- Fais comme chez toi.

Cette fois, ça y est, je suis chez Takeji. Je pourrais presque pousser un cri de victoire, si j'oubliais par quel concours de circonstance j'y suis arrivée. Pas exactement celui que j'espérais, en fait.
Vous vous sentez perdu ? Normal. Mais comme c'est vous, je vais faire un petit flash back histoire que vous compreniez comment j'ai atterris. Et toute la scène qui va suivre, parce que là il vous manque quelque scène assez importante. Donc on va faire comme dans les feuilletons stupides que regardait parfois mon père avant. Enfin sûrement qu'il les regardent toujours. J'en sais rien et je m'en fiche. Vous avez compris le principe, non ? Résumé de l'épisode précédent.

Taki et moi on était donc au ruines. On était bien là-bas. Très bien même. Je vais pas m'étaler cent milles ans là dessus, mais, en gros, on s'est beaucoup rapproché l'un de l'autre. Et la température est montée en flèche malgré la neige.
On était en train de s'embrasser et plus si affinité.
Et voilà que là, il y a eu un problème. Qui s'est manifesté sous la forme d'une blessure se remettant à saigner. Celle de Takeji en fait. J'ai lâché un juron et lui, il devait être du même avis vu que juste après il a lancé à son tour à peu près le même juron.

- Ah ouais. Merde.

Voilà donc ce qu'il a dit. Moi j'avais presque envie d'en rajouter un dernier parce que "jamais deux sans trois", mais je me suis plutôt tenue au principe de "deux c'est assez, trois c'est trop". En plus que jurer c'est mal. Et puis je crois qu'aucun mot ne peut définir notre état à ce moment là. Déjà Taki devait avoir vachement mal. Lui qui avait dit que c'était rien... Ensuite, ça a carrément coupé court à tout ce qu'on faisait. Alors qu'on était super bien partis et que cette fois, on avait pas deux chevaux à raccompagné à l'écurie.

- Fallait que ça tombe maintenant... Désolé.

C'est sûr que sa blessure elle avait vraiment pas choisi le bon moment pour se rouvrir. Vous me direz, normalement les blessures n'ont pas de conscience propre et donc ne choisisse pas leur moment. Mais quand même, faut bien que je remette la faute sur quelqu'un.
Hors il est physiquement et psychologiquement impossible que j'en veuille à Taki. Donc reste la blessure. Et les escargots.

- Je crois que l'infirmier va me tuer si il voit ça...

Là, j'ai pas osé demander pourquoi l'infirmier pourrait vouloir le tuer. Sûrement que Taki n'a pas suivit ses conseils qui devaient être quelque chose comme "rester allonger en mangeant du bouillon de légume". Note, moi je préfère qu'il soit allé au ruine plutôt que de rester allonger. Mais du coup, je me suis sentie un peu coupable. Sa blessure s'est réveillée à cause de moi...

- Euh... Est-ce que ça te dérange si on rentre?

C'est à ce moment là que j'ai secoué la tête, qu'il a pris ma main et m'a embrassé et qu'on s'est téléporter en même temps. Je commence à aimer de plus en plus la téléportation. Surtout avec Takeji pour être honnête. Et c'est donc comme ça qu'on est arrivé chez lui et, qu'après qu'ont ait fini notre baiser et qu'il m'ait lâché la main il ait dit :

- Fais comme chez toi.

Et voilà. Pour ceux qui n'aurait pas trop suivit parce qu'il regardait par la fenêtre, on est revenu au point de départ. Chez Takeji. Ca ressemble beaucoup à chez moi. Avec moins de bordel, c'est vrai. Mais c'est pas de ma faute si j'ai une fâcheuse tendance à étaler mes vêtements un peu partout. Vous rajouter à ça des toiles en train de sécher ou juste en attente de trouver un coin de mur, diverse objets qui traînent par terre et ça vous donne : une explosion de couleur. Explosion de couleur, c'est en fait le synonyme de chambre de Shybaï pour les incultes.

Et maintenant que je suis chez Takeji et bien je ne compte pas en ressortir. En plus il est blessé, alors imaginez si il fait un malaise. Non, honnêtement, il vaut mieux que je reste. Je devrais même dormir ici -enfin si il est d'accord- pour m'assurer que la nuit se passe bien. C'est pas une bonne idée ça ? En attendant d'exposer mon plan à Taki, je fais remarquer à mon esprit que la blessure saigne toujours. Et qu'il serait pas mal de lui proposer mon aide pour le soigner. Je l'aide donc à ôter son manteau pour constater l'étendue des dégâts. Et ben c'est pas beau à voir. Mais j'ai vu pire. Il survivra.
Heureusement.

- Attends, je vais t'aider à soigner ça.

Je passe ma main froide sous son pull afin d'aller appuyer ma paume contre sa blessure pour empêcher trop de sang de couler. Je constate ainsi que son bandage était sérieusement en train de lâcher.

- Ca va aller ?

Je dépose un léger baiser d'encouragement sur ses lèvres et lui sourit. J'espère qu'il ne souffre pas trop.
"C'est rien" il avait dit, hein ? Et bien il va m'entendre après avec son "c'est rien". J'exigerais au moins une bonne centaine de baiser pour ce mensonge.
Mais ça, on verra après.

Vu qu'elle m'aide à retirer mon manteau, j'en déduis qu'elle compte rester. Yes!
Non je n'ai pas de pensées déplacées ce n'est pas vrai. Absolument aucune. Je suis un ange, je l'ai déjà dit que je finirai dans un monastère. Dans une autre vie.
Aucune pensée déplacée, aucune pensée déplacée, aucune pensée déplacée, Shy est chez moi, aucune pensée déplacée, on est au chaud et y'a certains meubles intéressants dans l'appartement -nan je parle pas du placard, qui va me piquer sa crise de jalousie dès qu'il pourra-, aucune pensée déplacée.

- Attends, je vais t'aider à soigner ça.

Aucune pensée déplacée. Elle passe sa main sous mon pull. Pensées déplacées, pensées déplacées. Ouh, même pire que déplacées. C'est plus la version soft de Câlinland interdit aux mineurs.
Je me mords l'intérieur de la joue de justesse pour ne rien laisser échapper. Alors là, je me demande bien combien de temps je vais tenir.
Les paris sont ouverts.

- Ca va aller ?

Non. Enfin si. Mais non. Même si c'est pas un non négatif. Ce qui est contradictoire parce qu'un non est négatif de nature. Donc au final si. Mais non.

- Oui, ça va aller. Je vais juste changer ça.

Rappelez vous qu'on a coché la case homme. Vous savez, chromosomes XY.
Les lèvres de Shy se posent sur les miennes, pendant un laps de temps bien trop court. Allez Takeji, sois raisonnable. Change tes bandages, et ensuite tu pourras songer à reprendre l'activité précédente.
Le truc, c'est que j'y songe déjà. Surement un peu trop. Hrm.
Arrête de penser à l'embrasser. Ne penses pas non plus à la plaquer contre un mur. Non, tu ne toucheras pas à ses vêtements. Tout du moins pas maintenant. Non elle ne jouera pas l'infir... Takeji!
Fallait pas t'infiltrer. Nah. Oui je parle avec moi-même, c'est pas nouveau.

- Tu veux te laver les mains? Je n'aime pas te voir avec du sang, même si c'est le mien.

Et je préfère quand même que ça soit le mien que le sien. Bref, et si on arrêtait de parler de sang, hein? Oui j'ai plein de sujets à proposer. Même si je dois éviter de parler de plus des trois quart d'entre eux.
Ok, vous vous rappelez de cesser de parler et de se mettre à agir? Appliquons le! Et finissons de virer les vêtements qu'il reste!
Mince non c'est pas ça! Raaah, mais remettez le filtre en place quoi. Allez promis, je te fais plus payer de loyer. Et j'augmente ton salaire! Non? Tu veux pas? Méchant.
Bon j'avoue que mon état y est probablement pour beaucoup dans mes pensées.
Je retire mon pull avec une grimace. Aie. Oh la tâche rouge. Bon bah lui, je crois qu'on l'a perdu. Amen. Je tenterai la réanimation à coup de machine à laver plus tard, quand même. Mais je crois qu'il faut se faire à l'idée que ce pull carnivore a fait son temps. Les meilleurs partent toujours les premiers.
Ok, j'arrête.
J'attrape la main de Shy sur ma blessure. Main forcément pleine de sang, mais vous me direz, j'en ai plein mes vaisseaux sanguin de ce sang là. Au passage, je lui vole un rapide baiser. Ah chut, pas de reproches! Vous avez vu le temps que j'ai tenu? J'ai même pensé au pull pendant plusieurs phrases.
Oui je sais que j'ai déjà fait pire.
Bref. Tout le monde vers la salle de bain. Ha, rangez vos idées perverses. De toute façon, j'y ai pensé avant vous. Et si je nous emmène tous les deux là bas, c'est pas pour ça. Même si ça ne me dérangerait pas, c'est vraiment pas pour ça. Je vous rappelle que je suis un pur et innocent futur moine. Donc croyez moi.
Ou pas.
Sauf pour cette fois. En fait, tout ce dont j'ai besoin -bandages, désinfectants, médicaments, et bientôt Shy-, sont dans ma salle de bain. Et accessoirement le lavabo. Ha, vous voyez que c'est tout à fait justifié de façon parfaitement innocente. Non mais.
Je lâche la main de Shybaï à l'entrée dans la pièce, pour aller attraper des bandages propres dans le meuble où ils sont rangés. Le pull va faire un tour dans le sac de linge sale. D'ailleurs il l'inaugure. Parce qu'il est tout neuf. Et pas encore utilisé puisque j'ai fait toute la lessive ce matin. Héhé.
Hrm.
Bandages, bandages, machin au nom imprononçable mais c'est du désinfectant, ah une boite de Doliprane. J'en prendrai après.
Euh dites... Je vais pas virer tout les bandages et m'improviser boucher chirurgien devant Shy quand même hein? Même si je me doute qu'elle a déjà dû en voir des pires -l'exorcisme, ça ne pardonne pas-, c'est pas une raison. Même si elle a parlé de m'aider à soigner ça.

- J'ai besoin de cinq minutes pour changer ça, et après je suis à toi.

Je lui souris avant de commencer à défaire les bandes qui ne tiennent plus trop en place. Ah le truc, t'auras réussi ton coup.
Crevure.

- Oui, ça va aller. Je vais juste changer ça.

Vous savez que maintenant, et ben moi je me méfie ? Parce que la dernière fois il m'a aussi dit que ça irait résultat on est là, chez lui. Que ça soit clair, le fait qu'on soit chez lui ne me dérange absolument pas. Je me dis que au moins comme ça, on aura sauté une étape. Finalement la blessure qui voulait trop nous séparer, et ben elle a vraiment foiré son coup ! Ca a fait tout le contraire de l'effet escompté. A moins qu'elle ait été payée par Blanche-Neige ? Mais bon, ça c'est quand même un peu extrémiste comme méthode. Les chevaux, va vraiment falloir qu'on ait une conversation tous ensemble. Même si je parle pas super bien le "hihan". Ah non, ça c'est le langage de l'âne.
Ouais mais bon, même chose avec des longues oreilles en moins quoi.

- Tu veux te laver les mains? Je n'aime pas te voir avec du sang, même si c'est le mien.

Moi non plus j'aime pas trop avoir du sang sur les miens et particulièrement le sien. J'aime pas voir les gens souffrir et, même si il ne l'avouera sans doute jamais, je suis sûre que ça doit quand même faire super mal. Rappelez-vous, ça saigne. Donc qui dit sang, dit douleur. Ou alors on peut aussi être mort et saigner et à ce moment là on ne ressens plus rien du tout. Mais Taki est bien vivant et il compte le rester encore un bon moment. De toute façon, il a pas le choix.

Vous savez à par ça, j'ai pas percuté tout de suite, mais quel est l'endroit où on peut se laver les mains ? La salle de bain ! Jackpot mes amis ! Et je continue mon raisonnement, qu'y a-t-il d'autre dans la salle de bain ? Plein, plein, plein de choses très intéressantes. C'est vraiment un endroit passionnant la salle de bain en fait.
Moi ? Des pensées déplacées ? Pas du tout.

Heu... revenez la phrase d'avant. Quand je disais que je n'ai aucune pensées déplacées. Supprimer cette phrase. Elle n'est à présent plus d'actualité depuis que Takeji a ôté son pull. Comme ça, genre c'est normal. Bon, en fait, ça devrait l'être étant donné que il y a pas dix milles moyens de dégager la blessure afin de pouvoir y mettre un nouveau bandage. Mais quand même. Il a fini à torse nu devant moi plus vite que prévu. Et pas du tout pour les bonnes raisons en plus. Mais même ça, ça m'empêche pas de penser des choses qui ne devraient pas se trouver dans mon cerveau. Si le Pape m'entendait... J'ai de la chance, il est pas là, ni télépathe et en fait, je ne suis pas catholique. Premier problème réglé.
J'ai toujours les même pensées en tête.

Ah, Takeji, Takeji... si tu savais à quel point tu me fais tourner la tête... Et voilà qu'il en rajoute en prenant ma main et en m'embrassant avant de m'entraîner vers la salle de bain. Je ne dois pas mal interpréter ça, je ne dois pas mal interpréter ça. Trop tard.
La salle de bain n'est pas très loin, mais tout de même pas assez proche pour laisser mon esprit être envahir d'une dizaine de pensées mal tournées. Une fois arrivée -alors que les pensées ne cessent pas pour autant-, il lâche ma main pour aller prendre tout le matériel du parfait petit infirmier dans sa pharmacie.

- J'ai besoin de cinq minutes pour changer ça, et après je suis à toi.

Je m'approche du lavabo et me lave les mains en vitesse. Après cela, je dépose un baiser sur la joue de Takeji et murmure à son attention.

- Après ça tu es à moi ? Tu devrais faire plus attention à ce que tu dis, je pourrais prendre ça au pied de la lettre...

Je souris à son reflet dans le miroir avant de me glisser hors de la salle de bain. Je doute qu'il ait besoin d'aide pour se soigner, ni qu'il ait très envie que je voie ça. J'en profite donc pour me débarrasser de mon manteau et de mon écharpe en les posant sur une chaise, puis j'observe un peu ce qui m'entoure. Même si j'ai très envie de m'approcher du lit, je me dis qu'il vaudrait peut-être mieux attendre le retour de Taki et me dirige plutôt vers son bureau sur lequel est posés un peu de paperasse. Je remarque tout de suite le portrait que je lui ai dessiné et cela me fait sourire. Ensuite je vois petit tas de photos. Muée par je ne sais quelle curiosité, je saisis le tas afin de regarder ses photos.

Il y a plusieurs photos d'un couple de japonais plus vieux que Takeji et qui lui ressemble un peu. Je pense que c'est ses parents. Ensuite, je me fascine pour la photo d'une grande ville, peut-être celle où il a grandit. Ca a l'air chouette. J'aimerais bien qu'il m'y emmène, un de ces jours. Il y a aussi une photo d'un chien et ça me fait rire. Par contre, la photo d'après me fait beaucoup moins rire. Vraiment. C'est pas drôle du tout.
C'est une jeune femme, environ mon âge, peut-être un poil plus jeune. Ca, c'est le problème. Le second, c'est qu'elle est vraiment très très belle. Elle a l'air heureuse sur cette photo où elle sourit. J'essaie de lui trouver un quelconque défaut, un petit air de méchanceté, quelque chose qui ébranle la perfection de son visage, mais rien à faire. Cette femme semble adorable et si ça se trouve, elle l'est.
Ce qui me fait la haïr encore plus.
J'ai pas par principe de haïr les gens avant de les connaître. Au contraire même. Mais là, c'est plus fort que moi... Et si c'était... de la jalousie ?
Bah en tout cas, elle, je l'aime pas.

- Après ça tu es à moi ? Tu devrais faire plus attention à ce que tu dis, je pourrais prendre ça au pied de la lettre...

Mais prends le donc au pied de la lettre, je n'attends que ça.
Sauf que je ne le dirai pas à voix haute parce qu'à nouveau, je me mords l'intérieur de la joue très fort pour ne rien laisser passer. Elles vont finir par mener une révolution, mes joues. Et là, je serai bien embêté. Déjà que ma bouche mène la sienne dans son coin tranquillement... Vous savez que je n'ai toujours pas sorti la phrase? Oui vous le savez...
Sitôt Shy partie, je reprends ma tâche, en me forçant à me concentrer dessus. Je vous jure que je ne vais pas m'en sortir. J'en suis à me demander comment je vais bien pouvoir m'arranger pour qu'elle dorme ici ce soir. Oui dormir -même si je n'exclue pas qu'elle veuille faire autre chose, bien entendu-. Surtout que je n'ai pas la super excuse de "il est tard, tu habites loin, restes donc", parce qu'elle habite genre à vingt mètres dans le couloir. Va falloir faire preuve de plus d'imagination que ça.
Je retire entièrement le bandage. Oh que c'est moche. Bref. Non je ne décris pas. Franchement, moins je regarde, mieux je me porte. Alors un coup de désinfectant. Bon sang ce que ça brûle! Ah l'horreur ces trucs. Aie, aie, aie, aie, oui je suis un homme, aie, mais ça ne m'empêche pas de me plaindre tout mon saoul mentalement, ouille. Comment vous croyez qu'on tient, hein? Re ouille. Bandages propres, bandages propres, oui je pense toujours à elle. Surtout qu'elle n'est pas loin.
J'applique avec précaution les compresses de gaze avant de recouvrir le tout d'un bandage. Hey, vous saviez que je fais trop bien les bandages? Non? Bah maintenant si. Voilà. Oui j'essaie par tous les moyens de penser à autre chose.
Fini! Je range tout, jette les anciens bandages et me lave les mains avant de les essuyer. Maintenant il faut que j'aille attraper un nouveau pull.
Si j'étais parfaitement honnête, je devrais plutôt dire que je me fiche d'avoir un haut ou non. Et que sans, c'est même mieux. Pour des raisons que je ne citerai pas. Bien entendu. Je sors de la salle de bain, et trouve Shy de dos près du bureau.
Autant vous dire que toute idée saine de remettre un quelconque haut s'est envolée.
J'arrive par derrière et l'enlace par la taille avant de déposer mes lèvres dans son cou. J'y reste une poignée de secondes juste à respirer son odeur. Ça ne me calme pas, loin de là, mais ça m'aide à me contenir. Je prends toute l'aide que je pourrai recevoir. Finalement j'aurais dû écouter la voix de la raison et remettre un haut. Sauf que la voix de la raison s'est éteinte au moment où j'ai vu Shy. Étrange, étrange.
Je me décide à jeter un œil à ce qu'elle tient. Oh, les photos sur mon bureau. Ça m'aurait fait sourire si elle n'avait pas entre les mains celle de Mieko. Je vous arrête tout de suite. Mieko, c'est une cousine que j'adore. On a grandi ensemble, et même si on ne dirait pas sur la photo, elle a quand même trois ans de moins que moi. Et donc, elle m'a donné cette photo avant que je parte, de peur que je l'oublie. Tss, comme si j'allais l'oublier. Elle ou n'importe lequel de mes amis du Japon.
Bref. Le point sensible du sujet, c'est qu'en fait Shy m'a tout l'air de bloquer dessus. J'hésite entre plusieurs interprétations. Soit elle la connait, mais comme elle n'a pas vécu au Japon -vu qu'elle ne parle pas japonais-, j'en doute, soit elle lui rappelle quelqu'un ce qui est déjà plus plausible, soit elle s'est imaginé quelque chose.
Et mine de rien, la dernière hypothèse me plait. Si elle ressent ne serait-ce qu'une pointe de jalousie, c'est pas bon signe pour moi? A condition que ce soit ça, bien sûr.

- C'est ma cousine. Elle a trois ans de moins que moi, et absolument aucun pouvoir.

Même pas au courant du Secret pour tout dire. Même si j'ai bien souvent voulu lui en parler. Pourquoi je le précise? Parce que ça fait une différence de plus entre elle et Shy. On appartient presque pas au même monde finalement, avec ma cousine.
Bref. Je me demande si ça suffira à la convaincre, même si c'est la vérité. Non mais les femmes sont parfois très difficiles à faire changer d'avis, alors même qu'on leur sert la vérité. Me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien.
Bref, excuse moi Mieko, mais le sujet le plus important là, c'est pas toi. Mais je t'adore quand même hein. Seulement y'en a une autre que j'adore encore plus. Pas du même amour d'ailleurs... Oooh stop, le train va encore prendre un mur. Et après je vais être obligé de passer le documentaire sur les crevettes, qui n'a pas encore été tourné.
J'ôte doucement le paquet de photo des mains de Shybaï avant de le poser sur le bureau, sans chercher à le remettre en place. Elle pourra recommencer à les regarder après si elle veut. Mais là, pour le moment, je me décale sur le côté et tourne son visage vers le mien avant de prendre ses lèvres pour un baiser doux. Ouah, je suis calme. Ou presque. Attendez, c'est parce que mon cerveau a très bien analysé la situation, et a décrété que pour notre bien, il valait mieux que je reste calme cinq minutes de plus.
Je romps le baiser avant de dire:

- Et puis, c'est toi la seule que j'embrasse, et à qui je fais des câlins comme ça.

Je crois que j'aurais aussi pu ajouter que c'est la seule qui emballe mon cœur comme ça. Il est très émotif celui là quand il s'y met. Genre pomper plus vite ça va servir à quelque chose alors que je ne bouge même pas.
Je l'enlace à nouveau, par devant cette fois avant de lui glisser à l'oreille:

- Pour preuve supplémentaire, et si on sortait ensemble?

Grand blanc mental. Immense. Le désert du Sahara version 37°C dans le noir. Oui ce n'est pas ce que je pensais sortir.
Ma bouche 13 moi 0. Victoire écrasante de la bouche.
J'abdique. C'est elle la plus forte. J'aurai ma revanche. Mais là, elle est pardonnée.
Et puisque j'ai l'oreille de Shy sous la bouche, j'en profite pour la lui mordiller un peu avant de la relâcher, et de reculer la tête pour attendre la réponse.
Si c'est un non qui tombe, je crois que j'aurais beaucoup de mal à m'en remettre.

Je suis toujours en train de regarder la photo de la -trop- jolie inconnue, quand je sens deux bras entouré ma taille. Ceux de Taki, bien sûr. Là, ça devrait me faire remonter le morale en flèche rien que de le savoir contre moi et de sentir ses lèvres se poser sur mon cou. Le truc c'est que toutes mes pensées sont encore et toujours bloquées sur la photo. Pourquoi, je n'en sais rien. Enfin, si, en fait je sais, mais j'ai peur de le reconnaître.
Je crois bien que...
C'est trop dur à dire. C'est même trop dur à penser en fait. Pourquoi ? Parce que ça engendrait des conséquences qui me semble trop grande tellement que j'ai peur de mes fracasser les dents dessus. Plus on vole haut, plus la chute est dure, non ? Et là ça risque de faire très mal. Mais bon, ce n'est pas en niant que ça va changer quelque chose.
Je crois que je suis jalouse. Pouvoir penser que Taki a eu cette magnifique créature qui semble tellement plus parfaite que moi entre les bras, ça me détruit un peu. Je ne doute pas qu'il ait des ex si ça se trouve bien plus belle et gentille que moi, mais ça c'est le passé et tout le monde a un passé. On brûle les photos, enferme les souvenirs, recommence tout.
Sauf que là il a encore une photo. Donc ce n'est pas le passé. Donc ce n'est pas son ex. Donc ils sont encore ensemble. Donc il en aime une autre. Donc, donc, donc... Donc je me sens un peu triste, déçue, mal.
Et j'ai l'impression d'avoir un bleu au coeur.

- C'est ma cousine. Elle a trois ans de moins que moi, et absolument aucun pouvoir.

D'un coup, c'est comme si le Monde recommençait à tourner. Mon malaise recule, ma tristesse et renflouée et mon coeur recommence à battre. J'ai très envie de le croire sur ce coup là. En tout cas sur la partie "c'est ma cousine". Le "elle a trois ans de moins que moi", j'avoue que ça paraît pas très véridique et que je suis assez sceptique. Mais bon, après tout c'est plausible.
De toute façon je n'ai aucune façon de prouver qu'il ment.
Ni qu'il dit la vérité en fait.
Mais bon, il est plus facile et moins douloureux de croire cela. Même si c'est un mensonge. Evidemment, si je venais à découvrir plus tard que s'en est un, là ça risque de faire encore plus mal. Et comme là je me suis déjà bien pété la gueule, j'imagine pas l'horreur plus tard.

Il est donc bien plus facile d'oublier tout ça et de me laisser aller contre Taki. Sauf que voilà, je suis une femme. Hors les femmes ont la caractéristique de faire des petits chichis de tout et de rien juste pour avoir une bonne raison de bouder. Et que font les hommes quand ils voient les femmes bouder ? Ils essaient de se faire pardonner. Par divers moyen dont des interdits au mineurs. J'espère honnêtement que c'est ceux là que Takeji choisira.
Donc je le croit, mais je le boude.
Il repose les photos sur le bureau, tourne mon visage face au sien et m'embrasse.
Je le boude j'ai dit. Un petit moment.

- Et puis, c'est toi la seule que j'embrasse, et à qui je fais des câlins comme ça.

Un petit moment, tout petit moment... Petit moment pendant lequel il m'enlace. Bon. D'accord, on va dire que j'arrête de le bouder là. Attention, c'est parce que je l'ai décidé, hein. C'est pas du tout parce qu'il est tellement mignon et que je suis accro à lui que je suis incapable de le bouder.
Pas du tout.
Même une girafe unijambiste avec la voix d'un canard boiteux venu tout droit de dessins animés ne me croirait pas. Parce que, oui, j'en ai déjà croisé une. Pas plus tard que hier en fait.
Mon blabla ne vous intéresse pas ? Comment ça je devrais plutôt décrire la scène plutôt que mes pensées construites sur des métaphores foireuse. Très bien. Vous allez l'avoir votre épisode des "feux de l'amour à Mystery". Donc Takeji m'enlace avant de venir glisser à mon oreille :

- Pour preuve supplémentaire, et si on sortait ensemble?

Gasp. Là c'est le vide intersidérale durant plusieurs secondes. Je suis totalement ailleurs, tellement que c'est à peine si je sens Taki en train de me mordiller l'oreille. Je ne m'y attendais pas à celle là ! Enfin, si je m'y attendais. Ca fait même pas mal de temps que je l'attends.
Mais là...
Je sais pas, il aurait fallu prévenir : "attention Shy assieds-toi, je vais te dire un truc qui va te faire tellement plaisir que ça te fera un profond choc". Quoique, même comme ça, je suis sûre que j'aurais réagis pareille.
Ou plutôt pas réagis.
Je suppose que mon moment d'absence peut-être interpréter de différentes manières et que Takeji est probablement en train de s'impatienter et peut-être même d'avoir un petit peu peur. Enfin je sais que c'est ce que je ressentirais à sa place. Malheureusement, je suis toujours incapable de parler.
Mais privée de parole ne veux pas dire privée de mouvement...

Je jette mes bras autour de son cou, ma bouche visant la sienne afin de l'embrasser avec fougue tout en me collant le plus possible contre lui. En quelque sorte, ma façon de dire oui sans mot. Sauf que ce n'est pas très précis comme méthode. Et qu'il va bien falloir que je reparle un jour.
Donc, après un long baiser -laissez moi profiter-, je recule légèrement la tête, tout en faisant bien attention de laisser mon corps coller contre le sien et je peux enfin lui répondre.

- Je pense que cette preuve pourrait me convaincre...

Vous avez remarqué ? Je n'ai toujours pas répondu clairement à sa question. J'avoue que j'aime bien le faire patienter. Mais bon, pas trop longtemps non plus, hein. Faut pas abuser des bonnes choses non plus. Sauf quand la chose en question s'appelle Takeji. Ca, je peux en abuser. C'est pour ma santé personnelle.

- Et tu sais quoi ? Je pense que je vais dire oui, oui et oui.

Parce qu'un oui tout seul ça suffit pas. Donc il en faut au moins trois. Trois oui, parce que j'ai vraiment très envie de sortir avec lui. Et j'appuie ma réponse d'un grand sourire genre "je suis la fille la plus heureuse au monde". Parce qu'au fond, c'est ce que je suis.

Ce que je pensais sortir à la place de la demande? ... Quelque chose. Vous savez qu'il y a un lit dans la pièce? Il est gentil le lit. Vraiment. Très utile aussi. En plus d'être multi-fonction. Vous n'aurez pas un mot de plus.
Et à la place de la phrase hautement innocente et pure, c'est la demande qui est sortie. Oui vous savez, celle qui aurait déjà dû sortir y'a un moment. Et sur le coup je me suis demandé pourquoi je ne l'avais pas sortie plus tôt. Mais en fait je sais. Pour éviter d'attendre des secondes horriblement longues avant d'avoir une réponse. Réponse qui peut potentiellement être négative. Sachant que si elle l'est, je me rends compte que je vais très mal m'en remettre. Pourquoi? J'en sais rien, mais je le sens. Écoutez, si vous vous mettez en haut d'un immeuble et regardez en bas, dans un coin de votre tête ça fait pas quelque chose du genre : "si je saute, je vais avoir très mal"? Sans pour autant que vous aillez essayé auparavant -j'espère pour vous-, ou que vous soyez des pros de la physique capable d'expliquer la chute. Doublés de pros du système nerveux pour expliquer la douleur.
Mince, en fait l'instinct il est quand même vachement doué. Imaginez si on devait être capable de comprendre tous ces phénomènes pour savoir qu'on doit les éviter? On ne serait pas bientôt sept milliards sur Terre.
L'absence de réaction de Shybaï est en train de m'inquiéter. Plus que je ne veux bien l'avouer, ouais. Mais elle ne s'est pas reculée avec un air horrifié sur le visage, donc j'ai encore mes chances, non? Laissez moi me rassurer tranquille, d'abord.
Elle semble revenir à elle d'un coup, pour se jeter sur moi et m'embrasser. J'aime ce genre de réponse! En plus elle est complètement collée à moi, et je ne regrette absolument pas d'avoir laissé le haut dans l'armoire. Rangez ces idées. Y'a que moi qui ait le droit de les avoir.
Je descends mes mains au creux de ses reins pour ensuite répondre avec autant de force qu'elle au baiser. Hey, ça veut dire oui alors? Si ça ce n'est pas une bonne nouvelle! Je suis soulagé, oui. Heureux aussi. Même si ça, je le suis depuis que je l'aie vu dans les ruines. Oh quoi, si le caractère guimauve de la chose vous rebute, vous pouvez toujours changer de fréquence et vous brancher sur le cerveau de quelqu'un d'autre. De toute façon, je n'ai pas besoin de spectateurs pour ce qui risque de se passer ensuite. Nah.
Shybaï finit par rompre le baiser, et je suis trop occupé à essayer de me contrôler pour râler sur le temps qui passe trop vite. Mais elle reste collée contre moi. J'apprécie l'attention même si ça fait encore chuter mon niveau de contrôle. Vous croyez qu'il est déjà passé dans le négatif? Peut être bien...

- Je pense que cette preuve pourrait me convaincre...

Tu penses seulement? J'ai bien l'intention de te convaincre entièrement. J'effleure ses lèvres en ramenant mes mains sur ses hanches dans une caresse par dessus ses vêtements. Ah, ceux là, toujours dans le chemin. Attendez, votre tour va venir. Peut être plus tôt que vous ne le croyez. Je recule la tête alors qu'elle reprend la parole:

- Et tu sais quoi ? Je pense que je vais dire oui, oui et oui.

Trois fois! Mon cœur en a marqué un arrêt. Je crois qu'il n'a pas tout à fait compris comment il est censé marcher. Mais on lui expliquera plus tard. Attention la phrase qui va suivre peut choquer les plus jeunes -prenez la porte et allez faire de la luge avec, il neige-. Je suis terriblement heureux, et complètement excité. Super mélange. Enfin, le contrôle est effectivement parti dans le négatif, mais finalement je m'en fiche de lui, si c'est pour ressentir ça.
Ah et puis: c'est officiel! NAH. Dans vos dents. Pouvez plus me menacer de quoi que ce soit à ce sujet.
Son sourire me donne envie de la croquer sur place. Euh... Croquer faire un dessin, hein. Comment ça je suis grillé, je sais pas dessiner?
... Je suis grillé, je sais pas dessiner. Et puis c'est pas vrai. Je dessine très bien les moutons. Et toc.
Reprenons.

- Je pense que je vais t'embrasser...

Et ne pas la laisser partir.
En plus, j'avais déjà commencé à lui retirer son écharpe et son manteau, je ne peux pas laisser un travail inachevé, hein? Laissez moi et mes prétextes nous épanouir en paix. Mes lèvres trouvent à nouveau les siennes pour un baiser qui, dans la continuité des précédents, s'enflamme de plus en plus avec les secondes qui passent.
Je la plaque contre le mur le plus proche avant de me recoller à elle et de lui murmurer malicieusement:

- Où est-ce qu'on en était déjà...

Bien entendu que je le sais parfaitement. Oui, comme tu dis toi au fond, c'est fou ce que ma mémoire marche bien quand elle est motivée. Voyons... Il me semble qu'il était question de lit, de contacts rapprochés, de bisous un peu plus que bisous, de vêtements en moins, de câlin tous les soirs? J'aime ce programme.

- Hmm, en train de jouer aux devinettes.

Et voilà pour votre culture, vous pourrez vous permettre de regarder bizarrement les gens qui vous proposeront de jouer aux devinettes.

- On a même le lit.

Je reprends ses lèvres en remontant mes mains doucement sous ses vêtements pour lui caresser le ventre. Hey, le pull, c'est méchant de m'avoir caché ça. Très méchant. De toute façon je pense lancer une guerre contre certains vêtements. Je commence à faire remonter l'ennemi privé numéro un. On en était à l'étape vêtements en moins. D'ailleurs on est plus à égalité avec Shy là. Ah, le pull, va falloir que tu partes t'entretenir avec le sol. Alors je continue à le remonter pour inciter Shy à l'enlever.
Je crois qu'il va y avoir une étape intermédiaire passage du mur au lit.
Si il se passe quoi que ce soit qui nous interrompt encore, je passe le documentaire sur les crevettes.

- Je pense que je vais t'embrasser...

Arrête de penser et agis. J'ai envie de sentir ses lèvres sur les miennes, sa langue contre la mienne, d'entendre son coeur battre au même rythme que le mien dans nos poitrines. Et comme si il lisait dans mes pensées -il m'arrive sérieusement parfois d'avoir quelques doutes-, il arrête de ne faire que penser et m'embrasse en me plaquant contre le mur. Je sens des frissons me parcourir le dos et je lui rends son baiser avec bonheur.

- Où est-ce qu'on en était déjà...

Je sais parfaitement où on en était. Et vu l'air de Taki, je devine que lui le sait aussi parfaitement et que sa question n'est que purement rhétorique ce qui me fait sourire.

- Hmm, en train de jouer aux devinettes.

Vous savez quoi ? Bah quand j'étais petite, j'aimais pas du tout ce jeu. Ca me rappelait les cours quand le prof te posait une question que tu ne comprenais pas et que tu disais un peu n'importe quoi en espérant tomber au bol sur la bonne réponse. Evidemment après il y en avait toujours un qui te disait "on ne joue pas aux devinettes mademoiselle". Mais quand tu sais pas quoi répondre, que faire d'autre ? Dire que tu sais pas ? Vous êtes bien gentil, mais lorsque tu sors ça à ton prof il commence à t'agresser en te disant que tu devrais savoir et blablabla et blablabla.
L'ignorance est pire que la connerie.
Ca, ça énervait beaucoup un de mes profs de maths d'ailleurs. Que l'ignorance soit encore plus haïe que d'essayer une réponse au bol. Il arrêtait pas de critiquer le système d'ailleurs ce prof. Il disait que c'était mieux ici ou là-bas. Peut-être bien. Mais bon, de toute façon moi ce prof, je ne l'aimais pas.
J'aimais aucun de mes profs en fait.
Vous remarquez que là je suis devenue prof. C'est une façon machiavélique de me venger de mon passé en faisant subir la même chose à mes élèves, héhé ! Mais non, je rigole ! Je suis pas du tout comme ça moi, toute gentille. Enfin j'essaie en tout cas. Et mes élèves sachent qu'ils peuvent toujours venir vers moi en cas de problème où comme ça. Après tous, les profs sont là pour apprendre aux autres et les aider. Pas pour les enfoncer.
Tout cette petite parenthèse pour dire qu'avant j'aimais pas les devinettes. Mais étonnement, ça a changé aujourd'hui.

Bon. Je m'éloigne du sujet là, c'est vrai. Peut-être parce que j'aurais envie d'être seule ? Cette pensée ne vous aurait-elle pas traversée l'idée une seule seconde ? Oui, là je suis en train de vous demander indirectement de partir. Et je vais d'ailleurs le faire directement histoire que vous compreniez bien. Partez !
Vous voulez pas ? Très bien. Restez alors, mais attendez-vous à vous prendre une boule de neige à votre sortie d'ici. A vous de voir si le jeu en vaut la chandelle.

Revenons à nos moutons. Ou plutôt, à Takeji vu que c'est le sujet du jour. Bon d'accord, vu que c'est le sujet de tous les jours. Et alors ? Je vous zut hein ! C'est vous qui avez choisis de rester ! Si vous aimez pas mes histoires à l'eau de rose... savez où est la sortie ?

- On a même le lit.

Je souris malicieusement, puis le laisse reprendre mes lèvres alors que je sens avec bonheur ses mains caresser doucement mon ventre. Lentement elle remonte mon pull cherchant de toute évidence à me le retirer. Je ne cherche même pas à résister, à quoi bon ? J'en ai autant envie que lui.

Je l'aide à enlever mon pull et d'un coup, je me sens beaucoup plus libre. Vous savez, le manteau est l'ennemi n°1 de l'humanité ? Et bien le pull c'est le n°2. Wanted. Si vous cherchez bien je suis sûre que vous pouvez trouver des petites affiches avec leur photo dessus et une récompense d'un petit millier de dollars... comme dans les Western. En parlant de film... on va passer directement de celui des cow-boys et des indiens à celui (presque) déconseiller aux mineurs où je laisse mes mains se balader sur le torse de Taki tout en reprenant ses lèvres. C'est tellement agréable... Et bientôt...

Non. Attendez. Stop. Je dis "et bientôt", mais je réalise que... j'avais complètement oublié un détail. Peut-être parce que ce détail quand on était encore habillés n'avait pas vraiment d'importance. Aussi parce que ce détail peut faire vachement mal et donc moins j'y pense, mieux je me porte. Peut-être parce que c'est disant assez gênant à dire et que j'avais pas forcément envie de le dire tout de suite à Takeji surtout que je ne pensais pas quand irait si loin. Mais là tout me revient en mémoire et je réalise que je peux pas vraiment cacher cela plus longtemps... Avec regret je coupe donc notre baiser pour lui annoncer tout cela. Enfin, essayer. Souvenez-vous, j'ai dis juste avant que c'était le genre de truc gênant à avouer...

- Heu... en fait, je voulais te dire...

Oh purée, ça fait vraiment chier et j'ai aucune idée de comment je pourrais annoncer ce qu'il m'arrive.

- Je crois pas qu'on puisse aller jusqu'au bout aujourd'hui.

Ca c'est dit... Reste plus qu'à sortir la raison. J'en rougis déjà de gêne rien qu'en y pensant. J'arrive pas à croire que ce truc ait pu choisir ce jour là pour se pointer. Zut et flûte.

- Parce que en fait bah... j'ai mes règles.

Je lance un petit sourire gêné en attendant la réaction de Takeji. Vous savez que je hais cette période du mois ? J'ai envie de tuer mère Nature. Et puis Eve aussi. Parce qu'à la base c'est de sa faute si Dieu a décidé que la femme enfanterait et que donc elle devrait se taper une fois toute les quatre semaines des maux de ventre et la version rouge des chutes du Niagara. Merci Eve. Tu viens de gâcher ma journée.

A plus de pull. Bye bye. Et nan je te laisserai pas revenir avant un moment. Pas moyen. Si tu veux t'occuper, y'a des amis à toi dans l'armoire. Bon après, tu te débrouille pour l'ouvrir.
Vous savez qu'en fait, on est trop cruels avec les moutons? On les rase pour avoir chaud, nous, pendant qu'eux ils ont froid. Nan mais en comparaison, ça vous plairait qu'on vienne prendre vos cheveux tous les je ne sais combien de mois pour en tricoter des moufles? Je crois que les chauves on compris qu'un jour, ce sont les moutons qui passeront la tondeuse. Donc ils se sont rasés en avance, par prévision. Après à chaque fois qu'ils voient un mouton, ils doivent communiquer mentalement, et bien se foutre de leur tête. Pendant que le mouton, pas content du tout, se met à ruminer comme une vache. Nan une vache c'est jamais content. On en parlera plus tard. En fait, je vous invite à rejoindre le pull, et aller voir si y'a pas des amis à vous dans l'armoire.
Quoi qu'en fait non. Pas dans mon armoire. Je sais pas, allez explorer les armoires de toute la planète, et quand ça sera fait, vous pourrez revenir. A dans dix ans!
Les mains de Shy commencent à se balader sur moi.
Hum...
Oups, j'ai perdu le fil de mes pensées. Complètement déconnecté. Hrm. Je ne vous expliquerai pas le pourquoi du comment. Surtout pas le comment d'ailleurs. Ni le pourquoi pendant qu'on y est.
Y'a ces fichus bandages en plein milieu, mais on fera avec. Ça me fera une excuse pour recommencer plus tard. Sans eux.
Même si je n'ai pas besoin d'excuse. Un coin de mon esprit se demande vaguement si on a de quoi se protéger. Un autre coin de mon esprit répond que oui, en même temps qu'un autre -y'a beaucoup de coins dans mon esprit, oui- lui dit que non. Et moi je dis que j'en sais rien. Et qu'on peut faire plein de choses sans en avoir besoin. Interdiction d'essayer d'imaginer.
Je la veux.
Elle coupe le baiser pour parler:

- Heu... en fait, je voulais te dire...

Hmm? J'ai très envie de reprendre ces lèvres qui bougent devant moi. A la place, je dépose un baiser dans son cou, pour l'encourager à continuer.

- Je crois pas qu'on puisse aller jusqu'au bout aujourd'hui.

... Quoi? Je m'arrête net et recule la tête pour la voir. Elle rougit. Ça commence à m'inquiéter.

- Parce que en fait bah... j'ai mes règles.

Deux secondes de silence pour la suite de la journée qui doit changer son programme. Non en fait, c'est nous qui devons changer de programme. J'ai pas de plan de secours. Il est temps de lancer un SOS?
Le sang a décidé de nous empêcher de fauter jusqu'au bout aujourd'hui. Il est prêt pour la journée de lutte contre le SIDA. Sauf qu'il se trompe de personnes, parce que je suis clean, et à priori Shy aussi. Je me disais bien que le truc avait abandonné trop vite. En fait, il devait bien se marrer en se disant qu'autre chose allait prendre le relais. Ouais c'est ça, rigole. Moi aussi je vais rire quand tu vas disparaitre. C'est la journée des fuites.
Dans tous les cas, retenez bien une chose. Le sang, il est mieux dedans que dehors.
Bon... Quant au problème posé, il y a toujours une solution alternative pour le régler temporairement.
Shy a l'air très gênée. Je crois que je le serais aussi. Notez bien le "je crois". Parce que je ne le saurai jamais. C'est bien l'une des phrases que je n'aurai jamais l'occasion de prononcer de toute ma vie. Qui a dit "ah bon"? Encore un qui n'a pas suivi ses cours de biologie.
Dans tous les cas, c'est un truc que je n'ai pas, et que je n'aime pas. C'est officiel. A partir de tout de suite.
Qu'importe -expression toute faite que je n'approuve pas là-. Oui bon ok, vu mon état, va falloir régler certains détails après, mais honnêtement, j'ai Shy dans les bras. A choisir, je préfère qu'on nous empêche de continuer vingt fois que de la perdre.
Euh... Quand même hein, M.Destin et M.Hasard, vous serez gentils de ne pas vérifier la phrase précédente. Nan mais je me vois mal finir dans cet état vingt fois de suite. État dont je m'occuperai quand vous ne serez pas là. Dehors.
Je souris à Shy pour la rassurer avant de déposer un baiser sur ses lèvres.

- Ce n'est que partie remise.

Et c'est moi qui ait dit ça? Ouah. J'ai la voix qui descend un peu avec le désir, mais ça devrait aller.
J'ai quand même le droit de profiter de ce que le pull cachait? Oui, non? Tant que je ne descends pas trop bas... Oui je sais, je m'enfonce tout seul. Mais temps qu'à y être hein, autant y être jusqu'au bout. Le contrôle n'aura qu'à s'entrainer. Il va tenir.
Ou pas.
Je m'empare doucement de ses lèvres en glissant mes main dans son dos sur lequel je fais courir mes doigts pour la faire frissonner. Je sais que je l'ai déjà dit, mais c'est dingue l'effet qu'elle me fait.
Je déteste le Destin et ses tours. Je vais demander à St Pierre qu'il nous arrange un rendez-vous. Parce qu'il faut qu'on parle. Me demandez pas comment je vais contacter St Pierre. En fait, j'espère bien que c'est lui qui va le faire quand il m'entendra pester contre le Destin. Parce que St Pierre est une commère, donc il voudra tout savoir. Voilà. Si un jour vous croisez un type avec une auréole et un balai, qui fait semblant de balayer l'air très concentré sur ce qui se dit à côté, cherchez pas c'est St Pierre.
Oui, Zeus se déguise en cygne pour venir sur Terre. Bah St Pierre se déguise en concierge. L'auréole? Déjà qu'il a un balai et qu'il ne balaie rien, on lui accorde l'auréole. Ça fait de la lumière la nuit.
Et... C'est quoi ça? Je suis des doigts quelque chose pendant une poignée de secondes, avant de percuter que c'est une cicatrice. D'ailleurs il y en a une deuxième. Et une troisième, toutes sur le dos de Shy.
Pour le coup, je romps le baiser pour l'interroger du regard.

- Mauvaise chute?

Je sais pas trop comment une chute aurait pu faire ces cicatrices là mais bon... Je crois que niveau chutes, je n'ai rien à dire. Une chance que je n'ai pas récupéré de cicatrice de chacune d'entre elles. D'ailleurs, si je continue à faire le guignol, le truc va m'en laisser une sur les côtes. Hey, je ne suis pas d'accord.
Mes mains se reposent sur ses hanches d'elles mêmes. Excellente façon d'aligner nos bassins et de me faire frémir.
On a dit pas touche.
Moi, le Destin, je le boude.

Le silence qui suivit ma "magnifique" déclaration me fit un peu peur. Je sais que je n'ai rien fait de mal, après tout on ne peut pas décider à quel moment cette fichue malédiction va nous tomber sur la tête. J'ai toujours détesté ces trucs moi. En plus sans mère pour vous expliquer tout cela... Non. Honnêtement. Le Monde est horriblement méchant.
Il y a une trentaine d'autre jour, mais lui choisis celui-ci, là, bien sûr... D'abord la blessure de Taki, maintenant ça... je suis sûre que la prochaine fois, il y aura encore une merde. En rapport avec le sang peut-être même bien. Comme ça ça fait la série rouge. Un peu comme une série policière qui au lieu d'enfermer les méchants en prison, enferme autre chose. Car non, ce qu'on voulait faire n'est pas méchant. Sachez très chers que ce qu'on voulait faire ensemble, c'est naturel et que c'est même un besoin physiologique. Comme manger et aller aux toilettes.
Et toc !

Bon, ce que je pense c'est génial, mais ça ne nous avance pas tropp dans l'histoire. En même temps faut bien que je couvre le silence. Vous imaginiez sinon si je disais : "J'attends, j'attends... j'attends. J'attends, j'attends... j'attends j'... Hey, c'est pas ...? Ah bah non. Alors j'attends." Ennuyeux. Donc laisser moi étaler mes douces bêtises sur tout le monde.

En parlant de stoppage, le blocage de Taki semble se débloquer... Il me lance un sourire rassurant et m'embrasse.

- Ce n'est que partie remise.

J'y compte bien. Partie remise à quand le destin aura décidé d'arrêter de s'en prendre à nous. Encore un qui refuse de sortir de la salle ! On vous l'a pourtant dit, rien ne vous attends de l'autre côté de la porte ! Pas même l'AME. L'Armée Mondiale des Escargots. Elle vous avait manquée celle là, hein ? Non ? Dans ce cas là, partez ! Parce que je compte bien en parler jusqu'à ce que vous ayez franchi le seuil de la porte. En plus la prochaine fois, je vous présenterais leurs alliés. Ca va vraiment être ennuyeux, alors barrez-vous !

Bon... soit pour ceux qui décide de rester. Je reviendrais aux escargot plus tard. J'ai bien plus passionnant. A savoir, les doigts de Takeji qui court sur mon dos me faisant frissonner de bonheur. Faisant encore plus monter le désir aussi. Je sais absolument pas comment je fais pour encore me contrôler là. Ce qui est sûr, c'est que si Madame Nature ne m'avait pas fait ce sale tour qui a stoppé net nos plans nocturnes, je crois que je lui aurait déjà ôté tout ces vêtements. Oui je sais, je n'ai absolument aucun contrôle. Mais essayez vous de vous tenir face au mec que vous aimez et qui est torse nu contre vous. Rira bien qui rira le dernier.

Mais soudain, quelque chose me refroidit un peu. Je sens les doigts de Takeji suivre les cicatrices sur mon dos. Quelles cicatrices allez-vous me demander. Parce que non, je ne vous en ai jamais parler. Je vais pas vous raconter toute ma vie non plus, si ? Donc ces cicatrices, j'ai pas envie d'en parler. Mais je sens que Taki va se poser des question. D'ailleurs ça ne manquer pas, il met fin au baiser pour m'interroger du regard.

- Mauvaise chute?

J'aimerais bien. Malheureusement, non. Mais il va quand même falloir que je lui dise la vérité, parce que j'estime que c'est son droit de savoir. Je trouve ça nul qu'un couple parte sur des secrets ou des mensonges. Même si la vérité est parfois vraiment difficile à avouer. Et qu'elle fait très mal. Psychologiquement parlant. Bien sûr que les cicatrices m'ont fait mal. Mais ce n'est rien comparé aux traces laissés dans mon coeur.
Vous vous souvenez avant quand j'ai dit qu'il suffisait de brûler des photos, enterrer vos souvenirs et tourner la page de votre passé. Et bien il y a certaines pages qui ne se tournent pas. Elles se collent à vous de façon perpétuelle, toujours dans un coin de votre esprit. Et certains mots, certains geste ou même certaines odeurs peuvent les faire ressortir et vous foutre une sacrée gifle. Ca rend triste, mais il faut savoir les affronter pour pouvoir passer au futur. Et puis malgré tout, mon histoire n'est pas si triste que ça. Beaucoup d'autres enfants du Mystery ont connu bien pire.

Je dépose un baiser sur ses lèvres, comme pour trouver le courage de parler. De raconter.

- Mon père rentrait souvent saoul à la maison. Et encore, souvent est un euphémisme.

J'essaie de sourire, mais les mots sont trop lourds. C'est dur de les sortir, même après tout ce temps.

- Et alors les coups partaient. Jusqu'au dernier jour. Là où... il est allé trop loin. Où il a failli me tuer. D'ailleurs, sans mes pouvoirs il aurait réussis.

C'est là que je me suis enfuie. Est-ce que dans la vie c'était plus facile. Pas tellement. Mais au moins les coups ne venait pas de la seule personne qu'il me restait. Car au fond, c'est ça. Mon père était ma seule famille, le seul que j'aimais. Puis l'amour est devenu haine. Et maintenant ? Je ne sais plus tellement. Je pense pouvoir comprendre pourquoi il buvait. Et les conséquences que ça engendraient. Par contre lui pardonner, je ne pense pas. Il est encore trop tôt.

- Enfin... c'est pas une histoire très marrante tout ça !

Heureusement que ça a changé. Maintenant tout est différent ici. Personne ne me frappe, personne ne me hait comme lui. Et puis j'ai un toit aussi, parce que je me souviens de certaines nuit passer à grelotter dans les ruelles de New York. C'est mieux ici. J'ai enfin trouver un endroit ou avancer dans ma vie.

- Je suis heureuse d'être ici. Avec toi.

Je lui souris et pose ma tête contre son torse. Repenser à mon passé m'a plus bouleversé que je n'aurais cru. Takeji est la première personne à qui je raconte tout ce qui m'est arrivé. Pas que je n'aie pas confiance en les autres, mais... je sais pas. Pour l'instant c'est le seul à qui j'aie eu envie de me confier. C'est alors que je sens une petite perle aqueuse rouler sur ma joue. Une larme.

A voir l'expression de Shybaï, j'ai peut être encore perdu une occasion de me taire. Je conçois qu'il y a des choses que l'on n'est pas prêt à dire, ou tout simplement à se rappeler. Certaines personnes ne fonctionnent que comme ça, sur l'oubli. C'est mieux que de vivre dans le passé, ce qu'il y a de sûr. Oui, je suis entièrement pour le présent. Après tout c'est ce qu'on vit, et c'est aussi ce qui fera le passé. Quant au futur... Advienne que pourra? Je ne vois pas l'intérêt de se pourrir le présent en pensant à un avenir qui change toutes les secondes. Enfin, en règle générale.
Elle pose un baiser sur mes lèvres. Et mes doigts jouent distraitement sur ses hanches. Ils sont possédés, ceux là. Cherchez pas, il ne va rien se passer.

- Mon père rentrait souvent saoul à la maison. Et encore, souvent est un euphémisme.

Je ne dis rien, pour la laisser continuer. Et je me fais violence pour ne pas l'enlacer tout de suite. Je pense qu'il y a des moments où il faut savoir se taire et faire taire ses réactions. Après tout, des fois on se confie bien à des objets, non?
Nan je ne parle de pas de toutes les fois où vous avez râlé tout seul sur l'un de vos meubles pour vous avoir éclaté l'orteil. Lui dire qu'il est moche, bête et dans le passage ne s'appelle pas se confier. Des fois que vous ailliez un doute.

- Et alors les coups partaient. Jusqu'au dernier jour. Là où... il est allé trop loin. Où il a failli me tuer. D'ailleurs, sans mes pouvoirs il aurait réussis.

Je serre les dents sans émettre un son. Failli la tuer? Les pouvoirs n'ont pas que du mauvais au final. Quoi que je n'en pense que très rarement du mal -vous voulez une preuve?-, contrairement à d'autres. Imaginez un peu, de se faire battre par sa propre famille. Ceux qui sont censés protéger. Parce qu'après tout, personne ne demande à naitre, même si par la suite, personne ne veut mourir.
Cette fois, je resserre un peu Shybaï contre moi, comme pour la protéger de je ne sais trop quoi. Y'a rien de dangereux dans la pièce, et le Sabre est très bien éduqué. Il est fantômivore de toute façon.
Un instant, l'idée de pouvoir la perdre me traverse l'esprit, et je ressens comme un coup de couteau à l'estomac. Avant goût de ce que ça ferait vraiment si ça arrivait. Ce que je ne souhaite pas le moins du monde.

- Enfin... c'est pas une histoire très marrante tout ça !

J'appelle ça un euphémisme. Mais je lui offre quand même un sourire réconfortant. Et puis, quelque part je suis heureux qu'elle m'ait raconté tout ça, alors qu'elle aurait pu ne rien dire. Même si je m'en veux à mort de l'avoir involontairement obligée à se rappeler son passé. C'est normal d'avoir des réactions aussi fortes? Oui je sais que ça cache quelque chose, ça je l'ai deviné tout seul.

- Je suis heureuse d'être ici. Avec toi.

Cette fois c'est elle qui sourit avant de venir poser sa tête sur mon torse. Je referme mes bras sur elle. Non vous n'aurez pas d'analyse de la phrase du dessus. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? En plus de me rassurer, sa phrase me comble de bonheur. Après... Je crois qu'une discussion avec moi-même s'impose. Mais plus tard.

- Je suis heureux avec toi, et que tu le sois avec moi. Merci de t'être confiée.

Je passe une main dans ses cheveux doucement. Hmm... J'ai pas envie de la lâcher. Pas envie du tout. Je sens quelque chose de liquide glisser sur moi. Oh? Je redresse doucement le visage de Shybaï sur lequel a glissé une larme. J'annonce que je n'aime pas la voir pleurer. Pas du tout. Je pose mes lèvres sur la joue humide et remonte jusqu'à sa paupière que j'embrasse. Elle déclenche des réactions chez moi que je n'explique pas. Très sérieusement. J'ai juste envie de la protéger alors qu'elle sait se défendre seule, et qu'il n'y a rien de dangereux dans le coin -et c'est la deuxième fois que je le constate-. A part le placard. Mais si il est fixé au mur, c'est qu'il y a une raison. Oui il est dangereux, je m'en suis déjà pris la porte dans la figure. Et nan ça n'arrive pas qu'à moi. Arrêtez de dire le contraire, je vais vous bouder.
Je reprends ses lèvres entre les miennes tandis que mes mains glissent sur ses cuisses. Honnêtement, je ne pensais pas pouvoir avoir autant d'idées différentes qui me traversent le cerveau pour si peu. Nan je ne vous dirai pas lesquelles. Déjà, pourquoi vous êtes encore là? Et les armoires mondiales, hein? Elles vous attendent toutes. Bon voyage!
Je commence à reculer en l'attirant avec moi. Ce que je vise? Bah faites l'inventaire des meubles de la pièces, et avec une micro pointe d'intuition vous devriez trouver. Non pas l'armoire.
Lorsque je sens mon lit buter contre mes jambes -au bout de quelques pas, quoi. J'en connais un qui dirait que c'est trop petit, sale riche-, j'inverse nos positions pour la déposer sur le lit en la surplombant.
Je lui caresse la joue d'une main. Puis je me penche pour laisser nos lèvres s'effleurer et lui souffle:

- Laisses toi faire...

Je glisse mes lèvres le long de son cou avant de les aventurer sur son épaule que j'embrasse en faisant glisser la bretelle de son sous-vêtement qui est dans le chemin -parce qu'ils ont tous décidé d'être dans le chemin-. J'hésite à descendre plus bas. Dans le genre je sais qu'on ira pas au bout et que je vais avoir du mal à le tenir mais je le fais quand même, j'en tiens une couche aujourd'hui. Quelque chose me dit que ça ne sera pas qu'aujourd'hui. Mais j'ai décidé de ne pas écouter quelque chose, parce qu'il est méchant. J'écoute pas les méchants. Nah. Et pour la peine, je dépose des baisers sur le décolté de Shybaï. Et toc. Ne descends pas plus bas, ne descends pas plus bas, si je disparais soudainement en téléportation c'est normal, ne descends pas plus bas...
Ma bouche descend sur son ventre en frôlant sa poitrine au passage. Bon... Ok, j'ai compris, c'est la suite de la révolte.
A dire vrai, ce n'est pas pour me déplaire.
Je la titille avec mes lèvres et ma langue pendant un moment. Sauf que je me tords un peu puisque je suis plus ou moins assis sur elle, et que tenir la position ne plait mais alors absolument pas au truc. Je crois que j'ai assez entendu parler de sang pour les semaines à venir. Donc au lieu de tenter le Diable -et de me tenter tout court, même si c'est déjà plus que fait-, je remonte vers les lèvres de Shy que je prends entre les miennes.
Vous savez quoi? J'ai envie qu'elle reste ce soir. Bouche, parle! Enfin, attends encore un peu quand même. Genre, encore un peu. Oui je sais que ça manque de précision. C'est un test pour voir si tu es encore reliée au cerveau d'une quelconque manière ou si tu tentes de prendre ton indépendance en douce.
Lentement, je coupe le baiser pour demander:

- Est-ce que... Tu veux rester dormir ici ce soir?

Ah, je me sens prodigieusement stupide. Parce qu'elle habite dans le même couloir que moi. Mais je ne me vois pas passer cette nuit sans elle. Et oui, que dormir bande de pervers. Je vous rappelle qu'on a été contraints de changer de plans.

Takeji referme ses bras autour de moi et tout de suite je me sens mieux. Comme protégée ici. Je sais qu'il ne m'arrivera plus rien de mal. Ca fait du bien d'avoir quelqu'un sur qui se reposer, quelqu'un à qui on peut faire confiance.

- Je suis heureux avec toi, et que tu le sois avec moi. Merci de t'être confiée.

Je souris en sentant sa main passer dans mes cheveux. Ca me rappelle notre sieste dans la forêt. Un beau moment. Magique. A un moment j'avais eu l'impression de sentir sa main dans mes cheveux. Puis je m'étais dis ensuite que j'avais dû rêver. Mais maintenant, je pense bien que c'est la vérité. Cependant, je n'ose pas demander, je préfère encore rester sur mes incertitudes et mes rêves que de tomber sur un non.

J'aime sentir la main de Takeji me relever la tête. J'aime sentir ses lèvres essuyer ma larme et refaire le chemin inverse en m'embrassant jusqu'à ma paupière. J'aime ses baiser que je lui rends avec bonheur. J'aime sentir ses mains sur mes cuisses, même si c'est dangereux vu mon état de contrôle actuel. J'aime... Oui, décidément il y a beaucoup de chose sur cette Terre que j'aime. Etrangement, beaucoup en rapport avec Taki. Je crois que je devrais commencer à me poser certaine question. En rapport avec le mot en a dont j'ai si peur. Un psy vous sortirait certainement que je garde en mémoire le traumatisme causé par mon père dans mon enfance. Moi je lui répondrais que je m'en fous de toute façon du pourquoi du comment. Juste que j'ai peur. Mais que je ne peux rien contre l'amour. Personne n'y peut rien.

La scène qui va suivre, je suis pas sûre que j'aie envie de la décrire tout de suite. D'abord je vais vous parler des alliés des escargots puis je la raconterais à voix basse histoire qu'il y ait le moins de témoins possible. Vu tout ceux qui s'endormiront durant l'histoire sur nos amis les futurs maître du Monde.
Donc les premiers alliés ne sont pas, comme tout le monde le croit, les limaces. Au contraire même, les limaces sont leur pires ennemis ! Mais bon, les ennemis c'est dans le chapitre suivant. Donc les premier allié sont les libellule. Depuis la guerre de la pleine des coquelicot du Sud avec les papillons, elles cherchent par tout les moyens à s'en venger. Hors les escargots leur ont promis la mise à mort de tous les papillons si ils devenait maître du Monde. Ils savent baratiner eux !
Les deuxième alliés sont les fourmis. Comme les escargots les fournissent en bave, elles ont pas envie de perdre leur précieux amis. Alors elle les aide. Logique.
Voilà les enfants. Ca sera tout pour aujourd'hui ! J'espère que tout le monde dort bien profondément.

Je sens Takeji reculer tout en continuant à m'embrasser. Nous nous approchons du lit, je le sais, je le sens. Intuition féminine les gens ! Comme quoi ça n'a pas que des mauvais côtés d'être une femme. Sauf que là... je devine que nous jouons à un jeu dangereux. Très dangereux. L'idée me traverse de protester, mais la voix de Takeji tout près de moi me calme et me détends. Je me laisse m'allonger sur le lit.

- Laisses toi faire...

Ce que je fais sans la moindre hésitation. Ceci n'est pas un comportement d'adulte très responsable, mais n'avez-vous pas compris qu'on a déjà dépassé l'arrêt de bus "Responsable". Là on va au terminus "Plaisir". Même si je doute qu'on puisse y arriver aujourd'hui...
Ce n'est que partie remise il a dit.
Conformément à ses instructions, je laisse ses lèvres et sa langue commencer à parcourir mon corps. Je ne peux retenir un soupir de plaisir lorsque je le sens m'embrasser comme ça. J'aurais envie de le laisser aller plus bas, mais je sais que c'est impossible. Et comme pour confirmer mes pensées, Takeji remonte jusqu'à mes lèvres pour m'embrasser. Le baiser dure un petit moment avant qu'il le coupe pour me demander :

- Est-ce que... Tu veux rester dormir ici ce soir?

Là tout de suite maintenant, j'aurais envie de me lever et de crier "YEEEEEEEES" en sautant dans tous les sens. Chose que je me retiens de faire parce que je suis trop bien allongée sur ce lit. Par contre cette position ne m'empêche pas de laisser un grand sourire illuminer mon visage.

- Avec ta blessure, j'aurais peur que tu fasses un malaise...

Je l'attire contre moi pour l'embrasser à nouveau.

- Il vaut donc peut-être mieux que je reste pour veiller sur toi.

Ooooh, mais regardez moi cette menteuse ! Il y a une toute autre raison pourquoi j'accepte sans hésiter. Lentement, je laisse mes lèvres cheminer de sa bouche son oreille afin de la lui mordiller doucement et de pouvoir lui murmurer à lui seul la vraie raison de ma présence ici. Afin qu'aucun meuble espion ne l'entende. Car oui, ça existe les meubles espions. Ils sont payés par l'Etat des Balais et après peuvent nous faire du chantage avec les information récoltée si jamais on ne les dépoussière pas assez.

- En fait la vraie raison, c'est que j'ai juste envie de rester avec toi.

Pour la nuit. Pour la semaine. Pour la vie ? J'en sais rien, je n'aime pas prévoir mon avenir. Demain est un autre jour. Mais en attendant demain, il me reste toute la nuit...

- Avec ta blessure, j'aurais peur que tu fasses un malaise...

Un malaise? Si le truc fait ça... Je ne sais pas ce que je ferai, mais il se prendra ma vengeance dans la tête. Maintenant, reste à savoir comment je peux me venger d'un machin qui vit à mes dépens. Question qu'on abordera... Plus tard. Dans très longtemps. Vraiment.
Je réponds avec envie au baiser qu'elle m'offre. Je n'ai pas envie de penser ça, mais je vais le penser quand même. Si on ne nous éloigne pas l'un de l'autre bientôt, je ne sais pas comment ça va se terminer.
Bien entendu, on nous remettra ensemble pour la nuit. Au cas où je ferai un malaise.

- Il vaut donc peut-être mieux que je reste pour veiller sur toi.

Je ne dirais rien sur ce à quoi ça me fait penser, mais je n'en pense pas moins. Au contraire. J'en pense même beaucoup trop. Et j'en pense encore plus quand ses lèvres arrivent sur mon oreille. Est-ce qu'elle a seulement conscience de l'effet qu'elle produit? Je n'irai pas le lui demander.
Et puis, ça veut dire que oui, elle reste? Va falloir être sages cette nuit. Mais je ne m'en fait pas. M.Hasard et le Destin veillent sur nous, hein?
Bande d'empêcheurs de insérez-un-verbe-pervers-ici en rond.

- En fait la vraie raison, c'est que j'ai juste envie de rester avec toi.

Je ne cherche même pas à contenir le frisson de bonheur et de désir mêlés qui me parcourt. Moi aussi je veux rester avec toi, ça tombe parfaitement bien. Et je pense vraiment que notre proximité physique actuelle est justement trop proche. Sauf qu'il ne faut pas compter sur moi pour la rompre. Ça fait un peu fruit défendu tout ça, avec Eve dans le rôle de la pomme. Enfin, la moitié de la pomme. Et Adam qui fait l'autre moitié. Et une métaphore foireuse, une. Gratuit, ne me remerciez pas.
J'ai une histoire pour vous. C'est l'histoire de deux anonymes à moitiés nus sur un lit, qui ne peuvent pas faire ce que n'importe qui à moitié nu sur un lit avec une autre personne à moitié nue sur un lit ferait. Bien entendu, les deux sortent ensemble. Une trappe vient de s'ouvrir sous le siège de celui qui a dit "depuis peu" et sous le siège de celui qui a dit que vu comme c'était parti, ils l'auraient fait dix fois avant de se mettre ensemble.
Donc, les deux anonymes sont assez embêtés. Pour ne pas dire vraiment beaucoup. Surtout qu'ils viennent de prévoir de passer la nuit ensemble. A priori, ils aiment les défis. Ou peut être qu'ils s'aiment tout court, qui sait? Pas moi. Ou peut être que j'ai mes idées pour l'un des deux. Mais comme il est anonyme, je ne pourrai pas vous en dire plus, dommage.
L'un des deux anonymes se tourne et...
Je reprends la narration. Aucun lien avec l'histoire du dessus, bien entendu. Même si on est aussi dans un lit, peu vêtus, sans pourtant faire quoi que ce soit de louche. Parce qu'on ne peut pas. Aucun commentaire.
Je tourne la tête pour laisser nos lèvres se rencontrer, et nos langues se caresser une nouvelle fois. Toujours aussi bon, comme le tout premier. J'attends à la sortie celui qui a demandé si il pouvait tester. Saches aussi que la réponse est nan. Même pas en rêve. Tout à fait, aucun partage.
Bon, Takeji, il est vraiment temps que tu t'installes ailleurs que sur Shybaï, et que tu cesses tout contact. T'as vu ton état?
Ouais. Je le vois, je le sens surtout. Mais c'est plus fort que moi. Vraiment.
Je détache lentement nos lèvres et trace les contours de son visage du bout des doigts pendant un instant. J'ai envie de la dévorer toute entière... Hrm.

- Alors tu voudrais jouer l'infirmière de nuit...

Je lui offre un sourire malicieux. Oui je sais, je sais, ce que je fais est mal, y'a des barrières électriques blablabla.
De toute façon l'électricité, c'est pas ça qui me fait peur. Ni des barrières en fait.
Bon, la métaphore était mal choisie.
Au fait, il est quelle heure? Je dois avoir cours dans les environs de 18h. Je crois. A dire vrai, vu mon état actuel, je ne suis sûr que d'une chose. Que je n'arrête pas de répéter, et sur lequel il faut faire une croix pour aujourd'hui.
Bah. on verra bien quand la luminosité de la pièce descendra à cause de la lumière dehors. En fait, elle est déjà pas bien haute... Sans compter qu'il neige. Moralité, on est mieux au chaud. Sur un lit. A se... Ouais voilà quoi.

- On t'a déjà dit que tu es magnifique?

Il sort d'où lui? Pas que je ne le pense pas, mais euh voilà quoi. Pourquoi il se balade à l'oral comme ça hein? Si il veut voir la neige, faut sortir dehors. Mais dehors dehors. C'est le mauvais côté du mur là. Franchement la bouche, tu es super bien traitée depuis tout à l'heure, alors pourquoi tu continue à n'en faire qu'à ta tête? Un traumatisme dans ta jeunesse? Je ne me rappelle pas d'un quelconque traumatisme vécu plus tôt. A part peut être la rencontre avec le maitre. Mais lui, c'est un traumatisme sur pattes. Un distributeur de traumatismes sur pattes, pardon. Rendons au maitre ce qui est au maitre. J'ai assez de mes bêtises, pas besoin des siennes.

- Enfin, maintenant oui c'est sur.

Un sourire gêné passe sur mes lèvres. Nan je n'ai pas rougi même si on est pas passés loin. Nah. Je rappelle que je ne rougis qu'aux compliments. Et quand je parle à Shy en fait. Même si je tente de le contrôler. Pourquoi? La case homme sur le contrat. Ouais, y'a beaucoup de clauses dans ce contrat. Et après, on appelle ça des clichés. Parce qu'on ne sait pas qu'en fait, c'était sur un pacte passé avant la naissance à notre insu entre le Dieu des naissances -qui est actuellement en guerre contre la Chine et les congélateurs de France- et nos parents. Sans qu'ils ne le sachent non plus. Au final, ce Dieu doit bien s'amuser.
Je me penche pour embrasser Shybaï tout en remettant d'une main la bretelle que j'ai enlevée il y a deux minutes. Elle a la peau douce... Rah mais stop quoi. C'est inhumain de tenter comme ça. Le pire, c'est que j'en redemande.
Vous savez quoi? Je crois que je l'adore bien plus que je ne le pense.

Plus je l'embrasse, plus je me dis que le seuil de la dangerosité qui risque de se transformer en bêtise. Raisonnablement, je sais que je devrais dire stop, mais ni lui, ni moi n'en a spécialement envie. Au contraire même. Le seul petit problème, c'est que et lui, et moi, savons parfaitement que nous ne pourrons jamais aller au bout. Et quand je dis "petit", c'est un euphémisme. A part ça, honnêtement, vous en connaissez beaucoup vous des couples qu'ont autant de malchance que nous ?

C'est l'histoire de Mr. Destin et Mr. chance. Un jour ils se rencontrent dans un bar et, comme il s'ennuie, décide de jouer quelques tours à deux inconnus pris au hasard dans la foule. Devinez qui ils ont choisis ? Ca commence par "Taki", ça finit par "Shy" et au milieu il y a un "et". Taki et Shy ! Bravo, vous êtes trop doués ! Je me demande qu'est-ce qui nous sortirons à notre prochains rendez-vous. Enfin ! Je veux même pas le savoir.

Takeji met fin à notr baiser -qui est aussi merveilleux que tout les autres- puis trace les contour de mon visage. Je lui souris d'un sourire parfaitement innocent et pur alors que là tout de suite mes idées le sont beaucoup moins. Elles sont même carrément pas catholique. Mais bon, comme je l'ai déjà dis, moi non plus je ne suis pas catholique. Donc j'ai le droit de penser ça. Et de réaliser ces idées. Enfin... pas tout de suite.

- Alors tu voudrais jouer l'infirmière de nuit...

On va encore dire que j'ai un esprit pervers et tordu, mais vous savez quel est le mot qui me plaît là dedans ? Infirmière. Pas du tout pour les motifs auxquels vous pensez hein, pour qui me prenez-vous ? Et puis... Non, et puis zut ! En fait c'est totalement pour les motifs auxquels vous penser. Et alors, ça vous pose un problème peut-être ? Parce que honnêtement, je vous avais déjà dis de dégager. Alors fallait le faire plus tôt.

Tiens au fait, j'avais pas une petite histoire d'escargot à vous raconter ? Je sais que ça vous passionne. En plus vous allez apprendre pleins de trucs sur la vie de ces gastéropodes. Par contre ne ressortez pas ça à votre prochain test de biologie. Ou vous risqueriez d'avoir des problèmes. Parce qu'en général, Les profs de science ne sont pas très en faveur de la révolution des escargots.
Donc j'avais prévu pour aujourd'hui de vous parler de son ennemi : la limace. Il faut savoir que les limaces sont très jalouse des escargots et de leur belle carapace... Tout ça a créé une sorte de complexe d'infériorité et donc la jalousie est née de tout cela. C'est ainsi qu'à commencer la 5 ème guerre mondiale. Je parle de celle des insectes et cie, parce que pour ceux qu'auraient sécher les cours d'histoire, il n'y a eu que deux guerre pour le moment. Et heureusement !
Suite... au prochain épisode. Donc quand j'aurais la motivation. Et surtout la tête à ça. Ce qui n'est pas si sûr jusqu'à peu près... demain matin. Après le déjeuné au réfectoire. Quand Takeji sera autre part. Que je ferais autre chose. Que je penserais à... non. Quoique je fasse je sais déjà que je ne ferais que penser à lui. Il hante mon esprit.

- On t'a déjà dit que tu es magnifique?

Et bien voilà, si je pouvais encore penser que j'arriverais à ne pas avoir la tête dans les nuages toute la journée, je crois que c'est fichu. Et zut. Pas que son compliment me fasse plaisir, bien au contraire. Bien au contraire...

- Enfin, maintenant oui c'est sur.

Pour peu, j'aurais carrément cru qu'il allait rougir. Je devrais me contenter d'observer son sourire gêné pendant que mon coeur vole sur un petit nuage. On m'a déjà dit que j'étais belle, on m'a déjà dit pleins de trucs sur moi. Mais le "on", je m'en fous. C'est l'avis de Takeji que je veux.
Il se penche pour m'embrasser alors que sa main caresse mon épaule pour remettre en place une bretelle déplacée plus tôt. J'ai pas envie du tout qu'elle retrouve sa place moi ! Mais c'est peut-être plus prudent.

- Et toi, on t'as déjà dit que tu étais bien trop beau ?

Et mignon et sexy et gentil et drôle et charmeur et fort et tendre et câlineur et sympa et fantastique et génial et parfait ?
Je lui souris alors et laisse mes mains se balader pendant que mes lèvres vont s'accrocher au siennes. Si ça c'est pas de la provocation... Oui, j'avoue.
Mais que voulez-vous ?

Il faut qu'on coupe le baiser. Que je me redresse. Que je me relève carrément. Donc que je m'éloigne d'elle. Qu'on renfile un haut tous les deux parce que pour le moment, ça s'appelle de la provocation. Et qu'on arrête de se toucher ou de s'embrasser après ça. Parce que sinon, les hauts vont repartir d'où ils viennent.
Dans le genre mission impossible, je préfère chasser du fantôme-très-méchant-attention-il-mord-et-il-a-la-rage, que de faire la liste exposée au dessus. Oui parfaitement, aucune volonté, pas de force, accro et fier de l'être.
En même temps, si je vous demande de vous jeter dans un volcan, vous le faites? Non? Bah alors. Même si là, en comparaison, ça serait plutôt se jeter dans l'océan arctique en tongs et maillot de bain alors qu'on est dans la meilleure place du monde.
Et attention, on ne perd pas ses tongs dans l'eau. Faut pas polluer. Sinon après les phoques vont mourir. Et les ours blancs aussi. Du coup les pingouins vont déprimer. Et les rennes du Père Noël seront trop occupés par les enterrements pour aider à la distribution des cadeaux. Parce que même si le Père Noël est un grand téléporteur, il a besoin d'aide certaines années. Il paie les rennes très cher, c'est pour ça qu'ils acceptent.
Bah oui, il est riche le Père Noël. Il est riche et travaille une fois par an. C'est trop bien comme métier. Et à ceux qui ont dit que c'est pour ça qu'il n'y en a qu'un, je ferai remarquer qu'il n'y a qu'un seul président par État quand ce n'est pas un roi. Et eux, ils bossent tout le temps. Voilà, le Père Noël c'est le meilleur. Tout ça pour s'habiller en rouge et cambrioler les maisons sans rien voler une fois par an. Le Père Noël, c'est le seul voleur qui vous laisse des trucs en partant, et n'en emmène aucun.
Tout ça pour dire -beh oui, y'a un lien avec ce qu'il se passe en ce moment dans ce lit, parfaitement- que si je crois au Père Noël, j'ai le droit de croire qu'on va aller plus loin aujourd'hui? Vous dites que je devrais plutôt croire qu'on va réussir à se décoller?
Je veux bien croire à la magie, aux fantômes, aux objets possédés, mais ça j'ai du mal.
Accrochez vous bien à vos sièges, le baiser se rompt.
Ma main est possédée elle aussi, elle ne veut pas se retirer de l'épaule de Shy. Et j'ai un problème à la colonne vertébrale, je n'arrive pas à me redresser. Comment ça je le fais exprès? Mais pas du tout!
C'est la faute du sang. Il est en grève et circule au ralenti, du coup je ne peux plus utiliser mes muscles. Comment ça c'est scientifiquement pas possible? Eh bah on vous a menti. Voilà. Le sang, c'est une armée de machins rouges. Les seules cellules sans noyau du corps. Déjà c'est louche. Et le sang, c'est qu'un traitre. Il débarque quand il ne faut pas. Regardez, la mauvaise période du mois pour Shy, le débarquement sur les bandages via le truc qui est leur allié... Et on dit jamais deux sans trois non?

- Et toi, on t'as déjà dit que tu étais bien trop beau ?

Et vlan ça ne loupe pas. Je disais quoi deux lignes plus haut? Voilà la troisième attaque, je rougis comme un idiot. Le premier qui me parle de la case homme sur le contrat, je l'électrocute façon anguille enragée. Et c'est très méchant une anguille enragée.
En plus ça... Retour à Câlinland interdit aux mineurs. Le feu sur mes joues diminue d'intensité sans pour autant disparaitre quand je réponds à son baiser avec envie.
Et je suis censé faire quoi quand elle m'embrasse et utilise ses mains comme ça? Mis à part les réactions que ça entraine chez moi et que je ne contrôle pas. C'est frustrant.
Je lui mordille les lèvres. Le but c'est de voir jusqu'où on peut tenir? J'annonce que si ça continue là, après je ne m'arrête plus. Un murmure m'échappe:

- Shy...

Arg, faut faire quelque chose, maintenant. Pense à autre chose, pense à autre chose, pense à autre chose...
Je recule lentement avec un soupir de regret.

- Je crois qu'il est plus prudent d'arrêter là.

Sous entendu si ça continue j'explose.
Ajoutons qu'assis là où je suis assis, ce que je vois n'est pas fait pour aider. Rah mais c'est pas vrai quoi. La guitare, viens m'attacher! Comment, tu veux pas bouger de ton coin? M'en fiche. Viens. Tout de suite. Allez. Obéis. Fais pas semblant de ne pas m'entendre.
Traitresse.
Je me redresse après une dernière caresse sur la joue de Shy. Dernière pour les ... Cinq prochaines minutes, allez. Et encore, je vois large. Et maintenant, debout! Je me relève, et manque de vaciller -mais je ne vacille pas, et toc-, parce que j'ai la tête complètement ailleurs et l'esprit plus ou moins embrumé.
Women are cursed with periods, but men are cursed with temptation. Ouais bah c'est exactement ça. Me demandez pas d'où ça sort, j'ai des citations qui me traversent l'esprit des fois. Estimez vous heureux qu'elle n'ait pas été en japonais.
Hrm bref. J'avais l'intention d'attraper un t-shirt dans l'armoire, mais je viens de me rappeler qu'en fait, je suis bon pour ressortir dans un petit moment. Donc un pull. Again. Pas grave, il neige, ça vaut le sacrifice. Ce sont les bonhommes de neige qui tombent désassemblés du ciel. Et il faut être gentil avec les bonhommes de neige.
Je me retourne vers Shybaï en refermant la porte de l'armoire sans me l'envoyer dans la tête. Et hop, erreur. Je me mordille la lèvre inférieure afin de ne pas lui sauter dessus pour l'embrasser. Nan mais dites, on va faire comment quand on se croisera dans les couloirs, hein? Enfin, dans les couloirs, elle aura un haut. Histoire que je puisse le retirer. Euh non! Histoire que euh... Ça aide le contrôle à se contrôler justement. Ouais c'est ça. Je n'ai pas songé un seul instant à l'attraper au détour d'un couloir pour la plaquer contre un mur, ou l'entrainer dans une salle vide. Pas du tout. C'est un orphelinat voyons. Changement de pensées.
Vive le vent, vive le vent, vive le vent d'hiver... Chacun ses moyens de distraction.
Le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder -dixit Mr.Wilde-. Et quand on ne peut pas y céder, on fait comment? Ça, il n'y avait pas pensé.
Je vais attraper le pull de Shybaï avant de venir m'assoir à ses côtés sur le lit, et lui dépose son haut près d'elle en souriant. Nan ce n'est pas moi qui la forcerait à le remettre.
Je veux un câlin.

- Tu veux faire quelque chose de particulier?

Mis à part ce qu'on ne peut pas faire. Je resterais bien là, à la prendre dans mes bras, mais je crains vraiment que ça finisse par déraper. Sauf si on est sage. Mais on vient de prouver qu'on ne l'est pas du tout.

Vous connaissez Freud ? Non non, pas le mec bizarre qui habite en bas de votre quartier. Bon, je ne doute pas que Freud ait pu être bizarre -je ne le connais pas personnellement- et qu'il ait eu des voisins, mais à moins que vous ayez plus de 150 ans, je doute que il ait pu être votre voisin.
Donc, je parle du Freud né le 6 mai 1856 en Autriche. Même si cette partie là de l'Autriche fait maintenant partie de la République Tchèque. Vous pourrez remercier Wikipédia pour ce petit cours de géographie.
Donc, maintenant que vous avez tous à peu près compris de quel Freud je parlais, je vais pouvoir enfin venir au point intéressant. La théorie du ça, du moi et du surmoi. J'ai connu un prof qui avait une assez bonne façon d'illustrer cette théorie. C'est bien simple en fait. Prenez une marmite posée sur le feu. Le "ça" est représentez par le liquide bouillant qui menace de sortir de la marmite. C'est en quelque sorte nos caractère, nos pulsion et nos envie. Une personne n'ayant aucun contrôle serait capable de se lever en pleins cours pour aller manger ou aller au toilette etc...
Heureusement, il y a un contrôle défini par le "surmoi". C'est en quelque sorte le couvercle de la marmite qui l'empêche de déborder. Le surmoi est vos obligations ou la peur d'une punition. Une personne normal attendra donc la fin du cours pour se lever. Les personnes ayant un surmoi trop développé sont ces genres de personnes insupportables qui veulent un contrôle parfait sur tout et ne font jamais une bêtise.
Et au milieu des deux, il y a le "moi". C'est lui qui décide si il veut ouvrir un peu ou beaucoup la fameuse marmite. Il contrôle donc que le "ça" et le "surmoi" ne soient pas trop fort.

Bon, si vous n'avez pas tout compris à mon petit cours de psychologie version express, c'est pas grave. L'important c'est juste de savoir que mon "surmoi" est en train d'exploser en morceau, que le "moi" ne contrôle plus rien du tout et que le "ça" va donc prendre l'entier contrôle de moi même.
En gros, je risque bientôt d'aller beaucoup trop loin.

- Shy...

Je le vois se reculer avec un soupir. Pourquoi ? Je n'ai pas du tout envie qu'il parte moi. Mais en même temps...

- Je crois qu'il est plus prudent d'arrêter là.

Je ne dis rien, parce que je sais qu'il a raison. Même si quand il se lève, je sens comme un vide à côté de moi. J'ai aussi envie de sortir tous les gros mots que je connais pour qualifier la vie et Mr. Destin. Mais je vais me retenir, après tout, je suis quelqu'un de poli.
Je m'assied en tailleur sur le lit et regarde Taki marcher vers l'armoire. Va falloir nous rhabiller, nous ainsi que nos idées. Quelles idées ? Celles que je ne mentionnerais pas, mais que vous avez tous très bien compris. Et si vous n'avez pas compris, je crois qu'il est temps pour vous d'aller demander à votre maman comment on fait les bébés. Parce que non, les filles ne naissent pas dans les roses et les garçons dans les choux. Désolée de briser un mythe.
Takeji revient vers moi et me passe mon pull. Comme je me suis entre-temps un peu calmée -très très très peu pour être honnête-, je décide d'arrêter ma provocation et le remets donc. Etrangement la température me semble plus basse que quand je ne le portais pas... Encore une preuve de l'inutilité de ces machins là.

- Tu veux faire quelque chose de particulier?

Ouais. Un tas de truc que je n'ai pas le droit de mentionner ni de faire. La vie est injuste. Mais bon, on va pas non plus en parler pendant 120 ans. Il nous faudra juste prendre notre mal en patience et... attendre. Hors la patience c'est pas mon truc. Du tout. Mais bon, là c'est pas comme si j'avais le choix.

- Parle moi un peu de toi.

Je pose ma tête sur son épaule en fermant les yeux afin de mieux pouvoir respirer son odeur. Rester calme on a dit. Je suis calme là, non ? Je n'ai pas encore arraché ses habits ni rien. Caaaaaalme. Même si l'envie ne me manque évidemment pas. Calme donc. En plus il y a pleins de questions que je me pose sur Takeji. C'est donc l'occasion d'en apprendre plus sur lui.

- J'ai vu un couple sur tes photos... C'était tes parents ? Ils sont comment dis moi ?

Je me demande ce que ça doit faire d'avoir grandit dans une famille. Une vraie famille je veux dire. Avec une maman en vie et un papa sobre. J'en connais pas beaucoup de personne qui ont encore leur deux parents... en même temps, vu le monde dans lequel je vis... Je suis dans un orphelinat et ceux qui appartiennent de près ou de loin à Orpheo ont souvent perdus des membres de leur famille de par le proximité avec les fantômes. A croire qu'Orpheo attire la mort...

J'ai froid. Voilà, vous vous rappelez de la grande question de toute à l'heure? Celle qui demandait si on avait plus chaud avec ou sans vêtements à deux. Et bah on a plus chaud sans. On va pouvoir faire des économies sur les pulls en hiver.
Enfin, on pourrait faire ces économies si il n'y avait pas ce rabat-joie de Destin et son copain Hasard pas si hasard que ça pour le coup puisqu'il me semble que c'est un cycle régulier, mais comme on dit: comme par hasard.
Moralité, le Destin et le Hasard, c'est des troueurs de porte-feuille, des méchants qui veulent tous nous voir pauvres. Ruinés dans l'achat de pulls. Alors qu'on pourrait se tenir chaud gratuitement. Et de façon bien plus intéressante non-je-ne-décrirai-pas-au-revoir.
Bref. Oui j'aime râler. On m'empêche de faire un autre truc que j'aime avec une personne que j'apprécie vraiment très beaucoup -tellement que c'en est louche-, donc je fais autre autre chose que j'aime faire. Et toc.

- Parle moi un peu de toi.

Je sens sa tête venir sur mon épaule. Du coup, j'entoure sa taille d'un bras avant de déposer mes lèvres sur son front. Hey, je suis sage. Très très sage. Quoi? Ne dites pas le contraire, comparé à tout à l'heure je suis un ange. Avec des ailes et une auréole. Invisibles bien entendu. Beh oui, je suis là incognito. Ok, ok, j'arrête momentanément. Vous êtes juste pas content de ne pas l'avoir vu tous seuls. Nah.

- J'ai vu un couple sur tes photos... C'était tes parents ? Ils sont comment dis moi ?

Hah, eux? Oh, le méchant comment il parle de ses parents. En plus, je devrais être beaucoup plus respectueux. Surtout dans un orphelinat. Surtout en étant carrément entouré de gens qui ont ou ont eu des problèmes avec leurs parents. Mais je crois que j'ai une conception tordue du respect, y'a qu'à voir comment je pense au maitre. Bref.
Mes parents sont normaux. Aucun pouvoir ou alors ils cachent des choses et les cachent très très bien. Mais vu les énergumènes, ce n'est pas possible, pas du tout. Déjà que mon père est un peu fou... Le premier qui commente et fait un lien avec mon caractère, je lui envoie une buche dans la tête. Et pas le gâteau hein, une bonne bûche de bois bien dure. Fraichement coupée. Comme ça, en vous assommant, vous aurez l'odeur de la forêt. Histoire de faire un cauchemars où vous serez le petit chaperon rouge, dans la version originale du conte. Celle qui finit mal. Mais oui je vous aime tous.
En fait, nan, pour le moment il n'y a qu'une seule personne qui reçoit toute mon affection dans la pièce. Juste là maintenant, je vais faire l'égoïste et ne penser qu'à elle. Pas comme si ce n'était pas le cas depuis tout à l'heure, sauf que je l'affirme et le revendique. Nah. Et re nah, parce que j'ai envie.

- Oui ce sont eux. Ma mère est infirmière et mon père travaille dans la police.

A ce propos, je ne vous raconte même pas ce que ça donne. Mais y'a une sacré ambiance dans son commissariat.

- Ils n'appartiennent pas à Orpheo, en fait ils n'ont aucun pouvoir.

Mais Takeji, qu'est-ce que tu fais ici -ha ha, quelle rime-? Enfin, ils sortent d'où mes pouvoirs? J'en sais rien, mais rien que pour tenir Shybaï contre moi, je suis très content de les avoir. De toute façon... La téléportation, c'est le bien!

- Et en fait, j'avoue que j'en suis bien content. Les savoir face à des fantômes m'inquièterait beaucoup trop... Mais sinon, ils sont plus ou moins normaux, j'ai beaucoup de chance. Je suis même sûr qu'ils seraient ravis de faire ta connaissance.

Synonyme de la dernière phrase: et si tu venais faire un tour au Japon avec moi un de ces quatre? Enfin, j'ai un peu peur de ce que pourraient faire les deux fous, mais si Ren a survécu, y'a pas de raison que ça n'aille pas de même pour Shybaï, si un jour ça arrive.
Mais en même temps, est-ce qu'elle voudrait aller dans le pays d'origine de sa mère où elle n'a presque pas vécu? Aucune idée. Peut être que oui, peut être que non. Si je me décidais à poser la question, on serait fixés. Mais je fais un sacré blocage sur les questions en ce moment.

- Enfin, tout ça pour dire que si un jour tu veux aller au Japon... On pourrait y aller ensemble?

Mouais, peut mieux faire. Le jour où je ferai une demande en mariage, si jamais j'en fais une... Héhé, à quatre-vingt ans elle ne sera toujours pas faite.

Sentir le bras de Takeji entouré ma taille et ses lèvres se poser sur mon front me fait du bien. Je retrouve mon petit cocon agréable dans lequel je me sens si protégée que rien de mal ne pourrait m'arriver.

- Oui ce sont eux. Ma mère est infirmière et mon père travaille dans la police.

J'avoue que à partir de ce moment, je me suis mise à beaucoup admirer ses parents. Car si ils avaient tous les deux des métiers respectables, ils étaient aussi très courageux.
Moi, j'aurais jamais pu être infirmière. Il règne tant de mort et de tristesse dans un hôpital... Il y a aussi des moments de joie, sûrement. Et heureusement. Cependant, je n'imagine pas le nombre de larmes que moi-même j'aurais versé. Je me serais sûrement attaché à tous les patients. Et, évidemment, tous ne peuvent pas survivre.
Quand au métier de policier... De nos jours, les gens n'arrêtent pas de se moquer des "flics" et des "poulets". L'uniforme ne fait plus vraiment l'effet qu'il faisait il y a 20 ans et c'est malheureux. Je pense qu'il faut donc avoir beaucoup de courage pour supporter tout ça. Et puis après il y a aussi le danger. Ca doit être dangereux de se retrouver face à un criminel j'imagine.

- Ils n'appartiennent pas à Orpheo, en fait ils n'ont aucun pouvoir.

Mes parents non plus n'en avait pas. Enfin je ne crois pas. Au fond, ils auraient très bien pu le cacher quand j'étais petite fille... De toute façon je ne vois pas ce que ça aurait changé à ma vie. Je me vois mal aller me pointer vers mon père et lui dire "Tiens, salut. Je sais que ça fait des années qu'on s'est plus vu, depuis la fois où t'as essayé de me tuer en fait, mais je voulais te demander. Toi ou maman, aviez vous des pouvoirs ?". Ca le ferait pas trop. D'ailleurs, je ne sais même pas si il est encore en vie.

- Et en fait, j'avoue que j'en suis bien content. Les savoir face à des fantômes m'inquièterait beaucoup trop... Mais sinon, ils sont plus ou moins normaux, j'ai beaucoup de chance. Je suis même sûr qu'ils seraient ravis de faire ta connaissance.

Je crois que j'ai découvert le don premier de Takeji. Sa capacité à me faire virer écrevisse. J'arrête pas de rougir en sa présence et je ne sais même pas pourquoi. Probablement avec la proposition cachée de me faire rencontrer ses parents. Ou alors j'interprète mal, il n'y a aucune proposition cachée et je vais avoir l'air très stupide.
Pas seulement l'air en fait.
Mais toujours est-il que moi j'aimerais bien les rencontrer les parents de Taki. Je crois. Enfin... je suis pas si sûre que ça. Imaginez qu'ils ne m'aiment pas ? Que ça se passe mal. Je crois que je suis déjà en train de flipper là. C'est malin.

- Enfin, tout ça pour dire que si un jour tu veux aller au Japon... On pourrait y aller ensemble?

Haha ! J'avais bien raison. Ca, c'est une proposition, non ? Il y a même un point d'interrogation à la fin ! Si ça c'est pas une preuve... Et non, n'essayez même pas de me contredire, de toute façon je ne vous écoute plus et na. C'est bien fait pour vous, ça vous apprendra à me donner des conseils aussi nul.
Je boude là. Enfin seulement vous. Pas Takeji.

- Ca serait une bonne occasion de découvrir le pays de ma mère... Et tu pourras être mon guide. En plus, comme je ne parle pas le japonais...

Pourquoi ai-je besoin de justifier ma réponse. Pourquoi ne puis-je pas juste dire que je trouve que c'est une super idée et que ça me ferait vraiment très plaisir qu'on voyage ensemble. En plus, je vous le rappelle, on sort ensemble. Donc je n'ai pas besoin de me justifier. Quand je disais que je n'avais pas l'air seulement stupide...
J'aimerais bien connaître la langue de Taki. Non, pas cette langue là, elle je l'ai déjà rencontrée. Même si ça me dérangerais pas de faire un peu plus ample connaissance. Enfin bref, moi à la base je parlais de la langue parlée. Le japonais quoi. Parce que du coup, je me demande si les amis de Taki parlent l'anglais... Et si ses parents et ses frères et soeur... Tiens, est-ce qu'il a des frères et soeurs ?

- Je n'ai vu aucune autre personne à part ta... cousine sur les photos. Tu n'as pas de frère et soeurs ?

J'appuie exprès sur le "cousine", parce elle je ne l'aime vraiment pas. Mais alors pas du tout. Et le premier qui demande "pourquoiiiii", je le tape. C'est pour raison personnelle et c'est tout. Et personnel ça veut dire que vous avez pas besoin de savoir. Et je vous zut. Sujet suivant.

- Ca serait une bonne occasion de découvrir le pays de ma mère... Et tu pourras être mon guide. En plus, comme je ne parle pas le japonais...

Ah, même si tu parlais japonais, je crois que de toute façon je ne t'aurais pas lâchée. Là, j'ai carrément une excuse pour le faire.J'ai même plein d'excuses! Attendez que je les liste. Voyons, elle ne parle pas la langue, n'a jamais été dans le pays, donc elle pourrait se perdre, ne pas pouvoir demander son chemin, et je ne veux pas qu'elle se perde. En fait, je ne veux pas la perdre tout court, comme ça c'est dit. Et puis, si au passage elle va voir mes parents, il faut que j'y aille aussi. Ne serait-ce que pour surveiller mon père, qui parle plus vite qu'il ne pense. Si jamais il pense tout court, quand il sort ses bêtises. Oui je sais, je peux parler. Beh écoutez, la génétique hein...
Hrm bref. Et puis, la raison qui vaut toutes les autres réunies, c'est que Shy, c'est ma petite amie. Pas touche. C'est normal que je sois à côté. Nah.

- Tu viens de signer un contrat invisible. Je t'emmène avec moi là bas la prochaine fois que j'y vais, si tu le veux toujours à ce moment là.

Et j'espère bien qu'elle le voudra toujours. Par contre, "la prochaine fois", quand est-ce que ça sera, j'en ai aucune idée. L'été prochain? Avant? Vous savez, je suis presque sûr de pouvoir y aller en téléportation. Bon, je m'évanouirai à l'arrivée, mais j'aurais vaincu tous les avions de la planète. On verra ça plus tard. J'appellerai mes parents avant pour leur dire de me réceptionner. Et puis, minute culture pour vous -vous l'aurez que vous le vouliez ou non-, le nouvel an au Japon, on le fête pendant cinq jours. Cinq! Ici, c'est une cuite la nuit du trente-et-un au premier, et c'est reparti pour une année. La nouvel an là bas est une fête très importante. Et Noël n'est pas vraiment fêté, c'est plus une fête commerciale -que tout le monde fait quand même-. Par contre, c'est aussi la fête des amoureux. Hrm...
On est en Écosse. Moi éviter un sujet? Pas vrai.

- Je n'ai vu aucune autre personne à part ta... cousine sur les photos. Tu n'as pas de frère et soeurs ?

Note à moi même: ne pas approcher Shy de Mieko. Ça pourrait mal finir. Ou peut être réconcilier Shy avec Mieko, même si elles ne se sont pas vraiment fâchées. Bah... A dire vrai, que Shy semble plus ou moins jalouse de ma cousine, ça me plait bien. Même plus que je ne veux l'avouer en fait. Sujet clos, je vais finir par dire quelque chose que je ne devrais pas dire.

- Aucun frère et soeur. Je suppose que toi non plus...?

Enfin... Je suppose, je suppose, juste par rapport à ce qu'elle m'a dit sur son père. Arg et voilà, de quoi peut être rappeler des mauvais souvenirs. Pas doué. Je l'embrasse sur la joue avant de dévier sur ses lèvres en lui relevant légèrement la tête. Ha, le vilain garçon. Bon, ça me tentait trop depuis qu'on a arrêté. Et euh... Oui bon ok, c'est aussi pour éviter qu'elle ne pense trop à de mauvais souvenirs. Ne l'allonge pas, ne l'allonge surtout pas. Ça ferait tout reprendre à zéro. Enfin, ce n'est pas comme si je m'étais réellement calmé, à la sentir contre moi depuis le début.
Je romps doucement le baiser en lui souriant.

Toc toc toc

Interuptionland, c'est ici. Bienvenue. Je ne me rappelle pas avoir voulu y aller, mais à priori on y est.

- Take ! Allez dépèche ! J'ai Autumn ... Autumn est évanouie... dans mes bras !

Ian? Il arrive quelque chose à Autumn? Elle est pourtant sage... Ok, c'est bon oui je m'inquiète. Je dépose un rapide baiser sur les lèvres de Shybaï avant de me relever avec un regard d'excuse. Le seul et unique point à moitié trois quart du dixième positif, c'est que ça va me -nous- forcer à faire revenir M.Contrôle. Quant à comment on fera cette nuit... Héhé, on va rire.
M'en fiche, au moins elle sera là. Nah.
Au fait, comment on va justifier la présence de Shy dans la pièce? ... Bah. Un professeur a toujours les moyens de faire taire ses élèves. J'dis ça, j'dis rien. J'ouvre la porte tenez, voyez, je ne dis rien.
Et boum, en fait j'aurais dû ouvrir la porte avec précautions. Parce que dans "Autumn est évanouie dans mes bras", j'ai dû louper la partie qui précisait qu'elle est évanouie à moitié nue et complètement trempée. Elle doit geler. A en juger par la couleur de ses lèvres, ce n'est même pas une supposition, c'est un fait. Bon... Ian, va falloir expliquer un peu. Et avant, rentre avec Autumn, faut absolument la réchauffer. Elle me fait peur comme ça. Je m'écarte de devant la porte.

- Va falloir t'expliquer, mais rentre et dépose la sur le lit je vais chercher de quoi vous sécher.

C'était plus ou moins un ordre, mais dans son état de toute façon, il devait pas en attendre moins je crois. Je jure que la prochaine fois que Ian vient dans mon appartement, ça sera pour prendre le thé. Et il sera normal. C'est à dire non transformé, pas non plus torse nu, ni trempé jusqu'aux os ou avec Autumn évanouie dans les bras. Bref, je vais vers la salle de bain en envoyant un sourire à Shy au passage. Autant prendre les interruptions avec le sourire, hein. Allez, serviettes pour les deux là, et puis on va peut être savoir la raison de leur état. Nan, je ferai mes suppositions après. Parce que, soyons honnêtes, vu leur état, et ce qu'on faisait avec Shy y'a pas particulièrement longtemps, y'a certains liens à faire, que je ne ferai pas. Nan même pas la peine d'essayer, je vous l'interdit. Et puis j'aimerais bien savoir pourquoi Autumn est évanouie.
Je reviens vers les deux trempés. Trempés, mais il ne s'était pas mis à neiger...? Ah bah, il pleut. Ça n'aura pas duré longtemps. Pour un coup de malchance... Je tend une serviette à Ian et amène l'autre vers Autumn.
Hey, Takeji, non tu ne vas pas embrasser Shybaï. J'ai failli me tourner vers elle pour l'embrasser. Failli. Dans ma tête c'était tout clair comme plan. Tu t'approches du lit et d'Autumn, tu te tournes pour embrasser Shybaï rapidement et tu t'occupes d'Autumn. Obligé de rayer une étape.

- Elle s'est évanouie il y a longtemps?



Suite sur un nouveau sujet avec Ianou (ordre Ian/Shy/Taki, peut être Autumn par la suite ^^)