Slumber

Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Partagez
 

 Slumber

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Apprentie Exorciste
MESSAGES : 148
DATE D'INSCRIPTION : 03/05/2018

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue104/100Slumber Empty_bar_bleue  (104/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue56/100Slumber Empty_bar_bleue  (56/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Sam Carver
Sam Carver
Apprentie Exorciste
MessageSujet: Slumber   Slumber EmptyJeu 4 Mar 2021 - 17:38

17 septembre.

Beau milieu de la nuit. Le silence n’est pas absolu du tout, le souffle régulier d’Alec berce la plus-vraiment-adolescente. Elle a l’impression d’être sur une plage à écouter les vagues rouler sur le sable, repartir, revenir. Étrange comme un son peut enfermer l’impression même d’être chez soit.

Chez elle.


Chez moi.

Je suis encore dans cet état de demi-sommeil, consciente mais le corps encore lourd, tellement lourd de ma journée, de ma magie drainée à m’entraîner sur des cas sordides. Cormag m’avait prévenu : un don comme le mien est fait pour côtoyer le glauque, le sordide, l’affreux. Que j’allais éponger les autres et qu’il faudrait prendre son moi, emprunter à mon égoïsme, à mon énergie personnelle. Pareil que les guérisseurs, mais au lieu de chairs et d’humeurs, j’aurais des terreurs et des viols. Au travers de leurs yeux, leurs fibres, leurs hurlements. Pour l’instant, j’suis absolument pas capable d’en changer les grandes lignes, j’apprends à modifier une parole, un acte, une cellule, une sensation. Comme si je les vivais toutes, sans vraiment être concernée.
Est-ce que mon cerveau aura la plasticité de supporter ça cent ans ?
Il m’éloigne des épicentres de bataille cependant. J’ai strictement refusé de reparler de Berlin et des noirs. C’est sous le tapis et c’est tout.

Je soupire, m’étire. L’obscurité de la chambre est délicieuse. Le repos, la sérénité aussi. Après tous les fracas de la vie d’innocente de ces derniers temps — accepter des études dans la psychiatrie magique, habiter seule, quitter Alice, chialer beaucoup parce que mes potes sont dans d’autres ville, capter que j’peux utiliser des téléporteurs, chialer beaucoup moins, voir Alec, sortir, me sentir terriblement attirée par le monde des non-magiques, me faire trainer là où j’appartiens par sens du devoir.

Elle se retourne, incapable de retenir l’élan de tendresse qui la pousse vers Alec. Il est dos à elle, sur le côté, et elle vient contre lui, l’entoure d’un bras et presse ses lèvres contre l’épaule dénudée du garçon. Maintenant qu’elle le connait mieux, il n’est plus aussi impressionnant qu’avant, plus aussi sacré, distant, il n’a plus rien du trentenaire sexy du soir de la Saint Valentin. C’est Alec, un fil rouge dans sa vie auquel elle tient si fort qu’elle revient inlassablement à une pensée unique :
j’aimerais bien être avec lui, là.

Là, sans nécessairement lui parler, ni nécessairement raconter, ou vivre des trucs. Juste là, nous, moi et tout ce que je sais, lui et tout ce qu’il ne dit pas. Son bouclier bien figé sur sa peau, tout ce qui fait que je n’accède pas à lui. À avant. Et ça ne devrait pas m’importer - je m’en fiche la plupart du temps, comme il se fiche de mon étrange présent, mon adolescence qui se consume sans lui, parfois.

Est-ce que ça le gêne ?

J’inspire son odeur, mon corps contre le sien. J’aimerais exister là pour toujours. J’me sens épuisée mais j’ai l’impression qu’on me prendra ça, un jour, j’le verrais pas arriver ; pire, peut-être que j’en aurais envie.

Une boule d’angoisse se coule dans mon ventre.
Revenir en haut Aller en bas
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MESSAGES : 147
DATE D'INSCRIPTION : 29/04/2013

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue123/100Slumber Empty_bar_bleue  (123/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue80/100Slumber Empty_bar_bleue  (80/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Alec Meyer
Alec Meyer
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyJeu 4 Mar 2021 - 19:32

Le silence et la nuit.

Alec était en train de dormir, des rêves qui n’appartenaient qu’à lui, immergés entre les draps et la présence de Sam qui baignait la pièce d’un doux sentiment de quiétude. Lorsqu’elle passa son bras autour de lui, son corps se serrant contre lui et sa main fraiche contre la peau nue de l’homme, il perdit l’équilibre de la nuit. Un instant, encore perdu entre le réveil et le sommeil, il imagina que c’était la main de Remy qui glissait contre lui. Ça le lui faisait parfois, de voir son ancienne meilleure amie dans un sourire de Sam, une ombre sur le mur ou le crissement de la peau contre la peau. Il s’en voulait alors parce que les deux femmes n’avaient rien en commun.
Rien si ce n’était lui et l’effet qu’elles étaient capables de créer dans son corps.
Lorsqu’enfin les rêves le libérèrent de leur étreinte pour le rendre à la conscience, le guérisseur attrapa la main de la jeune femme pour la serrer dans la sienne qui lui semblait toujours énorme en comparaison. Elle avait enfin atteint la majorité, une dizaine de jours auparavant, et pourtant, alors que cette date marquait un passage dans sa vie à elle, il avait surtout eu l’impression étrange, le 7 septembre, que c’était ses rides à lui qui étaient marquées, douloureuses. La vieillesse qui tirait ses traits et l’éloignait d’elle, toujours un peu.

Alec n’avait jamais parlé de Remy à Sam. Se doutait-elle, parfois, qu’il y avait un troisième corps dans le même lit qu’eux ? Un fantôme défait et moqueur qui se blottissait contre eux pour mieux faire étalage de sa perversité. Mais le pouvoir de l’exorciste ne marchait pas contre le bouclier et elle ne pouvait pas lire les rires dans son passé, le visage de Remy imprimé partout dans son enfance, son adolescence, dans toute sa jeunesse.
Et puis de toute façon, leur relation n’était pas là. Elle était ailleurs, très prise dans la chair, dans quelque chose de physique. Dans cet autre temps aussi, indéfinissable, sur lequel il ne savait pas mettre des mots parce que ce n’était pas classique, ce n’était pas les petites cases qu’on lui avait apprises dans la société.
Lorsqu’il voyait ses amis, il ne parlait jamais d’elle. C’était des lieux où elle n’existait pas. Parce qu’il aurait deviné les questions, les froncements de sourcils. Pourquoi était-il avec elle ? Pour le sexe ? Pensait-il un jour se marier, fonder une famille ? Tic tac, tic tac, oui les sorciers vivaient plus longtemps mais personne n’était immortel et il était temps de penser à la descendance.
Autant de remarques qui perdaient leur sens dans les bras de Sam.
La jeune femme avait trouvé sa place dans sa vie, une place non conventionnelle et qu’il ne savait pas expliquer, mais lui était devenu essentiel avec le temps. Il aimait ces matinées où, la première chose qu’il voyait c’était son visage, baigné dans la lumière. Il aimait pouvoir se laisser aller dans ses bras, laisser les émotions couler entre deux doigts enlacés.
Une ancre malgré l’épave.
Revenir en haut Aller en bas
Apprentie Exorciste
MESSAGES : 148
DATE D'INSCRIPTION : 03/05/2018

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue104/100Slumber Empty_bar_bleue  (104/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue56/100Slumber Empty_bar_bleue  (56/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Sam Carver
Sam Carver
Apprentie Exorciste
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyJeu 4 Mar 2021 - 23:08

Elle avait parlé à Nawel un jour qui lui avait dit depuis son balcon, un joint trouvé par là aux lèvres « tu verras bien, ça s’arrêtera quand ça s’arrêtera Samantha. » L’adolescente lui avait retourné un regard circonspect. « Non ? C’est pas ça ? Sam pour Samantha ? Non ? Samuel ? Sammm…ara ? Samara ? » Elle avait platement dit « Sloane » avant de penser que ça, Alec, il le savait pas vraiment.

Qu’est-ce qu’il savait, alors ?

Qu’est-ce qu’elle savait, surtout ?


Est-ce qu’il parle de moi, des fois ? Est-ce qu’il me fait exister sur sa bouche pour d’autres ? Est-ce que parfois il voudrait que je ne vienne pas ? Que je loge ailleurs ? Je pourrais, en plus, suffirait de demander à Maud. Pourquoi est-ce que j’y ai pas pensé avant ?Est-ce qu’il la cache ? Est-ce qu’à l’IBMM il lui a demandé de se tenir, de pas dire, de se planquer ? Est-ce qu’il pense à une autre quand on couche ensemble ? Est-ce qu’il en voit d’autres ? Au boulot ? Est-ce que quand il se fait draguer il pense à moi, ou pas ? Sous la douche, les yeux fermés, dans ses bras, qui est dans son esprit ? Est-ce qu’elle le saoule, des fois, avec ses réactions pas toujours appropriées, parfois brut, pas toujours parfaitement réfléchies ? Est-ce que ça le dégoûte de savoir qu’elle est si liée à Cormag ? Est-ce qu’ils en parlent des fois ? Est-ce qu’il a toujours été guérisseur ? Est-ce qu’il a voyagé, où est-ce qu’il a fait ses études ?

Est-ce qu’il l’aime ?
Est-ce qu’il lui a déjà dit ?

La main d’Alec serre la sienne et, loin de l’apaiser, son questionnement repart. Chaque question tournoie dans la boule de hamster qui la tient éveillée, ses grands yeux bleus ouverts dans l’obscurité. Sa magie voudrait lécher des corps et des passés, se nourrir, mais il n’y a rien que du vide autour d’elle, un immense void qu’elle ne sait pas canaliser.

Mais est-ce qu’il se voit avec elle dans longtemps ? Est-ce que c’est qu’une passade ? Une crise de la quarantaine ?
Est-ce qu’il se lassera de mon corps quand je serai moins jeune ? Plus posée ? Est-ce qu’il veut des enfants ?

Je me fracasserai bien le corps contre un mur pour hurler mais fffffffferme-la, du répit putain, du répiiiiiit je voudrais dormir, ou avoir des réponses. J’imagine le réveiller, là, par égoïsme pur, l’embrasser, le chauffer, l’embrasser de partout, ma langue qui sait faire maintenant, mes lèvres qui ont appris, à califourchons sur lui, lui en moi, me sentir pleine, le faire jouir, dormir.

Mh.

Son désir l’agace, elle a envie de presse une paume contre son bas ventre et lui dire toi aussi, purée, couché. Au panier, là, c’est bon. Pas le moment. Mais elle n’ose pas bouger. Est-ce qu’il sent qu’elle est réveillée ? J’espère pas. Mais les questions érodent sa patience, rendent insupportable ces secondes qui s’égrènent, acides, étirées.

— Alec ?

Sa propre voix lui semble étrangère dans la chambre. Elle attrape son courage à bras le corps,
go, courage, go ![i] et murmure d’une voix claire :

— Est-ce que… est-ce que tu me raconteras, un jour ? Avant. Ton… toi.

Elle s’humecte les lèvres, se mord la lippe inférieure.

— Ou pas… ou pas du tout ? C’est cool aussi. C’est cool aussi.
Revenir en haut Aller en bas
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MESSAGES : 147
DATE D'INSCRIPTION : 29/04/2013

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue123/100Slumber Empty_bar_bleue  (123/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue80/100Slumber Empty_bar_bleue  (80/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Alec Meyer
Alec Meyer
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyVen 5 Mar 2021 - 0:15

Il sentait la tension anormale du corps de Sam dans son dos, mais ce fut surtout sa voix, étonnamment étranglée qui le surprit.

– Alec ?

Il ne comprit pas vraiment pourquoi, mais sentit son cœur battre un peu plus fort dans sa poitrine.

– Est-ce que… est-ce que tu me raconteras, un jour ? Avant. Ton… toi.

Les mots de la jeune femme le ramenèrent à son lui, plus jeune. Alors qu’il avait son âge, le monde à ses pieds. De l’orphelin un peu étrange vivant avec un grand-père fou, il était devenu le fils de son père et de sa nouvelle femme, puis le grand frère si fier de sa Nana. La vie semblait toute tracée pour lui. Les filles qui déjà se retournaient sur lui au lycée, puis le bac, les bêtises avec Remy et Billy, le stage à Paris, les études de médecine, absolument tout qui coulait en lui.
Puis le trou, la béance, toujours et encore et qui se répétait en boucle dans sa tête. La fleur écarlate dans la poitrine de sa sœur, morte comme si la vie avait pu se lasser de toute la lumière qu’elle dégageait. Puis les mois d’angoisse qui ont suivi, les cauchemars qui perçaient la nuit, les crises qui le rongeaient et la haine qui gonflait sa poitrine. Jusqu’à rencontrer l’assassin de sa famille, Dante Sullivan.
Dante qu’il s’était juré. Et pourtant, lorsqu’il avait eu le sorcier noir sur sa table d’opération, à sa merci, il lui avait sauvé la vie. Par conscience professionnelle ? Par lâcheté ? Il n’avait jamais pu expliquer ce geste.
Et que dirait Sam si elle apprenait pour cette histoire ? Elle, si proche de Cormag, bien connu pour ses idées conservatrices qui dérangeaient et bousculaient beaucoup dans les hautes sphère ? Le trouverait-elle faible ? Pathétique ?

– Ou pas… ou pas du tout ? C’est cool aussi. C’est cool aussi.

Il bougea dans le lit, se retourna pour faire face à ses yeux qui, même dans la nuit, savaient percer les ténèbres. Les ombres jouaient avec son corps et il la trouva plus mature, les traits se floutant un peu, son imagination s’abandonnant à reconstituer un visage, des formes. Il la trouvait si belle dévorée par l’obscurité.

– Tu en as envie ?

Sa main glissa pour ramener une mèche brune derrière l’oreille de Sam, mais ses doigts s’attardèrent sur sa joue, caressant la peau juvénile.

– Moi j’en ai envie.

Il songea que lui aussi, finalement, en savait bien peu sur elle. Sur la raison pour laquelle elle avait atterri chez Cormag. Était-elle orpheline ? Ce statut qui était malheureusement que trop répondu chez les être magiques. D’où venait la marque de brûlure qui se découpait sur son avant-bras gauche, descendant jusqu’à sa main ? Lui arrivait-il de penser à lui lorsqu’elle rentrait étudier à Belfast ?
Est-ce que les mots pouvaient briser ce qu’il y avait entre eux – qu’y avait-il d’ailleurs, entre eux ? Il était toujours plus facile de se laisser guider dans la chair, dans l’humidité d’une étreinte passionnelle ou la douceur de leurs lèvres qui se mêlaient. Plus simple, mais pas forcément plus agréable de fuir ces questions qui crevait la surface entre deux orgasmes.
Revenir en haut Aller en bas
Apprentie Exorciste
MESSAGES : 148
DATE D'INSCRIPTION : 03/05/2018

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue104/100Slumber Empty_bar_bleue  (104/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue56/100Slumber Empty_bar_bleue  (56/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Sam Carver
Sam Carver
Apprentie Exorciste
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyVen 5 Mar 2021 - 21:08

Il la touche après s’être retourné, elle aimerait esquiver, reste pourtant. Elle voudrait des mots maintenant, assez de chair, assez de contacts. Elle sait pourtant que s’il cessait ce genre de geste elle en mourrait, elle reviendrait en rampant pour un peu de peau. Elle commence à cerner la vie : on veut, on veut, on veut, on n’est jamais laissé dans désir.

Je mange son visage des yeux. Je ne sais pas si vous vous rendez compte à quel point il est spécial, de ses expression à ses iris bleues, mais bleues comme on en fait rarement, sans lumière presque, très foncées. Dans la nuit, là, je pourrais tout à fait croire qu’il les a noires.

— Tu en as envie ?

Je voudrais lire les pensées. Je voudrais qu’il soit moins hermétique. On veut, on veut, on veut. Je bouge un peu dans le lit, pour m’installer mieux. Il n’a pas l’air fâché que je le réveille au beau milieu de la nuit. J’aime beaucoup quand il est comme ça, spontané.

— Moi j’en ai envie.

Je ne sais pas de quoi il parle. Lui, il a envie de me raconter ? Ou lui aussi il voudrait savoir pour moi ?
J’ai rien à dire.
Mon coeur rate un battement ou deux alors que je m’empêche de l’embrasser.

Le sexe pour avoir la paix. La peur lui donne envie de coucher, incroyable ça, non ? Je hoche la tête doucement. Ma tête est pleine de sa paume sur ma joue. Je m'imagine ouvrir la bouche et poser toutes les questions que je veux, toutes celles qui me trottent dans la tête ce soir, des plus pressées et urgentes aux plus douloureuses et intrusives. Des bombes ou des lames de rasoir acérées.

Si tu devais dire… les trois choses qui font qu’Alec est devenu Alec aujourd’hui, tu me dirais quoi ?

Elle n’ose pas demander, à vrai dire. Parce qu’elle se dit que si il lui retourne la question alors elle devra mentir, et tout ce cinéma n’aura servi absolument à rien. Quand on pose une question, on veut une réponse, mais on la voudrait vraie ; sinon what’s the point ?

— Alors j’écoute.

Elle pense à ce silence qui existe entre eux à cet instant, comme un avant quelque chose de signifiant — pas sûr pourtant qu’ils sachent se résoudre à se raconter. Il faut de la confiance, peu d’ego, beaucoup d’estime de soi, une pudeur en garde fou mais pas trop vénéneuse.

— Les morceaux que tu voudras bien me raconter.

Et elle se retourne sur le dos
pour moins lui mettre la pression, lui laisser de l’espace. J’ouvre la bouche pour rajouter, si tu savais comme j’aimerais pouvoir te voir comme je vois les autres, mais je laisse juste échapper un souffle lent. Ce serait mentir, ça aussi, je ne serais pas là si ça avait été le cas et pourtant… j’me sens comme une voleuse qui reste en dehors d’un palais des merveilles, forcée à attendre et écouter.

Quelle leçon !
Revenir en haut Aller en bas
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MESSAGES : 147
DATE D'INSCRIPTION : 29/04/2013

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue123/100Slumber Empty_bar_bleue  (123/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue80/100Slumber Empty_bar_bleue  (80/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Alec Meyer
Alec Meyer
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptySam 6 Mar 2021 - 2:05

Il eut envie de prendre ses lèvres entre les siennes. De les aspirer avec les mots et ses questions, de se laisser balancer dans le sexe pour ne pas avoir à répondre. Lorsqu’elle l’embrassait, elle fermait ses grands yeux bleus qui l’aspiraient si fort et, quelque part, ça le réconfortait. Il avait l’impression de reprendre pied dans leur baiser. Alec comprenait la chair, il avait appris son corps, il avait écouté ses soupirs lors de leurs rencontres, assez pour dire qu’il la connaissait, au moins un peu. Mais il la connaissait surtout dans l’orgasme, le plaisir et le désir. Ce petit tic qu’elle avait en jouissant, l’auriculaire droit qui vibrait un peu au contraire de ses doigts. Son menton qui se relevait et dévoilait la blancheur de sa gorge qu’il aimait apercevoir, la tête entre ses cuisses. Il aimait ce corps et ses vibrations.

– Alors j’écoute.

Mais pouvait-il dire qu’il aimait Sam ? Il y avait tant de choses qu’il ne savait pas d’elle. Parfois, la nuit, il la regardait s’endormir. Elle semblait tellement calme, allongée dans la nuit, tellement jeune sans le bleu de ses yeux pour percer son visage. Et, surtout, elle lui apparaissait presque autant inconnue que la première nuit.
Lorsqu’elle était absente, Alec rêvait d’elle, mais lorsqu’elle était présente, il se rendait compte qu’il ne la connaissait pas vraiment.

– Les morceaux que tu voudras bien me raconter.

La jeune femme se tourna sur le dos et il observa un instant son profil. Le guérisseur avait l’impression d’être à un moment charnière de leur relation. Les mots pouvaient tout construire, mais également tout détruire.
Alors il prit son temps de les peser, de les mesure pour mieux se dévoiler.

– Je suis né en Roumanie. Mon père était déjà parti lorsque ma mère a appris qu’elle était enceinte et elle est morte juste après ma naissance. J’ai été élevé avec mon grand-père, mais il n’avait pas vraiment toute sa tête. Lorsqu’il est mort, j’ai été recueilli par mon père et ma belle-mère, en Suisse. Et je suis devenu grand-frère. Pour la première fois de ma vie, j’avais une famille et une vie normale. Je suis allé au lycée à Genève. Puis la fac de médecine. J’avais l’impression d’avoir trouvé ma voie et je me sentais un peu comme le roi du monde.

Il déglutit un instant. Quel âge aurait sa sœur désormais ? 24 ans. Mais elle avait été figée à tout jamais dans son adolescence, endormie pour toujours sous le coquelicot qui avait envahi sa poitrine.

– Un jour, en rentrant chez moi, je les ai retrouvés morts. Tous. Mon père, ma belle-mère. Et ma Nana. Elle venait d’avoir 13 ans.

Les mots étaient devenus lourds sur sa langue, presque pâteux. Il se rendit compte en les disant qu’il n’avait jamais vraiment raconté son histoire avant. On ne la lui avait jamais demandée. Remy savait déjà – elle l’avait vécue avec lui. Mais depuis elle, il était juste Alec, le guérisseur sympa et beau gosse qu’on essayait de mettre dans son lit sans l’écouter avant.

– Et puis, il y a autre chose…

Il hésita, se sentit aussi ridicule qu’un adolescent. Il n’avait jamais délimité leur relation, pourquoi devrait-il avoir honte, de son passé qui plus est ?

– Il y avait une femme, une amie, Remy. Mais… elle n’est plus là.

Dans sa bouche, « amie » avait sonné comme « amante ».
Revenir en haut Aller en bas
Apprentie Exorciste
MESSAGES : 148
DATE D'INSCRIPTION : 03/05/2018

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue104/100Slumber Empty_bar_bleue  (104/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue56/100Slumber Empty_bar_bleue  (56/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Sam Carver
Sam Carver
Apprentie Exorciste
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyLun 8 Mar 2021 - 12:58

Il se met à raconter à la manière d’Alec. De cette voix quasiment constante, où les émotions ne semblent être que des échos. Des sentiments pris au piège dans un canyon loin, loin, loin d’être à fleur de peau ; Sam se demande si son don ne vient pas de là.

D’où viendrait le sien, alors ?

– Je suis né en Roumanie. Mon père était déjà parti lorsque ma mère a appris qu’elle était enceinte et elle est morte juste après ma naissance.


Je reste sur le dos en essayant d’être totalement présente, d’écouter. D’écouter sans pouvoir comprendre, pourtant. Je sens que son histoire va être celle d’un garçon dans un cimetière — comme tellement d’autres.

— J’ai été élevé avec mon grand-père, mais il n’avait pas vraiment toute sa tête. Lorsqu’il est mort, j’ai été recueilli par mon père et ma belle-mère, en Suisse.

Une succession de morts. Qu’est-ce que je disais ? Le pire est à venir, pourtant. Le pire qu’elle ne connait pas encore.

— Et je suis devenu grand-frère. Pour la première fois de ma vie, j’avais une famille et une vie normale. Je suis allé au lycée à Genève. Puis la fac de médecine. J’avais l’impression d’avoir trouvé ma voie et je me sentais un peu comme le roi du monde.

Je souris, jette un coup d’oeil à Alec, essayant de l’imaginer en pleine possession de ses moyens, la vingtaine ; était-il déjà aussi charismatique ? S’était-il déjà autant trouvé, dégageait-t-il déjà cette aura de calme ?
Le roi du monde.
Est-ce que ce calme, tout ça, n’est-ce que du vent ?
La question m’effleure alors que je le vois plonger dans son passé ; je me doute de ce qui va suivre. Une boule se forme dans mon ventre, du plomb liquide. J’ai beaucoup moins envie d’aller voir son passé, subitement.

– Un jour, en rentrant chez moi, je les ai retrouvés morts. Tous. Mon père, ma belle-mère. Et ma Nana. Elle venait d’avoir 13 ans.

Je ferme les yeux. Les mots imprègnent dans ma rétine les couleurs dégagées des souffrances de l’autre. De mon autre.
Elle le trouve courageux.

– Et puis, il y a autre chose…

Un tic nerveux rampe jusqu’à mes mains. Se touche le pouce avec l’index, puis le majeur, puis l’annulaire, puis l’auriculaire. Encore, encore, encore. Quantifier le temps et les secondes en attendant que le couperet tombe.

– Il y avait une femme, une amie, Remy. Mais… elle n’est plus là.

Évidemment.
Ça me semble logique, mais j’ai pas envie d’interpréter ce qu’il est sous le prisme des quelques trucs qu’il m’a dit. Ça serait absurde et pourtant, maintenant qu’il le dit, j’ai l’impression qu’il le porte sur lui, cette histoire de meuf, une meuf qui aurait pris toute la place, toute sa vie, puis plus rien.

Je souffle doucement. Quelle histoire tristement banale du monde magique ! Ceux qui meurent, et ceux qui restent. Les oubliés contre les brisés.

— Je suis désolée de tout ça, Alec. Merci d’avoir raconté.

Elle a envie de se retourner vers lui mais reste patiemment sur le dos, pour ne pas lui mettre la pression.

— Tu sais qui les a tués ? Et.. pourquoi ?

Est-ce que tu t’es vengé ?
Est-ce que.. t’as.. pardonné ?

— Elle est partie il y a longtemps ?

Le rouge lui monte subitement aux joues, brûlant.

— P-p-pas que ça me regarde, tout ça, hein.
Revenir en haut Aller en bas
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MESSAGES : 147
DATE D'INSCRIPTION : 29/04/2013

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue123/100Slumber Empty_bar_bleue  (123/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue80/100Slumber Empty_bar_bleue  (80/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Alec Meyer
Alec Meyer
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyLun 8 Mar 2021 - 14:05

Alec le savait, son histoire était tristement banale. Dans le monde magique, rares étaient celles et ceux qui grandissaient entourés par leurs parents. Ils avaient tous dans leurs souvenirs un cercueil contenant un proche, emporté par le camp adverse. Un ami, une marraine, un frère ou une sœur,… Tellement d’enfants silencieux et habillés de noir à des enterrements dont ils ne parvenaient pas vraiment à prendre pleine conscience.
Combien de fois s’était-il retrouvé à devoir annoncer la mort d’un patient à sa famille ? Trop de fois. Le pire c’était les enfants. Comment expliquer à des parents qu’ils ne reverraient jamais l’être qu’ils avaient élevé et aimé ? Le guérisseur adorait les enfants. Il avait toujours aimé s’occuper de sa sœur et, à l’IBMM, passait une grande partie de son temps libre dans le service pédiatrique. Il aimait l’innocence dans leurs idées, l’imaginaire dans leur tête. Et pourtant, Alec ne s’était jamais imaginé père. Même lorsqu’il avait été avec Remy, il ne l’avait pas envisagé. La mort de Nana s’était incrustée trop profondément en lui pour qu’il puisse imaginer un jour avoir des enfants et, surtout, connaître le risque de les perdre.

Sam l’avait écoutée sans rien dire, les yeux toujours rivés vers le plafond, sa respiration qui envahissait le noir, trop saccadée pour qu’il puisse imaginer qu’elle s’était rendormie.
Enfin, elle reprit la parole.

– Je suis désolée de tout ça, Alec. Merci d’avoir raconté.

Il eut envie de la prendre dans ses bras et de la serrer fort, si fort. Il avait tout déballé avec rapidité, toujours concis lorsqu’il s’agissait de parler de mort, sans détour, sans effusion d’émotivité parce qu’il savait que ça ne servait à rien. Mais à ce moment-là, il se rendait bien compte que de parler de tout ça l’avait vidé et qu’il n’y avait que les bras de la jeune femme qui lui semblaient un refuse assez solide pour supporter le poids de cette ancienne douleur, cicatrice encore vive.

– Tu sais qui les a tués ? Et… pourquoi ?

L’image de Dante Sullivan s’imposa brièvement à lui. L’homme qu’il avait eu à sa merci, sans défense, déjà à moitié mort lorsqu’il était arrivé à l’IBMM. Celui qu’il aurait pu laisser crever sur sa table d’opération, sans que ça ne paraisse trop suspect, une victime de plus dans le tas, une victime que peu de gens auraient regrettée. Même pas un meurtre, pas vraiment une faute professionnelle, juste mettre un peu moins d’effort dans son pouvoir et le laisser au destin qu’il méritait. Personne n’aurait posé de question après ça.
Mais il n’avait pas pu. Il n’avait pas pu laisser mourir devant lui, même un homme aussi pourri que Dante Sullivan. Pas en ayant le pouvoir de le sauver.

– Oui.

Il avala un peu le silence. Il n’avait pas pardonné au meurtrier de sa famille, mais il n’avait pas envie non plus de lui accorder plus d’importance que nécessaire.

– Elle est partie il y a longtemps ?

Remy. Était-elle vraiment partie ou s’était-elle incrustée à lui comme à une seconde peau, enveloppe charnelle, présence en filagramme donc chacun de ses mouvements ?

– P-p-pas que ça me regarde, tout ça, hein.

Il soupira. Encore une jolie histoire à ajouter à son palmarès. Mais Remy était partie et il était temps de l’accepter.

– C’était il y a un peu plus de trois ans, presque quatre. Elle a été exécutée par Orpheo pour haute trahison.

Remy était morte.
Revenir en haut Aller en bas
Apprentie Exorciste
MESSAGES : 148
DATE D'INSCRIPTION : 03/05/2018

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue104/100Slumber Empty_bar_bleue  (104/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue56/100Slumber Empty_bar_bleue  (56/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Sam Carver
Sam Carver
Apprentie Exorciste
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyLun 8 Mar 2021 - 15:04

— Oui.

La voix semble s’étaler dans la chambre, envelopper les corps, la couette, les meubles, du sol au plafond une affirmation lourde de sens. Une énergie qui souffle dans la pièce comme un poison et prend subitement tout l’espace. C’est à ça que je pense alors qu’il n’argumente pas. Voici une histoire sans issue pour moi, encore vivace, sûrement, dans ses yeux, dans son corps — sa chair ?

J’insiste pas, évidemment que j’insiste pas. Elle n’a pas peur d’être rejetée, ni rabrouée, ni de faire s’effondrer le château de cartes qu’Alec paraît être de temps à autre, mais plutôt de blesser, de créer, elle, une douleur. Pas qu’elle n’en ait jamais été responsable, mais elle est là pour aider, changer les souvenirs qui font mal en pâles répliques grisonnantes ; comment pourrait-elle vouloir être le traumatisme en

– C’était il y a un peu plus de trois ans, presque quatre. Elle a été exécutée par Orpheo pour haute trahison.

Sam s’autorise un regard à la dérobée d’Alec.
Elle
a
été
exécutée
par
Orpheo
pour
haute
trahison.
Qu'est-ce que c'est, haute trahison ?
L’adolescente ne sait pas encore où réside sa loyauté, en quoi trahir est-il horrible, elle est pleine des enseignements de Cormag : les traitres sont des meurtriers, aussi responsables des assassinats que les noirs ; ceux qui ont fait couler du sang au Mystery Orphanage.

Haute trahison.

Elle retourne le mot dans sa bouche et ne sait pas quoi en faire, gros boulard sur sa langue qui restera sûrement des semaines durant. Pourquoi est-ce qu’on trahit ? Par cupidité ?
Lâcheté ?
Les traitres dans les oeuvres de son monde sont toujours les méchants, les mêmes physiques, les mêmes prénoms, les mêmes défauts, les mêmes raisons. Elle entrevoit la complexité des relations mais à peine, à peine, à peine.
Alors à qui, à qui est-ce qu’il peut bien en vouloir ? À cette fille ? Orpheo ? La vie ? Bien sûr qu’elle cherche un coupable ; son adolescence en elle cherche une raison, quelqu’un à blâmer, quand bien même cette histoire ne lui appartient pas.
Elle se retient de répéter qu’elle est désolée.
Elle refuse de dire d’accord, merci. C’est les pires réponses pour elle, quand elle raconte un quart d’histoire et qu’on la laisse pendue là, pleine de mots, trop pleine de mots, et qu’on lui dit, d’accord, ou qu’on recouvre son histoire par une autre.

Je me retourne doucement pour le regarder dans les yeux, sans oser le toucher. Peut-être est-il dans ses souvenirs avec une autre, à cet instant, que je ne peux pas recouvrir. Je cherche mes mots : étais-tu au courant ?
Orpheo exécute des gens.

La réalité me percute soudain, un train lancé à pleine vitesse.

— Orpheo e x é c u t e des gens ?!

Mais j’croyais qu’ils les enfermaient pour toujours, perpétuité et voilà. Mais qui fait ça en fait ?
Et où ?

Mais, AH BON ?!

Elle déglutit, mais c’est pâteux, épais. Un étrange goût de trahison — Cormag aurait-il omis ce détail ou n’était-il pas au courant ?

— Pardon. J’imagine à peine à quoi ça a dû ressembler de recoller les morceaux.

Enfin, si c’étaient encore des morceaux et pas de la poussière ou des cendres.
Revenir en haut Aller en bas
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MESSAGES : 147
DATE D'INSCRIPTION : 29/04/2013

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue123/100Slumber Empty_bar_bleue  (123/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue80/100Slumber Empty_bar_bleue  (80/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Alec Meyer
Alec Meyer
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyLun 8 Mar 2021 - 16:08

Remy était morte.
Il était pourtant tellement plus facile d’imaginer qu’elle l’avait quitté, abandonné, lâché sur le bord de leur relation. Parce que leur histoire avait été bien plus que cette année passée ensemble avant qu’elle ne se rende. Ça avait été sa meilleure amie, sa seule famille après la mort des siens, son roc fabuleux dans toutes les tempêtes. Une tête brûlée dont il avait besoin, non pas forcément au creux de son lit, mais en tout temps, pour vibrer.
Remy était morte et elle avait laissé un trou absolu dans la poitrine d’Alec.

Sam se retourna, ses yeux se fendant presque dans le noir. Il eut envie de tendre la main, de se raccrocher à quelque chose de vivant, de tangible. Mais il eut soudain peur d’être maladroit, qu’elle pense qu’elle était là pour combler une brèche en lui.
Même si, au fond, c’était un peu la vérité.

– Orpheo e x é c u t e des gens ?!

Elle avait l’air de tomber des nues. Elle, la protégée de Cormag Scrimgeour, un mec bien connu pour ses décisions très conservatrices. Cette innocence en elle lui plut autant qu’elle le surprit ; comment Sam pouvait ignorer les actes que la guerre avait poussé les hautes sphères à faire ?
À l’IBMM, on en parlait peu, mais dès que les gens étaient un peu haut dans la hiérarchie, ça se savait. Chuchoté entre deux couloirs, avec toujours la même question : pourquoi sauver des vies si c’était pour qu’Orpheo les arrache droit derrière ? Combien de corps Alec avait recollé pendant cette guerre sans fin, des sorciers et des humains noirs qui avaient été ensuite emmenés dans des trous sombres dont ils ne sortiraient sans doute plus jamais. Des disparus, qu’on oubliait dans des caveaux où qu’on tuait pour l’exemple ?
Mais quel foutu exemple pouvait-on donner avec la mort ?

– Pardon. J’imagine à peine à quoi ça a dû ressembler de recoller les morceaux.

Cette fois-ci sa main ne put résister et monta s’accrocher derrière la taille de la femme. L’ancre dans la tempête qui, elle, était bien présente. Contrairement au fantôme de Remy qui flottait absolument partout sans qu’il ne parvienne à s’en débarrasser.
Elle lui collait à la peau. À la peau et au cœur.

– Penses-tu que si Orpheo attrapait Anja von Duisbourg ou Dorian Cross, ils prendraient le risque de les laisser en vie ?

Anja von Duisbourg. Il se souvint dans un flash de sa première rencontre avec la cheffe de Rosenrot, tétanisée par les blessures d’un homme dont le sang lui tachait les mains. Le même sorcier noir qui avait ensuite attaqué Sam quelques mois plus tard. Si le guérisseur ne l’avait pas sauvé, peut-être que la jeune exorciste n’aurait pas eu à endurer tout ça ? Ou alors peut-être que le groupe des sorciers noirs les auraient assassinés sans un regret.
Les noirs et les blancs sur le grand échiquier de la vie. Comme si ça pouvait être aussi simple que dans un film de Disney. Il y avait de la haine dans tous les camps. De l’amour, aussi.

Il se rapprocha un peu plus de Sam et respira l’odeur de sa peau. Mais est-ce que ces mots, ces histoires pourtant si communes dans le monde magique, mais différente quand elle s’appliquait directement à soi, n’étaient-elles pas trop pour la jeune femme ? Celle qui pouvait lire dans les gens, sauf en lui. Arracher les traumatismes, les soulager.
Et là, s’il avait eu le choix, aurait-il accepté qu’elle grise le sourire de Nana et les yeux moqueurs de Remy ?

– C’est moi qui suis désolé, je sais que ça fait beaucoup tout ça. Mais j’ai des beaux souvenirs aussi. Avec Remy, ma famille, mon métier…

Il hésita un instant, se mordant la lèvre, conscient qu’avec ces mots il abattrait des défenses dont il n'avait jusqu'alors, pas realisé l'existence.

– Avec toi, aussi.
Revenir en haut Aller en bas
Apprentie Exorciste
MESSAGES : 148
DATE D'INSCRIPTION : 03/05/2018

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue104/100Slumber Empty_bar_bleue  (104/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue56/100Slumber Empty_bar_bleue  (56/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Sam Carver
Sam Carver
Apprentie Exorciste
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyLun 8 Mar 2021 - 20:05

– Penses-tu que si Orpheo attrapait Anja von Duisbourg ou Dorian Cross, ils prendraient le risque de les laisser en vie ?

Je ne m’étais jamais posée la question — voilà la vérité toute nue. J’en ai aucune idée, ça fait sens dit comme ça. Je suppose qu’ils le méritent, Von Duisbourg comment Cross sont des cauchemars ambulants, des monstres que les paralysies du sommeil n’ont jamais réussies à égaler, c’est dire. Alors sûrement qu’ils l’abattront, en effet.

Mais ça n’a rien à voir avec une femme qui était dans leurs rangs, avant. Qui avait une vie. Une voix dégueulasse dans sa tête bien lui demander si Anja ou Dorian n’ont pas une vie, eux aussi, mais elle la repousse. Sam aime les gens, les humains, les défauts, elle pardonne, elle oublie, elle aime en grand alors… comment lutter contre des monstres s’ils revêtent un visage, des émotions et des filiations humaines ? Impossible.

Alec se rapproche un peu ; j’me sens loin de lui en cet instant alors que je voudrais être sous sa peau. Qu’il me serre jusqu’à m’incruster entre ses muscles et ses os. J’me sens jamais assez proche.
Est-ce qu’il pense encore tout le temps à cette femme ? Est-ce qu’il y penserait tout sa vie ? Est-ce qu’il se rendrait compte au bout d’un certain temps seulement qu’il n’y songe plus que toutes les minutes, puis toutes les heures, puis toutes les semaines, s’apercevant par intermittence qu’elle traverse moins souvent son cerveau.

– C’est moi qui suis désolé, je sais que ça fait beaucoup tout ça. Mais j’ai des beaux souvenirs aussi. Avec Remy, ma famille, mon métier…

J’écoute le blanc qui s’étire, puis s’étiole quand il reprend :

– Avec toi, aussi.

Elle lui offre un sourire lent qui met du temps à se révéler sur ses lèvres, avant d’apparaître, d’une douceur sans limites. Elle caresse sa joue avec cette paume qui commence à connaître les contours de sa mâchoire, l’impression de sa barbe contre sa peau avant de venir l’embrasser. Elle lâche un peu de lest à son désir vient s’asseoir à califourchon sur lui, juste pour pouvoir le regarder bien en face, l’embrasse à nouveau, tendresse et affection, les jambes autour de son torse.

— J’me sens reconnaissante de t’avoir dans ma vie.

Sa propre honnêteté lui fait tourner le regard, après avoir soutenu celui de l’autre une poignée de secondes à peine. C’est si sincère que ça la questionne ; plus tard, étalée sur son matelas avec Highly Suspects à fond à s’en péter les tympans, ses cours de psychiatries jetés au sol, elle se dira : pourquoi ?


Qu’est-ce qui fait que c’est lui ? Lui qui me fait me sentir reconnaissante, quand je pleure pour une autre qui m’a quittée, lui qui me fait sourire quand je dis je t’aime à un autre, lui que j’ai envie de voir alors que je flirte avec une autre, avec lui que je préfère dormir quand je vais sonner éméchée avec un autre pour décharger mes trop pleins ?

Étrange é q u i libre.
Revenir en haut Aller en bas
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MESSAGES : 147
DATE D'INSCRIPTION : 29/04/2013

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue123/100Slumber Empty_bar_bleue  (123/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue80/100Slumber Empty_bar_bleue  (80/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Alec Meyer
Alec Meyer
Admin | Dirigeant de l'IBMM de Strasbourg
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyLun 8 Mar 2021 - 23:14

Un sourire s’éveilla lentement sur les lèvres de la jeune femme, mais, une fois qu’il fut en place, il éclaira la pièce de sa pureté. Malgré l’obscurité, malgré le cœur de la nuit qui les avait surpris là, Alec avait l’impression que Sam rayonnait. Il aimait si fort cela en elle, ce qui était capable d’émerger de sa jeunesse, une forme d’innocence qu’il trouvait tellement belle, tellement puissante. Il oubliait le monde, parfois, dans ses bras. Le sang quotidien sur ses doigts, la fleur dans la poitrine de Nana, l’exécution de Remy. Elle était une sorte de cocon, et dans ce lit avec elle, c’était comme si tous les autres les avaient oubliés. Une évidence fragile qu’il n’avait pas envie de voir bousculée, de peur qu’elle se fissure et se répande tel un poison dans ses veines.

La main de Sam caressa sa joue et il ferma les yeux sous ce simple contact. Puis ses lèvres sur les siennes et son corps qui, soudain se glissa sur le sien et le poids de la jeune femme contre lui, si proche, si désirable ses jambes serrées autour de lui. Alec passa une main derrière les longs cheveux bruns, emprisonnant les lèvres avec passion.

– J’me sens reconnaissante de t’avoir dans ma vie.

La pudeur lui fit détourner le regard et le trentenaire sentit un rouge adolescent éclore sur ses joues. Il faisait chaud dans les draps et ce n’était pas seulement parce que son corps désirait ardemment celui de Sam. C’était plus profond que cela et il fallait être aveugle pour ne pas s’en apercevoir. Il sentait son cœur courir dans sa poitrine, emballé par des sentiments qu’il ne comprenait pas. Elle était loin désormais, la soirée de la St Valentin où ils avaient tous les deux échoué dans un bar avant de terminer la nuit chez lui. Loin ce jour où elle l’avait abandonné après l’avoir fait jouir, seul avec le poing qui saignait et une glace pour le consoler. Sam avait fait sa place dans sa vie, son sourire avait emporté ses pensées et, certains matins, il se rendait compte que la veille il n’avait pas songé à Remy, trop obnubilé par les deux yeux bleus qui semblait capables de percer les pires cauchemars.
Et il ne s’en voulait même plus, de réussir peu à peu à l’enterrer vraiment.

– Tu es vraiment importante pour moi, Sam.

Les doigts du guérisseur se glissèrent contre les taches de rousseur afin de retrouver son regard, son visage, ses lèvres. Il tira alors sur ses abdos pour se redresser et pouvoir emporter sa bouche dans un baiser qu’il voulait capable de transmettre les sentiments qui bouillonnait dans ses veines sans vraiment réussir à s’exprimer. Et son autre main se glissa sur la peau pour remonter le long de sa colonne vertébrale, caressant ces os qu’il connaissait pas cœur mais qui, sous ce contact léger prenaient un tout autre sens. Il avait envie d’emporter la jeune femme avec lui, dans ce monde qu’elle semblait créer par sa simple présence. S’enfermer entre ces draps à tout jamais et se laisser mourir mille fois entre ses bras.
Revenir en haut Aller en bas
Apprentie Exorciste
MESSAGES : 148
DATE D'INSCRIPTION : 03/05/2018

Niveau du personnage
Point RP:
Slumber Left_bar_bleue104/100Slumber Empty_bar_bleue  (104/100)
Point Membre:
Slumber Left_bar_bleue56/100Slumber Empty_bar_bleue  (56/100)
Niveau: 6 - Affirmé
Sam Carver
Sam Carver
Apprentie Exorciste
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber EmptyMar 9 Mar 2021 - 17:26

Elle regarde l’homme — son homme, son inconnu, quelque part, dans une page de sa vie, le sien rien qu’à elle, détourner les yeux. La gêne qui subsistent entre eux la fait mordre sa lèvre inférieure, sourire en dedans, très fort.

Alec, alec, alec.

Une chanson trotte dans sa tête, douce et délicate, et ça dit

C'était de l'or, tu sais
C'était comme de l'or notre histoire et si jamais
Si je m'en sors à peu près
Ne t'en fais pas qu'un jour ou l'autre
Je te retrouverai, je me retrouverai

et il lui semble qu’elle dit tout de ce qu’ils sont.

Il répond à ses baisers ; il répond toujours. Elle connait maintenant la bouche, les lèvres, la langue, rien ne semble vraiment changer tout en évoluant vers le mieux. Elle connaîtra sûrement que mal, ou de loin, les amours complexées des adolescents, pas très doués, pas très sûrs, pas très expérimentés. Elle sera celle qui sait.

Le bon coup.

Pas sûr que ça lui plaise.

Pas sûr qu’elle se pose la question non plus avec Alec. Puppy love pour elle, pas vraiment pour lui. Jamais sur un pied d’égalité, mais quelle harmonie !

– Tu es vraiment importante pour moi, Sam.

Il se redresse et l’embrasse et alors, elle vient croiser ses jambes derrière Alec, toujours assise sur lui. Son odeur de partout. Bien sûr qu’elle rejette ce qu’il vient de lui dire, elle l’entend sans l’accepter. Mais la tendresse qu’ils contiennent sera comme une amulette de chaleur plus tard, dans la solitude et le noir, lui brûlera le coeur mais l’empêchera de laisser tomber. Beaucoup.

Souvent.

Je ne suis pas idiote, je sais qu’il risque de me retourner l’attention. Pas que j’ai envie à tout prix de ne rien raconter, mais mettre des mots sur tout ça est d’un inconfort qui me suit souvent plusieurs jours, semaines, mois. J’aimerais juste rester à la surface encore un peu.

Ne pas savoir, porter le sac sans l’avoir ouvert.

Je plaque mon bassin sur sa virilité. J’enroule mes bras autour de lui, le serre fort, fort, fort, avant de me décoller lentement, inspirer, la bouche contre son oreille avant de murmurer d’une voix cassée :

— J’ai envie de toi.

Ses doigts pâles contre la gorge de l’homme de la saint valentin, de l’homme de sa première fois, de l’homme de Berlin, Berlin, Berlin, Berlin, Berlin, le souvenir martèle son crâne, essaie de rentrer mais y’a pas moyen, elle se cambre sur Alec ; prend moi.

Prend moi parce qu’en toi, seulement, j’ai confiance, je crois.[i]
Enfin, c’est ce qu’elle se dira, dans les béances de sa vie.
C’est ce qu’elle se dira, le visage crispé, des sanglots lourds et rauques prêts à lui déchirer la bouche. Pourtant, dans cet instant brûlant, elle y croit fort, fort, fort.
Ne sait-elle pas que la fin de la chanson est la suivante ?

C'en est assez des amours blêmes
Et des cœurs brisés en morceaux
De ces chansons sur le même thème
Qui ont épuisé tous mes mots, tous mes mots
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: Slumber   Slumber Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Slumber

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Fin du RP : Slumber {OK}

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Mystery Orphanage :: || Boite à souvenirs-
Nos partenaires
Slumber 1540142588-1Slumber Xq8zl4LSlumber 462622Bannire Slumber Bouton13Slumber PbgChxtSlumber Exy8Nxe5_oSlumber 8eFaMR4Slumber Ms3eSlumber WbmnSlumber 1536731829-341142368006asatestSlumber CssnSlumber Bouton10bouton-partbouton-part