PANDO&NANCY ✟ « La magie est une science qui nous dépasse... »

« Tu sais, quoi... Je suis une grosse gamine ! »

J'ai enchaîné enquête après enquête, sans relâche pendant près de plusieurs mois déjà. Ces derniers temps, il y a eu énormément de meurtre, d'accident et de suicide inexpliqués. Classer chaque affaire, a été le plus gros à faire. Enfin bref, passant ces détails-là, après un long moment sans plaisir ou repos accordé, j'ai le droit à de bonnes vacances mérités. Du moins c'est l'excuse que mon patron ma sortie, mais en vérité, il voulait surtout que j'arrête de me surmener dans mon travail, psychologiquement parlant, j'étais pas vraiment bien, je l'admets. Voir jour après jour, des victimes, des hommes, des femmes, des enfants. J'ai accepté le recule que m'accordait mon patron sans argumenter un mécontentement quelconque. J'ai passé mes trois premiers jour de repos dans mon petit chez moi, en me disant que j'ai cas attendre que mon patron m'appelle pour que je revienne sur le terrain.

Un soir, alors que mes doutes, mon stress, mon amour pour un homme que je connais à peine, ont subitement surgis de mon esprit. Ils m'ont submergé l'esprit au point, de m'engloutir dans une effusion d'émotion. C'est alors, que les étincelles bleuté revint, puis le trou noir peu après. Je me réveille dans un hôpital sans comprendre dans l'immédiat la situation, je me doute tout de même, que c'est encore à cause de cette maladie bizarre. Le médecin vint me voir et m'expliqua, que c'était la voisine qui me trouva écrouler, gisant au sol, c'est elle qui a appelé les urgences. Il m'a dit que j'ai perdu connaissance à cause d'une électrocution intensive, les marques de brûlure sur mon corps en étaient la preuve. J'ignore d'où sorte les étincelles, je sais juste, que je ressens une incroyable émotion dans ma poitrine lorsqu'elle apparaisse, je me sens très forte, mais après je perds connaissance. Comment pourrai-je dire ça à ce docteur ?

Quelque jour après ma sortie de l'hôpital, je fis mes valises... Je crois que je n'ai pas le choix, Madame Pandora m'avait prévenu que je devais rester au Mystery le temps de régler ce problème, j'ai préféré retourner à Los Angeles pour ne pas perdre mon Job. D'un côté avais-je le choix, c'était, soit ma carrière au FBI, ou soit nounou pour orphelin, bien que les profs s'en chargent déjà très bien sans moi. Donc évidemment, il est temps pour moi de retrouver au Mystery Kyle et les autres orphelins, les profs aussi, Ren et sa femme. Je ne les ai plus revus, depuis leur mariage où je suis venue avec une veste en cuir. La honte... Je me demande si je vais aussi revoir c'est autre jeune garçon, Djibrïl, il me semble l'avoir vu avec le groupe des orphelins quand nous sommes parties au Japon. Et puis, je vais revoir Laure Vanessa, on était toutes deux dans le même dortoir, oui, je dors avec les enfants. Après tout, je suis aussi orpheline et je ne suis pas prof, donc je fais comme tout le monde.

Je ne sais pas pourquoi je suis heureuse à l'idée, de retourner là-bas ? C'est vrai que je me suis, plutôt bien amusée, même si leur croyance aux forces occultes, le surnaturel, me dépasse. Une fois les valises près, direction l'aéroport le plus proche, c'est dans le Taxi, que j'appelle Pandora pour la prévenir que je serais, bientôt de retour au Mystery. Ensuite, à l'aéroport, attendre deux bonnes heures que l'avion que tu dois prendre soit près à accueillir les passagers, huit de vol et enfin, retour à l'Écosse. Une fois dans le taxi, j'appelle de nouveau Pandora pour lui dire que j'avais bien atterri et que j'étais en chemin pour le Mystery, que d'après le conducteur je serais à l'orphelinat dans 45 minutes environs. Durant le trajet, j'ai essayé de me reposer l'esprit en me regardant un épisode de "Games of Throne", ouais, c'est une super série. A la fin de l'épisode, donc une heure plus tard, j'aperçois la bâtisse en face de moi.

Je demande l'heure au monsieur Taxi devant moi, il m'indique qu'il est 7h30, ce qui veut dire que je suis arrivée ici à 6h30 environ. Je me rends compte à présent, que j'ai peut-être réveillé mamie on l'appelant de si bon matin, à part si son Job l'empêche de faire la grasse matinée. Une fois arrive, je paye le conducteur pour son honnête boulot, je prends mes valises dans le coffre avec son aide très sympathique et je le saluts une dernière fois avant son départ. C'est bien de communiquer avec les étrangers, sa fortifie les liens amicaux. Je regarde la bâtisse, mais je n'ose pas rentrer, même s'il fait super froid dans ce pays le matin. J'avance néanmoins vers la porte d'entrer et appuie sur la sonnerie d'entrer, puis je me replace à l'endroit où j'étais pour prendre mes valises. A mon avis, je pense que tout le monde est debout, sûrement en train de déjeuner avant la reprise des cours, le Week-end est fini.

Joy comes in the morning, troubles, they don't last always

Cela faisait plusieurs semaines que Nancy Drust avait décidé de rentrer chez elle, à Los Angeles, pour des raisons professionnelles. Pandora, attachée à la jeune fille, lui avait évidemment assuré qu'un accueil chaleureux lui serait toujours réservé au sein de son établissement, bien que la jeune femme reste suspicieuse vis à vis de la directrice et de ses croyances en la magie. Ce que l'américaine ne parvenait à saisir, c'était que la vieille sorcière ne croyait pas. Elle était sure et certaine de l'existence de la magie, pour la vivre au quotidien. Cela la surprenait encore, d'ailleurs, que la jeune agente du FBI se montre toujours aussi froide quant à l'idée de magie. Cela l'inquiétait, même. Quoi que Nancy en dise, elle possédait don et pouvoir, et ne pouvait nier ce fait. Si elle le faisait, elle était susceptible de se mettre en danger sans vraiment le vouloir.

Et voila qu'un soir plus tôt, vers vingt-deux heures, la directrice avait reçu un appel de la jeune femme, lui indiquant qu'elle serait bientôt de retour au Mystery, sans donner plus de détails. Pandora lui avait assuré que tout serait fait pour l'accueillir, et lui avait ouvert une chambre de prof, cette fois-ci, pensant que probablement, l'américaine voudrait être au calme. Il y avait surement un raison relativement grave à son retour.

La sorcière avait calculé à partir de l'heure de départ du vol de Nancy et du décalage horaire, qu'elle arriverait à Little Angleton tôt le lendemain, et avait donc prévenu Judith Gilbert, la cuisinière, de la compter à la table du petit déjeuner du lendemain, afin que l'humaine puisse trouver de quoi se restaurer ainsi que diverses boissons chaudes. Pandora savait ce qu'était un décalage horaire important, et elle était presque certaine que cela lui ferait plaisir, elle serait certainement bien fatiguée après plus de dix heures d'avion.

Son téléphone sonna vers six heures et quart, alors qu'elle était en train de se coiffer dans sa chambre, et elle fut ravie d'entendre la voix claire de la jeune femme lui indiquant qu'elle arriverait dans quarante cinq minutes. La directrice se hâta de finir de se préparer, puis de régler diverses affaires avant le réveil des enfants, et le branle bas de combat quotidien que consistait le petit déjeuner à l'orphelinat.

Lorsque Nancy activa la sonnette du bâtiment, les adolescents étaient déjà à table, et les enfants sortaient de leurs lits, les yeux picotant encore de sommeil. Pandora confia la fillette qu'elle était en train d'habiller à Miss Sullivan avant de se rendre d'un pas vif à la porte. Elle ouvrit la porte pour une découvrir une Nancy relativement fraiche malgré le long voyage qu'elle venait d'effectuer.

-Nancy, quel plaisir de te voir ici ! Entre, je vais demander à ce qu'on se charge de tes valises -elle aperçut à ce moment là le nouveau professeur d'allemand, de télékinésie et de musique, et le héla- Mr O'Callaghan, pourriez vous me rendre un service, montez ces valises dans la troisème chambre à gauche au premier étage, je vous remercie.

Le jeune professeur s'exécuta avec un sourire éclatant, non sans un regard intrigué à la nouvelle venue. Pandora prit alors l'américaine par les épaules et la mena à l'intérieur de la batisse, déjà remplie du bruit matinal des conversations et du cliquetis de la vaisselle.

-Le petit déjeuner est servi. Souhaite-tu le prendre dans la salle commune ou voudrais-tu plus d'intimité afin de me parler de ce qui te ramène vers nous ? Je peux faire amener la nourriture dans mon bureau.

La vieille femme sourit à sa protégée, posant une main rassurante sur son épaule et regarda machinalement autour d'elle, comme par protection pour l'endroit et les enfants. Elle essayait de toujours avoir le regard vif et large, afin de déceler les bêtises, les bobos, ou les chagrins. La vie bien remplie d'une directrice d'orphelinat.

« Tu sais, quoi... Je suis une grosse gamine ! »

Je me demande si je vais pouvoir de nouveau admirer les étoiles depuis l'une des fenêtre de la vieille bâtisse. Je souffle, secoue mes mains pour évacuer le stresse, je suis toujours stressée ses temps-ci, ce n'est rien de personnel avec ce lieu en question... Quoi que, un petit peu. Il faut dire, qu'à chaque fois que je viens, je l'impression que la science va descendre en hiérarchie... J'ai l'impression que tout ce que j'ai appris jusqu'à présent, la logique, va être remit en cause. Oh mon Dieu rien que d'y penser me donne des frissons désagréables, je n'ai pas de raison d'avoir des frissons pourtant, vue que la magie n'existe pas. D'ailleurs, je devrais arrêter d'en parler tout court, je me donne l'impression de vouloir des réponses à ce mystère, cet orphelinat... Oui, parce que si la magie à une logique scientifique à son existence, il est vrai, que je suis fortement intéressée... Mais je refuse de croire à l'illogique, ce n'est pas dans ma nature.

« Nancy, quel plaisir de te voir ici ! Entre, je vais demander à ce qu'on se charge de tes valises...

- Tout de suite Mademoiselle Mystery... »

Avais-je prononcé avec mon plus beau sourire, n'empêche, j'aime bien voir Mme. Mystery... Le peu de temps où je suis restée à l'orphelinat, le voyage au Japon et le mariage. Pandora Mystery ne m'a jamais traité comme une bleu, ou une petite touriste étrangère, mais comme l'un de ses pensionnaires... Je me demande si ma mère, me traitait de la même sorte. Difficile à dire, je me souviens à peine du visage de ma mère... Il faut dire, que le peu d'année où ma mère était censé être présente, elle sortait toujours et rentrait tard le soir...

« Mr O'Callaghan, pourriez vous me rendre un service, montez ces valises dans la troisième chambre à gauche au premier étage, je vous remercie.

- Oh non, ne vous donnez pas cette peine, je vais... »

Bien pouvoir m'en sortir toute seule... Voulais-je finir ma phrase, mais l'homme désigné d'un sourire me pris mes valises. C'est vraiment très gentil de sa part. Je sais pas pourquoi je donne pour titre à Pandora Mystery, Mademoiselle, au lieu de Madame... Est-ce que vous trouvez cela étrange ? Moi aussi je trouve cela étrange, mais je crois que c'est une sorte de signe d'affection de ma part. Oui, je crois que c'est ça. Mme. Mystery vient m'attraper par l'épaule et me conduire à l'intérieur de l'orphelinat, ou il fait un peu plus chaud.

« Le petit déjeuner est servi. Souhaite-tu le prendre dans la salle commune ou voudrais-tu plus d'intimité afin de me parler de ce qui te ramène vers nous ? Je peux faire amener la nourriture dans mon bureau.

- Eh bien... Je ne voudrais pas m'imposer auprès des petits et puis, je n'ai pas très faim, cela depuis hier... Je n'arrive plus à avaler quoi que ce soit, du moins quand j'essaye, je le vomis aussitôt... Et je ne suis pas enceinte pour autant. »

Je souris bêtement à mon idiotie... Quoi que, j'aimerais tout de même bien, avoir un bébé un jour...

« Enfin bref... Je veux bien discuter avec vous, du problème qui m'amène ici. »

I'll be there for you, when the rain starts to pour

Nancy entra à la suite de Pandora, protestant tout de suite par rapport au fait que Mikeal O'Callaghan se charge de ses affaires. Mais elle n'en eut pas le temps, il était un jeune homme serviable et tout à fait gentlemen, considérait la directrice, ainsi disparut-il rapidement avec les valises de la jeune femme.
La sorcière fit quelques pas en compagnie de sa protégée qui lui avoua ne pas avoir très faim et préférer se rendre directement dans son bureau. Nancy ayant évoqué la grossesse, la vieille femme, inquiète parce que venait de lui dire la jeune femme, leva un sourcil d'un air interrogateur et lui demanda discrètement :

-Tu en es sure Nancy ? Dans tous les cas je vais demander à Judith de nous apporter du thé et des scones dans mon bureau au cas où, le thé ne peut te faire que du bien.

En effet, Pandora croyait fortement en les vertus de cette boisson ancestrale, que l'on retrouvait partout dans le monde, et qu'elle appréciait de déguster à tout moment de la journée, aussi bien comme remontant que comme simple plaisir sucré et parfumé, accompagné parfois de douceurs. Elle se souvenait encore de la partie de sa jeunesse qu'elle avait passé à Londres, lorsqu'elle organisait des afternoon teas dans de luxueux restaurants, au QG d'Orpheo ou encore dans les charmantes habitations de ses amies exorcistes ou non. Pandora faisait partie de la haute société depuis son enfance, et c'était un rituel qu'elle avait toujours apprécié, dès son plus jeune âge, elle avait dégusté thé et sandwiches dans les divers jardins ou demeures des amis de ses parents, Lords et Ladies. Elle avait eu une enfance vraiment heureuse, elle n'avait manqué de rien, et même lorsqu'elle s'était rendue à Londres pour y faire sa formation et servir Orpheo, elle avait toujours bénéficié d'un certain avantage financier lui venant de sa famille.

Tout en pensant à cela, elle avait alpagué la cuisinière de l'orphelinat, et s'était dirigée vers son bureau en compagnie de la jeune femme. Elle ouvrit la porte, et désigna à Nancy un fauteuil confortable :

-Assieds-toi je t'en prie.

Elle sourit et s'assit à son bureau, impatiente malgré le calme et la sagesse que lui conféraient son grand âge que Judith lui apporte de quoi se sustenter, car elle n'avait encore rien mangé, mais également que l'américaine lui parle de ce qui la tracassait. Pandora la regarda donc dans les yeux et sourit de nouveau, légèrement plus gravement, cela était important.

-Vas-y, je t'écoute.

Elle l'encouragea d'un signe de tête, se calant dans son fauteuil, prête à recevoir les informations qui pourraient se révéler négatives. Pandora s'inquiétait déjà pour la jeune femme, qui ne pouvait plus rien avaler, elle espérait que la solution à son problème se trouvait dans ses capacités, quelles qu'elles soient !

« Tu sais, quoi... Je suis une grosse gamine ! »

La gentillesse de cette femme est si touchante, qu'elle me rappelle celle d'une certaine personne qui avait aussi un grand cœur... Mais je ne saurais dire qui. Une personne de mon enfance certainement, que j'ai fini par oublier avec le temps. Enfin, qu'importe ce que je veux dire parle là, c'est que je respect beaucoup cette femme. Et puis même si je ne crois pas en la religion wiccan, je sais que ceux qui prétendre être des sorciers font des médicaments efficaces. Peut-être que si je parle de mon problème à Mrs. Mystery, elle utilisera ses potions sur moi ? Enfin, des potion, les médicaments en fiole quoi. Pitié. J'arrive même pas croire en ce que je dis... Malgré mon refus de me restaurer, Mrs Mystery a tenu à nous faire servir des boissons chaudes, du thé. Je lui sourie pour montrer qu'il n'y avait pas de soucis à ce sujet là, un peu de thé est toujours le bienvenue. Enfin, je bois beaucoup d'infusion, du coup je vais découvrir la saveur du thé.

Nous étions entrées dans le bureau, Mystery me désignant siège pour m'asseoir et moi songeant à si j'étais déjà rentrée dans cette pièce auparavant. Je n'en ai pas le souvenir, c'est peut-être la première fois. Je souris bêtement en pensant que c'est ici que fini la course des petits turbulents de l'orphelinat. Quand je pense que je n'ai jamais fini dans le bureau du directeur pour la même raison que les turbulents, quand j'étais à l'école... C'était toujours pour me féliciter de mon QI exceptionnel, de mes meilleurs notes et pour me faire des propositions d'institutions, car j'étais une sur-douée. On m'a toujours vu comme un phénomène de foire qu'on enviait et qu'on détestait à la fois. J'ai détesté mon enfance et mon adolescence. Ce que je savais faire n'était rien d'autre que d'inventer des gadgets qui n'intéressent personne, c'est peut-être pour ça que je ne suis pas devenue scientifique à la Naza, mais simplement agent du FBI.

« C'est assez jolie ici. »

Dis-je en voyant le décor de la pièce, qui semble dater, de l'âge victorienne... D'ailleurs toute la bâtisse semble assez vieux, je connais des antiquaires qui donneraient chère pour avoir certains objets de cette orphelinat. Enfin soit, mon regard se pose sur Mrs. Mystery avec une pointe d'inquiétude. Quand elle m'annonça qu'elle m'écoutait, je pris une bouffé d'air avant d'expirer lentement et garder mon calme.

« Je suis ici pour la même raison à laquelle vous êtes venue à moi la première fois, ces derniers temps les symptômes sont revenues, encore des douleurs à l'intérieur et j'ai l'impression de voir des étincelles sortir de mes mains. Je sais que scientifiquement parlant c'est impossible, c'est juste... juste... »

Je n'arrive même pas à trouver une explication plausible...

« J'aimerai dire que mon esprit me joue des tours. M'exprimais-je, avant de soulever ma manche et rajouter. Mais comment me serais-je fait ces brûlures ? J'aimerais un traitement... Pouvez-vous me venir en aide ? »

I'll be there for you, like I've been there before

Après que Nancy soit entrée dans son bureau, elle complimenta la vieille femme sur la décoration. Pandora sourit.

-Je te remercie, Nancy. Je sais bien que tout cela pourrait être considéré déjà comme des antiquités, mais je suis née au XIXe siècle, après tout.

Elle ne s'étendit pas sur le sujet, et attendit que Judith apporte les scones et la théière d'Earl Grey et que Nancy se décide à parler. Ce que la jeune femme lui dit ne la surprit pas. Mais cela ne l'empêcha pas de s'inquiéter quant à la manière de l'aider. Ce n'était pas difficile, en soi. Mais l'américaine était trop terre à terre. Enfermée dans ses convictions d'innocente, presque à l’excès. Elle s'agrippait à ses convictions par peur, mais Pandora ne pouvait pas savoir ce qui, dans son passé avait pu faire de la jeune femme ce qu'elle était. Peu de personnes douées ignorant pendant longtemps leurs pouvoirs se montraient aussi réfractaires. La directrice de l'orphelinat se devait de l'aider, de son mieux.

Son pouvoir d'élémentaliste d'électricité lui posait des problèmes. Son inexpérience et son déni réunis lui provoquaient des brulures sur les mains, et cela ne faisait certainement qu'aggraver la peur qu'éprouvait Nancy. La vieille femme s'humecta les lèvres et remonta ses lunettes sur son nez avant de joindre les mains et de dire :

-Nancy, mon petit, je sais que tu ne crois pas en la magie. Mais essaie simplement de concevoir la magie comme une science mystérieuse. Elle a ses lois, ses chercheurs...Pour moi, tu n'es pas malade. Tu dois simplement apprivoiser cette capacité de contrôler l'électricité, comme quelqu'un pourrait développer un don en mathématiques. Il n'y a aucun moyen connu de supprimer les capacités "magiques" d'une personne. Pour moi, la seule manière d'éviter ce genre d'inconvénients est de t'entraîner à maîtriser votre pouvoir. Évidemment, nous pouvons soigner ces brûlures... Donne-moi tes mains...

Pandora tendit les siennes, parcheminées, vers la jeune humaine. Les blessures étaient dans sa capacité de guérison. Évidemment, elle savait qu'elle risquait de surprendre son invitée, mais cela l'aiderait peut-être à appréhender de façon plus concrète le problème auquel elle faisait face. Peut-être le pouvoir de guérison de la sorcière ne ferait qu'accentuer son rejet. Mais ce n'était pas aussi impressionnant qu'une métamorphose, après tout. Il fallait qu'elle prenne le risque. Elle était sereine. Elle pouvait aider Nancy. Il le fallait. Elle ne supporterai pas de la laisser vivre avec ce fardeau, ces angoisses qui venaient troubler sa petite vie qui semblait si bien réglée...Elle faisait partie du FBI, elle serait surement confrontée à des choses insolites, elle devait s'y faire, afin de s'épanouir, et d'avoir une vie harmonieuse. Seule l'acceptation de la vérité pourrait la mener à cela.

« Tu sais, quoi... Je suis une grosse gamine ! »

J'ai peur de connaître la vérité, intérieurement je ne me sens pas prête à rentrer dans ce monde. Je trouve toujours des excuses, mais en vrai ces excuses servent surtout à me rassurer. Je ne suis pas une idiote, je sais que lorsque des éclairs sort de mes mains, ce n'est pas dû à une maladie. Je suis juste effrayée et du coup, je n'accepte pas l'idée de la magie. C'est vrai que je suis une vraie Geek et je pourrais te citer chaque dialogue, chaque scène des films Harry Potter par coeur, pour vous dire à quel point je suis fan. Mais le problème, c'est que la magie dans la réalité, c'est une chose effrayante. Vous imaginez s'il y avait vraiment un genre de Voldemort dans la réalité ? Avouez qu'il y a de quoi faire panique mamie Bernadette dans sa tombe. J'avais plus tôt dit à Mm. Mystery que la décoration de son bureau était magnifique, elle m'avait répondu, une chose que je ne répéterai pas, en me disant que c'était de l'humour. Du coup, je souris bêtement...

« Eh bien, vous ne faites pas votre âge, hein... »

Riais-je, en espérant qu'elle se mette à rire avec moi et qu'elle me dise joyeusement : « C'était une blague Nancy, avoue que tu m'as cru ! » Je lui répondrai qu'elle est en fait une femme très marrante et que je comprends pourquoi les enfants l'apprécient. Pourquoi ai-je autant peur de la magie, bon certes il y a le truc à la Voldemort, mais il y a sûrement autre chose. Pourquoi je la dénie malgré les preuves qui se présentent à moi, pourquoi père à quitter maman et pourquoi maman est morte ? La vieille femme prit un air sérieux, bien qu'à la base il était déjà bien assez sérieux. Vous imaginez, trouver le moyen d'avoir un visage très sérieux alors que le visage était déjà très sérieux, ça c'est de la vraie magie. Elle rejoignit ses mains et je me contente de me crisper sur mon siège. Elle m'expliqua qu'il fallait que je vois la magie comme une forme de science mystérieuse, j'avoue que vue de cette manière ça me rassure un peu plus, car qui dit science, dit explication et qui dit explication, dit logique...

Elle demanda de lui tendre ses mains et là, c'est à nouveau la panique... Mon coeur se met à battre dans ma poitrine si rapidement, je me lève brusquement. Ma respiration s'accélère, encore cette peur de l'inconnu, toujours cette peur de l'inconnu. Je voudrais laisser une chance à Madame Mystery, mais j'ai peur que si je rentre dans son monde, je viens à le regretter. C'est bizarre venant d'une scientifique comme moi, mais je le dis, je me sens plus en sécurité en restant dans l'ignorance la plus totale. Je recule part petit pas, me cognant le mollet contre la jambière de mon siège.

« Je... Je ne sais pas si c'est raisonnable, je ne voudrais pas vous pousser à faire un de vos tours de passe-passe pour mes égratignures de rien du tout. »

Bien sûr, je n'ai jamais été bonne menteuse, moi... Ses soit-disant égratignures m'étirent la peau et ça fait un mal de chien.

Magic everywhere !

Nancy essaya une blague sur l'âge de la vieille femme, afin de se rassurer elle même. Pandora sourit d'un air mi désolé, mi amusé. Elles s'assirent, et la directrice, ayant fini d'expliquer ce qu'elle pensait des problèmes de la jeune américaine, lui proposa de soigner ses mains grâce à la magie. Cette idée provoqua un refus angoissé chez son interlocutrice. La sorcière soupira, la fixant intensément.

-C'est totalement indolore. Mais si cela t'inquiètes tant, tu me feras au moins le plaisir d'aller rendre visite à Mr. Stewart, notre infirmier, qui t'appliqueras de la crème contre les brûlures.

Josh possédait également des remèdes plus classiques, en dehors de ses potions, onguents, runes, et ses propres pouvoirs. Pandora avala la dernière gorgée de son thé, et, après avoir observé sa protégée quelques minutes, finit par lui dire :

-Si tu refuses simplement d'être soignée par la magie, vous aurez du mal à contrôler la votre -elle soupira- je sais bien qu'il est toujours dur pour toi de l'accepter mais... Parfois trop de preuves sont rassemblées pour tout simplement nier non ? Je ne suis pas sûre de croire en Dieu, mais s'il se présentait à moi, je serais forcée de reconnaître qu'il y a effectivement quelque chose, n'est-ce pas ?

La vieille femme s'interrompit et se leva, allant poser une main sur l'épaule de Nancy.

-Tu devrais peut-être aller vous reposer pour le moment, Nancy, et je pourrais essayer de t'aider lorsque tu seras fraîche et dispose.

La chambre de la jeune femme était surement prête, et ses valises l'attendaient. Supporter un décalage horaire n'était déjà pas facile, mais étant donné l'état d'inquiétude dans lequel elle semblait se trouver, il serait peut-être d'autant plus sage d'attendre qu'elle ait quelques heures de sommeil devant elle. Évidemment, si elle répondait qu'elle n'en ferait rien, Pandora pourrait commencer à essayer de lui faire prendre conscience de la réalité de ce monde, mais elle paraissait être en plein déni, des éclairs sortant de ses mains ne parvenaient même pas à la convaincre...Même un orphelinat rempli d'enfant tous plus étranges les uns que les autres... Peut-être qu'un psychiatre de Blaidd Ddrgw seul pourrait l'aider.

La directrice lui sourit avec une certaine tristesse. Ce n'était pas pour elle même qu'elle faisait cela, mais bien pour l'américaine, qui mettait sa santé physique et mentale en danger à cause de son entêtement. Pandora avait la conviction qu'elle ne pourrait jamais s'épanouir en refusant de reconnaître cette évidence, cette réalité qui était la sienne...

Quel est mon problème ?

Pando ft. Nancy

Pourquoi je me refusais à reconnaître la vérité au sujet de la magie ? Probablement, parce que toutes mes convictions et mes croyances seraient balayées d'un revers. Ce n'est probablement rien d'un point de vue d'une personne vivant dans cet univers, mais pour moi c'est juste bouleversant, cruellement bouleversant. Mon refus de croire est peut-être quelque chose de très stupide, mais qu'est-ce que j'y peux dans le fond ? Ceci est provoqué par un sentiment de malaise, une angoisse que je ne peux guère ignorer. Vous savez... J'ai déjà tenté de remette mes idées en question, j'ai fait un bilan de ma façon de penser et du mal que je pouvais me faire en refusant la vérité... en refusant simplement de croire. Je suis têtue et ma si petite ouverture d'esprit me rend triste, triste que part moment j'en pleure. Oui. J'ai aussi parfois envie de me hurler dessus, car je déteste cette lâcheté qui fait de moi ce parasite dans le monde de Madame Mystery.

Lorsque Pandora proposa de soigner mes mains et ce malgré que ce soit une si gentille personne dont la présence suffit à être rassurante, j'ai été prise de panique. C'est pour ce genre de comportement que je commence à me haïr, car indirectement j'insulte l'expérience et crache sur la bonté de cette femme au grand cœur. Et je la regarde, je l'écoute tandis qu'elle poursuit pour m'expliquer qu'il n'y a rien à craindre, mais j'ai juste soudainement envie de pleurer. Pleurer parce que je suis une idiote finie, j'étais ici pour trouver de l'aide et voilà que je la rejetais à cause de la peur... Cette désagréable peur qui me rend impuissante. Je sens les larmes couler le long de mes joues et mes mains tremblantes dévoilent ma nervosité et mon envie de m'effondrer en sanglot. Je me mordille la lèvre inférieure comme pour me punir. Je ne trouve pas la force de quitter la pièce, ni même celui de laisser mamie guérir mes mains par... par magie.

Je baisse légèrement la tête, alors qu'un silence s'installe dans la pièce. Je me rassois toujours silencieusement, sans prendre la peine d'essuyer ses larmes qui ne voulaient plus s'arrêter de couler. Mon regard se replante sur celui de Madame Mystery, que je fixe avec une certaine tristesse.

« Pourquoi suis-je donc incapable de croire ? Pourquoi ai-je si peur ? Que va-t-il m'arriver si je continue à être si bornée ? »

Demandais-je alors que ma voix était tremblante, mais toujours accompagnée d'une douceur dans son intonation. J'étais perdue, je le reconnaissais et je ne savais pas comment remédier à mon problème. Peut-être bien que mon esprit devait être soigné avant mon problème avec la magie ? Je l'ignore, tout n'est chez moi qu'ignorance.

made by black arrow

I know that it's not easy to be calm when you've found something going on

C'était réellement difficile de voir cette jeune femme être aussi déchirée par ses peurs, ses questionnements. Tout ce qu'elle vivait semblait remettre ses croyances en cause. Elle se questionnait, réellement. Elle avait bien conscience qu'il y avait quelque chose, mais elle ne pouvait pas franchir ce pas, le pas entre les innocents et le monde du Secret. Pandora n'avait bien sûr jamais été personnellement confrontée à ce genre de situation, mais après plus d'un siècle et demi d'existence sur cette planète, elle avait entendu parler de cas similaires, très fréquent chez les humains, évidemment, ou chez des sorciers ayant été adoptés par des familles innocentes -assez rare, mais cela arrivait-. Et sa foi en l'ensemble des espèces humanoïdes de cette planète la poussait à croire que le cas de Nancy n'était pas désespéré. Il ne fallait pas qu'elle panique. Pandora tendit donc la main vers la jeune femme, en travers du bureau, et lui sourit gentiment.

-Je ne crois pas que tu en sois incapable, Nancy. Je pense simplement qu'il y a un blocage d'ordre psychologique tout à fait compréhensible en toi, et que cela peut prendre du temps à dépasser. J'ai toujours vécu dans un monde rempli de magie, mais je connais assez le monde des innocents pour imaginer que ce que tu vis peut-être traumatisant et extrêmement difficile à accepter. Evidemment tu peux te réfugier dans une illusion et essayer de faire comme si rien de tout ça n'existait, mais étant donné que tu ne peux pour le moment maîtriser tes pouvoirs, je crains que cela ne soit dangereux pour ta santé physique et mentale. De plus, notre monde est de plus en plus dangereux. Posséder un pouvoir et un don t'exposes à des menaces qu'il te faudrait connaître afin de te protéger. Mais évidemment, personne ne t'obliges à te servir de la magie, ni à rejoindre Orpheo ou quoi que ce soit d'autre, personne ne te forceras Nancy. A moins bien sûr que des sorciers noirs ne t'enlèvent pour faire de toi une esclave, ce qui ne serait absolument pas souhaitable, bien entendu.

Elle se stoppa afin de laisser à son invitée le temps de bien saisir tout ce qu'elle venait de lui expliquer. Mais Pandora ne pensait pas qu'elle puisse tirer un quelconque progrès en matière de "reconnaissance" de la magie de la part de Nancy aujourd'hui. Cela prendrait du temps. C'était comme apprivoiser un animal. Surtout comme soigner une maladie. Le déni, cela arrive. C'est alors que la vieille sorcière pensa à proposer à l'humaine une thérapie. Il y avait des sorciers psychologues et psychiatres, notamment dans les IBMM, et en faire venir un renommé au Mystery Orphanage afin d'aider sa protégée ne devrait pas être trop difficile. Elle décida de lui proposer :

- Tu sais, s'il existe des médecins "magiques", il existe aussi des psychothérapeutes magiques. Certains connaissent aussi bien la médecine classique que runique, et parler avec un professionnel pourrait t'aider, si, bien sûr, tu y consens. Je ne te demande pas de me donner votre réponse maintenant, bien sûr, mais penses-y, à l'occasion.

Pandora marqua de nouveau une pause, avant de pousser une soucoupe garnie d'un scone vers la jeune femme afin de l'inciter à manger. Elle joignit ses mains et posa un instant son menton dessus, observant Nancy à travers ses lunettes, songeuse. Elle espérait qu'elle pourrait au moins se plaire ici, et cesser de se blesser avec son pouvoir. Ce serait déjà un premier pas. La vieille femme ne désirait rien de plus que de protéger les gens, surtout les enfants. C'était son but, dans la vie, et elle était heureuse de l'avoir trouvé, quand elle y pensait.

-En tous cas Nancy, reprit-elle, tu peux te sentir ici chez vous, et je serai aussi disponible que possible pour toi. Tout ce que je veux c'est que tu retrouves une vie équilibrée et sans angoisses.

C'était l'essentiel. Peu importe qu'elle choisisse de vivre "dans" le monde magique ou non, tant qu'elle réussissait à être heureuse. Pandora pouvait tout à fait concevoir qu'on ne veuille pas de tout cet univers, tellement compliqué.

Quel est mon problème ?

Pando ft. Nancy

Accepter la vérité quand celle-ci bouleverse les croyances de l'humanité, du moins celle qui appartient au monde innocent, est pour moi un bien trop lourd fardeau et j'en suis consciente. C'est justement le problème, comment puis-je être capable de vivre avec un aussi grand secret ? Si on me proposait d'entrer dans la Zone 51 pour être garant d'un secret d'état, je refuserai. Je n'ai pas ce qu'il faut mentalement pour soutenir un quelconque poids sur mes épaules, c'est là attendre un bien trop grand effort de ma part. Et je passerai ma vie à m'excuser auprès de ceux que je blesse en ne croyant pas en leur nature. Sorcier ? C'est très difficile à digérer comme information tant c'est irréaliste et absurde dans un sujet de conversation ordinaire. Et souvent je n'ai pas eu de tact lorsque des orphelins venaient me parler de magie. En effet, j'étais complètement fermée sur le sujet, je ne voulais pas assister à ses fameux cours magique tant je tenais à mon déni.
Le directrice me tend une main à laquelle je réponds en lui tendant la mienne. Une main qui suffit à calmer les quelques craintes qui parcourent le creux de mon ventre. C'est étonnant comment un simple contact avec cette femme peut être si apaisant. Et j'aime vraiment beaucoup cette femme, je suis sûre que ma petite soeur l'apprécierait aussi, elle est d'autant plus ouverte à croire à toutes ses choses. Puis je l'écoute attentive, jusqu'au bout sans tourner du regard ou retirer ma main pour me réfugier de nouveau dans ma bulle de sécurité, ce beau sentiment de déni que j'affectionne tant. Non. Je l'écoute, mes yeux encore humides la fixent entre deux ou trois larmes qui poursuivent leur chemin sur mes joues roses. Et elle termine par une note très dure, je ne sais pas si elle a voulu être rassurante, ou simplement honnête avec ses croyances. Je ne réponds rien, car je ne sais pas vraiment quoi répondre, les mots me manquent.

Il y avait encore des gens capable de traiter les hommes en esclaves, mais qui peut avoir encore une mentalité pareille à notre époque ? C'est tout simplement dégueulasse, horriblement dégueulasse. Et comment des gens pareil arrivent à échapper à notre société ? Non. La question est comment la magie peut-elle échapper à la vigilance de nos gouvernements ? C'est tellement improbable, absurde encore une fois. Mamie me propose une médecine magique orientée sur la psychologie, encore une fois je ne répondis rien, mais je lui offris un sourire de gratitude en échange. Mamie ? Je n'ai même pas fait exprès de le penser, mon esprit associe cette femme naturellement à cette figure maternelle. Je pris une bouchée de ce qu'elle m'avait fait amener, mais je n'avais pas tant faim que ça au final… Peut-être que mon état m'empêchait d'avoir de l'appétit, je l'ignore en fait. Je tente une nouvelle bouchée, mais je comprends que je ne finirai pas ce petit déjeuner.
J’essuyais les dernières larmes tant que M. Mystery m’expliqua qu’ici je pouvais me sentir chez moi. Je lui souris de nouveau, d’un air qui exprime beaucoup plus ma joie quant à la proposition. « Merci, mamie… Enfin, madame la directrice ! » Tentais-je de me reprendre, cette fois mon sourire est accompagné d’une expression de gêne. « Je vais aller me reposer finalement, je vous remercie encore une fois de m'accueillir M. Mystery. » Je me relève et me dirige vers la sortie du bureau... Je m'arrête un moment et observe mes mains. Et si... Non. Non... Je ne peux pas encore le penser, c'est trop dur.

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Soon you will see, all your fears will pass away

Des larmes, juste quelques unes, se mirent à rouler sur les jolies joues roses de la petite Nancy. Oui, on aurait dit une enfant effrayée aux yeux de Pandora, en cet instant. La vieille sorcière avait toujours sa main entre les siennes, souriant doucement, avec compassion, un sourire rassurant. Tout se passera bien, ça ira, Nancy. C'était le message qu'elle voulait faire passer à travers ses gestes. Elle ne disait rien, attendant que les choses s'apaisent d'elles mêmes, que l'humaine douée prenne le temps de bien digérer tout ce qu'elle lui avait dit, au moins de se calmer un peu, car s'empreindre de la réalité des choses lui prendrait beaucoup plus de temps, la directrice en avait conscience. Mais elle était bien déterminée à faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider, c'était son rôle, même si elle n'était pas spécifiquement supposée prendre en charge ce genre de cas, en temps normal. D'autres institutions auraient été plus à même d'aider Miss Drust, mais c'était une période de crise, et elle se trouvait ici, à ce moment. Il aurait été inutile de la perturber encore plus en l'envoyant vivre en France ou en Suisse. Elle lui avait évoqué la possibilité d'être suivie par un spécialiste, la balle était maintenant dans son camp.

Pandora fut contente de voir que la jeune femme avait au moins mangé un scone. Mais elle était visiblement trop sous le coup d'un ensemble d'émotions fortes pour pouvoir ingérer un petit déjeuner complet. C'était comme ça, même si cela ne plaisait pas vraiment à la sorcière. Elle aurait tout le temps de remplumer la petite américaine si elle devait héberger celle-ci pendant un certain temps.

Essuyant ses larmes, cette dernière la remercia, tout en l'appelant "Mamie". La directrice se sentit rosir, tout en étant incapable de retenir un petit rire, mi-amusé, mi-touché. Elle était heureuse, mais trouvait également cela incroyable que la jeune humaine lui montre tant de confiance sans qu'elles se connaissent depuis longtemps, d'autant que Pandora représentait tout un monde qu'elle refusait d'accepter, dont elle avait peur. Mais la vieille femme sentait bien, dans l'attitude de sa protégée, qu'elle était sur le chemin de l'acceptation. Elle y avait au moins posé un pied en venant s'installer au Mystery Orphanage. C'était quelque chose de positif, et aucune des deux ne devait l'ignorer. Il faudrait beaucoup de patience à tout le monde afin de continuer cette route, mais Pandora était vieille, elle avait vécu plus d'un siècle et demi. Elle savait être patiente. Et elle préférait voir Nancy en sécurité à l'orphelinat, sous sa protection, en période si troublée.

Elle se leva en même temps que l'américaine, lui adressa un sourire pour lui signifier qu'elle ne faisait pas grand cas du fait qu'elle l'ait appelée si familièrement, et, pressant ses mains un peu plus fort dans les siennes, lui répondit :

-Je t'en prie Nancy. Sois la bienvenue au Mystery Orphanage, et n'hésite pas à venir me chercher si tu as besoin de quoi que ce soit, même si cela te paraît futile.

La jeune femme désirait se reposer, ce que la sorcière comprenait absolument. Elle hocha donc la tête, et la raccompagna vers la porte de son bureau. Nancy la remercia encore une fois, et Pandora lâcha ses mains.

-Une dernière chose, Nancy, tu peux évidemment te promener partout dans la propriété et dans les parties communes du manoir, je te conseille simplement d'éviter le placard à balais.

Il se trouvait nombre de fantômes et autres bizarreries dans ce placard. Ses ancêtres et certains orphelins y avait fait lancé tant d'incantations étranges au fil du temps que rentrer dans cette petite pièce, en apparence, pouvait s'avérer... Surprenant. Jamais trop dangereux, mais probablement pas recommandé pour la santé mentale de Nancy.
La petite regardait ses mains, l'air de souffrir intérieurement. Elle pressa doucement son épaule d'une main, espérant lui apporter un peu de réconfort. Elle aurait pu utiliser son pouvoir sans qu'elle s'en rende compte, mais elle sentait que cela serait irrespectueux envers la jeune femme qui avait si peur de la magie.

-Viens, je vais t'accompagner jusqu'à ta chambre. Elle est tout près de la mienne.

Sur ces mots, la directrice ferma la porte de son bureau, et monta l'escalier menant au premier étage. Elle avait fait installer Nancy près de sa propre chambre, afin de rendre les choses plus faciles pour elle. Elle serait également près de Nérys, qui était tout aussi capable qu'elle de prendre en charge leur nouvelle venue.

Une vois la quinzaine de marches gravies, Pandora sortit une clé de son trousseau et se dirigea vers la chambre qu'elle avait attribuée à sa pensionnaire. Elle donnait sur le jardin, et était assez petite, mais lumineuse et fonctionnelle, avec sa propre salle de bain, ce qui serait bien pratique pour Nancy.
La porte s'ouvrit dans un grincement. Mr O'Callaghan avait bien déposé les affaires de la jeune humaine, près du lit, comme elle le lui avait demandé. La directrice sourit alors d'un air satisfait, frôla le dos de la nouvelle venue du plat de la main et déclara :

-Voilà, bienvenue au Mystery Orphanage, Nancy, considère que tu es ici chez toi aussi longtemps que tu le souhaites.