Bastet n'arrivait pas à dormir. Il était près de vingt-trois heures alors qu'elle dessinait des dagues dans son bureau. Elle s'essuyait quelques minutes son front pour reprendre sa peinture de dague en taille fois trois. Elle avait mis une musique américaine assez mouvementée pour la garder éveillée. Le café ne faisait plus d'effets sur son corps pour dire vrai. La professeure de Mystery Orphanage s'arrêta nette pour se redresser de tout son long. Elle portait une salopette bleu foncée, rien dessous, à part sa petite culotte. Le haut de la salopette cachait suffisamment sa maigre poitrine qui n'avait pas besoin de soutient-gorge. La femme de vingt-huit ans se retourna, prenant une pointe de gris et donna du reflet à sa dague. Les jeunes de son cours avaient intérêt à aimer cela! Elle avait limite l'impression de se casser la tête pour eux ce qui était probablement vrai même si elle préférait mourir que l'avouer. Elle avait une certaine dignité qu'elle devrait faire taire une fois, ou pas.

Car c'était cela qui la maintenait en vie après le meurtre de ses parents par des sorciers noirs et aussi le fait qu'elle avait abandonné sa fille. Même si cela, elle l'avait choisit toute seule. La sorcière s'arrêta bientôt pour contempler son tableau, elle décida soudain de sortir, elle avait besoin de prendre l'air. Attrapant des bottines à talons de trois-cinq centimètres, elle les enfila rapidement et attrapa une veste blanche d'automne. Elle glissa sur elle une dague et un poignard dans sa botte. Traitez-là de paranoïaque, mais elle avait appris à faire ce genre de réflexe pour rester en vie et éviter que des sorciers noirs la tuent. La professeure d'hébreu et d'armes blanches sortit de l'orphelinat et se retourna comme pour écouter le souffle régulier des enfants. Un sourire tendre traversa son visage, ils dormaient, ils étaient en sécurité, elle en était sûre. Mais pour combien de temps?

Elle se dirigea vers Little Angleton par une route de campagne. Elle allait bientôt devoir prendre sa décision, après tout Orpheo avait envoyé une lettre pour demander à tous sorciers de venir, et d'enquêter sur les sorciers et leurs humains noirs. Des esclaves, ce n'était que cela aux yeux de la sorcière. Quand elle arriva au village, elle fut surprise par le silence. Alors Bastet se stoppa, cette femme portant le nom d'une déesse égyptienne qui prenait la forme d'une chatte pour se représenter dans le monde des vivants. Elle laissa son don premier jaillir, elle possédait les cinq sens félins. Ironie du sort direz-vous. Ceux-ci se décuplèrent alors qu'elle regarda avec certain intérêt autour d'elle. Elle pouvait entendre dans une rue un rat courir. Elle sourit soudain à un chat qui s'était stoppé face à elle. Le félin agita ses oreilles puis bondit en avant. Bastet soupira longuement, et bientôt elle fronça les sourcils en entendant des bruits de combat. C'était proche, bien trop proche. Comme une fleur s'ouvrant, l'odeur du sang jaillit.

*Ces jeunes!*

Elle pensait cela mais ça pouvait très bien être des adultes, qu'en savait-elle au final? Il y avait bien trop d'odeurs, et cela lui fit tourner quelques secondes la tête. L'odeur du sang brouilla l'odeur de l'âge des combattants. Mais ils étaient plusieurs, sans se presser, Bastet suivit l'odeur et bientôt fut devant un square. Elle était sacrément curieuse, comme un chat quoi. C'était surtout qu'elle se doutait que c'était un combat d'humains, et donc qu'elle ne risquait pas de tomber sur des sorciers noirs. Des arbres, des rampes pour les jeunes et leurs foutus vélos. Elle vit soudain un jeune homme se faire agresser, il avait une certaine hargne et soudain cela fit sourire la sorcière.

"Hey poupée! On s'est perdu?! VENEZ VOIR LES MECS!"

Super, un de ces gorilles l'avait repéré. Elle qui se croyait faire discrète, c'était raté sur ce coup-là. Bastet arqua un sourcil quand un des cinq sauvages l'aborda. Il empestait l'alcool, et n'avait pas touché une douche depuis bien une semaine. Mal lui en prit, la sorcière lui fit une clef de fer et lui siffla avec un rage aux oreilles telle une chatte en fureur. Elle lui donna un coup de coude dans le dos pour le mettre à genoux. Mais elle n'en rajouta pas plus. Car seulement ce coup, et basique, avait suffit à le mettre à genoux. Pff, amateur! S'approchant des combattants, elle tapa dans ses mains.

"Hey les jeunes! On se calme maintenant."

Bien sûr personne ne l'écouterait. Depuis quand on écoutait une noctambule lors d'un combat? Sincèrement, pas moi en tout cas. Elle avait une voix autoritaire et elle continuait d'approcher, disposée à les calmer tous. Il n'y avait que des garçons. Bastet espérait qu'ils n'allaient pas tous se retourner contre elle. Cela l'embêterait vachement de les blesser. Elle ne comprenait pas l'intérêt de se battre, surtout quand le combat était inégal. D'accord, elle avait beau être violente, elle préférait la violence verbale. Mais un des gas lui sauta dessus et elle l'évita, trop lent. Elle avait bien vu qu'un seul sortait du lot, et c'était lui qui se faisait taper. Bastet grimpa avec agilité sur le toboggan. Son sens du toucher était très poussé, et elle se stoppa à côté de l'inconnu.

"Salut! Je crois qu'ils veulent ta peau."

Bastet fit un petit sourire amusé, les adolescents étaient si drôles pour elle. Une source de vie, une vie qu'elle ne verrait jamais chez sa fille qu'elle avait abandonné volontairement. Son regard était marron avec une pointe de vert, mais sa pupille était surtout en fente, comme celle d'une chatte. Il faisait sombre, cela lui permettait de se faire plus discrète. Car en plein jour, je puis vous jurer qu'on remarquait ce genre de regard pas humain! Aucun des cinq bourrés n'avaient fait attention à cela pour l'instant. Bastet savait bien qu'elle ne devait pas faire usage de la magie sur les humains et s'en cacher. Mais ce jeune lui disait quelque chose, évitant un coup de poing avec une facilité qui terrifia son adversaire, elle continua de détailler l'inconnu, adolescent de maximum dix-huit ans.

"On se connait?"

*Il va croire que tu le dragues génial! Bravo Bast'...*

C'était une dragueuse, soyons honnête, elle mordait à pleines dents la vie et adorait autant les femmes que les hommes. Ce qui lui donnait énormément de choix. Les adolescents étaient tellement naïfs, vous pouvez leur dire bonjour et ils tombaient amoureux de vous. Ok, ils n'étaient pas tous ainsi. Mais Bastet avait beau aimé passer des nuits torrides, elle préférait rester chez les adultes. Il y avait des choses qu'elle ne ferait jamais, oh non jamais...

Bastet ne se souvenait pas des têtes de ses élèves. De leurs notes, leurs niveaux, d'accord. Mais celui-ci...Elle continua de le toiser quelques secondes. Mais ce n'était pas de ses élèves pas mal doués? Enfin doué, elle, elle trouvait que ce mot ne devrait pas existé. Cela rendait les gens plus qu'orgueilleux, pas vrai? Mais il se débrouillait bien. Elle, elle enseignait l'art de tenir les armes blanches, les manier, et toute l'histoire autour. Lui, il savait bien s'en sortir, pour l'instant, mais elle n'apprenait pas à se battre comme il le faisait en ce moment-même. En tout cas sa technique était bien, et elle ne put s'empêcher de l'observer.

-" A, toi aussi t'avais remarqué ? Je crois qu'ils vont finir par l'avoir.
-Soit un peu plus courageux veux-tu."

La professeure gronda son élève, arquant un sourcil alors que celui-ci se jeta en bas du toboggan. Elle, tel un chat observant le spectacle, elle ne bougea pas une seule seconde sa paire de fesses. Elle le laissait se débrouiller. Il semblait assez grand garçon sur ce coup-là. Et pis, les adolescents étaient très orgueilleux hein! Penchée en avant comme si elle allait tombé, elle gardait l'équilibre et observait le combat. Soudain une présence se fit sentir dans son dos. Elle envoya un coup de coude dans l'estomac de son adversaire, l'attrapant par le poignet, elle le fit passer par dessus elle, et il dévala le toboggan bruyamment pour s'effondrer au sol et ne plus bouger. Elle soupira, ils allaient attirer les autorités avec ce vacarme, super!

-" Mmm .. Oui je suis ton élève en armes blanches. "

Elle claqua des doigts, mais bien sûr! Comment avait-il pu l'oublier? Euh...Aucune idée mais elle s'en moqua royalement. Elle l'observa protéger son vélo. C'était admirable ce genre de personne mais elle ne se battrait pas pour un vélo. La vie l'avait assez mise à genoux sans qu'elle fasse ce genre d'âneries. C'était de la naïveté qu'elle espérait que son élève perdrait. Sinon elle se chargerait de lui retirer cette foutue naïveté. Croisant ses bras sous sa poitrine, elle se pinça les lèvres en tentant de réfléchir vainement. Elle était descendue du toboggan, se fut là que les trois garçons encore debout s'approchèrent d'elle avec une lueur malsaine dans les yeux. Ils lui faisaient un remake d'un film sur le viol? Les pauvres, ils étaient sacrément mal tombés avec elle.

Bastet ne bougea pas, mais bientôt elle évita un premier coup. Se laissant tomber en arrière, ses mains se posèrent au sol, et ses jambes dans l'air frappèrent violemment un torse qui craqua violemment alors que le jeune homme se plia en deux. Elle ne sortirait pas son arme, sauf s'ils l'énervaient vraiment. La sorcière laissa éclater son don, son énergie se pompa alors qu'elle brisa le poignet du seconde. Le troisième tremblait sur ses jambes et fila en courant sans demander son reste. Bastet secoua la tête, et darda son regard son élève en tentant de deviner son nez. C'était toujours la même histoire quand on combattait des gens qui n'étaient pas de son niveau.

"Ne restons pas ici. Allons ailleurs, prends ton vélo. Allez!"

Elle lui tendit par la même occasion le poignard qu'elle avait ramassé. Elle voyait dans le noir, cela avait un certain avantage. Elle s'éloigna de quelques pas, si la police arrivait ils étaient vraiment mal. Surtout qu'elle était censée être une sage professeure. Elle pria trente secondes le ciel pour que Pandora Mystery n'apprenne jamais que Bastet était aussi une trouble-fête quand on la cherchait trop. La sorcière d'Orpheo avait enfoncé ses mains dans ses poches, elle s'assit bientôt sur un banc qui se trouvait au square. Croisant ses chevilles avec agilité, elle stoppa son don premier et elle vit normalement, tous ses cinq sens furent complètement normal. Bastet leva alors sa tête vers cet inconnu, monsieur X on allait dire. Elle avait la tête qui tournait légèrement, c'était le contre-coup de l'utilisation abusif de son don premier.

"C'est quoi ton nom? Navré je n'ai pas une très grande mémoire concernant ce sujet..."

Et elle ne le cachait même pas. Elle était du genre franche et rendre-dedans on pouvait dire. Elle fit un sourie en coin, limite dragueuse. Elle ne s'était pas encore faite un nom dans l'orphelinat mais quelques élèves mâles lui avaient fait déjà des avances. Elle les avait poliment repoussé, pour l'instant...Les jeunes pouvaient être très dragueurs. Mais elle ne devait pas être très sexy dans sa misérable salopette. Bastet tenta pourtant, elle était ainsi de nature, sans aucune limite on pouvait presque murmurer. S'appuyant contre le banc, elle dévora du regard le jeune combattant qui avait sauvé son vélo.

"C'est mal de sortir la nuit en cachette...Tu sais pourtant qu'il y a un couvre-feu, tu es au courant?"

Ouh le vilain garçon et voila la fabuleuse étiquette qu'elle lui colla sur le front, toute fière d'elle. Elle se souvint soudain de son âge, dix-sept ans. Dans un an il partirait, il serait enrôlé par Orpheo. Tous les sorciers du Mystery Orphanage finissaient ainsi, s'ils le désiraient, mais la plupart du temps ils le désiraient. D'accord, Bastet faisait du charme au jeunot et alors? On s'amuse comme on peut dans la vie, hein!

Bastet détaillait Ian qui pédalait à ses côtés. Elle gardait le silence, pour l'instant alors qu'elle avait vu le sang couler de son nez. Son dos n'était pas beau à voir mais elle gardait encore le silence sans se morfondre une seule seconde. Elle se demandait juste dans combien de temps il allait verser, curieuse de voir cela. Un brin sadique aussi. Assise sur le banc, elle observait les jeunes muscles rouler sous la peau fine de Ian Coley. Un certain charme sauvage, puceau? Difficile à dire, ses cheveux roux faisaient frémir Bastet. D'accord, les roux étaient son point faible, autant la femme rousse aux teints pâles, que l'homme roux qui dégageait quelque chose. Elle n'avait jamais compris les gens qui haïssaient les roux juste...Pour du orange quoi! C'était de la haine pour rien. Il essuya d'une façon peu élégante son nez mais Bastet avait soudain envie de le tester. Elle avait le pressentiment qu'il serait un bon sorcier d'Orpheo.

-" Oui, je sais. Mais ça m'empêche pas de sortir quand je veux. "

Bastet fit un sourire en coin, et affronta le regard du jeune qui leva ses yeux vers elle. Elle se leva lentement, ses bottines claquant sur le sol, elle se mit devant le vélo qu'elle bloqua. Elle le voyait bien la détailler, elle voyait toujours ses élèves la détailler dans les couloirs. Même si aux cours, elle était rivée sur ses armes plutôt qu'autre chose. Posant sa main sur la joue de l'élève, elle se disait bien qu'elle craquerait un jour ou l'autre et qu'elle toucherait un élève. Elle essuya le nez d'Ian qui coulait encore. Il avait quelque chose de mignon, de craquant. Se penchant en avant, elle effleura ses lèvres doucement, puis les écrasa avec la violence d'une femme ayant bien goûté plusieurs corps. Elle força la barrière de dents, titillant cette jeune langue, elle voulait le pousser à bout. Ses mains glissèrent sur les épaules encore jeunes de Ian, se collant au vélo en gémissant à travers le baiser qu'elle coupa lentement.

"T'es blessé Ian."

Elle avait parlé avec un naturel fin alors que son corps grondait sourdement de désir. Un feu sans nom avait pris naissance dans son bas-ventre, et brûlait son corps en entier. Soumettant ses bras et ses jambes à ses envies les plus bestiales. Sa main avait touché le dos poisseux de sang du jeune. Elle le regarda droit dans les yeux, le contournant, elle se mit sur la gauche du jeune homme pour lui retirer son pull et dévoiler son dos, mais aussi son torse. Elle ne l'écoutait même pas, le déshabillant sans s'en rendre compte. Elle faisait quoi? Elle allait s'occuper de son dos et non pas d'autre chose vilain polisson! Bastet fit comme si elle ne voyait rien, appuyant sa poitrine légère contre le torse du jeune homme, elle caressa son dos tout en observant les marques. Du désinfectant, des bandes de soin et tout irait mieux. Il n'était pas en danger de mort non plus. Quand elle recula la tête, leurs regards se croisèrent, et elle était sûre que le jeune sorcier devait se poser des questions.

"Navré...Je suis nouvelle à Mystery Orphanage, et j'ai un passé sulfureux."

Elle n'était pas du tout navrée, elle était même très contente de son coup. Elle n'avait pas pensé une seule seconde en venant l'orphelinat qu'une femme presque mûre comme elle intéresserait les adolescents, visiblement oui. Mais elle ne voulait pas entamer une relation réelle, ce n'était pas du tout son genre avec son vécu. Passé sulfureux, combat, violence, mais aussi sexe. Ele était l'antithèse de la femme de foyer. Non, c'était une combattante de première. Bastet glissa ses mains sur le torse d'Ian. Elle jouait un jeu trop dangereux qui ressemblait à un film qu'elle avait vu. Une femme plus âgée qu'un jeune homme, une relation auto-destructrice. Ne jamais aller sur cette voie-là, ne jamais céder ainsi. Bastet activa son don, ses yeux devinrent félins, et ses mains glissèrent autour de la nuque d'Ian comme pour lui souffler qu'elle ne résisterait pas, et qu'elle ne le repousserait pas, oh non!

Bastet avait dépassé les limites. Le tressaillement de ce corps, son odeur musqué. Elle dut se faire violence pour se retenir de lui sauter dessus. Maintenant elle recrutait à la maternel?! Misère on dirait bien que oui...Elle le toisait, les lampadaires créaient des reflets roux dans des cheveux blonds. Bon Dieu il était blond et elle l'avait rêvé roux. Son nez plus ou moins droit, mais ses yeux qui avaient perdu cette innocence que nous possédons tous jusqu'à notre première fois. Oui, on peut voir cela dans un regard. Une lueur qui s'éteignait, une sureté, celle de faire parti du monde des adultes, d'en avoir goûté, senti, et ressenti assez pour savoir ce que c'est, le sexe.

-" Oh, mais voilà qui explique tout ! "

Il lui parla comme si elle était chienne. Jamais on ne lui avait parlé ainsi, non mais les adolescents je vous jure! S'il pouvait la bouffer, et pas au sens sexuel, il le ferait probablement. Ingrat va! Et Bastet se retint de le frapper, de lui donner une baffe, elle ne fit rien. Elle laissa à la place ses pouvoirs briser l'air mais elle ne dit rien, ne fit rien. Ian avait répondu à son baiser, il n'était pas si blanc que neige. Le jeune sorcier pouvait jouer les saints, mais elle, elle n'y croyait pas. Il aurait pu la repousser, hurler au scandale. Pourquoi ne pas l'avoir pas fait au fond, hein?

"Nous avons été deux dans ce baiser Ian. Soit respectueux de tes aînés."

Elle lui parla sèchement, comme si c'était un chien, le retour de monnaie. S'il ne la respectait pas, alors elle ne le ferait pas. Autant Bastet pouvait devenir très intime, autant elle se donnerait plaisir à rappeler les règles. Hors les règles étaient simples et nettes comme de l'eau de roche. Il devait la respecter, quoi que cela en coûte. Elle, elle ne les avait pas respecté d'une certaine manière. Elle lui avait volé un baiser, avait désiré son corps et désirait toujours son corps. Mais bon, vu comme il piquait la mouche, elle pouvait toujours rêvé pour conclure sa soirée de manière torride. Bastet serrait contre elle le pull d'Ian, le laissant se rebeller comme il le voulait. Elle n'avait pas peur d'un foutu ado au fond.

-" Et ca vous prend souvent se genre de choses ? "

Bastet éclata d'un rire glacial, pauvre fou! Penchant la tête sur le côté, elle le laissa s'échapper, lui échapper. Il se balançait, oh pitié! Elle ne l'avait pas violé non plus, elle l'avait juste embrassé mais il sentait le désir. La désirait-il? La sorcière attendait un signe, mais il semblait redouter un contact comme s'il avait peur de lui-même et de ses hormones. Bastet s'approcha vivement de lui, et stoppant son vélo d'un mouvement de pied, elle lui jeta son pull à la figure. Elle pouvait être très violente si on l'emmerdait trop, beaucoup trop même.

"Ca te prends souvent de répondre aux baisers de tes professeurs et de les mater Ian? Je ne t'ai pas violé, tu as voulu ce que je t'ai fait. Et tu as aimé visiblement. Tu n'as pas confiance en toi, en ton corps, pourquoi reculer alors? Tu crois que tu craquerais, et tu vois, tu peux nier, mais je suis sûre de ce que j'affirme."

Il ne s'en sortirait pas au paradis celui-là! Il rêvait haut la main même. Bastet lui avait craché tout cela à la tronche pour mettre les points sur les i. Elle n'était pas adulte et professeure pour des prunes. Elle savait très bien écraser ses élèves, et elle tenta d'écraser Ian. Non, elle n'avait pas peur qu'il la dénonce à Pandora Mystery. Elle n'avait pas peur du chantage, mais haïssait cela, à bon entendeur...Se redressant de tout son long, elle croisa ses bras sous sa poitrine, arquant un sourcil de défi. Il avait répondu, et ne sortez pas cette théorie loufoque de refuser un baiser. On pouvait bloquer les dents, résister, se montrer plus déterminé, et Ian avait complètement fondu. La professeur d'armes blanches fit un sourire mesquin et tourna les talons.

"Allez, on rendre Don Juan. C'est ta punition pour avoir dépassé le couvre-feu. Je t'y prends encore, je te coince sous la douche!"

Pour le violer? Non, mais elle pouvait être très menaçante. Elle en avait pas mal bavé et le montrait encore de temps en temps. Elle avait affronté des sorciers noirs, avait failli mourir. Ses parents étaient morts pour lui sauver la vie. Elle avait eu une adolescence de chienne, avait eu une enfant à dix-huit ans qu'elle avait abandonné et qu'elle refusait d'élever. Une enfant qui allait fêter bientôt dix ans. Alors oui, elle avait mauvais caractère, très même. La vie l'avait ainsi forgé, sans vraiment lui demander son avis...

Immature, voila ce que se dit Bastet. Pourtant elle n'avait envie que d'une chose. Recommencer, sentir son corps jeune contre le sien moins. Sentir cet adolescent en elle, STOP! Vraiment pas bien dans sa tête. Mais il était vraiment à croquer pour dire vrai. Mentir ne servait à rien, et elle ne mentait jamais sur la beauté. Que la beauté soit moche, ou belle. Des papillons volaient dans son bas-ventre, la menaçant de la faire flancher. Elle attendait une ouverture, il en laisserait une, forcément, tôt ou tard, elle l'attendait au contour. C'était une combattante de première, autant littéralement que dans le sexe. Quand elle voulait quelque chose, elle était vraiment déterminée...Même si elle devait se faire violenter, ou essuyer un échec pour comprendre sa défaite.

-" Non, ça ne me prend pas souvent. Quelques fois quand on me saute dessus. Mais vous croyez quoi ? Que je reste insensible à tout ? Bah non. Excusez-moi. Bien sûr que je pense craquer. Et alors ? Et bien je réagis. Je recule. "

Bastet se retourna pour le regarder alors qu'il enfila à nouveau son pull. Elle avait envie de lui faire retirer mais se retint. Ses jeunes muscles roulaient sous le tissu légèrement poisseux de sang. Elle plissa le nez, c'était vraiment dur à se concentrer avec un tel Apollon sincèrement, n'avait-on pas pitié d'elle? Visiblement pas, tant pis pour sa pomme. Vraiment une mauvaise idée de jouer à ce jeu. Alors elle se retint, de force même. La sorcière grogna, se remettant en marche alors qu'Ian pédalait à ses côtés. Elle lui jetait de temps en temps des coups d'œil. Il était véritablement craquant, et elle, elle avait un sacré souci d'hormones oui! Mais qu'est-ce qui la retenait de violer cette bouche? Elle sentit ses muscles se tendre, prête à bondir, prêt à agir au fond.

-" Et il est quand le couvre feu ? Ouais parce que si il est avant minuit, faut pas compter sur moi pour le respecter. "

Il lui tapait franchement sur le système, et faisant volte-face, elle bloqua pour la seconde fois le vélo. De la poussière s'éleva alors qu'elle embrassa Ian pour la seconde fois. Elle ne s'était pas retenue, la rage transformée en désir, elle laissa les papillons s'envoler alors qu'elle continuait le baiser qu'elle tentait d'imposer comme torride pour réveiller l'adolescent qu'était son élève. Elle contourna le vélo, ne lâchant pas ses lèvres. Bastet grimpa sur le vélo, sentant une barre froide entre ses doigts alors qu'elle se posa sur les genoux d'Ian. Ils allaient se casser la gueuler, sérieusement. Ses pieds frôlaient le sol alors qu'elle posa ses mains autour de la nuque du jeune. Approfondissant le baiser, elle voulait littéralement le chauffer, d'accord ce n'était pas une sainte, pas du tout même. Coupant le baiser, elle resta contre lui, son torse dur contre sa petite poitrine.

"Tais-toi, tu parles pour rien dire. Vas-y Don Juan, repousses-moi. Je vois bien ton regard glisser sur moi. Ca te démange, ou peut-être pas..."

Elle descendit lentement ses mains, effleurant son torse d'un ongle court et coupé, elle empoigna sauvagement sa ceinture, les jeunes, ils mettaient des ceintures pour rien tenir. Ce pantalon glissait, dévoilant un boxer. Elle laissa leurs corps se cogner violemment, sa main faisant une mince barrière. Provocante jusqu'au bout, elle savait très bien ce qu'elle ne devait pas toucher, et pourtant se cassait la tête à continuer. Que perdait-elle? Rien, alors, autant jouer sa chance qu'elle possédait de temps en temps. Bastet effleura les lèvres d'Ian comme une douce caresse, laissant leurs souffles s'entremêler. Peut-être qu'elle venait de découvrir un goût certain pour la jeune chair...

"Alors beau parleur, toujours aussi fâché? Je dois te ramener à l'orphelinat, entier de préférence."

Elle ne voulait pas le ramener, elle voulait passer sa fin de soirée contre lui, sentir son corps exploser de plaisir. Elle avait une chance sur deux de s'essuyer un râteau, et pas qu'un peu même. Bastet laissa son regard marron entouré de vert briller de malice. Elle savait que ce qu'elle faisait était mal, elle le savait pertinemment. Mais déjà quand elle avait l'âge d'Ian elle avait couché avec un homme quand elle avait fait l'armée. Résultat, elle avait eu un enfant de cette union passionnelle, fusionnelle et oh combien destructrice. On pouvait aisément se dire que Bastet n'apprendrait jamais de ses erreurs. Peut-être bien, quand on la voyait ainsi, on voyait une femme immature, alors qu'elle avait vingt-huit ans. Dire qu'on la considérait comme mûre, à l'aube de ses trente ans.

Bastet sentait bien qu'on ne répondait pas à son baiser et cela la foutait en rogne mais enfin bon. Elle venait de comprendre, autant ne plus insister, le jeune sorcier semblait avoir plus que sa dose nécessaire. Elle coupa bientôt, Ian se chargea de remettre sa ceinture. Amusant la sorcière qui se retint de rire. Ce n'était pas comme si elle comptait le violer non plus! Trop fière pour ce genre de chose. Elle adorait enquiquiner, bien évidemment. C'était presque un don dans son cas. Bastet resta silencieuse encore quelques secondes, ne sachant quoi dire, à part titiller ce pauvre jeune qui semblait vouloir lui faire la tête au carré. Peut-être qu'il y avait de quoi, peut-être pas. Elle fit un sourire en coin, tentant de voir jusqu'où elle pourrait bien le pousser. Mais elle ne tirait rien de cette tête de mule, elle le comprit en l'entendant parler.

-" Pas faché. En cet instant je dois avouer qu'on ne peut pas l'être.... ... On arrête de jouer. C'est bon là. "

Elle hocha la tête, elle était bonne joueuse. Elle avait tenté, cela ne semblait pas plaire à Ian plus que cela. Alors elle descendit du vélo sans émettre plus d'opposition. Quoi qu'il semblât la pousser en bas mais elle le laissa faire. Il devait être en état de choc, ou furieux, qu'importe, elle le laisserait tranquille, pour ce soir. Il la regarda avec un drôle de regard et Bastet lui ébouriffa les cheveux comme on le fait avec un gamin pas sage du tout. Difficile à croire que quelques minutes auparavant ils s'étaient embrassés. Elle lui fit un petit clin d'œil, et s'éloigna sagement.

"Allez, on rentre cette fois-ci, et pour de bon!"

Bastet se retint de rire, comme si elle avait entendu la blague du siècle. Elle ne semblait pas prête à s'enfuir en courant, ou même de hurler au Diable. Ni même insulter Ian, il ne voulait pas l'embrasser, ni aller plus loin, alors autant ne pas en faire un scandale. Elle était excellente joueuse, lors des rares fois mais cela arrivait de temps en temps. Bastet accorda un regard à Ian alors qu'ils quittaient Little Angleton pour se diriger vers le Mystery Orphanage. La nuit se referma sur la sorcière qui activa ses dons félins, c'était un automatisme terrifiant. Ainsi elle pouvait voir dans le noir, et se sentait moins vulnérable, un moyen comme un autre de voir les choses. Elle tint la porte pour qu'Ian entre le premier, le surveillant du soir du Mystery ne dit rien en voyant la professeure débarquer avec un élève.

"Bonne nuit Ian, on se verra aux cours."

La jeune femme avait sa chambre au second, alors que les chambres des adolescents de l'âge d'Ian étaient au troisième. Un moyen comme un autre de ne pas l'avoir dans les pattes plus que cela. Elle monta sans demander son reste, et quand la sorcière posa sa tête sur son oreiller, elle ferma sagement les yeux. Mais même dans les rêves elle n'était pas sage, mais chut, ceci est un secret!

[Terminé]