Passage au niveau 8 : Mike to the rescue

Sujet: Passage au niveau 8 : Mike to the rescue Lun 21 Jan 2019 - 20:05

Vous savez des fois on s’ennuie et on va regarder les comptes fb et compagnie de ses anciens partenaires, amis ou what so ever ? Bah j’ai dérivé et je suis allée sur le profil de June. Voilà. Ça faisait longtemps que mon cœur s’était pas serré comme ça. Évidemment à cause du minimum de protection qu’elle a mis sur ses réseaux sociaux, je hacke le compte pour y avoir accès. Même pas besoin de pouvoir ou quoi que se soit pour faire ça, c’est un jeu d’enfant. Sauf que là je m’aperçois que ça fait un an même plus qu’elle a rien posté. Un. An. Et rien. Rien. C’est grave chelou. Alors je ckecke les autres réseaux, pareil. J’ai encore son numéro alors j’essaie de le localiser et ça ne donne absolument rien. Rien du tout.

Putain.

Dans quoi tu t’es fourré June

Pitié sois pas morte.

Un peu plus de hacking et j’arrive à trouver la dernière localisation de son dernier post. Amérique du Nord.

C’est pas comme si je l’avais pas su ça hin. C’est pas comme si j’étais déjà allé sur le continent américain en espérant la croiser à un coin de rue. Non j’ai pas du tout fait ça.

Silly me.

Bon. Comment elle a fait pour se retrouver là bas. C’est peut être une mission de Croix qui n’a rien donné. Mais Croix c’est hyper chaud de les pirater. Bon. Orpheo aussi. Pourtant il va bien falloir que je m’en cogne un des deux. Lequel serait le moins dangereux pour mon cul et celui de l’organisation et lequel aurait le plus d’infos ?

Si June est morte, Orpheo et Croix le sauront. Je vois pas pourquoi Orpheo le saurait pas vu que c’est probablement eux qui l’aurait tué eh. Croix se serait savoir si elle a été envoyé en mission là bas. Si elle est capturé ils le sauront pas. Sauf si elle avait quelqu’un avec elle. Ouais donc même morte si elle était seule ils ne sauraient pas. Donc on va partir sur Orpheo hein. Et puis, Orpheo s’attend plus à ce qu’ils soient pirater par les méchants que Croix par Rosenrot.

Enfin, si bien sûr qu’on se fait des coups de pute entre nous. Mais si j’me fais surprendre, on aura pas le grand Dorian qui nous tombe dessus, et j’me ferais pas niqué par Anja.

J’vais devoir pirater Orpheo. Génial. J’suis hyper content (non). En plus je suis tout seul, si il m’arrive un truc, je suis dans la merde mais je vous dit même pas comment. Rosenrot m’aidera jamais à aider un membre de Croix, c’est insensé.

Bref, déjà j’vais dans un café qui possède la sacro sainte wifi. Lieu public, on peut me localiser mais je m’en bats les couilles. Je donne aucune localisation des endroits où on travaille, voilà.

Ensuite de quoi, je m’octroie la grande majorité du débit du quartier. Assez peu pour que tous ces humains sans pouvoir ne crie pas sur tous les toits qu’ils n’ont plus internet, le réseau ferait chier parce que les opérateurs seraient dessus et moi ça me ferait chier. Mais assez pour que je puisse tranquillement gérer mon buisiness. Et que ça lag chez eux. Mais le lag, c’est pas grave.

Bref. C’est parti.

Je vous raconte même pas comment je flippe ma race. Je m’attaque quand même à du big boss.

C’est parti. For real cette fois.

Enfin non, je demande au serveur de remplir ma tasse de café avec du sucre dès qu’il voit que celle-ci est vide. Parce que ça va être un boulot très éprouvant ce que je m’apprête à faire. Il va me falloir de l’énergie jusqu’à la fin sinon je suis un homme mort. Oui parce que c’est bien beau d’être dans un lieu public mais Orpheo peut quand même se téléporter ici à tout moment. Donc eh. Bref.

Je commence par cacher ma localisation et tout. J’vais ensuite chez Orpheo c’est parti. Je passe quelques niveau de sécurité, cherchant à chaque fois si je vois quelque chose en rapport avec June Williams. Les premiers niveaux indiquent uniquement des choses sur sa famille, la descendance, tout ça. C’est chaud déjà qu’ils sachent ce genre de choses. Bref. Passons. J’analyse pas. Aux autres niveaux, on sait qu’elle fait partie de Croix. Elle est recherchée, dangereuse tout ça. Oui. Mais vous avez pas autre chose ?

J’suis à ma dixième tasse de café au moins, surexcité au Max mais je lutte. Y’a un gars (ou plusieurs) qui essaient de me repousser (logique). Sauf que j’arrive enfin à avoir quelque chose, hyper rapidement. Orpheo ne sait pas où je suis mais ce n’est qu’une question de temps. Je sens toute la transpiration qui suinte de mon front et de mon dos mais je me concentre, évitant leur tir, évitant qu’ils ne me bloquent et en continuant d’avancer et enfin j’ai quelque chose.

En quelques lignes de code rapide, je quitte le serveur d’Orpheo. Je suis en sueur total. Le serveur me regarde bizarrement tandis qu’il me remplit encore ma tasse de café. Je lui dis alors que ça suffit. Je laisse quelques pièces sur la table et m’en vais.

June est retenue au QG d’Ottawa.

—-

Oui j’ai regardé où était Ottawa sur une carte. Donc je vais devoir aller au Canada. C’est pas ça le soucis. C’est que je vais redevoir pirater Orpheo pour pouvoir me faire un badge d’accès. Et une fois sur place, j’irais dans leur serveur interne pour voir où se trouve June. Ça ne va pas du tout être compliqué c’est super génial.

D’ailleurs. Cerveau qui se réveille. Pourquoi j’veux la libérer, comme ça ? À tout prix ? Pourquoi je la laisse pas pourrir à Orpheo ?

Pourquoi, on se demande bien.

Je sais pas. Je secoue la tête. Va falloir que je m’y remette sérieusement.

Et je vais surtout pas pouvoir y arriver seul en fait.

Du coup j’suis au QG, je sais pas trop à qui demander ça. Les gens ils vont poser trop de questions, ils vont me faire « what? », ils vont aller répéter à Anja et j’serais dans la merde. Ou pire, à la vieille.

J’ai la jambe qui s’agite alors que je suis assis tranquille, les coudes sur la table, à zieuter les gens en qui j’aurais le plus « confiance ».

Et puis y’a Green qui débarque. J’me lève comme un ressort, me cale devant lui.

-Tu me rendrais un service, no question ask ? Et je ferais la même au moment où t’en auras besoin.

Parce qu’on imagine bien qu’ici c’est donnant donnant, sinon c’est pas drôle.

Aller steuplait, dis oui sinon je vais juste mourir. J’ai pas très très envie de mourir tu vois. Surtout si c’est pour aller récupérer la meuf qui ~~m’a brisé le cœur~~ ... qui ...

Parce que faut encore aller vérifier comment ils font les badges, ça devrait être accessibles assez facilement, pirater le bidule pour récupérer la bande, en faire des badges, avec nos photos évidemment, aller jusqu’au Canada et tout ça ...

En vrai Green niveau pouvoir c’est pas forcément le mieux placé. Voir pas du tout. Mais je me dis que ... y’a moyen qu’il fasse pas chier et qu’il ne pose pas de questions et tout. Red aurait été mieux. Mais le gars peut pas me blairer et il m’aurait envoyé me faire foutre so. Here I am.

Sujet: Re: Passage au niveau 8 : Mike to the rescue Jeu 24 Jan 2019 - 11:36

Café fumant, yeux encore un peu gonflés, Green étire sa journée autant qu’il le peut. Il s’est levé une petite heure auparavant et est allé s’entraîner avec prudence. Juste les bases, s’échauffer pour s’étirer avec, faire chopper les muscles qui ont fini par s’alourdir avec l’âge. Plus gonflés, plus forts, plus puissants. Ils ont perdus la sécheresse de l’adolescence, le brun n’est plus maigrichon, il n’est plus le guépard agile, il est la panthère qui pose ses énormes pattes sans peur.

Sans peur, tiens.

Il n’a eu de cesse que d’atteindre sa fille en rêve. Uniquement obsession. Tout ce qu’il a appris, tout ce qu’il a cru savoir - envolé. Un enfant a besoin de stabilité, de parents aimant, d’une figure masculine et d’une figure féminine, tout ça. Balayé. Il veut savoir maintenant, il veut grapiller des miettes d’enfance chez Elaïa, tout ce qu’il peut toucher, attraper, serrer et presser contre son coeur.

Mais il n’en est pas moins un soldat et, quand il débarque finalement sur son lieu de travail et qu’il croise Mike, il tique. Il sait qu’il n’est pas rentré depuis longtemps, ramené par Cyan - qu’il n’a pas vu depuis une éternité. Une histoire de tritons, de sauvage de vie, de fenêtres qui explosent et d’un accent polonais aux yeux clairs et puis plus rien. Il se sent un peu froissé comme un t-shirt au linge sale puis oublié mais eh.
C’est Cyan.

C’est pas grave, c’est la famille et quelle famille ; il a envie de se recoucher dans le cerveau de quelqu’un d’autre. « Can I sleep in your brain ? »

Il passe sa langue sur ses langues, aspire une gorgée de café, 100% préparé à ignorer Mike qui pourtant se lève et se pose devant lui.
Green a un peu envie de rire, Mike a fait une dépression toute typique du sorcier noir - il ne sait pas pourquoi mais s’en bat les couilles - et a perdu face à lui-même : amaigri, les poumons cendrés et une toux qui ne s’en va plus. C’est ça, non ? Il pourrait le balayer d’un revers de main comme on broie une souris dans sa paume en pensant la sauver.

-Tu me rendrais un service, no question ask ? Et je ferais la même au moment où t’en auras besoin.

L’allemand hausse un sourcil. Puis deux. Une moue amusée peint son visage et file dans ses prunelles. Ses dents se dévoilent, canines sur les lippes alors qu’il laisse échapper un petit rire.

- Non ?

Il éclate de rire.
Pose son café.

- Bien sûr que non, qu’est-ce que c’est que cette question. Ta parole ne vaut rien O’Callaghan.

Et puis c’est évident. Pour tout le monde. Et puis Green est fiancé à Anja alors ne pas poser de question de fomenter dans le dos de sa femme, pas la meilleure idée.
A moins que Mike se bouge et l’aide avant que Green ne l’aide - parce que niveau parole, le brun se situe quand même some miles ahead from Mike. Donc bon.

Faut dire qu’au moins, ça lui a refait sa journée, Mike qui pense qu’on va l’aider alors que c’est un petit fdp qui viole ses servantes, s’en bat les couilles du monde, fume sans cesse, agit comme un gamin, pisse dans des bouteilles, doit se faire ramener par Cyan, lâche l’organisation, fornique avec l’ennemi, bref, Mikeal O’Callaghan quoi. C’est pas que Green le méprise mais si, si totalement. Absolument, même.

- Si t’as besoin d’aide, aligne de meilleurs arguments.

Il fronce le nez et se permet même un petit clin d’oeil. Il sait bien qu’ils sont à égalité niveau pouvoir. Mikeal peut le balayer par la télékinésie mais Green peut le faire léviter un ptit kilomètre au dessus du sol et le lâcher, le prendre, le lâcher, etc. Il ne peut pas encore l’envoyer dans la stratosphère mais il y travaille sévèrement. Et c’est pas en manipulant deux trois ordi qu’il va faire du mal - comme Green ne peut pas blesser dans les rêves.

Puis si vraiment il veut un service… on tape sur les gens à qui on demande de l’aide, si ?

- Si c'est à propos d'Orpheo qui t'emmerde en ce moment, demande plutôt aux jumeaux, ils seront ravis de raser une ville ou deux.

Il rattrape son café et le termine d'un trait.

Green tique en me voyant me planter devant lui. Pas étonnant.

Il est passé où le Mike qui pensait que Rosenrot c'était sa famille, et pas que des collègues ? Envolé, loin. Le Mike naïf, le bon petit soldat. Personne peut plus me faire confiance après ce passage à vide, c'est pas étonnant. Fricoter avec l'ennemi, enfin « ennemi », bref, du pareil au même pour l'organisation. Dépression. Fuite.

J'me reconnais pas moi même, je sais pas où j'en suis, je sais plus rien. Rien. Rien.

Vide.

J'sais juste que j'suis vide, plus qu'une coquille vide. Même tuer et torturer des innocents ne m'amusent plus autant qu'avant. Ya un truc qui s'est brisé en moi.

Rebrisé même.

J'étais déjà fracturé de partout. Recollé à l'aveuglement et à l'égocentrisme.

Et une fille a à nouveau tout réduit en mille morceaux que j'arrive pas à recoller.

Parce que j'suis tout seul.

Parce que j'ai toujours été tout seul.

Alexander est parti et hors radar. Ma famille me hait, et c'est réciproque. Mes collègues sont plus ou moins autant brisé que moi.

On parle des Soul ? Parlons pas d'eux. J'dirais que même s'ils sont complètement ruinés intérieurement ils s'en sortent quand même mieux que moi.

Elle est belle la famille que je m'imaginais.

Bullshit, sur une tartine de futilité.

Y avait pas d'accroche avant. Pourquoi yen aurait maintenant ? Alors que j'ai à moitié déserté, alors que tout le monde me juge et me prend pour un moins que rien.

J'crois ça fait mal.

J'sais même pas pourquoi j'suis pas encore mort. Le gars a déserté, s'autoproclamait en vacances, juste pour pas fuir la douleur qui lui détruisait les entrailles, refusant toutes les responsabilités, qu'il a voulu, refusant tout contact.

Et il vit encore.

Ptet que j'dois ma vie au fait d'avoir été un bon élément sur la prise du Mystery.

Peut être.

Mais les secondes chances, ça existe pas vraiment ici.

Enfin, Green aussi il a eu un passage à vide, et il se pavane encore ici. Et c'est à cause de lui si sa famille est brisée. Et lui aussi, il vit encore.

J'vis aussi, pour combien de temps, je sais pas.

Dans quel but ? J'en sais rien non plus.

Est-ce que avant June j'en avais un ? Je sais même plus.

Je sais plus rien.

Y avait rien.

Y a eu June.

Ya de nouveau plus rien. Sauf que cette fois j'le ressens au plus profond de moi. Alors qu'avant j'étais juste aveugle.

Alors ouais, j'sais bien que c'est hyper futile et naze de faire « Eh, j't'ai sauvé la vie tavu » encore faut-il que j'y arrive, hm, comme si ça allait changer des choses. Comme si elle allait revenir.

J'sais même plus si j'espère qu'elle revienne. Ou si j'veux juste qu'elle soit en vie. Ou si j'veux juste être un bout de sa vie, aussi petit bout soit-il.

Pourquoi je bouge alors ?

Sans surprise, Green me dit non. Evidemment. Pourquoi j'suis aussi con ptain. Comment j'peux croire que les gens vont juste me faire confiance, comme ça ? N'importe quoi.

J'ai envie de prendre un mur et d'me fracasser la tête dedans.

J'serais aussi bien mort.

Et là, il éclate de rire.

-Bien sûr que non, qu’est-ce que c’est que cette question. Ta parole ne vaut rien O’Callaghan.

Bien sûr. Et j'le sais. Pourquoi j'me berce de douces illusions comme ça. Nan, j'suis encore qu'un pauvre gamin naïf, et surtout, complètement con.

Si con.

J'suis juste là, complètement dépité, à rien pouvoir faire, à pas savoir quoi dire, quoi faire. J'sais juste que j'peux pas m'en sortir seul. J'sais aussi que j'vais au delà d'une mission suicide. Pourquoi ya des gens qui viendraient m'aider ?

J'leur ai apporté quoi ? J'leur apporte quoi là dedans ? J'suis juste rien.

Rien. Rien. Rien.

Vide. Néant.

-Si t’as besoin d’aide, aligne de meilleurs arguments.

Mon cerveau recommence à essayer de fonctionner. J'fixe le sol depuis tout à l'heure, anéanti.

Il veut quoi, lui ?

J'ai rien suivi aux dramas internes ces derniers temps. Et même avant, je me fichais juste de mon unique personne.

Moi, moi, moi.

Et là j'vais aller risquer ma vie pour une fille qui m'a brisé.

Pourquoi on m'accompagnerait ?

J'ai pas de monnaie d'échange, j'ai rien, j'suis rien. Je connais pas la vie des gens qui m'entourent. Je connais pas leur désir profond, je connais pas ce qui pourrait les faire changer d'avis. J'sais juste ce qui m'anime là, maintenant, comme j'ai pas été animé depuis des mois.

J'veux juste la sauver, putain.

Même si elle a probablement révélé des trucs sur moi à Orpheo.

Putain. J'suis con.

Elle a sûrement parlé la mouflonne. Ils doivent savoir qui j'suis, à quoi je ressemble, tout un tas de trucs sensibles, et moi j'fais quoi ? J'vais me fourrer dans le nid de l'ennemi pour lui sauver les miches.

Autant j'vais juste leur faire « prenez moi à sa place ».

Autant ça marche.

Même si j'aimerais bien qu'on s'en sorte sans avoir à faire ça.

-Si c'est à propos d'Orpheo qui t'emmerde en ce moment, demande plutôt aux jumeaux, ils seront ravis de raser une ville ou deux.

C'est vrai que se serait une bonne idée. Mais, j'aggripe son bras pour pas qu'il s'en aille, alors qu'il finit juste son café. C'est urgent, j'ai pas le temps de chercher les jumeaux, de les convaincre.

Comment j'peux convaincre Green...

-J'sais que …

Je sais que quoi ? Je sais quoi ?

Rien.

Tu sais rien Mike. Rien. Tu n'es que vide et néant. Tu n'es rien. T'as été détruit par une midinette en qui t'a placé beaucoup trop alors que tu le savais dès le début que cette histoire finirait très mal. Tu l'as pourtant fait. Et tu t'apprêtes à encore faire des conneries.

-J'sais juste que j'dois la sauver.

Je chuchote presque. J'ai plus de forces. Ces derniers mois m'ont diminué petit à petit. A fumer plus que de raison, à boire jusqu'à ne plus me souvenir de ce que je faisais.

A m'affamer. J'suis même pas l'ombre de ce que j'étais quand j'étais gamin.

-J'ferai n'importe quoi en échange. N'importe quoi. Demande moi tout ce que tu veux. Retrouver quelqu'un à qui tu tiens jusqu'à l'épuisement le plus total, aller à la rescousse de quelqu'un à qui tu tiens, effacer des trucs, aller tuer des gens pour toi. J'peux même sortir de ta vie complètement après ça, tu me verras plus jamais, tu n'auras plus jamais à avoir affaire avec moi. Je disparaitrais complètement, je sais que j'te dégoûte, que je dégoûte tout le monde, que j'suis un moins que rien. J'sais que j'suis juste pathétique. Je sais que j'suis devenu un rebut de l'orga, juste que … Que … Il faut que je la sauve...

Mes doigts se sont enfoncés dans sa chair, j'l'ai pas fait exprès, j'l'ai pas fixé dans les yeu une seule fois, ma voix est faible, plus rien ne va.

J'ose pas lever le nez de mes chaussures, parce que je sens que si j'vois son regard noir sur moi, je vais défaillir, que ma voix va se briser, que je vais me briser, m'effondrer. Je suis minable, pathétique, rien.

-J'peux faire ce que tu souhaites de moi avant, si tu le souhaites. Juste... J'y arriverai pas tout seul.

Je supplie presque. J'ai horreur de ça. J'arrive pas à faire autrement. C'est involontaire. J'ai besoin d'aide. J'ai juste besoin d'aide … Pour la sauver...

Mike n’est pas aussi plaisant que prévu. Green songe aux histoires qui se disaient sur lui avec Evan, la déconne par ici, le bon mot par là, l’insupportable qui ne grandit pas. Force est de constater que ce petit air mature ne lui va pas bien au visage, pas bien au teint non plus.

La caféine lui met un petit coup de fouet tout à fait plaisant, presque un souvenir des méthodes de son père qui savait si bien y faire aussi.

— J’sais que…

Il ne continue pas sa phrase et Green se demande comment l’autre peut être aussi misérable que ça, comment est-ce qu’on peut seulement tolérer ce genre de comportement au sein de son organisation. Elle bat de l’aile, certes, mais il ne faudrait pas qu’Anja tombe sur ça.

— J’sais juste que j’dois la sauver.

Il est passé par là avec Chloé, avec Myaw, avec ses frères et soeurs. Ce désir de sauver qu’on lui a sorti du corps the hard way. Le brun se surprend à rester là, sans aucune compassion. Mike n’a pas d’arguments, il le pressent gros comme une maison et il est assez sûr qu’il ne foutra pas sa vie en l’air pour les beaux yeux du rigolo face à lui.

-J'ferai n'importe quoi en échange. N'importe quoi. Demande moi tout ce que tu veux. Retrouver quelqu'un à qui tu tiens jusqu'à l'épuisement le plus total, aller à la rescousse de quelqu'un à qui tu tiens, effacer des trucs, aller tuer des gens pour toi. J'peux même sortir de ta vie complètement après ça, tu me verras plus jamais, tu n'auras plus jamais à avoir affaire avec moi. Je disparaitrais complètement, je sais que j'te dégoûte, que je dégoûte tout le monde, que j'suis un moins que rien. J'sais que j'suis juste pathétique. Je sais que j'suis devenu un rebut de l'orga, juste que … Que … Il faut que je la sauve...

Green retire son bras. L’autre fixe le sol. Mais enfin, c’est pas des manières ça quand même, même pour un soldat chagriné ça fait beaucoup.

-J'peux faire ce que tu souhaites de moi avant, si tu le souhaites. Juste... J'y arriverai pas tout seul.

Une vague de mépris prend Green à la gorge et il s’efforce de respirer un peu plus profondément. Un petit fdp vraiment très triste, pauvre petite chose quand même. Il croit que la nausée est passée mais non, elle lui fait même dire.

— Tu me dégoûtes un peu, Mike.

Pas par ses sentiments hein, il a le droit d’être éperdu de quelque chose ou de quelqu’un ou de quelque truc, d’une bête peut-être qui sait, personne n’est à l’abri avec cet animal de rosenrot, mais bon. Pas d’arguments, juste une serpillère qui fait ce qu’elle sait faire le mieux : laver le sol.

— Donc si tu pouvais éviter de me toucher, tout le monde s’en porterait mieux.

Pauvre gars. Mais pauvre gars qui pourra être utile, l’image de sa fille s’impose à lui, très nette, si nette qu’il cligne des yeux avec un sourire apaisé. L’amour, l’amour, l’amour.
Il lève ses yeux sur la petite merde qui est devant lui, inutile à lui-même et à l’organisation.

— Mais bon, deal ! Rune ta dette sur ton bras et crois-moi, je saurais te trouver pour la payer, j’ai un petit travail tout parfait pour toi. Pense au fait que tu y laisseras peut-être ta peau.

Sourire plat.
Mais sourire quand même.
Cheer up mate !

— Est-ce qu’elle vaut vraiment le coup, si tu meurs dans les mois à venir ?

Alors que Green sera là à contempler.

— Sera-t-elle là pour te pleurer ? Et ta servante, tu sais, Savannah, celle que tu violes, tu crois qu’elle mouillera un mouchoir pour toi ?

Sa propre cruauté l’étonne un peu, mais bon, il navigue le flot avec bravoure et négocie avec les piques qui le viennent posément. Le soldat face à lui n’est plus un soldat, mais de la chair à canon peut toujours s’avérer utile. Il attrape un couteau et lui tend. Pas de trahison quand les lacets des promesses sont creusées dans le sang et la chair.

J'sais que j'suis un misérable. J'sais que j'suis pathétique. J'sais que j'suis un moins que rien. Est-ce que j'l'étais déjà, ou est-ce que j'le suis devenu quand June est partie ? Je sais pas. J'en sais rien.

J'avoue j'essaie de pas trop me poser ce genre de questions, ça fait bizarre dans l'estomac, ça me fait des problèmes pour respirer, j'me sens pas à l'aise, comme si y avait des trucs qui étaient pas au bon endroit. Comme si on me serrait la gorge et qu'on m'empêchait de respirer. Comme si j'avais envie de vomir en permanence. Comme si j'pouvais plus jamais manger.

Alors j'pense pas. J'm'affame. Je fume. J'essaie d'oublier.

J'oublie pas. La cicatrice est ancrée profond en moi.

Tous les matins j'me réveille en pensant qu'elle est encore là.

Elle est pas là. Elle est absente. Elle est je ne sais où. Et la plaie béante au cœur se rouvre, et j'ai mal.

J'crois que je suis plus lucide depuis récemment sur ma relation avec June, sur mes... Senti... Non... Sur ce que je ress... Non...

Je sais même pas comment décrire toutes ces sensations que j'avais en moi.

Ouais, j'suis encore pas très lucide.

Mais au moins maintenant j'ose prononcer son nom dans ma tête, j'ose repenser à elle.

Sauf que ça fait toujours aussi mal que les premiers jours. Que quand j'm'interdisais d'y penser.

J'ai l'impression que la douleur s'arrêtera jamais. J'suis condamné à avoir mal jusqu'à la fin d'mes jours.

Comment on peut survivre à ça ?

C'est quoi « ça » même ?

Green retire son bras violemment, pas étonnant. J'suis une misère, j'suis dégoûtant. J'sais même pas comment j'ai pu retenir son attention jusqu'à maintenant tellement ça me paraît improbable. Mais il est là. Encore. Et même quand il dégage son bras, il est toujours là. Il est pas parti.

J'peux pas m'empêcher de ressentir de … L'espoir, I guess.

– Tu me dégoûtes un peu, Mike.

J'encaisse le choc. Qu'est-ce que je peux faire d'autre de toutes façons ? ça fait mal, ouais. Mais de toutes façons, tout fait mal. Tout.

Les baisers d'une femme ? ça fait mal parce que c'est pas June.

L'indifférence de la famille ? ça fait mal, elle a toujours été là, j'm'en rends juste davantage compte. J'sais même pas ce qui a pu leur déplaire à ce point chez moi. J'ai fait tout ce qu'ils désiraient. Tout. A croire que ce n'était jamais assez. J'ai juste fait trop de conneries, certes. Mais sinon ? J'ai été un bon sorcier noir, non ? Jusqu'à ce que June s'en aille, j'veux dire …

Jusqu'à ce qu'elle me laisse en plan, en caleçon, devant notre palier.

Mais avant ça ? Juste que c'est comme ça qu'on éduque un vilain méchant ? On lui donne pas d'amour comme ça il en ressentira pas pour les autres et ça en fera un bon méchant ? J'pensais être blindé. J'pensais être dur, n'avoir aucun cœur, être un bon méchant. Un vilain pas beau comme ils disent.

Ce n'était que poussière, qui tenait là juste parce que j'étais aveugle.

Et ils ont raté apparemment. J'crois que j'en ai ressenti de l'amour. Plusieurs fois dans ma vie même. Alexander d'abord. Jeremiah aussi. Oui c'est un ami et ya jamais eu rien de plus que ça entre nous, alors même que tout le monde sait que j'baise tout ce qui bouge hm. Mais même, pour un ami, on ressent de l'amour, non ?

Alfred, j'pense aussi qu'une partie de moi l'aime. La seule personne de la famille que j'arrive à blairer et qui peut me blairer en retour.

Et puis... June ?

Je sais pas. Je sais pas.

Je sais pas.

J'suis perdu. J'sais pas comment j'dois me sentir. J'sais pas ce que j'dois ressentir.

J'comprends rien à tout ce qui se passe à l'intérieur de moi.

J'suis juste perdu. Tout seul.

Seul.

Être seul, ça fait mal. Parce qu'avant, y avait June.

Et qu'avant June, j'étais aveugle.

Et que maintenant, j'ai juste mal.

– Donc si tu pouvais éviter de me toucher, tout le monde s’en porterait mieux.

Ma tête reste baissée, j'me recule d'un pas, comme pour obéir à ces injonctions. Parce que c'est ce que t'as toujours fait, pas vrai Mikey ? Obéir comme un bon petit chien chien qui remue la queue. Sans poser de questions. Sans réfléchir. C'est ce que tu fais de mieux.

Pourquoi t'as pas continuer sur cette voie là ? Pourquoi t'as tout délaissé comme ça ? Tétais pas heureux avant, tout insouciant ? Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu te ramollisses à ce point ?

Avant, jamais t'aurais laissé Green te parler comme ça. Jamais.

Avant, jamais t'aurais supplié qu'on vienne t'aider à sauver une nénette dont tu t'es entichée.

Tu fais pitié.

Ouais, j''fais pitié. J'le sais pertinemment.

C'est pas comme si ta gonzesse faisait partie des gentils en plus. Nan, c'est une vilaine de Croix, tout comme toi t'es un vilain de Rosenrot. C'est même pas tes idéaux que tu remets en question, c'est pas vraiment ta façon de vivre non plus. Alors putain, qu'est-ce qui s'est passé ?

Juste, que, avec June, c'était plus simple, plus facile, plus drôle. La pilule passait mieux, sur plein de choses. C'est tout.

C'est pas parce que tu la sauves que tu vas la retrouver.

Je sais.

Alors pourquoi tu le fais ?

Je sais pas.

T'es qu'un misérable.

Je sais.
… J'ai juste besoin de savoir qu'elle est en vie, en sécurité, quelque part.
Ptet même heureuse.

Donc j'veux juste... J'veux juste... Qu'elle puisse l'être. Et c'est pas Croix qui la sortira de là bas …

Tu sais que tu risques de crever ou de te faire prendre ?

Ouais. Tant pis. Au moins, j'aurais essayé. Et pis, si j'me fais prendre, j'aurais toujours plus de valeur aux yeux d'Orpheo qu'elle. C'est moi le traître. C'est moi l'espion. Alors ptet qu'au moins, ils la laisseront partir. Au pire, j'suis une monnaie d'échange.

Si tu fais ça et que tu t'en sors Mike, t'es mort en sortant.

Je sais, Anja me le pardonnera jamais. Alors, autant en sortir vivant. Mais je ne peux pas ne pas essayer... Je peux pas.

– Mais bon, deal ! Rune ta dette sur ton bras et crois-moi, je saurais te trouver pour la payer, j’ai un petit travail tout parfait pour toi. Pense au fait que tu y laisseras peut-être ta peau.

Green me sort de mes ruminations personnelles, de mon dialogue entre moi … Et moi.

Je relève d'un coup la tête d'ailleurs, surpris qu'il accepte les termes du contrat, j'en crois même pas mes oreilles. J'le fixe dans les yeux, attendant qu'il me sorte juste un « nan, j'déconne. Tu t'es vu ? Tu m'as pris pour qui ? Incapable. »

Il sourit et continue.

– Est-ce qu’elle vaut vraiment le coup, si tu meurs dans les mois à venir ?

Je baragouine et finit par sortir un oui en murmurant. De toutes façons, il faut que j'essaie.

– Sera-t-elle là pour te pleurer ? Et ta servante, tu sais, Savannah, celle que tu violes, tu crois qu’elle mouillera un mouchoir pour toi ?

Nouveau coup au cœur. J'encaisse à nouveau, sans rien dire. Je ferme ma gueule, je grince des dents, mais j'me tais. Il m'a offert la porte que j'souhaitais. J'peux pas lui dire d'aller se faire foutre. Sinon, c'est mon cœur qui meurt.

…

J'peux pas lui dire que non, personne me pleurera. Absolument personne. Même pas elle. Sinon, pourquoi m'aider ?

Il me tend un couteau, pour sceller le pacte.

J'réponds pas, j'sers les dents, pose la lame sur mon avant bras et grave la rune en question. J'ai toujours été une brêle en rune. Mais allez savoir pourquoi, comment, celle la j'm'en souviens comme de par magie.

ça fait mal, ça brûle tandis que le fer entame ma peau et que j'vois le sang couler. D'une certaine manière, ça fait du bien. ça me permet d'extérioriser la douleur que j'accumule à l'intérieur. J'serre les dents pendant que je peaufine les derniers détails, et c'est fini. J'rends son couteau à Green, lui montrant le travail, baissant à nouveau la tête, histoire de dire que je paierais ma dette.

Histoire de dire que j'suis son esclave.

– J'ai hum... Un semblant de plan. Vite fait. Sauf que j'peux pas en parler ici.

J'regarde à gauche et à droite, y'a pas grand monde au QG, mais on peut pas m'entendre parler du QG d'Ottawa et de l'extraction de quelqu'un de Croix.

Sauver une meuf de Croix, et puis quoi encore.

Ptain, Green va me haïr encore plus. Il va me laisser seul faire sa mission, j'vais crever, il sera content et voilà.

Ou alors il va juste me tuer.

Bref.

– Et euh … Mon plan implique ton frère... Redwan.

Il était dans la salle, j'l'indiquais d'un mouvement du menton.

Jamais il voudra participer. Jamais. Il me hait encore plus que tous les sorciers de Rosenrot réunis. J'dirais même qu'il me hait plus que tous les gens d'Orpheo réunis mais je pense pas. On partage « l'amour » du sang pur et « la haine » des mêlés.

Enfin bref. J'sais qu'il s'en va dès que j'suis dans une pièce. J'me demande d'ailleurs comme ça se fait qu'il soit encore là. Ptet que maintenant que je ne fais plus le fanfaron, ça doit être plus supportable pour lui …

M'enfin bon. J'sais pas comment j'ai pu convaincre Green, il a sûrement quelque chose dans la tête, mais j'ai rien pour convaincre Redwan.

Si j'lui promets du sang d'Orpheo, ça ira ? Sauf que c'est de l'infiltration, on peut pas faire de victime. Si j'lui dis qu'il a le droit de me torturer ? Si j'lui ramène du sang neuf ? Des esclaves neufs ? Quelque chose … ?

J'suis un homme mort.

– Je suppose que … Tu saurais pas le convaincre, hm … ?

Ça y est. J'suis mort.

Une fois n'est pas coutume, Redwan restait dans la même salle que O'Callaghan qu'il exécrait. Ça faisait un moment qu'il l'avait pas vu dans le coin. Mais c'est pas comme si le rouge allait s'intéresser à lui. Il avait l'air abattu, dépité, un pauvre moins que rien. Pas qu'il ne l'était pas déjà, mais maintenant au moins, il avait compris comment fermer sa gueule, songeait le Soul. C'était déjà ça de pris, ça lui faisait des vacances.

Il ne lui accordait pas de regard, pendant qu'il prenait tranquillement son café dans le QG de Rosenrot. Ce silence lui faisait du bien, ponctuer uniquement de quelques chuchotement ou de petits rires brefs de d'autres collègues.

Mikeal lui, continuait de se taire.

Son frère arriva, il détourna alors les yeux. Il n'avait pas envie de le voir. La dernière fois qu'ils avaient dû travailler ensemble, ça ne s'était pas très bien passé. Et comme d'habitude, ils ne s'adressaient donc pas la parole. Qui a dit qu'ils étaient frères ? Même physiquement, la fratrie ne se ressemblait pas. Ils n'avaient aucun lien, pas plus qu'avec d'autres collègues. Parfois même moins.

Juste un nom en commun. Et une étrangeté de prénom. Ça s'arrêtait là, c'était aussi simple que cela. Ça cohabitait. Cotravaillait quand vraiment, ça n'avait pas le choix, mais faisait tout pour éviter tout ça.

Il aperçu du mouvement du coin de l'oeil et la curiosité l'emporta, il fixa Mikeal qui, à sa grande surprise, s'était levé et planté devant Green. Il parlait même. Un peu trop bas pour que le rouge puisse réellement entendre ce qui se disait. Redwan lança un regard noir comme il savait si bien le faire aux esclaves qui chuchotaient non loin de lui et qui empêchaient les voix de porter jusqu'à lui. Ils déglutirent avec difficulté et prirent la fuite, rapides et silencieux.

Red se concentra sur les murmures à l'autre bout de la salle. O'Callaghan avait agrippé le bras de son frère. Mauvaise idée, pensa-t-il. Ni une ni deux, Green se dégagea, lui ordonnant de plus faire ça. Pour résumer.

Comment ce déchut pouvait-il se croire assez important pour toucher son frère ? Déchut lui aussi, l'oublions pas. Par quel miracle du hasard ces deux là étaient encore vivants et pouvaient encore travailler dans l'organisation ? Anja s'était-elle tant ramolli ?

Enfin, c'était pas ses affaires. Il faisait qu'obéir. La politique, c'était le truc de Bianco, pas l'sien.

Mikeal avait eu tout du long le visage baissé, honteux.

Misérable. Pathétique.

Redwan exprima une grimace de dégoût. Comment pouvait-il se comporter de la sorte ?

Éclat de sang. Il se concentra encore davantage sur les deux debout dans la salle. Une rune gravée dans l'avant bras. Mauvaise exécution, très mauvaise. Sale travail, il aurait fait bien mieux.

Son nom fut prononcé. Il fut intéressé. O'Callaghan donna un coup de menton en sa direction, leurs yeux se croisèrent. Le déchut rabaissa la tête en vitesse, toujours honteux.

Toujours pitoyable.

Redwan pris alors la décision de se lever et de s'avancer vers eux. La curiosité, sûrement.

– J'ai entendu mon nom.

Il était fixé devant eux, de toute sa hauteur. Il fixait O'Callaghan qui ne bougeait pas, prostré tel un esclave qui ne voulait pas contrarier son maître.

En parlant d'esclave, où était Myaw ?

– Vous auriez dû me demander au lieu de faire un carnage pareil, dit-il en indiquant la rune gravée dans la chair de Mikeal, enfin bon, peut être que t'aura assez de chance pour que ça s'infecte et que tu perdes ton bras O'Callaghan. J'serais ravi de te le trancher si c'était le cas.

Il souriait. Il aimait pas trop gaspiller le sang de sorcier pur mais … Dans le cas de Mikeal, il ferait bien une exception.

Celui-ci ne levait toujours pas la tête.

– Tu vas arrêter de te comporter comme un esclave pathétique, misérable insecte ?

Il cracha ses paroles.

– Même mon esclave personnelle a plus de cran et de répondant que toi.

Il rentra encore un peu plus sa tête dans les épaules.

– J'aurais besoin de toi... Pour un travail...

–Et puis quoi encore, t'as cru que j'allais te venir en aide ?

Toujours silencieux. Le poing parti, en plein dans les maxillaires de Mikeal, la tête relevée, il le prit alors à la gorge et le plaqua contre la table, se mit au dessus de lui, pressant sa trachée.

– Quand tu veux tu réagis comme il se doit.

Il sortit son couteau, le posa sur sa joue, commença à presser la lame contre la peau de l'allemand, le sang coula. Ce dernier fixait la lame, toujours incapable de fixer Redwan, qui entailla davantage, plus profond encore, un sourire carnassier sur les lèvres. Le rouge vit que l'être en face de lui se retenait de crier de douleur. Au moins un comportement convenable.

N'en tenant plus sûrement, Mikeal fit voler la lame à l'autre coin de la pièce, elle s'enfonça profondément dans le mur de pierre. Il grogna, dégagea Redwan d'un coup de bras et se remit debout, un peu chancelant sur ses appuis. Le rouge le fixa avec une haine non dissimulée. O'Callaghan lui renvoya son regard.

– Je serais ton débiteur comme je le suis pour Green si tu consens à m'aider.

– J'veux pas de toi, O'Callaghan. Mais, peut-être que je consentirais à t'aider. Si effectivement, tu me proposes quelque chose qui vaille la peine.

Un nouveau silence. Cette fois-ci, l'allemand resta droit.

– Je peux pas en parler ici...

– Soit. Retrouvons nous dans un bar de non doués alors ? J'aurais bien besoin de me détendre maintenant que tu as mis mes nerfs à vif en te comportant comme une pucelle sans aucune volonté.

Il donna le nom d'un bar café, pas très loin d'ici. Il savait qu'ils ne rencontreraient personne pour les déranger ou même les espionner. Et il se téléporta.

Le marché est conclu avec une facilité qui questionne Green sur l’amour que porte Mike à l’autre. Il a envie de lui mettre dans les dents que lui n’a pas été là quand il galérait avec Chloé, quand on assassinait l’amour de sa vie, mais bon, il n’est pas si rancunier que ça. Il pense au corps chaud d’Anja à côté de lui dans le lit et n’arrive pas à savoir si c’est une bonne chose, s’il n’aurait pas voulu Chloé. Mais Chloé n’y était pas, et Myaw n’a pas de père.

Fin de l’histoire.

Il rune lentement et maladroitement mais le sorcier noir n’intervient pas, regardant les coupures assez large se remplir de sang jusqu’à en dégorger quelques gouttes sur le sol. Il me tend le couteau qu’il essuie en frissonnant, un dégoût réel sous la peau. Sérieusement.

— J'ai hum... Un semblant de plan. Vite fait. Sauf que j'peux pas en parler ici.

Ah ? Le brun s’approche en pensant à un secret mais l’autre ne visualise pas les choses de la même façon et rajoute : Et euh … Mon plan implique ton frère... Redwan.

Green suit le regard d’un air tout à fait étonné — Redwan, pourquoi Redwan ? — mais la présence de son frère le réconforte étrangement. Il reste fou bien sûr, mais un soldat hors pair sera bien plus utile que cette sale loque qu’est Mike, vraiment désespérant. Il lui semble bien plus sûr d’utiliser un soul de toute façon, et quelle que soit la mission.

Il se surprend à manquer Bleu, puis Cyan.

Cyan ?!

What the hell.

Mais l’autre le coupe dans ses pensées.

— Je suppose que… tu saurais pas le convaincre, hm … ?

Il fronce les sourcils.

— Mais ferme ta gueule, t’as pas de plan en fait tu sors d’où ?

Mais Redwan s’avance vers eux d’un pas tranquille et militaire. De ceux qu’on apprend seulement à l’école familiale.

— J’ai entendu mon nom.

Green recule d’un pas, ah, qu’ils se démerdent les deux là, si il veut lui coller une baffe en direct il sera aux premières loges mais pas de là à participer.

– Vous auriez dû me demander au lieu de faire un carnage pareil, dit-il en indiquant la rune gravée dans la chair de Mikeal, enfin bon, peut être que t'aura assez de chance pour que ça s'infecte et que tu perdes ton bras O'Callaghan. J'serais ravi de te le trancher si c'était le cas.

Le brun décroche un sourire ravit à son frère, le sourire qui dit « ahhhhh Very Happy

Avis partagé, un bras en moins, yey \o\ » mais il la boucle quand même. La petite merde regarde toujours le sol, ce qui est très vexant, parce qu’il fait partie de Rosenrot, et qu’on ne devrait pas traiter son organisation avec autant de galère.

– Tu vas arrêter de te comporter comme un esclave pathétique, misérable insecte ?

Premières loges, on disait.

– J'aurais besoin de toi... Pour un travail...

Ah ?

–Et puis quoi encore, t'as cru que j'allais te venir en aide ?

Point pour Redwan, le soldat remporte la manche par un K.O. sorti de nulle part — il est vraiment fou — en collant un upercut tout à fait gratuit à l’autre. Ah bon. Même que ça commence à menacer là.

– Quand tu veux tu réagis comme il se doit.

Plus il regarde son frère, plus il se dit que c’est pour ce genre de moments qu’il ne traine plus avec, c’est sale, c’est inutile, ça prend du temps pour rien. Ils pourraient déjà se voir expliquer le plan, mais non, à la place faut qu’il face le mariole. Une vraie fanfreluche.

Un couteau vole dans la pièce, rien de nouveau chez les sorciers noirs. Le cirque du soleil des bouffons de la reine.

– Je serais ton débiteur comme je le suis pour Green si tu consens à m'aider.

Green se demande sérieusement si Mike n’a pas été remplacé par un ectoplasme et qu’un fantôme de merde hante les lieux à sa place.

– J'veux pas de toi, O'Callaghan. Mais, peut-être que je consentirais à t'aider. Si effectivement, tu me proposes quelque chose qui vaille la peine.

AH ?

– Je peux pas en parler ici...

Nous y voilà, songe le brun.

– Soit. Retrouvons nous dans un bar de non doués alors ? J'aurais bien besoin de me détendre maintenant que tu as mis mes nerfs à vif en te comportant comme une pucelle sans aucune volonté.

Green sort les clés de sa caisse — nouvellement acquise, quel beau bébé, vroum vroum, quel délicieux bruit, et les lance à Red avec une expression tout à fait plate, allez, emmène moi frérot, je sais que t’aimes bien les jolis ronrons sous les capots, c’est un peu une manière de faire la paix avec son frérot pour instaurer une petite goutte de confiance avant la mission.

Il jette quand même un regard à Mikeal l’inutile tout de même pour bien le prévenir : non, hein, bien sûr que toi tu montes pas. Tu risquerais de tâcher les sièges, et je parle pas du sang sur ton bras.

Allez, en avant, tous en mission !

Évidemment que Green n'a pas d'idées pour convaincre son frère. Ils se parlent quasi plus. Aucun Soul d'ailleurs. J'crois. J'ai eu l'impression que y avait eu quelques rapprochements entre membres de la fratrie ces derniers mois. Mais j'suis sûr de rien.

Présent, mais absent.

« n'a pas d'idées », une jolie formule pour dire qu'il m'a envoyé me faire foutre, hm. Le gars a un plan mais incapable de rallier les gens à sa cause hm. Pitoyable, pathétique. Comment j'peux faire pour convaincre les gens de bien m'aider ? Tsssss. Impossible que Red accepte. Ptet il le fera, mais faudra qu'il écoute le plan, maybe.

Et si il l'écoute, il pourra aller en parler à Anja, eh. Et j'me ferai démonter la gueule. hm.

Mort le Mikey.

Plus personne pour sauver Junie.

J'pourrais toujours lui demander de se runer la gueule pour pas en parler. Sauf que j'suis une bite en rune. (bite). Du coup il pourrait très bien se runer le mot bite, justement, que j'en saurais rien.

Et puis il aurait une bite qui lui pousserait sur le front.

Une libite. Une bicorne. Une... J'sais ap.

Même mon humour nul s'est envolé, c'est pour dire.

Bref, Red débarque et je m'en prends plein la gueule, c'était à prévoir vous m'diriez. Green en prend pour son plaisir, j'pense qu'il aurait bien aimer m'en foutre une aussi. Enfin bon. J'riposte, il en enfin satisfait, il accepte de m'aider.

Enfin, pas exactement, il veut bien entendre le plan, et il décidera sûrement à ce moment là.

Et ptet j'me ferai trahir, ils iront tout dire à Anja.

Mort le Mikey.

Plus personne pour sauver Junie.

Faudra pas trop compter sur Croix, hm.

J'sais ap.

Bref, il parle d'un bar de non doué où on sera plus à l'aise, Green tout sourire sort les clés de sa voiture qu'il lance à son frère. Surpris, puis heureux d'avoir un quelconque lien j'pense, jsp. Trop chelou leur comportement aux Soul là.

Le regard que me lance Green m'informe que j'suis pas le bienvenu dans sa caisse. J'ai toujours le bras dégoulinant, Red me lance l'adresse et ils s'en vont.

J'prends le temps de panser ma blessure et part en direction du bar indiqué par Redwan en hélant un taxi qui passait par là.

Mon plan est si risqué. Jamais ils vont me suivre ptain. La seule solution c'est qu'ils s'ennuient et que ça va leur faire une aventure. Sinon pffff.

J'suis un homme mort hm.

Bref, j'les rejoints à leur table dans le bar, commande une pinte en passant.

Silence.

Sauf que c'est à toi de parler Mike.

– Alors voilà... Y'a quelque chose, enfin plutôt quelqu'un, dis-je plus bas, que je dois, veux, souhaite... je sais même plus quels mots utilisés à vrai dire. Je sais que j'en ai besoin, ça me prend aux tripes, mais est-ce qu'ils comprendront eux ? Redwan, sûrement pas. Tout ce qui l'intéresse c'est de tuer. Comment lui faire comprendre que j'ai besoin que cette personne aille bien, pour moi même essayer d'aller mieux ?

Enfin, même quand elle était pas prisonnière d'Orpheo j'allais pas bien.

Une rupture c'est jamais facile me dira-t-on.

Rupture...

We were not together.

Were we?

Je reprends :

– Récupérer. C'est … dans un QG d'Orpheo.

Je sais que je dois enchaîner vite pour éviter qu'ils ne me coupent, pour éviter qu'il y ai une esclandre, pour éviter qu'ils se cassent, comme ça, avec ou sans me rouer de coups, évidemment. Red en manquerait pas une pour me mettre la gueule en sang.

– Autant donc être honnête, c'est risqué. Très, risqué, vous vous en doutez sûrement eh...

Mike et l'évidence.

– Donc, c'est une personne que je souhaite, sauver. Elle a très probablement parlé de moi, de Croix, de Rosenrot, de mon implication sur la prise de l'orphelinat, bref, j'suis globalement plus en danger que vous et si ça tournait réellement mal, je ferai l’appât pour que vous puissiez vous échappez et je me débrouillerai tout seul après.
Ouais donc, elle est de Croix, sinon c'est pas drôle, je tente un rire mais même moi je le sens pas, et euh …

Je tiens à elle. Non. On va pas dire ça.

– Elle est au QG d'Ottawa.

Ouais, traverser l'Atlantique, tout ça, ça va être joyeux hm.

– Evidemment, plus on se rapprochera, plus j'essaierai d'annihiler ce qu'ils savent sur nous grâce à mon pouvoir. Vous passerez en premier dans les mesures d’effacements des fichiers, cela va de soit. Je sais qu'ils accèdent à certains bâtiments avec des cartes à bandes électromagnétiques que je pense savoir reproduire. J'ai juste besoin d'acheter du matos mais je m'inquiète pas pour ça. Quand on aura réussi à intégrer le QG, il faudra que je me connecte chez eux directement pour savoir où elle est dans le bâtiment.

Pause. J'suis si nerveux. J'ai le cœur qui bat à 100 à l'heure, j'ai la bile qui remonte, la gorge qui se serre, mes mains tremblent accompagnées de mes jambes qui tressautent.

– Green, si t'arrives à la voir en rêve, pour peut être qu'elle nous donne des infos, ça pourrait être cool. J'pense pas qu'elle sache exactement où elle est, mais ptet lui faire savoir que des gens arrivent, éviter qu'elle nous foute un poing dans la gueule, savoir si elle est souvent surveillée, si des gens vont souvent la voir ou ce genre de choses … Redwan, on aura besoin de ta téléportation quand on saura où elle est dans le bâtiment, pour passer le moins de temps possible dans le QG, et ensuite filer aussi vite que possible. J'sais que t'es aussi un expert en rune, donc ptet les déchiffrer, savoir quelles sont les protections magiques, en plus de celles qui sont consignées dans les serveurs.

Je porte la bière à mes lèvres mais impossible d'en boire une goutte.

– Evidemment, il faudra se faire le plus discret possible, ça veut dire pas de combat, sauf si vraiment on a pas le choix, ça veut dire aussi se cacher quand y'a du danger... Enfin voilà, une mission d'exfiltration quoi...

Je me tais. J'crois que j'avais plus rien à dire. Je fais tourner mon verre dans mes mains sans en boire, regarder juste le liquide déborder, couler, tacher la table.

J'ose pas les regarder, j'veux pas me prendre toute leur haine dans la face.

J'flippe ma race.

J'lève doucement les yeux, pour les regarder sous mes cils.

Red ouvre la bouche.

– Je veux bien consentir à te suivre, même si t'as raison me fait gerber hein. Mais va falloir déroger au plan et tu devras me trouver une autre personne à Ottawa. Y'a un putain de gars qui a ruiné mon costume préféré en me tailladant. Il va payer.

J'peux pas lui dire non. Sinon ça veut dire se passer de Red. Ça peut aussi vouloir dire mort du petit Mikey. Alors j'hoche doucement la tête pour accéder à sa requête.

Sujet: Re: Passage au niveau 8 : Mike to the rescue Sam 24 Oct 2020 - 17:13

Les voilà donc tous les trois au Canada. Trois frères, trois sorciers, une aura graisseuse autour d’eux qui les fait drifter à travers les divers voyages. Voiture, avion, voiture, hôtel. Green jette de temps en temps des coups d’oeils à ses frères sans les reconnaître comme tels.
Frères.
Il avait brièvement senti quelque chose avec Cyan, mais son frère s’était éloigné petit à petit, une ombre au creux de lui. Il savait que tous le sentaient, cette partie cachée et précieuse, il avait joué au même jeu avec Chloé. Étonnamment, et sûrement en raison de la guerre, personne n’était allé lui casser les couilles à lui.
Un goût amer lui reste sur la langue tout le trajet, il essaie de ne pas s’accrocher à cette pensée qui lui dit : mais ils sont restés les bras croisés quand Chloé est morte non ? Ils étaient bien contents de te lyncher à ton retour, odieux, méprisants, blessés sans comprendre. Et là, il aidait Mike-le-misérable à retrouver une meuf, de Croix, avec qui il avait pas l’air incroyablement en bons termes non plus.

Ses plans étaient impossibles, par ailleurs, à réaliser. Green se souvient sans problème du regard blasé de Red, qui accepte en ayant bien conscience qu’il faudra repenser au « mais comment on va faire en fait ? » après.
Téléportation ? bien sûr, Ottawa n’est pas runé.
La chopper dans son sommeil ?
Oh ! Bien sûr ! Ottawa n’est pas runé. Allons-y tous en coeur !

Leurs visages sont bien trop reconnus de tous les services et rapidement, il faut penser à un plan b. Et un plan B qui implique peu Mike, pas vraiment lucide.

Ça se précise rapidement… pas tant. Runer Red de haut en bas, dans le dos, pour qu’il change de visage, qu’il soit difficile à reconnaître, mais qui sait bien runer, ben Red, puis il va perdre son sang froid c’est sûr, mais pas du tout, j’suis professionnel, mais tu sais pas runer de toute façon, très bien c’est Green qui sera runé alors pour passer les quelques barrières, mentir sur les raisons des runes, parler de maladie orpheline ? t’es con les sorciers sont pas malades ni souillés, ah, ben de la captivité alors, tu vois les gentils faire ça toi ? l’allemand pourrait, ouais, les allemands pourraient.

Bref.

Des billes en plombs sont forgées par des runes, que Green dépose partout, partout, partout, le plus qu’il peut dans les bureaux d’Ottawa. Les trois frères ont appris que les ambitions des gens collent rarement à leurs pouvoirs, aussi il est possible de trouver des gens capables d’immoler.

— Souviens-toi Mikeal, que les pouvoirs seront presque tous annihilés. Presque tous, presque complètement, sauf si on croise des gens vraiment, vraiment trop puissants pour nous. Mais j’crois qu’on sera les mieux entraînés. Et les plus équipés.

Green sait qu’en changeant de visage à chaque étage, en trouvant des explications différentes à chaque fois, il sera épuisé avant de sortir de là, et qu’il sera sûrement pris de vertiges. Mais tant pis, livreur de pizzas, courrier, employé, courrier encore, le ménage, un témoin tremblotant, pizzas à nouveau, demi-tour, toilettes, bille, bille, bille.

Quand il revient, son visage semble exangu et il relate rapidement « alors okay, on va prier pour que les billes soient assez puissantes. Tout au long de notre progression demain, il faudra abattre, runer avec le sang, abattre, runer avec le sang. Mais discrètement. À coup de surin, on vise les gorges. Je ne connais pas leur système de surveillance. Je ne sais pas si les billes seront toujours là demain, j’ai ai placé peut être trois cent ? J’ai demandé à Fred de bidouiller leur système de vidéosurveillance, mais il m’a dit que c’était pas faisable aussi rapidement. Par contre il est défectueux, y’a des angles morts. Alors face caméra, on marche détendu, comme si on appartenait au truc. Ils sont tous en costard chemise. Mais faites gaffe, y’a un gars connu pour muter en loup, et si il capte qu’il peut plus muter dans un sens ou dans l’autre, on sera immédiatement dans la merde. Red, t’as préparé l’arsenal ? »

Leur but est simple : atteindre les sous-sols, sortir la fille, et ne pas mourir. Surtout ne pas mourir à vrai dire.

Sujet: Re: Passage au niveau 8 : Mike to the rescue Jeu 29 Oct 2020 - 18:16

J'sais pas comment on a réussi à se retrouver là, tous les trois. Mais bon, au moins on y est, hm. J'vais pas me plaindre que j'ai réussi à les faire me suivre. Déchet que je suis.

Au moins ptet que j'finirai pas mort. M'enfin, ptet qu'ils me jetteront en pâture à Orpheo si on tombe dans un piège donc... ehhhhh. On verra bien.

Red a eu la bonne idée de déposer des petites billes en métal runées un peu partout, pour qu'on puisse s'infiltrer tranquillou. Sort of. Je crois. J'ai pas trop tout capté. J'ai pas trop tout suivi. J'leur ai un peu fait confiance, au Soul, entre deux tirages de cheveux sur qui ira déposer tout ça. Avec un ptit timide « hmhm, moi aussi j'dois v'nir, hm ». C'est sa mission au Mickey, vachement convaincant qu'il est.

Tu m'fais pitié.

Putain, c'est quand que la confiance elle revient là ? C'est quand que le charmeur et qui se dégonfle pas pour un rien revient ? C'est quand que le trou béant il se referme ?

Y'a des jours j'le sens moins, y'a des jours il prend toute la place.

Sauf que là, j'ai pas le temps de le laisser prendre toute la place. Genre ça y est, on y est. A Ottawa, là où June elle a donné toutes les infos qu'elle savait sur moi.

Bim, Mike connu de tous. Putain.

Pourquoi j'vais la sauver moi déjà, pourquoi ?

C'pas comme si elle allait reprendre une petite merde comme moi. Non. J'irai pas ramper. J'lui sauve le cul et... Et … Et bah c'est tout hm. Ensuite je continue à plus avoir de nouvelles d'elle et basta, j'ai envie de dire. Wouah. Super vie.

J'vais retomber en dépression.

J'me hais, je hais ce trou, je hais tout ce qu'elle me fait ressentir, parce que j'arrive pas à l'analyser, je comprends pas, c'est flou c'est un schmilblik de plein de trucs que je connais pas et, et, et...

Red pose des runes sur Green pour qu'il puisse changer de forme de visage. Sur moi aussi. Il nous prévient bien que ça puisera dans nos réserves et pas les siennes. Il checke bien si j'arrive à l'activer. Bah oui, Mike, toujours une bonne brêle en rune.

Tant que j'me bourre pas la gueule entre temps, ça ira.

J'ferais pas de conneries, pas envie de me faire prendre.

Pas envie que les Soul aient envie de se venger de moi.

Pas envie que June reste à croupir ici.

Si ça se trouve elle est vachement mieux là, où Dorian ne peut, de toutes façons, pas l'atteindre, que dehors où elle sera à sa merci si elle à dévoiler des plans de Croix.

Si ça se trouve elle va me rire à al gueule, me faire « non merci, j'reste bien au chaud ici, salut ». Les Soul me tomberont dessus et voilà.

Déjà qu'au retour c'est toute la mifa et sûrement Anja qui me tombera dessus. Est-ce que les Soul vont se taire ? Ou pas … ? Zéro idée.

Bref. J'accompagne Green jusqu'au QG d'Orpheo où on entre tranquille grâce aux petites cartes magnétiques que j'ai réussi à faire. Juste pour nous faire entrer, faut pas exagérer. J'accompagne un peu Green juste le temps d'avoir accès à une salle informatique où j'le laisse à sa mission, qu'il connaît vachement mieux que moi de toutes façons.

Pourquoi ils m'ont accompagné ? Comment ? Ptain.

J'me souviens, enfin, que les billes servent à couper les pouvoirs. Celles que j'ai sur moi sont pas encore activées. J'dois les déposer en repartant, c'est vrai.

Ptain Mike, réfléchis, aie les idées claires, concentre toi et soit un putain de professionnel.

J'sens le trou qui s'ouvre, qui fait de plus en plus mal dans ma poitrine.

J'salue les personnes qui sont dans la pièces comme si c'était normal que je sois ici, comme si tout allait bien. Personne ne pose de questions, juste des hochements de tête comme salut. Tant mieux. J'allume l'ordinateur et laisse mon pouvoir s'infiltrer dans le système, doucement, calmement.

D'abord, je cherche à accéder à l'endroit où June est cachée.

Secret.

Je cherche à nous donner des accréditations plus élevées.

Impossible.

Je cherche à modifier les fichiers me concernant et ceux de Green et Red.

Un peu.

Je cherche le plan du QG.

Incomplet.

Mais je sais où aller pour faire les autres tâches que je dois accomplir. Je fais ce que je peux sur mon poste, donne des accréditations aux cartes, mémorise le plan, modifie les fichiers. J'me déconnecte, insuffle du pouvoir dans une des billes, éteint l'ordinateur et la dépose en même temps et quitte la salle.

J'me dirige vers une salle des serveurs où je fais les même manipulations. Petit à petit j'y arriverai. Petit à petit, je pourrais sauver June.

Ne pas penser au trou. Ne pas penser au trou qui me happe et qui veut m'engloutir. Ne pas le laisser faire. Si je veux qu'il se ferme un jour, je dois me concentrer et le laisser dans un coin, béant si il veut, mais loin, très loin.

Prochaine salle.

Même manipulation.

Salle d'après. Plus grosse salle, plus de gros bonnets, une goutte de sueur le long de ma colonne vertébrale. Je fais comme avant. Je m'assoie, une personne rentre après moi, vient vers moi.

Putain, faites que j'ai pas pris son poste.

Il s'assoit à côté, ne dis rien. Ça va être tendax. Possible, mais tendax. Y'a une salle des serveurs littéralement à côté, j'pense c'est une des plus grosses salles informatiques du QG. Je reprends mes manipulations et … J'suis bloqué. Je sens que mon pouvoir ne peut pas se disperser.

Non. Putain. Putain. Doit y avoir une putain de billes pas loin qui m'empêche de faire mon boulot. Je sais toujours pas où est June. J'ai toujours pas les accréditations qu'il me faut. Y'a des trucs que j'ai toujours pas réussi à modifier sur nos dossiers. Putain. Putain. Putain.

J'sors de la salle, comme si de rien n'était, vais aux toilettes, commence à chercher. Rien. Retourne dans le couloir, commence à ouvrir toutes les portes. Placard à balai, bille trouvé.

J'sais pas comment on la désactive. Putain. Putain. J'crois que Red un dit un truc dessus.

Putain Mike.

J'peux pas la garder sur moi, j'pourrais la mettre plus loin et ensuite la redéplacer mais se serait gavé suspect. J'le suis déjà. Je cherche au cas où il n'y aurait pas d'autres billes dans les couloirs. Quelqu’un arrive.

–Hey mate, tu fais quoi comme ça, tout recroquevillé sur toi même ?

Merde.

–Hey, j'ai perdu ma lentille de contact mais t'inquiète.

–Oh merde ! J'vais t'aider à la retrouver !

–Nan c'est bon t'inquiète, j'voudrais pas te mettre en retard.

–Tu parles, j'ai tellement d'avance ! Alors, tu l'as perdue vers où ??

Merde. Putain. Je fais quoi ? Je l’assomme ? Je le tue ?

–Ah c'est bon je l'ai trouvé !

Je lui montre mon doigt, sans rien dessus, et file aux toilettes pour « la nettoyer ».

Putain. J'attends quelques temps. Je suis si suspect. Putain. Putain.

Il entre.

Et merde. J'suis foutu.

–C'est bon, t'y vois ?

–Nickel, merci de ton aide !

Et il va s'enfermer dans une cabine.

Putain. Je fais quoi moi avec ma bille ?!

J'retourne dans la salle informatique, m'assoie à la même place. J'vais devoir faire ma magie... Sans magie. Putain.

C'est mon pouvoir qui me guide normalement, qui sait où aller, j'fais que le suivre. Aller. Souviens toi, souviens toi. Tu viens littéralement de le faire. Littéralement.

Je pince l'arête de mon nez, respire profondément. Une fois. Deux fois. Trois fois.

Concentration.

Trou béant.

DEGAGE PUTAIN.

J'frappe le point sur le bureau en métal, faisant sursauter mon voisin, lui fait un sourire contrit, il retourne à ses affaires.

Je prends la souris et commence à naviguer dans les fichiers d'Orpheo. Je force sur mon pouvoir. Green a dit presque. Ça veut dire pas totalement. J'vais juste dépenser trois fois plus d'énergie que habituellement.

J'sors une barre de céréales de ma poche et l'entame. Le pouvoir se fait un chemin dans le système, difficilement, lentement, mais j'y arrive. J'sais que j'dois aussi faire gaffe à mon voisin, donc je regarde juste les trucs basiques. Où est June, donc où sont les prisonniers actuellement, que se soit pour de l'interrogatoire ou en cellule. J'ai pas de noms, juste plusieurs pièces. Toutes au même endroit, au sous sol. Il faudra toutes les faire, mais c'est déjà mieux que rien. Couplé au plan, je sais où elle est.J'arrive à savoir quel niveau d'accréditation j'ai besoin et fait les cartes. Pendant qu'elles codent, je m'arrête un instant. J'me sens vidé. Exténué. Je suis en sueur totale, j'essuie mon front avec ma manche. J'donne des coups d’œil nerveux à mon voisin. Je reprends ma respiration, j'attends que ça se calme. J'sais pas comment j'vais réussir à modifier ces putains de fichiers sans m'évanouir. Cette putain de bille qui pèse une tonne dans ma poche. Je sais que c'est elle la coupable. Je sais toujours pas comment la désactiver.

Je remets la main dans ma poche, que je trouve vide. Plus de nourriture. Putain.

Mon rythme cardiaque est à nouveau stable, je tente une nouvelle incursion dans le système. Cette fois plus loin, dans les serveurs. J'veux que tous ceux d'Orpheo soient modifiés, pas que le local. J'les trouve facilement. Moyennant sueur, mais facilement.

Je vois trouble tandis que je commence à les modifier. Le mien contient un portrait robot que j'dois absolument modifier. Pas totalement, mais assez. J'ai envie de vomir. Mes doigts tremblent sur le clavier, j'me sens pas bien. Je secoue la tête, secoue les mains, rien n'y fait. Je force encore sur mon pouvoir.

J'vois noir.

J'me réveille alors que j'ai senti le choc de ma tête contre le sol. Tout le monde dans la salle est tourné vers moi.

–Aha, désolé, j'me suis endormi...

J'me rassoie, toujours nauséeux. Mon voisin est de plus en plus suspect vis à vis de moi. Il fronce les sourcils, j'arrive à changer de dossier avant qu'il ne regarde trop l'écran. J'me repose en faisant des trucs qu'un simple employé pourrait faire. Je checke les systèmes de surveillance, « voir » si ils sont bien tous opérationnels. Ça me demande des ressources, mais moins que de modifier ces fichiers.

Mon voisin se recentre sur ses affaires.

Je vois quels sont les angles morts des caméras, j'essaie de prévoir une boucle pour les caméras de l'espace des prisonniers. Je pousse encore sur le pouvoir. Je manque encore de vomir. J'ai des frissons. J'ai chaud, j'ai froid, mais je tiens.

La boucle est en place.

Mon voisin part. Je regarde l'heure, sûrement pour aller manger. La salle se vide un peu, j'attends qu'il passe tous pour pouvoir me reconcentrer sur les fichiers à modifier. Je reprends des deux Soul qui ont moins de données que moi à modifier.

J'vomis dans la corbeille pas loin.

J'm'essuie la bouche avec la main. Je reprends.

Bizarrement, j'me sens mieux maintenant que mon estomac est vide. Vide de protéines aussi … Errrrrh.

J'finis les Soul, me réattaque à moi, pousse encore sur mon pouvoir et je sens qu'un mur se brise et que quelque chose se libère. Une vague de bien être m'envahit.

Je vais aller bien. It's gonna be ok.

Je souris, ya encore les billes qui m'empêchent de me donner à fond mais quelque chose s'est débloqué, et ça fait du bien. Je finis de modifier mon fichier, et me lève. Je vais pour éteindre l'ordi quand je pense à la requête de Red. Il m'a donné le nom du gars dont il voulait se venger. Je cherche les infos dont il a besoin. Son nom, ce qu'il fait ici, ses pouvoirs, son poste.

Tout est noté, j'dépose une bille dans la salle, retourne aux toilettes, m'asperge d'eau, dépose une autre bille que j'active, et sort progressivement du QG, tout en déposant les billes restantes en chemin.

Je retrouve Green et Red, dans notre chambre d'hôtel.

–P'tain O'Callaghan, tu empestes.

J'hausse les épaules.

–Alors okay, on va prier pour que les billes soient assez puissantes. Tout au long de notre progression demain, il faudra abattre, runer avec le sang, abattre, runer avec le sang. Mais discrètement. À coup de surin, on vise les gorges. Je ne connais pas leur système de surveillance. Je ne sais pas si les billes seront toujours là demain, j’ai ai placé peut être trois cent ? J’ai demandé à Fred de bidouiller leur système de vidéosurveillance, mais il m’a dit que c’était pas faisable aussi rapidement. Par contre il est défectueux, y’a des angles morts. Alors face caméra, on marche détendu, comme si on appartenait au truc. Ils sont tous en costard chemise. Mais faites gaffe, y’a un gars connu pour muter en loup, et si il capte qu’il peut plus muter dans un sens ou dans l’autre, on sera immédiatement dans la merde. Red, t’as préparé l’arsenal ?

Je hoche la tête.

–J'ai nos accréditations – je leur tends leur carte –, j'ai mémorisé le plan. J'ai pu rien faire pour les caméras sur notre chemin, j'étais déjà à bout. Green, t'as posé une bille pas loin de la grande salle informatique et elle me bloquait presque complètement. C'était l'enfer. J'ai quand même pu, normalement, faire passer une boucle dans les caméras de surveillance dans le quartier des prisonniers. Y'a pas d'interrogatoires prévus pour demain, faut juste pas passer à l'heure des repas. J'connais le chemin, et j'ai pu modifier nos fichiers dans le système d'Orpheo. J'ai déposé toutes les billes qu'il me restait dans les salles infos, les salles de serveurs, et dans les couloirs par ci par là.

–T'as pas regardé avec quoi le QG était runé pour qu'on se téléporte direct ?

–...

Putain Mike.

–Je n'en attendais pas moins de toi. Enfin, nous runer avec un contre prendrait sûrement beaucoup trop d'énergie. On en aurait plus pour se battre après. On marchera donc. J'suis allé faire les courses.

Il montre un sac derrière lui.

Pas d'armes à feu, que des armes blanches, de contact. Simple, efficace, rapide, pour éviter le bruit.

Et puis j'vais me doucher.

Sujet: Re: Passage au niveau 8 : Mike to the rescue Jeu 29 Oct 2020 - 20:07

Ils se préparaient dans leur chambre. Redwan posait les runes sur son frère et sur l'autre déchet qu'il avait bien voulu accompagner. Des runes pour changer légèrement leur visage, des runes pour faire moins de bruit tandis qu'ils se déplaceraient dans l'enceinte du bâtiment d'Orpheo. Ils ne pouvaient pas se téléporter directement sur place, trop facile sinon. On remerciait Mike, à nouveau.

Il fallait aussi qu'il trouve la cible qui l'intéressait, lui. Mikeal lui avait annoncé qu'il s'appelait Taison (pffff) Morin. Il travaillait au département de la police magique. Ils ne savaient même pas si il serait sur place à cette heure-ci. Et il faudrait qu'il y aille quand leur opération Junesque serait bientôt achevée. Ou alors il le ferait plus tard. Mais il voulait absolument ce venger de ce Kévin.

Ils vérifiaient tous leurs armes, cachées sous leur vêtement, se couvraient et partaient pour le QG. Ils passèrent leur carte à l'entrée et purent entrée sans aucun problème.

Red avait « peur » que les systèmes soient mis à jour aujourd'hui, parce que pourquoi pas. Une organisation aussi sensible, il fallait bien mettre les sécurité à jour souvent. Pas sûr que le O'Callaghan ait vérifié quand est-ce que ça prenait effet. Enfin, avec l'odeur de vomi et de sueur que le châtain leur avait ramené, il ne pouvait peut être pas lui demander plus que ce qu'il avait déjà fait. Quoi que, c'est lui qui leur avait imploré de l'accompagner dans cette mission suicide. C'est lui qui n'avait qu'une brève ébauche de plan. Heureusement que Redwan avait été là pour l'étoffer. Mais ils partaient mal. Ils auraient pu être cent fois mieux préparé.

Il repensait aux fois où Bianco gérait les missions pour lesquelles il partait. Millimétré à la seconde près, aucun défaut, tout était expliqué noir sur blanc, il n'y avait plus qu'à agir sans se soucier de rien d'autre.

Redwan était rôdé, certes, il savait ce qui aurait pu être fait, mais ils manquaient de temps. Une fois sur le territoire canadien, c'était compliqué. Sans avoir changer leur fichier dans les dossiers d'Orpheo, ils pourraient être reconnus beaucoup plus vite et facilement.

Alors oui, dans les autres pays aussi, mais c'est les canadiens qui avaient vu les portraits de Mike en premier.

Ils se dirigèrent vers les sous-sols, suivants Mikeal, qui avait mémorisé le plan de l'établissement. Ils passèrent les différentes portes sans soucis jusque un voyant rouge. Ils y étaient presque, plus qu'une volée d'escaliers. Plus qu'un couloir. Mais le boîtier refusait de les laisser entrer.

–Putain Mikeal, t'as foutu quoi encore ?!

–Mais je sais pas ! Je comprends pas !

Il repassait la carte devant le boitier, le voyant restait désespérement rouge, avec un bip demauvaise augure qui résonnait dans les couloirs encore relativement déserts. Ils étaient venus tard dans la nuit, ou tôt le matin, à voir, pour justement, croiser le moins de gens possible. Sauf que ce bruit allait forcément alerter des gens dans l'immeuble.

Il l'empoigna par le col de son tee-shirt.

–Dépêche toi de régler ça. Sinon on va avoir les exorcistes sur nos pieds et on sera dans la merde. Tu nous as déjà mis dans la merde en nous amenant ici, sors nous de là fissa.

Il lui mis un coup de poing pour la forme.

Le jeune allemand le regarda, la peur aux yeux. Il savait pertinemment que le rouge pouvait lui ouvrir le ventre, juste parce qu'il en avait envie. Le rouge ne l'aimait pas, il le sentait dans ces tripes, il l'avait toujours su. Même si Mikeal était sorcier, il savait que, ici, ça ne le protégerait pas.

Redwan regarda Mikeal toucher le boîtier, vit son visage se contracter. Il savait ce qu'il était en train de faire. Il voulait insuffler son pouvoir dans le système pour le forcer à ouvrir les portes. Le procédé était bien plus simple que celui de la veille, mais il peinait à cause de la quantité de billes runées qu'il y avait dans l'organisation.

Au détour du couloir, quelqu'un apparu.

–Hey ! Vous faites quoi ici ?

Il s'approcha. Redwan jeta un coup d'oeil à Mikeal qui n'avançait pas sur ce fichu boitier, attrapa son poignard dans son dos.

L'exorciste vit le voyant rouge sur le boîtier, le pointa.

–Si ils vous laissent pas entrer, c'est que vous avez pas le droit les gars, hein...

–On devrait être bon, on nous a donner les accréd hier.

–Bah apparemment pas, -

Le couteau traversa sa gorge comme si c'était du beurre.

–Putain Mikeal, dépêche toi, sinon y'en aura d'autres qui vont débarquer, on aura toute une armée et l'alarme va être déclencher, bordel !

O'Callaghan s'affairait sur son système, qui était plus compliqué qu'un ordinateur. Il n'avait pas d'interface, il était un peu perdu, malgré son pouvoir pour le guider. Et Redwan qui n'arrêtait pas de l'engueuler n'aidait pas. La plaie palpitait. La peur, l'angoisse, la délivrance, bientôt. Bientpot, il allait la revoir. Bientôt, elle seraitlibre. Bientôt. Il s'accrochait à cette idée, son pouvoir, bloqué par toutes ses billes étaient au ralenti. Il parcourait les connexions, les câbles.

Enfin, la porte s'ouvrit.

Redwan traîna le corps sans vie du gars d'Orpheo derrière la porte, qu'ils refermèrent derrière eux.

–Y aura d'autres boîtiers comme ça ?

–Je sais pas. On aurait dû pouvoir passer celui là normalement.

–Green, t'as pas posé de billes après cette porte du coup, si ?

Le bâtiment en était truffé, en haut, plus bas, elles avaient un certain rayon d'action, mais elles étaient nombreuses. Peut être le déchet aurait moins de mal à déverrouiller les autres portes si les billes étaient moins proches. Il espérait donc que celles-ci s'éloignent un peu, pour continuer leur progression.

Ils continuèrent d'avancer, Mikeal avait du mal à reprendre sa respiration, ce qui n'était pas normal. Il avait fait bien pire que ça hier, non ?

–Vous me croyez si je vous dit que j'ai un virus informatique ? Ahaha.

Pas drôle. Pas drôle du tout.

–T'entends quoi par là ?

–J'ai besoin d'une pause.

–On vient littéralement d'entrer putain.

Il était sur les nerfs. D'autres exorcistes pouvaient débarquer à n'importe quel moment. Le sang tapissait l'autre côté de la porte, ils auraient vite fait de découvrir le corps et de voir qu'un inconnu s'était faufilé par ici.

Il continua à marcher, Mikeal tremblait, son visage se crispait dans d'atroces douleurs, suivait difficilement.

Autre porte. Autre boîtier. Ils passèrent leur carte, qui ne fonctionnèrent pas.

–Fais nous passer, et je t'accorde une pause.

Il hocha la tête, reprit sa routine, avec plus de rapidité cette fois. La porte s'ouvrit.

Mikeal s'affala derrière, pantelant, en sueur.

Sujet: Re: Passage au niveau 8 : Mike to the rescue Dim 8 Nov 2020 - 12:33

Tout ce temps perdu pour cette mission : Green toujours déjà en rond comme un lion en cage. Il veut partir d’ici, se casser de Red le psychopathe et Mike le déchet. Le plan ne semble pas au point, ils ne semblent pas non plus être suffisamment entraînés pour entrer dans un QG, mais peut être qu’à trois ils réussiront à quelque chose.

Peut-être.

Et si Green est à peu près de ne pas laisser crever Red si quelque chose tourne mal, — si ça ne met pas sa propre vie sur le fil — il n’est absolument pas persuadé de ne pas lâcher Mike en plein vol et se casse bien vite dans les airs, léviter jusqu’au manque d’oxygène sans le gros relou qui leur sert de pointe de flèche. Le gars puant le vomi et la transpiration, oui oui. Même s’il n’avait pas été fiché en temps que Mikeal O’Callaghan, sûrement qu’il avait été fiché comme gros weirdo dégueulasse, et c’était honnêtement pas mieux.

Les trois se lancent donc avant d’être extrêmement vite arrêtés. La frustration et l’agacement de Green lui éclatent au cerveau comme des bulles de champagne, régulière mais il n’intervient pas. Seul Red siffle aux oreilles du mongol qui leur sert de collègue puis le plaque carrément contre un mur. Green reste là, impassible, en attendant que la situation se règle seule. Il regarde sans réagir Red frapper Mikeal et sa colère monte d’un cran.

— À quoi ça sert putain….. chuchote-t-il pour lui même, évacuant un peu de la vapeur brûlante qui lui cuit les entrailles.

Quelqu’un s’approche et Green le sait : il est mort. L’inconnu est mort et ça ne fera aucune différence dans la mission. Le destin l’a mis là, Red va l’en enlever.
Et comme exactement ce qui était prévu, un flot de sang sort de sa jugulaire alors qu’il s’étouffe dans sa propre humeur. Green ne bronche pas, regarde Mike reprendre sa cape de sueur et forcer sur son don — pas de bille ici ?

.. Pas de bille ici ?

Le brun fait jouer ses poings, on ouvre on ferme, on respire, on ouvre on ferme, on respire. Red lui adresse la parole, il ne répond pas, roule des yeux. Rien ne se passe bien, rien ne se passe comme ça devrait se passer. Green essaie de se modérer, de se restreindre. Lui aussi taperait volontiers sur les deux incapables — l’un de gérer sa propre mission, l’autre ses putains d’émotions — mais il n’est pas du genre. La porte s’ouvre, l’autre s’affale derrière et Green hésite à passer devant : pourquoi y aller seul pour se faire tuer ? Mais en restant ici, les problèmes tomberont sur eux, autant tomber sur les problèmes directement.

Il prend une grande inspiration et lâche : « c’est pas possible les gars, je vais vous faire léviter et on va passer par le faux plafond ; vous aurez l’impression d’être incroyablement légers, aidez vous de vos bras pour avancer mais tranquille, vous ne pèserez rien, c’est pas le moment de se jeter contre un mur parce que vous êtes cons. »

Il renifle son mépris « on redescend au niveau de l’ascenseur en priant pour qu’il soit assez bas, on entre dans l’ascenseur par la trappe du dessus et on essaie d’attendre les sous-sols. Soit, il y est déjà et bingo, soit il est verrouillé et il faudra se débrouiller. S’il est électronique, Mike, ça sera pour ta gueule, si on doit sortir et passer par les escaliers jusqu’en bas, faudra éliminer tout le monde. »

Il jette un regard à Mike, tout applati par terre.

« Auquel cas Red, je compte sur toi »

Et sans attendre la réponse de qui que ce soit, il les colle tous au plafond. Lui est parfaitement habitué à la sensation d’une gravité absente et il a rien à foutre que les autres puissent galérer, mais il dit quand même « Faites attention à vos armes. Ça fait du bruit l’acier contre l’acier. »

Il soulève avec douceur un carré de placo et le repousse sur le côté avec milles précautions.

Game on.

Quelle idée j'ai eu de prendre les deux personnes qui me détestent le plus avec moi. Quelle idée. Après, à Rosenrot, en ce moment, tout le monde me déteste. Donc bon.

Disons qu'ils ont été assez fous pour tenter l'aventure.

Enfin, en attendant j'ai envie de vomir mes tripes et en plus j'me fais engueuler. Par Red d'abord. Puis par Green. Enfin, engueuler est pas le mot. Le dédain. Et ça pique tout aussi fort.

J'pouvais pas avoir de vrai bro hm.

J'aurais dû demander à Alexander. Oh wait. Il donne pas de nouvelles. Jeremiah not so much either.

Désespéré. Ouais, c'est ça, j'étais désespéré. J'le suis toujours vous m'direz.

Tout ça pour elle alors qu'elle va m'envoyer bouler.

On reprendra l'existence solitaire, pas saine du tout. Rosenrot va un jour envoyer Red pour m'égorger et voilà. Oh il hésiterait pas et j'le sais.

Et puis ya Green qui nous annonce qu'il va nous faire léviter. J'ai un nouveau haut le cœur, alors que je suis encore pantelant et en sueur sur le sol. J'vous jure j'me suis chopé un virus. Et j'ai zéro idée de comment me débarrasser de ça. Je suis pas un putain de cyborg. Je peux pas me connecter à un ordinateur et détruire ce qui m'infecte à coup de ligne de code. Putain. Ça va durer combien de temps cette connerie ?

De temps en temps, ça leur arrive, ils sont forts chez Orpheo. J'installerai la même chose que QG de Rosenrot tiens. Des petits boîtiers qui t'infectent bien vener si t'essayes de les bidouiller avec de la magie. Ca leur fera les pieds au pirate.

Oh wait. J'crois ça m’arrive d'essayer de pirater Rosenrot, for fun. Bah, j'ferais en sorte que ça me fasse rien hm. Ça doit pas bien être compliqué anyway.

Et puis les sueurs reviennent et je pige rien à son explication.

Il va nous faire léviter. Ça peut pas être pire que quand je tombe dans le vide, si ? Ça peut pas être pire que quand je m'applique à moi même la télékinésie, si ?

Mes fesses décollent du sol et wait, c'est A LOT worse.

Je suis malade putain. J'vais devoir me concentrer pour naviguer, pas me cogner de partout, ne pas vomir, et combattre cette infection ? Bah oui bien sûr. Toujours plus.

On passe par le faux plafond. Y'a tous les cables qui passent et d'un coup, ça m'excite. Pas dans le sens sexuel, pour une fois. Une idée me vint et je les touche, essaie d'accéder au réseau de cette manière, essayer de comprendre ce qui se passe dedans moi, essayer de le combattre. J'essaye d'adopter la même posture que Green, difficilement, j'me cogne, en douceur. Redwan a l'air de mieux s'en sortir, comme si il l'avait déjà fait. Peut être, un peu. Quand ils étaient gosses, non ? C'est connu qu'aucun des frères s'entendent. Ça se voit quand ils se parlent qu'ils ont envie de se sauter à la gorge mais se contiennent. Pourquoi ?

C'est pas le moment de réfléchir à tout ça Mike.

Putain on a laissé le cadavre de l'autre en plein milieu. On a même pas cherché à le cacher. Putain. On aurait au moins pu le foutre dans des chiottes ou dans un placard à balai.

Putain.

Le mal est fait, c'est trop tard, on a plus qu'à prier que l'alarme ne retentira pas. J'suis sûre qu'elle est silencieuse de toute façons. Mais si je reste connecté aux câbles, je le saurais.

On parcourt des mètres de cette façon, j'ai du mal à tenir la posture, j'ai l'impression d'être dans l'eau et de pas pouvoir me tourner comme je veux, que c'est la gravité mêlée à la pression qui me fait tourner et que je suis obligée d'obéir si je veux pouvoir me repositionner correctement, éventuellement.

On passe plusieurs grilles et enfin, un grand vide sous nous. Les hauts le cœur reviennent, je suis pas happé par le vide et mon cerveau se demande si ya pas un problème. Oui yen a un, on tombe pas. Le don de Green agit toujours, heureusement. On descend tranquillement, j'ai plus de câble à atteindre, et je vais pas essayer de les rejoindre, doué comme je suis je me cognerai de partout. Inutile au possible.

On pose – enfin ! – les pieds sur l'ascenseur. Ô gravité, tu m'avais manqué. L'envie de vomir est toujours présente, mais ça passe de plus en plus. J'ouvre la trappe et on entre dans l'ascenseur. Les portes sont fermées, ce qui est déjà positif. On est pas encore au bon niveau alors j'appuie sur le bouton et … Rien ne se passe.

J'hésite à passer la carte magnétique, me retient, si j'ai pas pu passer la première porte, ça servirait à rien ici.

C'est parti pour utiliser le pouvoir n'est-ce pas. Si ça se trouve il est juste en panne et je pourrais rien faire. Si ça se trouve il est aussi coincé entre deux étages et on est dans la merde.

Je vois une interface, oh ! Un ascenseur moderne ! Miracle ! Je commence même pas à trifouiller les boutons, j'applique direct mon pouvoir, court-circuitant le bordel, l'ascenseur à un soubresaut, se débloque, et descend en silence.

J'essaie pas non plus d'enlever le virus qui m'infecte, ayant trop peur que ça bloque de nouveau l'ascenseur, qu'une alarme ne sonne ou que sais-je. Ça commence à aller mieux, doucement.Je respire moins vite déjà.

L'ascenseur s'arrête, les portes s'ouvrent avec un ding qui me fait sursauter. Un couloir blafard s'étend devant nous.

–On y est.

Plus qu'à trouver June.

Il y a eu un passé, un présent, un futur. June divague, je divague, c’est un peu pareil. Souvent il y a Mavis à qui je dis d’arrêter de respirer, ou de mourir je ne sais plus bien, je ne sais plus, un ordre, je lui ordonne de crever sans en avoir vraiment conscience et il meurt, c’est si facile que ça. Passé présent futur. Mike et les chats ;

on a dit un truc,

Love the people that treat you well, forget about the rest.

Mais le reste de quoi ? Des autres ou du monde ? J’ai quitté Mike et maintenant je m’ai moi, le passé le présent et pas de futur du tout, et les abeilles meurent comme des mouches. J’ai arraché toutes les peaux autour des ongles, des boules de cheveux derrière le crâne qu’on arrache. Les cheveux qui ne poussent plus de toute façon, et June Williams qui a poucave son ancien gars qui l’aimait si fort et elle, elle était pas capable d’aimer ce qu’elle avait, d’aimer être aimée je crois que c’était ça surtout le gros problème et j’ai ouvert la bouche face au loup pour lui dire que celui qui m’aimait où il était et après tant de torture et puis quand même laissée ici, comme une abeille et puis une mouche, ou une mouche et puis une abeille, et Mavis qui tombe lui aussi, qui meurt, et subitement ils sont tous les trois devant moi.

Pas Mavis, Mavis j’aurais voulu être morte et pas toi, ou toi bien mort et puis je ne sais plus, la santé mentale roulée en boule dans un coin de ma bouche comme un chewing gum qu’on essaie d’oublier et la fin des jours passés. Il ne reste que des bouts de moi qui s’émiettent, j’en perds tous les jours mais face à moi les Soul, et Mikeal.

— Berlioz.

Je respire aussi fort que je peux, elle s’étire et sa peau glisse sur ses os, sa maigreur, sur tout ce qu’elle ne sait plus faire, du thé par exemple, les petits gâteaux au chocolat qu’elle ne mangerait plus jamais, son couteau qui lui manquait, se rouler en boule et serrer Mike, et s’il était devant ses yeux à cet instant présent, c’est que je suis folle ça y est, il ne reste que des débris, des vieux débris rouillés et moi au milieu, j’ai souvent rêvé de lui — mais jamais accompagné. Pourquoi y aurait-il Green Soul et Redwan Soul, ceux de Rosenrot à qui personne ne tient jamais tête, avec Mikeal O'Callaghan, celui qui était prêt à ramper pour que je rentre ? Trop, aimée, mal, aimée.

Aimée.

Je m’accroche à mes os, j’enfonce mes doigts dans ce qu’il me reste de muscle pour de pas partir avec la brise, mais de l’autre côté de la paroi de verre il y a les Soul et Mike, et pour la première fois la voix à l’arrière de mon crâne ne me hurle pas qu’on voudrait bien crever.

- mike.

J'sais pas combien de portes on a passé, j'ai perdu le compte. J'sais pas combien de cellule on a visité. Certaines vides, certaines avec des gens qui nous regardaient à peine, certains qui nous calculaient même pas. Dans quel état je vais la retrouver ? Affamée ? Inconnue ? Elle me reconnapitra ? Elle aura oublier ? Ils leur font quoi putain, c('est pas censé être les gentils bordel ? C'est quoi ces façopns de traiter les prisonniers hin ? On est censé être en pleine nuit, pourtant toute leur lumière sont allumées. Certains nous hurlent dessus à plein poumons, certains essaient de se battre. Certains pensent qu'on est leur nouveau bourreau. J'crois même avoir repéré des visages qui me sont connus. Je crois.

On aurait pu sortir tout le monde en même temps, c'est vrai. On se serait fait une nouvelle armée, opur sortir ça aurait été bien.

Ouais, une armée de cadavre.

J'ouvre une nouvelle porte.

Et une nouvelle, et encore une. Je la cherche, sur tous les visages, je la cherche. Pitié qu'il l'ait pas déplacée. Pourquoi ils auraient fait ça ? Cellule ou salle d'interrogatoire, c'est simple. Après, j'ai l'impression que les pièces ont les deux utilités en même temps donc bon. Pourquoi la bouger de quartier ou même de QG. Elle a déjà fait l'aller retour en Europe, c'est pas pour la déplacer de nouveau pas vrai ?

Encore une porte.

Son visage blafard me saute au visage. Son corps affamé et amaigri me renvoi à ma propre condition physique. Un cadavre qui vient en sauver un autre. T'es beau Mike tiens.

–Berlioz.

Alors oui, mais non. Je me fiche des deux autres qui je crois se sont arrêtés derrière moi. Je crois. J'm'en fiche. Ils ont ptet dû capter qu'on était enfin dans la bonne cellule vu que j'ai pas déguerpi cette fois. Et pourtant, elle est méconnaissable.

Les cernes, les poches, le taint blafard, la peau grise, le soleil absent, les yeux qui ne pétillent pas de malice, la beau abîmés, les cheveux …. inqualifiables tellement ils sont sales. Je m'approche d'elle, doucement, m'accroupit.

–Mike.

J'approche doucement ma main de son visage, la presse contre sa joue, caresse le dessous de son œil.

–June.

Je vois trouble.

–On a pas le temps pour tes putains d'états d'âme. Si t'as ce que tu veux on se casse et basta.

Redwan me bouscule, son couteau en main et détache June. Je la prends par la main pour l'aider à se relever. Je la sens toute fragile, sans muscle, sans vivacité, sans rien. Une coquille vide, à l'instar de ce que je suis depuis que j'ai été abandonné sur le pas de la porte.

Redwan file déjà dans le couloir. Peut être que l'ascenseur est pas reparti. Peut être qu'on pourra remonter jusqu'à l'entrée tranquillement. Peut être que la mission suicide est fini est que tout va bien aller.

J'ose pas la toucher plus. J'ai peur qu'elle prenne mal le fait de l'aider. J'ai déjà peur qu'elle prenne mal le fait qu'on soit venu la délivrer.

–Il faut y aller.

J'voudrais remettre ses mèches en place. J'voudrais réveiller la lueur dans ses yeux. J'voudrais revoir son sourire éclatant quand elle rigole quand on fait des conneries. J'voudrais revenir à avant.

C'est pas parce que tu viens la délivrer qu'elle retombera dans tes bras.

Non. Effectivement. Mais au moins elle sera libre, et... Mon cœur a chaud. Et ça fait du bien. J'ai l'impression d'être un de ses matins où je me réveillais à côté d'elle, les chats un peu partout sur la couette.

Sujet: Re: Passage au niveau 8 : Mike to the rescue Mar 14 Sep 2021 - 17:51

Il la touche il me tOuche il la touche.

— June.

Une seule et même Personne et moi en dedans ; Mavis m’avait prévenue pourtant. il n’y a pas d’heureux départ ou d’heureuse fin, il n’y a pas de résolution finale et ils Eurent Des enfAnts et tout se passa bien. Y’a quoi après les enfants ? et encore après ? et Encore après ? des hauts des bas des canyons des montagnes des gouffres DES GOUFFRES et plus vraiment d’alpinisme si vous voulez mon avis.

mais Mike est là. Redwan crie, il n’a absolment pas changé et j’ai peur subitement qu’il ne se soit passé quelques jours que je sois devenue aussi vide que de la laine de mouton en l’espace de si peu. le prix que je paye est plus élevé que ce que je pouvais rassEmbler et maintenant qu’il faut partir je ne sais pas si j’en ai la force ou l’envie ou la force.

mais il a dit mon prénom parce que j’existe encOre Et s’il faut ENcore exister encore un peu… je fais l’effort de me lever même si je ne suis pas sûre de pouvoir encore avoir de désir pour quoi que ce soit à part le repos, plus faim mais plus d’énergie pour faire tourner mon corps, fatiguée trop fatiguée pour encore souhaiter c’est que c’est épuisant l’espoir et ça vous fait pas traverser la nuit.

–Il faut y aller.
- je sais

On est quelque part et ON S'EN va et prce que mon instinct de survie est finalement immortel, je m’accroche à Mike et je fais ce qu’il faut faire sans que ça passe par des décisions de mon cerveau complètement décédé, tout mou, tout petit dans ma grosse boîte crânienne et trop d’espace autour. J’ai l’impression de reconnaître des trucs puis que je vais vomir et je dis, laissant mon don claquer dans ma bouche :

- stop

à celui qui est devant, oh, Green Soul, et il se retourne en haussant un sourcil avant de comprendre ce que j’ai essayé de faire et totalement raté et me fait un grand sourire de gros con et dit :

— Et bien, les vieilles reviennent au galop !

Il jette un regard à Mike comme on jetterait une blague sur quelqu’un d’atre sans se soucier que les autres ils la voient passer et soient Déçus qu’elle soit pas pour elle la blague non plus et finalement je vomis pas et je serre mes doigts sur le t-shirt de MikE alors qu’un étrange sourire super high vient sur mes lèvres de meuf moribonde finalement pas mrte :

-j’suis pas morte?

j'sais même pas si c'est une question ou pas. mais ça appelle Pas à des Réponses. et en tout cas c'est pour moi même quoi c'est vraiment pour moi même pour pouvoir le dire et même si on meurt ici je mourrais libre et je m'agrippe à Mike qui même si on se fait tuer me donne l'opportunité de mourir sur mes deux pieds avec une lame dans la main et

- j'peux avoir un couteau ou un flingue ou un truc ? proMIS je vous abats pas même par INDAdvertance.

Svp.

Sujet: Re: Passage au niveau 8 : Mike to the rescue Mar 14 Sep 2021 - 21:05

Ça le soulait, oh comment ça le soulait. Aider Mikeal, déjà, pas fou. Mais en plus, ce dernier n'était même pas fichu de savoir dans quelle cellule sa meuf était retenue alors ils erraient, à ouvrir toutes les portes. Bref, il y allait à reculons, il trainait la patte, parce que de toutes façons, est-ce qu'il savait à quoi ressemblait cette fichue June Williams ?

Oui, oui, Mike avait eu la brillante idée, bravo, pour une fois qu'il réfléchissait, de leur montrer une photo d'elle. Avant qu'elle soit prise par Orpheo, s'entend. Belle, souriante, ce petit truc qui fait qu'on voit qu'elle apprécie tuer et tout ça. Et puis qu'elle soit brisée à l'intérieur, comme tous l'était.

Est-ce qu'elle était vivante au moins ? Mike continuait d'ouvrir toutes les portes, sans exception. Redwan attendait, les mains dans les poches. Puis, enfin, O'Callaghan s'arrêta dans une cellule. Redwan jeta à coup d'oeil à la nenette et … Putain, elle fera pas trois pas debout sérieusement. Ils étaient vraiment venus sauver un cadavre ? Please Mike, ptain.

A son habitude, il lança une remarque cinglante, coupa ses liens et se barra, à la suite de son frère, attendant que les deux autres ne suivent. Bien sûr, il jetait des coups d'oeil derrière lui. Le but de la mission était qu'ils s'en sortent tous, non ? Sort of. Il n'avait aucun doute sur le fait que si Orpheo débarquait, se serait chacun pour sa peau. Il embarquerait Green, évidemment. Bleu serait bien trop blessé de savoir que le frère avait été laissé derrière. Et puis, si il voulait qu'un jour, cela refonctionne entre eux, il faudrait bien que des fois, il fasse des pas dans sa direction.

Elle essaya de nous stopper. Ridicule tentative d'utiliser de la magie qui glisse sur nous, tel le premier essai d'un nourrisson. Bien tenté, hm.

– j'suis pas morte ?

Il roula des yeux au ciel. Pourquoi il avait dit oui à cette mission déjà ? Il refusa de regarder Mike qui avait un petit sourire aimant et plein de compassion. Il ne sut donc pas que la main serra plus fort encore celle de June. Il ne sut pas quels mots trottaient dans la tête de Mike, qui restaient bloqués dans sa gorge parce qu'il n'osait pas aller trop vite. Il ne sut pas qu'il avait envie de la réconforter mais il ne savait pas si ça allait la braquer ou non.

Mike avait pris la main de la June méconnaissable (il avait vu la ressemblance avec la photo, mais c'était une toute autre femme), elle s'agrippait à lui. Certains diraient peut être avec l'énergie du désespoir. Il en avait rien à foutre. Il voyait le regard mièvre de O'Callaghan envers elle. Il voyait la réticence qu'il avait de la toucher plus, de lui parler plus. Il voyait son putain de regard amoureux. Le gars est amoureux. Voilà. Ils étaient venus chercher sa go, c'est tout. Ridicule.

La meuf tenait à peine sur ses pieds.

– j'peux avoir un couteau ou un flingue ou un truc ? proMIS je vous abats pas même par INDAdvertance.

Il jeta un nouveau coup d'oeil, il était mitigé. Mais après tout, c'était son problème à elle, non ? Il lui lança donc un de ses couteaux, et continua de suivre Green vers l'ascenseur. Ascenseur qui n'était plus là, et ça ne présageait rien de bon.

– Mike.

Le dénommé s'avança, retirant à regret sa main de celle qui l'aime, espérant de tout son cœur qu'elle tiendrait debout sans soucis, qu'elle ne montrerait pas trop de signe de faiblesse à ses deux comparses. Redwan n'attendait que ça, de la voir s'effondrer et de partir parce que, bitch please, d'où je sauve des morts.

Il commença à bidouiller ces trucs électroniques, la sueur sur son front, dégoulinant bien vite, mais ce fut plus rapide que les fois précédentes. Comme si il s'habituait, ou le fait d'avoir sa nana lui redonnait ses forces. Répugnant.

L'ascenseur arrive, les portes s'ouvrent, le sang éclabousse déjà.

Sujet: Re: Passage au niveau 8 : Mike to the rescue Dim 9 Jan 2022 - 15:36

Terrible est l’humain. Lorsqu’on y colle des habitudes dessus, il lui est difficile, si difficile de s’en défaire. Vingt jours pour en créer une nouvelle, des années pour s’en défaire. L’habitude de tenir sa fille dans ses bras, en prendre soin, faire attention. Devenir un meilleur humain, lire du développement personnel, se trouver très con.

Lire que si on attend une contrepartie à l’amour, ce n’est pas de l’amour si, si on fait un acte et qu’on espère une rétribution, sans que le deal ait été clair, sans que l’autre partie ait pu consentir à cette trade, alors ce n’est pas de l’amour. Ce n’est pas désintéressé.
Se rendre compte qu’on est résolument désintéressé de tous les gestes qui portent Elaïa, mais toujours à attendre quelque chose, chercher quelque chose, fouiller sous les écailles d’Anja pour en déloger… quelque chose.
Essayer de faire mieux, d’être mieux, de devenir mieux.

Et puis, être replongé dans le chaos des frères Soul, de l’aventure Rosenrot et se rendre compte qu’on n’a rien oublié. June suit Mike qui trifouille un ascenseur pendant que Green patiente. Il se tient légèrement de profil, le front bas mais les yeux levés. Gainé, électrique de cette tension qu’il sait recréer de toutes pièces maintenant. On lui a appris à créer les brasiers de la colère dans ses tripes quelle que soit la situation, quelle que soit l’utilité. On lui a appris à faire ces connexions dans son cerveau : poids de la lame, point d’équilibre, simple ou double tranchant. Il inspire par le nez et, lorsque les portes s’ouvre, se jette dans la cage comme on rentre chez soi. À la maison.

À sa place.

Green ne repensera jamais aux humains qu’il a abattu ce jour-là ; comment pourrait-il les distinguer de tous les autres cadavres qu’il a semé ? Il ne pensera pas à sa fille non plus, comment il est sur la piste pour éduquer une meurtrière parce qu’au fond, tout au fond de lui il ne trouve pas ça mal mais seulement nécessaire. Savoir se protéger et obtenir ce qu’on nous a volé.
Il jette un oeil à June qui claque des dents dans l’ascenseur nettoyé, comme congelée. Il ne fait pas froid, pourtant. Elle cherche de la main Mike, alors qu’elle tient dans l’autre le couteau qui n’a pas été utilisé. Sait-elle encore seulement s’en servir ? Ses doigts autour du manche tremblent, elle semble tétanisée.

Ils ressortent dans des couloirs mais l’alerte a été donnée ; sorciers noirs, techniciens. Sorciers noirs ! Soul ! Soul ! Green entend ça autour de lui, les murs tremblent, le sol tremble, l’électricité est coupée du bâtiment. La sortie est extrêmement proche mais leurs ressources sont limités. L’homme baisse les yeux sur ses jambes : six entailles peu profondes ont creusé des sillons carmins dans ses muscles. Il n’avait pas remarqué.

— Tu utilises ta télékinésie pour arracher les portes, O’Callaghan. On te couvre pendant que ça cède, le temps que ça arrive et on décolle tous.

Il déglutit, recharge son 9mm en laissant le chargeur vide au sol. Ils entendent une déflagration non loin d’eux.

— T’occupes pas de ce qu’il va se passer autour de toi. Sors-nous de là, pète le plafond de verre de ton pouvoir.

Il jette un regard à son frère, déterminé, froid, saoulé comme seuls peuvent l’être les assassins de première division, de ceux qui savent gagner sans joie et perdre sans peur.

— Maintenant.

Les ordres de Red claquent à mon oreille. JE m'affaire donc à appeler l'ascenseur. Le virus toujours présent dans l'organisme, j'essaye de l'oublier. L'ascenseur était pas là. Faut se préparer au pire. J'ai June à protéger. Elle a réclamé un couteau mais elle est frêle comme la mort. Depuis combien de temps elle a pas bougé de sa chaise. Ses muscles sont vidés. J'sais même pas comment elle tient debout en vrai.

Les Soul bougent plus vite que moi et à peine les portes s'ouvrent qu'ils sont déjà à l'intérieur et qu'il ne reste plus âme qui vive. J'ai littéralement eu le temps de rien.

Ils font toute la sale besogne et évidemment que ça va me retomber dessus. Parce que c'est moi qui leur ai demandé de l'aide. Ça devrait être eux les back up. J'sais me battre après tout. Mais j'suis lessivé après l'usage de mon pouvoir à chaque porte. Donc me voilà. Inutile.

On rentre dans l'ascenseur. June me suit toujours, pas stable sur ses appuis. Ça va être compliqué, de la protéger en plus. L'arme qu'elle a réclamé reste dans sa main, inutile. Bouclier de papier.

On arrive à l'étage qu'on voulait.

Et les lumières s'éteignent.

Je savais que laisser ce cadavre au milieu du couloir était une mauvaise idée. J'le savais. Mais on était déjà engagé, ça aurait été compliqué de faire demi tour. Mais voilà que nos conneries nous retombent dessus.

Mes conneries.

Nul doute que si on en réchappe pas, c'est eux deux qui mettront fin à mes jours.

Brillant Mike de demander service à des gens qui peuvent pas te blairer. Brillant Mike de leur demander alors que t'avais même pas de plan initial et c'est eux qui l'ont fait pour toi.

Brillant Mike.

Stupide Mike.

Les ordres claquent à nouveau. Green, cette fois. Je me retiens de lancer une remarque cinglante du style « Daaaaah ». J'l'aurais fait sans qu'il me demande, en fait.

Je m'exécute donc. Le virus me prend à la gorge et essaye d'interférer avec le deuxième pouvoir. Putain, c'est pas bientôt fini cette merde. Ya plus d'électricité mais cette merde est toujours là hin. Bordel.

Plus d'électricité, plus de boîtier pour ouvrir les portes verrouillées. Et qui se trouvent derrière cette porte ?

J'me concentre, j'suis lessivé. Je sens June tout proche de moi. Me raccroche à cette volonté de vouloir lui rendre sa liberté. Parce que j'me sentirais mieux, une fois qu'elle sera dehors. Parce que se sera ses choix. J'pourrais toujours être en dépression, mais se sera pas à cause d'une tierce personne.

Ni sa faute à elle. Ish.

Pas sa faute.

Je sens Red qui se prépare à attaquer dès que les portes seront ouvertes.

J'rassemble mon énergie magique, la fait gonfler en moi. Le virus bloque tout et

Je vomis

Comme ça, par terre.

Ouf, pas sur les pieds de Red. Ou de Green.

On recommence parce que je sens, je sais, que la patience du rouge va très vite atteindre un point de non retour.

Je force par dessus le virus, il ne m'aura pas. Les portes se décrochent de leur gond, et en les laissant fermer, je les pousse de toutes mes forces vers le fond du couloir. J'entends des cris, des coups de feu. Rien ne nous atteins.

Les portes ont fait leur travail de bouclier et de tout déblayer sur leur passage. Je me tiens prêt au cas où quelqu'un débarque. Nulle doute que ça n'ait pas fait énormément de dégât, mais au moins, ça les ralentira.

Je cours vers la prochaine porte pour faire la même chose. Marche sûrement sur des agents d'Orpheo en marchant sur les débris que je viens de faire au passage.

Quand il veut pour nous faire décoller et avancer plus vite le vert.

Je continue d'enfoncer les portes. Je dois nous sortir de là.

J'voudrais pouvoir faire des explosions pour que tout ça aille plus vite. Des ondes de choc pour ratisser le tout. Mais le coup des portes, ça fait le taff. Alors je continue jusqu'à ce qu'on arrive enfin dans le hall d'entrée.

Des agents sont là, à nous attendre, j'en vois d'autres arriver en courant.

Green a dit de les laisser faire pour éliminer les menaces, que je devais nous sortir d'ici.

A bout de forces, je force sur le plafond de verre. Les portes en verre de l'entrée ne serviraient à rien, il y a déjà trop de monde entre nous et cette cible. Le plafond est donc une merveilleuse idée.

Les joints sont trop forts, trop bien collés. J'essaye donc de m'attaquer au structure en métal qui retiennent les panneaux. Pas du tout le même bail que des portes. Je force sur les endroits où les structures sont soudées et je pousse pousse pousse. Les endroits faibles.

J'entends des tirs autour de moi. J'ai peur. Pour moi, pour June, et pour les deux qui m'accompagnent. Je détourne quelques balles qui me sont dirigées pour affaiblir les panneaux de verre. Toutes au même point. Je détourne les balles qui visent mes camarades également. Toutes sur le même point du panneau.

Et ça paye. Le panneau se fissure, et je force à nouveau avec ma magie. J'écarte le verre, le repousse sur lui même maintenant qu'il est fissuré. Les fissures s'étendent à mesure que le trou s'élargit, pour nous laisser passer.

C'est maintenant ou jamais.

- Maintenant Green ! Je m'occupe des balles !

Les rediriger vers nos adversaires. Red pourra s'occuper des autres assaillants. En parlent de lui, je ne sais même pas où il est actuellement, je vois juste des gerbes de sang par endroit, marquant son passage.

Je suis June ! Je suis June et pas Mavis, les abeilles continuent de mourir, et Green aussi, visiblement. Sa peau se remplit d’un sang épais ; la surprise sur ses traits me colle la frousse. C’est de Mike dont je tombais amoureuse quand on roulait sur le parquet, les bleus sur les coudes et les genoux de faire l’amour sur le sol, non ?

Était-ce un mensonge ?

La nuit pour toujours.

Le panneau se fissure, on peut passer je pense, mes mains sont moîtes et mon pouvoir cavale dans mon crâne, véritable hamster dans sa roue, il me menace, tangue, et je me rends compte que je salive, les yeux rivés sur Green qui saigne, qui lui ses yeux à lui, ils sont rivés sur Red qui fait un peu la même tête surprise. Surprise. surprise ? Bravo les garçons, parfois les héros de l’histoire meurent.

Je m’essuie la bouche alors que Mike, qui n’a rien vu il hurle Maintenant Green je m’occupe des balles mais Green il est troué et la vie sort de lui. Il transpire à grosses gouttes ou alors peut-être bien est-ce mon cerveau qui imagine l’odeur de la mort, ou peut-être est-ce ma peau qui exsude ça et qui me prévient tu vas mourir junie june, tu vas mourir !

Mike sent le vomi.

Je regarde Green en me disant si je pouvais être ce gars à la place de moi, il saurait quoi faire et moi je me viderais enfin de mon sang comme c’est prévu depuis un moment, mais non, je suis moi, je crache alors qu’on se fait tirer dessus. La peur, la vraie, incontrôlable se loge dans mon ventre comme un serpent et je tire, tire, tire, tire, les dents serrées, je dis des trucs, il y a des mots forts et implacables que je hurle et ils se prennent la gorge, un homme se griffe les yeux, mon pouvoir me claque à la gueule comme si on venait de relâcher un élastique gros et poussiéreux dans ma face et je me mets à saigner du nez, ça dévale jusque dans ma bouche alors que Red me remorque brutalement par le bras, je dérape dans du sang — celui de qui ? il est à qui le rouge sur le sol ? — mais je ne pèse pas assez pour gêner Redwan Soul qui parle, lui aussi il est capable de causer mais mon sang tape tape tape tape tape dans mes oreilles, throbbing pain in my ears, j’ai peur alors de moi aussi sentir le vomi ou de mourir comme les abeilles mais Green Soul n’est visiblement pas de ceux qui meurent, O’Callaghan non plus et puis, moi je sais pas encore, je crois que le destin n’a pas encore décidé, on prend un couloir, je sais plus bien après mais le soleil m’agresse les yeux.

Je m’essuie le nez d’un revers de main. Quand je me retourne, Green est en train de scier le cou de quelqu’un et ça met du temps, c’est vraiment sale et je me plie en deux pour vomir, est-ce qu’avant je trouvais ça normal, de couper dans les cous des gens ? Mais Red me traine et on avance, je dis à mike : mike et visiblement on est repartis.