Bastet était dans le jardin de l'orphelinat. Elle écrivait dans un petit journal, dans son dos était l'école de magie pour les orphelins. Il n'était que dix heures du matin mais la professeure n'avait aucun cours. Ceux-ci étaient entrain de se faire arranger par la directrice, et la sous-directrice. La sorcière ferma les yeux et laissa son don sortir d'elle. Ses sens félins se révélèrent et elle entendit les bruits plus forts que d'habitude. Elle soupira longuement, elle lâcha lentement son crayon qui tomba avec légèreté dans l'herbe moelleuses qui devenait sèche avec l'automne. Quelqu'un marchait, des graviers se faisaient emporter, et les bruits de pas se rapprochèrent de la sorcière qui ouvrit lentement les yeux. Les pas trahissaient un homme, les jambes écartées, il marchait lourdement, c'était typiquement un homme. Elle tourna lentement la tête, et remarqua qu'elle ne s'était pas trompée. Elle avait appris à décortiquer les pas même si des fois elle se trompait.

"Madame Ahila, il faudrait que vous surveillez un enfant. Son surveillant est malade...
-Qui ça?
-Tim Rolande..."

La sorcière noire n'était pas faite pour ce genre de chose mais elle n'en dit rien. Elle ne pouvait pas garder les enfants, elle avait certes le sens pédagogique mais pas si maternelle que cela. La preuve en était qu'elle n'avait vu son enfant qu'une fois depuis sa naissance. La brune se pencha en avant, attrapant son crayon fin entre ses doigts. Attrapant son carnet, elle se leva lentement et dépassa le jeune sorcier qui devint rouge pivoine. La sorcière de l'Ordre ne lui avait même pas accordé un regard, ce gosse avait quoi? Quinze ans peut-être, c'était juste désespérant de voir qu'elle attirait autant le regard des adolescents. Elle entra dans l'orphelinat et retira ses bottines sans talons. Bastet portait un jean bleu clair qui collait légèrement à la peau, mais bientôt, elle n'aurait plus l'âge de porter une telle chose. Il eut soudain une agitation, et cela provenait de la cuisine. La sorcière posa avant son veston sur le porte-manteau et s'approcha de la pièce pour voir que les jeunes sorciers s'amusaient à agiter les objets avec de la magie, et des dons.

Le regard marron de Bastet se posa sur eux et de suite l'agitation cessa. La nouvelle professeure pouvait être très sympathique, mais aussi très sévère aussi. Elle sortit de la pièce, et cinq secondes plus tard la folie revint dans la pièce. Bastet soupira longuement mais laissa tomber l'idée de retourner faire la croque-mitaine. Elle entra dans le salon au piano, une cheminée était vide, il ne faisait pas encore assez froid pour l'utiliser. La femme ouvrit son carnet et écrivait de sa main gauche avec une certaine agilité. Les mots s'enchaînaient avec une facilité qu'elle avait appris à connaître. Elle se doutait que le surveillant lui apporterait Tim. Enfin elle, elle avait compris cela durant l'annonce. Bastet était seule dans la pièce, ma parole, elle faisait peur! Au moins elle avait la paix. La sorcière israélienne avait laissé son don en sommeil, elle était donc légèrement à vif. Elle redressa vivement la tête en entendant du bruit. Ses sourcils se froncèrent de suite mais elle s'apaisa en voyant que ce n'était rien de mal. Juste une porte qui se faisait ouvrir, par le fameux Tim Rolande ou pas...?

Elle portait un pull léger, pour le début de l'automne, bleu foncé. Le teint pâle, elle avait les traits figés dans une certaine beauté si on aimait ce type de femme. Ses cheveux bruns lui arrivaient à mi-dos, elle devrait penser à les couper quand même! Elle le ferait dès qu'elle trouverait une minute. Ils étaient lâches, onduleux sur ses épaules, et se stoppant à la hauteur dite avant. Une nouvelle tête ici bas...

Elle n'avait pas rêvé et le piano se mit à jouer. Elle devenait dingo, rien ne l'avait effleuré et la pièce était restée à température ambiante. Etait-ce un fantôme ou...? Sortant une lame de son dos, elle la lança rapidement. La sorcière n'avait pas réfléchi à son geste, la lame avait quitté ses doigts, voila tout. Elle avait touché quelque chose car une mèche de cheveux tomba alors qu'un enfant apparut. La mèche était brune, pas une seule goutte de sang, elle ne perdait pas la main, enfin si, car d'habitude elle tuait sur le cou et là rien, aucune blessure...Bastet fronça les sourcils, un sorcier, un fantôme? Il semblait si heureux, elle se leva lentement, prudente, elle activa son don et son odorat lui apprit que c'était un vivant. Elle soupira longuement, misère elle aurait pu le tuer!

‘‘C’est moi... Tim le ninja ! ’’

Il avait dix ans, à peu près l'âge de sa propre fille et cela mit en rogne Bastet. Non mais oh! Elle n'en n'avait cure du petit ninja, elle retira ses mains des touches et ferma rapidement le clavier pour le protéger du monstre. Elle adorait la musique, mais pouvait la haïr quand on brisait l'harmonie d'un instrument si harmonieux. Attrapant son poignard qui s'était logé dans le mur devant le piano, elle cacha son arme dans sa chute de reins et agita ses cheveux couleur auburn. Elle était soudain nerveuse, elle n'aimait pas les enfants si jeunes, oh ça non!

"Arrêtes de faire du boucan Tim. Tu abimes la musique. Tu te fais désirer dit-donc.

Elle l'avait attendu, visiblement le gosse qui lui avait dit qu'elle devait surveiller ce jeune avait mis du temps à l'envoyer. Elle ne voulait même pas savoir ce qu'avait fait ce petit monstre. Elle croisa ses bras sous sa poitrine, Bastet n'était pas la surveillante rêvée avec son caractère de cochon. Elle le toisa quelques minutes et soupira. Sans un mot elle retourna sur son très cher canapé et reprit son écrit sans se préoccuper du petit monstre. Il ne risquait pas vraiment de s'envoler à la seconde même. Elle avait la porte juste dans son dos, il devrait lui passer sous le nez pour partir. Même s'il était entré sans se faire voir. Un pouvoir, un don, sûrement, probablement. Ses yeux étaient ceux d'un félin prêt à bondir. Elle se considérait limite comme maudite. Les enfants ce n'étaient pas son créneau, elle ne savait jamais quoi en faire. Elle réfléchit quelques secondes, ce petit diable n'était-il pas dans son cours d'arme? En plus de se moquer d'elle vu qu'elle l'avait déjà vu dans la cuisine.

"On t'a éjecté de la cuisine où tu faisais le ninja?"

La professeure se retint de rire, elle ne savait pas de quoi parler avec un enfant de dix ans. C'était vrai quoi! Ils n'avaient pas les mêmes rêves, envies, lui, et bah lui il jouait dans une cuisine alors qu'elle, elle se faisait des gens dans l'intimité. On voyait déjà l'énorme fossé entre eux deux. Bastet soupira longuement, elle devait cesser de se conduire comme une sauvage mais c'était limite plus fort qu'elle. Elle avait besoin de se sentir ainsi, de se sentir la plus forte et d'écraser les gens. C'était sa manière d'être qui lui avait sauvé plus d'une fois la vie et l'empêcher de tomber dans la dépression. Bastet aurait dû s'excuser envers l'enfant pour son comportement. Mais elle ne le fit tout simplement pas.

Mais si elle savait bien une chose, c'était que les enfants pardonnaient plus vite que les adultes. C'était un trait de caractère que la sorcière appréciait chez eux, et pouvait ressentir au plus profond de son être. Elle ne put s'empêcher de voir sa fille à la place de Tim, lui sourire, et lui dire que ce n'était pas grave, qu'elle était heureuse de voir sa "maman". Bastet sentit son cœur se serrer, affrontant cette illusion, affrontant Tim du regard sans s'en rendre compte. Un pantin avec des sentiments, un pantin avec des douleurs. La sorcière d'Orpheo serra le carnet entre ses doigts. Etait-ce un test? La testait-on en lui mettant un enfant sous le nez? C'était malheureusement, par la douleur qu'on apprenait bien des choses...