Je me demande à quoi elle pense. Quels souvenirs lui reviennent ? Des bons ? Des mauvais ? Je n'en sais rien, et ne pas savoir et la pire des choses qu'il soit. J'aimerai tout savoir d'elle, absolument tout. Mais je sais que son passé n'est pas mieux que le mien. Pire peut être. Mais que vous dire ? Peut être qu'un jour elle me dira. Je n'en sais rien, mais c'est pas grave. Quand elle pourra le faire, je crois qu'elle le fera. Et tant qu'on y croit alors il y a de l'espoir. C'est ce qui compte.

Je la regarde. Me voit-elle comme je la vois. Un sourire sur les lèvres, je le vois regarder dehors, par la fenêtre ouverte. Puis je la vois aller fouiller dans la valise avant de me dire :

- Ian...

Jusque là, rien de très terrifiant. Je la regarde, un brin intrigué. Je n'aime pas quand on finit pas les phrases, y'a trop de choses qui peuvent aller mon prénom. J'avoue qu'il y a beaucoup eu de 'Ian, t'es collé.' Ca, c'était la réplique préférée des profs je crois. Mais je m'en fou, j'ai dix-huit ans, je vais plus en court. Bref.

- ...Merci d'être venu ici avec moi.

Un large sourire éclaire soudainement mon visage. Et elle s'approche de moi pour m'embrasser. J'avoue que notre relation à vraiment évoluée. C'est mieux comme ça évidemment. Avant, Auty rougissait souvent, très souvent. Mais je m'en fichais, même avec ses joues écarlates c'était la plus jolie. C'est ce qui compte non ? Je passe ma main dans ses cheveux bruns.

- Le Soleil tape vraiment fort.

Je regarde le tube de crème solaire comme si c'était un OVNI. Mais mais ! Vous me voyez vraiment me badigeonner le visage avec ce truc blanc ? Déjà que je suis pas super bronzé, imaginez un peu le résultat. Je m'apprête à râler quand j'ai une idée. Toute innocente mon idée, bien évidement. Je suis pas méchant non plus. J'attrape sans rien dire le tube, et en met sur le bout de mon doigt. De l'autre main j'attire Autumn et lui en colle sur le nez.

-" Alors protège toi bien ! "

On dirait un gamin qui refuse de faire ce qu'on lui demande. Alors quand même, je m'en met un peu sur le visage. J'attraperais pas de coup de soleil, j'en suis sûr ! (pas tant que ça).
L'écureuil est perché sur une armoire. Il devrait quand même me remercier, c'est à moi qu'il doit son nom d'écureuil rebelle. C'était plutôt drôle d'en avoir un dans l'avion. Ça empêche le trajet d'être aussi chiant qu'il devrait l'être. Parce qu'à part le décollage, rien à faire, on s'ennuie ferme. Vous me direz, profitez du paysage ! Sauf que pour aller d'Ecosse en Californie, y'a l'Océan, et y'a rien de plus nul que l'Océan. Y'a de l'eau, de l'eau, et encore de l'eau. J'aurai bien aimé voir.. je sais pas moi ! Un truc bien. Une méga baleine visible d'un bateau ? Ou un pingouin volant qui arriverait d’Antarctique. Ou un poisson volant. Bon, faudrait qu'il vole sacrément haut le poisson volant en question tout même, mais un jour ça sera possible.

Je me lève à mon tour pour regarder dehors. La paysage est bien différent de ce font j'ai l'habitude. Pas de nuages gris qui annoncent la pluie à l'horizon. Des pavillons aux immeubles, vrai changement ! Il est vrai qu'il fait chaud et beau, mais ça change un peu de l'Ecosse, du coup c'est chouette. L'écureuil aussi doit avoir chaud, avec toute sa fourrure. Mais bon ça c'est son problème après tout. Bref.

-" Alors, on va où ? "

Paraît que Jack London à vécu ici. Oui, je connais Jack London, parfaitement. Je ne suis pas si inculte que vous le croyez. Il a écrit quoi ? Il a écrit.. heu.. CROC BLANC ! Héhéhé, je vous ais eu. Bon. Je suis sûr qu'on a des tas de trucs à découvrir. Je jette un regard derrière moi. Ma valise. Ah ouai, faudrait peut être mettre mes affaires dans un placard. Pfff. Je descend du moelleux matelas sans regrets, parce qu'après tout on est pas là pour dormir. J'attrape donc mes affaires. Dire que j'ai amené des pulls ! Pas besoin je pense. Pas du tout. Il fait au moins deux cent degrés de plus qu'en Ecosse. Et même, je suis sûr qu'en laissant un oeuf au soleil il cuirait. Je sais que l'expression parle de faire cuir un oeuf sur le crâne d'un chauve, mais c'est de la torture de le laisser au soleil pendant trois heures avec un oeuf dégoulinant sur le crâne. Je répète trop le mot oeuf non ? Ouais.
Au final, Autumn à raison, je devrais me recouvrir entièrement pour ne pas faire comme.. comme ce produit de poule sur ce crâne. Mais j'en ai mis un peu, ça suffit pas ? Disons que oui. J'en mettrai plus si j'y pense.
J'y penserai pas.

-" Ça te fait quoi de revenir ? "

Parce que ça me trotte depuis un moment dans la tête. C'est pas méchant, mais je ne sais pas ce qu'elle à vécut ici. Même si ça fait pas si longtemps qu'elle est venue en Ecosse, ça doit être bizarre de revenir. Et si moi je revenais à .. Ouai, bon, j'avoue être un mauvais exemple, j'ai toujours vécu en Ecosse. Alors c'est pas drôle. Si je revenais dans la maison, là où j'ai vécu trois ans ! Je ne m'en souviendrai pas. J'ai toujours crus que ces souvenirs là ne s’effaceraient jamais, mais au fil du temps, j'ai trouvé ma place ailleurs. Et ils se sont estompés jusqu'à ce que je me demande si je ne les avais pas inventés. Au fond de moi, je sais qu'y retourner les raviverait peut être assez pour que je puisse vraiment m'en souvenir, mais je ne veux pas y retourner. Elle a peut être brûlée, qui sait ? Pas moi en tout cas. Mais me rappeler du bonheur d'avant, d'avant l'assassina n'est pas une bonne chose je crois. J'ai trouvé mon bonheur ailleurs, c'est ce qui compte. Alors ce qui était avant, derrière moi doit le rester.

En revenant derrière elle, je ne peux pas m'empêcher de passer mes bras devant elle, en lui faisant un bisous dans le cou. Un sourire sur les lèvres je me dis que j'aimerai rester là toujours mais.. mais c'pas possible.
C'est chouette, l'empathie ne me manque pas (trop). Et ma magie lupine ne peut pas exprimer grand chose dans cette grande ville. Pas de forêt, pas de plaines. Les gratte-ciel et les pavillons c'est bien pour les humains. Et les écureuils.