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| A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? | |
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MESSAGES : 552 DATE D'INSCRIPTION : 21/12/2010
Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Lun 26 Juil 2021 - 21:42 | |
| La lame était passée si proche de le tuer que ce qui le réveille la nuit, c’est le bruit. Le sifflement distinct de vingt centimètres vers sa trachée, lui qui esquive sans vraiment savoir pourquoi, comment, et le fil brûlant de l’acier dans les muscles et les tendons du cou. Il avait fait lévité tous les habitants de la maison contre les plafonds et avait bombé l’ensemble.
Fin.
Quelque chose s’était déverrouillé dans Green. Quelque chose qu’il avait longtemps gardé pour lui, au fond d’une cave sombre ; il avait eu toutes les raisons de garder la bête enchainée mais c’était une époque révolue. S’il était mort dans cette aventure-ci, Elaïa, planquée non loin, aurait dû vivre sans père et aurait sûrement… il refuse de s’imaginer la suite. Il lui avait dit, attend moi deux secs my love, et il était juste parti récupérer des armes et bref, il était tombé sur d’autres qui avaient reconnu son visage. Il n’avait reconnu personne, mais c’était trop tard désormais, ça n’avait plus aucune importance. Ils ne seraient plus jamais reconnus. La colère et la sidération avaient fait éclaté un verrou et dedans, il y avait de quoi annihiler toute retenue. Bonjour sauvagerie, meurtres, incendies, inondations, torture, il aurait tout fait pour le petit être qui le suivait.
Tout.
Absolument tout.
Tout.
Mais elle était la moitié de quelqu’un. Pas moyen d’oublier ça, n’est-ce pas ? Surtout pas devant la vitre. Il ne se regardait plus dans le miroir : il avait trop fondu, les cicatrices étaient devenues toutes si visibles sans guérisseur de qualité à proximité ! Ça lui pesait de voir à quel point il était blessé… souvent.
Il était temps de voir les choses en face.
Il savait que Rosenrot avait déposé les armes ; ça lui était égal. Anja était une reine, avait ou sans trône, avec ou sans couronne, avec ou sans armée prête à noyer le monde dans le sang. Anja était une reine. Period.
Il se manifeste dans ses rêves avec une clarté étonnante. Ils sont dans la maison qu’ils ont partagé, il a effacé tout ce qu’elle était en train de construire dans son sommeil pour y mettre leur ancienne maison, elle, lui.
Il s’est gaulé comme elle l’a connue ; il maitrise un peu mieux maintenant.
Alors il se fait voir de sa belle et les mains dans les poches, comme il a toujours été, une présence nette et une nonchalence à briser les indifférences les plus tenaces. Il s'avance mais pas trop, il n'a pas osé venir en vrai, courageux mais pas trop, lui même mais pas totalement et alors qu'il ouvre la bouche, il sait que parce que le verrou a sauté il en a assez de faux-semblants et, quand bien même il a caché son corps (et viré les cicatrices sur le bas de son corps également), cette fois-ci face à sa dame, sa reine, la mère de l'amour de sa vie, il dit la vérité :
— Tu n’en finis pas de me manquer. _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
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Niveau du personnage Point RP: (142/200) Point Membre: (124/200) Niveau: 7 - ConfirméeAnja L. von Duisbourg Admin | Cheffe de Rosenrot ♛ | Sujet: Re: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Mar 27 Juil 2021 - 0:06 | |
| Elle se rappelait encore des lettres qu'elle écrivait à sa mère, de ce petit tas de feuille qu'elle avait brûlé un jour, entièrement. Les mots qui grattaient, comme pour lui hurler qu'elle n'était pas si inutile, pas si mauvaise. Que le sacrifice de celle qui l'avait toujours abandonné en avait valu la peine. Puis un jour il y avait eu lui. Puis elle. Et les lettres avaient trouvé d'autres destinataires, une autre parole. Parce que, quelque part, malgré les rancoeurs, ils étaient devenus sa famille. Ils avait orné son coeur plein de noirceur.
Lieber Green,
Tu nais et tu meurs toujours au creux de mes nuits. Il y a quelque chose dans les étoiles qui t'attire, qui nous attire. Deux aimant polarisés par l'étoile du berger. Comme si seule l'obscurité était capable de nous accueillir, seule elle est assez grande pour s'ouvrir à nous. Souvent, je rêve de toi. Je te revois, un peu flou dans mes souvenirs, celui que tu étais, celui que tu es. Tu décores mes rêves de tes traits. Là-bas, étrangement, je ne te hais jamais. Alors qu'au réveil, j'aimerais parfois que tu crèves mille fois. Puis que tu me reviennes autant de fois. Mais cette nuit-là, c'était différent. Les contours étaient bien plus défini, plus clair dans mon esprit. Ce n'était pas le seul fruit de mon imagination ; c'était la tienne. C'était nos murs, ceux que nous avions connu ensemble. Notre maison. Et c'était ton corps, avant qu'il ne soit déchiré par les cicatrices des humains noirs. Ton corps avant que tu ne partes, dans toute sa splendeur et sa jeunesse. Celui que tu n'étais plus, plus vraiment. Que tu avais avant de devenir toi, de devenir papa.
Tu t'es avancé dans ce qui avait été nous, ce que nous avions détruit. Cet étrange décor qui me semblait sorti d'un film d'horreur ; une maison aux murs recouvert du sang de notre propre colère. Les raisins de notre colère. Je me rappelle quand tu lisais, le soir, ce livre de Steinbeck. Ta voix s'élevait parfois alors que tu suivais les mots, ceux que tu voulais bien me partager. Je me rappelle encore de cette citation que tu m'avais offerte - car tu es de ceux qui ont le pouvoir d'offrir les mots des autres - : "Devant nous il y a des milliers de vies qu'on pourrait vivre, mais quand le moment sera venu il n'y en aura plus qu'une." Qu'esth devenue notre vie, Green ? Est-ce que la vie que nous avons choisie, la vie qui nous reste, nous a séparés ?
- Tu n'en finis pas de me manquer.
Tes mots m'ébranlent un peu et je sens vaciller en moi la rancoeur, la haine, tout ce que je me suis promis. Je tends une main dans ta direction, mais tu es encore trop loin et te toucher serait comme un sacrilège, comme risquer de voir tout s'effondrer. Alors je me contente de tes mots, je me contente de tes rêves puisque c'est ce que tu as choisi de m'offrir.
- Je ne peux plus supporter votre absence.
Qu'est devenue la reine ? Elle s'est effondrée en même temps que toute cette guerre. Elle est à genoux sur l'amoncellement des cadavres de ses soldats, la gorge à la merci de ses ennemis. La reine noire est tombée de l'échiquier depuis bien longtemps, et la seule raison qu'elle n'a de ne pas mourir réside en toi, en toi et en elle-même. Ce petit être que vous avez créé, bien malgré vous. Cet petit être que nous avons créé.
- Revenez à la maison. Tous les deux.
La reine est à genou devant le chien. Son cou délivré qui lui dit de la mordre s'il le veut. Si elle le mérite. Mais reviens moi, Green, revenez moi. Il a fallu que tout meurt pour que je comprenne à quel point vous étiez la seule essence à ma vie. Sa seule nécessité brute.
[...]
C'était là, quelque part en elle et ça la dévorait. Ces mots pour les autres, pour ceux qu'elle aimait. _________________« Oiseau moribond, elle est plus proche de l'envol que je ne l'ai jamais été et j'ai mal. Déchirure. » « Pis donner à bouffer à des pigeons idiots Leur filer des coups d’ pieds pour de faux Et entendre ton rire qui lézarde les murs Qui sait surtout guérir mes blessures » - Do you know how to fight ? - And you, do you know how to die ? |
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Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Mar 27 Juil 2021 - 18:15 | |
| Il ne sait pas si elle réalise que c’est lui pour de vrai. Il a des doutes qui s’épaississent au fur et à mesure qu’il détaille ce qui un jour fut sa femme, jusqu’à ce qu’elle arrête de porter sa bague, jusqu’à ce qu’elle le chasse de chez lui. À ce souvenir maussade et électrique il s’avance un peu plus vers elle ; il pense qu’il est grand temps d’épouser son destin, ce que tout le monde a toujours voulu qu’il soit. Il n’est plus temps de devenir un autre, il y a Elaïa maintenant.
- Je ne peux plus supporter votre absence.
Il ferme les yeux et se demande si elle n’est pas juste incapable d’être seule désormais sans jamais avoir été vraiment heureuse avec lui. Ou de lui. Heureuse d’avoir Elaïa. L’aimer assez pour la priver de ses vrais parents ? Peut-être que Green ne vaudra jamais Mohamed mais il en doute.
- Revenez à la maison. Tous les deux.
Il efface la maison et les colle tous les deux sur une plage. Il y est, lui aussi, avec une demi-combinaison de surf, l’autre moitié pend à l’arrière. Elaïa est dans les vagues comme toujours avec Benny, on entend les histoires qu’ils se racontent à base de « oh !! imagine on est aux XGAMES DU SURF !!! » « Moi je représente l’italie ! » « why italy ? » « why not ? » « attention la vague c'mon go! » « beware of tiburóns » et c’est évidemment tiré d’un souvenir. Il porte son vrai corps dans ce souvenir là.
Il plonge ses doigts dans le sable, conscient de se trouver laid mais honnête — comme c’est dur. Ses cheveux ont été coupés courts, ils ne retombent plus sur son front, il n’a plus rien du chien fou qui osait en jouant sur la limite. Les limites il n’en veut plus, même s’il ne peut s’empêcher de flirter avec quand il déborde comme avec Red.
— À quel prix ?
Qu’enlever à Elaïa ? Est-ce qu’un sorcier noir peut encore avoir des amis innocents, ne pas être entraîner comme tel, ne pas parler dix huit langues, savoir danser, manier n’importe quel arme, faire n’importe quel sport, conduire n’importe quel véhicule. Aura-t-elle le droit d’être mignonne et insolente et humaine et drôle et surfer surfer surfer surfer surfer ?
Aura-t-il le droit de rester lui même quand elle le détestait ainsi ? Aura-t-il sa place aux côtés d’Anja, comme la tradition des Soul le voudrait, le dernier fils, le plus jeune ? Aurait-il son mot à dire dans l’organisation, réussirait-il à reprendre ses frères au plus proche de lui, même l’ambitieux Bianco et le dégueulasse Redwan ?
Il songe à Bleuann.
Et réitère sa question.
— À quel prix, mein Schatz, à quel prix ?
Il regrette de n’être que dans ses rêves et de ne pas pouvoir la prendre dans ses bras et l’avaler toute entière.
Dans son souvenir, sa fille se fait jeter à l'eau pas un rouleau qui la dépasse, boit la tasse et se fait entrainer par la leach à sa jambe, rame et se retrouve au milieu de rien, là où elle n'a pas pieds. Green la lévite jusqu'à sa planche et ramène l'ensemble vers Benny sous un hurlement sauvage : « COME ON PAPA YOU HAVE TO STOP DOING THIS » et il lui sert un sourire de playmobile, non, Elaïa, non.
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Niveau du personnage Point RP: (142/200) Point Membre: (124/200) Niveau: 7 - ConfirméeAnja L. von Duisbourg Admin | Cheffe de Rosenrot ♛ | Sujet: Re: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Mar 27 Juil 2021 - 20:03 | |
| Toutes ces vies qu'ils n'auraient jamais ensemble, parce qu'elle avait fait les mauvais choix. Ou, en tout cas, les choix qui l'avaient éloignée de sa fille et de l'homme qu'elle aimait. Comment l'amour pouvait-il faire aussi mal ? Comment pouvait-on aimer aussi fort en étant si mauvaise ? Les monstres dans les contes n'éprouvaient jamais de sentiments, alors pourquoi ne pouvait-elle pas être comme eux ?
[...]
C'est brutal et sauvage comme réalité, mais vous êtes le décor dans lequel j'ai envie de vieillir. Je veux voir ton visage se rider, tes cheveux devenir blancs. Je veux voir Elaïa qui sourit, qui aime, qui pleurt, qui hait, qui panique, qui grandit. Je veux que vous soyez le théâtre de ma vie, les héros de ma vieillesse.
Tu as effacé les murs autour de nous, ils sont tombés comme s'ils étaient fait de papier mâché. Et derrière eux, la plage et la mer, la mer pour toujours qui s'étend dans l'horizon. La mer ou l'océan, à peine percée par les vagues et deux enfants jouant dans les flots. Elaïa et un autre - l'autre n'a pas d'importance. Ma fille, cette tornade blonde, celle qui a les yeux et dont les traits restent pourtant flous et fragiles dans la ligne qui se brise au fond du rêve. Notre enfant qui a le goût du sel sur les lèvres et la liberté dans les rêves.
- À quel prix ?
Je n'osait pas la quitter des yeux. J'avais peur qu'elle disparaisse à son tour, que cette silhouette qui jouait entre les vagues s'enfonce dans les abysses et ne remontent pas. Un tourbillon emportant l'enfance dans son sillon. Ma fille s'accroche à l'eau et vit sur l'océan, ce n'est plus une enfant, mais un dauphin qui saute et qui rit, qui vibre à la mesure des rouleaux qui s'abattent sur la plage au sable coupant.
- À quel prix, mein Schatz, à quel prix ?
Combien faudrait-il être égoïste pour la rattraper à présent ? Écarter les flots et la ramener sur la plage, dans la vie, la balancer sur le devant de la scène, la présenter comme l'héritière de la terrifiante Anja von Duisbourg. Pour en faire quoi ? La future cheffe, celle qui règnera après moi, arrachée à ce qu'elle aime, arrachée à l'océan et à ses rêves d'enfant ? Combien faut-il être cruelle pour ôter les vagues de sa tête et de sa vie ? Dans la mer qui se jette toujours contre ce corps si fragile, je l'ai vu soudain tomber dans le gouffre, puis se soulever, comme happer par le ciel, ramenée jusqu'à sa planche. Et les mots qu'elle a lancé, adressés à l'homme sur la plage, l'homme que j'ai connu vibrant entre mes jambes et qui désormais est à peine une ombre, une ombre qui aime. COME ON PAPA YOU HAVE TO STOP DOING THIS. Une ombre qui est perd lorsque je ne suis que génitrice, qu'une figure absente.
- Elle choisira toujours les vagues.
Silhouette qui s'agite et se fond. Silhouette qui fend mon coeur.
- Les vagues et son père.
J'en ai toujours voulu à ma mère de s'absenter de ma vie. De ne jamais être présente sur les photos de mes anniversaires, de ne pas tenir ma main en rentrant à l'école. De me laisser seule avec Diego et son poisson rouge, le seul être qui semblait aimer et qui tournait, tournait toujours dans le bocal tériqué de sa tête. Mais peut-être qu'elle voulait juste tenir les démons éloignés de ma vie. M'offrir ma plage et mes vagues.
[...]
Les trous dans son coeur souffraient de leur absence. _________________« Oiseau moribond, elle est plus proche de l'envol que je ne l'ai jamais été et j'ai mal. Déchirure. » « Pis donner à bouffer à des pigeons idiots Leur filer des coups d’ pieds pour de faux Et entendre ton rire qui lézarde les murs Qui sait surtout guérir mes blessures » - Do you know how to fight ? - And you, do you know how to die ? |
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Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Mar 27 Juil 2021 - 21:47 | |
| Anja a changé. C’est ce que le berlinois se dit en regardant la jeune femme qui un jour, dans pas si longtemps, ne sera plus si jeune. Qu’est-ce qu’elle sera alors différente de celle qu’il a dépucelée, quel horrible mot, sur son bureau, à la trouver aussi brillante qu’une constellation, aussi dangereuse qu’une météorite, rien d’humain tout d’autre, de grandiose ! de merveilleux ! d’incroyable ! Et l’incrédulité du soldat de se retrouver entre ses cuisses humides, d’en avoir le droit alors d’eh bien, elle est humaine.
Les mêmes erreurs, les mêmes bassesses, les mêmes égoïsmes, les mêmes manquements.
- Elle choisira toujours les vagues.
Il hoche la tête en traçant des formes dans le sable, faisant le contour de ses pieds alors qu’il répond d’une voix claire.
— J’espère.
Mais ça ne veut pas dire que c’est une vie de changer de plage régulièrement, de n’avoir le droit de revoir Benny et les autres que sans routine, au hasard comme ça, que de l’imprévu. On ne construit rien comme ça, seulement des châteaux de sable encore et encore effacés par la marée dans la journée qui suit.
« I won’t die là, d’un moment à l’autre, ou d-d-isparaître, devant Benny en plus! »
Il efface le souvenir ici. I won’t die d’un moment à l’autre ? Mais Elaïa, sais-tu qu’il s’agit de la crainte la plus immense de ton père, ton corps inerte entre ses bras, ou pire, juste plus rien ? Une disparition ?
Il souffle le souvenir et les emmène dans sa chambre d’adolescent telle qu’elle était alors : fonctionnelle, vérifiée, squattée par ses frères et ses soeurs qui restent le sang et la famille, non ? Il ne sait plus. Redwan est une sale punaise, Bianco une horreur humaine, Bleuann dérive loin désormais, Cyan et lui sont ok mais Olive ne l’a jamais été. Il a oublié de mettre Silver dans son vocabulaire depuis des années ; il souhaite Allen Soul mort.
Mort pour de bon.
- Les vagues et son père.
Il pince ses lèvres, conscient du déchirement auquel fait face Anja. La grande Anja Von Duisbourg ruinée par sa propre fille qu’elle a choisit mais mal, à moitié, confiée, aimée de loin, protégée sans doute. Il se souvient des débuts avec sa fille, la colère, l’incompréhension, le mutisme de la fillette qui lui avaient salé les pieds, encore et encore. Il a avait trouvé en Anja un coupable idéal alors que quoi qu’il en soit, il restait la moitié.
Pouvait-il construire Rosenrot autour de sa fille ? Pouvait-elle devenir une héritière parce qu’il avait la force de la ramener à Anja sans briser ses rêves, sans en faire une marionnette, un monstre, un tyran ?
Elle n’avait pas répondu à la question : à quel prix, aucune idée. Fallait-il des nuées de téléporteurs pour les trimballer de l’océan à Rosenrot ? Il ne savait plus vraiment comment se démerdait l’organisation désormais, quel but. Fonder la sienne ? Quelle immense blague.
Il s’assit sur son lit.
— J’ai pas de solution mais j’voudrais… j’voudrais juste rentrer à la maison. Poser la valise. Contruire des choses autour d'elle. Qu'elle appartienne à un endroit, à un tout, pas à une cavale, des rouleaux et des shots d'adrénaline.
Il se rendait compte du pouvoir qu’il avait désormais sur l’enfant : il était le référent, celui qui lui jetait des MnM’s dans la bouche, lui apprenait à faire du vélo sans les mains et aller courir de bon matin pour la discipline, mais pas longtemps avant de la jeter dans les vagues et l’épuiser, la forger l’air de rien, la rendre plus forte et plus heureuse, plus courageuse et plus vraie qu’il n’avait pu être. Mais il avait aussi conscience qu’Anja aurait du pouvoir aussi, qu’elle la changerait, pour le meilleur et le pire, Anja qui l’avait jetée dehors, Anja qui avait baisé son frère pour lui faire du mal à lui, lui qu’elle disait aimer. Elle lui avait cachée Elaïa, avait éloigné sa fille qu’il n’avait pu retrouver que par un concours de circonstances. Elle avait exigé, détruit, brûlé. Il n’est pas innocent mais ne sait plus comment tendre la main sans avoir peur de la voir tranchée.
Il secoue la tête, tripote une balle de baseball trouvée là.
— Mais qu’est-ce que c’est la maison, désormais ? _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
| | | MESSAGES : 619 DATE D'INSCRIPTION : 03/12/2010
Niveau du personnage Point RP: (142/200) Point Membre: (124/200) Niveau: 7 - ConfirméeAnja L. von Duisbourg Admin | Cheffe de Rosenrot ♛ | Sujet: Re: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Mer 28 Juil 2021 - 0:37 | |
| Où était passée leur jeunesse ? Ces années d'amour et d'insouciance qu'on lisait dans les yeux des jeunes de leur âge. Ceux qui se prenaient la main au restaurant, qui se mettaient à genoux pour demander une main, qui pleurait de bonheur devant un test de grossesse. Ils n'avaient jamais rien été de tout ça. Ils avaient été juste eux, terriblement eux. Et manipulés.
[...]
D'où tient-elle son amour pour la mer ? Où a-t-elle pu trouver cette passion qui semble la submerger dans ce que tu montres d'elle, qui l'engloutit dans un océan de joie ? Elle n'est ni toi, ni moi, Elaïa est simplement Elaïa, elle est ce que nous pouvions faire de meilleur. Par quel miracle ?
- J'espère.
Que deviendra l'enfant qui disparaît entre deux vagues, le rire cristallin qui s'élevait et la voix, tellement sûre d'elle qui a brisé les embrums ?
- I won't die là, d'un moment à l'autre, ou d-d-isparaître, devant Benny en plus !
J'ai enregistré cette voix dans ma tête, je garde comme un trésor tout ce que tu as bien voulu m'offrir d'elle. Tous ces moments de mon absence, de la distance entre ma fille et moi. Tout ce passé qui est mort, terminé, et que je ne pourrais jamais revivre. Je les ai gravé en moi pour pouvoir les ressortir, lorsqu'il fera trop froid pour mourir. J'aimerais pouvoir, rien qu'une fois, la serrer dans mes bras. Mais j'y ai renoncé le jour de sa naissance.
L'odeur des algues s'est dissoute alors que les murs de ton adolescence ont poussé. Elaïa est restée avec ses vagues, emportée par la marée. Ma fille m'offre cette sensation de l'océan en pleine tempête, qui ne donne à voir aucune certitude, que des gifles froide lorsque l'eau remonte sur le ciré jaune. Je crois que c'est cette scène, sur cette plage, qui a créé cette image en moi, le sentiment d'amour entre elle et la mer. Tu t'es assis sur le lit et je t'y ai suivi, en faisant attention de ne pas m'asseoir trop près. Le bois grinçait sous le poids de nos deux corps, vaste déboires de nos amours.
- J'ai pas de solution mais j'voudrais... j'voudrais juste rentrer à la maison. Poser la valise. Construire des choses autour d'elle. Qu'elle appartienne à un endroit, à un tout, pas à une cavale, des rouleaux et des shots d'adrénaline.
Mais était-ce seulement possible ? Existait-il un monde où Elaïa serait libre ?
- Mais qu'est-ce que c'est la maison, désormais ?
Quels sont les murs assez fort pour contenir tous les émotions, assez haut pour la protéger ?
- C'est elle le prix à payer. C'est ses ailes, ses nageoires, tout ce qui la compose.
La briser pour la faire rentrer dans le moule, pour qu'elle tombe dans la vie qui a été la nôtre. La tienne avec Allen comme la mienne avec Diego. Rosenrot, toujours, la brimade et les douleur. Quel sacrifice immense que la joie de notre fille, tout ça pour la retrouver, tout ça pour l'espoir d'une maison, d'une bâtisse suffisamment solide pour nous retenir. Pour essayer, au moins.
- Je suis fatiguée de te haïr.
J'aimerais que la maison ce soit vous. J'aimerais que Rosenrot n'existe plus, que les Soul soient morts, que le reste du monde ait disparu pour qu'il ne reste plus que nous trois et l'océan. Je voulais te dire de me la montrer encore, je voulais te dire à quel point je vous aimais. Je n'ai réussi qu'à poser ma main sur tes doigts crispé autour d'une batte de baseball.
- J'ai peur pour elle Green. J'ai peur qu'elle soit une cible facile ou qu'elle devienne un monstre, comme nous.
Peur qu'elle oublie la brise marine qui les porte sur les vagues le matin, sa combinaison collée à sa peau. Peur que désormais, lorsqu'elle vacille et qu'elle tombe, ce soir les doigts acérés d'Orpheo, Croix ou Rosenrot qui se referment sur elle.
[...]
Et Elaïa, qu'était-elle ? Aurait-elle le droit d'être vraiment elle, d'aspirer à la vie, loin de pantin et des simagrés ? _________________« Oiseau moribond, elle est plus proche de l'envol que je ne l'ai jamais été et j'ai mal. Déchirure. » « Pis donner à bouffer à des pigeons idiots Leur filer des coups d’ pieds pour de faux Et entendre ton rire qui lézarde les murs Qui sait surtout guérir mes blessures » - Do you know how to fight ? - And you, do you know how to die ? |
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Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Mer 28 Juil 2021 - 21:44 | |
| Il a peur qu’elle se réveille maintenant, que quelque chose la tire de son sommeil et qu’ils en restent là, nauséeux, au bord d’un précipice qu’ils essayaient de combler et qui… et qui n’est réel que pour eux, il semblerait. Qui d’autre se pose une telle question ? Ramener sa fille comme héritière du trône au milieu des loups ou la laisser dans l’océan n’avoir aucun futur viable sur ce n’est une longue course ? Peut-être qu’ils dramatisent trop.
Sûrement.
Il n’empêche que le noeud dans ses tripes ne s’est plus dénoué à partir du moment où il a posé les yeux sur elle, dans une école française. Il hait Laure et Mohamed d’avoir eu du temps avec elle, de l’avoir changée, aimée, nourrie, de l’avoir fait sourire et rire quand lui n’avait même pas conscience de son existence.
Ah, quid du pardon, mh ? Prétentieux.
- C'est elle le prix à payer. C'est ses ailes, ses nageoires, tout ce qui la compose.
Il secoue la tête, croit sentir ses cheveux balayer son visage mais il n’y a rien. Il ne sait pas pourquoi il les a amené là.
— Trop élevé, murmure-t-il.
Il laisse le temps couler, il n’a pas de solution et son problème est trop conséquent pour qu’il l’ignore, qu’il abandonne ou qu’il fasse comme si de rien n’était. Il va falloir faire autre chose que ce qu’il se passe maintenant, mais il n’arrive pas à décider quoi. Résolument incapable.
- Je suis fatiguée de te haïr.
Il attrape ses mains, soupire.
- J'ai peur pour elle Green. J'ai peur qu'elle soit une cible facile ou qu'elle devienne un monstre, comme nous. — Comme nous ? répète-t-il.
Il en a toujours voulu à son père de l’avoir ramené à Rosenrot, et puis il y avait eu Anja, et puis non, et il naviguait toujours dans ses eaux troubles. Depuis qu’il y avait eu ce changement dans ses tripes il s’était dit que s’était différement, mais à y regarder de plus près, pas vraiment.
— Je me fiche de ce que je dois venir pour elle, Anja. Je compte bien pousser les murs, les règles, les interdits, tout pour qu’elle ait de la place dans le monde qui lui revient de droit.
Cela ne faisait qu’un an et quelques qu’ils étaient ensemble, il n’était pas vraiment sûr qu’elle le choisirait toujours. Qu’il le haïsse ou pas, qu’il soit terrifié qu’elle le préfère ou non, il aurait trouvé ça décent qu’elle revoit Mohamed.
— Créer un océan à Berlin s’il le faut.
Il se retient de dire mais Anja, Anja, Anja, si tu m’avais aimé pour de vrai, pour ce que je suis et pas tout ce que t’aurais voulu que je sois, j’aurais raser le monde pour toi, j’aurais saigné ma fratrie (mais pas Bleu) pour toi, j’aurais rasé des villes, égorgé des innocents, j’aurais fait n’importe quoi pour te rendre heureuse qui n’aurait pas impliqué être chose que moi parce que ça, ça je ne sais pas faire Anja.
Mais bien évidemment, parce qu’il est lui, toujours plus lui, il se tait.
Il ne dit pas non plus qu’il rasera Rosenrot s’il te faut. Ou Croix. Ou les deux. Qu’il monterait son organisation s’il le faut.
Il ne dit pas ça, parce qu’il signera la fin et il sait qu’elle n’existe pas. Que dans aucun monde il se voit sans Anja. Dans aucun rêve, aucun projet. Jamais sans elle, jamais tout à fait avec. _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
| | | MESSAGES : 619 DATE D'INSCRIPTION : 03/12/2010
Niveau du personnage Point RP: (142/200) Point Membre: (124/200) Niveau: 7 - ConfirméeAnja L. von Duisbourg Admin | Cheffe de Rosenrot ♛ | Sujet: Re: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Jeu 29 Juil 2021 - 12:23 | |
| Elle aimerait savoir dessiner. Avoir le crayon au bout des doigts, le noir sur les phalanges, l'encre qui dégouline pour autre chose que des mots. Savoir dresser sur le papier comme on trace une carte, le visage des êtres aimés. Celui de Green qu'elle connaît si bien, qui est si clair dans sa mémoire et dans son coeur. Et Elaïa, petite silhouette qui joue dans les flots, enfant dans une cour de récréation, bébé dormant dans un berceau chez Mohamed. Que dirait Elaïa en voyant sa mère pour la première fois ? La haïrait-elle ? Comme elle a haït sa mère de ses absences ? Eternel recommencement.
[...]
- Trop élevé.
Evidemment que c'est un prix trop élevé, trop douloureux pour être même envisagé. Toujours la même impasse, toujours les mêmes doutes. Sacrifier son enfance, mais dans quel but ? Sacrifier les rires qui se dressent entre les vagues au nom de Rosenrot ? Comme si nous n'avions pas déjà assez donner pour cette organisation qui se brise sur les rochers. Tu as attrapé mes mains et seulement alors j'ai osé te regarder. Tu n'avais rien de l'image du monstre que j'aime à me faire parfois de toi, le portrait que je peins dans ma tête pour mieux te détester, pour oublier l'espace d'une seconde, de t'aimer encore.
- Comme nous ?
La vérité, Green, c'est que les convictions vacillaient dans ma tête, autant de petites quilles fustigée par une vague nommée Elaïa. Die Welle.
- Je me fiche de ce que je dois venir pour elle, Anja. Je compte bien pousser les murs, les règles, les interdits, tout pour qu'elle ait de la place dans le monde qui lui revient de droit.
Mais si ce monde n'était pas fait pour elle ? Si l'univers de notre fille s'arrêtait à la plage, au sable blanc, jamais la terre, toujours le goût de l'océan ?
- Créer un océan à Berlin s'il le faut.
Comme un écho à mes pensées.
- Renverser le monde pour revoir ses yeux.
Ses yeux si semblables aux tiens, auxquels je m'accroche pour avoir encore une chance d'imaginer ma fille, pour l'apercevoir dans un reflet, dans un tremblement. Comme si son visage pouvait naître à la place du tien, surgir comme une aquarelle mouillée sous mes doigts. Fragile désir. Et puis d'un coup, la déchirure en moi. Une souffrance inouïe que je n'avais pas pu anticiper et qui m'a rattrappée entre ses doigts puissantes, qui m'a tordue alors que nous nous tenions là, simplement assis sur un lit. Je ne sais expliquer ce moment de faiblesse, cette peur qui m'a saisi comme un étau alors que je l'avais pourtant repoussée toute ma vie. D'où venait-elle ? De ce que je pensais avoir vu dans tes yeux ? Du poids d'un monde entier qui s'écroulait sur mes épaules. Il y avait quelque chose de trop en moi, de trop sur moi et j'ai senti une digue craquer dans ma gorge, quelque chose que je n'avais plus vécu depuis l'enfance. Les sanglots m'ont engloutie.
- Pardon.
Rien de plus qu'un murmure déjà mouillé par les larmes qui avaient ravagé la scène. Je ne savais même pas exactement les raisons qui me poussaient à m'excuser. Pour la chair de Redwan contre la mienne - quelle absurdité ça me paraît aujourd'hui. Pour ce jour où je t'ai dit de partir ? Pour Elaïa ? Je ne sais pas, je n'étais plus vraiment moi. Ou alors peut-être que je ne l'avais jamais été et que je le devenais enfin. Sur mes lèvres mouraient les excuses qui me crevaient le coeur et me boursoufflaient l'esprit.
[...]
Et sa mère, dans cet avion, lorsqu'elle avait compris qu'elle allait mourir et qu'elle ne reverrait plus jamais sa fille, avait-elle pleuré également ? Alors que des ailes se déchiraient dans le ciel. _________________« Oiseau moribond, elle est plus proche de l'envol que je ne l'ai jamais été et j'ai mal. Déchirure. » « Pis donner à bouffer à des pigeons idiots Leur filer des coups d’ pieds pour de faux Et entendre ton rire qui lézarde les murs Qui sait surtout guérir mes blessures » - Do you know how to fight ? - And you, do you know how to die ? |
| | | MESSAGES : 552 DATE D'INSCRIPTION : 21/12/2010
Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Sam 31 Juil 2021 - 22:41 | |
| Il faut bien faire quelque chose de ce temps à deux. Le berlinois a l’impression d’avoir déjà tout vécu, tout pleuré, tout brûlé aussi. Il ne lui reste pas grand chose à voir ; il est rarement étonné. Sa fille l’émerveille mais elle est bien la seule. Elle le terrifie aussi, souvent, mutique petite enfant qui le scrute de ses iris similaires aux siens et qui s’est déjà brisée dans d’immenses colères. « Je hais cette robe ! Je hais cette p u t a i n de ROBE ! » avant de la jeter au sol et de partir en larmes sans qu’il ne saisisse pourquoi.
Avant de la porter un mois après, les yeux rivés aux siens. Comme s’il allait dire quelque chose. Comme s’il avait le courage de faire autre chose que lentement manoeuvrer autour de celle qui avait été arrachée à chez elle et Moha, puis à Sakura et sa fratrie. Il lui semble s’étioler à ce souvenir, être moins réel, trop égoïste pour avoir fait quelque chose pareil.
- Renverser le monde pour revoir ses yeux.
Comme un écho à ses pensées.
C’était pour ça qu’il s’était battu, non ? Pour ça que Anja maintenant se noyait dans des choses futiles ; qu’est-ce qui pourrait bien avoir plus d’importance qu’Elaïa maintenant ? Et puis subitement, différent des masques de reines et de tyran qu’elle avait su porter jusque là, un masque de souffrance vient s’attarder sur ses traits, creusant ses angles et grisant ses cernes alors qu’elle se met à pleurer. Green ne réfléchit pas (s’il avait réfléchi il aurait sûrement trop réfléchi pour agir et serait resté démuni) et s’arrime à elle, la prend dans ses bras.
Comme toujours.
Une haine viscérale d’avoir pu faire ça mais l’incapacité absolue de prendre des décisions autour de ces ressentiments. Il fait le tour de sa douleur alors qu’elle lâche deux syllabes.
- Pardon.
Il aura fallu tout cela pour détrôner la reine et faire apparaître la femme ? Il pose son front contre celui d’Anja Von Duisbourg, caresse la ligne de sa mâchoire, les yeux clos. Il a conscience que la digue qui vient de céder est la seule qu’il a pu désirer un jour et il murmure du bout des lèvres :
- On va construire quelque chose.
Une nouvelle timeline s’il le faut, une dimension où c’est possible, des charniers si on a besoin. Il n'inclut pas la reine dans ses mots, seulement sa fille, dans un pudique futur sans deadline.
- On rentrera.
Il lui lève le visage pour la regarder bien en face. A-t-elle gardé la bague ? La question vrille et finit par faire bourdonner d’immondes pensées au centre de son crâne, mais il garde les deux syllabes d’Anja en tête en espérant que c’est sincère, que c’est réel et tangible malgré le monde des rêves qui les abrite.
Et offre
deux syllabes
à ton tour
- Promis.
La chambre d’adolescent disparaît sans qu’il n’y ait rien fait et se construit autour d’eux des scènes absurdes que lui, tout du moins, ne peut absolument pas saisir. Coulé dans l’inconscient d’Anja il pourrait scruter les images mais pudique, il s’accroche juste à celle qui fût un jour sa femme mais qui resterait la mère de sa fille. _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
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Niveau du personnage Point RP: (142/200) Point Membre: (124/200) Niveau: 7 - ConfirméeAnja L. von Duisbourg Admin | Cheffe de Rosenrot ♛ | Sujet: Re: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Lun 2 Aoû 2021 - 11:50 | |
| Les contours de sa fille, c'était tout ce qu'elle désirait. Les contours de sa fille et les lèvres de Green contre les siennes. Le bruit des vagues en fond sonore, la mélodie du bonheur. Une maison pour eux trois, loin de tous les tourments, juste un seul instant, un seul moment ensemble pour pouvoir enfin… enfin… enfin… Enfin s'aimer sans digues.
[…]
Ma mâchoire tremblait lorsque tu m'as prise dans tes bras. J'avais envie de m'abandonner là pour toujours, cueillie au sein de ce rêve. C'était un terrible aveu de faiblesse de ma part, une faille incommensurable qu'il m'est impossible de comprendre désormais que je suis hors de ce moment précis. Je ne sais pas vraiment mettre des mots là-dessus. Pourquoi les larmes ? Pour toi, pour Elaïa ? Pour tout ce temps perdu à ne pas savoir nous aimer, à nous aimer mal, à nous aimer faux ? Ton front contre le mien et les larmes qui mouillent mon visage ; voilà tout ce que j'arrive à garder de ce moment. Cette rafale également dans mon cœur, mon cœur contre ton cœur.
– On va construire quelque chose.
J'ai hoché la tête, incapable de parler, la gorge honteusement dévorée par les sanglots. Je pourrais mourir pour elle, Green. Je pourrais mourir pour toi. Je pourrais laisser crever Rosenrot pour une vie avec vous. Laisser pourrir mes idéaux. Que Orpheo gagne après tout, vous êtes ma seule défaite.
– On rentrera.
Tu as relevé mon menton et tes yeux ont rencontré les miens. Des yeux dont je connais chaque détail, chaque reflet par cœur. Ceux d'Elaïa sont-ils vraiment si semblables ? Est-ce qu'ils ont également cette légère asymétrie ? Cette minuscule tache à l'orée de ton iris ? Ces prunelles qui se dilatent toujours un peu trop profondément ? J'ai eu envie de disparaître dans ce regard, de m'immerger à l'intérieur. Me raccrocher à tes mots. J'ai le sel sur les joues alors que notre enfants l'a dans le sang. J'ai le sel dans l'amour.
– Promis.
C'est tout ce qu'il me reste. Une promesse, quelques mots tissés dans un rêve. Une réalité qui absorbe ce qu'on lui offre. Et deux yeux, quatre yeux, qui me disent que l'amour n'est pas mort, qu'il ne l'a jamais été, que la haine peut aller se faire foutre. Vous reviendrez. Je me suis accrochée à toi alors que les images autour de moi me donnaient le tournis. J'ai vu des pans de mon passé, des discussions à Rosenrot, des batailles avec mes soldats, du sang annonciateur de la mort. Autant de souvenirs où vous n'êtes pas, où Elaïa, surtout, n'est pas. Et ça tournait vite, toujours plus vite, tellement que j'ai compris, dans un soupçon de panique, que quelque chose se brisait. On me ramenait au monde réel.
– Je vous attendrai toujours.
Mes mots se sont dilatés tout comme ta chaleur contre moi. Rien ne tournait, en fait, tout se contentait de tomber, chaque morceau du rêve s'effondrait, jusqu'à ta peau qui disparaissait. Dans le noir sombre du rêve, il n'est resté alors plus que tes yeux, vos yeux, qui un instant encore ont brillé avant de s'éteindre à leur tour. Mes paupières ont révélé ma chambre, mon lit, tout ce qui avait été nôtre. J'ai alors passé une main sur ma joue et j'ai senti l'eau qui avait coulé.
Ich warte auf euch.
Anja
Une navire qui traverse les flots et qui jamais ne s'arrête. Un rire qui éclate contre le sable. Le goût du sel qui se colle à toutes les peaux. Un tableau esquissé de la pointe du coeur. _________________« Oiseau moribond, elle est plus proche de l'envol que je ne l'ai jamais été et j'ai mal. Déchirure. » « Pis donner à bouffer à des pigeons idiots Leur filer des coups d’ pieds pour de faux Et entendre ton rire qui lézarde les murs Qui sait surtout guérir mes blessures » - Do you know how to fight ? - And you, do you know how to die ? |
| | | MESSAGES : 552 DATE D'INSCRIPTION : 21/12/2010
Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: A-t-elle tout gardé comme c'était ou a-t-elle redécoré ? Lun 23 Aoû 2021 - 15:53 | |
| Elle arrête de pleurer sous le regard absent de Green qui se rappelera longtemps sa reine qui s’étiole dans sa bras. Qui redevient humain et qui se brise en mille morceaux, s’en va, poussière dans le vent. Que reste-t-il des idéaux qu’on lui appris ? De la droiture des sorciers, de l’impossibilité des humains, d’être force face à tout et de ne jamais lâcher ? Il avait regardé Anja, tout petit en bas, vers de terre amoureux d’une étoile. Il faisait désormais le tour de ce qui avait autrefois était un soleil-sang et elle était comme toutes les autres. Humaine, misérable à son tour, toute, mais alors toute petite entre ses bras.
Sûrement qu’il ne s’en remettrait jamais, de ce moment, cet instant exact où il réalise que tout n’est que du vent, qu’on reste programmés à avoir besoin des autres, à rechercher un foyer, à manger à sa faim, à éviter la douleur, à ne pas laisser partir les siens, à parler. Que tous les rouages qui différaient de ceux étaient ceux rouillés, abîmés, brisés, volés par un père qui avait un crochet du droit surprenant pour quelqu’un qui aurait pu passer sa vie à n’utiliser que ses pouvoirs. Il ne la lâche pas pour autant.
– Je vous attendrai toujours.
Une promesse lovée tout contre la sienne, tout aussi absurde ; promesse qui n’avait sûrement pas plus de valeur dans un monde en guerre. Toujours pouvait s’avérer être jamais, très, très rapidement. Toujours pouvait s’arrêter et il n’y aurait rien derrière : Elaïa sans mère. Green sans…
Il froisse ses paupières, complètement perdu ; la sensation lui est familière.
Le rêve d’Anja se fait trop fragile pour l’abriter et il se retrouve réveillé dans son lit à lui, loin de tout ce qu’il a pu lui dire. Fait-elle la différence entre les rêves qu’il visite et les autres, ses fantasmes à elle ? Couche-t-elle avec Redwan dans ses créations personnelles ? Il a promis de revenir ; il a peur d’avoir menti. Il se souvient brièvement avoir pensé qu’Anja était une reine, avec ou sans trône, avec ou sans couronne : avec ou sans aplomb ? Avec ou sans fierté, avec ou sans moyens, avec ou sans puissance ?
Avec ou sans folie ?
Impossible de se rendormir bien sûr, et parce qu’il chéri un seul cadeau que son père lui a offert, il va réveiller Elaïa qui pose sur lui des yeux sans âge, sans émotions, qui attend avec de décider ce qu’elle composera, visiblement. Il l’emmène nager au milieu des ténèbres sous les étoiles sans or, très blanches et sans histoire. Entraîner son power of will, n’en avoir jamais assez, connaître l’inconfort suffisamment de proche pour ne plus être étonné d’une erraflure, d’une nuit sans sommeil, avoir tout connu, contrôler tous les événements, tenir en laisse la douleur et les informations adjacentes. Il la réveille aussi par égoïsme, mais ça, il ne se le racontera pas.
Il s’allonge sur sa planche rugueuse, le coeur gros, jette un regard à sa fille puis à la lune et murmure : le reste, je te le laisse. _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
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