Let me sleep - I'm tired of my loathe

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 Let me sleep - I'm tired of my loathe

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Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyJeu 4 Mar 2021 - 16:34

Fiasco berlinois, mais nouvelle piste pour Simje. Keith K. McLaren. Une certitude, cette fois, et tant pis pour la petite Sloane qui a pris un peu bordel la dernière fois, j’avoue. Il referme son classeur plein de fiches bristol. Il lui semble parfois qu’il est bloqué en prépa, à bosser, bosser, bosser, bosser, ingurgiter des tonnes de savoir. Il voudrait juste McLaren au bout d’une corde, à vrai dire, mais après Berlin, , autant faire cavalier solitaire. Des abrutis noirs, je m’en passerai je crois. La france lui offre l’anonymat qu’il désire. Ils chassent les noirs, pas les disparus. Et parce qu’il faut bien continuer de gagner de l’argent, il fait quelques piges en temps que guérisseur par-ci par-là. Il se runait au début pour changer de visage, de couleur d’yeux, mais l’illégalité est difficile pour lui, raccorder ses papiers. Puis il ne sait que trop bien que quand il voudrait se reglisser dans sa propre vie, une disparition des radars de la société, ce n’est bon pour personne. Puis en vrai, tout le monde s’en est tamponné le cocquillard que je sois, ouh, devenu, ouh là là, méchant ! Tout le monde. J’me suis pas mis à plus exister. On m’a pas plus remarqué, personne m’a dragué, personne s’est dit oh ! Lui ! J’ai continué à flotter dans la vie, a être oublié à peine vu. C’est bien la première fois de ma vie que je trouve ça pratique.
Parce qu’il n’est personne, ce sont des affaires mineures qui arrivent dans la salle qui lui est octroyée. Une femme entre, elle est très vieille, très lasse et il remarque le sang qui tâche entièrement son abdomen. Il fait comme toujours, « bonjour » et puis « est-ce que je peux vous examiner ? » et puis « est-ce que je peux retirer votre chemise ? » et puis « est-ce que vous avez d’autres douleurs ? » il est précis et en retrait, prend si peu de place, fait la discussion. Elle raconte ses trois filles, sa plus jeune qui a du mal avec les pouvoirs et elle est là à cause de ça, mais c’est pas de sa faute. Comme toujours, il propose des runes à la dame, pour la douleur, pour la vie, pour sa petite fille, des choses faciles à reproduire aisément, avec des flèches pour expliquer. Il écoute le coeur s’apaiser, les chairs revenir ensemble, le sang sécher. Il lui propose une serviette pour s’essuyer et se retourne pour lui laisser de la pudeur, se lave les mains consciencieusement, rempli la paperasse dans un silence confortable. Et puis, elle s’en va, il regarde la liste qu’il a, quand un mec over pressé — urgence ? ou ptet que y’a plus que dans ma salle que l’imprimante marche ? y’a que dans ma salle que y’a un truc spé ? c’est moi qu’il veut voir ? Le pélo des bas étages mi-utile mi on sait pas très bien qui c’est ?

Mais Simje, lui, sait très bien qui c'est en face.
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyLun 8 Mar 2021 - 17:47

C’était l’effervescence à l’IBMM de Strasbourg. Il y avait des jours comme ça que le directeur ne pouvait pas expliquer. Aucun événement particulier, rien d’aussi dramatique que la prise de l’orphelinat du Mystery Orphanage quelques années auparavant – il s’en rappelait comme si c’était la veille, tous les patients qu’on envoyait dans les différents IBMM d’Europe grâce à des téléporteurs, du sang et des blessés partout, beaucoup de morts également –, mais simplement un jour où tout le monde avait dû décider de se blesser.
Et il fallait donc courir partout. Entre deux interventions où il eut à peine le temps d’échanger quelques mots avec le patient pour connaître leur nom, on demanda à Alec de signer trois dossiers, de valider cinq diagnostics et un guérisseur parvint même à lui glisser une réflexion sur les cernes qui se battaient en duel pour savoir laquelle des deux arriverait en premier jusqu’à son menton. Mais le guérisseur aurait menti s’il avait dit ne pas aimer cette ambiance, celle qui l’emmenait loin de son bureau pour le projeter dans la fosse au lion, où il avait l’occasion de sauver des vies, rapprocher des chairs, soulager des douleurs. C’était cette exaltation qui lui avait fait choisir cette voie et ça, rien ni personne ne pourrait le lui prendre. Il savait qu’il pouvait s’y accrocher, se jeter un corps perdu dans le travail. Les guérisseurs étaient trop nécessaires dans cette société gangrénée par la souffrance et la guerre.

Après une énième opération où il avait réussi de justesse à recoller le doigt arraché d’une adolescente, Alec se dirigea vers la machine à café pour souffler un peu. Sa dernière tasse datait de tôt – trop tôt – dans la matinée ce qui représentait déjà un bon paquet d’heure. Et il savait qu’il en aurait encore pour un moment à bosser. Il n’y avait pas d’heure supp pour les directeurs d’IBMM. C’était le contrat. Un salaire très confortable, mais il ne fallait surtout pas penser se la couler douce. Ou avoir envie de partir en vacances.
Alors que le liquide noir coulait dans sa tasse, il songea à Sam. Heureusement la jeune femme était aux études et elle n’aurait pas à l’attendre. Ce n’était pas facile de gérer son métier et une vie amoureuse – est-ce que ce qu’il vivait avec elle pouvait être considéré comme une vie amoureuse ? –, mais Alec avait simplement pris le parti de dormir un peu moins. Et tant pis pour les cernes, il se reposerait quand, quand, quand…
La machine s’arrêta, mais Alec n’eut même pas le temps de porter le liquide à ses lèvres qu’une jeune apprentie débarqua dans la salle de repos avec un air paniqué sur le visage.

– J’ai… je… j’ai

Elle peina à reprendre son souffle.

– J’ai échangé par mégarde deux dossiers !

Alec eut de la peine à se retenir de ne pas lever les yeux au ciel. Il y avait bien plus dramatique dans cet établissement et si elle commençait à paniquer au moindre problème… elle ne tiendrait pas deux semaines.

– Ce n’est pas grave. Allez simplement les récupérer et les mettre au bon endroit.

Il se demanda un instant si elle n’allait pas se fissurer devant lui et commencer à pleurer dans ses bras.

– Mais la Doctoresse Durréla m’attend pour une opération et je suis déjà en retard.

Elle semblait tellement démunie qu’il eut un peu pitié et s’adoucit.

– Bon, dites-moi simplement de quels dossiers il s’agit et j’irai mon occuper.

Alors qu’il pensait que ça allait la soulager, elle parut encore plus paniquer. Mais elle finit par lui donner le nom des patients avant de s’enfuir en courant.
Alec soupira et reposa son café qu’il n’avait même pas entamé.
Un détour par l’ordinateur lui permit d’apprendre dans quelle salle il trouverait les dossiers. Il passa donc dans la première salle, salua sa collègue qui s’occupait des urgences à cet endroit-là, puis se dirigea vers la seconde salle afin de récupérer l’autre dossier et déposer celui qu’il tenait entre les mains. Ensuite il n’aurait plus qu’à ranger le deuxième et il pourrait retourner tranquillement à son café.
Tranquillement.
Sauf que la journée semblait décidée à l’achever et, lorsqu’il ouvrit la porte, il tomba nez à nez avec l’une des dernières personnes qu’il s’attendait à voir dans son IBMM.

– Simje ?!

Il déglutit péniblement avant de se reprendre et d’envoyer à l’homme un regard noir.

– Alors Anja von Duisbourg ne s’est pas décidée à t’achever malgré l’échec de votre mission ?
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Solitaire | Patpatpatpatpatpat
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Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyLun 8 Mar 2021 - 20:24

Face à son anxiété, toujours, Simje ploie la nuque et s’incline. Il s’y ait fait, quand elle s’installe c’est toujours pour rester. Mais face à Alec, c’est bien plus que ça, c’est une peur qui lui engourdit les mains, rendant presque insensible le bout de ses doigts. Il écoute le coeur de Meyer s’emballer — puis écoute, impuissant, le sien faire de même, avant de se dire, laconique à toutes les fois où j’ai dit que j’étais vraiment pas homosexuel, que c’était Allen, juste Allen et rien que la faute d’Allen : j’avoue maintenant, je mentais. Y’a peut-être une deuxième exception. Ah ! L’humour pour gérer — enfin, faire genre qu’on gère. Tamponner le stress, rénover un peu la frontière entre la réalité et l’intérieur de soi.

– Simje ?!

Purée, j’ai déjà très très envie de m’excuser alors qu’il a dit juste mon prénom avant son accent-qui-fait-peur.

– Alors Anja von Duisbourg ne s’est pas décidée à t’achever malgré l’échec de votre mission ?

Il ne dit rien mais reste en retrait, les paumes moîtes, le corps raide.
Stp m’attaque pas, j’ai soigné des gens aujourd’hui, puis j’en ai soigné beaucoup dans ma vie, le karma il doit être quasi égal en vrai, non ?

— C’était pas un échec.

Il perçoit l’odeur du café dégueulasse des IBMM, une torture gustative fort répandue chez les équipes soignantes.
C’était trop pas un échec puisque ça nous a permis de nous rediriger vers la bonne personne — jusqu’à trouver le coupable.

Il se râcle la gorge. Il sait très bien qui est Alec Meyer. Il a bien évidemment fait ses recherches après le fiasco à Berlin, pugnace, pugnace petit Simje. Parce que je suis extrêmement professionnel. Parce qu’il n’a pas de vie, clairement. Parce que j’ai deux trois obsessions aussi. J’avoue. Et Alec Meyer, donc, n’est visiblement pas bien naît. Quelques galères de vie, comme les magiques, mais surtout, oh, surtout ! (en vrai ça m’a pris une vie d’avoir ces informations, j’ai dû aller dans des cyber cafés, puis aller sur place, runer des tas de trucs inutiles, dormir des heures, manger mon poids en gnoccis, au moins dix fois) Mais surtout Remy Sullivan ! Chouchou du mystery. C’est fou, parce que j’aurais pas fait le lien sans Ian — il m’en avait parlé, un jour, en mission, qu’elle avait été sa prof et qu’elle lui manquait vraiment, vraiment beaucoup.

Est-ce qu’elle lui manque aussi vraiment, vraiment beaucoup ?

— Je suis désolé pour ce qui est arrivé à Carver. Sloane était juste le bon pion.

Lui même a absolument extrêmement peur de souffrir, donc il sait bien comment c’est mal.

— Mais tout pour avoir des réponses. Des raisons. Des explications ? Quand les gens à qui ont tient sont assassinés, on essaie de savoir. Non, Meyer ?

Mais peut-être qu'Alec ne pense pas pareil, peut-être qu'il est de ceux qui ne se posent pas de questions -- pour pouvoir dormir la nuit et rester du côté des gentils, sûrement. Chacun ses moyens face à la douleur, n'est-ce pas ?

- Tout.


Dernière édition par Simje Voniestosiwjski le Mar 9 Mar 2021 - 11:56, édité 1 fois
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyLun 8 Mar 2021 - 22:40

Qu’était-il censé faire ? Appeler à l’aide ? Le dénoncer ? L’attaquer pour le mettre à terre jusqu’à ce qu’une brigade d’Orpheo débarque ? Mais pourquoi ? Pour qu’ils le foutent au trou comment ils l’avaient fait avec Remy avant de le balancer au bout d’une potence ?
Comme si la prison pouvait sortir quiconque de la merde.
Et comme si Alec avait la force de se battre avec Sim. Même s’il savait que la magie du polonais n’aurait aucune influence sur lui, l’homme était solide et bien plus entraîné que lui et Alec avait passé sa journée à soigner des gens et sentait bien que sa force avait pris un coup. Malgré les années d’entraînement, réparer les chairs le vidait toujours de son énergie et seul le sucre pouvait compenser ça.

– C’était pas un échec.

Le guérisseur souleva un sourcil, un peu sceptique, se remémorant le carnage dans lequel il était arrivé, son cœur qui avait battu la chamade, le mépris dans le regard d’Anja von Duisbourg, le sang qui dégoulinait sur le visage de Sam.
Comment quiconque pouvait dire que ça n’avait pas été un échec ? Ni pour les uns, ni pour les autres. Comment blesser les autres pouvait être une victoire pour qui que ce fut ? Il y avait vraiment des façons de penser qui le dépassait.

– Je suis désolé pour ce qui est arrivé à Carver. Sloane était juste le bon pion.

Alec fronça les sourcils, pas sûr d’avoir tout compris. Carver c’était le nom de famille de Sam, mais que venait faire cette « Sloane » dans l’affaire.

– Sloane ? Tu veux dire Sam.

Il était si étonné du manque de renseignement de Simje – attaquer quelqu’un sans même connaître son prénom – que sa voix en avait perdu la colère froide qui la déformait.

– Mais tout pour avoir des réponses. Des raisons. Des explications ? Quand les gens à qui on tient sont assassinés, on essaie de savoir. Non, Meyer ?

Sa mâchoire trembla légèrement. Ce qu’il lisait à travers les mots de l’homme devant lui ne lui plaisait guère. Sans compte l’estafilade finale.

– Tout.

L’image de Remy s’imprima dans la rétine d’Alec. Il devait certainement parlé d’elle. Ce n’était pas vraiment surprenant que Simje soit au courant de sa relation avec elle après tout ; ils n’avaient jamais caché leur année passée ensemble et en fouillant un peu il était facile de trouver leur dossier scolaire, leurs heures de colle ensemble après avoir inventé des bêtises toutes plus bêtes les unes que les autres.
Mais ce n’était pas parce que l’ancien agent d’Orpheo lui balançait son ancienne amant à la figure qu’il avait raison sur toute la ligne. Il y avait des choses qu’on ne pouvait pas justifier, même après avoir vécu les pires atrocités. Alec avait essayé pourtant, de gratter pour comprendre Dante et les raisons qui l’avait poussé à assassiner sa famille. Mais ça n’avait pas marché. Il n’était définitivement pas faire pour faire du mal aux autres.

– J’utilise mes pouvoirs pour soulager les souffrances des autres. Pas pour les créer.

Il avait sifflé ces quelques mots, un peu furieux qu’un mec qu’il connaissait aussi peu – ils s’étaient croisés quelques fois à des congrès de guérisseurs et toujours bien entendus, enfin jusqu’à ce que Simje fasse du mal à Sam – puisse dresser le fantôme de Remy entre eux.

– Rien ne justifie la souffrance d’autrui. Surtout si, sur le chemin, il y a une victime innocente.

C’était quoi la prochaine étape dans la tête du polonais ? Égorger des enfants ? Jusqu’où serait-il capable d’aller pour obtenir ses fameuses « réponses » ?
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyMar 9 Mar 2021 - 12:36

J’ai froid et j’ai chaud en même temps, comme si mon corps essayait de se scinder en deux : celui qui essaie de se justifier (aime moi stp, comprend moi stp - c’est humain paraît-il) et celui qui, foncièrement, a peur. Même en moi même, aucune unité.

Toujours est-il qu’il ne m’a toujours pas frappé.

– J’utilise mes pouvoirs pour soulager les souffrances des autres. Pas pour les créer.

Le sérieux retombe platement sur Simje. Subitement, plus question d’humour ou de blague. Il n’est pas là pour créer de la souffrance, et ça lui semble absurde de penser ça. Surtout quand il s’agissait de blessures mineures. J’hésite à faire une blague absurde, comme quoi, j’ai pas utilisé mes pouvoirs pour faire du mal, je peux définitivement pas utiliser la guérison pour… retourner la chose et trouer les gens ? Est-ce que c’est seulement possible ? Mais parce qu’un frisson de malaise caracole dans son dos, il se tait alors que Meyer enchaîne.

– Rien ne justifie la souffrance d’autrui. Surtout si, sur le chemin, il y a une victime innocente.

Il le sait, tout ça, il sait les gentils, il sait les grands principes de certains bons gars, peut-être les meilleurs des humains. Si il y avait eu un palmarès, Meyer aurait peut-être eu droit au podium, qui sait ? Qui sait, ugh ? Avec une petite médaille bien dorée et des photographes pour flasher ses yeux foncés, francs.

— Innocente…

Il secoue la tête doucement ; Sloane Carver, i n n o c e n t e ?

— Sloane est la pupille de Cormag Scrigemour, tu penses vraiment qu’elle prendra pas des décisions qui provoqueront des morts ? Tu crois qu’elle exerce ses pouvoirs sur qui ?

J’ai pas envie de pourrir la gamine, en vrai, mais avec Allen, si y’a une guerre contre Berlin c’est pas pour rien, les noirs sont du bétail pour l’allemagne, il y a des tonnes de paperasse obscure et des écrans de fumée partout. Même en Pologne, on refusait souvent de céder à leurs volontés parce qu’elles étaient pas éthiques selon nous.
Enfin, maintenant here I am.

Certes.

Chut.

— Imagine aussi, vu l’importance qu’elle a, la gamine, si un jour elle se fait chopper par les noirs ? Comment son pouvoir pourrait être destructeur ? Comment on pourrait tordre ses petits doss de changer la mémoire pour en faire une arme ? Que crois-tu qu’il fasse, Sir Berlin, avec elle ?

Il lève les mains en signe de reddition. Il est désolé. Il est sincèrement et entièrement désolé.

— L’intégralité de mon unité a été envoyée à l’abattoir par les hauts gradés d’Orpheo. J’aurais juste voulu trouver les responsables pour que vingt personnes ne puissent plus être rayées de la carte par la simple volonté d’un gars random, qui a décidé que.

Petit à petit, c’était plus ses collègues puis lui avaient manqué le plus, ni Hannah, parfois oui mais souvent non, c’était toujours sa chienne, il se réveillait avec la sensation qu’elle dormait à côté de lui, le poids endormi contre sa jambe, mais il n’y avait rien, il était seul, et à part protéger ce qu’il croyait avoir à protéger, il ne lui restait rien.

— Qu’il paye, tu vois ? Pas qu’il meure. Qu’il paye. Aux familles, aux enfants, à ce qu’il reste.
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyMar 9 Mar 2021 - 13:27

Un soir il était rentré chez eux et Remy avait disparu. Elle n’avait pas pris ses affaires, l’odeur de son parfum n’était plus là et pourtant l’appartement semblait vidé de son aura. Une note griffonnée sur un ticket de course l’attendait dans la cuisine, comme pour l’achever.
Elle s’était rendue à Orpheo pour le protéger.
Mais le protéger de quoi ? De qui ? Il aurait donné sa vie par amour et ça, elle le connaissait assez pour s’en douter. Avait-elle pris cette décision sur un coup de tête ou préparait-elle cela depuis plusieurs mois ? La veille de son départ, lorsqu’il avait joui entre ses reins, savait-elle déjà que ça serait la dernière fois ?
Puis les choses s’étaient précipitées. Aucun des deux n’auraient pu imaginer que ça aille aussi loin. Lorsqu’Alec avait appris pour sa condamnation à mort, il n’y avait pas cru. Jusqu’au dernier moment, ça lui semblait improbable qu’Orpheo puisse condamner à mort une exorciste qui, peu de temps auparavant, avait été de leur côté. Et puis même, le jour de sa mort, lorsqu’on lui avait ôté la vie seule et dans le silence pendant qu’Alec se morfondait loin d’elle, ça ne lui semblait pas possible, inimaginable.
Et comment faire le deuil d’un corps qu’on n’avait jamais vu mort ? Comment accepté qu’elle était partie pour toujours alors qu’elle revenait continuellement s’incruster dans le paysage ?

– Innocente ?

La voix de Simje le ramena à la réalité et à Sam.

– Sloane est la pupille de Cormag Scrimgeour, tu penses vraiment qu’elle prendra des décisions qui provoqueront des morts ? Tu crois qu’elle exerce ses pouvoirs sur qui ?

Encore ce prénom qu’il ne connaissait pas et qui était associé au nom de Sam. Mais cette fois-ci, Alec ne releva pas. Il sentait trop la boule de nerf qui se formait dans son estomac. Comment Simje pouvait-il se permettre de la juger alors qu’il ne la connaissait pas ? Il se rappelait encore de la nuit où il lui avait parlé de Remy. Elle avait été surprise que son camp puisse exécuter des gens, incapable d’imaginer une telle mort pour les siens. Tellement pure dans ses intentions et ses idéaux.
Tellement jeune, en vérité lui souffla une petite voix.

– Imagine aussi, vu l’importance qu’elle a, la gamine, si un jour elle se fait chopper par les noirs ? Comment son pouvoir pourrait être destructeur ? Comment on pourrait tordre ses petits doss de changer la mémoire pour en faire une arme ? Que crois-tu qu’il fasse, Sir Berlin, avec elle ?

Alec n’avait aucune illusion vis-à-vis de Cormag Scrimegour. Le directeur froid et calculateur de la branche allemande d’Orpheo abattrait sans la moindre hésitation jusqu’à sa propre femme s’il devait le faire pour sauver son organisation.
Mais Simje n’était pas Cormag. À moins qu’Orpheo finisse par les pourrir jusqu’à l’os, rongeant les certitudes et les valeurs de ses employés ?

– L’intégralité de mon unité a été envoyée à l’abattoir par les hauts gradés d’Orpheo. J’aurais juste voulu trouver les responsables pour que vingt personnes ne puissent plus être rayées de la carte par la simple volonté d’un gars random, qui a décidé que.

Le guérisseur soupira. Une histoire affreuse de plus à graver dans le monde de la magie, toutes les horreurs qui s’inscrivaient encore et toujours dans le marbre des veines des enfants qu’elle laissait orphelin. Toujours les mêmes conséquences, la même haine.
Il disait quoi Ghandi, déjà ? À œil pour œil, le monde finira aveugle. Et les histoires se répétaient encore et encore, enchaînement de violence, escalade de la colère de tous les côtés. Jusqu’à l’effondrement. C’était vraiment ça qu’Orpheo, Rosenrot et Croix désiraient ?

– Qu’il paye, tu vois ? Pas qu’il meure. Qu’il paye. Aux familles, aux enfants, à ce qu’il reste.

Alec se rapprocha un peu plus de Simje, s’asseyant à moitié sur la table d’auscultation, les bras croisés et le regard dans le vide.

– Je sais comme c’est difficile, Simje. Tu connais mon histoire avec Remy apparemment. Ça serait mentir de dire que je n’en ai pas voulu à Orpheo, que je ne les ai pas détestés de me l’avoir enlevée.

Remy qui ne disparaissait jamais vraiment, comme si elle n’en finissait pas de mourir.

– Mais qu’est-ce que ça change la haine ? Les réponses ? Ça ne la fera pas revenir, ça ne les fera pas revenir. C’est bateau comme raisonnement, mais c’est vrai. Tu as prévu de faire quoi, hein ? Te venger ? Et puis après, quand cette personne aura payé ce qu’apparemment elle te doit, tu feras quoi ? Tu penses vraiment que ça ira mieux ?

Et encore faudrait-il que l’ancien agent d’Orpheo parvienne à trouver les réponses qu’il cherchait, à gratter suffisamment profondément pour obtenir les bons renseignements et les bons noms.

– Et dans ton raisonnement, Sam est censée réagir comment ? Te retrouver pour te torturer jusqu’à ce que tu lui expliques pourquoi toi, quelqu’un de son camp à qui elle pensait pouvoir faire confiance, tu as cherché à la blesser ? Ou alors renforcer ses convictions envers les sorciers noirs et rentrer dans le jeu de Scrimgeour ?

Il baissa la tête, regarda ses doigts qui tremblaient presque, vidé par toute l’énergie qu’il avait distillée pour soulager les gens le matin même.

– Elle refuse d’en parler. Par peur, par traumatisme, je ne sais pas, mais elle ne veut pas en parler.

Même à lui.
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyMar 9 Mar 2021 - 16:02

Le calme de Simje se mue subitement en colère, puis en une énergie électrique. Simje restera Simje, bien sûr, à coller un tampon entre la vie et lui même, ses émotions et lui même pour qu’il ne reste qu’une phrase après l’autre dans sa tête (ou prétendre que c’est le cas, du moins). J’ai envie de le secouer le Secouer LE SECOUER. Regardez ce qu’il dit :

– Je sais comme c’est difficile, Simje. Tu connais mon histoire avec Remy apparemment. Ça serait mentir de dire que je n’en ai pas voulu à Orpheo, que je ne les ai pas détestés de me l’avoir enlevée.

Meyer les bons conseils, allô oui j’écoute ?
Purée.


– Mais qu’est-ce que ça change la haine ? Les réponses ? Ça ne la fera pas revenir, ça ne les fera pas revenir. C’est bateau comme raisonnement, mais c’est vrai. Tu as prévu de faire quoi, hein ? Te venger ? Et puis après, quand cette personne aura payé ce qu’apparemment elle te doit, tu feras quoi ? Tu penses vraiment que ça ira mieux ?

Il le laisse parler. Il attend parce que c’est ce qu’il sait faire de mieux : patienter. L’homme le plus patient du monde ; si Alec pourrait avoir le good dude award, Simje aurait le attaboy award.

– Et dans ton raisonnement, Sam est censée réagir comment ? Te retrouver pour te torturer jusqu’à ce que tu lui expliques pourquoi toi, quelqu’un de son camp à qui elle pensait pouvoir faire confiance, tu as cherché à la blesser ? Ou alors renforcer ses convictions envers les sorciers noirs et rentrer dans le jeu de Scrimgeour ?

Ok j’ai envie de me vnr, mais je sais aussi que ma colère est comme un papillon qui essaie de marave une fleur. Ça sert à rien, personne le remarque, et au pire, y’aura quelqu’un pour dire que le leopard de Zootopia « awww cute ».

– Elle refuse d’en parler. Par peur, par traumatisme, je ne sais pas, mais elle ne veut pas en parler.

Il cligne des yeux. ….awwww cute. Ça alors ! Carver l’insensible ? La traumatisée ? J’ai traumatisée quelqu’un ?
Le fait de formuler la phrase lui fait l’effet d’une douche froide.
Il a traumatisé quelqu’un.

— Elle a pas besoin de moi pour rentrer dans le jeu de Scrimgeour, elle s’entraîne sur des prisonniers, c’est bien qu’elle croit quand même à la vie en noir et blanc, non ?

Il secoue la tête.

— Quand ils ont transféré June H. Williams de Berlin au Canada, elle parlait déjà quasi plus qu’une langue-bouillie après son passage dans leurs cellules. La torture c'est blanc, visiblement. Alors qu'elle vienne. Je suis désolé qu'elle soit pas capable de t'en parler.

Il se rajoute.

- De t'en parler.

La distinction est cruelle.
Paumes vers le ciel. Son langage humain.
Excuses.

— J’essaie pas de te monter contre elle, je m’en fou. Mais viens pas me dire que dans cette histoire y’a des innocents. Ça veut rien dire, c’est même pas une civile, c’est une bombe en devenir.

Comme Elaïa Soul. Mais ça, personne ne le sait.

— Sloane Skywalker.

[i]ok c’est de l’humour j’espère que Sloane ne deviendra jamais Anakin. Bien sûr. Sans jambes, là. Bw. Ew.

— C’est pas pour rien qu’elle accompagne son tuteur de partout, dans toutes les réunions ; son pouvoir est aussi insidieux que celui qui modifie les émotions. Les rêves. Qui lit les pensées, qui écoute les signes vitaux pour savoir qui ment.

J’parle de moi, désolé.

— Si j’arrive à prouver que les responsables, ils seront destitués et des thunes seront reversées aux familles, c’est ça, le but. Pas la haine, pas la vengeance. J’me fiche que ça les fassent pas revenir, les gens meurent et c’est comme ça. C’est pas pour autant que ç-ç-ça doit être perpétué pour toujours.

Je hausse les épaules.

— Les bourreaux restent des bourreaux.

Les bullied, des bullied ?
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyMar 9 Mar 2021 - 17:24

Combien de fois avait-il hésité à tout plaquer et à aller travailler dans un hôpital innocent ? Revenir aux bonnes vieilles méthodes, aux points de sutures pour recoller les morceaux et aux plâtres pour réparer les os brisés ? Réapprendre la patience et la science prendre l’aval sur la magie pour guérir, se glisser dans une vie plus classique, se laisser tomber amoureux d’une humaine innocente et, l’été, simplement partir à la mer.
Combien de fois ?
Bien plus qu’il ne voulait l’avouer. Tout aurait été tellement plus simple. Et pourtant, Alec était incapable de quitter son IBMM, incapable de s’imaginer loin de cet endroit dans lequel il avait tant appris, tellement grandi. Trouvé sa voie. Même quand le reste du monde s’était écroulé, qu’il pleurait chaque nuit dans son lit vidé de la présence de Remy, il passait ses journées à l’IBMM, encore plus assidu qu’en temps normal, la tête vissée à sauver des vies pour oublier celle qu’il avait définitivement échoué à sauver.

– Elle a pas besoin de moi pour rentrer dans le jeu de Scrimgeour, elle s’entraîne sur des prisonniers, c’est bien qu’elle croit quand même à la vie en noir et blanc, non ?

Sam ne parlait jamais de ce qu’il se passait au sein d’Orpheo, ni des brèches que son pouvoir pouvait lui amener. Il savait juste que, certaines nuits, elle venait se réfugier dans ses bras pour se rappeler ce qu’était un contact humain sans flash douloureux de tous les traumatismes qui constituaient chaque être vivant.

– Quand ils ont transféré June H. Williams de Berlin au Canada, elle parlait déjà quasi plus qu’une langue-bouillie après son passage dans leurs cellules. La torture c’est blanc, visiblement. Alors qu’elle vienne. Je suis désolé qu’elle soit pas capable de t’en parler.

Alec serra son poing. Évidemment que la torture, les cellules, les meurtres c’était de tous les côtés. Même ici, dans son propre IBMM, il se tramait des choses parfois atroces. Des jeunes guérisseurs incapables de réfréner leurs sentiments en voyant sous les yeux un sorcier noir qui avait arraché trop de vies. Une erreur était si vite arrivée… Lui-même avait failli vriller dans cette tendance-là, face à Dante.

– De t’en parler.

Ce fut le tour de sa mâchoire de se serrer. Simje savait creuser là où ça faisait mal.

– J’essaie pas de te monter contre elle, je m’en fous. Mais viens pas me dire que dans cette histoire il y a des innocents. Ça veut rien dire, c’est même pas une civile, c’est une bombe en devenir.

Une bombe, vraiment ? Simje avait-il tellement perdu foi en l’humanité pour la voir de cette manière-là ? Ou n’était-ce que parce qu’il ne la connaissait pas comme lui la connaissait ? Sa douceur, ses sourires, sa manière de s’accrocher à lui pendant son sommeil. Sam était à la croisée des chemins et elle avait toute la vie devant elle pour décider si elle voulait continuer à être choquée en entendant qu’Orpheo exécutait des gens ou si c’était elle qui tenait la faux du bourreau.

– Sloane Skywalker.

C’était trop. Il tiqua.

– Sam. Elle s’appelle Sam.

Pourquoi s’obstinait-il avec ce prénom sorti de nulle part ?

– C’est par pour rien qu’elle accompagne son tuteur de partout, dans toutes les réunions ; son pouvoir est aussi insidieux que celui qui modifie les émotions. Les rêves. Qui lit les pensées, qui écoute les signes vitaux pour savoir qui ment.

Et qui ne laisse pas les tissus se retrouver pour empêcher une guérison ? Tous les pouvoirs avaient une faille, pouvaient être utilisés à mauvais escient. C’était la même chose chez les innocents après tout… les « civils » comme les appelait Simje. Un couteau pouvait à la fois être planté dans un cœur et couper une corde en train d’étrangler un coup.

– Si j’arrive à prouver que les responsables, ils seront destitués et des thunes seront reversées aux familles, c’est ça, le but. Pas la haine, pas la vengeance. J’me fiche que ça les fasse pas revenir, les gens meurent et c’est comme ça. C’est pas pour autant que ç-ç-ça doit être perpétué pour toujours.

Simje haussa les épaules.

– Les bourreaux restent des bourreaux.

Et s’ils tombaient, d’autre les remplaceraient.

– Et c’est pour ça que tu te mets à leur niveau ? Que tu fais ce que tu leur reproches ? Et cette alliance avec Rosenrot…

Dans un flash, il revit le sang qui submergeait absolument tout le jour de l’attaque du Mystery Orphanage. On ne comptait plus les cadavres, le nombre d’enfants qui arrivaient et qui étaient déjà morts avant même qu’une guérisseur n’arrive.

– Devenir un monstre pour combattre des monstres ? Un monstre gris, pardon, puisque rien n’est tout noir ni tout blanc.

Évidemment que ce n’était pas tout faux. Que Dorian Cross et Anja von Duisbourg avait des sentiments – dans le cas de cette dernière, il en avait été le témoin –, une vie, un cœur qui battait. Et que dans les rangs d’Orpheo on faisait des choses dignes des cauchemars dont les victimes ne revenaient jamais vraiment. Il en avait vu parfois, dans le service de psychiatrie. Des grands traumatisés. Le plus souvent par des sorciers noirs, mais aussi parfois par les « grand gentils ».
Mais était-ce une raison pour laisser le gris, à leur tour, les envahir.

– Je ne te dis pas de soutenir leurs idées et cette guerre qu’ils nourrissent autant que les noirs. Mais n’est-ce pas ce que tu fais en les attaquant ? En torturant leur membre ? En laissant une femme de 18 ans en compagnies de plusieurs sorciers noirs, réputés pour violer leur victime avant de les égorger ? Sincèrement Simje, tu penses qu’il se serait passer quoi si je n’étais pas passé là par hasard ? Si Anja von Duisbourg et l’homme qui semble être son compagnon n’avait pas été pris d’un cas de conscience en me voyant arriver ? Si Sam avait essayé de se défendre, un peu trop fort ?

Il n’avait pas envie d’imaginer le corps de la jeune femme démembré, du sang sur les murs et le sourire excité de ces assaillants.

– Ce n’est pas mieux d’être ici et de sauver des vies ?

Il n’hésita même pas avant d’ajouter :

– Reste. Je te trouverai un poste ici. Fais payer les responsables en réparant ce qu’ils ont tenté de briser. Soigne des corps et des têtes. Reste ici, Simje.
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyMar 9 Mar 2021 - 17:53

– Sam. Elle s’appelle Sam.

Il tira une moue qui disait ah c’est chaud frérot si tu sais même pas son vrai blaze, il y a anguille sous roche, j’espère qu’elle t’utilise pas parce que c’est c h a u d. mais n’insista pas, vraiment pas emballé à l’idée de farfouiller dans les bancalités des autres.

Qu’il lui demande en vrai, à Carver, si ça le titillait trop !

– Et c’est pour ça que tu te mets à leur niveau ? Que tu fais ce que tu leur reproches ? Et cette alliance avec Rosenrot…

Mais Rosenrot c’est fucking quoi, maintenant, c’est des cendres et du pouvoir en devenir. C’est des potentiels pas exploités parce que c’est des gros perdus.

— J’ai besoin d’eux, murmure-t-il.

Pour son plan, oui, bien bien bien, pour Cyan Soul surtout ! Pour Cyan Soul parce qu’il avait un pouvoir qui aurait pu souffler des villes et le tuer ; un pouvoir qu’il ne maîtrisait pas du tout. Avant.

– Devenir un monstre pour combattre des monstres ? Un monstre gris, pardon, puisque rien n’est tout noir ni tout blanc.

Il sent la marée gonfler dans ses doigts, mais laisse la vague passer, refluer. Il pourrait tuer Alec là, l’éclatant contre un mur, soufflant ses organes comme une bombe nucélaire. Comme il était facile d’être méchant avec autant de pouvoir dans les doigts.

– Je ne te dis pas de soutenir leurs idées et cette guerre qu’ils nourrissent autant que les noirs. Mais n’est-ce pas ce que tu fais en les attaquant ? En torturant leur membre ? En laissant une femme de 18 ans en compagnies de plusieurs sorciers noirs, réputés pour violer leur victime avant de les égorger ? Sincèrement Simje, tu penses qu’il se serait passer quoi si je n’étais pas passé là par hasard ? Si Anja von Duisbourg et l’homme qui semble être son compagnon n’avait pas été pris d’un cas de conscience en me voyant arriver ? Si Sam avait essayé de se défendre, un peu trop fort ?

Il roule des yeux, exaspéré.

– Ce n’est pas mieux d’être ici et de sauver des vies ?

Souffle.

– Reste. Je te trouverai un poste ici. Fais payer les responsables en réparant ce qu’ils ont tenté de briser. Soigne des corps et des têtes. Reste ici, Simje.

Ok c’est trop. Meyer la morale, vraiment, yerk.

— Mais j’étais là ! J’étais là, y’avait pas de « et si ». Elle craignait rien de plus que des cauchemars et des bleus, un peu de sang. Et puis honnêtement, ça veut dire quoi qu’ils laissent un mêlé dans leurs rangs ? Qu’ils sont au plus bas, certes, mais personne n’est revenu me chasser après ça.

Ça voulait dire beaucoup pour lui — ils n’avaient pas eu le coeur ou les moyens de le traquer, ils avaient pris conscience de sa valeur somehow, il avait entrevu des brins d’humanité chez eux qu’il n’avait pas vu chez McLaren.

Et c’était pas rien ça.

— T’es pas en charge de sauver tout le monde, mec.

Il secoue la tête, tristement.

— J’ai déjà un poste ici, comme tu l’vois.

Bien sûr qu’il se moque. De l’autre, de lui même, de la vie, qui sait ! D’un peu tout. Il n’a plus sa place nulle part de toute façon ; peut-être retournera-t-il à sa famille après.
Sûrement pas.

Plus rien, rien, rien.

Mais sûrement pas la pitié d’Alec Meyer.

Surtout pas quand le bien, le mal, sauver, tuer, plus rien n’a de sens.

Peut-être que Carver en a redonné au trentenaire, mais Simje qui a vu l’intégralité de sa vie éclater net n’a pas d’yeux bleus saturés de couleur auxquels se raccrocher.

C’est fou, il y a quatre ans, Allen me faisait exactement le même speech. La même tension, comme une sorte d’urgence, ça escaladait net et il finissait par dire, mais reste! hurler, à vrai dire, mais reste! et m’embrasser.

La douleur qui lui tord les tripes lui fait secouer la tête.

Abruti.
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyMar 9 Mar 2021 - 19:36

– J’ai besoin d’eux.

Alec ne commenta pas pour mieux assimiler les mots. S’il avait suivi son premier élan, il aurait peut-être rit ou, au moins, roulé les yeux. Comment pouvait-on avoir besoin de sorciers noirs ? Des êtres qui souhaitaient simplement l’utiliser pour parvenir à leurs fins avant de le jeter dans le caniveau comme tous les autres…
Mais il retint les mots assassins pour mieux peser ceux de Simje. Remy elle-même, n’avait-elle pas tout lâché pour retrouver sa famille du côté des noirs ? Pour au final finir au bout de la corde d’Orpheo… N’avait-elle pas eu raison de fuir alors que tous la croyait coupable ? Elle n’avait pas été heureuse pour autant de l’autre côté et il n’était pas rare que, la nuit entre ses bras, elle se mette à pleurer. Elle, son roc, la Remy si forte capable de tenir tête aux pires garnements de leur lycée lorsqu’ils étaient ado, en train de chialer contre lui.
Il n’y avait jamais de bon ou de mauvais côté de toute manière.

– T’es pas en charge de sauver tout le monde, mec.

Dixit le mec qui s’associait à des sorciers noirs pour faire payer ceux qui avaient donné les mauvais ordres au mauvais moments. C’était l’hôpital qui se foutait de la charité.

– J’ai déjà un poste ici, comme tu l’vois.

Alec coula un regard vers le polonais, sans colère, simplement marqué par la tristesse. Que pouvait-il bien dire pour retenir Simje ? Que pouvait-il faire pour l’empêcher de retourner, lui et sa tête brûlée, se cramer les ailes au cœur des tempêtes ? Y avait-il seulement quelque chose sur cette Terre capable de le retenir ? Quelqu’un ?

– Ok.

Il soupira, accepta. Que pouvait-il dire de plus ? Il le connaissait à peine, finalement. C’était simplement un mec qu’il avait croisé à des congrès et avec qui il avait vaguement sympathisé autour de quelques verres, sans que ça n’aille jamais plus loin. Pas le genre de type qu’il aurait envie d’inviter à son anniversaire. Pas la personne qu’il appellerait au milieu de la nuit parce qu’il s’était foutu dans la merde. Pas l’ami à qui il demanderait de l’aide pour enterrer un cadavre.
Juste une connaissance qui avait pété la gueule de Sam. Mais si Alec aurait dû montrer les poings, il n’y songea même pas. Il n’était pas du genre à démonter des gueules parce que des inconnus avaient regardé de travers sa meuf. Comment aurait-il pu ? Remy, Sam, elles le mettaient toutes au tapis en trois mouvements. C’était elle les chevaleresses de ses histoires et lui était juste un gamin planqué dans l’obscurité pour ne pas voir le noir ronger le monde.
Parfois c’était juste plus simple de fermer les yeux.

– J’étais simplement venu échanger des dossiers. Une apprentie s’est plantée.

Il se releva, déposa le dossier qu’il avait apporté et reprit l’autre afin de le ramener à sa place. Sa place. La vie devait être plus simple lorsqu’on était un dossier.
Il avait envie que Sam soit là, avec lui. De ses yeux bleus qui le détaillait avec toujours un peu cette surprise, cette emprise qu’elle ne contrôlait pas. Cette passion pas toujours équilibrée pour laquelle il s’en voulait toujours un peu, mais dont il n’arrivait pas à se passer.
Sam ou Sloane d’ailleurs, ce n’était pas vraiment important. Si elle avait envie d’abord ce sujet-là avec lui un jour, il l’écouterait. Comme elle avait écouté son histoire avec Remy.

Alec se dirigea ensuite vers la porte, posa sa main sur le métal froid de la poignée mais, au moment de la franchir, se retourna légèrement vers son compère d’un jour.

– Les IBMM sont peut-être subventionnés en partie par Orpheo, mais ce sont surtout des endroits neutres. Si tu es du côté de Rosenrot, il vaudrait mieux que tu t’en ailles.

Il ne pouvait pas sauver tout le monde, Alec.
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyMer 10 Mar 2021 - 9:47

Simje entend la résignation dans le corps de l’autre bien avant qu’il acquiese, bien avant même qu’il ne soupire. D’accord d’accord d’accord, il baisse les armes parce qu’il n’y avait pas de bataille au programme. J’pensais qu’il défendrait sa gamine un peu plus, j’avais peur de ses phalanges contre mon arcade ; faut croire que d’autres choisissent un autre chemin que celui de la violence. Même si j’comprends pas très très bien, à vrai dire. C’est quoi son but, en soignant tout le monde sans opinion, en sauvant tout le monde sans avis ? C’est le serment d’hypocrate qui le force ? Ses valeurs ? Mais du coup il est comme un robot, il soigne, suivant, il soigne, suivant, il soigne, suivant. Une véritable machine à guérir qui ne distingue rien, aucun choix finalement, ni politique, ni stratégique, ni humain.

Suivant !

Suivant !

Suivant !

Les questions suivront Simje encore longtemps.

– J’étais simplement venu échanger des dossiers. Une apprentie s’est plantée.

Le polonais hoche la tête en suivant du regard le trentenaire marcher, un peu raide, changer les dossiers. Il lui apparaît à quel point ils n’ont rien — et tout — en commun. Un don de base, guérir, soigner, sauver, quelque chose qu’ils n’ont rien demandé et qui est là pourtant, à les façonner. Des élus de quelque chose qu’ils peuvent embrasser ou rejeter mais jamais oublier.

Quel fardeau.

Pour tous les magiques, à vrai dire. Que fait un bourreau chez Orpheo ? Comment occupe-t-il son temps libre ? Un marionnettiste, c’est pire encore ! Ou un élémentariste sang ? Désolé, j’t’ai fait bouillir bro ? Est-ce que certains se runent pour toujours ? Étrangement, chez les gentils, y’en a si peu. Peut-être qu’ils le cachent après tout.

– Les IBMM sont peut-être subventionnés en partie par Orpheo, mais ce sont surtout des endroits neutres. Si tu es du côté de Rosenrot, il vaudrait mieux que tu t’en ailles.

Je le détaille, ce chef qui n’a rien d’un chef. Il vaut mieux que je m’en aille ? Si je suis du côté d’Orpheo ? Mais il a compris quoi, en fait ? Pas grand chose ? J’suis bien évidemment du côté de personne.

Visiblement, même pas du mien.

— J’ai encore vingt-cinq heures de pige à faire ici, chef. Vous êtes débordés, non ? Durant tout ce temps, ces vies sauvées vaudront peut-être celle de Sam.

C’est pas vraiment une menace. Peut-être suis-je juste maladroit avec mes mots. Yeah.

— Qui sait, je regagnerai peut-être ma place au paradis.

Il se rappelle des conventions auxquelles il participait, comment on avait pris l’habitude de lui demander son avis sur des millions de runes, comment il bossait dans toutes les bibliothèques du monde, avait manipulé des ouvrages qui tombaient en poussière, comment il était à la pointe, le plus sérieux, le plus motivé, ambitieux, le plus gros travailleur qui soignait différemment, qui voulait tout savoir, tout déchiffrer, comprendre surtout.

Et comment il était maintenant, pigiste d’un énorme IBMM qui brassait des morts comme on trie du bétail.
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MessageSujet: Re: Let me sleep - I'm tired of my loathe   Let me sleep - I'm tired of my loathe EmptyDim 14 Mar 2021 - 0:12

Alec se raccrocha à ce qui l’entourait, à ce qu’il pouvait. Des sensations, la fraîcheur du métal de la poignée contre sa paume. Ne pas décrocher de la réalité, rester là dans un présent fixe qui défilait si vite devant ses yeux, ne pas s’éloigner dans le monde d’illusions de Simje.
Qu’espérait-il en torpillant Orpheo ?
Et pourtant, malgré la poigné contre lui, il ne put s’empêcher d’avoir une pensée pour ses propres fautes, le jour où il avait libéré Remy de ses parents, la condamnant sans doute en la faisant revenir de son côté. Et la fois, évidemment, où il avait accepté de fermer les yeux sur le statut de sorcier noir d’un de ses patients, refusant de suivre la procédure qui le forçait normalement à le dénoncer à Orpheo.

– J’ai encore vingt-cinq heures de pige à faire ici, chef. Vous êtes débordés, non ? Durant tout ce temps, ces vies sauvées vaudront peut-être celle de Sam.

C’était quoi ce raisonnement ? Une grande balance de l’univers dans laquelle on mettait les vies sauvées et les vies prises ? Et combien de corps réparés fallait-il pour compenser la mort, hein ? Combien pour racheter une vie massacrée ? Pourquoi les gens pensait toujours que tout était quantifiable, calculable, comme si on pouvait compter sur les âmes.
Mais si le karma existait vraiment, ça aurait déjà fait longtemps qu’Anja von Duisbourge et Dorian Cross se seraient pris un piano sur le coin de la gueule.

– Qui sait, je regagnerai peut-être ma place au paradis.

Il déglutit, songea aux vies que le mec de Croix qu’il avait sauvé avait peut-être prise depuis qu’il s’était remis. Est-ce que lui-même ne méritait pas l’Enfer, finalement ?
C’était toujours tellement de questions, de remise en question, pourquoi était-ce si compliqué quand tout ce qu’il désirait c’était se noyer dans les yeux de Sam ? Alec serra le dossier un peu plus fort contre lui, refusant de répondre à Simje. Après tout s’il voulait rester, qu’il reste du moment qu’il ne faisait pas de vague en décidant de torturer une autre personne d’Orpheo.
Il ferma la porte et, après un rapide passage dans la première salle pour redéposer le dossier, se dirigea vers l’entrée où les patients étaient répartis. Il se pencha vers l’homme derrière son écran et lui demanda :

– Fred s’il te plaît, n’envoie personne d’Orpheo dans la salle 72.

Puis il retourna dans la salle de repos, bien décidé à terminer son café, même s’il devait avoir refroidit avec toute cette histoire. En marchant, il piocha son téléphone dans la poche de sa blouse et pianota quelques mots sur le clavier.

Tu passes à Strasbourg bientôt ? J’ai envie de retourner danser…

Sam. Leurs soirées, leurs baisers passionnés et la simplicité de leur relation. Il ne regrettait pas ce qu’il avait dit à Simje. Sam, Sloane, au fond ça n’avait pas vraiment d’importance. Ce qui comptait, c’était la profondeur de ses yeux quand elle le regardait. Et qu’importait si elle était la pupille de Cormag, il savait lui que ce sourire ne pouvait pas traumatiser comme l’avait sous-entendu le polonais.
Il le savait.
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