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Sujet: He's got my eyes Jeu 17 Juin 2021 - 11:51
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Sujet: Re: He's got my eyes Jeu 17 Juin 2021 - 12:35
Il fait chaud dans la salle d’opération. Alec a beau distillé sa magie, quelque chose semble bloquer, quelque chose que même l’équipe rune ne comprend pas. Quelque chose que même son pouvoir de bouclier ne peut pas détourner. Il pousse, mais ça ne fonctionne pas et le sang s’écoule de la plaie béante, le sang macule le sol qui n’est plus qu’une mare, alors qu’autour de lui on s’agite avec des poches de Oneg dans les mains. Il pousse mais ça ne marche pas, alors pour ne pas tomber il s’accroche à autre chose. Un autre visage, qui n’est pas maculé de sang.
Berlin. Plus précisément, le Mauerpark Market.
Sam avait passé la semaine à Berlin pour Orpheo et Alec l’avait rejointe pour le weekend. Ils avaient dansé dans l’ivresse des retrouvailles le vendredi soir, s’était épris l’un de l’autre une bonne partie du samedi avant que la faim, insidieuse, ne les force à sortir – mais combien de faux départ y avait-il eu avant cela ? – et en ce dimanche matin avant qu’ils ne doivent rentrer, chacun de leur côté, elle l’avait entraînée au marché de Mauerpark, qui dégueulait d’objets insolites et colorés étalés partout. Lui n’avait pourtant d’yeux que pour elle, sa mince silhouette qui se glissait dans la foule, se retournant parfois pour attraper ses yeux, un sourire sur les lèvres. Elle était si belle qu’il cherchait à graver chaque instant passé à ses côtés, chaque détail de son corps, le reste du monde lui paraissant si fade à côté.
Puis il y avait eu la musique et Alec avait aperçu le karaoke de loin et l’envie de chanter, de chanter avec elle s’était infiltrée en lui sans qu’il ne puisse plus rien faire pour la combattre. Il l’avait attrapée par la taille comme l’amoureux qu’il était afin de la faire tourner vers l’écran qui déroulait ses paroles et les spectateurs curieux, mais timides qui dévisageait les micros sans oser faire le premier pas devant tant de monde.
– Cap ou pas cap ?
Elle avait rit et son rire était le plus beau du monde au milieu de tout ce bruit.
– Ouais grave ! si motivée que le cœur du guérisseur allait s’envoler Mais on chante everybody talks de neon talk
Comme deux gamins ils avaient fendu la foule qui s’était ouverte devant eux, d’un seul mouvement, comme si elle devinait que rien ne pourrait arrêter ces deux-là. Rien. Et alors que les paroles s’affichaient en énorme et que la main d’Alec était ancrée dans celle de Sam, ils chantèrent, chantèrent, gueulèrent plus fort que tout.
« Hey baby, won’t you look my way ? I can be your new addiction Hey baby, what you gotta say ? All you’re giving me is fiction »
La vie lui avait échappée et l’agitation autour de lui s’était calmée. Les poches de sang ne servaient plus à rien, de même que l’équipe rune. C’était une toute autre sorte d’équipe dont avait désormais besoin le corps.
– Heure du décès, 4h32.
Il se lava les mains sous l’eau glacée, avant de retourner dans son bureau. La chaleur lui fendait les tripes et un nouveau visage s’était ajouté dans sa tête. Alors tout seul il chanta.
It started with a whisper And that was when I kissed her And then she made my lips hurt I could hear the chit chat Take me to your love shack Mama's always gotta back track When everybody talks back
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Sujet: Re: He's got my eyes Jeu 17 Juin 2021 - 14:56
La randonnée était interminable je vous jure. Tout ça pour trois vieux lacs. Genre oui d’accord, c’est très joli, et vraiment on respire bien et tout, mais suer sa race pour ça, non. Vraiment, non.
Tout ça pour faire plaisir à Alec, à vrai dire.
Et bien sûr, vraiment, oui.
Bon.
Le sud-est de la France était trop charmant avec Alec qui avait pu s’échapper pour trois jours entiers. C’était rare et son visage était marqué dès le jeudi soir des stigmates d’une fatigue profonde que j’avais appris à apprivoiser.
Mais bref.
Je monte donc, mon souvenir débute là, après des lacets dans la forêt qui me semblent être sans fin, on arrive dans un endroit à flanc de montagne avec le soleil dans la face. J’ai mal aux cuisses, mal aux épaules écrasées par mon sac à dos pourtant pas bien lourd. Exorciste en carton.
— Je vois pas l’intérêt de monter, dire oh c’est beau, alors que t’as souffert tout, du long, tout ça pour des tritons. — C’est toi le triton.
Je m’arrête net, absolument effarée d’être traitée de la sorte, mais le rire qui se bloque dans ma gorge par fierté m’en fait perdre mon souffle. Je grommelle quand même :
— Sérieusement, et ça a trente ans, mais je ne sais pas s’il l’entend. Peut être pas. Ou alors il sourit dans sa barbe, j’en sais rien.
Je lui demanderais peut-être un jour. J’attends un peu, donc, subis beaucoup avant de reprendre :
— Mais genre… t’aimes bien suer, Alec ? Être tout rouge, transpirer de la moustache, tout ça ?
Je sais pas pourquoi j’essaie de parler parce que c’est bien pire.
— Ça me donne une bonne excuse pour enlever mon t-shirt une fois là-haut et faire tourner la tête de tous les tritons.
Quel flex, Alec !
— Pf, j’suis pas sûre que tu sois le genre des batraciens. — T’as raison, du coup ça ne sert à rien d’attendre, je vais l’ôter maintenant.
Et il s’exécute. Certes, son dos, mais man, son haut lui arrivait mi fesses, et il n’y a plus rien pour cacher ce boule désormais. Il remet son sac et je soupire, rouge à en éclater :
— Tu veux pas marcher légèrement devant s’il te plaît ? La vue est belle.
J’me souviens à peine des petits tritons chelous avec leur ventre tout orange et je sais que j’ai bien aimé finalement, mais je sais surtout la chambre le soir, glacée et moi, roulée en boule qui m’endort à vingt heures, totalement épuisée, et des courbatures de l’enfer. J'me souviens des villages pittoresque, de ma quand même grosse envie de rentrer à la maison, des millions de coca bus, d'Alec qui roule des yeux à chaque pscchiiiiiittt qu'il entend, même de loin, ouais, même de loin !! Il juge depuis une autre pièce, je vois distinctement son visage exaspéré-amusé, et je crois que c'est un de mes préférés.
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Sujet: Re: He's got my eyes Jeu 17 Juin 2021 - 15:51
Il enfouit son visage dans ses mains, étalant la chaleur sur ses joues. Il aimerait être ailleurs, dans un autre été, une autre journée, et dans le flou créé par la fournaise, il entrevoit une serviette allongée sur le sol et des lumières multicolores.
Il avait longtemps hésité avant de savoir quoi glisser dans la glacière. Des cocas, bien sûr, ça c’était la facilité. Mais il avait voulu y mettre une bouteille de vin également, et c’était dit que c’était trop vieux, et il n’avait pas envie de faire vieux. Il avait envie de l’impressionner, un peu. Alors il avait remplacé le vin par des bières, et avait également pris une salade de fruit et du pop-corn sucré. Il s’était rendu compte au magasin qu’il ne savait pas si elle préférait le salé ; c’était un fait, il y avait deux types de personnes dans le monde : la team pop-corn salés contre la team pop-corn sucrés. Et puis il y avait aussi un groupe de monstre qui mettait tous les autres d’accord parce qu’ils inspiraient le dégoût : le mélange salé/sucré. Billy Sullivan. Cette sorcière.
Un coup d’œil à sa montre lui apprit qu’il allait être en retard. Plus le temps de tergiverser ; il attrapa ses affaires et se rua à l’extérieur dans la chaleur de l’été. Il avait donné rendez-vous à Sam directement devant l’entrée du parc qui projetait le dernier Marvel en plein air. Ça fait bien des années qu’il n’en avait plus eu et se doutait bien qu’il serait à la masse, mais ce n’était pas grave. Si le film le lassait il y avait autre chose de bien plus intéressant à regarder. Elle l’attendait devant l’entrée vêtue d’une robe rouge et blanche qui lui découvrait les épaules, les cheveux détachés et les lèvres un peu plus rouges que d’habitude. C’était marrant comme son cœur s’allégeait lorsqu’il l’apercevait.
Quelques instants plus tard, ils étaient assis sur la couverture, à attendre que le soleil ait fini de disparaître pour que le film puisse commencer. Elle était belle l’horizon, striée de rose et d’orange. Belle comme le jour, belle comme la nuit, belle comme Sam. Il lui tendit un coca en se disant qu’avec tout ce qu’elle consommait de soda, son dentiste avait dû se payer une maison. Nul doute qu’il s’était payé sa résidence secondaire grâce à toutes les sucreries qu’Alec passait sa vie à avaler.
– Tu préfères quel type de pop-corn ?
C’était un peu tard pour poser la question. Peut-être qu’il aurait dû prendre les deux, mais si elle avait répondu sucrés, qui alors aurait mangé les pop-corn salés ? Hop hop hop, un petit colis direction Billy.
– Pop-corn au coca ?
Il leva les yeux au ciel, mais un début de rire naquit au coin de ses yeux. Il y avait une quatrième sorte de personne apparemment. Non, Sam n’était pas une sorte de personne, elle était unique et il lui balança un pop-corn sur le bout du nez.
– Ça n’existe pas, tu triches !
Il n’eut pas le temps de développer beaucoup plus que déjà le film commençait. Alors il décapsula une bière avant de l’attraper par la taille pour l’amener tout contre lui. Elle avait des goûts étranges, mais elle sentait bon. Alors tout le reste se perdit dans son odeur.
Entre ses mains, Alec sourit. Il ne garde aucun souvenir du film de ce soir-là, mais il se souvenait encore avec précision du parfum que Sam portait.
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Sujet: Re: He's got my eyes Jeu 17 Juin 2021 - 17:34
Les jours sans fin, à ne pas savoir au juste, quel jour il est. Je sais juste que je suis en vacances depuis un mois et que après être partie avec les amis, la seule chose que je veux c’est Alec.
Alors où je suis ?
Chez Alec, bien évidemment. J’m’en souviens maintenant parce qu’il faisait le genre de chaleur à te coller tes fringues à la peau de les y fusionner alors qu’il fait froid, là, qu’il neige, que mes mains ne se réchauffent plus.
Et que je suis seule.
Gris ronronne sur mon bide, véritable chaleur de l’enfer qui semble satisfait. L’hiver, jamais il ne fait ça. Vraiment une saloperie. Je lui caresse la tête et il s’étire sur mon ventre, râle que sa tête rencontre les os de ma hanche. Alec rentre alors que je suis en train d’essayer de faire venir ma canette à moi. Elle était fraîche il y a une poignée de minutes et j’me suis assise en l’oubliant. Y’en a bien qui sont télékinésistes non ? Comment les pouvoirs seconds ça se développe, hein ? La génétique ? Le hasard ? Doit bien y avoir un fucking facteur qui fait quelque chose non ?
— j’pense que si je pousse un peu le destin, il finira par m'écouter, comme quand tu pousses Gris pour qu'il sorte
Il s’approche pour envoyer la main sur le chat qui a immédiatement le seum. Ça me passionne.
- Alors si c'est comme avec Gris, habitue toi à devoir le faire tous les jours
Ça me passionne aussi que son chat gris s’appelle Gris. Alec et l’imaginaire, la fantasy, la création, les arts. Gris le chat gris. Il aurait dû l’appeler Chat. Moi je réponds quelque chose comme :
— Mais Gris me préfère, fais-toi une raison Alec
Et puis :
— ACCIO !
La cannette ne bouge pas bien sûr. Il l’attrape lui, sous mes yeux indignés, en bois une gorgée. Ah d’accord.
— Faudrait réviser un peu tes sorts Miss Granger. — j'suis sûre que ça peut marcher sur d'autres trucs... genre... accio, t-shirt d'Alec !
Bien évidemment qu’il entre dans mon jeu (surtout après le boulot. Ouais, surtout après le taf). Il me le jette à la tête. J’ai plus la tête au chat.
— Tu devrais essayer sur autre chose pour être certaine que ce n'était pas juste un coup de chance
Me cherche pas, garçon.
— Accio intégralité des vêtements d'Alec ?
Je me lève et me casse dans la salle de bain, jette sous son nez mon t-shirt à moi (sous le nez des voisins aussi), seulement vêtue d’une culotte.
— Accio Alec ?
Bien sûr qu'il me rejoint, une évidence au goût de ses lèvres. Au goût de son corps. Au goût de... bref, vous m'avez saisie. Ah, ah, ah.
Je souris à ce souvenir, m’enroulant dans le plaid qui ne chassera jamais le froid dans mon coeur. Tant pis. C’est de la chance déjà non, de pouvoir chérir tels souvenirs ?
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Sujet: Re: He's got my eyes Ven 18 Juin 2021 - 11:33
Il avait tout eu entre ses mains et tout avait le goût de Sam. Sam, Sam, Sam, partout dans son quotidien, même les moments les plus habituels, ceux où il suffisait pourtant que quelqu'un ouvre une canette de coca autour du guérisseur pour rompre la morosité et faire émerger l'image de la jeune femme. Il avait tout eu ; un bonheur qu'il n'aurait pas pensé retrouver, et pourtant il avait été retrouvé. Inhabituel, déséquilibré sur tout ce qu'on ui avait appris, et pourtant enfoui profondément. N'apprendrait-il jamais ? Les souvenirs de Sam, partout, partout, partout.
La voiture roulait vite sur l'autoroute, Sam derrière le volant, Alec une paire de lunette de soleil sur le bout du nez, et la voix de Victoire Tuaillon dans l'habitacle.
La route avait le goût des vacances qui commençait, de la légèreté. de l'insouciance. Alec avait emprunté la voiture d'un collègue et ils avaient décidé de rouler vers nulle part ; pas de carte, pas de plan en tête, rien que le monde qui s'ouvrait devant eux et une tente dans le coffre si l'envie leur disait de se lancer dans un camping sauvage. Il voyait déjà les étoiles briller au-dessus de leur tête, pendant que leur corps se chercherait. Le bruit d'un clignotant le sortit de ses pensées et il vit la voiture glisser hors de l'autoroute pour rejoindre une station service. Le réservoir d'essence étant du côté passager, il sauta de la voiture pour s'en occuper, respirant l'odeur entêtante de la station ; depuis toujours, il adorait cette odeur que tant de gens détestaient. Avec sa famille, il était rare qu'ils prennent la voiture, en dehors des grandes vacances d'été, lorsqu'ils partaient jusqu'en Espagne. Ça lui rappelait sa sœur qui s'enformait sur son épaule, le McDo sur le chemin, les bonbons que sa belle-mère achetait pour eux – il fallait bien qu'il puise son amour du sucre quelque part.
– Je vais payer !
Il raccrocha le pistolet à essence et se dirigea vers l'intérieur de la station, attrapant au passage une bouteille de coca pour Sam et une de limonade pour lui. C'était si simple, si facile les vacances, tout le reste disparaissait. Alec retourna à la voiture et lui tendit la bouteille fraîche un sourire sur les lèvres.
– Un peu de carburant pour la conductrice. Dis moi quand tu veux que je te relaie.
L'épisode du Cœur sur la table qu'ils écoutaient étant terminé, l'homme fouilla son téléphone un moment pendant que la voiture retournait sur l'autoroute, avant de lancer l'audiobook de [/iHarry Potter et la Coupe de feu[i]. Il coula un regard vers Sam avant d'éclater de rire ; la vie était si simple, la vie était si belle ! Comment avait-il le droit d'être aussi heureux ?
Alec se releva de son bureau pour aller au distributeur de boisson le plus près. Devant le frigo vide donc la lumière blafarde éclairait vaguement le couloir sombre, il n'hésita pas une seconde entre les différentes propositions. Lorsque le liquide toucha ses lèvres, il se demanda si c'était les baisers de Sam qui avait le goût du coca ou si c'était le coca qui avait pris le goût de Sam.
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Sujet: Re: He's got my eyes Ven 18 Juin 2021 - 12:00
Elle rentre sur son vieux vélo qui fait crouick à chaque coup de pédales ; Strasbourg l’a mise en larmes et elle dévale les pavés aussi doucement qu’elle peut. De gros sanglots dégueulasses la font causer du bruit dans la rue, c’est ridicule, elle se sent sale et ridicule et pathétique et je sais plus bien pourquoi ça allait pas à ce point, mais je me souviens juste que j’trouvais ça injuste que j’aie à vivre ça, là, à éprouver ça. Vraiment pas ok du tout, mais c’est tout ce que j’avais : cet énorme ballon de déception et d’anxiété et de solitudes et les souvenirs étaient brassés par dessus ma tête comme si j’avais été roulée par une vague.
Salée, la vague.
Salée, dans ma bouche.
I know you know we know you weren’t down for forever and it’s fine I know you know we know we weren’t meant for each other and it’s fine
Le vélo entre mes mains glacées, mains du démon ! avait hurlé un sorcier alors que j’étais dans sa tête, le diable ! le diable ! le diable je vous dis ! regardez-là enfin ! personne ne devrait pouvoir rentrer dans la tête des autres !
La montée si dure à gravir, mes cuisses et je me mets en danseuse pour gravir le mont de mes émotions en même temps que la ridicule butte. Avant, j’serais allée trainer vers la décharge à bateaux pour en trouver un encore intact à l’intérieur.
But if the world was ending you'd come over right ?
Elle essuie ses larmes dans un présent qui la rabat violemment au sol. Elle entre dans la salle psy toute noire, les murs, les chaises, les coeurs. Elle s'avance en soufflant doucement, un seul devoir Sloane, un seul devoir à accomplir, tu sais ce que tu fais là, tu sais le faire, tu l'as fait des centaines de fois. [i]Elle entr'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort ; elle pleurerait et ce n'est pas le moment alors elle laisse son pouvoir claquer, complètement hors de contrôle : c'est un méchant en face. Peu importe les dommages collatéraux. Enfin, sur les docks.
Avant, j’n’aurais eu aucune raison d’aller à Strasbourg à vrai dire. Je roule doucement jusqu’à chez Alec, le cirque pindère de la tristesse qui me scie en deux. Mais j’me rends compte que plus je me rapproche, plus mes émotions sont tamponnées par le fait de rentrer à la maison, d’avoir quelqu’un auprès de qui rentrer à vrai dire, un chez-soi avec quelqu’un dedans et pas n’importe qui, pas n’importe qui.
Il a mes yeux et je les lui donne ; ils disent comme ça, je crois, ceux qui parlent arabes, quand on parle de soulmate on dit il a mes yeux, et je sais qu’il a les miens. Le temps que je gare le vélo mes larmes ont séchées et je me sens étrangement sereine à l’idée de gravir les quelques escaliers, croiser Gris qui juge, me couler dans les draps, les lèvres, les bras de l’autre.
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Sujet: Re: He's got my eyes Ven 18 Juin 2021 - 23:40
Le coca pétille dans sa bouche comme des billes acidulées. Ça pop dans tous les sens sur un rythme qu'Alec n'arrivait pas à assimiler. Ça pop les souvenirs qui remontent à la surface dans un bruit frais et explosif.
Cette fois, la date était précise dans sa tête. 14 février 2022, soir des amoureux, de la Saint Valentin. Un an après que Sam et lui ait échoué dans le même bar, partagé un verre, une danse, une nuit entière. Alec était nul avec ça, vraiment nul. Il ne savait pas s'il devait l'inviter au restaurant, amener des fleurs, du chocolat, louer une chambre d'hôtel avec des pétales de rose pour le lit. Ça lui semblait très kitch, maladroit, cliché, et Sam était tout sauf cliché.
Il s'était demandé s'il devait simplement ne rien faire, si dans sa tête à elle c'était un jour comme les autres ; la Saint Valentin c'est une fête commerciale ; oui il s'était rencontré là, ça avait été un début, mais très vague, il ne savait même pas s'il la reverrait à l'époque. Et était-il en couple ? Un couple ? C'était flou tout ça dans sa tête, parce qu'il n'arrivait pas bien à déconstruire sa tête, qu'il y avait des choses ancrées et qu'il essayait d'apprendre – vraiment, vraiment, il lisait beaucoup sur tout ça –, mais c'était difficile de défaire les schémas dans lequel il avait grandit. Blabla, toujours les excuses. Et puis Ça ne répondait pas à sa question. Devait-il faire quelque chose ? Sam lui avait envoyé un message pour lui proposer de venir à Belfort, mais c'était peut-être juste le hasard, elle n'avait pas consulté le calendrier, il arriverait comme un fleur avec un bouquet de roses et elle le regarderait comme un fou.
Un fou, oui il était bien fou d'elle. Alors il avait fini par faire fi de tout ça et écouter son cœur, parce que finalement ça lui semblait fiable aussi comme base. Pas de fleur donc, ni de chocolat, il voulait quelque chose de plus personnel, de plus réfléchi. Il avait fait plusieurs boutique, hésité de nombreuses semaines, comparés, était revenus en arrière, avait failli acheter un truc puis avait renoncé. Jusqu'à ce qu'un jour le vélo de son pneu crève, qu'il soit obligé d'aller prendre le bus et, que sur le chemin pour l'arrêt, il passe devant une bijouterie qu'il ne connaissait pas. Et là ce fut évident, et bien sûr que ça devait être évident puisque c'était pour Sam, puisque les yeux de la pierre – une aigue-marine avait dit la bijoutière – possédait la même couleur que ceux de Sam. Bien sûr, bien sûr.
Alors c'était avec un bracelet dans une jolie boîte qu'il était allé jusqu'à Belfort. Mais arrivé devant la porte, arrivé devant Sam, arrivé devant ses lèvres, il se sentit maladroit, voulut faire le mec un peu détaché, chill, le mec jeune qui n'effrayait pas avec de longues tirades sur l'amour.
– J'ai vu ça par hasard dans une boutique à Strasbourg et ça m'a fait penser à toi.
La gêne au bout de la langue, par peur qu'elle le rejette, qu'elle trouve le bijou laid ou déplacé. Est-ce que c'était trop tôt ?
– Attends Alec ! il avait suspendu son geste, surpris, refais ! Refais comme si tu l'avais cherchée des années pour matcher avec la couleur de mes yeux ! Ça me fera des souvenirs pour quand j'ai froid.
Et alors il avait eu chaud au cœur et l'envie soudaine de la prendre dans ses bras et de la serrer très fort. Comme un adolescent, il avait sourit timidement, comme un adolescent, il avait répondu :
– J'ai fait la moitié des boutiques de la ville, et rien n'était assez joli, alors j'ai fait l'autre moitié et il y avait cette pierre qui a la même couleur, les mêmes reflets que tes yeux et… et… et ça fait un an Sam alors, voilà.
Les mots se mélangeaient entre eux, parce qu'il était ému.
– Alec – Oui ? – J'crois… enfin j'ai l'impression que… que genre j't'aime pour la vie.
Cette fois ce fut trop pour son cœur qui s'envola et il attrapa Sam, il attrapa sa bouche, il avait quinze ans et il aimait pour la première fois avec cette force dont seule l'innocence est capable.
– Moi aussi je t'aime pour la vie.
Les bulles de souvenirs dans la tête, Alec aimerait avoir quinze ans à nouveau, et pas ce poids des années qui lui pèse, cette impression d'avoir mille ans. Des bulles sur les lèvres, et Sam tout près à aimer.
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Sujet: Re: He's got my eyes Dim 20 Juin 2021 - 10:33
Il dort, et c’est parce qu’il dort qu’il a l’air plus âgé encore que ce qu’il veut bien me laisser voir. D’autres gars me font me retourner dans la rue, des cheveux teints en gris pour un visage angrogyne et longiligne, ce gars planqué sous une chemise bien trop stylée, elle et ses yeux bleus, cet air absolument ravi au fin fond de la classe. Ils sont beaux, et si je rêve souvent de mes mains sur eux, de leurs langues sur moi, le fantasme s’arrête là.
Il n’y a plus de place dans mon lit pour personne.
Plus de clés à fournir à des amoureux ou des amoureuses. Même quand l’autre n’est pas là, le seul, je préfère le vide et son odeur dans les draps que le reste. Je sais qu’il se sent fatigué, parfois, un peu trop âgé, souvent, mais alors qu’il est totalement détendu, allongé sur le ventre et le torse nu, je détaille les muscles de ses épaules, la couette posée sur le bas de son dos. Le milieu de l’automne a amené son lot de catastrophes humaines, emportant un peu de la spontanéité d’Alec. Comment réussir à stopper toutes ces hémorragies, souder tous ces os, remplacer ces stupides morceaux humains part de la magie et ne pas laisser un bout de soit dans tous ces corps ? Comment des donuts pourraient-ils bien ressucrer la vie de cet homme, quand il prononce plusieurs fois par semaine, heure du décès ?
Je ne sais pas.
Je ne sais pas pourquoi il donne autant.
Je ne sais pas pourquoi il sacrifie autant sur l’autel de ses valeurs, comme s’il allait avoir plusieurs vies, comme s’il ne savait plus comment fonctionner autrement, comme si sa vie n’était ok que s’il en donnait les trois quart à d’autres. Pour la cause, pour les gens, grande lutte générale contre la souffrance. Je me lève, frigorifiée ; il me faut toujours des jours pour récupérer des grosses sessions à Orpheo, des cafés en terrasse, des larmes, des brunchs, des séances de cinéma avec des copines, l’odeur de la sororité au bout d’une clope même pas fumée, juste agitée et beaucoup de rires.
Beaucoup de rires, et Alec bien sûr. Alec même à Strasbourg, Alec même quand je lui parle de Cormag, Alec même après trop de bières, Alec même quand il parle beaucoup, beaucoup, beaucoup trop subitement. Enfin pas trop mais juste... beaucoup. Alec tout le temps, en entier, pour de vrai.
Je rempli une tasse de thé ; british Sam est ma Sam préférée, la sirote à la fenêtre. Quand je rerentre dans le lit, le poids de mon corps sur le matelas semble le tirer d’un sommeil profond sans réellement le réveiller, et il m’enfouit dans ses bras immenses. Il ne s’en rappellera pas demain et moi non plus car, immédiatement, je suis happée par le sommeil.
Incroyable comme l’endroit où on se sent en sécurité fait lâcher l’affaire à nos défenses. Mes frontières ont quitté le projet et je me laisse tomber dans mes rêves aux allures d’été, d’odeur d’essence, de glace à la fraise, d’aigue-marine et de rouleaux salés.
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Sujet: Re: He's got my eyes Lun 21 Juin 2021 - 6:41
La nuit lui semble terrible à l'extérieur ; il se rappelle le petit garçon qui avait peur du noir, de la veilleuse qui projettait des ombres étranges, mais rassurant dans sa chambre d'enfant, celle qu'il avait supplié son père d'emmener lorsqu'il était venu le chercher après la mort de son grand-père. Pas de doudoud au nom enfantin, de poupée abîmée par les jeux, une simple lumière pour veiller sur ses nuits. Quand Nina était née, il lui avait offert cette petite lumière, comme pour la protéger des monstres à son tour. Mais ça n'avait pas marché ; les monstres désormais marchaient au grand jour. Et pourtant, après la mort de sa famille, il avait laissé la lumière allumée pendant de nombreuses nuit, pour fuir les souvenirs. Et il avait gardé de cette période comme une sorte d'appréhension. On ne savait jamais ce qui pouvait se cacher dans les ombres.
La nuit Alec sombrait bien souvent avant Sam dans des rêves creux et épais qui l’enveloppait tout entier. Chaque fois qu'il était avec elle, sa chaleur rassurante l'appaisait et il enroulait ses bras autour de cette lumière dans son lit. Ça lui rappelait sa veilleuse, mais Sam ce n'était pas des images qu'elle projettait contre les murs, mais des mots qui le ravissait. C'était un cocon de pouvoir s'endormir auprès d'elle, ses yeux bleus disparaissant derrière ses paupières, derrière image précieuse avant le sommeil.
Le matin, en revanche, il n'était pas rare qu'il se réveille en premier, habitué par le peu de sommeil, les courtes siestes en pleine garde à l'hôpital, cette horloge biologique éraillée qui lui permettait de s'endormir vite mais jamais de rêver longtemps, mécanisme de survie dans son métier. Souvent, au réveil, il la trouvait accroché à lui, son visage juvénile avalé par le calme de la nuit. Laissée la peur de son pouvoir, laissées les questions qui tiraient parfois ses traits. Dans ces moments intimes, presque voyeur, elle était simplement la jeune femme à peine sortie de l'adolescence, une fragilité nouvelle qui contrastait avec la force qu'elle dégageait au quotidien. Il ne le lui avait jamais dit, mais il restait longtemps à l'observer, jusqu'à ce que l'aube vienne picoter le lit. C'était en partie pour cela qu'il préférait l'hiver ; il avait plus de temps, le soleil renaissait plus tard. Aux premiers rayons, il savait que c'était le moment alors il se levait, faisant attention de ne oas trop la faire chavirer et de remonter les draps. S'il était à Strasbourg, il nourrissait Gris qui était toujours plus aimable dans ces moments, et observait son appartement qui lui avait toujours paru vide avant et qui lentement se teintait de couleurs et de souvenirs. Celles de Sam, de Gris et les siennes. Puis il préparait le petit déjeuner, impatient qu'elle se réveille à son tour, déjà impatient de la prochaine journée, la prochaine nuit, le prochain matin.
Il n'y avait que son ombre qui ne l'effrayait pas dans la nuit et, derrière les vitres de l'hôpital, elle manquait terriblement.
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Sujet: Re: He's got my eyes Mer 23 Juin 2021 - 14:51
— Alec ? — Hm ? — J'crois que le moi de maintenant, trouve le moi de y'a quelques temps un peu ridicule. Je sais pas si je fais du sens. Ça fait ça à tout le monde ou c'est juste moi ? — Je peux pas parler pour tout le monde, mais je sais qu'il m'arrive parfois de me dire que j'étais pas très malin par le passé... pourquoi tu trouves la toi du passé un peu ridicule ? — J'ai du mal à t'imaginer un peu stupide. (sourire) Parce que j'ai l'impression de... que.. j'étais genre, un peu naïve et très fébrile. J'dis pas que je le suis plus du tout mais... quand j'vois comment je regarde mon moi d'avant, j'me dis des fois que toi, qui est plus loin sur le chemin que moi, tu dois me trouver absurde des fois. Genre.. pas finie. Je lui montre du bout du nez les restes de la canette de coca que j'ai cru pouvoir mettre au congélo. — Je pense pas que le temps joue tellement sur ce chemin, ça me paraît plutôt être une question d'expériences et de réflexion. Quand je vois comme ta génération déconstruit les normes dans lesquelles j'ai grandi, je me dis que c'est vous qui devez nous trouver dépassés... je pense qu'on a tous à gagner les uns des autres... — Qu'on vous a dépassé ? Je lui montre un tik tok, le challenge des écouteurs iphone (la fille doit être assez fine pour faire deux fois le tour de sa taille) on est obsédés par l'apparence et on est handicapés civils Je secoue le chèque qui a été refusé et qui m'est revenu parce que j'ai mis la date au niveau de la somme. — Je te trouve pas absurde Sam, vraiment pas. Tu apprends comme tout le monde. Dis toi que la semaine passée j'ai dû demander à une stagiaire de m'expliquer la dernière mise à jour du programme de l'IBMM... c'est mon rôle de la former normalement, pas l'inverse. Je souris, tape dans le paquet de doritos et le houmous - fait maison parce que j'essaie d'être adulte mais à la vérité il est pas ouf. — C'est cliché. le ptit vieux qui galère avec l'internet. Un sourire me barbouille la face. Il se rapproche, attrape un doritos (sans houmous. Comme par hasard). — C'est vraiment la stagiaire qui t'intéresse dans cette histoire ? -- Absolument. — Tu sais que la déontologie m'empêche de répondre à ta question ? — Serait-il impossible de soudoyer le docteur Meyer ? — Je dois pouvoir vous trouver son numéro quelque part, mais il faudra vous montrer convaincante Madame Carver. — Seriez-vous en train de faire du chantage pour avoir du sexe ? Me voilà hor-ri-fiée. Je lève mes yeux à lui, dévore ses lèvres du regard. J'vais mourir de désir. Tu me rends dingue Alec. J'pensais que ça passerai mais ça passe pas, je vais devenir quoi, moi ? — Je l'ignore, mais j'espère juste que ça sera avec moi pour toujours.
Ah, si on avait dit pour toujours alors... elle enroule ses bras autour de ses genoux.
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Sujet: Re: He's got my eyes Mer 23 Juin 2021 - 17:03
La canette de coca terminée, il la balance dans une poubelle de recyclage. Il aurait aimé également recycler les souvenirs qui ne lui plaisent pas, ceux qui trouent son cœur quand il y songe, tous ces visages gravés et qui prennent, avec le temps, des airs de fantômes ; jamais vraiment opaques, mais pas totalement effacés non plus. Et puis il y a les autres souvenirs, ceux qui le maintiennent éveillé la nuit, ceux qui retiennent les larmes comme des digues, ceux auxquels il s'accroche dans le naufrage.
La nuit était déjà tombée lorsqu'il retrouva Sam à la cafétéria de l'IBMM. Elle arrivait de Berlin et il était heureux de la retrouver pour le weekend, surtout qu'il avait réussi à déjà entièrement sa journée du lendemain. De quoi passer la journée dans les draps ou se balader main dans la main dans les rues de Strasbourg. Dehors, la nuit était plutôt chaude pour un mois de mars. Il décrocha son vélo et lui proposa de grimper sur le guidon, comme ils avaient l'habitude de faire. Filant sur la route, les cheveux de Sam s'accrochant dans le vent, il avait l'impression d'avoir quinze ans à nouveau et son premier date. Il avait le cœur léger.
À la maison, Gris était grincheux et une pile de courrier l'attendait dans la boîte aux lettres, Il écarta les factures et les publicités qui se glissaient dans le tas malgré la demande "Pas de publicité SVP" marqué sur un autocollant doré, et tomba sur une enveloppe violette et dont l'adresse était écrite à la main. Le timbre indiquait qu'elle venait de Suisse. Curieux, Alec l'ouvrit alors que Sam disparaissait dans l'appartement, sans doute à la recherche d'une canette de coca. Le carton d'invitation brillait et il se sentit heureux de lire que deux de ses amis d'enfance allaient sauter le pas lors d'une petite cérémonie à la fin de l'été. Et puis il lut la fin du carton et son cœur rata un battement : souhaitait-il venir seul ou accompagné ?
Il avança pour retrouver Sam et se racla le fond de la gorge, soudain gêné de poser cette question. Était-ce aller trop vite de lui demander d'aller à un mariage - qui plus est en Suisse - avec lui ? Que penserait-elle de ses potes ? S'ennuierait-elle en les voyant boire du vin et danser la chenille ? Aurait-elle peur qu'il précipite les choses ? Il n'avait plus quinze ans, mais vingt, et peur de s'engager trop vite et de se faire jeter, briser, oublier.
– Tu fais un truc le 28 septembre ?
Il essayait de paraître détendu, incapable cependant de savoir où s'arrêtaient ses talents de comédien.
– C'est extrêmement précis pour dans extrêmement longtemps ça.
Même Gris le regardait avec dédain depuis le canapé où il était couché – étalé de tout son long aurait été plus juste.
– C'est comme ça que ça marche pour les mariages.
Un voile de panique passa soudain dans ses yeux et il tenta de rattraper les mots.
– C'est pas une demande, hein. Enfin si. Enfin non, mais… Est-ce que tu veux m'accompagner au mariage de vieux amis ?
Une mouche vola dans la pièce et il se dit qu'elle devait le trouver ridicule. Il hésita à balancer le carton en lançant une blague, ôter son T-shirt pour détourner l'attention ou se cacher derrière Gris qui avait mangé un peu trop de croquettes ces derniers mois.
– En temps… que… ton date ?
Il déglutit, peu sûr de lui.
– Heu… oui ?
C'était ridicule, il n'arrivait même pas à avoir l'air sûr de lui.
– T'es sûr ?
De vouloir de sa présence à ce mariage ? Pouvoir critiquer le prêtre pendant l'interminable messe, danser avec elle la moitié de la nuit, lui montrer l'endroit où il avait grandi ? Oui. De se prendre un vent, beaucoup moins. Des fourmis lui mangeaient l'estomac.
– Oui… enfin si tu n'as pas envie, c'est pas obligé, hein. Je… ça me ferait plaisir, mais je veux pas que tu te forces.
La mouche revint planer dans la pièce. Décidément les insectes…
– Non, je… j'aimerais vraiment y être avec toi.
Son cœur devint papillon et il alla chercher un stylo pour répondre sur le carton d'invitation qu'il viendrait accompagné. Puis il attira Sam contre lui et l'embrassa sur la joue, heureux de ne pas avoir cédé à la facilité.
Dans le reflet des vitres se dessinent des souvenirs qu'il n'échangerait pour rien au monde.
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Sujet: Re: He's got my eyes Ven 9 Juil 2021 - 11:01
Le temps d’avant. Y’a pas si longtemps. Un souvenir fugace. Avais-je raison ?
Elle travaille dur. Ses études comme sa magie son devenues des extensions de son ego : elle doit réussir, majorer, être douée, forte, parfaite. Le nez plongé dans un manuel pour la fac, elle fronce le nez. Pyjama flanelle — depuis l’utilisation intensive de ses pouvoirs, il lui semble qu’elle a toujours, toujours froid. Ses longs cheveux dans un chignon défait, elle est à plat-ventre sur le canapé et prend toute la place. Même si Gris aurait pu râler vocalement, il préfère la juger de loin.
« Dis. Est-ce qu’on t’a déjà trompé ? »
Elle se retourne sur un coude pour regarder Alec.
« Enfin, c’est quoi pour toi, tromper ? »
L’homme s’arrête de trancher des ognons et le chop chop du couteau régulier laisse place à un silence.
« Ne pas respecter ce qui a été défini ? Si quelque chose a été défini… Mais non, je n’ai jamais été trompé. Ou alors je ne suis pas au courant. »
Elle réfléchi, ses grands yeux océans dans le vague.
« Mmmh. Ok. Cool. »
Elle tourne une page. J’pensais que ça serait plus évident que ça, d’apprendre. On me dirait des vérités. Maintenant, j’en suis plus bien sûre : on me donne des avis.
« Pourquoi ? — Ils disent que ça crée des insécurités qui se retrouvent dans des traumas profonds, plus tard. — Et j’ai l’air si traumatisé ? »
Le livre tombe à mes pieds alors que je me retourne en plein. Alec me frustrait, parfois, avant, à répondre doucement à côté mais à ne jamais esquiver, jamais de sarcasme noir ou désabusé pour ne pas rentrer dans le vif du sujet. Toujours très premier degré. Maintenant, je trouve ça incroyable cette capacité à toujours pouvoir expliquer les choses.
« Non, même pas. J’trouve ça juste… abusé. »
Le sourire mesquin sur ma bouche accompagne une partie de ma réplique. Pas la suite.
« Genre DES GRANDS TRAUMAS DANS LA VIE, mais t’as… genre.. juste été trompé ? Peut-être que c’est horrible, j’sais pas mais c’est que du relationnel. Ça peut ravager autant de parier sur les mauvaises personnes ? »
Je pense que fait que Remy est morte et que ça doit être cent fois pire que Remy, trompant Alec. Mais peut-être que son ego de mâle la préfère décédée que plus à lui ? Mh. M’étonnerait. Autant de pas lui en parler ceci dit, j’me sens pas légitime de mettre le nom de cette femme dans ma bouche.
« Ça dépend des sensibilités de chacun. Autant s'investir dans une relation et se sentir trahi ça peut briser des gens. J'apprécierais pas ça, je pense, être trompé. Et pourtant j'en ai vécu d'autres des traumas »
Parce qu’il s’est assis à côté de moi, je grimpe sur ses genoux. Juste une habitude de le toucher, comme ça, sans raison. Ses phéromones, son odeur et ma peau.
« Non mais y’a… pas apprécier et pas apprécier. Les morts, les explosions, les… les… enfin y’a, pire, non ? »
Elle se retrouve bloquée dans ce que tout son être voudrait dire, là, maintenant, poser sur le tapis une fois pour toute et se lève, frustrée. Son sur-moi empêche toute fuite de la vérité et elle s’ébroue finalement, trouve une porte de sortie dans une énième canette de coca.
« J’trouve ça exagéré, c’est tout. Mais j’ai sûrement tord. »
Elle a quitté le navire de la conversation sérieuse, quoi qu’il en soit.
« Tu peux pas hiérarchiser les douleurs, Sam. Quand tout s’écroule, tout s’écroule. »
Je vois qu’il retourne le bouquin et j’me dis qu’il va sûrement trouver qu’il est daubé.
« Si, je peux. »
Je lui tire la langue comme j’aurais pu faire à Gris. Ses lèvres sur ma joue dans une douceur liée à l’habitude.
« Alors je me réjouis de lire la pyramide de Carver dans ta thèse de doctorat. »
Je m’échappe subitement. J’ai une question à poser alors que l’issue de cette discussion me confirmera sûrement juste, juste ce que je sais déjà.
« On est quoi, Alec ? — Un couple de futurs diabétiques ? — Couple, donc ? »
Je rougis, j’ai l’assurance de rien. Il se retrouve à danser d’un pied sur l’autre.
« Oui ? Enfin, si tu veux …? — Seulement si t’acceptes de figurer dans ma thèse. — Ça me semble être un deal équitable. »
Bien sûr que je ne lui demande pas de préciser c’est quoi un couple pour lui et les limites et c’est quoi ce qu’on peut ou ne pas faire. Bien sûr.
« Mais Alec ? — Hm ? — Please don’t break me. »
J’ai utilisé l’anglais parce que comme ça, on dirait une line de chanson
« Promis. »
Bien sûr qu’il peut promettre. Je me suis réveillée avec cette certitude dans les os, ce jour là : il ne me brisera pas ; l’inverse n’est pas vrai pour autant.
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Sujet: Re: He's got my eyes Jeu 29 Juil 2021 - 13:04
Les ombres dehors enveloppent tout. il aimerait avoir la force de les combattre, sortir avec une épée de lumière pour leur trancher la gorge. Mais tout ce qu'il y a au bout de ses doigts c'est le pouvoir de guérir les autres. Mais jamais celles qu'il aime. Alors avant de retourner soigner des corps meurtris, des plaies qui saignent et des douleurs magiques, il se laisse une dernière fois submerger par les souvenirs. Se noyer un peu plus loin, tenter de refermer ses propres blessures avec la douceur de sa mémoire.
Il la trouvait terriblement belle ce jour-là. Bien sûr, il l'avait trouvée magnifique dès le premier jour, il y avait en elle quelque chose de magnétique qui l'attirait irrémédiablement, un charisme qui se dégageait de chacun de ses mouvements et dont elle ne semblait pas se rendre compte, ce qui le rendait encore plus fou. Mais là, à cette fête, à son bras, elle était devenue magique. Magique. Pendant toute la cérémonie, il avait eu du mal à détacher son regard de Sam. Tant pis pour Alice qui avait certainement dépenser une somme folle pour sa robe, tant pis pour Olivier qui enfilait pour la première - et probablement la dernière - fois de sa vie un costume. Ils étaient beaux tous les deux, évidemment - il était rare de toute façon, qu'Alec voie la laideur chez des êtres vivants -, mais ils n'étaient rien face à la jeune femme à ses côtés. Elle le subjugait.
Le vin d'honneur avait suivi l'église, mais ils avaient à peine eut le temps d'apercevoir les nouveaux mariés qui tourbillonnaient de groupes en groupes, échangeant quelques mots avant de papillonner ailleurs. Alice était fidèle à elle même ; survoltée. Et son mari la suivait avec la même force tranquille qui le contenait toujours. Un équilibre de l'amour qui les enveloppait et les suivait à la trace. La soirée avait gentiment basculée sur le repas. Le vin coulait à flot - tous les deux étaient médecins avec des salaires assez confortables pour pouvoir arroser les convives - et autour des tables les langues se déliaient. Il y avait sur l'assemblée ce bonheur simple d'être tous ensemble, de s'ancrer dans le moment présent. De vivre l'instant et l'amour. Et puis la musique avait commencé et l'heureux couple avait ouvert le bal. Rapidement la piste s'était mise à bourdonner sous les pas de danse alors qu'Alec terminait de dévorer l'énorme part de gâteau au chocolat - la troisième - dans son assiette.
Ce fut à cet instant, alors qu'il avait probablement du chocolat partout autour de la bouche, que la voix à peine essoufflée d'Alice vint les tirer de leur repas.
- Tu dois être la fameuse Sam ? Moi c'est Alice. Et voici mon... mari, Olivier.
Le guérisseur attrapa une serviette pour s'essuyer la bouche, redoutant déjà la suite de la conversation.
- Salut. Félicitations ! Vous êtes très, mais alors très beaux tous les deux.
Un petit rire s'échappa de la gorge d'Alice alors qu'Olivier serrait contre lui sa dulcinée.
- Merci, tu es splendide toi aussi, ça me fait plaisir de te rencontrer. Depuis le temps qu'Alec nous parle de toi, même s'il faut parfois lui arracher les vers du nez !
Alec, qui venait de porter son verre à ses lèvres, crut bien qu'il allait s'étouffer alors que le rouge venait colorer ses lèvres. Il détesta ses potes et regretta de ne pas avoir fourni, pour le traditionnel powerpoint préparé par le témoin du marié, des photos un peu plus compromettantes de leurs années d'études.
- Gêner ses potes est donc un sport universel !
Au moins Sam n'était elle pas partie en courant.
- Pote, pote, c'est peut-être un bien grand mot pour ces deux-là !
Alice ne se laissa pas démonter une seule seconde et explosa de rire avant de lâcher la main d'Olivier pour la lui tendre.
- Arrête de dire des bêtises et viens me faire danser.
Bon gré, mal gré, il suivit son amie avec un regard d'excuse à l'égard de Sam qui se faisait inviter à son tour par Olivier. La toute fraîche mariée passa ses bras autour du cou du guérisseur, toujours le même sourire sur les lèvres.
- Tu m'avais dit qu'elle était jolie, mais à ce point. Petit cachottier.
Il leva au ciel, elle était en forme et ne semblait même pas encore si ivre.
- Je ne t'ai rien dit du tout. Vous m'avez harcelé de questions et j'ai fini par répondre en espérant que ça vous fasse taire.
Le plan avait lamentablement échoué ; ça avait plutôt eu l'effet inverse.
- Et notre mariage ne te donne pas des envie ? Des idées ?
Elle était soudain devenue sérieuse. Avant d'étudier la médecine ensemble, Alice avait également passer son bac dans la classe parallèle à la sienne. Elle connaissait très bien Remy et toute l'histoire entre eux, même si la fin tragique avait été pour elle transformée en accident de voiture. La douleur qu'elle avait vue alors dans Alec lui avait semblée si profonde qu'elle avait eu peur que son ami ne se remette jamais. Jusqu'à Sam. Elle ne l'avait plus vu aussi heureux, le coeur aussi léger avant elle.
- Al', elle n'a même pas vingt ans ! Et ça ne fait pas si longtemps qu'on est ensemble !
Il lui attrapa la main pour la faire tourner sur elle-même, l'éloignant momentanément de lui.
- Certes, mais tu l'aimes.
Il ne répondit pas, mes ses yeux brillants le faisait à sa place. Et lorsque, en tournant un peu, il l'aperçut danser entre les bras d'Olivier, quelque chose lui pinça l'estomac. Oui, il l'aimait, et il pouvait facilement l'imaginer avec une robe blanche un jour, dans plusieurs années, remonter l'allée jusqu'à lui. Ca lui faisait peur tout ça, parce que ça allait trop vite. Ca lui faisait peur, mais il avait envie d'avoir peur si c'était avec elle.
La musique se termina et Alec salua sa compère avant d'aller retrouver Sam, un sourire d'excuse flottant sur les lèvres.
- Désolé pour ces deux -là, ils étaient très curieux de te rencontrer.
Les pires.
- Paraît-il que je suis fameuse.
Vraiment les pires des pires.
- Paraît, oui.
Alec avait l'impression que ses joues étaient écarlates, aussi changea-t-il rapidement de sujet.
- J'espère qu'Oli t'a pas trop harcelée de questions. On dirait pas comme ça, mais clairement c'est le roi des ragots, encore plus qu'Alice.
Il agissait dans l'ombre, mais finissait toujours par tout savoir. Pendant leurs études, Alec adorait aller boire des coups avec lui afin de rattraper toutes les histoires de leur promo.
- Il dansait bien.
Il sentit dans ses mots la provocation et se rapprocha un peu plus d'elle, lui murmurant dans l'oreille :
- Mieux que moi ? - Tu ne peux pas avoir toutes les victoires, Alec. - C'est ce qu'on va voir.
Il se courba légèrement avant de lui tendre une main. Elle ne perdait rien pour attendre.
Il y avait dans ce souvenir quelque chose de douloureux et Alec ferma les yeux, une main posée contre la vitre froide. Parce que les désirs se noyaient, les fantasmes mouraient. Incapable de supporter plus longtemps ces histoires, le guérisseur releva la tête pour se diriger vers les urgences. Son service était fini depuis longtemps, mais ils avaient toujours besoin d'aide là-bas. Ils ne cracheraient pas sur sa présence. Et lui, sur l'espoir d'oublier un peu ce qui lui dévorait l'esprit.