de Ian. L’aurait-elle vue, qu’elle ne l’aurait d’ailleurs pas compris, trop absorbée par sa qualité d’ermite, incapable de se raccrocher au monde réel et de comprendre les gestes sociaux même les plus basiques. Elle n’était plus adaptée la petite Carla. Une véritable sauvage, mais bien loin du mythe rousseauiste du bon sauvage. Plutôt comme un animal à la fois fragile, farouche, solitaire et destructeur. Écraseur des mains tendues. Sauf qu’en face d’elle, c’était Ian. Le mec qui rappliquait en entendant un simple souffle à l’autre bout du fil. Celui qui supportait ses sanglots dans le noir. Qui comprenait les bleus sur le corps et dans la tête. Et le jeune homme ne comptait pas la laisser faire. À peine ses doigts eurent effleurés ceux de la jeune femme qu’il l’attira contre lui, l’entourant de ses bras puissants. Carla, petit brin de paille entre les muscles, ferma les yeux pour se laisser bercer. Brisée.
- Flatté d’être la cavalerie à moi tout seul.
Puis Ian la relâcha et le corps de Carla hésita un instant, presque déséquilibré. L’étreinte avait duré à peine quelques secondes et pourtant la jeune femme sentait une chaleur naître dans ses entrailles. Quelque chose était en train de se passer au plus profond d’elle ; elle réalisa alors, qu’elle n’avait pas vécu d’autre contact depuis maintenant cinq ans, depuis le jour où un être infecte s’était infiltré dans son intimité. Un frisson vint défiguré la chaleur dans son cœur et, déstabilisée, elle se sentit reculer d’un pas. La douleur était ancrée en elle.
- On va manger des pizzas ?
Retour à la réalité. Ian ne lui laissa pas vraiment le choix, attrapant sa main et la tirant dehors alors qu’il balançait son sac dans l’appartement. Une pizza. C’était absurde. Cela revenait à sortir le soir, à parcourir plus d’une dizaine de kilomètres pour arriver au prochain village et espérer ne pas croiser de rôdeur dans Little Angleton. Mais après tout, pourquoi pas ? Carla ne prit pas la peine de fermer la porte à clé ; à quoi bon ? Plus personne ne vivait dans le village et les terroristes avaient d’autres préoccupations que de cambrioler les maisons aux alentours. Ils l’auraient déjà fait depuis le temps qu’ils étaient installés là. Laissant la porte, elle descendit alors les quelques marches de l’immeuble avant de se retrouver dehors, en pleine exposition. Désormais, il ne faudrait plus parler, plus faire un bruit. Heureusement, avec l’arrivée de l’automne, la nuit tombait plus tôt et les deux jeunes adultes n’étaient rien de plus que des ombres glissant dans l’ombre. Peu de risque de tomber nez à nez avec un terroriste, même si Carla sentait la peur vibrer plus fortement dans ses oreilles ; cette fois-ci elle n’était pas seule et, si sa vie lui importait relativement peu, elle n’avait pas envie d’attirer son ami avec elle. Il fallait être prudent.
Enfin, après plusieurs minutes de marches contre les murs, les deux jeunes gens atteignirent la lisière du village, là où le chemin devenait moins dangereux et les rencontres nocturne - tout comme diurne - presque impossible. Glissé là, derrière un buisson, le vélo de Carla gisait dans l’anonymat. Le redressant, la jeune femme s’adressa à Ian :
- Je me mets sur le guidon et tu pédales ?
Elle n’aurait pas la force de pousser deux personnes.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Mer 17 Oct 2018 - 22:05
Les bras qui sortaient du gouffre.
How much sorrow can i take ?
J’ai envie de la toucher, sa fraîcheur contre la brûlure sous ma peau, l’avoir en entier, elle n’est jamais assez proche mais je garde mon don d’empathe.
Je pense garder mon don d’empathe. Je le crois si fort que quand ça me percute je ne sais pas d’où ça vient. Le frisson s’insère sous ma peau, aiguille qui déchire tout sur son passage et vrille mon bas-ventre, je reste un peu renversé et la sensation reflue.
Je ne dis rien. Je veux tout savoir mais les mots ne viennent pas, je sais quelque chose sans mots et je n’en ai pas le droit. Comme toujours, je devine à demi-pas sans y avoir été invité. Mais Carla dit oui et on se tire et on traverse les anciennes rues, on traverse nos anciennes vies, je laisse mes émotions au placard et je me concentre sur mes muscles, le coeur dans ma poitrine et la souplesse venue avec l’entraînement. J’espère qu’elle ne le remarque pas mais je suis certain que ça fait quelques années que ses yeux ne voient plus rien. Quelques années.
Toujours est-il qu’on arrive à son vélo. Je fais taire les hurlements sous ma peau qui veulent me déchirer en morceaux pour courir dans la nuit. J’aimerais tellement qu’elle sache; elle ne sait rien et Autumn comprend tout. Pourquoi ai-je envie de toujours plus ?
- Je me mets sur le guidon et tu pédales ?
Je souris ; le bon vieux temps me fait un petit coucou de la main. J’ai juste peur qu’au premier coup de pédale elle s’envole.
- A peine arrivé, déjà exploité.
Je relève le vélo et la laisse prendre place sur le guidon. On est comme des ados qui font une connerie alors qu’on va juste essayer de chopper à bouffer, tellement loin d’ici. J’sais même pas ce qu’ils pensent les humains innocents d’ici. Je songe à mes lames contre ma peau. Le sentiment de toute puissance de l’adolescence ne m’a absolument jamais quitté après la mort de mon père, je suis celui qui peut et puis c’est tout. Mais face à Carla, c’est différent. Peut être que je ne pourrais pas la sortir de là, mes bras sont trop courts et mon temps compté, tic tac tic tac, petit soldat d’Orpheo doit retourner saigner pour la victoire.
- Allez, accroche-toi.
Et on part, on file et je me dis que peut être faudrait ne jamais rentrer, faudrait pas lui laisser le choix, je pourrais pédaler longtemps comme ça, chien de la casse épuisé qui ne lâche jamais rien, y’aurait pas de soucis. Ne jamais rentrer. Le vent dans les oreilles et le bruit de la mécanique, l’odeur de ses cheveux et ses émotions déchirées comme des costumes d’Halloween peut être que si je m’y accroche suffisamment fort je pourrais garder ça pour toujours.
Pour toujours et à jamais.
GASMASK
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Mer 17 Oct 2018 - 23:12
- A peine arrivé, déjà exploité.
Ian saisit le vélo et Carla sauta sur le guidon, cherchant un moment un équilibre précaire en bandant les muscles qu’elle n’avait plus vraiment. Enfin, ses mains fermement accrochées au métal et ses jambes pendant de chaque côté de la roue avant, son corps sembla retrouvé l’adolescence et se laissé porter sur le vélo.
- Allez, accroche-toi.
Le jeune homme monta sur la selle et commença à pédaler, le vent venant les caresser dans la nuit naissante, sous une Lune timide. Le petit équipage filait au rythme des pédales, sans un bruit sur le chemin, sautillant sur les cailloux qui parsemaient les kilomètres. Petit cailloux blancs aussi perdu que leurs âmes sur les pas du petit Poucet. La tête de Carla bascula en arrière, allant se reposer sur l’épaule de son ami qui pédalait toujours. Les yeux fermés, la jeune femme laissa les souvenirs l’envahir, la dévorer alors qu’elle sentait le souffle court de Ian contre son oreille.
Elle se rappelait les soirées passées aux runes avec un joint et un paquet de bonbon dérobé au kiosk du village. Parfois les autres les rejoignaient ; Ange, Luka, Louis, Hayley. Ils sortaient la bouteille de rhum ou de tequila, qu’ils se refusaient de diluer dans un soft parce qu’ils étaient jeunes et idiots. Une fois la bouteille vide, ils s’asseyaient en cercle et faisaient tourner la bouteille en verre pour jouer à des jeux d’adolescents ivres et naïfs. Leurs lèvres se perdaient contre celles des autres sous les rires. Malchanceuse Carla, malgré de multiples essais, la bouteille ne semblait jamais vouloir pointer Louis. Mais combien de fois avait-elle embrassé les autres ? À cette époque-là, les corps osaient se toucher, se découvrir, même si la timidité les réduisait parfois à la honte et au silence. On rougissait quand on parlait de sexe ou, alors au contraire, on en rigolait avec vulgarité. « Et toi alors, tu l’as déjà fait ? » ça se murmurait dans la nuit sous les étoiles. Carla en parlait beaucoup avec Luka et Hayley, rarement avec les garçons, jamais avec Louis.
Puis ils avaient grandi. Toujours les mêmes joints, les mêmes bonbons volés et les bouteilles d’alcool. Mais désormais on ne jouait plus avec, on jouait à être adulte. On se racontait ses histoires de cul sans tressaillir, on s’inventaient des faux problèmes pour dissimuler les vrais, on faisait semblant de ne pas voir les bleus sur les corps des autres, les larmes dans les yeux. On s’embrassait quand même, parfois. Comme cette fois où Carla avait appelé Ian au milieu de la nuit. Une bouteille à la mer, un phare gigantesque qui clignotait de sa détresse. Il en était resté le goût, plus mûr, des lèvres de Ian sur les siennes et de l’encre gravé sur la peau. Hold on
Que restait-il de tout ça ? Les tatouages gravés, des souvenirs baveux, une nostalgie latente. Mais, désormais, ils avaient grandi. On n’osait plus se toucher pour ne pas raviver d’autres souvenirs, bien plus douloureux. Il ne restait rien, désormais, rien d’autre que des souvenirs. Plus de bouteille, plus de bonbons volés, même plus de joint. Un fichu vélo qui file dans le vent et des non-dits qui empêchaient Carla de se laisser aller, entièrement, contre le corps de son ami, de se réfugier dans sa chaleur pour oublier tous ses malheurs.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Mer 17 Oct 2018 - 23:56
Les bras qui sortaient du gouffre.
How much pain can i take ?
Elle se laisse aller petit à petit et sa tête bien contre mon épaule, juste comme ça. Juste comme ça et c’est énorme, je ne sais pas comment le fil entre nous deux à pu tenir des années mais tout est encore là. C’est bien ça le problème, tout est encore là, rien n’a réellement changé. Aucune idée de pourquoi ça me fait autant mal mais j’serai bien incapable de le nier.
Je ne pédale pas en direction du prochain village ou d’une quelconque pizza, égoïste lupin je l’entraîne vers la mer. Je ne veux pas que quiconque ou quoique ce soit me vole ce moment à deux. Si je tiens une luciole entre les mains peut être qu’un coup de vent peut me l’arracher.
Je suis certain de me mentir à moi, à nous, aux adolescents qu’on était en me croyant que je vais garder ça plus longtemps, cette sensation d’aller vite et d’être entier. Le soleil va se lever et je serais toujours aussi vide, je n’aurais pas la personne que j’ai choisi à côté de moi ; pourquoi Carla, des années après me semble toujours aussi importante ? Elle est cet éclat dans une soirée auquel on repense pendant des semaines.
Pendant des années.
Elle est les lèvres qui torturent et les regrets, l’acte qu’on aurait pas dû faire et qu’à la nuit tombée, quand Autumn me dit qu’elle m’aime j’me dis qu’elle devrait pas, que j’ai fais quelque chose qu’il fallait pas y’a des années. Pourquoi j’me sens obligé d’y repenser ?
Mais ça ira finalement, parce que dans quelques heures le soleil va se lever. Rien n’aura changé, Carla ne voudra pas partir, Louis ne sera pas rentré. Peut être qu’il ne rentrera jamais et qu’elle sera pour toujours est à jamais un bout de passé que je pense pourvoir récupérer, ramener avec moi sur la terre ferme.
Mais c’est faux non ? J’ai l’impression qu’elle hante cette maison et qu’elle ne pourra plus jamais en sortir, que j’aurais beau la tenir par la main, elle la lâchera toujours sur le seuil de la porte. Peut ête qu’elle n’existe que là-bas, à attendre son amour perdu, veuve éplorée qui hurle à la mer que Louis devrait rentrer. Alors voilà c’est là-bas qu’on va, vers la mer, peut être qu’elle pourra et parler des aiguilles dans son ventre et du noir dans sa tête, du noir à la craie sur ses plaies et du charbon entre ses dents. Peut être qu’elle saura trouver des mots où qu’elle ira se noyer.
Je continue de pédaler sur la côte, moment suspendu qui s’étire et s’étale sur nos peaux, le temps que je garde entre mes dents comme un élastique qui me reviendra dans la gueule. Demain, je ne serais sûrement plus là, mais toi Carla,
Où-tu vas ?
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Dernière édition par Ian Coley le Jeu 18 Oct 2018 - 10:28, édité 1 fois
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Jeu 18 Oct 2018 - 5:26
Le vélo filait toujours dans la campagne écossaise, voyage éternel qui se traînait et défiait le passé. Carla, oiseau blessé toujours perché, ouvrit les yeux pour croiser le regard de l’horizon et surpris un chemin incorrect roulant sous les pneus. Mais elle ne dit rien, observant simplement le paysage qui défile au rythme des coups de mollets, alors que les étoiles brillent puissamment dans le ciel afin de défier la civilisation. La nuit s’étendait au-dessus d’eux, comme un dôme protecteur qui épargnerait leur souffrance. L’espace d’un instant, bercée par l’obscurité, Carla eut l’impression de sortir de son corps et de sa vie de misère. Oublié le viol, oubliée la perte de Louis. Défié l’horizon d’un rire à rendre jalouses la mouettes. Faire revivre des éléphants roses, juste une fois, encore une fois, une ultime fois. Ça serait peut-être la dernière nuit de sa vie ?
Le sable commença à crisser sous le vélo et l’écho de la mer vint taper contre les oreilles des deux jeunes adultes redevenus des adolescents. Le voyage prenait fin et l’oiseau s’échappa de son perchoir pour rejoindre la terre ferme, albatros baudelairien s’égarant contre la pesanteur. Des petits pas hésitants, laissant des traces sur le sol aussi éphémères qu’éternelle. Puis l’innocente retira ses vêtements avec calme, laissant le vent glacial d’octobre râper sa peau douloureusement. Aucune pudeur dans ses gestes ; Ian l’avait déjà vue nue des années auparavant. Ils étaient amis et aucun sous-entendu sexuels ne pouvaient vraiment résidés entre eux, même des baisers oubliés, fautifs alors qu’ils étaient tous les deux amoureux. Ça ne représentait rien de plus qu’un peu de chaleur au bord des lèvres, un brasier dans le cœur pour contrer la solitude.
La silhouette de Carla se retrouva nue face à la mer, prête à se laisser emporter dans un bain de minuit et pourtant, il y eut une hésitation. Le passé la frappa comme une gifle et elle frissonna sous la pression, se rappelant les mains d’un autre homme qui forçait son intimité et parcourait ses cuisses avec violence. Douleur dans le bas ventre. Carla rabattit ses mains autours de sa poitrine, cherchant à dissimuler ses courbes. Ne pouvait résider aucune sexualité entre les deux amis et pourtant elle hésitait. Un homme était un homme. Qu’est-ce qui lui disait que Ian ne pouvait pas être comme l’autre ? Comme son violeur.
Elle le connaissait. Elle l’aimait. Elle l’avait vu grandir, s’épanouir, souffrir aussi. Cependant avec la nudité venait une fragilité qu’elle n’était pas sûre d’être capable d’assumer. Le jeune homme ne laisserait-il pas son regard s’égarer sur son corps ? Quelle était la différence entre un regard et des mains ? Quelle était la différence entre un baiser pour oublier les hématomes et un sexe qui viole une intimité ? La nuit avait beau l’accueillir, Carla ne pouvait pas fuir le passé. Elle ne pouvait pas laisser sa tête aller contre l’épaule de Ian et ne pouvait pas se dénuder ainsi et foncer dans l’eau, tête baissée, comme s’ils avaient encore 16 ans. La falaise de leur adolescence et de leur joie s’était écroulée il y a bien longtemps et ne restaient désormais que des illusions perdues et des amis disparus. Ils ne pouvaient plus jouer à ce jeu-là, ils étaient trop vieux désormais. Les genoux de Carla lâchèrent et, avant même d’avoir atteint la mer, elle s’écroula dans le sable.
- N’approche pas.
Ordre murmuré à la nuit, violemment.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Jeu 18 Oct 2018 - 10:29
Les bras qui sortaient du gouffre.
How much past can i take ?
Elle ne dit rien sur notre destination ; peut être qu’elle sait où on va. Quel que soit l’endroit où je me trouve c’est toujours ce qui me manque le plus, la mer froide et impersonnelle du Nord, celle qui avale les bateaux mais recrache toujours les gens, celle qui se pare d’un voile de brume les jours de deuil.
Chez moi.
Elle descend et retire ses vêtements sans se poser de question. Comment pourrais-je en être gêné ? La pudeur n’a pas vraiment de sens pour les métamorphes mais j’ai mes bandes en dessous et je ne veux pas qu’elle puisse les voir. Et alors que j’hésite elle se retourne et je perçois toute la violence de son geste à travers mon corps, à travers notre amitié qui s’effrite et s’étiole. Je suis à bas du vélo, mais je n’ai fait sauter aucun de mes vêtements, débardeur gris un peu trop grand et jean usé. Mais elle ne me regarde pas, elle regarde le passé et les choses qui ne sont pas. Elle ne me regarde pas, peut être ne m’a-t-elle jamais vu.
Ses bras viennent couvrir sa poitrine, geste ridicule de défiance alors qu’elle s’est elle-même mise à nue. Je n’ai rien demandé, elle a cru pouvoir et n’a pas pu. Mes lèvres se pincent d’elles-mêmes alors qu’elle s’effondre sur le sol. Ses mains heurtent le sable gelé d’Automne mais tous ce qu’elle peut me dire c’est :
- N’approche pas.
C’est à mon tour de croiser mes bras sur mon torse, immobile dans la lueur presque morte. Le vent vient s’emmêler dans mes cheveux, odeur iodée de passé et de futur ; j’obéis. J’obéis puisqu’elle m’ordonne de ne pas approcher. Mais si elle ne parle pas, si elle n’explique pas, si elle ne veut pas que je comprenne, qu’est-ce que je fais là ? J’ai cru qu’on pourrait se tenir la main assez fort pour se sortir de là mais elle creuse elle même sa tombe en me demandant de regarder. Pourquoi tu ne parles pas ? Ça serait juste plus simple, non ? Elle ne pense pas pourquoi me dire la vérité pour une fois ?
Petite forme minuscule sur le bord de la rive, les genoux cloués sur le sol et la peau translucide, elle m’exaspère autant qu’elle m’inquiète. Mais j’obéis parce que j’ai envie qu’on ne joue à rien ici, j’te tirerai pas les vers du nez, défiant et adulte je reste sur la rive, l’invincibilité au bout de mes dents. Parle, putain. Lève toi et crache moi ce qui s’est passé, ce qui t’entoure de te scie tes journées en deux, qui happent tes pensées et tes moments pour les enfiler un par un sur le collier de ton agonie.
Lève toi, Carla.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Ven 19 Oct 2018 - 16:52
Les mains de Carla s’accrochèrent machinalement au sable, ses ongles s’enfonçant profondément pour éviter d’avoir à s’enfoncer dans la chair blanche et fragile qui restait sur ses os démunis. La fraîcheur de la nuit venait frapper sa peau nue et la jeune femme, timidement, gentiment, releva ses mains desquels glissaient des milliers de grains, incapable de s’arrêter. Sablier humain qui voit passer le temps sans être capable de le retenir. Tremblant, sous le froid, sous la peur, sois le poids des souvenirs, Carla récupéra son t-shirt, qu’elle passa au-dessus de son cou, maladroitement, puis elle enfila sa culotte et soupira, soulagée de sentir la bande de tissu contre son intimité, enfin protégée. Pour combien de temps encore ?
Il avait suffi à l’homme de la plaquer contre un mur et d’arracher le sous-vêtement pour y avoir accès. Elle se rappelait le goût, l’odeur et le toucher surtout. La douleur qui perçait entre ses cuisses et les larmes qui coulaient contre ses joues alors qu’elle ne pouvait rien faire. Puis l’abandon, inévitable, contre la force de cet homme terriblement grand. Il hantait encore ses cauchemars.
- Tout ce que je voulais, c’était retrouver Louis...
Un sanglot coupa sa gorge alors qu’elle était toujours agenouillées dans le sable, ses doigts creusant compulsivement les grains devant elle. Les mots étaient incapables de sortir, ne voulaient pas traverser la barrière de ses lèvres alors qu’il lui suffisait de fermer les yeux pour revivre la violence des coups, la violence du viol. Elle l’avait déjà fait, une fois. Elle avait tout raconté à Sylvester, quelques jours seulement après avoir vécu l’horreur. Elle lui avait dit la douleur, le sang, la mort qui régnait également autour de l’orphelinat. Les mots étaient sortis en cascade, mais il avait fallu avant cela un mois de mutisme pendant lequel l’exorciste c’était occupé d’elle sans la toucher puisqu’elle ruait au moindre contact physique. Les mots étaient sortis, mais ça n’avait pas changé beaucoup de choses.
Quelques années auparavant encore, elle espérait pouvoir guérir. Sortir du malheur de cette terrible nuit et avancer, retrouver une vie. Mais Carla était restée bloquée dans un passé qui n’avançait pas et une ville fantôme qui, peu à peu, avait dévoré son âme. Little Angleton avait fermé ses portes et elle était restée enfermée à l’intérieur. De l’autre côté des murailles. La jeune femme tourna un regard désemparé, vide, brouillé vers son ami d’antan. Elle repensait à l’odeur du sang alors que les hanches du terroristes bougeaient en elle. À la longue fuite ensuite dans la forêt jusqu’à la cabane où elle s’était écroulée, persuadée qu’en s’endormant elle se réveillerait vraiment pour constater que tout ça n’était rien d’autre qu’un cauchemar. Ça faisait cinq ans désormais qu’elle attendait de se réveiller. Parler ne changerait rien, mais se taire non plus. L’effort était néanmoins terrible pour Carla ; raconter c’était accepter ce passé qu’elle rejetait avec force. Mais Ian était là, derrière elle, et il attendait alors que les vagues hurlaient sur la plage.
- Il y avait une odeur de sang partout sur les murs. Et des hommes... et des femmes... ils ne peuvent pas être humains, se sont forcément des monstres...
Sa voix alla mourir sur les récifs alors qu’au-dessus d’elle flottaient les silhouettes distordues des responsables de l’attaque du Mystery Orphanage.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Sam 20 Oct 2018 - 18:03
Les bras qui sortaient du gouffre.
How much miserability can i take ?
Ses cheveux clairs flottent un instant autour d’elle, fins et fatigués, parfaitement calqués sur l’allure de son corps. Et sûrement de sa tête. J’essaie encore un peu - vraiment pas beaucoup - de rester en dehors de cette histoire mais elle se met à parler et j’ouvre mon don au même moment.
- Tout ce que je voulais, c’était retrouver Louis…
Un flot de boue putride et nauséabonde sature immédiatement le canal alors que je me retourne pour cracher. Même rhabillée je la sais désormais nue alors que ses doigts griffent le sol. Je sais que j’en serai là un jour mais ce n’est pas le cas ce soir, je suis incapable de sentir sa peau se déchirer. Pourtant je le sais. J’le sais bien, ce que ça fait. Mais elle n’a pas terminé et le flot ne se tari pas. Sa tête est emplie de toiles d’araignées vieilles de plusieurs années que se sont largement nourries, elle n’est plus q’un morceau pourri au fond d’un cachot humide, le ciel est posé sur sa tête là, juste pour l’écraser. Comme une semelle contre son crâne. Je ne sais pas de quoi elle parle mais je sais la douleur et la terreur, sourde et enfouie, habitante d’un terrier dans ses entrailles depuis plusieurs années.
- Il y avait une odeur de sang partout sur les murs. Et des hommes.. et des femmes.. ils ne peuvent pas être humains, se sont forcément des monstres..
Les vagues roulent derrière elles, habituelles, revenant sur le rivage jusqu’à la nausée. Je crois savoir de quoi elle parle mais je ne suis pas là pour m’avancer. Louis a décidé qu’elle ne saurait pas ; elle ne saura jamais.
- Où ça, Carla ?
Ma voix est une chaude note de basse sur les côtes de notre village d’enfance, là où on a décidé que ces gens, ça serait notre bande de potes. Décision dans le vent, nous ne sommes plus rien. Et moi, je continue de flotter dans un amas refoulées de choses qui gravitent autour d’elle et qu’elle repousse plutôt que de les ingérer. Une bile atroce m’envenîme la langue et je me force à laisser venir tout ça, don utile mais don de soi, don futile et misérable. Je sens l’odeur du sang et la chair brouillée, mais surtout, surtout le temps qui passe, horloges et montres qui s’accordent pour dire la même chose : ça fait tellement longtemps. Quoi que ça puisse vouloir dire, des années sont passées et rien n’a changé, personne n’est revenu et la sensation n’a pas disparue. Si elle est effectivement allée à l’orphelinat, peut être qu’elle a été happée dans un mouvement meurtrier et sanguinaire. Elle a pu être considérée comme une des nôtres ou une innocence, utilisée - violée ? comme ils savent faire. Comme ils sont entraînés à faire.
Je me plie en deux pour vomir en imaginant les autres, tous les autres et à cet instant tout précis je n’ai qu’une envie; Autumn.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Sam 27 Oct 2018 - 17:18
- Où ça, Carla ?
La voix de Ian résonna dans le lointain, comme s’ils étaient à des milliers d’années lumières l’un de l’autre. Peut-être était-elle restée ancrée dans le passé alors que lui et tous les autres avaient avancé. C’était pour ça que, désormais, elle se retrouvait seule à Little Angleton, âme errante pourtant vivante, errant avec les fantômes. Ils étaient tous partis, s’étaient tous aventuré dans le futur. Ses parents avaient faire leurs bagages et avaient emporté son frère. Où étaient-ils à présent ? Étaient-ils seulement encore ensemble ou sa mère avait-elle enfin eu le courage de demander un divorce qu’elle aurait dû exiger vingt ans auparavant ? Ses amis aussi avaient disparu. Enfoncé dans un ailleurs qu’elle ne pouvait pas apercevoir avec ses yeux translucides. Et voilà qu’à présent elle se retrouvait sur cette plage, toujours plongée dans des souvenirs qui la hantaient alors que Ian, deux pieds dans le présent, la surplombait.
Carla entendit le vomit jaillir des tripes de son ami. Puis elle sentit l’odeur, caractéristique et acide, de la bile qui s’était répandue sur le sable. Elle même dut retenir un haut le corps pour ne pas voir son propre estomac se répandre sur la plage grise d’Ecosse. Son ami avait-il compris ? Avait-il lu le sang, la violence, les coups de heurtoirs entre ses jambes ? Il ne devait pas ignoré ce qu’il s’était passé à l’orphelinat - sa maison, la maison de sa famille reconstituée - aussi pouvait-il imaginer, peut-être même était-il présent et avait-il réussi à s’enfuir... Alors il vomissait, il vomissait ses propres souvenirs et ce qu’il pouvait lire dans le cœur de Carla. Ian était comme ça... Capable de deviner d’un moindre coup d’œil, d’accourir à la première sonnerie du téléphone, de la soutenir quand elle s’écroulait. C’est pour ça qu’il était aussi facile de se tourner vers lui quand ça allait mal, parce qu’il savait la soutenir, parce qu’il lisait dans ses yeux sans qu’elle n’ait rien besoin de dire. C’était si facile de se confier et de se blottir, d’évacuer ses problèmes et de tout oublier. Mais pas cette fois. Cette fois il était là, derrière elle, à vomir sa bile et à attendre ses mots.
La mer hurla dans l’horizon alors que Carla fichait ses yeux dans le lointain, cherchant un point qui n’existait pas, un phare au milieu de la tempête. Refoulant les sanglots, les larmes, la bile, elle inspira longuement avant de laisser les mots sortir, froidement.
- On avait prévu de se voir avec Louis. Je l’ai appelé sur son portable, mais j’ai tout de suite compris qu’il y avait un problème, beaucoup de cris derrière lui... Je me suis précipitée à l’orphelinat et...
Sa voix se cassa, refusant de se laisser abattre, elle ravala l’acidité qui était montée contre sa gorge et continua :
- Il y avait du sang partout. Des corps aussi. Et cet homme... Il était immense, il m’a plaqué contre un mur et m’a forcée à me déshabiller. Il m’a violée. Là, au milieu du hall alors que des enfants mouraient autour de moi. Puis il m’a abandonnée, comme si j’étais déjà morte, comme si je ne servais à rien d’autre qu’à se vider. J’ai réussi à partir... J’ai réussi à partir mais pas les autres. Il y avait tellement de morts...
Voilà. Elle l’avait dit, elle avait abattu les mots, froidement, les forçant à sortir de sa bouche, allant les tirer jusqu’au fond de ses os. Est-ce que ça allait mieux pour autant ? Non.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Jeu 15 Nov 2018 - 11:21
Les bras qui sortaient du gouffre.
How much suffering can i take ?
Elle s’ouvre un peu et je ne cède pas. Pourtant c’est ce que je voudrais faire - ce que je devrais faire ? Je ne sais pas. On apprend à maîtriser son don, à augmenter en finesse et en précision mais on n’apprend pas vraiment à réparer les vivants. Ou les morts. Sur quel bord se trouve vraiment Carla ? Elle ressemble à une âme ballottée dans le Styx, Mégara qu’on ne serait pas venue chercher, vieille et jeune à la fois, les traits tirés et la vie terminée.
Elle reprend son souffle - j’ai l’impression que ça fait des années qu’elle n’a pas vraiment respiré. Du plomb dans l’estomac, du goudron dans les poumons, des souvenirs plein les bras.
- On avait prévu de se voir avec Louis. Je l’ai appelé sur son portable, mais j’ai tout de suite compris qu’il y avait un problème, beaucoup de cris derrière lui.. Je me suis précipitée à l’orphelinat et..
Bien sûr que j’en veux déjà à Louis. Quelles que soient ses excuses elles ne seront jamais bonnes, jamais suffisantes ; il n’est pas là. L’orphelinat était une cible de choix et il ne s’est pas dit qu’il fallait éloigner Carla. Mes lèvres se pincent : je sais qu’on n’est pas parfaits. Mais j’espère faire mieux que ça pour Autumn. J’espère être mieux que ça. Est-ce que je suis mieux que ça ?
- Il y avait du sang partout. Des corps aussi. Et cet homme… il était immense, il m’a plaqué contre un mur et m’a forcée à me déshabiller.
J’ai vraiment envie de bloquer mon don, couper la route à ses émotions et ne garder que ses mots. Mais je ne peux pas et je sens que somehow, c’est cathartique pour elle. Mais je rage sur sa faiblesse ; les humains devraient être entraînés aussi. Savoir se défendre, savoir égorger l'homme qui l'a plaquée contre un mur.
- Il m’a violée. Là, au milieu du hall alors que des enfants mourraient autour de moi. Puis il m’a abandonnée, comme si j’étais déjà morte, comme si je ne servais à rien d’autre qu’à se vider. J’ai réussi à partir… J’ai réussi à partir mais pas les autres. Il y avait tellement de morts.
Je soupire. Elle a été traînée dans un monde qu’elle ne connaissait pas alors qu’elle en faisait partie. Je m’assois, je suis toujours aussi loin mais mon don me charrie assez de douleur comme ça sans avoir en plus envie de la toucher. Mon don est saturée et ma compassion est trop ensevelie sous les gravats pour être aperçue.
- C’était la guerre et il y a eu un massacre. Il y a eu énormément de morts comme il y en a tous les jours dans les guerres. Mais faut que tu te sortes de là.
Je me mords la joue pour ne pas vriller, la colère est sourde et profonde, râcle les bords de mon ventre.
- Y’a rien qui peut t’aider à sortir de ce gouffre si ce n’est toi-même. Ils ne reviendront pas ; tu ne retourneras pas l’orphelinat.
Je souffle.
- Et peut être qu’un jour, tu te vengeras.
A travers moi.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Sam 17 Nov 2018 - 13:44
La petite plage grise semblait être un tableau représentant la tristesse et les cauchemars ; deux enfants ayant grandis trop vite, échoués dans le sable comme tant d’autres galets coupants et coquillages laids, un ciel lourd d’octobre et des vagues agitées. Les mots étaient à présent tombés, sans pour autant que Carla se sente soulager d’un poids. Elle les avait simplement laissé couler dans le vent qui les avaient emportés jusqu’à Ian, s’enroulant autour du jeune homme avec toute leur lourdeur. Le poids du passé serait-il plus compliqué à porter à deux ? Non. Ce n’était que mensonge. Rien ne pourrait soulager Carla de ce poids. Pas ce soupir dans la bouche de Ian, pas cette colère qui porte ses mots :
- C’était la guerre et il y a eu un massacre. Il y a eu énormément de morts comme il y en a tous les jours dans les guerres. Mais faut que tu te sortes de là.
La guerre. Alors c’était ça, la guerre. Carla n’en avait pas l’impression ; une guerre ça se fait à deux, ça se confronte, ça se bat pour des idéaux, pour des pays, pour des gens. Là il n’y avait pas eu de lutte, juste des actes atroces de monstres sortis des ténèbres pour violer et égorger. Ils avaient pris l’essence entre ses jambes et le sang dans la chair des orphelins. Ils avaient mis le feu au Mystery, sans hausser le sourcil, pire encore, ils en avaient ri. Pouvait-on appeler cela la guerre ? Pouvait-on dire qu’un tel acte de terrorisme, motivé par des intentions dans la noirceur ne devait trouver d’égal que dans le cœur de ces gens, était la guerre ? Pas vraiment ; ça tenait plus de l’ordre du supplice, de la torture. Et c’était injuste. Injuste et laid.
- Y’a rien qui peut t’aider à sortir de ce gouffre si ce n’est toi-même. Ils ne reviendront pas ; tu ne retourneras pas à l’orphelinat.
Le passé était enterré, mais qu’en était-il d’elle ? Sur cette plage, la lourdeur des nuages sur ses épaules et le vent marin dans ses cheveux, Carla pris conscience que, malgré tout, malgré la douleur, malgré la solitude, elle était encore vivante. Le sang pulsait dans ses veines et l’air s’infiltrait dans ses poumons. Elle aurait pu hurler à la vie, elle aurait pu se relever, choisir de vivre, partir avec Ian. Ils auraient pu visiter le monde, se refaire tatouer, se prendre des cuites, oublier un peu ou au moins faire semblant. Elle resta échouée dans le sable.
- Et peut être qu’un jour, tu te vengeras.
Combien de fois avait-elle rêvé de planter un couteau dans la lame de son agresseur ? De lui retirer ses boyaux, un à un ? De lui faire ne serait-ce qu’un dixième de tout le mal qu’il lui avait fait. Cet homme qui dans ses cauchemars était si grand, si effrayant et qui devait en réalité l’avoir probablement oubliée. Combien d’autres femmes avait-il violée ? Combien d’enfant avait-il égorgé ?
- Est-ce que ça rendra la souffrance moins réelle pour autant.
Haussement d’épaule. Bien sûr que non. Tuer le meurtrier de ses enfants peut-il les faire revivre ? Évidemment que non. Bien sûr que non. Faire du mal à cet être, aussi abject soit-il, ne lui rendrait pas le peu d’innocence que son père avait pu lui laisser.
- Je le hais, mais je refuse de devenir comme lui.
Elle avait souvent rêvé de rendre à son père ses coups. Elle ne l’avait jamais fait. Pas par peur, non. Simplement parce qu’elle ne voulait pas s’abaisser à son niveau, qu’elle ne voulait pas devenir comme lui. Alors la guerre, le terrorisme, quel que soit les causes de son violeur, elle refusait de l’y rejoindre. Elle ne pouvait qu’espérer en une sorte de karma des gens qui l’entourait et qui, un jour l’abandonnerait, parce qu’il était impossible d’aimer un tel être. Il finirait par mourir seul, à crever comme un rat dans une cave. Et peut-être seulement qu’à ce moment-là la souffrance se tarirait.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Lun 19 Nov 2018 - 21:55
Les bras qui sortaient du gouffre.
How much darkness can i take ?
La colère me monte à la gorge - combien de temps a-t-elle mis à monter ? Étrange détachement qui m’a saisi mais elle monte, elle me dit que même si je suis habitué comme jamais à cette noirceur qui nous salit les yeux c’est pas une raison pour s’y résoudre. Ses mots résonnent au rythme des vagues qui lèchent les galets et tombent, justes et gelés :
- Est-ce que ça rendra la souffrance moins réelle comme autant ?
Elle hausse les épaules alors que je détourne le regard. Quelle souffrance, Carla ? Elle peut annihiler cette souffrance et faire de la joie à partir de rien, n’est-ce pas ? Est-ce mon don qui me dicte ça ?
- Je le hais, mais je refuse de devenir comme lui.
Et les bras qui m’en tombent et le sel sur ses plaies, les vagues qui lèchent son passé quand je rêve d’un homme dans une tombe.
J’essaie de détendre mes épaules et prendre moins à coeur la vie mais c’est Carla et tout ce qui vient d’elle me prend à bras le corps et j’aimerais lui dire qu’elle a tord. Qu’il fait ça à d’autres, que c’est le moment d’aller voir et d’aller plus loin, de sauver les autres. Mais elle ne sauve pas elle même ; pourquoi irait-elle s’occuper de la vie des autres ? Alors qu’elle n’est pas au courant de la magie ? Mon raisonnement est idiot à souhait.
- Je n’ai pas la réponse.
Voilà, parce que c’est la vérité et c’est atroce, je sais ce que tu ressens mais mes solutions ne sont pas les tiennes, mes solutions sont mes seules options quand tes choix sont différents. Mais faut faire un autre choix que celui de ne pas choisir.
- Mais sors-toi de là, s’il te plaît..
Je n’ose pas dir « rentre avec moi ». La volonté franchi mes lèvres mais aucun son. Elle a besoin de Louis et Louis n’est pas là. Fin de l’histoire. De cette histoire. Mais pas de la sienne, si ? J’ai envie de l’approcher, de la serrer dans mes bras, de la toucher pour que la chaleur de mon corps devienne sien ; envie d’être loup et de m’enrouler autour de son corps salé mais je ne bouge pas.
- …je.. (je ferme les yeux, passe mes mains sur mon visage).. s’il te plaît.
Son corps dénutri n’est qu’angle et suspicion. Il n’y a plus de rage ni de flamme, plus d’outrance ou d’écoeurement qui éclate les poings contre le mur. Il n’y a que ça, sa voix qui claque et ses muscles qui lâchent.
Et Louis qui ne rentre pas.
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Mar 20 Nov 2018 - 17:42
Carla observa ses mains, les grains de sable glissés sous ses ongles, contre sa peau. Fut un temps où cela l’aurait irrité, où elle adorait la mer, mais haïssait ce sable si collant qui se frottait à son être. Fut un temps où son corps et ses besoins avait de l’importance. Mais à présent ? À présent elle ignorait ses demandes. Elle ne se levait le matin que pour aller faire son pain, ne se lavait que pour ne pas pourrir, ne mangeait que devant son patron pour lui faire plaisir. Une vie de vide et d’équilibriste. De répétition et de quotidien. Cela faisait des années qu’elle ne s’était accordé aucun de ces plaisirs futiles qui donnent un sens à la vie. Pas de sortie au cinéma. Pas de verre avec les copains. Pas de plaisir solitaire sous les draps. Carla avait abandonné son corps dans un coin de son esprit.
- Je n’ai pas la réponse.
La jeune femme n’en attendait pas réellement. Comment pouvait-il en être autrement ? La souffrance s’était installée là, avait envahie son cœur et son être et ce n’est pas la mort d’un autre qui la rendrait plus supportable. Engloutie sous la douleur, elle gardait cependant la certitude qu’aucune mort ne pourrait changer son état. Les cadavres ne revenaient pas à la vie. Les cicatrices ne cessaient pas d’exister. Les amants disparus ne revenait pas.
- Mais sors-toi de là, s’il te plaît..
L’histoire entre Louis et Carla s’était achevée il y a bien longtemps. Mais l’histoire de Carla, de cet être fantomatique abandonné sur une plage grise, qu’en était-il de cette histoire ?
- ... je... s’il te plaît.
Il aurait été si facile de se lever, de s’approcher et de tendre une main. De disparaître, d’aller ailleurs. De refaire une vie dans une grande ville. Elle avait terminé son apprentissage à présent, elle pouvait fuir n’importe où, toquer chez un boulanger à New York, Paris ou Londres. Et même, pourquoi pas, ouvrir sa propre boulangerie. Ils étaient jeunes, ils avaient le monde et la vie à leurs pieds. Mais était-il si jeunes que cela ? La vie les avaient bouffés et Carla n’avait pas besoin d’un miroir pour savoir que les cernes dévoraient son regard, que les rides commençait à naître aux creux de ses malheurs. Le poids de Louis l’ancrait à Little Angleton, pour combien de temps encore ? Combien de temps avant que la vieillesse ne la fasse expirer ?
Carla força son corps à se relever pour s’approcher de Ian. Sa main s’éleva pour se glisser contre une joue, avec une douceur infinie, un amour infini.
- Je t’aime, Ian.
Un sourire triste naquît sur ses lèvres, observant longuement son ami avant de parler à nouveau.
- Et un jour je te promets que je recommencerai à vivre, que j’irai boire des verres avec toi et fumer des joints dans des ruines. Un jour je m’extrairai de tout ça et j’arriverai à regarder les vivants au lieu des fantômes. Un jour je... j’aurai la force de te remercier d’être venu.
Le regard de Carla se perdit un instant dans le gris de l’horizon, dans le gris des yeux de Ian.
- Mais avant cela, j’ai besoin de ressentir la souffrance. Laisse-moi faire ça, pour moi, pour Louis, pour tous ces enfants morts à l’orphelinat. Je leur dois au moins ça.
La main quitta la joue pour tomber contre la gravité. Lourdeur infinie. Douleur infinie.
« La douleur infinie de celui qui reste. Comme un pâle reflet de l’infini voyage. Qui attend celui qui part. »
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Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Mer 21 Nov 2018 - 21:12
Les bras qui sortaient du gouffre.
How much lies can i take ?
Je le sens avant de l’avoir, brise salée mais douce, si douce qu’elle s’enroule autour de moi et j’en ferme les yeux alors qu’elle se relève. Sa main glisse sur ma peau, fraîche. Fantomatique. Les paupières toujours closes j’écoute avec abandon le frisson qui s’enfuit de ma nuque jusque dans mes épaules, mon dos.
- Je t’aime, Ian.
J’aimerais qu’elle puisse savoir à quel point c’est réciproque ; pourquoi n’est-elle pas empathe également ? Ses lèvres s’étire sans que cela atteigne ses yeux mais trop tard, j’ai vu ce que je voulais voir. Je sens ce que j’attends avec anxiété : elle est debout. Même si elle ne tient pas encore bien sur ses deux pieds elle finira bien par avancer.
On finira bien par trouver la sortie de ce labyrinthe de la souffrance.
- Et un jour je te promets que je recommencerai à vivre, que j’irai boire des verres avec toi et fumer des joints dans des ruines.
Mes dents se serrent ; j’attends un « mais » qui tarde trop à tomber ; épée de damoclès qui se balance.
- Un jour je m’extrairai de tout ça et j’arriverai à regarder les vivants au lieu des fantômes. Un jour je.. j’aurai la force de te remercier d’être venu.
Je sens les larmes monter. Dis-le Carla. Dis-le.
- Mais avant cela, j’ai besoin de ressentir la souffrance. Laisse-moi faire ça, pour moi, pour Louis, pour tous ces enfants morts à l’orphelinat. Je leur dois au moins ça.
J’ai envie d’exploser tandis que ça main retombe. De lui prendre les épaules et la secouer pour lui dire qu’elle ne doit rien à personne. La rage me mange le ventre et déchire mon estomac ; sa peau a quitté la mienne et je lui en veux de ne pas voir que cela fait des années qu’elle traîne comme ça. Des années, ça ne suffit pas, Carla ?! Que se laisser mourir ce n’est pas les aider ni leur rendre hommage, que c’est idiot et qu’il faut vivre maintenant parce que c’est tout ce que tout le monde a. Mais Carla étant Carla je me tais résolument avant de la prendre dans mes bras. Toute la douceur du monde se pose du bout de mes doigts alors que je l’enserre.
Délicatesse.
Je la soulève en la faisant tourner à l’allure d’un manège pour enfin, sans cheval ni attraction. Ma peau brûlante contre sa résignation. Comme toujours elle me demande et je fais, je m’exécute car elle a parlé. Je ne hurle pas, je ne la secoue pas, je laisse ma peine me ronger les os et m’effiler la peau.
C’est d’accord. Comme toujours, c’est d’accord et mes larmes viennent mouiller son cou. Comme je m’en fou. Comme je m’en fou et comme j’aimerais ne plus jamais la lâcher, les vagues et la vérité sur ses lèvres, son corps décharné mais bien vivant, mon amour pour elle et le temps qui fou le camp.
Je l’aime, mais si Louis ne revient pas je la perds. Elle a beau avoir dit, moi je sais et j’ai compris.
Je sais qu’elle a menti. Je sais qu’au fond si Louis ne la rattrape pas, elle est déjà partie.
GASMASK
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Niveau du personnage Point RP: (123/200) Point Membre: (92/200) Niveau: 7 - ConfirméeCarla A. S. Lowett Humaine Innocente
Sujet: Re: Les bras qui sortaient du gouffre Dim 25 Nov 2018 - 23:07
Sur une plage, deux enfants s’aimaient. Serrés l’un contre l’autre pour affronter les tempêtes, ils ne ressentaient plus ni le froid ni le désespoir. Ils étaient justes présents, accrochés l’un à l’autre pour garder un équilibre instable. Pour un temps infini, ils restèrent juste là, las, avant que le garçon ne la soulève pour la faire tourner. Tourne, tourne, autour du monde. Petits chevaux de bois et carrosses aux galops. Dans cette danse savante, le nez réfugié dans le cou de Ian, Carla sentait les larmes dévaler les joues de son ami. Tout le reste s’était arrêté et les seuls mouvements qui subsistaient étaient ce manège enchanté et l’eau qui perlait aux coins des yeux.
Lentement, elle retrouva le sol et se libéra de l’étreinte, reculant de quelques pas pour retrouver son propre équilibre. Le sel marin collait à sa peau, mélangé aux goût des larmes de Ian. Les yeux de Carla étaient secs, eux ; ils ne savaient simplement plus pleurer. Elle saisit sa main et le tira jusqu’au vélo abandonné pour le remettre droit. Sans monter dessus, elle se contenta de le pousser. La ville la plus proche n’était désormais plus si loin et Ian lui avait promis une pizza. Elle pouvait bien faire un effort l’espace d’une soirée. Ensemble ils iraient acheter une grande pizza dans la caravane sur la place du marché. Malgré le froid ils mangeraient dehors, vers la fontaine avec l’homme nu qui les faisait tant rire enfant. Ian mangerait certainement la plus grosse partie de la pizza et elle grignoterait quelques part, abandonnant les croûtes d’un côté, trop brûlées. Peut-être qu’ils prendraient une bière également, au bar du coin. Elle fumerait sûrement et il lui volerait des tafs.
Le vélo roulait lentement sur le sable, tressautant à chaque grain. En silence, Carla le poussait toujours, son cœur déjà dans la pizza.
Une fois la soirée finie, il la prendrait dans ses bras une dernière fois. Il n’essayerait sans doute pas de la convaincre de partir avec lui ; Ian était trop délicat pour cela, comme s’il savait lire dans ses pensées. Il se contenterait de la serrer. Peut-être pleurerait-il. Pas elle. Une fois l’étreinte achevée, elle retournerait à Little Angleton sur son vélo, glisserait dans la nuit. L’obscurité serait sa cachette à l’approche de la ville. Le vélo retrouverait sa place derrière un buisson et elle, l’appartement de Louis.
Carla se retourna un instant, pour s’assurer que Ian la suivait toujours :
- Tu me dois une pizza, je crois ?
Le vélo avançait toujours, mué par le peu de force qu’il lui restait.
Une fois dans l’appartement de Louis, elle ne dormirait sans doute pas tout de suite ; elle n’y arrivait jamais. Elle prendrait donc un livre, au hasard et le relirait - elle avait déjà terminé deux fois la bibliothèque du jeune homme. Elle laisserait les mots l’envahir avec une tisane à côté d’elle. Peut-être prendrait-elle un somnifère. Peut-être y arriverait-elle sans.
Enfin le vélo rejoignit la route, cessant de tressauter à la moindre avancée. La route se calmait et, quelque part, le cœur de Carla également.