À la recherche du grand méchant loup

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 À la recherche du grand méchant loup

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Admin | Petite vadrouilleuse
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Nephilim L. de Sylphie
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MessageSujet: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyDim 11 Déc 2011 - 17:17

J'en ai marre. Oui, j'en ai vraiment marre. De cet orphelinat, de ces orphelins, de ces gens qui servent à rien. J'ai l'impression de bosser tous les jour, sans savoir à quoi ça servira. J'ai pas envie de devenir exorciste, je veux simplement faire ma vie de solitaire tranquille. Et qu'est-ce que je récolte de tout ça ? Un aller direct dans le bureau de la directrice. Mon prof était fâché. Très fâché. Parce que j'ai soi-disant haussé le ton. Mais il n'avait qu'à ne pas m'obliger à travailler. Je fais ce que je veux, et personne n'a rien le droit de me dire. En plus, je trouve que j'ai beaucoup changé. Je ne m'adresse plus aux gens d'une manière hautaine. Bon, un peu moins dirons-nous.

Au final, Pandora ne sait plus quoi faire de moi. Elle ne me l'a pas dite en face, mais je suis persuadée que c'est ce qu'elle pense au fond d'elle. Elle aussi, elle est fâchée. Alors puisque je ne sais que faire ça, autant m'isoler seule. Elle m'a dit de rentrer en classe, mais j'avoue que j'ai tout sauf envie de revoir mon prof débile. Pf. Je déteste l'école. Encore plus cet orphelinat qui se permet de choisir notre futur à notre place. J'aurais préféré naître sans pouvoir, voilà tout. J'ai donc fugué. Comme je fais d'habitude. Mais cette fois-ci, je suis tranquille. Ren je viendra pas me chercher, il est occupé de partout. Alors je suis enfin libre. Sauf si un prof se met à ma recherche. Mais c'est lui mon tuteur, alors personne d'autre ne peut s'occuper de moi. Au pire, si jamais je meurs, je serai un poids en moins.

M'accroupissant, je tourne mon regard vers Idgy. Mon petit fennec adoré. Toi au moins, tu ne m'énerves pas. Je ne suis pas télépathe, mais j'espère qu'un jour je pourrais discuter avec toi. Mais peut-être qu'à ce moment-là, je découvrirai que tu ne m'aimes pas et que tu me suis uniquement pour la nourriture. J'incline la tête sur le côté, suivit de la même mimique de sa part. Toi, tu ne me trahiras jamais. Pas vrai ? Je me relève, puis passe une main sur mes vêtements pour enlever la poussière. C'est sale. En ce moment il pleut tout le temps, alors je profite d'un de ces instants entre deux intempéries. J'ignore s'il va pleuvoir à nouveau. Il y a de la boue par terre. Je déteste la campagne. C'est tout le temps vert, on ne voit jamais rien d'autre que du vert. Moche, laid. Mais comme Idgy ne supporte pas la pollution, on reste ici. Car je me fiche bien de l'endroit de cet orphelinat. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurai disparu de la surface de l’Écosse depuis bien longtemps.

Aujourd'hui, la couleur, c'est le noir. Une belle robe rouge en crinoline réajustée à ma taille. De belles dentelles avec plusieurs étages de froufrous. Je n'ai pas mis de panier, car j'ai volontairement raccourci la robe. Elle m'arrive au niveau des genoux. J'ai gardé mon flot rouge dans les cheveux, qui rassemblent l'arrière en queue de cheval. Et puis j'ai fait des anglaises pour les mèches du devant. C'est mignon. Mais pas du tout adéquat à la situation. Je me fiche bien du regard des autres. Mais c'est pas pratique. En plus il fait froid, et ce n'est pas le maigre collant couleur chair qui va y changer grand chose. La prochaine fois, je prendrais celui en laine. Il devrait me tenir plus chaud. Et je mettrais une autre robe aussi. Passons. J'ai pris un parapluie avec moi au cas où. Sait-on jamais.

Actuellement, je me dirige vers un endroit... où suis-je ? Je me retourne. Aaaah, j'aime pas me perdre. D'un air lassé, je soupire. Le grand méchant loup va venir si je suis dans les bois, alors tâchons simplement de trouver un échappatoire. D'ici là, je me serais probablement repérée. Je connais les bois comme ma poche, à force de fuguer. N'empêche que là... Bon... bon. Soit. Idgy, tu as les pattes toutes sales. C'est pas le sujet, je sais. Je ne perds pas patience, et continue à marcher en toute sérénité. Jusqu'à ce que... jusqu'à ce qu'il se mette à pleuvoir. C'est bien ma journée. Mes chaussures vont être toutes sales. Je vais me faire gronder...

J'ouvre le parapluie tout en continuant à marcher. Ambiance noire. Il fait sombre. En même temps, nous sommes en fin d'après-midi et en hiver, il fait nuit plus tôt. Espérons que je ne rencontrerai pas de mauvaise personne. Dans ma tête, je révise les sorts de runes que j'ai apprise. Il faut bien que ça me serve à quelque chose un jour. Je peux toujours me défendre face à un animal. Face à un homme aussi. Mais il faut croire que mes pensées parviennent jusqu'au oreille du diable, car des pas résonnent, froissant les feuilles d'arbres morts. Le grand méchant loup ?

-Qui est-là ?

Criai-je, sans pourtant ne montrer aucun signe de faiblesse. La faiblesse, je la mets derrière moi, dans ces moments-là. J'ai onze ans, oui, et c'est justement pour pallier à cet âge que je me montre plus forte... que je ne le suis, à vrai dire.

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Matt E. Drust
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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyMer 14 Déc 2011 - 18:43

« La curiosité d'avoir peur existe. »

La campagne fait partie des pires cauchemars mais en même temps des plus beaux rêves de Matt. Comment est-ce possible ? De manière très simple. Dans la campagne, il y a les fleurs, l'herbe et les arbres. Mais aussi les champs de blés, les épouvantails et les méchants agriculteurs. Difficile à avaler que, à 18 ans, le néo-adulte est encore peur des agriculteurs. En même temps, cela a toujours été une hantise chez lui.

Pourquoi ? Pourtant les agriculteurs ne lui ont jamais rien fait de mal, ils ont même plutôt été très gentil avec lui. Sauf que, dans sa jeunesse, il avait un cauchemar récurrent. Cela a duré des mois pendant lesquels il faisait le même cauchemar chaque nuit. Ce mauvais rêve n'était pas compliqué, il marchait dans la campagne justement, puis il arrivait face à un grand champ de blé dans lequel on pouvait aisément se perdre, ce qu'il ne manquait pas de faire. Puisque c'était impossible de trouver la sortie, il appelait la sortie sauf que c'est des agriculteurs avec des yeux rouges qui venaient le chercher et qui finissait par l'attacher et mettre le feu aux champs.

Matt ferma les yeux à cette pensée. Il préférait songer à cette demande en mariage dont il avait toujours rêvé en plein milieu d'une colline. Sa femme qui l'attendait calmement au milieu de la prairie, les pétales roses flottant légèrement à l'aide du vent. L'air calme, une fleur venait tomber dans sa main ouverte. C'est alors qu'il apparaissait, la voyant de loin et une pétale, la même que celle qui avait été dans la main de sa future dulcinée.

Quelle pensée agréable. Mais actuellement ce n'était pas un paysage idyllique qui se tenait devant lui malgré la beauté du paysage au naturel. Non, là il faisait gris et on était en hiver, si bien que la nature n'était pas très belle. En fait, pourquoi Matt était là ? Il devait normalement rechercher des informations en rapport avec la mort de sa mère et lui préférait se balader calmement sur une longue route déserte.

Il avait tout simplement besoin d'un calme relatif, pour réfléchir, penser à son avenir, à sa condition d'humain noir, à la mort de sa mère. Depuis qu'elle était morte, on l'avait plutôt forcer à grandir et il n'en avait pas vraiment fait le deuil. Une larme roula doucement le long de sa joue, sans qu'un bruit aux alentours vienne troubler ce moment de tristesse.

Il décida de dévier du chemin afin que personne ne le voit. En effet, même s'il avait entendu que peu de personnes empruntaient le chemin, il suffisait que quelqu'un décide de le prendre aujourd'hui et il voyait directement sa faiblesse. Serrer les dents, ne pas montrer qu'on a mal, qu'on a peur et qu'on se sent seul. Ne jamais montrer ses émotions, jamais.

Il se dirigea vers une forêt lorsqu'il se mit à pleuvoir soudainement. Bien sûr, il était habillé comme d'habitude, avec un jean noir, un chemise blanche et un manteau sans capuche noir, si bien que bientôt il fût trempé. Ses cheveux tombaient sur son visage, mouillé. Pour autant, il ne s'arrêta pas de marcher. Sa mère lui disait souvent "Dieu est dans chaque goutte de pluie". Peut-être Dieu pourrait l'aider à se sortir de cette impasse sentimentale. La solitude, c'est tellement bon.

Il avait toujours eût une part de marginalité dans son caractère. Repoussant les autres, ayant souvent besoin de moment seul, défiant l'autorité et les conventions que chacun à adopté alors qu'elles sont ridicule. Trahissant l'hypocrisie de la société actuelle en n'hésitant pas à dire chaque chose qu'il pensais. Quel doux rêve que celui d'un monde plein de vérité.

Les feuilles étaient tombés. C'était l'hiver. Les arbres nu n'étaient que le reflet de la tristesse de Matt. Maintenant, on ne pouvait plus voir que les larmes coulaient le long de ses pommettes. Un triste sourire était apparu sur son visage. Il était maintenant les pieds dans les feuilles et cela lui rappelait sa tendre enfance lorsqu'il se baladait dans les bois avec sa mère et qu'ils faisaient des chemins à travers les feuilles en traînant leurs pieds. Le bruit de la feuille avait quelque chose d'apaisant pour lui quand soudain, une voix sortit de nulle part.

-Qui est-là ?

C'était un cri, une voix très jeune et aiguë. Sûrement une fille. Il releva la tête lentement et se tourna vers la provenance de la voix jusqu'à voir une jeune adolescente aux cheveux châtains qui se tenait pas très loin d'elle vers sa droite. Elle l'avait sûrement repéré à cause du bruit dans les feuilles. C'était stupide de sa part car cela aurait être une personne bien pire que cette jeune fille. Cependant, il avait entendu qu'il y avait des sorciers très doués dès leur plus jeune âge.

Il s'arrêta, il se figea sans prendre une expression particulière. Il la regarda droit dans les yeux sans montrer une quelconque intimidation ni une quelconque compassion. Elle semblait perdue et en colère. Elle l'avait interpellé, la politesse lui disait de répondre mais son humeur lui disait de fuir tout simplement. Finalement, il finit par dire :

- Je suis là, je ne te veux aucun mal. Je m'appelle Matt. Tu t'es perdue ?

C'était neutre même s'il avait montré plus d'amicalité que voulu. Tant pis, ce n'était qu'un enfant perdu dans les bois. Elle ne pouvait à priori rien faire contre lui. Puis peut être qu'il pourrait l'aider et son âme se sentirait un peu soulagé. Sa mère lui avait toujours dis d'aider les femmes car c'était la plus belle chose que Dieu avait créé. Il sourit.

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.. Mais c'est seulement parce qu'on me le demande:
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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptySam 17 Déc 2011 - 17:34

Mes mains se crispent sur la poignée du parapluie légèrement recourbé. Mes jointures en deviennent blanches comme neige. D'ailleurs, non, il ne neige toujours pas. C'est assez étrange. On dirait que plus le temps passe, moins les saisons sont ce qu'elles devraient être. Si ça se trouve, dans quelques milliers d'années, si l'être humain existe encore, l'été sera en hiver et inversement. Ou bien il fera froid ou chaud. L'été et l'hiver ne seront que deux vieilles légendes. Quelle tristesse. Des pas se font entendre, et moi, je n'ai pas peur. En vérité, je tâche de m'en persuader au point de fermer un instant les yeux, pensant à quelque chose d'agréable qui puisse me détacher un instant de la situation. J'inspire profondément avant de lâcher mon interrogation.

Tout d'abord, il y a un silence. Un gros silence plat. Puis, j'entends des pas dans les feuilles. J'ignore s'il s'agit des gouttes de pluies ou non. Alors, par précaution, je me tourne vers la source du bruit, lentement. C'est alors que j'aperçois un monsieur. Oui, un grand monsieur, tant par sa taille que par son âge. Peut-être pas aussi vieux que mon cerveau puisse bien penser, mais pas de mon âge. Bien que ma silhouette fasse certainement plus mûre que mon âge réel. Je fixe cet homme sans émotion particulière, tâchant de me concentrer sur autre chose pour m'éviter de recevoir de pleins fouets ses émotions. Ça m'énerve, je suis censée être influente sur les émotions, et c'est souvent le contraire qui se produit.

- Je suis là, je ne te veux aucun mal. Je m'appelle Matt. Tu t'es perdue ?

On dirait qu'il a deviné mon âge très rapidement, vu la familiarité avec laquelle il s'exprime. Je serre encore plus mon parapluie. Il est habillé de façon plutôt décontracté, mais c'est assez classe. Le seul problème, c'est qu'il pleut des cordes. Je lève la tête pour fixer la surface protectrice du parapluie. Les gouttes qui s'écrasent sur la toile m'empêche de bien me concentrer. C'est assez énervant. Je recentre mon regard sur le Matt présumé. Avant de baisser les yeux en me mordant la lèvre, je m'empêche de m'énerver. Je déteste qu'on me parle aussi gentiment quand on ne me connaît pas. Comme si j'étais une poupée de porcelaine. On pourrait le croire vu mes vêtements. Mais ce n'est pas le cas, je sais très bien me défendre. Une bouffée de tristesse s'empare alors de moi.

Je relève subitement la tête. Ça ne vient pas de moi. C'est cet homme. Qui émet une telle tristesse. Ma tête s'incline sur le côté comme signe d'incompréhension. Que lui est-il arrivé pour qu'il soit plongé dans pareil sentiment ? Je m'approche de Matt, jusqu'aux quelques mètres protecteurs qu'on m'a conseillé de garder avec les étrangers. Si j'avais su que le grand méchant loup était triste, je l'aurai probablement aidé. Je secoue la tête d'un geste énergique. Pas de gentillesse avec les étrangers. Ils sont souvent dangereux. D'ailleurs lui non plus, il n'est pas gentil... il est juste neutre. C'est étrange. Instinctivement, je demande d'une voix qui se veut plus douce qu'elle ne l'est en réalité :

-Pourquoi votre visage n'est pas d'accord avec vos sentiments ?

Je recule brutalement. J'ai involontairement parlé de mon don. Mais on peut aussi me penser simplement.... je sais plus... ces gens qui devinent l'émotion sur le visage des gens, alors que ces derniers souhaitent ne rien montrer. Bref. Je ne sais pas si c'est la pluie ou bien des larmes qui ont coulées sur son visage. Mais je pourrais opter pour les deux solutions. Je referme toutes mes barrières télépathiques, tâchant au contraire d'instaurer un climat tranquille. Avec difficulté, je ne suis pas très douée. C'est à voir si ça marche ou non. Mes sourcils se froncent, tandis que j'ajoute, en réponse à la question formulée plus tôt :

-Je connais ces bois comme ma poche. Mais vous, je ne vous ai jamais vu.

J'aimerai bien lui passer mon parapluie, parce que là, il me fait vraiment pitié. Mais après, je n'aurai plus rien pour me couvrir. Donc ça ne risque pas d'arriver. Mon parapluie est bien grand pour deux, mais ça me gênerai de devoir me coller à un étranger. Les étrangers me font peur. Et celui-là semble si... indéchiffrable. Tout ce que je ressens, c'est de la tristesse, qui pourtant tend à s'atténuer au fil du temps. Peut-être ne pense-t-il plus à... rien ?

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Matt E. Drust
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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyLun 19 Déc 2011 - 20:02

« Les larmes ne sont qu'une pluie soudaine. »

La jeune fille que Matt venait de voir avait eu une réaction bizarre aux paroles qu'il venait de prononcer : étrangement elle semblait inquiète alors qu'il avait tout fait pour tenter de la rassurer. Elle avait baissé la tête et se mordait la lèvre comme si elle hésitait à fuir. Pourtant l'adulte n'avait rien dit de méchant.

Elle releva soudain la tête, avait-elle senti un danger ? Elle la pencha presque immédiatement vers Matt : elle ressentait de la compassion pour lui. De la compassion ? Mais comment pouvait-elle savoir ? Non ce n'était pas possible. La pluie avait effacé les larmes mais ne pouvait effacé le temps perdu sans sa mère. A l'inverse des grosses gouttes tombant du ciel, les larmes qui perlaient le long des joues de l'homme étaient chaudes. Mais elle ne pouvait le voir.

La jeune fille s'approcha vers lui comme si elle avait voulu le réconforter. Malgré cela, il y avait une certaine distance d'écart entre eux. Ses parents lui avaient sûrement appris à ne pas trop s'approcher des inconnus et Matt ne pouvait lui reprocher : sa mère lui avait dit pareil et il dirait pareil à ses futurs enfants. S'il vivait assez longtemps pour en faire. Il savait que dès lors qu'il s'était mis à la recherche des assassins de sa mère que, chaque jour passant, il vivait dans le danger. Quelque part, il aimait ça. Être posé, au calme dans sa maison avec un boulot stable ce n'était pas encore lui. Puis il avait encore l'argent de l'héritage. Il pouvait survivre pour l'instant sans travailler. C'est alors que la fillette pris la parole d'une voix maladroitement douce.

-Pourquoi votre visage n'est pas d'accord avec vos sentiments ?

Suite à ces paroles, Matt réalisa qu'elle savait. Elle savait qu'il était triste et qu'il essayé de le cacher ! C'était son don. Elle devait être capable de lire dans les pensées des gens. Attention à ce que tu penses Matt, elle pourrait anticiper toute tes pensées. Incroyable qu'elle maîtrise son pouvoir à ce point. Le jeune homme en demeura bouche bée.

Elle, elle recula, comme horrifié. Elle pensait avoir fait une erreur et se sentait sûrement comme vulnérable après avoir révélé qu'elle pouvait deviner les sentiments ou lire dans les pensées. Elle pensait peut être qu'il était un humain ordinaire qui n'aimait pas les doués. Quelque part, c'était ça mais pas du tout. Il sourit légèrement. Il se sentait un peu mieux comme s'il avait mangé du chocolat. Il occulta sa mère quelques secondes puis se souvint pourquoi il avait encore les yeux qui le piquaient. De nouveau, il plongea dans les méandres de sa tristesse. Il n'avait pas le coeur à répondre à sa question. Elle poursuivit d'un ton étrangement calme, comme si elle mourrait d'en savoir plus mais qu'elle se retenait.

-Je connais ces bois comme ma poche. Mais vous, je ne vous ai jamais vu.

Il répondit du tac au tac avec un léger sourire sans aucune joie dans son regard.

- C'est la première fois que je viens ici, j'espérais ne plus penser à rien en venant ici et à me libérer l'esprit mais c'est le contraire qui se produit.

Un silence naquit entre eux deux. Il espérait qu'une connexion allait s'installer entre eux. Qu'elle allait comprendre pourquoi il se sentait mal mais visiblement elle n'était pas assez expérimenté pour le faire car au fil des minutes, elle ne faisait rien. Il devait lui expliquer, même si ce n'était qu'une enfant ça apaiserais son esprit.

Et puis non ! Pourquoi lui dire ? Ce n'était peut être qu'une métamorphe transformée en enfant, quelqu'un qui cherchait à le piéger. Là, tu deviens paranoïaque mon pauvre Matt, se dit-il à lui même dans sa tête. Il se calma et ferma les yeux quelques secondes. On n'entendais plus que les gouttes de pluie qui venait s'abattre sur le parapluie. Quel bruit apaisant.

Le silence n'est pas une chose très bonne quand on a quelque chose sur le coeur. Il n'en parlait jamais, il avait besoin d'en parler. Ce n'était qu'une enfant, elle ne comprendrait pas ! Si, elle pouvait comprendre. Il eût soudain un élan d'affection pour l'enfant mais se retins de la prendre dans ses bras. Il avait besoin d'affection et en manquait cruellement. Dans son corps si grand et robuste, il n'était au fond qu'un enfant qui avait souvent grandit loin de sa mère, de ses baisers et câlins et qui l'avait perdu lorsqu'ils commençaient à se rapprocher.

- J'ai perdu ma mère, il y a peu, finit-il par dire.

La tristesse jaillit de nouveau en lui. Il passa une main sur son visage, dégoulinant toujours. Il remit ses cheveux en arrières. De nouvelles larmes brûlantes coulèrent sur son visage. Cette fois, elle pouvait clairement les voir. Inutile de se cacher, de toute façon elle pouvait le ressentir. Il baissa la tête comme perdu dans ses pensées. Il était faible. Il n'avait pas peur, se sentait en confiance avec la jeune fille. Au moment où il lui avait révélé la raison de son malheur, il lui avait accordé sa confiance. Une nouvelle goutte d'eau tomba sur le sol. Mais cette fois elle ne venait plus du ciel.

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Dernière édition par Matt E. Drust le Mar 20 Déc 2011 - 0:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyLun 19 Déc 2011 - 22:02

Dès à présent, je ne peux plus faire demi-tour. Il a dû deviner que quelque chose clochait dès que ma bouche s'est ouverte. Mais je n'y peux rien, c'est sorti tout seul. J'avais besoin de le montrer que je comprenais. Que je voulais comprendre. Que je ne voulais pas le laisser tout seul dans sa misère. Mon don marche très mal. J'ai tendance à ressentir les émotions des autres et à m'adapter en fonction de ces dernières. Pas le contraire. Ce qui devrait être en temps normal le sens de mon don. Mais non, même si je m'évertue à bien vouloir effacer tous ses sentiments affluant en masse dans mon esprit, je ne peux m'empêcher de les ressentir les uns après les autres. Tristesse, mélancolie, tristesse. Il a vraiment dû lui arriver quelque chose de très, très mauvais. Mais il ne voudra plus me parler maintenant qu'il sait qu'il y a un truc anormal. Je devrais partir avant que les choses ne tournent mal. C'est sans doute la meilleure chose à faire.

Mais l'homme ne bouge pas. Il continue de m'observer. Je vois à son visage et à travers ses sentiments qu'il a compris. Étonnement, suspicion, tristesse. Encore et toujours cette même tristesse qui revient. Je ferme les yeux pour faire barrière. Il faut qu'il s'arrête de penser, l'espace d'un instant, ne serait-ce que pour me permettre de respirer. Mais le stress ne s'évacue pas de cette façon. Il faut l'obliger à parler. Je devrais lui faire subir un long interrogatoire, l'écoutant sensiblement. Un moment d'atroce souffrance qui pourrait bien me faire tomber dans les pommes. Je suis encore très instable avec mon don. La dernière fois, ça s'est mal terminé. La meilleure chose serai de partir. Maintenant, tout de suite. Il n'y a pas à tergiverser. Pour lui comme pour moi, c'est la meilleure solution. De nouveau, mes dents viennent chercher mes lèvres. Pour lui aussi ? Il va se morfondre si je pars. Je vais culpabiliser. Je ne peux pas le laisser seul. Alors je continue à lui parler. Tais-toi, Nephilim, tais-toi. Il me répond aussitôt, ce qui a le don de me faire sursauter.

- C'est la première fois que je viens ici, j'espérais ne plus penser à rien en venant ici et à me libérer l'esprit mais c'est le contraire qui se produit.

Je fais une moue dépressive. Dois-je comprendre que ma présence l'énerve ? Ou bien est-ce le contraire ? Je n'arrive pas à saisir le sens même des paroles. Un silence pesant s'installe, ponctué par le staccato des gouttes de pluie sur le sol. Je vais finir par me mouiller le collant. En plus, il commence à faire froid. Je vais bientôt geler. Le vent se fait plus fort, secouant les gouttelettes d'eau accumulée sur les feuilles des arbres. Ma robe bouge dans tous les sens. D'un air presque pensif, j'observe le ciel derrière mon parapluie. Il se couvre encore plus. J'espère qu'il ne va pas y avoir d'orage. Être sous les arbres, il paraît que c'est dangereux. Il ne faut pas qu'on reste ici. Je préfère attendre qu'il parle. Car il veut parler. Je ressens tout ça. Mais il hésite. Confiance ou pas ? Ça a l'air de lui être précieux. D'un côté, je me sens fautive de ne pas pouvoir réprimer mon don. J'ai l'impression de plonger au cœur même du jeune homme.

La curiosité me pousse pourtant à vouloir en savoir plus. Je rougirai presque à l'entendre se tâter intérieurement. Hésitation. Beaucoup trop d'hésitation. On dirait qu'il en oublie presque le motif. Moi, je ne comprends pas. Je plonge à nouveau dans ma curiosité. Il vente beaucoup. Je vais avoir froid. Je ne veux pas vraiment que l'homme accepte de me donner sa confiance. Après tout, c'est pas forcément joli ces choses-là. C'est pas forcément gentil non plus. Ça peut cacher des lourds secrets et ça emprisonne. Alors je préfère attendre. Attendre que sonne à haute voix les sentiments de Matt.

- J'ai perdu ma mère, il y a peu.

Il pleure. Même si sa main passe devant son visage, je sens qu'il pleure , qu'il souffre. Moi, je n'aime pas ça. Les gens qui pleurent, c'est la pire chose qu'on puisse me faire. Après tout, je ne suis qu'une enfant. Et quand les adultes pleurent, moi je veux pleurer avec eux. Il a perdu sa mère. Quand à moi, je ne l'ai jamais connue. Elle m'a mise au monde en y laissant sa propre vie. Une vie pour une vie. Je jalouse en quelque sorte ce monsieur. Si j'avais pu choisir entre connaître ma mère puis la perdre ou ne jamais la connaître, j'aurai préféré la première opportunité. Sa tristesse, je la ressent, mais je n'arrive pas à l'exprimer. C'est quelque chose de nouveau. Mon père ne m'aime pas. Mais je veux savoir. Alors je ne pleure pas. La phrase sort de mes lèvres, mais ne parvient certainement pas jusqu'aux oreilles de Matt. Je l'ai murmuré. Mais la volonté me ronge, et je prononce ma voix à voix audible :

-C'est comment, d'avoir une maman ?

Ça n'allait en rien arranger le cas de Matt, ni le mien, mais je voulais savoir ce que c'était, ce qu'on ressentait, s'il y avait oui ou non des liens de sang inaltérables. Si les mamans c'était aussi gentilles qu'on le racontait. Moi, je sais pas, je l'ai jamais vécu. Je ne prends compte de ma bêtise que quelques secondes plus tard. D'un sourire peiné mais honteux, je détourne les yeux. Je ne veux pas être une enfant. C'est idiot un enfant. Tout comme la phrase que j'ai racontée. Je secoue la tête. Si les gouttes ont pu cacher ma honte, j'aurai préféré. Il va me prendre pour une gamine. Ou pire, il me prendra en pitié. Oui. Pitoyable en effet. Cherchons à savoir lequel est le moins bien loti. Ça ne m'intéresse pas. Et la pluie qui redouble d'intensité. Et l'homme qui ne bouge toujours pas. Si j'attrape froid, alors lui il aura la grippe. Je fronce les sourcils et m'approche d'un pas méticuleusement marqué. J'ai franchi le mètre qui nous séparait. En souriant malgré toute la tristesse qui m'accable, je tends une main accueillante, la laissant toucher l'eau. Le parapluie nous supportera tous les deux. Mais avant ça :

-Je m'appelle Nephilim. Venez vous abriter, sinon vous finirez par éternuer.

Tant pis pour mes habits bien secs, il va falloir se serrer. Si j'avais su qu'il allait pleuvoir, j'aurai amené deux parapluies.

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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyMar 20 Déc 2011 - 0:09

« La tristesse vient de la solitude du coeur. »

Après lui avoir révélé la raison de son, Matt remarqua que la fille avait eût une réaction étrange. Elle avait eût d'abord comme un éclair dans sa tête, comprenant ainsi la situation du jeune homme puis avait l'air d'être décontenancé. Finalement, elle prononça une phrase. Laquelle ? Matt ne savais pas car il avait seulement vu les lèvres de la fille bouger. Peut-être avait-elle prononcé une formule magique comme pour lui remonter le moral ? En tout cas, ce qui était sûr c'est qu'elle ne voulais pas qu'il l'entende. Alors Matt ne releva pas et ne lui demanda pas de répéter plus fort.

Elle eût un sourire de compassion puis détourna le regard, comme gênée. Finalement ce n'était peut être pas une formule magique mais une phrase qui aurait pu le blesser qu'elle avait prononcé. Elle pensait sûrement que l'homme l'avait entendu mais il n'en était rien. Elle secoua la tête, comme énervée contre elle-même de sa propre bêtise et jeunesse. Matt avait relevé la tête et la regardait de nouveau. Elle ne semblait pas savoir quoi faire.

Elle s'approcha de l'adulte sans crainte. Elle devait savoir qu'il lui faisait maintenant confiance et qu'il n'y avait rien à craindre. C'est en tout cas ce qu'elle laissait craindre. Il lui sourît et en réponse, sa petite main blanche et frêle se tendit vers lui, laissant les gouttes d'eau pénétrer chaque pore de la peau de sa main. Elle s'en fichait apparemment d'être mouillé, tout ce qu'elle voulait, c'est qu'il se sente mieux.

-Je m'appelle Nephilim. Venez vous abriter, sinon vous finirez par éternuer.

Cela toucha Matt et il prit sa main et s'avança sous le parapluie en se recroquevillant un peu car son bras était bien trop petit pour monter le parapluie afin de recouvrir jusqu'à la tête de l'homme. Il était maintenant très proche de la fillette et seul quelques centimètres les séparait. Au moins, il n'aurais plus la pluie qui s'abattrais sur lui. Il murmura seulement un mot :

- Merci.

Il avait mit tout son coeur dans ce mot. Merci pour le parapluie, merci pour la compassion, merci pour tout. Même si ce n'était qu'une fillette et son parapluie, c'était de l'amour qu'elle lui offrait quelque part et c'est ce qu'il avait besoin. Il avait envie de la prendre dans ses bras à nouveau mais il se retint. Qu'est ce qu'elle en penserais ? Il n'avait pas envie de la mettre à dos car il appréciais déjà cette jeune fille si touchante. Il chuchota doucement, avec un sourire triste.

- Tu veux que je te raccompagne chez tes parents ?

Si au moins il pouvait faire quelque chose pour elle ça serait bien. Il ne se voulait pas maladroit, seulement adulte un peu car dans l'histoire il faisait enfant en attente de réconfort et elle, elle prenait ses responsabilités et tentait tant bien que mal même si c'était hésitant de le réconforter. Elle faisait bien. Il la regarda droit dans ses yeux. Elle en avait de jolis.

Le vent redoubla d'un seul coup et son parapluie se tordit. Ils se retrouvèrent ainsi tout deux sous la pluie. Matt se sentit légèrement coupable même s'il n'y était pour rien. Il eût de la peine pour la jeune fille qui était bien habillé et qui, maintenant, allait se retrouver mouillée comme du linge qu'on vient de laver. De toute façon, il n 'y avait rien pour s'abriter. Les arbres sans feuille ne les protégeraient sûrement pas et l'homme ne bougerait pour rien au monde de cet endroit si apaisant et si isolé. Personne aux alentours, seulement Nephilim et lui. Il appréciait déjà cette gamine !

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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyMer 21 Déc 2011 - 13:03

Si je suis gentille ? Je ne sais pas. Sans doute est-ce de la pitié ? De la compassion ? En tout cas, rien n'en ressort de positif. Est-ce que ça fait de moi une personne inhumaine ? Parce que je n'arrive pas à croire en cet homme ? Est-ce seulement un problème de confiance ? Il est étrange, mais en même temps que ne l'est pas... Je me pose des questions. C'est normal pour une fille de mon âge, non... ? On dit qu'à l'adolescence, on remet tout en cause. Alors, il faut bien poser des questions avant d'arriver à les remettre en cause. C'est ce que je fais. Je ne sais pas pourquoi j'ai envie d'aider cet homme. Si c'est uniquement par les sentiments qu'il émet, ou bien autre chose. Je me demande bien s'il se sentirai mieux si je lui tendais la main.

Ma main est frêle, toute pâle. Il fait froid et elle ne tardera certainement pas à craqueler à cause du vent. Mais je la tends sous la pluie, comme unique libération à mes maux et ceux qui morfondent Matt. Ce n'est qu'une main tendue pour se protéger du froid, mais une main avenante, qui croit à elle seule qu'elle pourra sortir cet homme de sa tristesse. C'est une cause perdue d'avance mais... pour une fois j'ai envie d'essayer de faire quelque chose de bien. Peu m'importe s'il s'agit d'un ennemi, d'un ami, d'un homme qui veut ma mort, un pervers ou un sans abri. Tout ce que je souhaite, c'est que sa tristesse disparaisse. Pour qu'il puisse enfin sourire sans avoir à se forcer. Les sourires faux, je déteste ça.

- Merci.


Il prit ma main. Elle est froide. Pas gelée, mais froide. La mienne est chaude, puisque ce n'est pas celle qui tient le parapluie. Cette main, elle hibernait jusqu'à présent dans la poche de mon manteau, en attendant de pouvoir servir à quelque chose. Et voilà qu'elle se prend à présent pour une sauveuse de sentiments. Quelle prétention. Il vint se mettre sous le parapluie. Mais je n'ai pas songé à notre taille à tous les deux. Il est bien plus grand que moi. Ça me fait bizarre d'être collé à un inconnu. Ça m'est déjà arrivé avec Ren, mais c'était souvent qui le tenait... pas le contraire. Ça me rend toute bizarre. Et ce mot si simple et pourtant si gentil. Il sourit. Toujours tristement, mais c'est un début :

- Tu veux que je te raccompagne chez tes parents ?

Je... mes parents ? Sans aucun doute... il ne fallait pas qu'il le sache. Je ne veux pas l'accabler. Il a perdu sa mère, inutile de jouer à « qui a la plus mauvaise vie ? ». En temps normal, j'adorerai ça, mais là.... là non c'est trop méchant. Je me pince la lèvre et détourne le regard. J'ai envie de pleurer. Mais je ne dois rien laisser transparaître. Pour lui comme pour moi. Il faut que je sois forte. Même si maman, tu es partie sans m'avoir dit bonjour ou au revoir, même si papa tu ne m'as jamais reconnue. Je suis grande à présent. Alors, toute seule je peux me débrouiller. Je devrais rentrer à l'orphelinat. Retrouver mes amis ou mes non-amis, et me retrouver seule à pleurer dans mon lit.

-Je... Non, ce n'est pas la peine, ils ne m'attendent pas à la maison. Et ils habitent trop loin d'ici.

Pourquoi ? Pourquoi je me mets à mentir maintenant ? Ce n'est qu'un demi-mensonge, mais j'ai cachée volontairement le fait que je n'en ai plus. Est-ce parce qu'il est si gentil ? Parce qu'il s'efforce d'être si gentil ? Je ne sais pas. Je n'en sais rien. Je ne veux pas le décevoir, lui qui m'a l'air si gentil et si doux alors qu'il n'est qu'un étranger. J'ai envie de pleurer. Pleurer pour le mensonge que j'ai raconté. Des mensonges, j'en raconte tous les jours, mais celui-là est trop gros. Mon cerveau m'intime de me ressaisir, de lui dire la vérité. Mais moi, je ne peux pas. Je ne suis qu'une idiote. Une enfant. Peut-être que s'il me raccompagne chez Ren, ça fera comme une grande famille ? Je pourrais avoir des parents adoptifs et une nouvelle petite sœur qui ne devrait pas tarder à arriver ? Ce serai si bien. Mais ça n'est pas le cas. Ce n'est que mon tuteur, et je ne suis qu'une fille seule et sans défense, trouvant presque le repos auprès de gens qu'elle ne connaît pas. Minable.

-Mais... je... je pense qu'il va faire nuit... le... le ciel est tout...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase. Un immense éclair surgit pour déchirer le ciel en deux. Sur le qui-vive, je me mets à compter dans ma tête. Un, deux, trois, quatre, cinq. Un roulement de tonnerre ne tarde pas à suivre. Six kilomètres. Seulement... Instinctivement, bien que je déteste l'orage, je me rapproche encore un peu plus, cherchant les bras réconfortants d'un adulte. Je n'aime pas ça. L'orage, ça n'apporte que de mauvaises choses. Il y avait de l'orage, quand je suis née. Et maintenant, nous sommes sous des arbres avec un parapluie. Je suis trempée à cause du vent et du parapluie retourné. C'est dangereux. Lorsque le deuxième bruit retentit, je me mets à crier. Simplement, comme une gamine. On est tout près de l'orphelinat. Il va vouloir me raccompagner chez moi... Je ne peux pas lui mentir.

-J'ai... j'ai peur de l'orage, dis-je en me cachant les yeux dans ses vêtements trempés.

Première réalité. J'aimerai bien avoir un grand frère un jour.

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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyMer 21 Déc 2011 - 18:15

« Personne ne peut m’offrir de plus beau cadeau que celui de me sentir aimée. »


Après le souhait qu'émis Matt de raccompagner la jeune fille, elle parût extrêmement gênée. Comme si, elle ne savait plus où se mettre car il avait dit une grossièreté sans nom. Toujours est-il qu'elle avait détourné le regard et qu'elle se mordait les lèvres d'un air inquiet. Peut être qu'elle avait fugué après tout ? Lui n'avait jamais rêvé de fugué car il se sentait heureux dans sa "famille" mais il avait souvent entendu les gens de sa classe dire qu'ils allaient partir de chez eux car la vie était trop dure et qu'ils ne supportaient plus leur parents. Elle déclara d'une voix timide et hésitante :

-Je... Non, ce n'est pas la peine, ils ne m'attendent pas à la maison. Et ils habitent trop loin d'ici.

Ils ne l'attendent pas. Au moins, le jeune adulte était fixé : Nephilim avait fuguée de chez elle. En plus, apparemment cela faisait plusieurs jours puisqu'elle était maintenant loin de chez elle. Quelle tristesse d'en arrivé jusqu'à là avec ses parents. Matt s'était toujours promis de faire attention de ne pas avoir de gros conflits avec sa mère. Même s'il y en avait eu des légers, il n'avait jamais voulu détruire leur relation car il savait bien que c'était la seule famille qui lui restait. Après tout, on n'a qu'une seule mère dans la vie.

En tout cas, il avait manqué de tact en parlant ainsi de ses parents : il ne fait aucun doute que la jeune fille regrettait son geste mais ce n'était pas à Matt d'insister sur ce fait. Il n'était personne pour elle et il n'avait pas le droit de lui faire la morale. Le garçon était déçu car il avait rompu la petite affection qui s'était tissé rapidement entre eux. Il regrettait d'avoir parlé de ses parents. Il leva les yeux vers le ciel et s'aperçut bientôt qu'il était aussi noir que l'ébène : la tempête empirait. Il entendit la voix douce de Nephilim jusqu'à ses oreilles.

-Mais... je... je pense qu'il va faire nuit... le... le ciel est tout...

Noir. Elle n'eût pas le temps d'achever sa phrase que déjà, un immense éclair blanc transperçait le ciel chargé de nuages déversant toute leur tristesse. Elle se redressa comme pétrifiée. Peu de temps après, un immense bruit retentit faisant craquer la terre et leurs tympans. L'avantage d'être né en Ecosse c'est qu'on a plus peur de l'orage à force d'en voir. En tout cas, c'était le cas pour Matt. Il avait juste froid.

Première règle de base quand il y a de l'orage : s'éloigner des arbres isolés. C'est ce que sa mère lui avait souvent répété. Un jour, son oncle lui avait promis de lui donner 10 euros si jamais il faisait 20 fois le tour d'un arbre seul pendant un orage particulièrement féroce. Matt, bien sûr, avait dit oui mais sa mère s'était, elle, mis dans une rage folle, insultant l'oncle en question de tout les noms. En repensant à ça, la tristesse refit surface : sa mère la défendait toujours corps et âme.

Mais aussitôt, comme l'avait fait la chaleur quelques heures plus tôt, sa tristesse s'évapora. Nephilim s'était blotti contre lui et tremblait. Elle avait l'air d'avoir très peur de l'orage. Comme quoi, on peut être né en Ecosse et toujours avoir peur de l'orage. Enfin après tout, il ne savait pas vraiment si elle était née en Ecosse ou pas. Un pressentiment, simplement. Elle dit d'une voix effrayée :

-J'ai... j'ai peur de l'orage.

Instinctivement il passa ses bras autour d'elle et la serra légèrement. Un nouvel éclair retentit et il la serra plus fort. Nephilim était très jeune et il ne faisait aucun doute qu'elle était terrifiée. Elle avait besoin qu'on la rassure mais Matt n'avait jamais été très doué dans ce genre d'exercice. C'est pourquoi il lui chuchota avec le plus de douceur possible :

- Ne t'inquiète pas, je te protège.

Ce qui était parfaitement stupide comme déclaration. Si un éclair leur tombait dessus, qu'est ce qu'il pourrait bien faire ? Rien du tout. Mais, il espérait au moins rassurer la jeune fille. Il se pencha légèrement, écarta ses cheveux collé à son front par la pluie et embrassa son front. Cela avait un aspect protecteur et peut-être qu'elle serait plus rassuré. En tout cas, Matt se sentait maintenant doté d'une mission : il voulait protéger Nephilim coûte que coûte. Il dit d'une voix parfaitement calme alors qu'un éclair explosait encore le ciel :

- Il faut qu'on s'éloigne des arbres, c'est là où c'est le plus dangereux. Retournons sur la route la plus proche. Et rentrons chez toi, ou si tu n'en as pas envie, viens "chez moi".

Il lui prit la main et l'entraîna vers la route. Il avait besoin que Nephilim lui fasse confiance.

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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyMer 21 Déc 2011 - 22:43

L'orage, la pire chose que l'on puisse entendre. Dans mon pays natal, à Malte, quand il y a de l'orage, la mer monte et devient menaçante. Les vagues embrassent le sable, tandis que le sable rentre sur les terres. En général, il y a beaucoup de vent, et les palmiers plissent sous le poids. Quand j'étais vraiment toute petite, j'adorais voir le rugissement de la mer. On croyait entendre son cri plaintif dès que les vagues s'échouaient sur terre. Un jour, je me suis approchée trop près des vagues. La foudre s'est écrasée en plein milieu de la mer. Ça a fait un bruit du diable. J'ai cru que mes tympans allaient imploser ce jour-là. La mer s'est déchaînée, et j'ai criée. J'étais assise sur les barrières, et mon cri m'a fait tomber en avant. Si mon père ne m'avait pas rattrapé ce jour-là, je serai probablement cent mille lieues sous les mers. Peut-être que j'aurai croisé le capitaine Nemo ?

On n'a plus la notion du temps lorsqu'on a peur. En après-midi ? En soirée ? Je ne sais pas. La seule chose que je sens, ce sont mes mains fermement accrochées à la chemise de Matt, et mon souffle apeuré entre deux sursauts de larmes. Larmes qui ne veulent pas couler. C'est comme ça, lorsqu'on a trop peur. Je ne tiens plus le parapluie. À vrai dire, je m'en fiche pas mal. Je ne sais pas où il est. Dans la main de Matt ? Par terre ? De toute façon, je suis mouillée. Mouillée de la tête aux pieds. J'ai vraiment été une idiote. Nous serons deux enrhumés. Moi la première. Je devrais arrêter de me prendre pour quelqu'un que je ne suis pas. Admettre qu'une enfant n'y changera jamais rien quand un adulte est triste ou en colère.

- Ne t'inquiète pas, je te protège.


Si douce. Sa voix est si douce. On sent... non, je sens qu'il n'est pas à l'aise, mais il a l'air de vouloir faire des efforts. Beaucoup d'efforts. Est-ce que j'ai l'air si désorientée et fragile pour que même les inconnus aient pitié de moi ou veuillent à tout prix me protéger ? En temps normal, je me dégagerai de sa subite étreinte et je dirais que je ne suis plus une enfant. Il est réconfortant pourtant. Il ne demande qu'à être gentil. Mais ça pourrait être un méchant. Et il chercherai juste quelque chose de moi. Après avoir été aussi confiante, pourquoi est-ce que j'ai besoin d'hésiter maintenant ? Non. Non, ça ne peut plus durer. Je lui ai déjà raconté trop de mensonges. Qu'est-ce qu'il va dire si je lui raconte toute la vérité maintenant ? Pourquoi je devrais la lui raconter d'ailleurs ? Ce n'est rien de plus qu'un inconnu. Un gentil inconnu, mais j'ai appris à me méfier des regards et des sentiments.

Il faut que... je me détache de son emprise. Lentement, j'ordonne à mes doigts de se détacher. Mais ils sont comme pétrifiés. Le lien du cerveau jusqu'aux doigts ne se fait plus. C'est sans doute parce que j'ai froid. Je ne veux pas pleurer. Un nouvel éclair passe au travers de mes yeux clos. Je sursaute une nouvelle fois, patientant jusqu'au moment fatidique du tonnerre. Maman, j'ai peur. Je veux pas qu'on me laisse toute seule. Il va me laisser toute seule lui aussi, n'est-ce pas ? Ils le font tous. Dès qu'ils comprennent que je ne suis pas normale, ils ne veulent plus de moi. Mais lui, il est différent, il a su qu'il y avait quelque chose de bizarre, mais il n'a rien dit. Peut-être que... ? Il se met à ma taille et enlève les cheveux qui cachent mon front. L'instant d'après, je crois avoir affaire à un rêve. Il m'a embrassé sur le front. J'ouvre de grands yeux et oublie durant une dizaine de secondes tout ce qui m'entoure. L'orage compris.

Je détourne le visage. Cette fois-ci, c'est pour empêcher la rougeur montant à mes joues d'être découverte. Marque de faiblesse. Mais je me suis faite surprendre. Ce n'était pas du jeu. J'espère que l'obscurité est assez grande pour me cacher un peu. Sinon.... sinon, c'est vraiment la grosse honte. Il faut combler le vide. Mais l'orage m'empêche d'ouvrir la bouche. Alors, tant pis s'il me voit rougir. Il me penserai encore plus idiote que je ne le suis déjà. Pourtant... pourtant il n'a pas l'air d'y songer. Il ne dégage pas ce genre de méprise. Pourquoi ? Pourquoi faut-il qu'il soit différent ? J'ai l'habitude pourtant. Ce serait tellement plus simple s'il était comme tout les autres. Il ouvre la bouche pour me dire :

- Il faut qu'on s'éloigne des arbres, c'est là où c'est le plus dangereux. Retournons sur la route la plus proche. Et rentrons chez toi, ou si tu n'en as pas envie, viens "chez moi".


Et il me prend la main. Comme une enfant. Mais il est gentil lui. Je le suis en silence, nos pas soulevant les feuilles mortes qui ne tarderons pas à former la litière de ce bois. Ce silence n'est gâché que par le bruit de tonnerre. Je suis jalouse d'un côté. Il fait très sombre. Très très sombre. Je ne sais plus vraiment où je suis. Mais lui, cet homme devant moi, il a l'air de se repérer. Alors qu'il n'est jamais venu ici. Ou bien peut-être qu'il marche tout droit jusqu'à trouver la sortie, comme quand on ne lâche jamais un mur pour sortir d'un labyrinthe ? Quoiqu'il en soit, nous sortons bientôt de la forêt. Et nous nous retrouvons sur la route. Il faut croire qu'il a un sens de l'orientation très développé. Je repense à ce qu'il m'a dit. Mes parents. Il faut que je le lui avoue. Mais avant ça, je dois vérifier quelques petites choses. Je lâche brusquement la main de Matt et recule un peu, tête basse. On m'a souvent dit de cacher le fait que je vienne de l'orphelinat si l'on ne prenait pas peur en voyant mes pouvoirs. Parce que tout le monde n'est pas gentil. Je mets mes mains derrière mon dos, tâchant de les joindre comme pour sentir encore une fois le contact rassurant de Matt.

-Dites-moi, si vous répondez clairement à ma question, je vous donnerai l'adresse de mes parents. À dire vrai, ils me manquent beaucoup.

Un nouvel éclair retentit et je serre encore plus mes phalanges de doigts en fermant instinctivement les yeux. Il ne faut pas flancher maintenant. Même si l'obscurité te fait peur, même si les bois sont derrière toi et que le grand méchant loup est probablement devant toi. Jamais, non jamais tu ne failliras à ton devoir. Je relève la tête pour fixer brutalement Matt dans les yeux. Pourquoi mon regard est-il subitement si sérieux ? Il brille d'intensité, malgré l'obscurité. Je suis décidée. J'ai peur de trouver la réponse. J'ai peur qu'il soit méchant. J'ai peur qu'il m'ait menti. Parce que moi je l'aime beaucoup. J'ai l'impression qu'il ne me trahira jamais. Mais je me fais toujours trop d'illusions. Voilà la raison du mètre qui nous sépare. C'est faux, je ne veux pas connaître la réponse, je veux simplement savoir si oui ou non lui aussi il peut être capable de mentir sur sa condition rien que « me protéger ». Quand on est enfant, on a beaucoup de visions idylliques. Je crois que ça en fait parti.

-Puisque vous n'avez pas eu peur de mon don de ressentir les émotions, c'est que vous y êtes habitués... mais... -les larmes commencent à monter lentement jusqu'à mes yeux- est-ce que tu es quelqu'un de gentil dans la vie, Matt ?

Abandon du vouvoiement. Tout est plus marqué lorsqu'on s'adresse à quelqu'un de manière plus personnelle. Surtout pour un inconnu. Je le fixe tout en reniflant, empêchant les larmes de couler. Pour une fois, je n'ai pas peur de l'orage. J'ai peur de sa réponse. Moi, j'aimerai bien aller chez lui. Mais quelque part, il me fait peur. Mon père me disait souvent que ce n'était pas bien de se lier d'amitié trop vite. Je devrais le croire. Mais Matt il ne m'a rien fait. S'il n'avait pas croisé mon chemin, je serai rentrée sèche jusqu'à l'orphelinat, alors après tout c'est de sa faute à lui si je suis ici. Alors il doit me répondre. Car sinon, tout ça n'aura rimé à rien.

Et puis d'abord, qu'il soit gentil ou bien méchant, l'issue ne sera-t-elle pas seulement... la même ?

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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyJeu 22 Déc 2011 - 19:26

«Mais l'enfant, épanchant une immense douleur,
Cria soudain: - "Je sens s'élargir dans mon être
Un abîme béant; cet abîme est mon coeur !
Brûlant comme un volcan, profond comme le vide!
Rien ne rassasiera ce monstre gémissant" »


Matt et Nephilim marchèrent quelques instants ensemble, la main dans la main. Le silence n'étant troublé que par le souffle du vent flétrissant leur âmes et leur bonheur. Ce n'était tout les deux que des enfants après tout même si une certaine taille les différenciaient. Qu'est ce qu'était une dizaine d'années après tout ? Rien, rien dans ce monde où on vit de plus en plus vieux et bientôt où l'immortalité ne sera plus une légende. Matt se sentait très proche de la demoiselle bien qu'ils n'aient que très peu de points communs.

Marcher tout droit, sans but et sans raison. Tenant la petite main tremblante et glacée de la fillette. Matt avait remarqué que les gens avaient tendance à avoir confiance dans les gens qui ont confiances en eux. Il n'en menait pas bien large en lui, il ne savait pas où il allait mais ce qui lui donnait la confiance c'était que cette jeune fille lui fasse confiance. Nephilim ne s'était plainte à aucun moment, elle le suivait. Un silence plutôt apaisant s'était installé entre eux rompu par les grondements incessants du ciel.

Par chance, ils se retrouvaient sur la route. Il savait qu'il avait gagné la confiance de la petite. La petite, drôle de nom pour décrire ce petit bout de femme qui avait fait de son mieux au début pour rassurer et réconforter Matt alors qu'elle même n'allait pas beaucoup mieux que lui. Quelque part, cela le touchait. Elle lui avait donné son affection alors même qu'elle ne le connaissait pas. Il se sentait heureux d'être aimé. Depuis le décès.. Il n'avait jamais pris le temps de chercher l'affection, obsédé par son désir de vengeance. Elle était venue à lui spontanément, comme si Dieu voulait l'apaiser, lui effacer tout ses troubles dans son âme qui l'empêchait d'être naturel.

Il avait tellement changé depuis sa mort, elle n'aimerais sûrement pas le voir comme ça. Il y avait tellement de choses que Matt ne lui avait pas demander. Une musique résonna dans sa tête. "Oh let's go back to the start". Tellement d'envie de revenir au tout début, de poser toutes ses questions qu'il n'avait jamais posé, de recevoir toute cet amour qu'il n'avait jamais reçu. Il avait envie de lui dire qu'elle n'avait pas le droit de laisser ses parents comme ça. Mais il ne le ferait pas.

Nephilim lâcha sa main soudainement, comme électrifiée de l'avoir touché. Elle recula, la tête basse comme si elle avait honte de ce qu'elle faisait. Matt ne comprenait pas, avait-il fais une erreur ? Il la regardait, empreint d'une légère tristesse. Il avait tellement peur, il aimait déjà beaucoup cette fille. Aimer, l'amour, un sentiment étrange.

Il ne la connaissait depuis qu'une heure mais il savait déjà qu'il la protégerais quoi qu'il arrive, c'était comme la petite soeur qu'il avait toujours rêvé d'avoir mais que jamais sa mère ne lui avait donné. Si elle lui accordait sa confiance, il ferais d'elle une princesse. Mais pour l'instant elle semblait soucieuse, comme inquiète de ce que lui réservait l'avenir. Ses mains s'étaient jointes dans son dos. Elle faisait vraiment petite fille innocente, comment ne pas l'aimer ? Elle l'avait touché en plein coeur et malgré sa tendance à ne pas trop s'accrocher très vite, il lui avait très vite ouvert son coeur. Elle ouvrit enfin la bouche, rompant ce silence qui s'était installé entre eux.

-Dites-moi, si vous répondez clairement à ma question, je vous donnerai l'adresse de mes parents. À dire vrai, ils me manquent beaucoup.

Matt fronça les sourcils. Quelle question ? Qu'est ce qu'elle pouvait lui demander ? Il ne comprenait pas. Sa phrase comportait une incertitude tout de même, comment pouvait-elle ressentir le manque de ses parents si elle avait fugué. Elle avait juste à revenir chez elle. C'était tout simple. Ses parents seraient certainement heureux. Puis une idée lui vint subitement : et si ses parents étaient morts ? L'adresse ça serais au paradis. Il tressaillit rien qu'à cette pensée. Elle releva la tête, ses yeux brillait dans l'obscurité de ce soir d'hiver. Matt la regarda droit dans les yeux, sans ciller et il attendit qu'enfin elle ouvre la bouche pour prononcer ces mots :

-Puisque vous n'avez pas eu peur de mon don de ressentir les émotions, c'est que vous y êtes habitués... mais...

Elle avait deviné ! Elle savait que lui aussi était un doué. Peu importe de toute façon, elle aussi en était une. Il n'avait pas révélé le "secret" à n'importe qui. L'eau était au bord de la falaise dans ses yeux. La rivière allait sortir de son lit si elle ne se libérait pas rapidement de ce qui la dérangeait. Il l'incita du regard à poursuivre. Il avait besoin de savoir ce qui la taraudait ainsi.

-Est-ce que tu es quelqu'un de gentil dans la vie, Matt ?

Cette question bouscula tout dans sa tête.

Qui peut juger qui est gentil, méchant, bien ou mal ? Personne. Même si c'était pour lui-même, il n'avait pas le détachement nécessaire pour se juger, est-ce quelqu'un l'avait seulement ? Quand il s'agit de soi-même, on ne peut pas nous demander, on n'est jamais objectif, que ça soit sur la beauté, l'intelligence ou même la gentillesse. Cependant, dans sa tête Matt réfléchit et fit le pour et le contre.

Gentil, oui, certainement. Il avait toujours été élevé dans la politesse, dans le respect des valeurs traditionnelles et il n'avait été méchant que lorsqu'on n'avait été méchant avec lui. Il fait rarement du mal physiquement à quelqu'un.
Pourtant, c'est un humain noir et il est donc contre les sorciers et les mêlés. C'est ce que lui avait dit sa mère et personne ne pourrait lui enlever cette étiquette de la peau. Il était né humain noir et même s'il voulait s'en sortir, il ne pourrait pas. Il avait le nom de Drust sur la peau. Son pouvoir après tout n'était que de la méchanceté pure.

Il réfléchit à nouveau. Dans tout les cas, il se disait que même si la jeune fille était d'Orphéo, il ne songerait jamais à lui faire du mal. Mais s'il se mettait à protéger une sorcière ou une mêlé, il ne serait plus humain noir auquel cas il pourrait se faire traquer et se faire rejeter de tous. Tant pis, c'était un risque à prendre. Il tendit sa main en avant et dit d'une voix très sérieuse :

- Dans la vie, je ne suis pas quelqu'un de gentil quand on est pas gentil avec moi. Je rends coups pour coups. Les gens qui sont gentils avec moi, je leur ouvre mon coeur. Pour toi, je suis prêt à t'ouvrir mon coeur, je suis prêt à devenir celui dont tu rêves. Quelqu'un qui saurait t'écouter et te comprendre à la fois. Je te tends la main car, en ce soir pluvieux, je te tends mon amour. Tu m'as touché. Je ne pourrais jamais te faire de mal. Pour toi, peut être qu'on t'as déjà fait des promesses ainsi et qu'on ne les a jamais respecté mais sache que je tiens toujours mes paroles. Je suis prêt à te défendre contre vents et marées, à te protéger de l'orage comme de l'étranger, à t'aimer même dans les pires moments. Même quand tu me bouderas, je t'aimerais. Si mon discours te satisfait, racontes moi tes peines. Que je comprennes pourquoi le fait de parler de tes parents te bouleverses ainsi.

Maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre. Mais au lieu des paroles, il fit quelque chose de plus symbolique encore, il mit un genou à terre, tâchant entièrement son pantalon déjà trempé et il ouvrit les bras. Si sa réaction était positive, elle se jetterais dedans. Sinon, elle tournerais les talons. Dans tout les cas, comme il lui avait dit, il serait incapable de lui faire du mal ou de lui en vouloir. Cette môme l'avait touché en plein coeur.

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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyJeu 22 Déc 2011 - 23:41

L'achèvement de ma phrase provoque un soubresaut dans ma poitrine. Durant un instant, je m'empêche de respirer. Les larmes veulent sortir, elles se sont retenues bien trop longtemps. Mes mains veulent les en empêcher et moi aussi, mais si je lève mes mains jusqu'à mes yeux, il va savoir que je vais pleurer. Et je ne veux pas le rendre triste. Mais est-ce que je ne suis pas moi aussi méchante de lui imposer le fait d'être gentil ou méchant ? Je suis trop dure avec le monde. Avec lui aussi. On ne peut pas m'aimer. Il y a toujours un jour où on finit par me rejeter. Mais lui, il n'a pas l'air comme ça. Mon cœur l'espère, si fort qu'il persuade même mon cerveau. Les humains sont faibles, mais vous savez quoi ? Les orphelins le sont encore plus...

Pourquoi suis-je aussi sérieuse tout à coup ? Je veux savoir la vérité, l'unique vérité. Il pourra me la donner. Il pourra la jeter à mes pieds puis s'en aller. Ce serai tellement plus simple. Au moins, il oublierai la douleur des instants passés avec moi. Car ce n'est rien d'autre que de la douleur, non ? Toutes ces paroles lancées innocemment à son attention, mais qui peuvent blesser le cœur des adultes. Moi, je ne sais souvent pas ce que je raconte. Alors, je dis souvent des choses pas très gentilles. Mais moi, d'habitude je m'en fiche. Je n'aime pas me soucier des gens. Alors pourquoi est-ce que je le regarde fixement, alors que l'orage gronde et que la pluie déverse sur nous son flot de violence ? Pourquoi est-ce que je n'ai pas peur de l'ombre des arbres qui semble s'allonger jusqu'à moi ? Pourquoi mon seul frisson est-il dicté par la peur d'un seul mot ?

Je n'arrive pas à joindre mes deux lèvres pour les pincer. C'est comme une pétrification pourtant lourde de volonté de mobilité. Je veux hurler, m'enfuir, courir, le traiter de tout les noms, me traiter par la même occasion, lui montrer comme je peux être horrible. Comme je peux être méchante. Comme je peux être cruelle. Comme je peux... l'oublier. Mes cheveux sont collés à mon visage, et la pluie est si forte que j'ai l'impression d'être sous la douche. C'est une tempête qui s'abat autour de nous. Simplement autour, car une barrière protectrice semble nous emporter dans un espace temps différent. Et ce tourbillon est si fort qu'il va finir par me faire tomber dans les pommes. Je connais bien ce sentiment. Lorsque tout est trop fort. Mes sentiments, comme les siens. Ils sont trop... similaires. Ça me déstabilise, j'ai l'impression d'éprouver deux fois deux choses insupportables.

Matt me sort subitement de ma rêverie, m'empêchant de flancher. Les larmes sont toujours à fleur de peau, mais je ne ressens plus vraiment les mouvements de mon corps. Seules mes oreilles et mes yeux possèdent encore leurs capacités spécifiques. Et cela me suffit pour observer la scène d'un autre regard. Il me tend la main, avant d'entamer un long, très long monologue pour le moins sérieux. Tout aussi sérieux que ma question. J'ai vraiment l'impression, pour la première fois, d'avoir affaire à un adulte. Ce qui me permet de redescendre un instant sur Terre. J'étais pourtant si bien parmi les nuages, mais je n'ai pas croisé maman. Peut-être une prochaine fois.

-Dans la vie, je ne suis pas quelqu'un de gentil quand on est pas gentil avec moi. Je rends coups pour coups. Les gens qui sont gentils avec moi, je leur ouvre mon cœur. Pour toi, je suis prêt à t'ouvrir mon cœur, je suis prêt à devenir celui dont tu rêves. Quelqu'un qui saurait t'écouter et te comprendre à la fois. Je te tends la main car, en ce soir pluvieux, je te tends mon amour. Tu m'as touché. Je ne pourrais jamais te faire de mal. Pour toi, peut être qu'on t'as déjà fait des promesses ainsi et qu'on ne les a jamais respecté mais sache que je tiens toujours mes paroles. Je suis prêt à te défendre contre vents et marées, à te protéger de l'orage comme de l'étranger, à t'aimer même dans les pires moments. Même quand tu me bouderas, je t'aimerais. Si mon discours te satisfait, racontes moi tes peines. Que je comprennes pourquoi le fait de parler de tes parents te bouleverses ainsi.

Je me sens chanceler dans le vide comblé par les paroles de Matt. Est-il vraiment possible qu'une telle personne existe ? Ce ne sont pas des paroles en l'air, comme tous les autres ? Dis-moi, Matt, est-ce que tu sais mentir ? Moi, je le fais tous les jours. Je mens à longueur de journée, parce que ça m'amuse. Je n'ai jamais vraiment connue la signification complète de ce terme, mais je crois comprendre que ça peut faire très très mal quand quelqu'un découvre qu'un autre à menti. Alors, est-ce que tu sais mentir ? Est-ce que tu m'aimes ? Est-ce que tu me protégeras toujours ? Pour la vie ? On dit souvent que les déclarations se font sous la pluie. J'ai vu ça dans beaucoup de films. Est-ce que c'est une... déclaration ? Je n'arrive pas à me mettre à rougir. Pourtant, c'est ce qu'il faudrait, non ? Mais la rougeur n'est pas assez forte. Pas assez forte pour exprimer toute la suite de sentiments qui se bousculent la sortie de tous les pores de ma peau.

Pourquoi les gens sont si cruels ? Je n'ai rien demandé en venant dans cette forêt. Si ce n'est du calme et de la tranquillité. Qu'est-ce que j'ai obtenu ? Sans doute bien plus, mais cette idée ne germe pas dans l'esprit d'une enfant de 11 ans. Non, l'enfant en question, elle n'a pas la place de réfléchir. Pour elle, c'est juste la pétale d'une fleur de cerisiers qui tombe dans l'eau. Pas de bruit, seulement une immense onde qui s'élargit et provoque une secousse dans les profondeurs. Les algues suivent le mouvement, sans vraiment se poser la question. Ces algues, c'est le cerveau de Nephilim. Et l'eau, son cœur. Doucement, un mot vient se poser, puis c'est toute une forêt de cerisiers en fleur qui vient déposer chacune de ses pétales sur la surface translucide de l'eau.

Matt pose un pied à terre. Le sol est sale, il faut qu'il se relève. Il va attraper froid sinon. On va attraper froid. Tous les deux. Mais tous les deux, à tour de rôle, nous attendons patiemment la réponse de l'un. Il tend ses bras vers moi. J'aimerai bien me retourner pour voir s'il n'y a personne derrière moi. Si ce geste m'est vraiment destiné. Je renifle. Mais pas encore. Ce n'est pas encore le moment. Il y a d'abord... quelque chose que je dois lui dire. Quelque chose pour avoir répondu à ma question. L'endroit où mes parents résident. Où ma mère a été envoyée sans avoir pu me parler une seule fois. Je reste campée sur mes positions, avant d'ajouter, un sourire gênée aux lèvres, ces quelques mots :

-Je vais répondre à ta question.

Inspirant un bon coup, je ferme les yeux, avant de les rouvrir doucement, tout à fait calme. D'un geste, je lève la main au ciel, avant de l'orienter dans tous les sens. En réponse à ces gestes pour le moins désordonnés. Je hache trois phrases simples mais tranchantes.

-Maman est au paradis. Papa ne m'aime pas. Je suis orpheline.

Trois vérités fatidiques qu'il ne m'était pas permis d'annoncer. Mais Matt, il est gentil, alors Matt il ne me prendra pas en pitié. Pas comme tous les autres. C'est lui mon dernier espoir. Mes yeux se brouillent. Je ne vois plus très clair, même si la forme de Matt agenouillé face à moi reste à peu près distincte. Sans en attendre davantage, je ne retiens plus mes larmes, et plonge dans les bras d'un nouveau sauveur. Quand on a onze ans, on se pose plein de questions. Tu ne me quitteras jamais ? Tu prendras soin de moi ? Tant de questions qui ne fleurirons probablement jamais. Je me mets à crier parmi la pluie et les bras de Matt. Je ne veux pas qu'il me prenne pour une idiote. Je sers ma bouée de secours comme si le Titanic s'apprêtait à couler. Si tu pars maintenant, qu'est-ce que je ferais ? Une bonne dépression ? Certainement plus que ça. Entre deux pleurs, je parviens à articuler quelques mots :

-Moi non plus, je ne te ferais jamais de mal. Je t'aime, Matt.

Cette dernière phrase était prononcée avec beaucoup plus de volonté. J'avais besoin de le dire, parce que ça me semblait important. Pour moi, ce n'était d'ors et déjà plus un simple inconnu. C'était comme une nouvelle vie croisée sur le rebord d'un chemin. Une nouvelle vie qui m'est permis d'emprunter sans avoir à me piquer. Ce qu'il me fallait, c'était un soutien. J'avais trouvé bien plus que ça. Il allait falloir rentrer. Sinon, nous finirons tous les deux morts de froid.

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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptySam 24 Déc 2011 - 16:30

«Le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé.»

Suite à ses paroles, Nephilim parût ne pas y croire, tout simplement. Comme si le temps s'arrêtait, comme si plus rien n'existant, comme si ses soucis s'envolait, comme si Dieu lui tendait enfin la main, comme si elle croyait enfin à la chance. Elle restait immobile, tremblante par le froid ou par les émotions. Elle avait l'air sur le point de fondre à larmes tellement elle ne savait que dire.

Qu'est ce qu'elle pensait ? Est-ce qu'elle avait envie de ne plus le croire ? Est-ce qu'il ne l'avait pas convaincu ? Il avait peur, et si elle tournait les talons et refusait à jamais de lui parler ? Et si c'était pourquoi elle avait les larmes aux yeux. Ca ne faisait qu'une heure qu'il ne se connaissait mais aussi une averse et leurs liens étaient particulièrement grand. Cette fille il l'aimait, elle était l'enfant qu'il rêvait d'avoir et la petite soeur qu'il n'avait jamais eu, qu'il n'aurait jamais.

Elle restait là, chancelante. Lui était toujours le genou à terre. L'impatience le rongeait mais son instinct lui intimait de garder le silence : c'était sans doute trop d'émotions pour la petite fille en même temps. Matt lui fit un nouveau sourire, cette fois pour l'encourager à le rejoindre mais elle s'y refusait. Elle semblait sur le point d'éclater en milles morceaux, de tout lâcher et d'abandonner à tout jamais.

Le coeur de Matt battait doucement. Chaque pulsation était un "Je t'aime" qu'il refoulait en lui même, s'empêchant de parler. Il voulait que Nephilim dise ce qu'elle avait sur le coeur et qu'il sache enfin la vérité sur cette histoire de fugue ou non. Le vent balayait les cheveux du jeune homme. Telle dans une scène de film, les lèvres tremblantes de la fille se mirent en marche pour lui adresser un sourire et elle parla, sans aucune hésitation dans sa voix :

-Je vais répondre à ta question.

Il allait connaître la vérité. Cela lui faisait peur en même temps que cela l'intriguait. Il réalisait maintenant que c'était sans doute plus terrible qu'une fugue pour qu'elle refuse de se confier ainsi à lui, pour qu'elle demande s'il était un être gentil. Elle avait sans doute vécue plus de malheurs qu'il ne pouvait l'imaginer, sans doute plus que l'inimaginable lui même.

Sans savoir pourquoi, une pointe d'euphorie naissait dans le coeur de Matt, il avait envie d'être heureux mais surtout il avait envie de partager ce bonheur avec Nephilim. Pour ne plus voir jamais une seule larme rouler sur sa joue, pour ne plus jamais voir cette tristesse sur son visage. Le bonheur de cette fillette n'était plus une obligation : c'était une évidence.

Elle inspira un grand coup et tout doucement, elle ferma les yeux. Tout aussi calmement, elle les rouvrit, comme apaisée. Elle semblait soulager de lui réveler enfin ce qu'elle avait envie de lui dire mais qu'elle se résolvait à ne pas lui dire tant qu'elle ne lui accordait pas sa confiance. D'un geste, elle leva la main au ciel, avant de l'orienter dans tous les sens. Elle parla à nouveau, sans aucune émotion dans sa voix, comme distante de ce qu'elle disait, comme si ça ne la concernais pas.

-Maman est au paradis. Papa ne m'aime pas. Je suis orpheline.

Boum, boum, boum. Non ce n'était pas trois détonations qui avait retentit, simplement trois lames de glaces venait de transpercer le coeur si chaud de Matt. Comme si les flammes qui avait envahi son coeur quelques instants auparavant n'étaient plus qu'un lointain souvenir en comparaison du givre qui venait de prendre son esprit. Sa respiration se fit plus forte.

Il cherchait son air, comme si tout l'oxygène dans l'air ambiant avait disparu. Une phrase apparut comme un flash dans son esprit : « Dieu sait que nous n'avons jamais à rougir de nos larmes, car elles sont comme une pluie sur la poussière aveuglante de la terre qui recouvre nos coeurs endurcis. ». Comment a fait Nephilim pour garder son calme tant d'instants alors que lui se plaignait de choses si peu importantes ? Elle avait su se battre, elle avait su se relever et elle ne se plaignait pas tellement de son sort.

Si elle cherchait des parents, il se promit que malgré sa jeunesse, il en ferais un exemplaire. Peu importe qu'elle soit sorcière ou mêlée, maintenant c'était un lien indéfinissable qui les unissaient. Pour la vie ? Matt l'espérait. Il savait que ce ne serait pas tout les jours facile mais s'il pouvait rendre la vie rose à la jeune fille, il le ferait. Ne serait-ce pour voir que son sourire présent et même s'il était un peu tard, ne pas trop gâcher son enfance. Rattraper le temps perdu.

La petite fille déjà si grande et mûre chancela à nouveau, elle n'y voyait plus très clair. Etait-ce la pluie, les larmes ou la submersion de sentiments ? Peu importe, elle se mit à courir et se jeta dans les bras de son sauveur, de celui qui changerait sûrement sa vie, de celui qui voulait changer sa vie. Elle posa sa tête contre son épaule et se mit à crier fort. La tempête, la pluie, les larmes, le vent, les cris. Elle venait de renaître certainement de renaître grâce à lui. Pas de ses cendres mais naître comme si le passé n'avait jamais existé. Il lui ferait oublier tout ça.

Tout deux se serrèrent fort l'un contre l'autre.

On dit que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort...

Cela nous rend juste spécial.

Ce que l'on a subi a fait de nous ce que nous sommes.

Elle n'était qu'une enfant, tout cela était trop dur pour elle. Une enfant déjà si mûre, ayant vécu tant de choses. Un coeur d'enfant déjà si blessée. Il se promit de panser tout ce qui avait pu lui faire mal et de la défendre contre tout. Si quelqu'un la rendait malheureuse, il serait malheureux lui aussi. Ils étaient comme liés maintenant. Elle articula d'une voix mouillée par les larmes :

-Moi non plus, je ne te ferais jamais de mal. Je t'aime, Matt.

La vie commençait pour eux deux et elle n'était qu'une longue utopie. Ils étaient deux enfants rêveur contre le vent du désespoir et du pessimisme. Il posa une main derrière sa tête et la serra. Ce n'était que symbolique car cela ne la protégeait de rien mais il avait envie qu'elle se sente en sécurité dans ses bras, qu'elle oublie ses doutes et qu'elle ne pense plus qu'à un avenir qui s'annonçait radieux. Elle serait sa princesse.

Un long moment passa. La pluie se calma enfin, elle relâcha la pression et même s'ils étaient encore trempés et avaient froid, le fait que la pluie s'arrête apaisa grandement Matt. Il n y avait plus que le vent et le ciel restait encore très noir. Il n'était pas à l'abri qu'une tempête recommence. C'est comme si, au final, tout avait été prévu. Leur rencontre avait été actée par la pluie et tout leurs plus grands moments se passeraient sous la pluie. C'était écrit. Il lui chuchota à l'oreille :

- Moi aussi je t'aime Nephilim. Ne t'en fais plus pour rien, je vais te protéger maintenant. Si tu le veux bien, je peux devenir comme un parent pour toi, je suis prêt à m'y engager.

Il attendit un petit instant après sa phrase, restant à son écoute, si elle avait besoin de lui dire quelque chose. Il n'attendait pas sa réponse dans l'immédiat, tout cela devait la perturber grandement. Alors il lui laissait le temps, comme s'il lui laissait le temps de mûrir. Cela pouvait prendre des minutes, des heures, des jours, des semaines ou bien même des années, il respecterait son choix.

Enfin, ils se relevèrent. Il prit sa main froide et l'entraîna. Où ? Peu importe. Tout ce qu'ils comptaient c'est qu'ils soient heureux non ? Ils disparaissaient comme deux humains happés par l'obscurité de la froideur de ce soir d'hiver. La main dans la main, seul la mort les séparera. Elle avait trouvé un parent, il avait trouvé sa raison de vivre.

Un sourire invisible dans l'obscurité apparût sur le visage de Matt. Le premier d'une longue série.

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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptySam 24 Déc 2011 - 21:52

C'est comme un rêve. Sauf que mon esprit m'intime que ce n'en est pas un. Je me fiche bien que Matt soit un gentil ou un méchant. Pour moi c'est quelqu'un qui saura m'aimer. Et ça me fait tout drôle. Je n'ai jamais vraiment été sous la protection de quelqu'un parce que cette personne le souhaitait. Il m'aime vraiment pour ce que je suis, pas pour ce que je veux paraître. Et la différence sonne comme des cloches. Il me sait orpheline et il se fiche bien que je vive à l'orphelinat. Il n'a... comment dire... aucune idée derrière la tête. En tout cas, j'en ai l'impression. Je me calme. Aussi lentement que le fait la pluie, je finis par me vider de mon sac. Si bien que lorsque l'orage se calme, je suis presque tout à fait remise. Presque, parce que je ne veux pas lâcher les bras de Matt. J'ai l'impression que si cela arrive, mon rêve se brisera en mille morceaux. Et je ne veux pas retourner à la réalité. Et dire que j'avais enfin trouvé un grand frère à la hauteur de mes espérances. Non, je ne veux pas me réveiller.

- Moi aussi je t'aime Nephilim. Ne t'en fais plus pour rien, je vais te protéger maintenant. Si tu le veux bien, je peux devenir comme un parent pour toi, je suis prêt à m'y engager.

Je sursaute. Il m'a chuchoté ces mots à l'oreille. Un père ? Non, je ne veux pas avoir de père. Ni de mère. C'est trop pour moi. Je risquerai de me disputer trop souvent avec lui. Et je ne veux pas que cela arrive. Ce qu'il me faut, c'est un frère. Un grand-frère. Et puis, il n'a pas l'âge pour être père. Alors je ne pourrais jamais le considérer comme tel. Ren, il a 25 ans et il va être père, mais lui... Matt il doit à peine finir son adolescence. Moins de dix ans doivent nous séparer. Alors non. Me détachant légèrement de lui, je sèche mes larmes, affrontant ma peur du rêve, puis rouvre les yeux quelques instants plus tard. Matt est toujours là, à me fixer. Je voudrais bien me pincer. Mais ça fait mal, alors je voudrais éviter. Alors, je vais simplement lui répondre maintenant tout de suite.

-Non. C'est un grand-frère dont j'ai besoin. Les parents, je ne supporte plus ça.

Je tente de lui sourire, mais c'est une attitude plutôt gênée qui s'échappe. Gênée, voir triste. Pourtant, je ne veux pas lui montrer ce visage. Je suis contente d'être avec lui. Alors il ne faut pas lui montrer ce visage. Je veux le voir sourire, lui. Il se relève. Un instant, je crois qu'il va partir et me laisser. Mais lorsqu'il me prend la main, je me sens soutenue. J'observe le ciel encore sombre. On devrait rentrer rapidement. L'orphelinat est proche, et je ne sais pas où il habite. Pourtant, je ne désire pas rentrer chez « moi ». Même si sa maison se trouve à des kilomètres et par-delà les mers, je l'accompagnerai. Je ne céderai pas à la facilité. Pas pour retourner chez ces idiots. Si j'ai trouvée une famille, je pense que je n'ai plus besoin de vivre à l'orphelinat, non ? Et si Mystery me convoque dans son bureau, je mentirai. Après tout, c'est ce que je sais faire de mieux, mentir. La vieille n'y verra que du feu.

-J'ai froid.


Simple constatation. Simple parole parmi d'autres bien plus nombreuses. N'empêche que je grelotte beaucoup. J'ai perdu mon parapluie, mais j'ai gagné un fidèle ami. En y pensant, je crois que mon fennec a dû rester à l'orphelinat. Il faudrait passer par-là, finalement. Je ne veux pas le laisser là-bas, on ne sait jamais. Mais si ça se trouve, Matt il est allergique aux animaux. Mais demander de choisir entre Idgy et Matt, c'est trop dur. C'est comme demander de peser deux plumes pour voir laquelle est la plus lourde. C'est impossible. Je n'ose pas vraiment le lui demander. Après tout, s'il n'est pas gentil avec l'orphelinat, je ne sais pas trop ce qu'il pourrait faire. Je ne veux pas qu'il s'en prenne aux pensionnaires. J'hésite à lui poser la question, et je serre instinctivement sa main. J'inspire profondément avant de me lancer :

-Matt... Matt, tu sais, j'habite à l'orphelinat mais... -je secoue la tête- je ne veux pas y retourner. Je suis bien avec toi. Mais... tu sais, j'ai un animal de compagnie. Il n'est pas méchant et je sais m'en occuper alors... alors, on pourrait l'emmener... ?

Ma demande s'est voulue très douce, et elle l'était certainement. J'ai beaucoup d'hésitation dans la voix, et il a bien dû le ressentir. Si je devais choisir, je crois que je dormirai encore un peu à l'orphelinat. Je ne peux pas laisser Idgy aux autres. C'est comme abandonner un ami de longue date. Bien que j'ai l'air hésitante, mes pas nous emmènent lentement vers l'orphelinat. J'ai l'air décidée. Et de toute façon, ça ne prendra pas longtemps. Il commence à se faire tard, et faire mes valises ne devrait pas être très long. Je ne veux plus vivre ici. S'il me veut bien chez lui... Je lui impose un peu tout, mais comme il m'a proposé d'aller chez lui... j'ai un peu trop imaginé. Je baisse la tête. Et si, le temps d'aller et revenir de l'orphelinat, Matt avait disparu ? Et si je réalisais à ce moment que ce n'était qu'un rêve ? Mon cœur s'emballe sans raison. Je lâche la main de Matt et les rassemble sur mon cœur, comme si quelque chose m'avait piqué.

-Mais tu... tu ne peux certainement pas t'occuper de moi ?

Un être plein de contradiction. Voilà ce que je suis. Rien d'autre que ce genre de chose. Nous sommes devant l'orphelinat. Et j'ai perdu mon parapluie. Il faut que j'évite de croiser quelqu'un. Sinon ça pourrait chauffer très vie pour moi. Et puis, il a quoi comme pouvoirs, Matt ? Il doit en avoir s'il n'a pas eu peur de moi, non ? Je lui demanderai plus tard. Pour l'instant, il y a plus urgent. À savoir, cette histoire de logement. Est-ce que c'est bien ce que je fais ? Et si Matt n'attendait qu'une chose de moi, que je le conduise jusqu'au Mystery ? Si c'était vraiment quelqu'un de méchant. Je secoue la tête pour chasser ces vilaines pensées. Non, ce n'est pas possible. Je ne l'imagine pas du tout les sourcils froncés.

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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyMer 4 Jan 2012 - 23:48

« L’amitié est l’union de deux personnes liées par un amour et un respect égaux et réciproques. »

Après le simple souhait formulé à voix basse à l'oreille de Nephilim, la jeune fille sursauta comme si la proposition lui paraissait surprenante ou tout simplement incongrue. Elle semblait réfléchir et était perplexe. Son regard était toujours dans la tendresse de l'enfance mais on sentait qu'une autre flamme était né dans son regard.

Ce n'était plus la flamme de l'innocence, de l'insouciance et du temps qui passe sans qu'on se doute de quelque chose. C'était le feu de la maturité, de la soif de grandi et de l'envie de profiter de l'instant présent. Ce n'était plus une petite fille. C'était quelqu'un qui était lié maintenant à quelqu'un d'autre. Et quand on est lié à quelqu'un d'autre, on a forcément d'autres responsabilité.

En Matt, il n'était plus question de vengeance à cet instant, simplement de protection. C'était peut être ce qu'il avait attendu si longtemps : un but, une raison de vivre. On a tous un objectif dans notre vie.. Certains sont fait pour être philatéliste, d'autres pour devenir de grands champions, d'autres rêvent d'être des rockstars.. Matt avait comme but d'être un jour responsable de personne. Il avait ce sens de responsabilité.

Longtemps, il avait attendu ça. Des amies lui avaient fait confiance et il n'avait pas été capable d'assumer cela, il avait craqué et avait déraillé. Il était jeune et pas prêt. Il n'était pas beaucoup plus vieux maintenant, seul cinq petites années s'était écoulé mais beaucoup de choses s'étaient produites. Il avait mûri, il était fin prêt. Ce n'était plus un enfant ou même un adolescent. C'était un adulte bien que tout jeune adulte.

Il y a un moment dans la vie où il faut se responsabiliser. Matt en était-il vraiment capable ? Au regard des dernières semaines, certainement que oui. De toute façon, il serait bien obligé de le faire pour Nephilim car au regard clair de la fillette tout ne devenait qu'ombres et poussières. Pour la prunelle de ses yeux, il serait maintenant prêt à se déchirer. Il était prêt à tout.

Elle se recula tout doucement, comme si elle avait peur de le blesser. Elle ferma les yeux et les rouvrit tout doucement. La lumière éclaira ses yeux baignées d'une couche fine lacrymale Aussi lentement qu'elle avait ouvert les yeux, sa voix douce se mit en action, comme si elle avait peur qu'elle a blessé, qu'il était une poupée :

-Non. C'est un grand-frère dont j'ai besoin. Les parents, je ne supporte plus ça.

Il ne bougea pas. Elle l'avait mal compris mais peu importe. Il pensait dire par un parent quelqu'un de sa famille. Au final, il serait donc comme un grand frère pour elle. Ce n'était pas les liens du sang qui les unissait mais ceux du coeur. Et c'était tout aussi fort. Déjà la nuit était là. Les alentours étaient sombres et cela commençait à devenir lugubre. Ils devaient rentrer.

Elle eût une attitude gênée, comme si elle avait peur d'avoir blessé Matt. Pourtant, le jeune humain noir se sentait parfaitement bien avec elle. Maintenant, chaque matin, il se lèverait pour chercher de l'or à sa petite princesse. L'évocation de cette pensée lui arracha un sourire. La petite serrait fort sa main.


-J'ai froid.


Elle eût l'air de se détendre un peu mais se contracta à la suite. Elle avait l'air gênée, comme embarrassée par quelque chose d'inavouable. Avait-elle encore menti ? Matt pouvait bien lui pardonner. De toute façon, les enfants ça ment tout le temps alors il devait bien s'y habituer même s'il avait confiance en elle et qu'il avait envie de placer tout ses espoirs en elle.

Elle serra de nouveau sa main, comme si elle y mettait toute sa force. Bien sur par rapport à Matt, sa force était ridicule mais il sentait bien que la petite avait peur. Pourtant, tout les dangers étaient écartés. C'était peut être le fait de le dire à l'Orphelinat, qu'elle partait s'installait chez lui ? Enfin peut être qu'après tout, elle ne voulait pas venir vivre chez lui.. Trop de questions se bousculaient dans sa tête. Elle perça enfin l'abcès qui avait naquit entre eux.

-Matt... Matt, tu sais, j'habite à l'orphelinat mais... -elle secoua la tête- je ne veux pas y retourner. Je suis bien avec toi. Mais... tu sais, j'ai un animal de compagnie. Il n'est pas méchant et je sais m'en occuper alors... alors, on pourrait l'emmener... ?

Ah, si ce n'était que ça.. Le jeune homme se mit à rire subitement. L'innocence de la petite était tellement touchante et marrante à la fois. Ce n'est pas ça qui allait l'empêcher de la recueillir bien qu'il n'aimait pas particulièrement les animaux particuliers comme les insectes ou les reptiles. Cela aurait peut être du mal à passer au départ mais si des gens réussissaient à s'habituer, il pourrait bien le faire aussi. Si bien qu'il entreprit de répondre immédiatement pour rassurer la demoiselle. :

- Ne t'inquiète pas, on aurait même une ménagerie si tu veux.

Elle lâcha soudainement sa main et les rassembla à son coeur comme si tout s'emballait, comme si elle ne contrôlait plus rien et que tout lui échappait alors que rien n'avait bougé. Tout allait sûrement trop vite dans sa tête et Matt s'arrêta doucement. Il la serra une nouvelle fois contre son coeur et lui murmura :

- Je t'aime fort petit ange.

-Mais tu... tu ne peux certainement pas t'occuper de moi ?

Elle avait levé la tête en disant ça comme si tout semblait sans espoir. Matt comprit immédiatement que cette jeune fille avait dû pendant longtemps faire face à une crise de confiance et qu'elle avait besoin d'être rassuré sans ça. Pour avoir côtoyer es filles pendant pas mal de temps, il savait comment s'y prendre. C'est comme s'il avait un décodeur à filles installé sur son cerveau. Même pour les plus jeunes d'entre elles.

La vie était bien cruelle en certains instants comme s'il elle ne voulait pas faire de cadeaux. Cependant, il faut bien se dire qu'un jour le soleil éclaire à nouveau notre horizon et que la destinée offre un combat de tout les instants et que pour obtenir le meilleur il faut donner le meilleur. Toujours donner sans espérer recevoir un jour.

- Je m'occuperais de toi comme si tu étais ma soeur ou ma princesse si tu préfères.

Il fallait la conseiller, la guider. Pour qu'elle sache quoi faire car à cet âge, rare sont les enfants à savoir prendre des initiatives et savoir que faire dans les situations de la vie. C'est normal, à tout âge on a encore besoin d'apprendre, de faire des expériences. Mais Matt pensait déjà au pire.

Un jour, il savait que Nephilim prendrait son indépendance et n'aurait plus besoin de lui et aussi proche que la fin du monde arrivait , cela pouvait survenir bientôt comme dans longtemps. Peut être que le jour où elle sera une adolescente rebelle, il ne sera plus rien pour elle ? Matt se mordit la lèvre. Il ne devait pas montrer son état de faiblesse, sinon la petite craquerais. Il sourit faussement et lui dit :

- File, va chercher tes affaires et viens t'installer chez moi. C'est qu'une petite chambre parce que je suis jeune et que je n'ai que l'héritage de ma mère pour survivre mais je vais trouver un emploi pour toi, pour que chaque jour ton sourire soit plus beau que la veille. Veux tu que je viennes avec toi ? C'est comme tu en as envie. Je ne veux pas te forcer à faire quoi que ce soit.

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.. Mais c'est seulement parce qu'on me le demande:
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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptySam 7 Jan 2012 - 14:54

J'ai souvent eu matière à hésiter. Lorsqu'on est un enfant, on se pose beaucoup de questions. On se demande si la vie est telle qu'on la souhaite, si on va pouvoir réaliser nos rêves, bien qu'ils consistent généralement en des choses irréalisables. Quand on est enfant, on pense que le monde est ami. Mais lorsque la réalité s'impose à nos yeux, on comprend qu'avoir une licorne en animal de compagnie n'est certainement pas faisable. Quand j'étais petite c'était ce que je souhaitais. Je voulais aussi avoir un beau prince charmant dessus, qui viendrait me prendre dans ses bras. Et si la licorne avait de beaucoup obstrué mon rêve de prince charmant, aujourd'hui, je le trouvais.

Il n'est pas blond, n'a pas les yeux bleus, ou en tout cas, pas à ma connaissance. Mais il est gentil, tellement gentil que même mes amies de l'orphelinat ne sont rien par rapport à au lien nous unissant tous les deux. J'ai l'impression que s'il arrive à me supporter, tous mes maux disparaîtront. Peut-être même mes problèmes cardiaques. Ça, il faut éviter que je lui en parle. Je me débrouille bien depuis que je suis enfant, et je l'emporterai dans la tombe. Je prends mes médicaments à chaque crise, je les ai toujours sur moi, alors inutile qu'il prenne peur pour une chose inutile. De toute façon, même mes amies de l'orphelinat l'ignorent. Et moi, j'ai beaucoup tendance à l'oublier. J'ai besoin d'Idgy à mes côtés, comme ça, si mes deux amis se retrouvent ensemble, j'aurai eu sans doute la vie que j'aurai dû avoir avec mes parents. Mais avant de m'installer, il faut demander l'autorisation, sinon ça ne se fait pas. C'est alors qu'il... rit.

- Ne t'inquiète pas, on aurait même une ménagerie si tu veux.

Mon regard passa de la gêne intense à une joie immense. Brillant de mille feux, mes yeux vinrent se planter dans ceux de Matt, et je fonçais sur lui pour le prendre dans mes bras. Le « merci » ne viendra que plus tard. Je veux lui exprimer toute ma gratitude, tout ce qu'il fait pour moi sans doute à contre-cœur. Je n'ai jamais eu la chance d'avoir un grand-frère, mais si j'avais pu avoir Matt dès ma naissance, j'aurai pu mieux le connaître. Je me sens mal d'avoir perdu autant de temps. Mais le temps fait l'expérience, et j'aurai pu apprécier avec moins de conviction une chose acquise dès la naissance. Je soupire d'aise, avant de me décaler encore une seconde fois. Je ne veux pas le coller, car il me verra encore tellement de fois qu'il finira forcément par se lasser. Ça finira forcément par arriver. Les gens finissent par ne plus me supporter. Mais je veux vivre avec lui, parce que lui je sens qu'il m'aimera comme je suis. C'est ce que je souhaite de tout cœur. Le cœur. La chose la plus merveilleuse qui soit, qui permette de montrer tant d'émotions.

- Je t'aime fort petit ange.

Oui, le cœur est vraiment quelque chose de merveilleux. D'humain. C'est par le cœur que les plus beaux sentiments fleurissent. C'est aussi eux qui peuvent modifier une liaison, l'amenant à rompre. Elle fait naître des sentiments mauvais, des mensonges, et des choses si rares qu'elles finissent par rendre un être incroyable. Et cet être ne réagit qu'à une autre sorte d'être. Lier deux êtres entre eux, quelle chose merveilleuse. Pour moi, « je t'aime » a toujours été un mot. Mon père l'a prononcé quelques fois, mais rarement. Mais comme je ne l'aimais pas, cela restait un mot. Mais avec Matt, c'est différent. J'ai l'impression de ne pas entendre, mais ressentir. Quelque chose de chaud, de réconfortant. C'est presque amusant. Je souris de toutes mes dents. Moi aussi je t'aime fort. Même que les anges pourront jamais aimer autant que je t'aime. Même que maman elle m'aime certainement moins que Matt. Parce que lui il est vivant, et parce que lui il a encore un cœur et qu'il bat fort dans sa poitrine. Ce doit être réconfortant d'écouter le cœur de quelqu'un.

- Je m'occuperais de toi comme si tu étais ma sœur ou ma princesse si tu préfères.

Princesse? Comme si... lui c'était mon prince charmant? Et il m'emmènerai loin? Vraiment très loin? Dans un pays avec des licornes? Si la magie existe, les licornes, elles doivent bien venir de quelque part. Après tout, il est peut-être illusionniste. Il a peut-être un pouvoir qui fait pousser une corne sur un cheval blanc? Mais je veux pas faire mal au cheval. Alors je préfère dormir, rêver et m'évader loin. Très loin. Ce sera toujours mieux que cet orphelinat où on fait que apprendre et apprendre. D'ailleurs, est-ce que je vais quitter l'orphelinat pour de bon? Si je reviens à l'orphelinat mais que je quitte toujours les internats la nuit, Mystery va finir par me faire une réflexion, et je devrais parler de Matt un jour ou l'autre. Mais je ne veux pas qu'il soit impliqué dedans. Il n'a rien à connaître de cet orphelinat. Je veux pas que Mystery lui fasse du mal si c'est un méchant. Parce que en tout cas, avec moi Matt c'est le plus gentil de tous. Je fixe simultanément l'orphelinat et Matt. Je ne sais pas. Est-ce que je suis prête à partir pour de bon, pour ne jamais revenir? Est-ce qu'ils vont me chercher, comme Luka, ou bien ils vont m'oublier? J'aimerai connaître la deuxième option, car au moins je vivrais ce que j'ai toujours voulu vivre. Mais est-ce que je n'impose pas mes choix? Je rougis à l'annonce de la princesse, avant de tousser pour faire redescendre la rougeur.

-Alors tu seras mon prince charmant! Annonçai-je à haute voix en pointant mon index sur Matt.

Je sais que c'est malpoli de pointer quelqu'un, mais je dois appuyer mes faits sur quelque chose, ou bien quelqu'un. Je souris de toutes mes dents, fière de ma trouvaille. Le meilleur prince charmant qui ai jamais existé est en face de moi, et je pense qu'il s'occupera si bien de moi que la princesse n'aura rien à dire. Qu'elle ne le quittera jamais et qu'ils vivrons ensemble et aurons beaucoup... ouuups, trop jeune pour comprendre ce qu'il pourrait se passer.

- File, va chercher tes affaires et viens t'installer chez moi. C'est qu'une petite chambre parce que je suis jeune et que je n'ai que l'héritage de ma mère pour survivre mais je vais trouver un emploi pour toi, pour que chaque jour ton sourire soit plus beau que la veille. Veux tu que je viennes avec toi ? C'est comme tu en as envie. Je ne veux pas te forcer à faire quoi que ce soit.

Je m'apprête à bouger. Qu'il vienne avec moi? J'en aurai bien envie, car l'orphelinat me fait subitement beaucoup plus peur maintenant qu'il fait un peu sombre. Cette immense bâtisse vieille de l'âge de Mme Mystery, je suis sûre! Peut-être même plus. Je sais pas quel âge elle a Mystery. Mais elle est vieille. Ça je le sais. Et tout le monde le dit. Matt, il est gentil. Et s'il veut que je souris tous les jours un peu plus, alors je sourirai même quand je voudrais pas, comme ça je ne serai pas méchante envers lui. Car s'il se met à travailler, je le verrais moins. Et je ne veux pas quitter ce nouveau port d'attache. Il me semble plus résistant pour résister aux fortes marées. Je suis sûre que même un grand voilier ne pourrait pas sortir de ce port. Matt, je ne veux plus jamais le quitter.

Je dirige mon regard vers l'orphelinat. J'ai pas mal d'affaires, donc une deuxième paire de bras plus forte ne serai pas de trop. Mais je ne veux pas trop qu'il rentre. Si jamais un professeur le voit qu'est-ce qu'il dira? Je ne sais pas, et à vrai dire, j'aimerai ne pas me retrouver en face de cette situation. Je ne veux pas que Matt me protège. Je suis assez grande. Alors c'est moi de ne pas le mettre en danger. Peut-être que je fuguerai moins dorénavant? Est-ce que je vais continuer d'étudier au Mystery? J'ai besoin de savoir. Savoir si je perds tout pour une grande récompense, ou si je perds la moitié.

-Matt, et qu'est-ce que tu feras si les gens de l'orphelinat, ils viennent pour moi? Je n'ai pas vraiment envie de retourner vivre là-bas tu sais. Mais ils vont forcément finir par se rendre compte que je n'habite plus ici. Et Matt, je ne sais pas ce qu'ils sont capable de faire, mais moi je ne veux plus te quitter!

Je lance cette fin de phrase avec outrance, comme si je ne voulais pas que l'événement se passe autrement que comme je le prévoyais. Lentement, je pose un pied devant l'autre, me dirigeant vers l'orphelinat. Je prends Matt par la main, parce que, mine de rien, je préfère avoir sa présence réconfortante à mes côtés. J'ai beau assurer le fait que je ne veux pas le mettre dans un potentiel danger, je reste une enfant qui n'a rien besoin de plus qu'une personne à qui s'attacher. Et à mon âge, on a tendance à croire que c'est pour la vie. Et ça, je ne sais pas si Matt s'en rend vraiment compte. Dans tous les cas, je m'en prive d'en parler.

Nous entrons dans l'orphelinat. Dans la hall, pour une fois il n'y a personne. Il fait sombre, mais on voit mieux avec les lampes allumées. C'est vraiment effrayant. Toujours main dans la main avec Matt, je monte jusqu'à mon étage et commence à entrer dans le dortoir. Encore désert. Je me méfie beaucoup. C'est rare de ne rencontrer personne. Ou bien la Chance est de mon côté, et M. Destin est d'accord avec moi. Quoiqu'il en soit, je me dépêche de préparer mes affaires, pas vraiment persuadée que Matt soit encore derrière moi. Je l'ai lâché il y a quelques minutes déjà, et je suis concentrée sur mes préparatifs. Je ne ressens aucune onde de sentiment, alors j'ai un peu peur qu'il soit parti. Désireuse de continuer mon travail tout en me rassurant, je lance rapidement, un peu essoufflée :

-Si Mystery nous trouve, elle te posera plein de questions. Tu es peut-être quelqu'un de gentil, mais elle, elle lit dans les pensées. Et je ne veux pas qu'il nous arrive malheur.

Parce que d'un côté, un enfant reste un enfant. Il a peur pour l'autre, mais il a aussi peur pour lui. L'innocence de l'enfance. Je ne veux pas être grondée par Mrs Mystery parce que j'ai fait confiance à quelqu'un.

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Matt E. Drust
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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptyVen 20 Jan 2012 - 19:24

« Lorsqu'on rêve tout seul, ce n'est qu'un rêve alors que lorsqu'on rêve à plusieurs c'est déjà une réalité.»

On pense souvent que le bonheur se résume uniquement à des choses matérielles et à tout ce qu'on peut trouver dans les choses matérielles mais on est loin de la vérité. Le bonheur ne se trouve pas dans l'amour, la gloire, la justice, la richesse mais bien dans la vérité. Connaître la vérité apaise les moeurs et même si parfois elle fait mal, elle nous rend toujours plus fort. Hors plus on est puissant plus on est heureux.

Le bonheur se trouve encore plus loin que ça, il se trouve dans les relations humaines. Toutes ces interactions entre les êtres, c'est ça qui nous rend si vivant. On a besoin de parler et de se sentir aimé pour vivre. La solitude est la chose qui est sûrement la plus terrible au monde car quand on est seul, il ne reste plus que nous même pour nous motiver, pour trouver un but de survivre dans cet univers. Il faut aimer pour être aimé. Donner pour recevoir. Mais a un moment, on ne peut plus donner. C'est ce qui est arrivé avec la mort de sa mère.

On sait aussi que l'amour et la mort sont étroitement liés. On ne peut plus les dissociés. L'amour n'entraîne-t-il pas toujours la mort ? On pourrait dire cela de n'importe quelle chose : tout entraîne la mort. L'amour est quelque chose qui promet un attachement aux personnes qui en sont atteintes. Ainsi lorsque le sentiment disparaît, il y a comme un déchirement. Déchirement qui entraîne une baisse du goût de vivre : on était habitué à vivre avec ce sentiment rassurant, et, d'un coup, il nous quitte. Il incite donc à faire des choses de plus en plus terribles, finissant quelques fois par la mort. L'amour peut être aussi arraché par la mort. Si la mort emporte un des êtres dans une relation, le lien créé se rompt, et entraîne parfois la mort de l'autre. La mort, elle, est inévitable. Tout le monde finit par mourir, d'une manière plus ou moins cruelle, entraînant la tristesse d'un certains nombre de proches. La mort est ainsi une rupture du monde réel, un chamboulement de l'environnement de tout ceux qui connaissait le mort.

C'est pourquoi il ne voulait pas perdre Nephilim. Parce que maintenant, elle était comme son héroïne. Que deviendrait-il si elle venait à partir ? Il serait comme un alcoolique sans sa bouteille, un geek sans son ordinateur, Mickey sans Minnie, un singe sans une banane : dévasté. Il ne pourrait sûrement pas survivre. Au fond, Matt était aussi un enfant. Il avait besoin de croire et de s'accrocher à ses rêves pour survivre. Se dire que si quelqu'un compte encore sur nous, on ne peut pas se permettre de baisser les bras.

Que penser d'elle ? Ce n'était qu'une enfant mais elle était déjà resplendissante pour son âge. Elle faisait son âge mais était tellement mignonne. Ses cheveux tombaient avec souplesse sur ses épaules bien que la pluie les aient atteints. Quand elle souriait, c'est comme si le ciel s'éclairait à nouveau avec un soleil éclairant n'importe qui de ses rayons réchauffant. Son coeur s'emplissait d'une douceur chaleur qu'il ne connaissait plus depuis quelques mois.

Elle semblait hésiter. Partir vers l'orphelinat, en prenant le risque qu'on refuse qu'elle parte, en la disputant et en l'enfermant ou rester ici mais perdre toutes ses affaires et son animal de compagnie ? Le choix était fait, c'était la première proposition mais elle avait simplement du mal à mettre un pied devant l'autre et quelque part cela se comprenais. Sa bouche s'ouvrit lentement et sa voix douce et hésitante pris le pas sur tout ces hésitations. Elle avait besoin d'entendre la voix de Matt pour la rassurer à chaque instant.

-Matt, et qu'est-ce que tu feras si les gens de l'orphelinat, ils viennent pour moi? Je n'ai pas vraiment envie de retourner vivre là-bas tu sais. Mais ils vont forcément finir par se rendre compte que je n'habite plus ici. Et Matt, je ne sais pas ce qu'ils sont capable de faire, mais moi je ne veux plus te quitter!

C'était donc ça qui la tracassait ? Matt eût à nouveau envie de rire mais il s'efforça de garder son sérieux. Elle était jeune et à son âge, il se rappelle avoir connu de pires hésitations qu'elle. Nephilim était relativement calme pour toute les questions qu'elle posait. Il imaginait qu'à l'intérieur cela devait grouiller de questions sans réponses, tant d'interrogations qu'elle n'osait pas poser à voix haute mais que pourtant l'humain noir aimerait entendre.

Ce qui l'avait interpellé aussi, c'est la manière dont elle avait dit les derniers mots de sa phrase. Comme si c'était impossible pour elle, comme si elle ne voulait jamais que ça arrive, comme si le soleil s'éteignait et qu'il ne laissait que le froid sur terre, comme si le désespoir allait s'incruster dans tout les pores de sa peau pour ne jamais en ressortir.

Matt réalisa soudain. Nephilim avait ses rêves d'enfants, ses songes, toutes les illusions qu'on avait lorsqu'on avait enfant. Comme croire au père Noël ou à la petite souris. Elle pensait certainement qu'il était son sauveur. Il ne connaissait pas toute son histoire, elle n'avait certainement pas eu une bonne enfance loin de ses parents. Grandir sans parents c'est tellement dur. Matt l'avait connu en parti et malgré que sa mère l'aime, elle était peu présente.

Il se rendit compte qu'il n'avait plus le droit de baisser les bras, plus le droit à l'erreur, plus le droit de se poser des questions. Peut être aurait-il bientôt du sang sur les mains, peut-être n'aurait-il jamais l'âme en paix, peut-être qu'il ne pourrait jamais cessé de penser à cette lance de glace transperçant sa mère. Mais dans tout ces cas de figure, il n'avait pas le droit de laisser tomber la petite. Fini ces soirées déprimes où il faisait souvent la soupe à la grimace, fini de pleurer, fini de ne pas se remettre en question, fini l'égoïsme. Place à la joie, le bonheur et l'altruisme. Il donnerait tout pour cette petite.

Tout pour qu'elle se sente bien dans un environnement qui lui convienne. Il serait plus qu'un grand frère quelque part. S'il fallait se saigner, s'il fallait ne plus manger pour elle il le ferait. Son bien passerait avant tout, même avant le sien. C'est ça de se sentir comme père. Si on lui avait dit qu'un jour, il aurait un enfant à charge à 18 ans, il ne l'aurait jamais cru.

Depuis sa plus grande jeunesse, il aimait les enfants. Il n'avait peut être pas une patience infinie mais il donnait toujours de l'amour aux petits qu'il rencontrait. Il était frustré de ne jamais avoir eu de petits frères ou de petites soeurs. Son père était parti très tôt et, à sa connaissance, sa mère n'avait jamais refait sa vie. C'était donc impossible, il ne pouvait en vouloir à sa mère. Pourtant c'est comme un manque d'affection. On pourrait penser que c'était un père qui lui avait manqué mais non. C'était une petite soeur.

Une petite soeur pour la protéger quand on aura besoin de la défendre, pour la consoler quand elle ira mal, pour l'aider quand elle en aura besoin, pour l'aimer quand elle voudra de l'affection, pour la rendre heureuse, jour après jour, minute après minute, secondes après secondes. Matt voulait son bonheur, il ne voulait que ça. Il voulait qu'elle s'épanouisse pleinement dans sa nouvelle vie et que jamais un jour elle puisse se retourner vers lui en lui disant :

"Matt, je regrette mon enfance."

Jamais. Jamais. Jamais. Il ne se le permettrait pas. C'est comme si Dieu en personne était descendu sur Terre pour lui dire de mener à bien cette mission. Ce n'était plus seulement un objectif ou une nécessité. C'était une obligation de la rendre heureuse. Il était capable de faire la plus grande folie pour elle, plus rien ne semblait impossible, c'était l'amour du risque.

Matt n'était pas un surhomme. Il ne pourrait jamais lui faire oublier ce qui s'est passé avant. Simplement, il ferait en sorte que son futur soit tellement génial que son passé lui paraisse une poussière. Tellement heureuse qu'elle pourrait compter les étoiles le soir pendant qu'il lui dirait :

" Tu n'arrives pas à toute les compter ? C'est normal. Toutes les étoiles qui sont dans le ciel ne suffisent pas pour dire à quel point je t'aime. "

En même temps, il n'oubliait pas qu'elle était jeune et peut-être parfois, elle le trouverait collant. Mais il avait tellement d'amour à revendre. Tellement d'affection enfermé dans son petit coeur mouillé d'enfant éternel à donner, à distribuer. Nephilim et Matt était fait pour se rencontrer, c'était le destin. Il était son ange gardien et elle était l'astre qui ferait briller son coeur.

Plus rien ne pourrait les séparer. C'était écrit. Et si un jour, il devait se séparer pour une quelconque raison, ça serait pour mieux se retrouver plus tard. Comme deux aimants irrésistiblement attiré envers l'un l'autre.Il avait besoin d'elle pour vivre. Elle avait besoin de lui pour vivre. Il se sentait vivant en sa présence, comme si tout avant n'avait rien été que d'infimes grain de sables.

- Qu'est ce que je ferais ? Je dirais que maintenant je m'occupe de toi. Et que tu es entre de bonnes mains. S'il faut le prouver, je le prouverais. Et les personnes qui m'interrogeront sur mon amour pour toi prendront le temps d'écouter ma réponse pendant plusieurs heures. Car les mots ne suffisent pas pour décrire à quel point tu me rends heureux Nephilim ! Maintenant, on vit ensemble. Terminé l'orphelinat, terminé le temps des punitions, terminé le temps des problèmes, terminé la non affection, terminé la peur au quotidien. Je te rendrais plus heureuse que tu n'as jamais pu l'imaginer.

Elle se mit lentement en route vers l'orphelinat, à pas hésitants, y allant comme à contrecoeur. Ne sachant pas si elle allait y récolter la colère ou un autre sentiment. Peu importe, il la défendrais. Peut-être y aurait-il un accrochage avec la responsable qui refuserait de la laisser partir mais au final la récompense sera toujours là : il l'emmènera. Quoi qu'il arrive.

Son coeur battait, un peu trop vite. Plus vite qu'à l'accoutumée. Sans doute, qu'elle avait rallumée la flamme en dessous de son coeur et que la chaleur qu'elle diffusait le long de ses membres le rendait si heureux qu'il s'imaginait pouvoir s'envoler d'un moment à l'autre et que tout ces évènements le rendait excité, pressé de vivre tout ça. Ecoute bien Nephilim, tu sens mon coeur ? Tu le sens ? Il bat pour toi alors écoute.

Elle lui prit la main et comme deux enfants contre le vent, contre la marée, contre tout ce qui pourrait arriver, ils se dirigèrent vers l'orphelinat. Il serra sa main, un peu trop fort sans doute. Le froid les rongeait tous les deux. Ils n'étaient pas très secs voir carrément humides et il ressentait le tremblement de Nephilim dans tout son corps.

En se promenant ce soir, il avait cherché à s'évader, à oublier. Qu'est ce que la vie lui avait offert en échange ? Un second souffle. La vie était plein de promesses et elle ne faisait que commencer et déjà sous un soleil radieux elle s'annonçait. Il murmura à voix basse, peut-être de manière inaudible à cause du vent encore omniprésent :

- N’oublie jamais, quand tu veux quelque chose dans la vie, tu n’as qu'à tendre la main et tu le prends.

Quand on pardonne, on aime. Et quand on aime, la lumière divine descend sur nous.

Il était face à l'orphelinat. C'était vraiment une grande bâtisse. Il ne l'avait jamais vu auparavant, juste en photo et il devait avouer que c'était plutôt impressionnant et il comprenait pourquoi Nephilim n'avait pas voulu y aller seule car malgré tout cela avait un petit côté lugubre avec l'obscurité qui mangeait bientôt toutes formes de lumières.

Ils rentrèrent tout les deux. C'était spacieux et au moins, il faisait chaud. Il se serait bien installé ici pour la nuit s'il se savait bien accueilli mais il avait des doutes quand à l'accueil qu'on lui réserverait s'ils savaient pour la jeune fille. Ils crieraient sans doute au kidnapping et diraient que Matt à embobiner la fillette. Il avait peur quelque part, peur de se faire gronder comme un vulgaire enfant. Il n'avait que 18 ans après tout.

Elle l'emmena en haut des escaliers qui se trouvaient face à eux. Matt se faisait traîner mais il la suivait. Elle connaissait probablement l'endroit par coeur alors que lui posait pour la première fois les pieds dans la demeure. Ils étaient face à ce qui pourrait être appelé un dortoir. Il n'avait jamais dormi en communauté donc c'était la première fois qu'il voyait ça.

Il resta au pied de la porte et regarda Nephilim préparer ses affaires à toute vitesse comme si elle avait une peur bleue de rencontrer quelqu'un. Matt regardait du coin de l'oeil et surveillait le couloir de temps en temps pour voir si quelqu'un arrivait. Croiser personne c'était préférable mais s'ils croisaient quelqu'un, Matt assumerait totalement ses responsabilités.

-Si Mystery nous trouve, elle te posera plein de questions. Tu es peut-être quelqu'un de gentil, mais elle, elle lit dans les pensées. Et je ne veux pas qu'il nous arrive malheur.

Mystery.. Il en avait entendu parler vaguement dans quelques bouquins sur lesquels il avait soufflé tellement ils étaient vieux. Bien que curieux dans la plupart des domaines, il ne s'était jamais interrogé à propos de cet orphelinat. Il savait que c'est un endroit magique depuis son adolescence mais rien ne l'avait attiré vers là. Comme si une force lui avait murmuré dans son sommeil de ne pas y aller.

Peut-être il y avait un secret dedans ? C'était une sensation étrange de se retrouver ici. Après tout, il aurait pu, peut-être, aller dedans si sa grand-mère ne s'était pas occupé de lui. Sa mère n'aurait jamais pu s'occuper de lui seule. Matt baissa la tête, pensif. Songeant au passé, il se dit que malgré tout il n'avait pas à se plaindre. Il avait eu une vie plutôt heureuse.

Il ne pouvait pas se tourner, en regardant le passé et dire que tout n'avait été que mensonges et temps perdu. Que sa jeunesse n'était qu'un mauvais souvenir à jeter aux oubliettes. Bien sûr, ce n'est pas la vie dont on peut rêver quand on est enfant. Bien sûr qu'il aurait aimé avoir plus sa mère à ses côtés, bien sur qu'il aurait préféré vivre avec un père. Simplement, il n'avait pas à se plaindre. Peut-être Nephilim elle pouvait poser un regard négatif vers son passé. Pas sur son futur.

L'être humain est si complexe. Dans les prémices de la vie, il se débrouillait seul mais il se rendit compte qu'il en fallait un pour tous les gouverner et ils ont commencer à former une communauté. Bientôt, on se rendit compte que les hommes n'étaient pas fait pour vivre ensemble. Seulement quelques un car il ne pouvait s'empêcher de faire des coups en traître ou être méchant envers les autres.

Après tout, rares étaient les êtres humains encore capable d'être altruiste et de ne pas penser qu'à soi. Matt se pensait incapable de faire ça jusqu'à peu. Il se pensait égoïste et trouvait justifié de ne penser qu'à soi. Puis, il avait ouvert son coeur comme on ouvre une porte aux inconnus, aux risques et aux joies aussi. Qu'avait-il récolté ? De faire trop confiance. Il n'avait pas été très heureux dans les relations humaines.

Si bien qu'il avait pensé à se retirer après avoir retrouvé les assassins de sa mère. Se retirer loin de toute civilisation. Sans téléphone, sans compagnie, sans animaux, sans cigarettes. La liberté suprême. Un extrémiste, un voyageur esthète, dont le seul domicile serait la route. Un combat pour tuer l’être factice terré au plus profond, et mener à son terme la révolution spirituelle. Pour ne plus se laisser contaminer pas la civilisation, il fuirait et il marcherait seul, pour sentir la liberté filer entre ses doigts. Sentir contre chaque parcelle de sa peau la sensation de liberté, d'épanouissement et d'évasion. Plus de contraintes. Seulement l'air frais et la loi de la nature comme contraintes.

Nephilim avait enfin fini. Cela ne lui avait pris peu de temps et soudain Matt sortit de sa torpeur et son coeur rata quelques battements avant de repartir de plus belle comme s'il avait loupé une marche. Il prit le maximum d'affaires des mains de la jeune fille et marcha droit vers la sortie. Il avait un très bon sens d'orientation et c'était maintenant elle qui la suivait. Il ne la tenait plus par la main car il avait les bras chargés.

Il se dirigea. Ils étaient à nouveau dans le hall. Était-elle vraiment prête à tout quitter pour lui ? Matt ressentit un nouveau moment de doute. La chaleur ne s'insinuait plus dans son corps mais plutôt une certaine froideur. Il voulait la rendre heureuse mais si elle doutait de lui ce n'était pas possible. Il se tourna vers elle et la regarda fixement, droit dans les yeux.

- Nephilim...

Il cherchait ses mots pour ne pas brusquer la petite, ni l'agresser. Juste lui faire ressentir ses doutes et craintes.

- Je ne veux pas que tu regrettes de partir d'ici. Je te rendrais très heureuse mais si tu as le moindre doute et que tu penses que tu vas regretter..

Sa voix se cassa légèrement et sa tête se baissa doucement.

- Je suis prêt à tout pour toi. Je croirais en toi quoi qu'il arrive. Je t'aimerais toujours quoi qu'il arrivera. Je m'occuperais de toi. Je te le promets. Si tu te sens prête, suis moi.

Il fit un pas dehors. Suivait-elle encore ? Peut-être, peut-être pas. Sûrement que oui. La pluie avait recommencé mais comme une sorte de bruine, douce. Matt avait séché mais ce n'était plus grave. Les portes étaient ouvertes. Matt regarda Nephilim. Rester au chaud dans son orphelinat ou venir tenter l'aventure avec Matt dans l'inconnu ? Seule elle détenait la réponse.

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.. Mais c'est seulement parce qu'on me le demande:
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MessageSujet: Re: À la recherche du grand méchant loup   À la recherche du grand méchant loup EmptySam 28 Jan 2012 - 11:53

Ranger. Tout ranger aussi rapidement qu'il le faut. J'enfouis toutes mes affaires sans les plier soigneusement. Pour moi, c'est comme une renaissance. Tous mes habits sont mes bagages, bagages que je garderai de ma vie ici. La valise, c'est le signe que je pars. Ça y est, je déserte cet orphelinat qui, m'a-t-on dit, m'aurait élevée. Je ne suis pourtant pas là depuis très longtemps. Une année, deux au grand maximum ? Je veux commencer une nouvelle vie. Une nouvelle vie que Matt va me faire découvrir. J'en ai besoin. Vivre auprès d'autres orphelins m'a affaiblie. Je n'ai jamais oubliée la mort de ma mère et ma volonté de ne pas revoir mon père, de le prendre pour un inconnu. Ce dont j'ai besoin, ou plutôt ce dont j'ai toujours eu besoin en me le persuadant, c'est une nouvelle famille. Une nouvelle vie. Je ne voulais pas de famille d'accueil, mais c'est tout à fait normal. Qui voudrait d'une fille aussi turbulente que moi ? Aussi vigilante aussi ? Aussi distante quand il le faut ? Personne. Pas même Ren n'arrive à me supporter selon tous les angles de mon caractère. Il n'est rien de plus qu'un homme comme tout les autres.

Matt, avec ses discours qui font fondre mon petit cœur d'enfant, me promettant de me protéger à jamais, de tout accepter de ma situation, d'être prêt à vivre à mes côtés. C'est une façon si irréaliste que mes yeux s'embueraient de larmes très facilement. C'est inespéré. Je n'ai pas besoin d'une famille complète, j'ai simplement besoin d'un membre qui puisse me voir comme je suis, sans obligation, sans préjugé, sans aucune compassion. Je n'ai pas besoin d'une mère ou d'un père, d'une sœur ou d'un frère. J'ai envie de quelqu'un qui m'aime vraiment. C'est chose faite avec Matt. Il est tellement gentil que j'ai l'impression qu'il blague, qu'il va me lâcher en plein milieu. Il ne doit pas me connaître, il ne doit pas savoir qui je suis réellement, n'est-ce pas ? S'il le savait, il me laisserai seule, et je continuerai la vie que j'ai toujours menée. Pourquoi cela ne se passe-t-il pas ainsi ? Pourquoi est-ce que je m'accroche à ce fil aussi mince que de la soie ? Je ne veux pas le perdre. Je ne veux pas perdre ce lien qui me change tellement des relations que j'ai envers les autres. Mais est-ce que ça lui va, à lui ? Est-il satisfait ? Ne s'engage-t-il pas à de nombreuses choses ? Finira-t-il par ne plus pouvoir s'occuper de moi ? Je ne veux pas être redevable. Je ne veux pas qu'il rentre tous les soir fatigué et se force à sourire. Je veux parvenir à le faire sourire d'un claquement de doigt, parce qu'il en a envie, et non parce qu'il s'en sent obligé.

-Qu'est ce que je ferais ? Je dirais que maintenant je m'occupe de toi. Et que tu es entre de bonnes mains. S'il faut le prouver, je le prouverais. Et les personnes qui m'interrogeront sur mon amour pour toi prendront le temps d'écouter ma réponse pendant plusieurs heures. Car les mots ne suffisent pas pour décrire à quel point tu me rends heureux Nephilim ! Maintenant, on vit ensemble. Terminé l'orphelinat, terminé le temps des punitions, terminé le temps des problèmes, terminé la non affection, terminé la peur au quotidien. Je te rendrais plus heureuse que tu n'as jamais pu l'imaginer.

Je tourne mon regard illuminé vers lui. Est-ce que c'est possible? Dis-moi, est-ce que c'est vraiment possible? Est-ce que j'arriverai moi aussi à te rendre heureux? Aussi heureux que je le suis? Dis-moi Matt, est-ce que tu es heureux, là maintenant tout de suite? Pourquoi tu ne souris pas alors? Les adultes sont si insondables. Et lui l'est encore plus. Je pose mes mains sur ma valise. Je n'ai pas l'habitude de déménager. Pour ainsi dire, je n'ai jamais pensé à devoir faire ça un jour. La seule valise que j'ai, c'est celle que j'ai prise pour quitter mon père. À l'époque, tout rentrait. Mais maintenant, maintenant qu'en plus des vêtements il y a les pensées et les souvenirs, la place se fait soudain moindre. Pour ainsi dire, il manque de place. Je ne sais pas pourquoi, j'ai envie de pleurer. J'ai l'impression que le destin s'acharne contre moi, m'oblige à ne pas quitter cet endroit, à me faire douter sans cesse de mon choix. Et vous savez quoi? Je n'ai jamais su choisir. Alors à présent que la chose est aussi dure, je ne sais plus quoi faire. J'aimerai me lever et plonger dans les bras de Matt. Pour sentir sa chaleur bienfaisante et sa générosité. Mais je m'en retiens. Je suis grande, il n'a pas à s'occuper de moi maintenant. Je ne veux pas le surmener. Si je ne fais aucun effort, nous n'avancerons jamais. Alors, j'ouvre la valise de nouveau, et continue en enfourner les affaires sans y faire attention.

Au moment de tirer sur une énième robe, un lourd livre tombe au sol. C'est le livre que Ren m'a offert à mon arrivée. Je le ramasse doucement mais n'y fait pas plus attention. Je ne déménage pas non plus à des kilomètres d'ici. Je ne vais pas en France, dans un endroit où je ne connais ni la langue ni la culture. Je déménage juste à quelques mètres, un peu plus peut-être. Mais je serai encore à Little Angleton. Quand bien même Matt me proposerai un jour de partir à Edimbourg, j'accepterai. Je suis capable de tout faire à présent. Parce que je suis grande et que j'ai une nouvelle volonté, celle de suivre Matt partout où il va.

M'asseyant sur la valise pour la terminer, je ferme le tout et commence à porter. Matt s'avance vers moi pour m'aider. Il est vraiment gentil. Mais je porte quand même quelque chose parce que je ne veux pas profiter de sa gentillesse. Je m'en veux un peu d'avoir autant de choses à emporter, mais ça compte vraiment pour moi. Nous redescendons les marches. Il n'y a vraiment personne. Depuis que je suis ici, ça n'est jamais arrivé. C'est peut-être le destin en fin de compte. Il me fait douter pour ne pas me faire regretter mon acte, mais il me pousse quand même à partir avec lui. C'est ce que je vais faire mais...

Matt avance. Moi, je reste sur le pallier. Je baisse la tête. J'ai l'impression que dès que je passerai ce pallier, j'aurai accepté de partir d'ici. Et... malgré moi, dans ma tête de petite enfant, j'hésite. J'ai peur de l'inconnu. Peur qu'il m'arrive quelque chose, alors qu'auparavant je ne risquais rien. J'inspire profondément, comme si ma vie dépendait de mon choix. Je m'apprête à faire le pas, lorsque Matt remarque ma détresse et m'adresse ces mots :

- Nephilim...

Automatiquement, je lève la tête, même si la nature de ses futurs mots ne me soient pas totalement inconnus. J'avale ma salive, m'en voulant de ne pas pouvoir décider aussi facilement. Excuse-moi Matt, excuse-moi vraiment d'être une enfant idiote qui n'arrive pas à faire des choix. Je t'aime vraiment tu sais. Mais... je ne sais pas, c'est trop dur.

- Je ne veux pas que tu regrettes de partir d'ici. Je te rendrais très heureuse mais si tu as le moindre doute et que tu penses que tu vas regretter..

Je sais mais...

- Je suis prêt à tout pour toi. Je croirais en toi quoi qu'il arrive. Je t'aimerais toujours quoi qu'il arrivera. Je m'occuperais de toi. Je te le promets. Si tu te sens prête, suis moi.

Il recommence à bruiner. C'est vraiment un temps pourri aujourd'hui. Mais il suit bien mon humeur. Sauf que je ne veux pas pleurer. Je l'observe encore un instant avant de me mettre à sourire et d'avancer jusqu'à lui. S'il faut que je passe la Tamise pour le suivre, je le ferais. Alors, ce n'est pas un vulgaire pallier qui m'arrêtera. C'est dingue l'importance qu'on peut accorder à certaines choses, des objets auxquels on ne fait normalement pas attention qui prennent d'un coup un sens plus qu'évident. On a l'impression qu'une fois la barrière franchie, tout ton destin sera pris en charge par ta décision. Mais à présent que le pallier est passé, n'ai-je pas le droit de revenir sur mes pas ? Je le pourrais. Mais je n'ai pas envie.

Un nouveau sourire s'affiche sur mon visage. Un sourire de découverte, de volonté et de joie avant tout. Je pose mes valises sur le sol tout mouillé, et fait demi-tour. Je fais face à cet instrument qui m'a quelques secondes auparavant servi de barrière. Tendant mes deux bras des deux côtés de mon corps, je referme d'un seul coup les deux grandes portes. Maintenant, je ne me retourne plus sur mon passé. Je veux aller de l'avant. Je veux que Matt m'empêche de me retourner. Qu'il maintienne toujours ma tête devant moi, et qu'il me bloque l'accès vers l'arrière. Je ferais pareil pour lui. Pour qu'il oublie les choses qui lui sont tristes. J'inspire profondément et reprend les valises avant de courir vers Matt. D'un sourire radieux, je prends mes deux bagages dans une main et pose l'autre sur la joue de Matt pour lui tirer cette dernière. Ajoutant une grimace, je lui dis :

-Avec une tête comme ça, je ne vois pas comment je ne pourrais pas te croire. Je te suis !

Et comme pour le persuader de ma décision, je prend tout de même de l'avance et commence à courir pour sortir de la proximité de l'établissement. Tu sais quoi Matt ? Je crois que tu m'as offert quelque chose que je ne suis pas sur le point d'oublier.

Et cette chose, c'est l'espoir.

[TERMINE]

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