Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]

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 Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]

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Humaine Innocente
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Carla A. S. Lowett
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Humaine Innocente
MessageSujet: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyMer 1 Juil 2020 - 10:25

8 janvier 2020

Carla glissa une goutte de parfum derrière son oreille. Une odeur de fleur d'oranger alourdie de rose enveloppa alors sa mince silhouette, se mêlant au tabac froid qui collait à sa peau. Entre les effluves, elle jeta un dernier regard à son reflet, essayant d'apprécier le tombé de la robe noire sur son corps. Pour l'occasion, elle avait remonté ses cheveux et accroché à ses oreilles une paire de boucle d'oreille en or qui représentait des oiseaux et qui avait appartenu à sa mère, seul ancrage qui lui restait de son enfance.
Elle enfila sur sa tenue un long manteau et des bottines à talons qui allongeait encore son ombre filiforme. Un dernier coup de rouge pour ourler ses lèvres et elle sortit à la rencontre de l'hiver qui frissonnait contre ses jambes à peine couverte par un collant. Elle hésita un instant à rentrer pour se changer, mais, désireuse de séduire avec sa robe et déjà en retard, elle se dirigea vers l'arrêt de bus qui la mènerait au centre d'Edimbourg.

Une vingtaine de minutes plus tard, elle se retrouva devant un établissement petit, mais cosy, une chaleur engageant s'en dégageant. Avec un sourire sur les lèvres, elle poussa la porte du restaurant, chercha un instant une silhouette connue, juste quelques secondes, le temps que la peur de découvrir une absence vienne jouer avec ses entrailles. Un sourire rassuré para néanmoins ses lèvres au bout d'un instant, lorsqu'elle aperçut Louis assit à une table.
Elle s'approcha presque en courant, essayant de ne pas vaciller sur ses talons, posa son manteau sur sa chaise puis se pencha enfin pour rencontrer les lèvres de celui qui savait faire chavirer son cœur d'un simple sourire.

– Joyeux anniversaire de nos huit ans.

Huit ans... Huit années difficiles, faites de haut et des bas et qui avaient laissé leurs traces dans la chaire et dans le coeur des deux enfants devenus grands. Huit ans rythmé par l'absence de Louis, par le viol de Carla, par son rapprochement adultère avec Ian... Autant de pensées sombres qui parasitaient son esprit lorsqu'elle essayait de dormir. Et quand elle fermait les yeux un peu plus fort, forçant le noir à l'envahir, c'était encore pire. Ce n'était plus des images qui se glissaient en elle, mais des ressentis et l'explosion de ses autres sens...
Carla repoussa tous ses maux. Le temps de la souffrance était passé. Ni elle ni Louis n'avait jamais mis de mots sur le passé, il fallait vivre le présent. Et le présent c'était la beauté de l'homme devant elle, son amour presque inconditionnel, leur huit ans ensemble... Le présent c'était aussi des secrets, celui de la magie qu'elle avait appris grâce à Ian, mais pas vraiment compris... Un secret qui pesait lourdement sur leur relation, mais qu'elle taisait, encore une fuite de Carla, qui n'osait pas aborder le sujet. Louis devait avoir ses raisons, elle devait lui faire confiance.
Elle sourit et posa sur la table un paquet fait de papier journal. À l'intérieur, une parfum couleur océan et dont l'odeur lui rappelait les falaises de leur adolescence. Elle l'avait trouvé un peu par hasard, dans une boutique près de la boulangerie où elle travaillait et l'odeur l'avait aussitôt happée. Elle n'avait pas hésité en l'achetant, trouvant dans ce flacon le cadeau parfait pour leur huit ans.

– J'espère que ça te plaira. Et j'ai une grande nouvelle aussi.

Un secret, encore un, sur lequel elle travaillait depuis plusieurs mois. Mais celui-ci était un beau secret, de ceux dont elle avait envie de parler.

– J'ai donné ma démission à la boulangerie. J'arrête à la fin du mois. Et en février, je recommence mes études de vétérinaire. Ils ont accepté de me prendre !

Être vétérinaire. Un échec douloureux qui avait teinté son passé, mais qui pourtant avait permis de la ramener à Little Angleton... et à Louis. Un mal pour un bien. Et désormais qu'ils étaient ensemble, qu'elle avait grandi et gagné en maturité, elle se sentait prête à se relancer dans ses études et à terminer sa formation pour s'occuper des animaux. Elle avait dû négocier en personne avec le directeur, mais il avait fini par accepter qu'elle reprenne les cours, en recommençant son deuxième semestre. Il avait cependant été clair : il ne tolérerait pas un seul échec de sa part.
Mais elle était prête à se battre. Elle le savait, les prochains mois ne seraient pas évident. Elle n'avait plus sa bourse d'étude et elle serait obligée de piocher dans ses économies et de continuer à travailler à la boulangerie les weekends ou en extra pour les fêtes et les mariages. Mais son patron avait été compréhensif et elle était prête à ses sacrifices.
Prête à donner un sens à sa vie et à son présent.

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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyJeu 2 Juil 2020 - 12:45



L'odeur du passé et le goût du présent
Carla & Louis

« En matière de sentiment, le manque de logique est la meilleure preuve de sincérité. »

En toute simplicité : j'ai la pression. Je ne sais pas ce qu'ils attendent, là-dehors, dans ce monde de fou, des deux adolescents paumés que l'on était. On aurait dû grandir autrement, sans doute, et on aurait pu être d'autres gens. Mais on est là, maintenant, tout de suite, ensemble. J'ai cette étrange impression parfois, que cela n'a tenu qu'à un fil, qu'il y avait des millions d'autres possibilités et que nous avons choisi la seule qui nous permette d'être ensemble. J'ai le vertige, quand j'y pense. La nausée du bonheur. Est-ce si terrible alors de penser que l'on peut tout perdre ? J'attends. J'attends en trépignant sur ma chaise, comme un gosse qui veut aller aux toilettes en plein milieu d'un cours. J'ai le cœur qui déborde.

Le restaurant est calme, confortable. Il y a quelques autres clients, une famille qui se retrouve, un vieux monsieur et une plume pleine d'encre, comme sorti d'un vieux film, deux copines après le boulot... Tout au fond, dans un poêle, un feu brûle doucement. Il y a une musique qui émane du piano et un pianiste qui aime les mélodies suaves. J'ai chaud dans cette ambiance hivernale. La veste du costume est tant attendue pour ce genre d'occasion que je n'ose pas l'enlever. Je rêve d'une chemise ou de rien du tout, ou de rien du tout et de Carla avec. Et mon esprit s'emballe, comme toujours. Je passe une main dans les cheveux avec l'impression que tout se remettra en place. Ce n'est pas vrai, c'est un leurre, j'ai toujours les cheveux dans une légère pagaille. C'est tout une histoire. Mes doigts tapotent d'impatience sur le rebord de la table, les yeux perdus dans l'immense bouquet de fleurs qui bouffe l'espace.

Elle est là.

Pourquoi ? Pourquoi mon cœur rate un battement comme si nous étions devant l'autel ? Je me lève, elle m'embrasse, on s’assoit. Ma gorge se bloque et je n'arrive qu'à lui répondre un sourire. Il y a toujours ce quelque chose qui me fait comprendre que l'on a eu de la chance, finalement. Qu'on est juste deux connards qui ont réussi à s'en sortir, un peu. Et ça me rend heureux. Mes doigts malhabiles farfouillent le papier cadeau pour le déchirer. Quand Carla m'annonce qu'elle veut reprendre ses études, je sens comme une nouvelle légèreté se déployer autour. Je m'arrête.

- Je suis content pour toi.

La phrase est banale, les mots ont pourtant vibrés. Elle est belle quand elle dit cela. Et je connais l'ampleur de cette décision, je sais les sacrifices qu'elle voudra faire, que je ne veux pas qu'elle fasse. Je la regarde, la regarde dans les yeux, comme s'il n'y avait plus rien d'autre. Je me demande depuis combien de temps elle préparait cela. Carla qui se pense si fragile, prête à s'effondrer. Carla qui est suffisamment forte pour toujours changer, avancer.

- Tu sais Carla, ça fait huit ans maintenant et... Oui bon, c'est pour ça qu'on est là. Et... Huit ans enfin, c'est beaucoup et moi j'ai un travail qui paye et tu te souviens du tournage de Fast & Furious de septembre ? Ce que je veux dire c'est que... Oh bordel je suis maladroit. Bon, euh, je sais que t'es indépendante hein ? Mais on a de la réserve donc t'auras pas besoin de travailler à côté hein ?

Je me sens con. Mais vraiment con. Du genre débile.

- Je suis niais Carla. Je suis tellement niais. Je t'invite au resto pour nos huit ans, j'ai mis un costar et là je parle comme si...

J'inspire, grande inspiration. Je sors l'enveloppe.

- J'ai quelque chose pour toi. C'est très important. C'est quelque chose qui a prit du temps Carla, mais que j'aurais dû faire bien avant, qu'on aurait tous du faire pour toi avant.

Dans l'enveloppe, il y a la vérité. Enfin, enfin reçu, après tant de temps. Enfin donné. Je lui tends l'enveloppe. Une angoisse profonde me tord l'estomac. J'ai presque peur qu'elle me rejette, ou qu'elle m'en veuille. Parce que c'est des années de silence qu'il y a là-dedans. Pour moi, et pour les autres. Mais c'est ma responsabilité. Je prends sa main.

- Avant... Avant que tu l'ouvres... On a jamais voulu te tenir à part.

Dans l'enveloppe, il y a mon autorisation officielle par Orpheo, une autorisation qui me lie à vie à Carla, quoiqu'il arrive. Et une lettre qui explique cela, une lettre de mon écriture tremblante.

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Humaine Innocente
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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyJeu 2 Juil 2020 - 15:43

Elle se sentait comme dans une mauvaise parodie de film romantique avec ces talons qui lui tordaient les chevilles et cette robe de femme fatale qui ne lui ressemblait pas. Et Louis tout bien habillé, qui était, certes, magnifiques, mais il l'était tellement plus quand il était tout nu, sa peau contre la sienne... Oui, elle aurait préféré avoir pour seule parure le corps de son amant contre le sien.
Qui déjà avait eu cette idée de restaurant. Ce cliché un peu tordu du monde des adultes alors qu'elle se sentait encore profondément enfant dans ses entrailles. Le poids de l'âge pesait pourtant autour d'eux, le regard de la société qui glissait vers son doigt nu ou son ventre creusé, dans l'attente classique d'un mariage, d'une famille... Tant de responsabilités que Carla ne désirait pas, pire encore, qu'elle fuyait, tellement plus rassurée par le cocon des bras de Louis.
Ce qu'elle voulait, c'était Louis, beaucoup. Ses amis, aussi. Et Ian parfois, même si elle refusait de se l'avouer.

– Je suis content pour toi.


Et elle lut dans ses yeux à quel point il était sincère. Évidemment. C'était Louis, il était toujours ainsi, honnête, doux et sincère, capable de se réjouir pour les personnes qui l'entouraient, alors que son esprit repensait à Ian, à leur acte de chaire au Canada, à cette trahison qui lui bouffait les entrailles et que pourtant elle ne parvenait pas vraiment à regretter. Quelle monstresse. L'ogresse des contes de fée, celle qui mangeait les enfants et qui, à la fin, se faisait pourfendre par le chevalier et mourrait, seule, baignant dans son sang.
Mais Carla ne mourrait pas et, lorsqu'elle se réveillait, elle n'était pas seule puisque le chevalier était à ses côtés. Comment Louis pouvait-il être si parfait ? Alors elle se raccrochait à ses imperfections, à ces non-dits entre eux deux. Pour ne pas sombrer et se laisser persuader de l'horrible personne qu'elle était.

– Tu sais Carla, ça fait huit ans maintenant et... Oui bon, c'est pour ça qu'on est là. Et... Huit ans enfin, c'est beaucoup et moi j'ai un travail qui paye et tu te souviens du tournage de Fast & Furious de septembre ? Ce que je veux dire c'est que... Oh bordel je suis maladroit. Bon, euh, je sais que t'es indépendante hein ? Mais on a de la réserve donc t'auras pas besoin de travailler à côté hein ?

Un sourire un peu triste parvint à se glisser sur les lèvres de la jeune femme. La réaction de Louis résumait qui il était. Prêt à tout pour la soutenir, pour être avec elle. Pas pour l'entretenir, pas un besoin patriarcal de se sentir supérieur à elle et qu'elle lui en soit redevable, non, simplement par amour et parce que c'était Louis, qu'il était ainsi Louis. Mais Carla était Carla et ils savaient aussi, tous les deux, qu'elle n'accepterait pas. Qu'elle se battrait pour pouvoir payer la moitié du loyer, des courses et de leur quotidien.

– Je suis niais Carla. Je suis tellement niais. Je t'invite au resto pour nos huit ans, j'ai mis un costard et là je parle comme si...


C'était un sourire sincère qui dansait à ce moment-là sur le visage de Carla. Le fantôme de la parodie du film romantique flottait encore au-dessus d'eux, mais avec la drôlerie dont il était capable : Louis était un enfant, tout comme elle. Deux gosses habillés comme des adultes, mais qui faisait semblant. Mais pas pour s'aimer. Leur amour lui était sincère et aussi cristallin que celui qu'on peut apercevoir dans les cours d'école.

– J'ai quelque chose pour toi. C'est très important. C'est quelque chose qui a prit du temps Carla, mais que j'aurais dû faire bien avant, qu'on aurait tous dû faire pour toi avant.


Il lui tendit une lettre qu'elle saisit en tremblant un peu. Alors ils y étaient, à ce moment où tout allait basculer, où elle rentrerait dans ce secret officiellement, où elle aurait le droit de savoir, le droit de faire vraiment partie de l'équipe que formait ses amis d'enfance ? Ce secret qu'elle avait découvert un mois plutôt et qui avait détruit sa relation avec Ian. Comment réagir ? Son coeur était au bord de ses lèvres, elle n'osait plus relever les yeux de la blancheur de la lettre, de peur de découvrir de se réveiller. Cette vérité qu'elle avait tant désirée, allait-elle finalement la terrasser ?
Louis saisit sa main, un ancrage dans la réalité.

– Avant... Avant que tu l'ouvres... On a jamais voulu te tenir à part.


Elle inspira profondément avant de glisser un doigt sur le dessus de l'enveloppe pour l'ouvrir, avec un peu trop de précipitation, si bien qu'elle s'entailla légèrement le doigt sur le bord coupant du papier. Ignorant la chaleur qui irradiait sur sa peau, elle sortit un bout de papier administratif et une lettre rédigée par la main de Louis. Ses yeux commencèrent à parcourir les phrases, mais les mots se brouillaient. Était-ce à cause des larmes qui piquaient dans ses yeux ? De l'écriture tremblante de son amant ? Ou simplement de l'air autour d'eux qui lui semblait étouffant ?
Elle ne parvint pas au bout de la lettre ; de toute façon les informations se percutaient trop dans sa tête pour qu'elle puisse en comprendre le sens. Elle glissa les papiers dans son sac qu'elle passa en bandoulière avant de se lever en attrapant le poignet de Louis.

– Allons dehors.

Sous les yeux un peu étonné d'un serveur qui s'approchait pour prendre leur commande, ils sortirent, laissant leurs manteaux abandonnés derrière eux, mannequins en papier de la comédie qu'ils vivaient.
Une fois dans l'air glacial du mois de janvier, elle fouilla un instant dans son sac, attrapa une cigarette qu'elle glissa entre ses lèvres avant de tirer, fortement, la fumée dans ses poumons. Presque à s'étouffer, et pourtant elle respirait tellement mieux que dans le restaurant...

– J'étais au courant.

La fumée qui l'entourait avait un côté rassurant. L'odeur personnelle de sa madeleine de Proust.

– Il faudrait être aveugle pour ne pas se douter qu'il se passe des choses étranges au Mystery Orphanage. C'était d'ailleurs le jeu avec les autres enfants du village quand j'étais petite. Qui serait capable de découvrir tous les secrets des enfants de l'orphelinat.

Elle sourit, sa main libre remontant vers Louis, allant effleurer sa joue.

– Je pense qu'à ce petit jeu-là, on peut dire que c'est moi qui suis gagnante.

Sa main continua son chemin, descendant le long du torse, jusqu'à aller ses glisser autour de la taille de Louis.

– Mais... il y a un mois tu as oublié ton téléphone professionnel à l'appartement. Il arrêtait pas de sonner et… et je voulais vraiment pas rentrer dans ton intimité, mais j'avais envie de dormir et j'avais peur qu'il te soit arrivé quelque chose alors... j'ai lu un message. Et puis deux. Et puis… beaucoup.

Elle ravala une bouffée de fumée avant de baisser les yeux. Elle ne parla pas de Ian, par peur que Louis ne devine des secrets qu'elle ne voulait pas évoquer. Pas plus qu'elle n'évoqua sa présence dans l'orphelinat le jour de l'attaque et cet homme inhumain - tout prenait sens désormais - qui l'avait violée. Il y avait des souvenirs qu'il valait mieux ne pas revivre.

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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyLun 6 Juil 2020 - 22:18



L'odeur du passé et le goût du présent
Carla & Louis

« En matière de sentiment, le manque de logique est la meilleure preuve de sincérité. »
Un geste maladroit, comme une excuse. Le serveur nous regarde partir dans la nuit, aspirés par l'air froid du dehors. Mais nos affaires restent, sur les dossiers, en plan, mon manteau, son manteau, et l'enveloppe déchirée... J'espère qu'il comprend que l'on revient, et j'espère que cela veut dire que l'on revient, que ce n'est pas fini. Que ce qu'il voyait avant, les deux gamins bienheureux, ils seront toujours bienheureux. J'en ai marre de la douleur. Je ne veux que la douceur. On a trop vécu dans le malheur, assez pour plus d'une vie.

Je mentirais si je disais que mon cœur s'emballe seulement pour le vent qui souffle dans les cheveux de Carla, pour ses beaux yeux et ses mains qui allument une cigarette. Et sa main sur ma joue vient comme un baume sur une plaie. Sa main, sur ma joue, comme une réminiscence d'une scène du passée, d'un chapitre que l'on a voulu clore, dans cette chambre d'hôpital. C'est qu'il fallait aller de l'avant, qu'on avait pas le choix. C'était cela, ou se montrer nos casseroles sales et cabossées et se couper l'envie, peut-être. On a préféré les trimbaler, chacun de notre côtés, nos casseroles, mais on a avancé ensemble. Sa main se perd sur mon torse et ses mots dans mes oreilles. Je ne comprends qu'à moitié. Sa voix est si douce. J'aurais pensé qu'elle me haïrait un peu ou qu'elle hurlerait. Je rougis légèrement, oubliant l'intrusion, oubliant ces SMS qu'elle a dû lire, qu'elle a pu lire, qu'elle a lu.

Je l'embrasse.
Et la prends dans mes bras. Contre moi. Tout contre moi. Ignorant la clope qui brûle sur mon épaule. Ignorant le reste, la pluie qui commence à tomber, comme toujours en Ecosse.

- J'ai vécu cette scène des milliers de fois dans ma vie. J'ai retourné le scénario dans tous les sens. J'ai toujours cru que je te dégoûterais, que je te décevrais...

J'inspire bruyamment, sous l'émotion.

Je me sens piteux, tout petit devant elle. Je ne comprends pas comment elle peut réagir d'une manière si tranquille, si neutre, finalement... Et je comprends. Je comprends qu'elle en a parlé à quelqu'un, parce qu'on ne garde pas ça comme ça. Je comprends et je me sens vide. J'ai l'impression étrange d'être celui à qui on a joué un tour, alors que c'est elle qui doit se sentir comme ça. J'ai l'impression d'être la victime un instant, alors que j'ai été le bourreau dans toute l'histoire. Et je regrette aussitôt ces pensées terribles, ces affronts que je lui fais, que je lui tais, car j'ai déjà honte de cette amertume qui me submerge.

- Tu en as parlé avec Luka ?

Ma voix s'étrangle un peu, toute petite voix pour un si grand gaillard. On ne dirait pas toujours, mais j'ai 26 ans et encore un cœur d'enfant. Je peux jouer des coudes, aligner un bon salaire à la fin du mois, mais je suis un gamin que la vie a largué là. Et je me sens tout chose, à penser qu'elle attendait. Qu'elle attendait que je lui dise. Je ne sais pas pourquoi, je ne comprends pas le silence. Je suis... vexé ?

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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyMar 7 Juil 2020 - 15:47

La réaction de Louis ne se fit pas attendre. Il l'attrapa, l'embrassa, la serra si vivement dans ses bras qu'elle en lâcha sa cigarette. Le bâtonnet blanc alla s'écraser sur le sol dans un bruit mouillé : nul risque d'incendie au plein milieu de l'Ecosse avec l'air constamment saturé par l'humidité. En particulier en plein hiver. Elle s'en voulut quand même, écrivant dans sa tête une note mentale pour ne pas abandonner le mégot à la pollution. Carla n'avait jamais vraiment souhaité avoir des enfants et avait dans son caractère un égoïsme figé et profondément ancré, mais ce n'était néanmoins pas une raison suffisante pour laisser derrière elle un monde de merde et de détritus. Un raisonnement qui lui paraissait simple, même s'il ne semblait pas effleurer certain des plus puissants... Une aberration du monde et un léger réconfort de l'idée que, finalement, elle n'était pas la plus monstrueuse.
Elle effaça d'un soupir le monde dans sa tête et se concentra sur la chaleur des bras de Louis et ce sentiment d'infini plénitude qui l'envahissait lorsqu'elle se trouvait contre lui.

– J'ai vécu cette scène des milliers de fois dans ma vie. J'ai retourné le scénario dans tous les sens. J'ai toujours cru que je te dégoûterais, que je te décevrais...


Elle leva des yeux surpris, étonnamment presque blessés. La dégoûter ? La décevoir ? Louis était toute sa vie, son roc, une pierre au milieu des vagues de sa vie dévastée. Il avait beau être magicien, différent, étrange, il était bien plus solide qu'elle. Peut-être d'ailleurs était-ce à cause de son histoire, de ses pouvoirs étranges qu'elle n'appréhendait pas totalement, ni ne comprenait vraiment. Mais la dégoûter, jamais.
C'était une sorte de rite de passage à Little Angleton, comme une malédiction qui traînait dans le fond de l'air marin. Le destin des enfants de Little Angleton ne pouvait pas être une brise calme, il devait obligatoirement tomber dans des trous vertigineux. Tous, un par un. Une sorte de bizarrerie qui flottait dans l'école du village. Ils n'en parlaient pas vraiment, mais ils le savaient tous. Rares étaient les familles sans cadavre dans leur placard. Parfois littéralement. Et il fallait apprendre à vivre avec.
Relève toi ou reste au sol.
Elle se rappelait encore au collège, lorsqu'un de ses camarades avait décidé d'avaler les cachets de sa mère. Il n'avait pas pu être sauvé. Il avait pourtant une vie qui semblait douce en apparence. Mais c'est seulement à sa mort qu'ils avaient appris que les apparences étaient trompeuses.
Et au lycée... un jour les lumières rouges et bleues de l'ambulance dans la cours de la récréation. Une fille de la classe supérieure en camisole, en pleine crise de démence. Internée. Depuis, plus personne n'avait eu de ses nouvelles.

Oui, Little Angleton était différente et il y régnait un climat particulier. Mais ça forgeait ceux qui y grandissaient. Des larmes qui devenaient des armes, fourbes et pointues. Alors oui, le secret de Louis et des enfants de l'orphelinat était étrange. Mais loin d'être dégoûtant. Au contraire, il avait un certain charme et attirait un sentiment de fascination.
Et puis de toute façon, que pouvait-elle dire, elle ? Qui avait été violée, harcelée, frappée. Puis qui avait laissé son corps presque à l'abandon avant de l'offrir à Ian alors même que Louis était en pleine convalescence. Trop de chaire avait pénétré sa chaire. Louis, s'il apprenait, lui pardonnerait-il un jour ? Et même, supporterait-il encore de la regarder comme il le faisait, n'y aurait-il pas dans la flamme de son amour une pointe de dégoût, de peur qu'elle recommence, de tristesse voilée ?

– Tu en as parlé à Luka ?


La tension qui marquait sa voix était si palpable que le cœur de Carla rata un battement. Le sang battait à ses oreilles alors qu'elle s'entendit à peine murmurer :

– Je… heu… non, je ne l'ai pas vue…

Il y avait dans l'air, comme une enquête sur un coupable. Louis savait, Louis avait compris qu'il n'était pas la première personne à qui elle en parlait. Qu'elle avait évacué la douleur en crachant ses mots contre un autre. Ian. Le même avec qui elle l'avait trompé quelques mois auparavant. Toujours la même rengaine. Lorsqu'elle était avec Ian, elle en oubliait le reste de sa vie et tout volait en éclats. C'était trop intense et pourtant ça avait un côté salvateur de par cet aspect destructeur.
Un psy s'amuserait tellement avec l'innocente Carla...
Elle n'avait pas envie de mentir, pas encore, mais il restait l'omission. Dire les choses à moitié. Parler de la révélation sans évoquer leurs ébats au Canada. Rester calme. Se contrôler.

– J'en ai parlé avec Ian. Il m'a dit que tu avais fait ça pour me protéger. Que tu voulais faire ça dans les règles.

Elle laissait couler sa voix avec calme pour ne pas trahir la partie immergée de l'iceberg.

– J'ai vécu à Little Angleton après l'attaque des terroristes... enfin tu vois. Ce n'était pas vraiment des terroristes. Mais j'ai eu un aperçu des choses horribles qui pouvaient se passer pour les gens comme moi dans ton monde.

Plus qu'il ne pouvait l'imaginer.

– Je sais que tu as toujours voulu me protéger Louis. Et... enfin ça me touche que tu me laisses entrer dans ton monde. Je dis pas que ça a été facile pour moi d'accepter que mes meilleurs amis aient toute une vie parallèle dans laquelle je n'étais pas. Mais le passé est ce qu'il est, et je crois qui a été assez douloureux comme ça pour que nous revenions dessus. Ce qui compte c'est le présent. Et je suis heureuse que, dans ce présent, tu m'autorises à entrer dans votre monde.

Elle accrocha son regard au sien, son cœur battant un peu plus fort dans sa poitrine, pour une toute autre raison désormais.

– Et quoi qu'il se soit passé dans le passé, quoi qu'il se passe à l'avenir, j'aimerais qu'on se rappelle cette soirée ensemble, juste tous les deux, sans tous les soucis, sans tout ça. Et surtout, j'aimerais que tu te rappelles que je t'aime et que je t'aimerai toute ma vie.

Elle l'aimait. Un sentiment simple qu'elle avait découvert dans son adolescence avec lui. Qu'elle avait appris à accepté à deux, qu'elle avait crié sous tous les toits main dans la main de Louis. Un sentiment si facile et qui pourtant avait pris un sentier étrange, truffé d'embûches, très douloureux. Mais qui avait toujours existé, sous diverses formes, et qui existerait toujours.
Ils se le disaient moins depuis qu'ils s'étaient retrouvé, depuis tous les travers de leur passé, néanmoins cela n'ôtait pas la force des mots. Au contraire, jamais Carla n'avait eu l'impression d'être aussi sincère qu'à cet instant.

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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyMer 29 Juil 2020 - 8:56



L'odeur du passé et le goût du présent
Carla & Louis

« En matière de sentiment, le manque de logique est la meilleure preuve de sincérité. »
Tu sais, toi et moi, on tourne, on tourne, on tourne, sur cette planète ronde. Toi et moi comme un cercle, tout autour de ce monde. Toi et moi on tourne, on tourne, on tourne, et on tourne en rond. Quand est-ce que l'on s'apercevra que l'on tourne en bourriques, que le monde est une boule qui ne tourne pas rond ? Dans ma tête une pensée, comme une trahison, qui me lance. Je me demande pourquoi, pourquoi pas moi d'abord, et ce nom qui tombe comme une sentence. J'ai le sentiment d'être égoïste, ce gamin qui a toujours tout eu de Carla et qui lui demande encore et encore plus. Cette fois, ce n'était pas moi. Cette fois, Ian a eu les mots, a eu la primeur. Et mon cœur comme une enclume qui tombe dans mon corps, jusque dans mes pieds, et mes jambes qui flageolent.

- Ian ?

Le ton de ma voix, comme une insulte à son honnêteté. Un ton qui me révulse, me met hors de moi. Je détourne le regard. Ça aurait été mieux que ce soit Luka. J'ai envie de geindre, enfant ingrat. Carla me regarde, m'ancre à ses yeux, et la douleur disparaît. Aussi simplement que ça, après un battement d'aile de ses paupières. Et je me rappelle qu'elle aussi a vécu l'horreur, que ce n'est pas un concours de bite à celui qui a vécu le plus, celui qui doit le premier dire les choses, celui qui doit prendre tout en charge. J'ai toujours eu cette conviction profonde, ce syndrome du sauveur, bien plus que mes amis, ou peut-être comme Ange. Faire le bien, porter le monde sur les épaules. Une injonction vitale, un besoin pathologique. Et après tout, c'est peut-être mieux ainsi, qu'elle l'ait su avant, non ? J'ai un goût amer dans la bouche, l'ego qui trinque mais qui se tait. Il y a toujours des compromis.

- Je suis désolé, c'est que j'avais toujours pensé que... Laisse tomber, je suis jaloux et débile. Je ne t'autorise pas à venir dans mon monde Carla, je te le demande.

Je regarde le sol humide et pars pour un éclat de rire.

- Bon, je ne me mettrai pas à genou par contre, je flinguerais le costume. Mais je te le demande humblement. Je ne sais pas ce que tu as vécu, là-bas, à Little Angleton, quand ils sont venus. Mais je sais que ce n'était pas juste ce que tu m'as dit.

Je suis redevenu sérieux, d'un coup. Je prends son visage dans mes mains. Son beau visage.

- Moi aussi, je veux cette soirée. Mais je ne suis pas d'accord. Peu importe le passé. Un jour peut-être tu m'en parleras, ou pas. Mais pour l'avenir, je ne m'en fiche pas. Je veux cette soirée, mais je veux toutes les autres aussi, celles de demain. Parce que moi aussi je t'aime et que je t'aimerai toujours.

Je lui prends les mains, comme un enfant de dix ans. Le contact de sa peau, douce, me rappelle nos ébats, ces intenses moments où ce qui prime avant tout c'est l'amour. Ce moment étrange où nous ne sommes plus qu'un et dans une harmonie que je n'imaginais pas avant. Et ce n'est pas qu'un acte charnel.

- On se croirait dans un disney...

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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyMer 29 Juil 2020 - 10:30

Le vent soufflait durement en ce début d'année et pourtant Carla, malgré la légèreté de sa robe et l'absence de son manteau, ne ressentait pas le froid. Au contraire, elle avait l'impression d'étouffer sous un afflux de chaleur créé par ses émotions qui s'entremêlaient dans sa tête, beaucoup trop rapidement.

– Ian ?

La pointe de jalousie qui teintait la voix de Louis alla directement percé son estomac. Une boule compacte s'y forma, preuve évidente de la culpabilité qui était désormais la sienne ; une juste peine pour la merde qu'elle créait.
Elle aurait aimé rassurer son amant, maîtriser un rire et la situation avec quelques mots. Ian et elle s'étaient croisés par hasard, Louis était au travail à ce moment-là, le téléphone de Louis avait appelé tout seul celui de Ian... Alambiquage d'excuses qui se formait dans sa tête et qui, elle le savait, était parfaitement inutile et peu crédible. La vérité c'était que Ian avait été présent lorsque Louis était absent. La vérité c'est qu'il l'avait sorti du trou dans lequel elle pourrissait. La vérité c'est que ça lui faisait si mal de voir son amoureux au fond d'un lit d'hôpital, si différent de ce qu'il avait été, qu'elle s'était réfugiée dans les bras d'un autre.
Mais était-ce vraiment la vérité ou était-ce des excuses qu'elle se murmurait dans sa tête ?
La vérité, la vraie cette fois, celle qu'elle tentait de tout son être d'ignorer, c'est que Carla n'était pas insensible à Ian. C'est qu'elle avait beau aimer Louis aussi profondément qu'elle le pouvait, une partie de son coeur ne pouvait s'empêcher d'appartenir à Ian.

Alors que son tatouage lui brûlait la nuque, Carla se dit tout de même que c'était bien compliqué, l'amour.

– Je suis désolé, c'est que j'avais toujours pensé que... Laisse tomber, je suis jaloux et débile. Je ne t'autorise pas à venir dans mon monde Carla, je te le demande.

Elle dût puiser profondément en elle pour ne pas s'écrouler sur le sol. C'était elle qui merdait, mais Louis qui s'excusait. La boule de culpabilité dans son estomac explosa. Faite d'acide elle attaqua le reste des organes vitaux : le foie, les poumons, le coeur...
Elle résista avec douleur. C'était le prix à payer pour le brouillon de ses sentiments. Il lui fallait combattre le manque d'oxygène et la chaleur qui rendaient flou le monde autour d'elle, comme si tout disparaissait petit à petit et qu'elle se perdait dans l'immensité du monde.
Un éclat de rire alla la cueillir aux frontières de l'Univers pour la ramener sur Terre.

– Bon, je ne me mettrai pas à genou par contre, je flinguerais le costume. Mais je te le demande humblement. Je ne sais pas ce que tu as vécu, là-bas, à Little Angleton, quand ils sont venus. Mais je sais que ce n'était pas juste ce que tu m'as dit.

Les mains de Louis saisirent le visage de Carla, l'empêchant de s'évader au loin. Si Ian était celui qui se salissait les mains pour venir la chercher dans les entrailles de la Terre, Louis était l'ancre qui l'empêchait de tomber. S'ils disparaissaient, nul doute qu'elle partirait dans une dérive éternelle. Carla, l'indépendante Carla qui aimait se rire du monde et montrer qu'elle n'avait besoin de personne, ne pouvait en fait pas vivre sans ces deux êtres. Deux personnes qui permettait de créer autour d'elle un cocon d'équilibre avec le goût amer de la culpabilité.

– Moi aussi, je veux cette soirée. Mais je ne suis pas d'accord. Peu importe le passé. Un jour peut-être tu m'en parleras, ou pas. Mais pour l'avenir, je ne m'en fiche pas. Je veux cette soirée, mais je veux toutes les autres aussi, celles de demain. Parce que moi aussi je t'aime et que je t'aimerai toujours.

Un picotement dans son nez trahit les larmes qui avaient envie de sortir sur ses joues. Elle inspira lentement pour les contenir, se demandant comment quelqu'un comme Louis, d'aussi parfait, d'aussi amoureux, pouvait aimer quelqu'un comme elle. Et surtout, comment pouvait-il exister ?

– On se croirait dans un Disney…

Comme si une pression libérait ses épaules, elle éclata d'un rire sincère.

– Un Disney sans chanson alors, parce qu'il est hors de question que je me mette à chanter !

Reprenant son souffle saccadé par le rire, elle plongea son regard dans celui de Louis, un puit d'amour sans fond. Elle prit le temps de l'observer, les muscles qu'elle savait dessiné sous son costume qui, même s'il n'avait pas l'air tout à fait à l'aise dedans, sublimait sa silhouette. La beauté irradiait de son compagnon, une beauté extérieure et intérieure qui brillait tellement fort que Carla se demandait parfois si elle était la seule à la voir.

– Mais je veux bien vivre heureuse avec toi pour toute ma vie, dans mon monde comme dans le tien.

Elle hésita, ajouta :

– Pour la partie "ils eurent beaucoup d'enfants" par contre, je te propose de rester à "ils eurent beaucoup de sexe, mais toujours se protégèrent".

Elle se mordilla la langue. Louis et elle n'avait jamais parlé d'avoir des enfants. Il avait disparu trop jeune, trop tôt dans leur relation. Et depuis qu'ils s'étaient retrouvés, ils avaient préféré se concentrer sur le présent, sans penser au futur. Et si elle se voyait vieillir dans les bras de son prince charmant, elle n'imaginait pas des marmots piétiner leur bonheur.
Mais ce n'était peut-être pas le bon moment pour avoir cette discussion. Le genre de discussion qu'elle préférait fuir. Aussi, elle se pencha pour ramasser son mégot mouillé, le déposa dans la poubelle à côté de l'entrée du restaurant puis attrapa la main du jeune homme.

– On retourne à l'intérieur ? J'ai entendu dire que leur risotto était à tomber par terre et je commence à avoir faim.

Parenthèse refermée, Carla faisait ce qu'elle savait faire de mieux : enfouir ce que cette conversation avait réveillé en elle dans une boîte noire tout au fond de son cerveau. Ne garder que l'amour de Louis, la découverte de son monde et une boule amère au creux de son estomac qu'elle n'arrivait pas à faire disparaître…

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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyJeu 11 Fév 2021 - 16:19



L'odeur du passé et le goût du présent
Carla & Louis

« En matière de sentiment, le manque de logique est la meilleure preuve de sincérité. »
Le rire qui brise la glace. Ca ne veut pas dire que tout s'efface, que tout s'en va. C'est juste qu'on a quitté pour un instant ce monde froid, brutal. Les réponses de Carla fusèrent comme devant La reine des Neiges. A croire qu'il n'y avait jamais eu un mot plus haut que l'autre et pas de blessures cachées. A croire que tout était simple, enfantin, une soirée devant un dessin animé et quelques bavardages aériens. Il n'y a rien de pire que ces montagnes russes : on pense que le bonheur gît-là, et aussitôt on l'enterre. On tue le bonheur qui renaît et que l'on assassine encore. Et surtout on oublie. On oublie que cela peut faire mal, la chute. Alors on grimpe rapidement, c'est l'euphorie. Et moi aussi, moi aussi je grimpe.

- Moi je ne danserai pas de toutes façons !
– Pour la partie "ils eurent beaucoup d'enfants" par contre, je te propose de rester à "ils eurent beaucoup de sexe, mais toujours se protégèrent".

Le froid m'assomme. C'est le bonheur qui dégringole. Je reste silencieux, douloureusement silencieux. Carla ramasse sa clope et balaye le sujet, comme ça. Je tente un sourire, hausse les épaules. Je me dis que je le savais un peu. Je le savais. Cela ne change rien, ça fait tout drôle. J'ai l'impression de ne pas avoir le choix, que c'est comme ça et pas autrement. Mon avis ne comptera pas. Je ne suis pas sûr d'en avoir un, d'avis, mais cette phrase en l'air, balancée à la va-vite et effacée aussitôt, elle me perd. Je la suis à l'intérieur, encore hagard et pourtant déterminé à n'en rien laisser paraître. J'ai pas envie de dire ou de faire de conneries, de répondre "c'est ton corps, c'est ta vie" comme un enfoiré. J'aimerais, oh oui, j'aimerais dire "d'accord, c'est pas grave, c'est comme ça, je t'aime", mais en fait je sais pas. Je crois que, peut-être, c'est grave. Oui, peut-être...

Pendant que l'on se rassoit, que l'on reprend nos marques, agrippant la carte pour faire un choix futile, je songe à tout, sauf à cette soirée et à la joie effrayée que je m'en faisais. Sous mes yeux, les mots s'entremêlent, se perdent. Ca ne veut rien dire. Mouflet de canard cuit à la douce étoile sur lit soyeux de pétales de rose et sa petite farandole de légumes de saison avec son pain sublime campagnard des forêts. J'essaye de déchiffrer la poétique de la gastronomie, cette invitation au voyage culinaire qui me laisse coi. La confusion s'est emparée de moi. Plus j'essaye de m'accrocher à la réalité tangible de ce menu entre mes mains, de ces lignes de texte sous mes yeux, et plus je suis perplexe.

- Madame, monsieur, avez-vous choisi ?

Je lance un regard désespéré à la liste des plats et bafouille la seule chose qui me vient à l'esprit :

- Le... euh... le risotto ?

L'œil incisif du serveur me scrute sans tendresse. Je dégluti péniblement. tandis qu'il griffonne la commande et s'en va. J'inspire longuement, tristement. Je crois que non, je ne pourrai pas balayer le sujet et m'enfuir. Les enfants donc ? Un sujet important pour un couple. Un couple adulte. C'est là toute la difficulté : je suis sorcier, j'ai 26 ans. Autrement dit, je pourrai avoir 15 ans pour un innocent, que cela serait pareil. Il n'est pas rare de voir des sorciers avoir des gamins tardivement. Il n'est pas rare non plus d'en avoir tôt. La question n'est pas là. La question n'existait pour moi tout simplement pas. Pas maintenant. J'inspire encore.

- Ecoute Carla, je veux pas t'effrayer.

Silence. Blocage. Torture pour elle comme pour moi.

- Les enfants c'est important... Enfin non, ce que je veux dire c'est : les enfants c'est un sujet important. J'peux pas le balayer comme ça, moi.

Je la regarde dans les yeux, j'ai l'impression qu'elle s'est crispée. Je ne suis qu'un blaireau, je ne sais pas m'exprimer. Les mots s'entortillent dans mon esprit et quand ils sortent, c'est dans un bordel monstre. Je ferme les yeux, rien qu'un instant, pour échapper aux siens qui me foutent en l'air. C'est la violence de cet amour qui s'en balance. C'est douloureux, parfois, de contempler un désastre en marche. Je ne veux pas lui faire de mal.

- Ca changera pas. Que tu veuilles ou pas des enfants, ça changera pas. Moi je sais pas, Carla. La vérité, je sais pas. Peut-être un jour, j'en voudrais, peut-être jamais. Quand j'étais petit, j'avais l'impression que c'était le cour de la vie que c'était la plus belle chose du monde et que je serai le papa que je n'ai jamais eu. Après tout ce qu'on a vécu, je me dis que c'est pas forcément un cadeau, la vie. Donc je sais pas, mais ça changera pas que je t'aime. Les enfants, on en parlera toutes notre vie, ou pas, on en aura, ou pas. On choisira ensemble, tous les jours comment on construit notre vie. Et le plus important, c'est que moi je t'ai choisi toi, avec ou sans enfant.

Je me dis que j'en souffrirai, un jour, mais que je souffrirais bien plus de la perdre.



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Humaine Innocente
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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyVen 12 Fév 2021 - 0:42

– Moi je ne danserait pas de toutes façons !

Carla sourit au vent, pensa que c’était un peu dommage, qu’elle aurait bien aimé voir son amant se déhancher sur Libérer, délivrer. Elle ne se rendit pas compte que, comme la reine des neiges, le froid c’était elle qui l’avait lâché en évoquant le sujet des enfants. Elle ne s’en rendit pas compte et attrapa la main de son amoureux pour se réfugier dans la chaleur du restaurant. Elle sentait déjà un rhume pointer le bout de son nez – le jeu de mot la fit rire mentalement – et elle fut bien contente de retrouver leur table, ses yeux parcourant la carte et s’attardant tout particulièrement sur les desserts. Même si le seul dessert qu’elle désirait vraiment, c’était le corps chaud de Louis contre le sien avec, pourquoi pas, un peu de chantilly ou de chocolat fondu pour sucrer le tout.
Elle releva les yeux du menu, s’apprêtant à partager son fantasme gourmand avec son amant lorsqu’elle remarqua enfin son air étrange, presque perdu derrière des plats. Elle pencha la tête sur le côté, cherchant à comprendre la tension provoquée, ouvrit la bouche puis la referma aussitôt, interrompue par le serveur.

– Madame, monsieur, avez-vous choisi ?

Elle sentit Louis hésitant et la distance dans sa réponse finit de la convaincre que, définitivement, quelque chose n’allait pas.

– Le… euh… le risotto ?

Elle commanda la même chose puis se refocalisa sur Louis, hésitante. Fallait-il lui demander ce qui n’allait pas ? Mais pas besoin d’avoir des pouvoirs pour comprendre… Il avait tiqué à partir du moment où elle avait parlé d’avoir des enfants. Ou, plutôt, de ne pas en avoir.

– Ecoute Carla, je veux pas t’effrayer.

Les mots eurent l’effet inverse de leur intention et elle sentit son cœur battre un peu plus fort dans sa poitrine.

– Les enfants c’est important… Enfin non, ce que je veux dire c’est : les enfants c’est un sujet important. J’peux pas le balayer comme ça, moi.

Bon. Finalement, c’était peut-être le moment d’en parler. Elle ne pouvait pas éviter le sujet plus longtemps. Ce n’était pas vraiment étonnant ; ils étaient grands à présent. C’était terminé le lycée, vivre sans penser au lendemain, avoir comme principal soucis d’avenir la perspective d’un test mal révisé. Ils s’installaient dans la vie, les réseaux sociaux fleurissaient de familles, de décision de grands, de petits pieds flétris. Son feed instagram était pollué par des publicités pour des couches culottes ou des robes de mariée. La trentaine n’était plus si loin désormais et il fallait en parler.
C’était important qu’il sache. Qu’il puisse la quitter avant de se rendre compte qu’il avait fait la plus grande erreur de sa vie. Qu’il était passé à côté d’un besoin trop cher pour lui. Carla n’avais jamais désiré avoir d’enfants, mais elle n’ignorait pas que tout le monde n’était pas comme elle. Que pour certaines personnes, c’était un but en soi, dans la vie. Et que parfois, ne pas avoir le même but ça rendait l’amour incompatible.

– Ça changera pas. Que tu veuilles ou pas des enfants, ça changera pas. Moi je sais pas, Carla. La vérité, je sais pas. Peut-être un jour, j’en voudrais, peut-être jamais. Quand j’étais petit, j’avais l’impression que c’était le cour de la vie que c’était la plus belle chose du monde et que je serai le papa que je n’ai jamais eu. Après tout ce qu’on a vécu, je me dis que c’est pas forcément un cadeau, la vie. Donc je sais pas, mais ça changera pas que je t’aime. Les enfants, on en parlera toutes notre vie, ou pas, on en aura, ou pas. On choisira ensemble, tous les jours comme on construit notre vie. Et le plus important, c’est que moi je t’ai choisie toi, avec ou sans enfant.

Carla tendit le bras au-dessus de la table, sa main s’agrippant à celle de Louis.

– Moi je sais que j’en veux pas. J’en veux pas dans mon corps, je veux pas avoir à porter cette responsabilité, cette inquiétude constante, cette peur de mal aimer, de mal faire. De vivre pour quelqu’un d’autre que soi.

Elle sera un peu plus fort, regarda les yeux de Louis. Louis dont elle rêvait la nuit, Louis qui la rattrapait en pleurs dans son sommeil, Louis toujours présent pour elle, Louis qu’elle aimait tant.

– Je t’aime Louis, mais je ne changerai pas d’avis. Je t’aime et je veux que tu sois heureux alors…

Carla n’acheva pas sa phrase. Pour dire quoi d’ailleurs ? Alors si tu veux absolument avoir des enfants, quitte moi ?Alors pour toi je serais prête à faire un gosse ? Elle ne savait pas vraiment ce qui pouvait se trouver au bout de sa phrase, mais elle savait qu’égoïstement, elle n’avait pas envie de le perdre.

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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyVen 19 Mar 2021 - 22:19



L'odeur du passé et le goût du présent
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« En matière de sentiment, le manque de logique est la meilleure preuve de sincérité. »

– Moi je sais que j’en veux pas. J’en veux pas dans mon corps, je veux pas avoir à porter cette responsabilité, cette inquiétude constante, cette peur de mal aimer, de mal faire. De vivre pour quelqu’un d’autre que soi.

Sa main agrippe la mienne. Je ne peux m'empêcher de penser tristement alors que nous n'en tiendront jamais d'autres. Pas de troisième et de quatrième petites mains pour se greffer à notre bonheur. Je me demande pourquoi j'enterre si facilement quelque chose qui pourtant aurait pu me combler de joie plus tard. Je pense qu'il faut déjà commencer à faire le deuil, pour ne pas mourir sous la rancœur. Je ne pourrais pas la haïr en secret de m'avoir imposer ce choix. Ce choix, je l'ai aussi fait, en la choisissant elle. Ce serait insolent de prétendre qu'elle m'a forcé, des années après, quand les regrets seront venus frapper à la porte. Je ne veux pas avoir de reproches à lui faire ou essayer de la persuader. Pourtant quelque chose a bondi, quelque part dans mon cœur, quand elle a dit ensuite qu'elle ne changera pas d'avis. Je souris avec douceur en songeant qu'il fut un temps où nous lisions des histoires où les femmes ne devaient pas avoir d'avis, de ces chevaliers qui volaient à leurs rescousses et de ces princesses qui eurent beaucoup d'enfants. Avaient-elles eu le choix ? L'avait-on demandé ?

- Alors quoi ? Tu me jettes ? je réponds d'un ton moqueur.

Je vois devant mes yeux défiler des ribambelles d'enfants heureux, aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Une petite fille qui fait une prise de viêt võ dao à son grand frère et le met par terre alors qu'il voulait juste faire un gâteau tranquillement, tandis qu'à côté, de petites mains s'activent sur un piano... J'ai grandit dans un orphelinat, cet endroit qui pullule toujours d'enfants, je n'ai jamais vécu sans. Mais c'était ma vie d'enfant, pas ma vie d'adulte. C'est une autre vie qui s'ouvre devant moi, une vie différente. Une vie de Carla.

- Carla, une vie avec des enfants, ça me rendra peut-être heureux, oui. Mais une vie sans toi, c'est pas ça qui me rendra heureux. Alors... oui c'est niais, rigole, mais c'est comme ça.

Je rassemble mes pensées en vrac, ces souvenirs de gamins blonds qui n'ont jamais existé et n'existeront pas. Je les mets dans une boite, solennellement et dés à présent. Je sais que je ne dois pas attendre. Je pose la boite sous un pommier en fleur dont les branches dansent avec le vent. Cette belle image mentale, comme une cérémonie d'adieu. Je ferme les yeux, me concentre sur les pétales qui s'en vont dans le ciel. Il faudra du temps pour faire le deuil d'un choix que je ne pensais pas avoir à faire ce soir. Ce n'est pas le deuil du choix fait, mais du choix à faire. Et ce n'est pas plus facile.

- Par contre, si c'est pour ça que t'as un stérilet, moi je veux pas que ça te foute en l'air. Les pilules et autres conneries, c'est de la merde chimique que des hommes en insécurité ont inventé pour contrôler les femmes encore plus, pas pour les aider. Luka, elle m'a dit elle connait des runes et elle me les a montrées. Ah euh... oui les runes je sais pas si Ian t'a dit mais c'est de sortes de dessins de de magie. Généralement c'est temporaire. Luka m'en a montré pour que je sois euh... bah stérile. Et y'en a aussi pour les femmes.

Et le serveur arrive sur ces entrefaits, avec les deux risottos...


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Humaine Innocente
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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptySam 20 Mar 2021 - 1:15

Peut-être qu’ils auraient dû aborder le sujet plus tôt. Mais quand ? Au début de leur relation alors qu’ils étaient encore si jeunes, incapables de se projeter dans la vie ? Ou lorsqu’ils venaient de se retrouver après des années loin l’un de l’autre, qu’ils avaient tellement de choses à rattraper ? Il n’y avait pas de bon moment pour aborder ce sujet, mais il était tout de même essentiel. Louis et Carla devenaient adultes et c’était le genre de question qui allaient s’imposer dans leur quotidien.

– Alors quoi ? Tu me jettes ?

Elle entendit le ton moqueur, un peu blagueur dans la voix de Louis et, si ça la fit sourire un peu, ça lui tordait surtout l’estomac. Lui en voudrait-il un jour de ce choix qu’elle faisaient pour tous les deux ? Regarderait-il les enfants des autres dans la rue, effleurerait-il parfois ce ventre qui ne lui offrirait jamais de bébé à aimer ?

– Carla, une vie avec des enfants, ça me rendra peut-être heureux, oui. Mais une vie sans toi, c’est pas ça qui me rendra heureux. Alors… oui c’est niais, rigole, mais c’est comme ça.

Le couple, c’était faire des compromis sur des choses. Mais des choses aussi importantes ? Le gouffre de la culpabilité de Carla, de son égarement avec Ian, des sentiments qu’elle avait développé – et qui existaient encore, en parallèle de ceux qu’elle avait pour Louis –, l’emportait.

– Par contre, si c’est pour ça que t’as un stérilet, moi je veux pas que ça te foute en l’air. Les pilules et autres conneries, c’est de la merde chimique que des hommes en insécurité ont inventé pour contrôler les femmes encore plus, pas pour les aider. Luka, elle m’a dit elle connaît des runes et elle me les a montrées. Ah euh… oui les runes je sais pas si Ian t’a dit mais c’est des sortes de dessins de magie. Généralement c’est temporaire. Luka m’en a montré pour que je sois euh… bah stérile. Et y’en a aussi pour les femmes.

Elle releva les yeux vers lui au nom de Ian. Est-ce que la trahison pouvait se lire sur son visage ? Mais Louis avait surtout parlé d’une histoire de runes. Il ne savait pas. Il ne pouvait pas être au courant et, comme pour mieux cacher son embarras, le serveur arriva à ce moment avec leur risotto.
La jeune femme plongea une cuillère dans son plat. Effectivement, les critiques qu’elle avait lues ne mentait pas. Le riz était tendre, la sauce délicieuse, tout était parfait. Le restaurant, leur tenue, leur amour. Et Louis, gentil, tellement gentil. Elle tenta de se reconcentrer sur la conversation, cette histoire de rune, lui qui lui proposait un autre moyen de contraception que les traditionnels. Une fois de plus, une preuve de sa générosité, alors qu’elle, elle était quoi ? Un monstre. Un monstre perdu.

– Et heu… ces runes… Est-ce que ça fonctionne aussi sur les gens comme moi ? Enfin je veux dire… les gens qui n’ont pas de pouvoir ?

Elle prit une bouchée de plus de son risotto, mais le plat lui renvoyait surtout sa propre amertume et la mascarade qui les entourait. Pourquoi vouloir jouer aux parfaits adultes ? Pourquoi ce restaurant, ces conversations, tout ça, alors qu’au fond, elle n’était jamais mieux avec Louis que dans leur petit cocon, leur refuge contre le monde, là où plus personne ne pouvait les atteindre, même pas le passé, même pas son viol, même pas Ian. Dans ses bras, elle pouvait mourir mille fois et revenir à la vie sans s’égarer. Dans ses bras, tout retrouvait enfin un sens.
Alors elle reposa ses couverts, calcula rapidement le prix de ce qu’ils avaient consommé avant de sortir quelques billets qu’elle posa sur la table et attrapa sa veste.

– Et si on allait tester ces runes directement ?

Retrouver leur complicité, ce qui les liait vraiment, sans une table, un risotto, trop de mots entre eux.
Et laisser l’amour combler toutes les distances entre eux.

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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptySam 20 Mar 2021 - 22:11



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« En matière de sentiment, le manque de logique est la meilleure preuve de sincérité. »

Les risottos délicatement déposés sur la table, le serveur s'en va l'air offusqué d'avoir entendu une conversation qui ne le regardait pas et à laquelle il n'a pas tout compris. Je regarde Carla en avaler une bouchée et décide de l'imiter pour que cette soirée ne soit pas l'exact inverse de ce qu'elle aurait dû être : un resto en amoureux. Je ne prends pas le temps de déguster réellement, il y a un goût de cendre qui parasite ma bouche. Ce n'est que l'âpreté du renoncement. Il reste encore, là, un peu amer aussi. Je suis un peu confus, finalement. C'est que, je ne savais pas ce que j'en pensais réellement, avant. Maintenant je n'en sais pas plus. Mais le verdict est là et la sentence est de passer le reste de ma vie à aimer Carla, et seulement Carla. Il y a pire que de vivre d'amour. Une douce mélancolie s'empare de moi, celle de ce futur annulé, celui qui ne sera jamais mon passé. Je me sens triste et je me sens fort, prêt à escalader des montagnes pour lui crier que je l'aime, hurler son nom à la lune. Elle rirait de ces pensées, non ?

Je reviens sur Terre à sa voix hésitante. Elle essaye timidement d'escalader un mur qui n'existe pas, de rompre ce qu'elle pense peut-être être ma pire décision. Et je me rends compte que nous sommes dans deux états émotionnels complètement différents. Aussi étrange que cela puisse paraître, je me sens en paix. Oui, je pleure un peu, sans qu'aucune larme ne coule. Je pleure silencieusement, mais je suis en paix. Cet étrange ressenti de celui qui pleure tranquillement. Demain je hurlerais peut-être, qui sait ? Je ne suis pas exempt de me mettre en colère, d'être dans le déni de cette clause au contrat que j'ai signé de mon cœur. Mais après le vertige vient le calme. Et après le calme, éventuellement la tempête... Je souris face à sa question.

- Les runes marchent sur tout le monde, sur toutes choses même, sauf si tu as un don qui t'immunise. C'est la magie de ceux qui les posent qui importe.

Je lui fais un clin d'oeil malicieux et sa réponse fait bouillir mon sang. Sa veste sur ses épaules et mon manteau sur les miennes, nous sommes partis à travers la nuit, main dans la main, les cheveux aux vents comme deux ados effrontés. Au moins avons-nous payé, ce n'est pas le cas de tout le monde. Et alors qu'Edimbourg défile sous nos pas affamés de vivre, j'ai l'impression d'avoir le cœur léger, oublieux des soucis qui pesaient sur nos mots.

- Carla ?

Je me suis arrêté, devant la porte de notre appart'. J'ai le cœur qui tambourine dans ma poitrine et le sexe en érection.

- Je t'aime !

Je m'approche doucement, caresse son doux visage, comme dans ces films à l'eau de rose qui nous font rire tant ils sont niais. Tout en la contemplant amoureusement, je laisse mon don prendre les clés dans ma poche et ouvrir la porte. J'ai toujours rêvé de faire ça !


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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyDim 21 Mar 2021 - 11:04

Les runes marchaient donc sur tout le monde et Carla vit là-dedans comme le signe que la frontière entre leur deux mondes pouvaient être poreuse. Qu’il n’était pas impossible de la traverser, et qu’il y avait un lien au-delà de la magie ou des histoires que lui avait racontées Louis.
Mais déjà la jeune femme était debout, son amoureux son sillage, leur deux mains déjà liées pour affronter le monde, sous les yeux éberlués du serveur qui, décidément, n’en revenait pas de ces gens-là. Dès le début il ne les avait pas sentis et, en débarrassant leur assiette à peine entamée, il se dit qu’il devrait écouter plus souvent son instinct, tandis que les deux enfants, eux, sont déjà loin dans le vent, courant presque comme pour rattraper tout ce temps perdu. Elle vacillait sur ses bottes à talons, mais sa main était accrochée si fortement à celle de Louis, qu’il lui semblait impossible qu’il la lâche. Impossible de tomber à présent.

– Carla ?

Ils étaient arrivés devant la porte close de leur appartement les joues rougies par le froid, elle essoufflée comme après un marathon – la clope ça n’aidait jamais –, lui aussi frais que s’il avait simplement marché quelques mètres.

– Je t’aime !

Elle sourit sous les mots familiers et tellement réconfortants, mais n’eut pas le temps de répondre que déjà Louis s’approchait pour l’embrasser, son corps se serrant contre le sien, son désir qu’elle pouvait clairement deviner contre son ventre. Elle le serra d’un bras, sa main libre libérant ses cheveux qui retombèrent en cascade sur le haut de son dos.
Enfin la porte céda devant eux et ils purent pénétrer à l’intérieur de l’appartement, leurs lèvres ne se quittant plus, le ballet déjà entamé. Sous les baisers, comme toujours plus pressée, Carla ôta ses bottes, son collant, sa veste. Puis elle passa ses mains sur les épaules de Louis, repoussant le manteau avant de d’ouvrir sa chemise, ses mains encore refroidie par l’extérieur caressant la peau qu’elle connaissait par cœur, dans laquelle elle se sentait capable de se fondre.

Tout le reste enfin oublié.

Le désir perçait son ventre dans ce mélange d’amour et de nécessité. Le même besoin du corps de l’autre, comme la première fois que leurs regards s’étaient croisés, comme à leur premier baiser, comme leur première fois ensemble, comme la première fois après l’attaque du Mystery Orphanage. Une force qui la bousculait vers lui, aimantée par son amant. Le reste du monde disparaissait dans ces caresses, ces baisers, ces frissons échangés.
Fébrilement, elle défit le pantalon de Louis, juste assez pour pouvoir y glisser sa main et étreindre de ses doigts la virilité du jeune homme. Un contour qu’elle connaissait par cœur et qui l’ancrait dans le réel, qui la rassurait quelque part, comme s’il n’y avait toujours eu que ça, toujours eu qu’eux.
Vérité fragile, mais qui dans l’instant s’épanouissait dans son cœur.
Et puis elle laissa son corps s’emballer, prendre le contrôle, descendant le pantalon et le caleçon pour aller le prendre en bouche, ses mains s’agrippant à ses fesses. C’était eux contre le monde entier, eux pour toujours, toujours dans l’instant.

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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyJeu 1 Avr 2021 - 9:49



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« En matière de sentiment, le manque de logique est la meilleure preuve de sincérité. »

Quand le désir s'embrase, tout se précipite. Il n'y a dans la tête qu'une flamme qui brûle et qui demande de brûler plus encore. Pas de place pour la raison. Pas de place pour une étreinte calme et posée. Je n'ai de relation charnelle avec Carla que de celles qui sont passionnées, presque violente, voire même désespérée. Rien d'autre. Nous ne sommes pas fait pour le sexe doux. Et ce contraste qui jure avec la niaiserie de l'amour qui étreint mon cœur n'a de cesse de toujours m'étonner. Je suis né de la dernière pluie, né de nos derniers ébats. Je redécouvre cette ardeur sans jamais qu'elle se fane et je m'y mêle avec les délices de la première fois. Tout est jeune à ce moment-là, rien ne meurt pourtant que notre innocence. Carla se déshabille devant moi et une des bottes lancée à la va-vite manque de renverser le Kentia que je maintiens mentalement à sa place. Quel délice aussi de pouvoir pouvoir. Pas le temps, la précipitation. Je n'enlève rien, Carla s'en charge, prenant les devants.

- Tu peux faire de moi ce que tu veux, je murmure dans un râle rauque de désir embrumé.

Ce qui meurt, c'est notre innocence. C'est elle qui, violentée par le monde là-dehors, nous pousse à ce moment profond, cet en-dedans frénétique qui résulte en sa renaissance. Nous vivons le déchaînement du monde et le basculons dans l'intime. Cet assemblage bancal de nos déceptions et nos blessures se résout dans le désespoir de notre amour toujours heurté par ce qui nous est extérieur. Mon manteau tombe sous ses caresses pressantes. Ma ceinture est débouclée, mon pantalon mis à terre. Je l'embrasse et elle répond de sa main qui laisse place à sa bouche. Et tout bascule.

La virilité s'éteint. Pas le désir. Je ne suis pas plus homme qu'elle et pas plus femme qu'elle. Il n'y a rien d'autre dans le sexe que le rapprochement de nos êtres, la mise à mort de cette masculinité toxique et tordue, de la féminité fragile et soumise. Rien n'est moins faux que cela. C'est un mensonge éhonté qui m'est à chaque fois rappelé lorsque nous nous séparons. Mais je n'ai de compte à rendre à personne et je me laisserai pas faire. Je ne serai pas de ces hommes dominants. Mes jambes vacillent sous ses étreintes buccales et je tombe à genoux, devant elle. Mon regard brûle dans le sien. Mon regard se perd.

Cette fois c'est à mon tour de la dénuder. Nos affaires jonchent nonchalamment sur le sol mais nous n'en avons que faire, n'est-ce pas ? J'attrape un marqueur qui traînait sur la table et retire le bouchon de mes dents dans une parodie de film érotique. Doucement, je prends la main de Carla et la pose sur la mienne. Nous traçons à deux des runes aujourd'hui inutiles et qui seront demain notre quotidien. Elle n'aura plus à prendre de trucs chimiques. L'encre sombre sur ma peau dessine comme un tatouage d'une écriture incompréhensible, faite d'arabesques et de droitures. La rune est scellée par la magie qui crépite doucement. Et ce qui s'en suit n'est que galipettes enragées de notre ardeur. Nous nous lions d'un seul souffle. Je sens Carla jouir et nous continuons. Elle dessus et moi dessous, puis sans dessus-dessous. Lorsque vient ma délivrance et mon gémissement de plaisir, elle monte encore. Ma tête est floue, mon corps aussi. Je n'ai qu'une envie, qu'elle continue, qu'elle jouisse encore.

Mon sperme encore là, mêlé de sa cyprine, j'écarte doucement ses jambes. Mon crâne boue et mon esprit flotte, mais je m'accroche à son corps où se joignent nos sueurs. Mes doigts viennent doucement sur ses seins et de mon autre main caresse ses fesses, comme une tendre torture. De ses fesses elle passe à son sexe que je regarde sans pudeur, que je connais par cœur. Demandez à un homme de dessiner une bite, il rigolera et le fera en deux secondes. Demandez à un homme de dessiner une vulve et repaissez vous de son ignorance. Tout en partageant de mes yeux fiévreux mon désir paroxystique, je laisse mes doigts faire le tour de sa poitrine et le tour de ses lèvres intimes. Je titille ce que je peux et en moi s'échauffe et s'emballe mon cœur. Je suis son souffle, écoute sa voix, fait ce qu'elle me dit tout en le retardant, prenant soin de ménager le plaisir pour qu'il explose ensuite. Et n'en tenant plus moi-même, j'agrippe ses hanches et amène son sexe à ma bouche. Ses mots et ses mains me guident. Je la sens trembler, je l'entends gémir aussi et la jouissance la prend à nouveau et me laisse ébahi, stupide de ce bonheur incongrue de simplicité. Nous ne sommes que deux êtres qui se joignent et qui oublient le monde extérieur. Ni plus, ni moins.


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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyJeu 1 Avr 2021 - 15:07

- Tu peux faire de moi ce que tu veux.

Un frisson de désir mêlé à l'excitation parcourut le corps de Carla alors qu'elle se baissait pour le prendre en bouche, les yeux fixé sur les traits embrasés de Louis, sur sa bouche embrassée par le plaisir, ses doigts profondément ancré dans les fesses fermes, les ongles enfoncés presque jusqu'au sang, l'envie de torturé la chair, de la lacérer jusqu'à une douleur orgasmique, la petite mort qui se répandait dans une rougeur ferreuse jusque sur les doigts.
Les mains écarlates.
Mais avant l'éclat fatal les genoux du jeune homme lâchèrent et il se trouva à son niveau, sa bouche et ses joues réchauffées par l'excitation et toutes proches d'elle, leurs yeux quj se chevauchaient, se défiaient de s'aimer plus, de s'aimer trop. Les derniers vêtements, de trop dans ce tableau, s'envolèrent pour décorer la pièce, scène de guerre au sein même de l'amour, leur peau écartelée sur le parquet, arrachée à toute pudeur. Il attrapa un marqueur et la main de Carla, geste lié à deux, ritualisé dans une pureté qui l'eviscérait, et traça un dessin étrange aux détails trop nombreux pour qu'elle les remarque tous et qui pourtant se greffa dans son cerveau comme un signe de sexualité, un besoin irrépressible de l'autre. Une protection inutile sur le moment mais dont les courbes l'excitaient, s'inséraient en elle pour titiller son propre corps dans un crépitement d'intensité.

Puis les esprits se turent, l'instinct seul survivant. Les souvenirs mouraient un peu plus et à nouveau, embarcation fragile face à la violence de l'ébat. Il n'y avait plus qu'eux deux sur cette mer de nécessité, deux corps ancrés qui se pénétraient pour se compléter, se combler. Dans cet entrelacs d'êtres elle se sentit jouir, faille de sa propre fragilité, un tremblement qui l'éloigna un instant, presque séparation brutale. Il lui fallut un moment pour revenir à elle et à ces corps qui se mélangeaient, comme s'ils étaient mille ou unique, enchevêtrement vaste et scintillant, synesthésie colorée. Le monde se renversait ou peut-être qu'il n'existait plus que pour laisser cette rencontre des âmes animale et dévorée par une violence interne.

Et puis quelque chose en Carla qui ne lui appartenait pas vibra et elle se sentit une fois de plus retrouver sa propre identité alors que Louis se répandait en elle. Mais les corps brûlaient encore et elle le vie descendre entre ses cuisses rendues collantes par la sueur, la cyprine et le sperme. Les mains s'accrochèrent à son corps, les doigts glissèrent une fois de plus sur son propre désir, rencontrant les frissons sous la chaleur moite qui l'avait envahie. Puis la bouche de l'homme sur son sexe, dans cette moiteur liquide qui la renversait. Sa langue en elle comme une déchirure entre ses hanches et la jouissance qui monta une fois de plus et contre laquelle elle tenta vaillamment de résister, tendre torture, fierté absolue de celle qui savait que la retardant elle ne serait que plus foudroyante. Son corps s'arqua sur ce besoin de libération alors que ses doigts grattaient le sol comme pour s'empêcher de s'envoler, un étrange goût sur la langue et dans les veines.
Puis enfin la jouissance vint, bouleversant le corps qui ne s'appartenait plus, un liquide mêlé de cyprine et de sperme rejeté par son sexe. Un orgasme puissant qui l'avait fait venir comme jamais, puisant dans ses entrailles trop profondément et laissant les muscles incapables de se soutenir eux même, tremblant sur le sol qui les portait. Les yeux de la jeune femme rencontrèrent le plafond blanc au-dessus d'elle, à des milliers de kilomètres au-dessus de sa tête, décor fragile d'un monde parti à la dérive.

- Louis...

Elle remarqua alors le goût de sang dans sa bouche, étonnante sensation alors qu'elle ne se rappelait pas s'être mordue. C'était la férocité qui l'avait fait basculer trop loin, dans un monde qui l'avait arrachée, une gueule de bois sexuelle de tant de désir.
Sans qu'elle ne comprenne où elle avait trouvé la force, la jeune femme glissa jusqu'à son compagnon, son corps trouvant le chemin rassurant de ses bras. Sur le sol, elle vit un peu de sang qui avait glissé entre ses cuisses, lui rappelant sa propre fragilité. Pourtant elle ne se sentait pas sale ou douloureuse, simplement complète dans cette violence qui les berçait. Elle s'accrocha au cou de Louis, consciente qu'elle serait incapable de se relever, mais sans pour autant être inquiète de cette information, prête à s'endormir sur le sol, et tant pis pour le parquet mouillé, tant pis pour les risques d'infection.

- Louis, je t'aime.

Sa main tremblante, encore envahie par la passion, alla caresser la joue de son amant avant de retomber autour de lui, son corps l'abandonnant tout à fait dans un sommeil assommant.

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MessageSujet: Re: Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH]   Passage de niveau Carla | L'odeur du passé et le goût du présent [VALIDE PAR ZACH] EmptyLun 19 Juil 2021 - 0:06

Carla :

NIVEAU REUSSI !

On en avait déjà parlé, c'est un défi nouveau que de faire passer un niveau à un personnage Innocent. Du coup tu as choisi une évolution au niveau de sa vie, de sa stabilité mentale et ça passe très bien. Elle évolue professionnellement, sentimentalement, elle s'affirme même jusqu'à dire qu'elle ne veut pas d'enfants et ça passe très bien, malgré les mensonges -mais on peut dire qu'elle a amélioré son skill de mensonge en passant un niveau- qui font partie d'elle et de son histoire. En plus c'était très bien écrit, tout, surtout l'orgasme à la fin, wow, bravo bravo j'ai adoré.

7 ~ Confirmé : Le personnage résiste mieux à la fatigue dans la mesure du raisonnable et s'intéresse à développer de nouvlles capacités et aspects de sa vie.

J'ai essayé d'adapter un peu le texte pour que ça aille à quelqu'un sans pouvoir, je m'occuperai de rédiger un topo là dessus pour le règlement des niveaux bientôt.

Louis :

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Avant de me lancer dans les compliments -car compliments il va y avoir, c'était un très bon RP-. Permets moi de pousser un gros coup de gueule sur cette réplique: "Par contre, si c'est pour ça que t'as un stérilet, moi je veux pas que ça te foute en l'air. Les pilules et autres conneries, c'est de la merde chimique que des hommes en insécurité ont inventé pour contrôler les femmes encore plus, pas pour les aider.".
WOW. Alors déjà c'est hyper condescendant envers Carla genre elle sait pas elle-même ce qui est le mieux pour son corps et c'est son mec qui lui dit ??? (en vrai non, elle sait pas prendre soin d'elle vraiment mais quand-même). En plus, le stérilet c'est pas forcément aux hormones donc ben fake news. Et oui la contraception aux hormones comporte des risques mais comme tout médicament donc wow j'me suis sentie un peu insultée personnellement mais soit ok, par contre "et autres conneries" ??? Y a pas mal de moyens de contraception assez safe on sait pas trop ce qu'il inclut là dedans. Et v'la la réplique sur les hommes qui veulent contrôler les femmes via la contraception... J'en sais rien en vrai de dans quel contexte ça a été créé mais encore une fois, une femme est assez maligne pour décider d'utiliser ça ou pas. Et c'est pas à Louis de décider.
Edit : Vilain Louis. Mais c'est réaliste dans le contexte du RP et du perso mais j'ai vu rouge sur le moment

CECI ETANT DIT.

Louis. Est. Trop. Mignon. Et trop bien écrit. Que de belles tournures de phrases, des mots doux pour Carla, le tiraillement à propos des enfants, c'était si juste, si cool. En plus tu joues bien le fait qu'il ne se doute de rien pour Ian, parfois c'est dur de faire ne pas savoir un truc à son personnage que le joueur sait. Big up à la scène de sexe extrêmement bien écrite aussi de ton côté. Très touchant de révéler le Secret comme ça, délicat. Vraiment au top ce RP j'ai adoré par contre j'ai pas compris cette histoire de fast and furious.

Conclusion :

Louis et Carla si vous finissez pas vos risotto euh bah moi j'les veux. Vous êtes grave indignes. Non plus sérieusement bel équilibre entre vous deux, pas forcément sur la même longueur d'onde, un jeune couple réaliste, mignon, un peu tout cabossé mais tellement attachant.
Vous étiez hyper synchro aussi au niveau de la scène de sexe c'était prenant.
ET CA FAIT HUIT ANS QU'ILS SONT ENSEMBLE ??? Vous êtes vieux.
AH oui et trop mimz que vous placiez des idées féministes dans le RP, tant que ça reste subtil et pas forcé au marteau piqueur, j'adore ♥

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