Elle s'était évanouie dans les bras d'un homme qui menaçait de la tuer toutes les deux phrases. Peut être qu'elle avait des tendances suicidaires dont elle ignorait tout? Toujours est-il qu'elle ne se réveillait pas, enfoncée dans l'inconscience. C'était un mécanisme d'auto défense, elle était accablée alors à la manière d'un ordinateur qui redémarre quand ça ne va pas, elle s'était "mise en veille". Juste le temps de faire le tri dans ce quelle pensait. Et peut être de songer à comment se tirer de là.
Ce qu'elle pensait... Elle n'en savait fichtrement rien. David l'avait dans ses filets, et elle ne cherchait pas spécialement à s'en déloger bien qu'elle savait qu'il jouait avec elle plus qu'autre chose. Elle avait choisi d'entrer dans son jeu, mais se débrouillait bien mal. Elle savait bien qu'elle n'arriverait probablement pas à devenir "amie" avec le sorcier, alors pourquoi continuer? Elle ne savait pas. Ou avait peur de le savoir au choix. Du coup, elle ferma son esprit à tout ça et décida de continuer à jouer le jeu, pour voir où cela la mènerait. Après tout, si l'homme voulait vraiment la voir morte, elle ne serait pas en train de réfléchir tranquillement dans son inconscience. Pas vrai?
Elle était curieuse de savoir où elle se réveillerait, mais n'était pas décidée à le faire. Elle avait besoin de récupérer, et arrêta de penser.
Elle ne revint légèrement à elle que lorsqu'elle sentit qu'on lui tapotait la joue.
Combien de temps s'était-il écoulé?

- Debout, allez!

Encore dans la brume, elle ne comprit pas ce qu'on lui disait. Elle essayait de sortir de son inconscience et luttait avec elle même. Elle senti un souffle chaud sur son visage et des lèvres effleurèrent les siennes. Il était vraiment temps pour elle de se réveiller, sinon elle allait se faire bouffer. Au sens figuré bien sur. Ou peut être au sens propre. Après tout son tortionnaire avait une lionne. Si le tortionnaire était bien David bien sur. Mais qui d'autre agirait ainsi?
Au fur et à mesure qu'elle revenait à elle, les yeux toujours fermés, elle prenait conscience de son entourage. Et du fait que ses poignets n'étaient pas du tout dans une position naturelle. Au dessus de tête et attachés. Quoi, il avait peur qu'elle s'enfuie? Alors même qu'elle ne l'avait pas fait en plein air quand elle en avait la possibilité. Il était temps d'ouvrir les yeux et de tirer les choses au clair. Alors elle ouvrit lentement ses yeux. David occupait tout son champ de vision et avait l'air plutôt satisfait. Il lui fallu deux secondes de plus pour enregistrer qu'il était penché sur elle. Elle eu un rougissement incontrôlé devant la situation. Elle rougissait autant de leur position que du fait qu'elle se soit évanouie et que l'homme ait dû la porter jusque... Jusqu'où d'ailleurs? Elle essaya de se redonner contenance par une petite pique à l'intention directe de David:

- Tu n'avais pas dit que tu n'avais pas besoin de passer par le viol pour avoir une femme dans ton lit?

Ah, elle était de nouveau en état de marche. Elle n'avait pas encore peur pour le moment, mais le sentiment n'allait pas tarder à revenir. Elle voulait s'excuser. Même si elle n'était coupable de rien au final. Elle se mordit inconsciemment la lèvre du bas et détourna le regard. Elle murmura:

- Je suis désolée de m'être évanouie.

Les excuses ne marchaient pas avec cet homme, mais elle ne pouvait pas faire grand chose d'autre dans sa situation. Elle regarda la pièce et ne reconnu rien. Puisqu'elle était en position de faiblesse et qu'il pouvait faire ce qu'il lui chantait d'elle, elle décida que lui poser des questions n'aurait aucune incidence sur la situation.

- Où est-on?

Elle reporta son regard sur lui à la fin de la question.

- Tu ne me cherches pas. Parce que je risquerai bien d'exaucer ton vœu si c'est ce que tu désires.

Non merci je passe mon tour..., pensa-t-elle. Elle aimerait bien qu'il la détache par contre. La position n'était pas très confortable et elle commençait à sentir ses poignets s'engourdir. David s'était levé pour se diriger vers la fenêtre. Qu'avait-elle fait cette fois? Non, ce n'était pas le moment d'analyser ses actions. De toute façon, c'était bien là quelque chose d'inutile. David était tout à fait capable de réagir différemment face à deux situations identiques.

- Ce n'est pas moi qui suis attaché dans le lit d'un inconnu. Si tu as faim, soif, besoin d'aller aux toilettes ou te doucher, fais-moi signe. J'évaluerai ta requête avec plaisir.

Après s'être évanouie, elle se sentait juste fatiguée. mais elle était déjà sur un lit, donc elle pouvait dormir si ça lui chantait. Bien que le sorcier ne la laisserait surement pas en paix. Et puis, si elle était attachée, la faute à qui hein? Ce type était quand même royalement tordu. La jeune femme l'observa en silence se déplacer jusqu'au lit. Elle réfléchissait à son prochain mouvement. Elle était coincée sur un lit, attachée et plus ou moins fatiguée. Mais à part ça, la situation était très distrayante.

- Dans Little Angleton, ma chambre d'hôtel si tu veux.

A traduire par "dans l'Auberge de Little Angleton". Elle se demanda comment il avait fait pour entrer dans sa chambre avec une femme évanouie dans les bras et une lionne à ses côtés. Mais elle se reteint de poser la question. Il n'y aurait surement pas répondu de toute façon. David se pencha sur elle. Il aimait s'approcher comme ça hein? Et il attendait que ce soit elle qui vienne faire le premier pas pour ensuite utiliser ce prétexte pour se venger et se comporter comme un sauvage. Namyon se doutait que ce n'était pas une explication valable à son comportement, mais elle s'en contenta. Analyser David était une activité à plein temps, et son travail était régulièrement démolit par le sujet étudié.

- Nous étions donc au moment où tu essayais de...T'enfuir? Enfin je ne sais pas ce que tu tentais de faire. Parce que je t'avais embrassé.

Il tira légèrement sur ses liens. Tiens oui ses liens. Elle voudrait bien qu'on l'en détache. Encore une fois, la seule chose qu'elle pouvait faire était se servir de sa bouche. Ou de ses pieds qui n'étaient pas attachés. Mais lui envoyer un coup alors qu'elle ne pouvait pas s'enfuir était totalement stupide. Et puis, l'homme ne l'avait pas frappé une seule fois. Il s'était comporté comme un rustre, mais ne l'avait pas frappée, elle devait lui reconnaitre ça au moins. Une idée germa dans son esprit. David ne donnait rien sans recevoir, elle avait retenu ça de leur rencontre au lac. Alors si elle lui donnait quelque chose et lui demandait gentiment, allait-il la détacher? Il n'y avait qu'à essayer. Mais d'abord, elle décida de répondre à sa pique précédente:

- Je n'essayais pas de m'enfuir tout à l'heure. Je te l'ai dit, je n'ai aucune intention de fuir. De toute façon, tu me retrouverais...

L'homme était à côté d'elle, et leurs têtes côte à côte. C'était le moment de mettre à exécution son idée. Elle tira très légèrement sur ses liens pour se redresser et atteindre la bouche de David sur laquelle elle déposa un baiser.

- Tu peux me détacher s'il te plait? Je t'ai donné quelque chose en échange.

Ce serait puéril de ne pas la détacher, mais c'était David. Elle commençait pourtant à vraiment avoir mal aux poignets.

Il la redressa, et elle retint une grimace de douleur. Elle n'était pas contorsionniste enfin!

- Ton prix était trop faible. Je vais te montrer mon prix.

Bon au moins, elle avait vu juste sur sa manière de procéder. Mais si il continuait à réclamer toujours plus, elle n'aurait rapidement plus rien à lui donner. Il l'embrassa comme au lac, en plus gentil. Ah, il commençait à fatiguer. Namyon ne voyait pas d'autre explication à ce relâchement. Pas que ça la dérangeait. Au contraire, elle apprécia de lui donner ce qu'il voulait cette fois-ci. Elle senti les liens se défaire et elle pu enfin ramener ses bras dans une position normale. David ne serait pas un dangereux sorcier instable, elle aurait été contente de sa situation. Mais voilà, la réalité n'était pas rose, et elle était toujours coincée dans une pièce avec un lion et un psychopathe. D'ailleurs, ledit psychopathe avait changé de point de vue sur elle. Maintenant il ne voulait plus la tuer, seulement en abuser. Et peut être la tuer après réflexion faite.

- Tu vois, ce n'est pas la mort. Arrêtes de jouer les saintes sinon je vais me charger de te réchauffer. Et je ne risque pas d'être doux.

Elle aurait bien dit qu'elle n'avait pas froid, mais ce serait comme lui dire de venir se servir. L'homme lui tapota la joue avant de descendre du lit pour aller fermer la porte à clé. Elle se retint de soupirer. Ne la croyait-il pas quand elle disait ne pas vouloir s'enfuir? Et puis... Rien ne lui disait qu'elle n'était pas capable de se téléporter.
Ok, elle en était incapable, mais il ne le savait pas.
La lionne vint se coucher aux pieds du lit, et la fixa d'une façon menaçante. La peur revenait lentement mais surement chez Namyon.
Elle se sentait légèrement oppressée dans cette chambre et continuait à fatiguer. Mais cette fois, pas question de s'évanouir. Elle allait être plus prudente que ça.

- Bon, tu comptes faire quoi? Un conseil, ne te jettes pas par la fenêtre, ça risque d'être désagréable. Ou tu peux me donner à nouveau ton prix. J'accepterai volontiers, j'ai le droit à un petit plus?

Je vole mon grand, je vole. Je peux me jeter d'où je veux, songea-t-elle distraitement. Les intentions du sorcier étaient limpides. David en voulait trop et trop vite. Elle n'était pas prude comme il semblait le penser, mais n'avait pas non plus envie de se jeter dans les bras d'un inconnu. Même si elle était plus ou moins en train de le faire. Et puis, elle pouvait s'amuser un tout petit peu elle aussi. En ne lui donnant pas ce qu'il voulait par exemple. Elle se cala contre la tête du lit et ramena ses jambes devant elle avant de regarder David.

- Je suis enfermée ici jusqu'à ce que je paie suffisamment.

C'est une simple constatation. Le jeu continuait après tout. David avait bougé ses pions, c'était à elle de jouer.

- Si je te donnais trop tout de suite, le jeu perdrait de son intérêt non?

Elle laissa planer sa phrase. A bien y réfléchir, ce n'était pas une remarque si bête que ça. Elle espérait vraiment que David ne mettrait pas ses menaces à exécution. Elle décida de jouer une carte de plus. Elle se leva du lit, prenant soin de ne pas marcher sur la lionne et alla devant l'homme. Elle était plus un peu plus petite que lui, alors elle passa une main derrière sa tête pour qu'il la penche et l'embrassa comme il l'avait fait à deux reprises, mais avec douceur. Ça ne lui ferait pas de mal d'apprendre comment se comporter avec un femme après tout. Elle mit fin au baiser en se reculant légèrement et dit:

- On peut s'arranger? Négocier une baisse de tarif peut être.

Elle retira sa main et recula encore un peu pour laisser de l'espace au sorcier. La balle était dans son camp, à lui de jouer.

David lui attrapa le poignet et elle eut soudainement un doute. Avait-elle mal agit? Non, elle avait suivit le jeu et n'avait rien fait de mal alors elle n'avait pas à craindre pour sa vie. Pas plus que depuis qu'elle était en présence du sorcier tout du moins.

- On peut, ce n'est pas comme si j'étais à cran. Tu vas me faire le plaisir de t'assoir. Je n'aime pas qu'on déambule sous mon nez en se pavanant.

Elle se retint de lui dire qu'elle n'avait pas déambulé, et certainement pas en se pavanant, et alla s'assoir. Après tout, ça ne lui coûtait rien d'obéir à un ordre comme celui là. David commença à marcher dans la chambre. Il semblait préoccupé. Ne venait-il pas de dire qu'il n'était pas à cran?

- Je vais te poser une question, et tu as intérêt à répondre. Es-tu membre de l'Ordre d'Orpheo?

Elle afficha une mine honnêtement surprise alors que le sorcier s'arrêtait de bouger. Qu'est ce que... Comment... Mais... Pourquoi pensait-il cela soudainement? Pour le coup, elle en oublia carrément qu'elle était exorciste et fut juste sidérée. Sidérée de voir à quel point cet homme changeait d'humeur du tout au tout sans raison logique. Mais la réalité la rattrapa. Cacher son statut d'exorciste à tout prit. Mais comment? Elle ne laissa pas l'incertitude l'envahir. Elle devait agir vite et avec naturel si elle ne voulait pas se faire prendre. Aussi, elle décida de raconter quelque chose de vrai:

- Non. Je ne te cache pas qu'on m'a proposé de suivre une formation d'exorciste et de rejoindre l'ordre, mais j'ai refusé. Je ne veux pas avoir affaire avec Orpheo.

C'était vrai... Il y a quelques années. Plus maintenant, mais ça, il n'avait pas à le savoir. Elle décida de pousser sa chance, maintenant que l'homme semblait l'esprit ailleurs. Une fois de plus elle se leva, faisant fit du fait que David veuille la voir assise. Il doutait d'elle et ça se voyait. Elle ne savait pas vraiment comment gagner un minimum de confiance, mais elle pouvait toujours gagner sa clé de sortie et peut être endormir un minimum sa méfiance. Pourquoi se méfiait-il d'ailleurs?
Elle avança vers l'homme et posa doucement une main sur son torse. Elle sentait son cœur battre sous sa paume, et pendant un instant elle se dit que finalement, ils n'étaient pas différents l'un de l'autre. Tous les deux perdus, bien que l'homme ne l'admettrait jamais.
Sans un mot elle l'embrassa une fois de plus en se mettant sur la pointe des pieds. Elle initiait bien trop le contact et cela devenait dangereux. Mais... Elle n'était plus à un danger près de toute façon. Elle ne rêvait plus que d'une chose. Rentrer chez elle et dormir. Elle espérait apaiser l'homme avec sa douceur. Et comme depuis le début, c'était le hasard. Marcherait, marcherait pas? Aucune idée. Elle ne pensait pas le calmer complètement, mais au moins tirer son épingle du jeu pour la journée.
Elle se décolla de David et retourna s'assoir avant qu'il ne puisse lui dire de le faire.

- Tu vois, je ne m'enfuis pas, dit-elle doucement.

Elle ne pouvait pas s'enfuir. Elle n'en avait plus envie.

David éclata de rire, et les objets de la pièce se mirent à bouger. Namyon tressailli légèrement. Toujours, toujours devoir garder en tête qu'elle était la proie et lui le chasseur. Qu'il pouvait la tuer sur un coup de tête, comme la laisser partir, et qu'elle n'aurait probablement pas son mot à dire. Il s'approcha du lit pour s'assoir dessus, la fixant de ses yeux verts.

- Quel genre de femme ne fuirait pas face à un étranger? Dit-moi Namyon...A quoi joues-tu?

Il posa sa main sur sa joue et l'attira de nouveau à lui pour l'embrasser.
Elle ne savait pas pourquoi elle était toujours là. Enfin si, elle était toujours là car elle ne pouvait pas partir, mais avant, au lac, elle aurait pu. Fuir, oublier et reprendre sa vie. Mais non, il avait fallu qu'elle se croit forte, capable de se maîtriser et sûre de ses capacités. Elle avait trouvé plus fort. Et en plus de la force physique, il avait une emprise sur elle, une emprise dont elle était incapable de se défaire. Un lien invisible, qui n'avait fait que se renforcer au court des dernières heures. Comment? Comment en si peu de temps pouvait-on tomber sous le joug de quelqu'un et ne pas vouloir en échapper? Elle était confuse, se demandant où elle avait flanché ainsi et quand la situation avait-elle pu basculer. Des questions, mais pas de réponses. Et elle doutait que David puisse l'éclairer. Lorsqu'il recula, les objets tremblaient toujours. Il allait finir par casser quelque chose, et peut être même attirer l'attention sur eux.

- Tu vois Namyon, je pourrais te briser le cou d'un instant à l'autre. Et je préfère te rouler un pantin voir coucher avec toi. Les femmes, vous êtes malignes quand vous voulez quelque chose.

Etait-ce vraiment une question de genre? Parce qu'elle était une femme elle s'était retrouvée dans cette situation? Il était clair que David lui était en train de légèrement s'adoucir car elle était une femme. Mais au début, au tout début de leur rencontre près de ce lac? Ça n'avait peut être pas tant joué que ça.

- Je joue au même jeu que toi, selon tes règles. Dis moi, quel est ce jeu?

Il posait une question dont il avait la réponse au final. Il avait engagé le jeu, elle avait suivit et depuis, il menait la danse. L'agitation de la pièce semblait perturber la lionne qui marchait devant le lit. Peut être que la jeune femme devait calmer David avant de s'interroger encore plus.

- Contrôles ton pouvoir. Si tu casses tout dans la pièce, ça fera un sacré bruit.

Elle ne cherchait pas à le réprimander, simplement à l'avertir. Et par là même à le calmer.
Namyon était de plus en plus fatiguée, et la proximité de David n'arrangeait pas les choses. Il dégageait de la chaleur, et elle aurait tout à fait pu utiliser son épaule comme oreiller là maintenant tout de suite. Mais elle se retint. Comme il l'avait souligné plusieurs fois, le sorcier ne faisait pas dans la dentelle. Tout ce qu'elle réussirait à avoir serait un coup accompagné d'une réplique acerbe.

- Tu pourrais me tuer d'une centaine de façons de différentes dans l'instant. Je le sais. Et pourtant, je suis toujours là, et je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas ce que je veux, et je n'ai pas essayé de t'avoir par je ne sais quel procédé.

Finalement, elle en avait assez de garder ses questions pour elle. Alors elle les posait. Indirectement, mais elle les posait. Pourquoi était-elle là? Que voulait-elle? La fin de sa phrase était là pour rassurer et calmer David une fois de plus. C'est vrai, elle l'avait embrassé plusieurs fois pour le calmer et le rassurer. Mais à chaque fois, la décision finale lui appartenait. Et ce n'était pas comme si elle l'avait fait par avec dégoût, bien au contraire.

David fit cesser son pouvoir. Namyon en fut étonnée. Il avait suivit son conseil, comme ça, sans une remarque sans rien dire. Mais elle su qu'elle avait pensé trop vite quand il se pencha sur elle en caressant sa joue.

- Chaque fois que tu me demandes un truc, je le note, je le fais, et tu me devras un prix Namyon.

Comme à chaque fois. A force d'accumuler, elle finirait par ne pas pouvoir rembourser. Mais, est-ce que le sorcier sous-entendait qu'il la laisserait partir sur simple demande? Peut être. Peut être qu'elle pourrait partir en demandant gentiment. Mais peut être pas.
L'homme ne fit rien de plus que rencontrer son regard et retomber en arrière sur le lit. Là encore, la jeune femme en fut étonnée. Arriverait-elle jamais à anticiper une seule de ses réactions?

- Souhaites-tu partir Namyon? Le fait que tu ne saches pas ce que tu veux trahi une grande faiblesse. Mais tu sais pourquoi tu es là. Tu le sais au fond de toi. Peut-être parce que tu veux être là?

Il avait mit le doigt sur un point important en quelques secondes, alors qu'elle se débattait avec depuis plusieurs heures. Oui, elle voulait être là, mais pourquoi? Peut être qu'il n'y avait pas de raison. Ou alors, elle apparaitrait d'elle même plus tard. Namyon abandonna sa chasse à la réponse de ce côté là, et sitôt la décision prise, elle s'en sentit soulagée. Ne pas chercher, c'était ce qu'elle cherchait qui la trouverait. Le sorcier était toujours auprès d'elle, redressé. Il semblait plus calme, mais peut être n'était-ce qu'une apparence. Il l'embrassa sur la joue, et la lionne bondit sur le lit en rugissant comme si elle avait eu un déclic après ça.
Jalouse? Ne pu s'empêcher de penser la jeune femme, bien que ce soit ridicule. Elle devrait avoir peur, trembler, peut être même sursauter à voir la lionne dans tous ses états. Mais elle n'en fit rien. Certes elle avait peur, mais elle était dans cet état depuis un bon moment maintenant, et la lionne n'avait rien ajouté. L'animal rugit dans sa direction, et elle sentit David se crisper.
Qu'est ce qu'ils pouvaient être en train de se dire actuellement? A peine arrivait-elle à calmer l'homme que son familier prenait la relève et s'énervait. Et à priori, elle avait aussi réussit à ramener David dans son camp. Namyon s'en sentit légèrement démoralisée. Elle galérait comme un dingue pendant un long moment à essayer de calmer le sorcier, et la lionne n'avait qu'à lui rugir à la figure pour que David soit automatiquement de son côté. N'y avait-il pas une injustice quelque part? En même temps, elle avait été placée d'office dans le camp faible, elle s'était faite avoir depuis le début.

- Peut être bien que oui, je veux être là.

Elle plongea son regard dans celui de la lionne. Maintenant, il lui fallait convaincre l'animal que non, elle n'essayait pas de jouer un mauvais coup en douce. Enfin, c'était quoi ce duo de parano? N'était-ce pas évident qu'elle était celle qui s'en prenait plein la tête depuis le début? Elle n'avait aucune, absolument aucune raison d'essayer de faire du mal à David et à sa lionne. Elle ne les connaissait même pas il y avait quelques heures de cela... Mais comment les convaincre tous les deux? Elle ne savait pas. Dans le flou, l'incertitude, toujours. Alors elle décida d'être franche, et de dire ce qu'elle pensait:

- Je ne sais pas ce que pense la lionne, elle détourna le regard vers David, mais je ne veux pas qu'elle me considère comme une ennemie, ni toi.

Et là, elle n'avait absolument aucune idée de la réaction qu'aurait David. Il pouvait tout envoyer voler en disant qu'elle mentait, ou bien encore éclater de rire en lui disant qu'il allait falloir faire bien mieux que ça. Ou essayer de lui faire peur, pour voir sa réaction peut être. Il pouvait aussi réagir d'une tout autre façon, mais celles-ci étaient celles auxquelles la jeune femme s'attendait. Alors avant de subir sa colère, elle continua sur sa lancée:

- Je ne sais pas comment vous convaincre. Mais pensez-y tous les deux, il y a quelques heures encore, je ne savais même pas que vous existiez, pourquoi alors chercherais-je à vous nuire? Je ne suis ici qu'en voyage... Je repartirai, dans un avenir plus ou moins proche.

Parce qu'elle n'avait évidemment aucune idée de quand elle serait amenée à repartir. Elle était ici pour Orpheo. Mais si demain on lui disait d'aller à Londres, eh bien, elle irait à Londres. Cette pensée la retint. Partir. Elle aimait voyager, mais quelque chose au fond d'elle se serrait à cette pensée.
Et dans un avenir encore plus proche, après être sortie de cette chambre -si toutefois elle en sortait-, reverrait-elle David? Quelles allaient être les conséquences de cette rencontre, de leur situation? L'homme ne semblait pas dérangé à l'idée de la laisser partir, puisqu'il en était question depuis le début. Il voulait simplement la garder pour passer le temps. Et après? Chercherait-il à la recroiser? Comment savoir sans poser la question? Parce que Namyon ne voulait pas la poser, cette question. Il lui rirait au nez. Alors elle attendrait qu'il mentionne le sujet de lui même.

- La belle affaire, mais qui te dis que je veux de toi?

Bon, elle avait raté son coup. Merci la lionne. Namyon était trop fatiguée pour penser à répliquer quoi que ce soit. Et puis, David était en train de lui offrir sa clé de sortie, et elle comptait bien la prendre. Même si elle ne savait toujours pas si elle le recroiserait, elle savait au moins où il logeait. Et... Ils n'étaient pas très éloignés l'un de l'autre.
La lionne descendit du lit, et David était redevenu... David. Enfin, le type qu'elle avait croisé au lac. Même si il avait toujours été lui même, la jeune femme avait largement préféré la partie d'avant l'intervention de la lionne dans la chambre. Mais c'était ainsi, elle s'y était plus ou moins préparé. Elle avait perdu la partie pour cette fois.

- Bah c'est mal parti dit-donc. Enfaite...T'est une utopique, et j'aime pas les utopiques Namyon. Je préfère les combattantes, pas les soumisses.

Elle ne s'était pas tellement soumise. Sinon, il aurait eu ce qu'il voulait tout à l'heure. Mais elle se retint de lui en faire la remarque, sa sortie était à ce prix. Le sorcier se dirigea vers la fenêtre qu'il ouvrit en grand. Il était temps pour elle de filer. Il se pencha par la fenêtre, probablement pour vérifier que personne ne se trouvait dans la rue. Il ne craignait surement pas pour Namyon, mais plutôt qu'on voit une femme sortir par sa fenêtre. Après tout, ça serait particulièrement louche.

- Je ne veux pas d'amie Namyon. Alors tu peux partir. Tu me fatigues à pleurnicher. Alors, vas-y sautes, on verra si tu meurs ou pas.

Elle s'indigna intérieurement. Il savait qu'elle volait, il la pensait faible à ce point? Elle allait faire quelque chose qu'elle regretterait probablement à leur prochaine rencontre, mais elle allait le faire. Sans savoir vraiment pourquoi, elle voulait montrer à David qu'il se trompait pour son compte. Et qu'être franche ne signifiait pas pleurnicher.
Elle se leva tranquillement et alla jusqu'à la fenêtre. Il lui fallait être vive si elle voulait réussir son coup. Elle jeta un œil dehors, personne dans la rue, parfait. Elle posa une main sur le rebord de la fenêtre et prit appui dessus pour envoyer ses deux pieds sur le rebord en question. Ainsi en équilibre sur ses pieds, elle se tourna vers David et attrapa son visage de ses deux mains avant de l'embrasser bien plus fort que ce qu'elle avait pu faire jusqu'à présent. Elle ne pouvait pas s'attarder jusqu'à ce que le sorcier reprenne ses esprits, et elle entendait la lionne grogner en fond, alors elle lui mordit doucement la lèvre inférieure avant de se décoller et de filer par la fenêtre ouverte. Elle espérait avoir fait de l'effet chez le sorcier après ça. Si c'était le cas, elle en entendrait parler à leur prochaine rencontre.