Passage de niveau 9&7 | Long time no see

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 Passage de niveau 9&7 | Long time no see

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Ren Takahata
Ren Takahata
Admin | Don't waste my precious time
MessageSujet: Passage de niveau 9&7 | Long time no see   Passage de niveau 9&7 | Long time no see EmptyMer 13 Mar 2019 - 10:36


"Long time no see"


Ça me semblait être hier, ce jour où j'ai poussé les portes de l'orphelinat, où j'ai pu sentir toutes ces odeurs, les enfants courir entre mes pieds, les pauses café en salles des professeurs. Les rires et puis les pleurs. Mais c'était il y a 5 ans.



« Un mois ensoleillé
Mais un cœur tout mouillé. »


Détrempé, l’animal. Couvert de pleurs, peiné d’avoir été ignoré si longtemps. Il aura fallu d’une fois, une unique fois pour que les sensations se fassent plus fortes, pour que la récalcitrante bête se sente investie d’un pouvoir plus marqué, trop dense pour rentrer dans ce petit corps humain. Le rétablissement des runes n’a pas suffi à stopper ses pensées parasites.

Je me suis rendu en Angleterre avant d’avoir atteint le 7e jour de la semaine, peu désireux d’avoir à agir contre mon gré à cause de la rune d’ordre. J’ai réfléchi dans l’aéroport, dans l’avion, puis en Angleterre et encore au pied de l’entrée de l’organisation. J’ai bien soupiré des dizaines de fois, avalé trois comprimés de calmants, vérifié une centaine de fois l’activité de la rune.
Puis, j’ai pris un soin immense à ne croiser aucune tête connue, ce qui s’est trouvé fort peu efficace lorsqu’on songe à mes nombreuses années de professorat. Deux exorcistes m’ont reçu et installés dans une salle où mes efforts précautionneux de me tenir éloigné de l’état d’Orpheo sont tombés en miettes. Avant même que ne soit prononcé le prénom de Nephilim, j’ai eu droit à un passage en revue de l’organisation, des problèmes auxquels ils faisaient face, le tout sur un fond de marketing trop prononcé. Ils m’ont vendu leurs valeurs comme je vends mes parfums.
Les morts en moins.
Ça sentait clairement la proposition d’emploi et une confiance que j’aurais considéré comme aveugle. Comment pouvaient-ils être certains de mes opinions ? M’avait-on réellement espionné durant toutes ces années ? J’en doutais sincèrement. Je préférais même ne pas m’en occuper.

Je venais donc parfaitement de comprendre la raison pour laquelle on m’avait convoqué, assis face à eux et après l’insistance dégoûtée de Ian. Tout en plaignant l’ensemble des exorcistes réformés subissant probablement le même sort, j’attendis qu’ils abordent enfin la problématique de Nephilim pour leur faire part de ma réponse. Mitsuo et Ayumi étaient restés au Japon et mon âme de père parvenait avec grande difficulté à me les sortir de la tête. M’exiler au bout de la Terre n’était en soi pas une nouveauté, mais jusqu’à présent je savais quand je partais et quand je rentrais. Orpheo, c’était un retour à la guerre, un retour à l’incertitude, une vie d’adrénaline et de stress.

Alors j’ai posé mes conditions.
J’ai demandé à récupérer mes papiers d’exorciste, à être néanmoins inscrit sur la liste des réservistes en justifiant de mon statut social actuel et de la difficulté à concilier ces deux métiers. Je les ai rassurés en acceptant la mission de retrouver Nephilim. Mais je me suis aussi étendu sur mes capacités. Mon pouvoir, précisément, en insistant sur mon manque de maîtrise. Comme me l’avait préconisé Alicia une demi-année auparavant, l’adresse de réhabilitation aux pouvoirs et dons dangereux est retombé dans mes mains.

C’est précisément là que s’opérait ma contrepartie.

J’avais besoin de reprendre rapidement le contrôle de mon pouvoir, à mon précédent niveau voir au-delà. C’était un peu grimper l’Himalaya pour une première randonnée mais je n’avais peur d’aucun défi. Je savais pertinemment que l’institut me prendrait davantage au sérieux avec une carte d’exorciste qu’avec une simple identité de solitaire. J’avais besoin de grapiller la moindre seconde.
En leur exposant mon emploi du temps, mes capacités de récupération, la date à laquelle il me serait possible de me mettre à la recherche de Nephilim, ils ont fini par accepter.

Moins d’une dizaine d’heures plus tard, je m’envolais pour l’Alabama muni de mes nouveaux papiers et une peur au ventre plus ressentie depuis des années. J’ai souffert pendant la première semaine d’une incapacité totale à revenir sous forme humaine. Les grandes étendues magiques offrant sécurité, nourriture et quiétude à ma panthère lui ont permis de reprendre doucement le pas sur des années d’enfermement. D’abord rouge de rage, elle s’est finalement apaisée pour me laisser reprendre le dessus. Je me suis senti si libre et fatigué qu’il m’a fallu encore trois jours pour récupérer.
J’ignore si les méthodes employées par l’institut se sont montrées efficaces ou si mes connaissances en la matière ont fait le travail à la place, mais à force de journée de travail sur soi, de méditation – chose que je ne m’étais moi-même jamais autorisé par manque de temps – et d’autres exercices de recentrage, mes formes sont revenues les unes après les autres.

Un petit mois s’est donc écoulé avant que je ne me sente physiquement prêt à sortir, prêt à user de mes capacités scellées pendant si longtemps. J’ai un peu cherché à repousser ce moment, par peur sans doute d’avoir à tout recommencer de zéro. Il a bien fallu trois personnes pour m’empêcher de me poser des runes de blocage par simple précaution. Par simple habitude. Par crainte.

Puis, je suis rentré en Angleterre, j’ai poussé les portes tant redoutées d’Orpheo avec mon ancien visage d’exorciste et le nouveau qui n’a pas connu la guerre et qui cherche encore à s’en prémunir. On m’a simplement indiqué de me rendre dans la salle d’attente où, semblait-il, on m’attendait. J’ai un peu haussé un sourcil, peu amène à devoir déjà régler toutes les basses besognes d’Orpheo mais m’y suis rendu calmement.
Mes enfants, mes deux adorables enfants m’attendaient là, protégés par mon ancien garde, un doué lui aussi. Ayumi et Mitsuo sont tombés dans mes bras et m’ont fourni l’énergie nécessaire pour reprendre le travail dans de bonnes conditions. L’organisation était-elle derrière tout ça ?
Quoi qu’il en soit, une voix dans mon dos s’est exprimée :

« M. Takahata, voici votre ordre de mission. Compte tenu de votre ancien rôle de tuteur et de votre ancienneté, vous ne serez assisté par aucun exorciste. »

Accroupi, les enfants dans les bras, je me retourne doucement et me saisis du papier tendu sans réel entrain. Eh bien, les effectifs doivent être drastiquement diminués pour qu’Orpheo ne s’embête pas même à me coller un examinateur aux pattes. Après tout, j’ai cru comprendre que Nephilim côtoyait un humain noir. Mes chances de réussite risquent d’être considérablement diminuées si l’éthique noire a déjà percé son crâne. Et puis, rien n’assure que je sois totalement prêt à ramener la petite à la grande cause des exorcistes après leur avoir moi-même échappé pendant des années. Sans compter que mon pouvoir était un déjà public il y a quelques mois à peine.

« M. le Président, peut-être devrais-je venir avec vous. »

Je secoue la tête vis-à-vis des paroles de mon garde du corps. J’ignore comment Nephilim réagira en me voyant, inutile de nous présenter comme une armada venu la défaire de ses habitudes rudement acquises. Et dire que mon rôle consiste à faire exactement la même chose que Ian quelques temps plus tôt… Ça me dégoûte, mais un contrat est un contrat. Par ailleurs, j’ai autre chose à demander. Je me tourne vers lui et cherche à comprendre la raison de leur venue, à lui et aux enfants. Il semblerait qu’ils aient été appelés par Orpheo pour loger durant quelques mois, le temps que ma mission se termine et que l’on soit certain que je maîtrise de nouveau mon pouvoir.
Si préventifs.

Je réponds en japonais.

« Restez avec mes enfants. Contactez M. Thomas afin qu’il nous trouve un logement à Londres plus agréable que ceux d’Orpheo. »

Des acquiescements silencieux et me voici reparti, seul cette fois, pour le pays de Galles. D’après les informations recueillies par Orpheo, c’est à cet endroit que la petite a été aperçue pour la dernière fois. Les lettres austères, tapées à l’ordinateur et marquées du tampon d’Orpheo ne s’étalent pourtant pas. Elle semble être en compagnie d’un homme et sans attaches. Est en constant mouvement. Don d’influence des émotions et pouvoir : onde de choc. Autant dire que je pars à l’aveugle. Et ces bandes de métamorphe auxquelles je ne suis plus habitué. La transformation n’est pas prévue, mais je préfère prendre mes précautions.

Mais par où démarrer ?


Dernière édition par Ren Takahata le Mar 22 Juin 2021 - 21:57, édité 2 fois
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Admin | Petite vadrouilleuse
CITATION DU PERSONNAGE : Entreprendre quelque chose peu prendre des annees, Alors que détruire ne prend seulement que quelques secondes

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Admin | Petite vadrouilleuse
MessageSujet: Re: Passage de niveau 9&7 | Long time no see   Passage de niveau 9&7 | Long time no see EmptyVen 15 Mai 2020 - 15:11


"Long time no see"



Qu'on choisisse de s'arrêter ou d'avancer, le temps ne cessera jamais d'avancer. J'ai choisi d'avancer. Jusqu'à ce que la mort me sépare de mon corps.



Un jour comme les autres, à gambader dans les fleurs et se cacher parmi les hautes herbes. Je crois qu’on a traversé la frontière du Pays de Galles il y a peu. Je sais pas trop, toutes ces histoires de frontières lorsqu’on n’a plus d’attache depuis longtemps, c’est un peu vaporeux. C’est davantage une vision physique du « ma liberté s’arrête où commence celle des autres ». J’ai les mains dans le dos, la tête plongée vers le ciel et des étoiles de détermination pleins les yeux. Je ne peux pas dire que ma vie soit stable ni même sereine, mais elle existe, elle s’enchaîne comme les trous d’un orgue de barbarie et à mes oreilles, cela sonne comme une jolie mélodie.

Matt est parti depuis quelques jours, la mine sévère et l’air grave. J’ai pas osé lui demander ce qu’il en retournait, certaine de n’obtenir ma réponse qu’une fois sa commission achevée. Alors je me suis tue et j’ai trouvé de quoi me protéger dans une petite auberge de jeunesse sur le mont Snowdon. J’ai rencontré un couple de finlandais habitué des randonnées. Ils m’ont parlé de leurs plus grands moments, de l’incroyable défilé de couleurs en Inde, de ce loup qu’ils étaient parvenus à voir dans les Alpes françaises, de leur petitesse face aux séquoias mastodontes du Parc national de Kings Canyon en Californie. Je me suis laissée portée par leurs histoires jusqu’à respirer les odeurs de pins ou d’épices.
Il y a aussi eu ce très jeune homme, de mon âge à peu près, parti pour un tour du monde en solitaire afin d’en apprendre plus des cultures étrangères. Leur relative insouciance était comme un bol d’air agissant efficacement pour masquer la raison principale de nos voyages sans fin. La fuite, une fuite en avant nécessaire pour ne pas se retourner. J’étais habituée à devoir mentir sur mes raisons mais la sincérité de ce jeune homme, dont le voyage n’était motivé que par ses propres désirs et son humilité, m’a profondément touché. Alors je lui en ai dit davantage :

Je lui ai parlé de Matt, d’abord. Un homme que j’ai suivi depuis ma plus tendre enfance et qui jusqu’à présent demeurait mon étoile du Nord dans la nuit. Je lui ai parlé des nombreuses fois où cet humain s’est démené pour me protéger, de ses baisers et de sa douceur. De nos disputes et son caractère parfois un peu colérique et solitaire.
Puis, j’ai abordé le nom de ces quelques personnes ayant eu un impact sur ma personne actuelle. Des personnes de passage et des vieilles connaissances. J’ai même parlé de l’orphelinat. De ces moments perdus, du jour où j’ai appris que tout était terminé. De ces années plus tard, qui ne remontent pourtant qu’à quelques semaines, où mes pas m’ont ramenés non loin du bâtiment actuellement occupé par des hommes aux pensées radicalement opposées. Sans lui préciser pour autant qu’ils tuent, qu’ils torturent. L’humanité innocente n’avait guère besoin de le savoir.
Il m’a demandé si mon ancienne vie me manquait. Je n’ai pas répondu et le silence a tranché après mon discours enflammé. J’ai réfléchi, longuement et ses yeux noisette m’ont fixé tout du long, en enveloppant sa présence autour de moi comme une couverture chauffante. J’ai eu un doute sur sa nature magique avant de comprendre qu’il devait cette particularité à son extrême bienveillance. Poussé à m’envoler par des ailes transparentes aux nervures argentées, j’ai répondu :

-Je voudrais retourner là-bas et enseigner.
-Quelle matière ?
-Je ne sais pas, peut-être la géographie. Ou la survie.

Le garçon a sorti son harmonica et s’est mis à jouer sans me répondre. Une fois la mélodie retenue, j’ai cherché des paroles et me suis mise à chanter par-dessus. Il m’a complimenté sur mes compétences en chant et j’ai préféré le prendre à la rigolade, certaine d’être rouillée depuis le temps. Puis nous nous sommes souris et nous sommes quittés.
La musique ?

J’aurais aimé lui parler des gens qui nous poursuivaient. Du sang qui avait recouvert mes mains depuis, des gens que j’avais été forcée d’éliminer sans le vouloir, pour assure ma propre survie. J’aurais aimé lui parler de ma douleur à m’endormir parfois, des cauchemars et de la fraîcheur de la nuit, de la brûlure des plaies physiques et psychiques, des pleurs incontrôlées lorsque l’odeur des chèvrefeuilles en fleurs sur les murs des clôtures de l’orphelinat ont percé mes narines et ramenée au souvenir des jours meilleurs. Du cerisier abattu durant la guerre, dont tant d’enfants ont pourtant profité, des dizaines de capsules temporelles encore enterrées dans le jardin. De ma frustration à n’avoir pas pu m’approcher.
Je me suis endormie avec mes non-dits.

Le lendemain m’a poussé à quitter la petite auberge et ces histoires par milliers. Je me suis étendue dans les hautes herbes, songeuse. Je suis restée ainsi longtemps, profitant de l’énergie du sol pour me laisser porter dans la quiétude des montagnes, chatouillée par les fourmis, les carabes et toute l’infinité du petit monde. Loin, si loin de nos préoccupations d’humains, des guerres, de la cupidité.
Le monde est beau.

Jusqu’à ce que mon téléphone ne sonne. Les papillons s’envolent. Ceux dans mon ventre également. SMS. Trois lettres dépourvues d’humanité. Symbole d’une technologie avancée où l’on privilégie toujours plus le robot.
« Nephilim, je dois te voir. Donne-moi le nom de la grande ville la plus proche de ta position. »
Numéro privé. Pas même inconnu, non, numéro privé. Impossible d’appeler, juste de répondre. La probabilité de recevoir un numéro autre que celui de Matt est hautement faible.
« Qui êtes-vous ? »
Vingt secondes d’attente. Le temps ne m’a jamais paru si concret.
« Tu me reconnaitras au premier coup d’œil. Donne-moi une adresse. N’importe laquelle, j’arrive. »
S’il s’était agi d’une écriture manuscrite, emballée dans des odeurs et des sentiments, serais-je parvenue à en déceler l’origine ? La frustration se mêlant à la curiosité, j’inspire profondément et ramène mon torse à mes genoux pliés. Les mains en embrassade de ces jambes tant sollicitées.
« Café siabod, Capel Curig, sur l’A5. »

Les lettres sont écrites, envoyées vers sa destination. Je me lève, époussète mes vêtements, charge un petit sac à dos du minimum vital, une bouteille d’eau, de l’argent, un sandwich, un téléphone, un pistolet automatique et ma vie roulée en quatre. Je soulève les jambes de ma petite vingtaine d’années et me voilà partie pour 2h30 de marche.
Qui pourrais-je reconnaître au premier coup d’œil ? Beaucoup de monde, trop de monde. J’avais tué au même titre que j’avais aidé. J’ai réglé des histoires de familles, des désirs d’indépendance, redonné du souffle à des jeunes en fin de course. Venait-on pour me remercier ? M’en vouloir ? L’endroit était assez désert pour me donner l’occasion de fuir, assez fréquenté pour me mettre en sécurité.

La descente des montagnes fut comme un chemin de croix, les pensées dans le passé, le corps dans le présent et le futur dans l’âme. Le passage des sentiers étroits et peu pratiqués à la route et au goudron. Aux voitures mais avec la nature tout autour.

L’aperçu du panneau « SIABOD » me ramène instantanément à la raison de ma présence. Deux grandes bouffées d’air viennent calmer ma crainte naissante mais la vigilance vient appuyer sur mes cervicales comme une amie un peu trop étouffante. Quatre voitures sont rangées sur le parking, dont deux aux plaques étrangères. Je m’approche du café sans y entrer, attentive aux visages qui discutent entre eux. Personne. Il ne s’agit que d’inconnus. Serais-je tombée dans un piège ? Attends-t-on que je reparte pour me mettre une balle dans la tête ? Ou bien Matt me fait-il une blague ? Peut-être cherche-t-il à tester mes capacités.
Quoiqu’il en soit, je ne pénètre pas dans la bâtisse. Si côtoyer les sorciers noirs m’a bien appris quelque chose, c’est qu’ils n’hésitent pas à effectuer leur besogne avec ou sans témoins. Au final, il ne reste souvent plus personne.
Je patiente, aux aguets.
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Ren Takahata
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MessageSujet: Re: Passage de niveau 9&7 | Long time no see   Passage de niveau 9&7 | Long time no see EmptyDim 17 Mai 2020 - 21:57


"Long time no see"


Ça me semblait être hier, ce jour où j'ai poussé les portes de l'orphelinat, où j'ai pu sentir toutes ces odeurs, les enfants courir entre mes pieds, les pauses café en salles des professeurs. Les rires et puis les pleurs. Mais c'était il y a 5 ans.



« Tu ne sais pas encore,
Ce que je sais par cœur. »


C’est aux alentours de Birmingham, à mi-chemin entre le quartier général et ma destination, plus ou moins confortablement installé à l’arrière d’un taxi, que la situation a semblé m’échapper. Je courrais droit au mur, entraîné par la fougue d’une vie passée aujourd’hui terminée. A quoi bon me jeter aux frontières du Pays de Galles si c’était pour errer par la suite. Il me fallait un plan solide, réalisable et rapide d’exécution. C’est en focalisant mon attention sur mon téléphone que la solution m’est apparue. Après quelques appels spécifiques à mon service de sécurité au Japon, j’ai pu mettre la main sur le numéro de téléphone de Nephilim. Une suite de chiffres qui pourtant changerons nos vies à tous les deux.

Je n’ai pas hésité à la contacter.
Quelques mots, une réponse logique. Qui suis-je ? Allait-elle seulement répondre à mon appel si je lui donnais mon identité ? Préférant miser sur une précaution extrême, j’ai plutôt tenté d’appâter sa curiosité. Fort heureusement, ma technique a fonctionné et je me suis rendu à l’adresse indiquée.
En tout cas, jusqu’à ce que le taxi ne tombe subitement en panne entre nulle part et nulle part, comme une prévention du destin de faire demi-tour. Mais le destin n’est qu’un futur que l’on laisse au bon vouloir des autres et je ne suis pas de ces passifs gens-là. Alors, non sans avoir sincèrement maudit ce véhicule inutile et son chauffeur pas assez prévoyant pour éviter une panne, j’ai fini par me lasser d’attendre la dépanneuse et ait été forcé de faire du stop.
Du. Stop.
Jamais dans ma vie de PDG je n’ai eu à faire du stop et ça n’a en rien favorisé ma compassion pour le chauffeur de taxi. C’est un conducteur sympathique qui, après vingt bonnes minutes d'attente au moins, m’a pris dans sa petite voiture familiale, évidemment pleine à craquer de gens, de deux enfants en bas âge tout sauf mignons et d’une femme fumant à l’avant. Ça m’a affreusement donné envie d’en tirer une d’ailleurs. Ils m’ont déposés dans une « grande » ville à ma plus grande joie, libéré de cet endroit trop étroit. Ça ne m’a pourtant pas empêché de leur livrer un sourire mesuré et reconnaissant.
Les trajets se sont enchaînés ainsi de suite et c’est au cours du dernier que j’ai décidé d’appeler un de mes collaborateurs afin de lui emprunter une berline avec chauffeur pour le retour. Il était tout à fait hors de question que je revive cet enfer une fois encore.
Tout semblait si sale ici. Les odeurs, les textures, les restes de chips grasses sur les accoudoirs, la vie des gens dans laquelle je ne voulais pas mettre mon nez mais qui en revanche voulaient tout connaître de moi, des raisons de mon absence d'accent malgré mon physique étranger. J’ai acheté le silence du dernier pour quelques billets, avec l’espoir d’en finir une bonne fois pour toute.

Puis la montagne est enfin apparue et nous nous sommes mis à monter jusqu’à parvenir à un semi-plateau. De la verdure à droite et à gauche, des maisons très rares et au milieu le fameux bar. Un bar basique, avec une devanture basique, dans un endroit basique.

Et puis Nephilim. Elle et sa chevelure n’ont cessée de grandir et je me rends à présent compte qu’elle n’est plus cette enfant que j’ai quitté des années auparavant. Son regard est clair, sa détermination l’entoure d’un halo protecteur et elle me semble si radieuse, emplie de l’énergie de la jeunesse. La voiture se gare sur le bord de la route, prête à poursuivre son voyage et le bonhomme se retourne en posant sa main sur l’appui-tête du co-pilote. Je suis à l’arrière.

« J’vous laisse là du coup.
-Merci. »

Deux uniques échanges sur vingt minutes et me voilà sorti de la voiture, mes lunettes de soleil sur le nez dans une village inconnu des étrangers. La mèche blonde barrant mon visage retrouve sa place en arrière. J’essaye de trouver mon attitude d’exorciste mais le silence est le seul à me répondre.
Puis une vérité aigre-douce : tu n’es pas un exorciste.
Je ne suis pas un exorciste, non. Je suis un professeur réformé, qui abandonne ses liens pour protéger les siens, le sang de son sang et la chair de sa chair. Je ne suis pas un exorciste qui a vécu la guerre, encore moins qui souhaite la vivre maintenant. Je suis trop ancré dans le monde des non-doués pour pouvoir m’autoriser ce genre d’excursions sur de trop rares vacances. Je ne piétinerai sur mes années de travail pour faire plaisir à Orpheo ou même le monde magique.

Dans cette histoire, Nephilim est un échange. Un contrat où chacun donne une fleur à l’autre et où les deux parties en ressortent vainqueurs. Qu’elle décide d’accepter le marché de l'Ordre ou non, cela ne me concerne nullement. Je me contente d’être un rabatteur débile et pénible.
Pourtant, lorsque nos deux regards finissent fatalement par se croiser, je me surprends à ressentir une pointe de culpabilité. Et de douleur. Mon discours préparé et mûri bien à l’avance s’éparpille à mes pieds et je me retrouve pris au dépourvu face à une femme de presque… vingt ans ?
La meilleure solution restante encore et toujours la distance, je ferme les yeux, soupire d’un air lassé et retire mes lunettes tout en m’approchant d’elle, de nouveau plongée dans ses yeux clairs.

« Ça fait longtemps, Nephilim. »

C’est en prenant le temps de la détailler qu’il m’est finalement possible d’établir un pseudo état de sa vie actuelle. Les quelques mots de l’ordre de missions n’ont pas l’air de s’être trompés. Elle est une vadrouilleuse aguerrie, son visage est propre mais attaqué par les rayons du soleil, du froid, ses traits de la dureté des conditions. Ses vêtements sont extrêmement passe-partout, peut-être même un peu trop, fatigués d’être portés et trop sollicités. Elle porte des chaussures de randonnée probablement très confortables, s’est attachée les cheveux et ses mains rosées et sèches n’ont plus le teint pâle de ses jeunes années.
C’est une femme que je ferais bien de ne pas sous-estimer. Après tout, j’ai cru comprendre qu’elle échappait régulièrement à des sorciers noirs et des exorcistes. Si elle se trouvait aujourd’hui devant moi, c’était uniquement grâce à sa curiosité.

« Comment vas-tu ? »

A vrai dire, rien n’indique qu’elle me répondra, mais annoncer immédiatement mon but risquerait d’abaisser toutes mes chances de l’inciter à me suivre. On fera avec.


Dernière édition par Ren Takahata le Lun 18 Mai 2020 - 11:55, édité 1 fois
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Admin | Petite vadrouilleuse
CITATION DU PERSONNAGE : Entreprendre quelque chose peu prendre des annees, Alors que détruire ne prend seulement que quelques secondes

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MessageSujet: Re: Passage de niveau 9&7 | Long time no see   Passage de niveau 9&7 | Long time no see EmptyDim 17 Mai 2020 - 22:02


"Long time no see"



Qu'on choisisse de s'arrêter ou d'avancer, le temps ne cessera jamais d'avancer. J'ai choisi d'avancer. Jusqu'à ce que la mort me sépare de mon corps.



Patientant sur le rebord du parking, je compte silencieusement les allers et retours des fourmis sous mes pieds. Elles s’activent et la mort sous mon talon ne semble pas les effrayer plus que de mesure. Elles font ce pour quoi elles ont été créées et ne s’occupent de rien d’autre. Il n’y a que les humains pour se poser des questions existentielles, se demander pourquoi la terre est ronde, pourquoi suis-je née et surtout que dois-je faire. Est-ce que ma vie de bohème finira un jour ? Vais-je me faire tuer aujourd’hui ? Libèrera-t-on un jour l’orphelinat ? Ce jeune homme sera-t-il toujours là à mon retour à l’auberge ? Rentrerai-je seulement ? Matt en aura-t-il fini ? Me parlera-t-il un jour de ses préoccupations les plus sombres ?

J’ai presque autant d’interrogations que le nombre de fourmis à mes pieds.
Et le temps qui passe.

Je songe un instant à une blague. Après tout, bien que je n’aie plus tout à fait la notion de vitesse de déplacement en voiture, il me semble qu’en deux heures trente, on peut abattre pas mal de kilomètres. Nous sommes au Pays de Galles, pas aux Etats-Unis, les distances sont sommes toutes relativement courtes, alors j’estime ne pas avoir besoin d’attendre plus longtemps.

Mais c’est à l’instant où le temps si loin semble enfin avancer qu’il décide brutalement de me ramener en arrière. Non pas de quelques secondes ou de quelques minutes. Non. De quelques années. De trop nombreuses années. Une voiture se stoppe sur le bord de la route, trop pressée sans doute pour faire un demi-tour sur le parking ou prendre le soin de se désaltérer au bar. Je m’attache au visage de la personne à bord. Personne qui me soit familier.
Mais c’est alors que la portière arrière s’ouvre. Que des mèches blondes sur un visage anormalement jeune, anormalement inchangé, aussi lisse et imperturbable que l’individu dans ce corps, apparaissent brutalement dans mon champ de vision. Fichue capacité que nous, doués, avons à rester physiquement les mêmes au travers des années. Les souvenirs me reviennent comme on jette les tomates à un mauvais acteur. Ou à un homme qui n’a volé qu’un morceau de pain pour se nourrir et qui finit par se faire lyncher par ceux qui ont tout.

Ren.

Son nom me laisse un goût amer sur la langue. Ren et le reste du monde puis Ren, sa famille et le reste du monde. Cette vision me dégoûte. Ma curiosité me dégoûte. La terre prend des airs de boue et mes pieds y sont pris comme dans un étau. Tout à l’air dorénavant de se jouer en nuances de gris et je regrette d’avoir eu à donner de mon temps, de ma compagnie à cet homme qui comprend son entourage dans une équation toute simple. Moi = Toi. Moi/Toi = 1. Quoiqu’il arrive, il y aura toujours une séparation nette. Miyaki a été la seule à briser ses barrières. Et encore. Ren n’a jamais aimé quelqu’un d’autre que Ren.
Un imbécile.

Il retire ses lunettes en soupirant. Les quelques lettres assemblées sur le SMS me paraissent dorénavant si superficielles. « Besoin » de me voir ? Ah. Non, « Devoir ». Pourquoi se serait-il déplacé aussi loin de son cocon familial pour me voir, moi, si ce n’est pour une raison officielle, cadrée ? Obligatoire.
Mon pouvoir vient grésiller à mes tempes, m’incitant à une grande prudence. Je soupire à mon tour, fidèle aux agissements de mon précédent tuteur. Vois-tu comme j’ai appris en ta compagnie ? La distance entre nos corps n’est pas celle de nos esprits et j’accuse une seconde fois sa froideur trop marquée, désagréablement naturelle.
En presque dix ans, il n’a pas changé d’un pouce. Il n’y a que son regard fatigué qui trahisse un emploi du temps encore certainement trop chargé.

« Ça fait longtemps, Nephilim. »
-Professeur.

Je hoche la tête.
C’est le vide dans ma tête, mais le calme avant la tempête. Je réfléchis aux secondes qui me restent jusqu’à la fin de cet interrogatoire. Du couple finlandais et de leur voyage au Japon, dans les montagnes verdoyantes, les toitures incurvées et les jardins zen. Les petites îles où culminent les temples et les ruraux accueillants qui vous partagent leur repas du soir ou vous proposent à boire. Des gens qui ont la notion du travail de la terre, des plantes qui vivent et meurent, qui développent parfois des maladies.
Et Ren. Ren bien au-dessus de tout ça. Riche. Dont le futur tout tracé d’être la reine parmi sa fourmilière l’incite à ne voir personne d’autre que des menaces ou des gens sans importance. Je ne me gêne pas pour lui envoyer une vague de ressentiment silencieuse.

« Comment vas-tu ? »

La tentative ratée me force à lâcher un rire jaune. J’ignore tout de sa vie. Tout s’arrête lors de son départ. De quelques « Je dois partir. J’ai prévenu ton père. ». Pas d’excuses, à peine un « sois forte », un nom pour le remplacer mais qui n’est jamais arrivé. Et puis plus aucune nouvelle. Ni avant, ni après la prise du Mystery. Et si j’étais morte ? Et comment m’en étais-je sortie, d’ailleurs ? Ces mots auraient dû être les premiers à sortir, des années de cela. J’aurais presque été tentée d’y répondre, de lui pardonner ces années d’ignorance s’il s’était enfin décidé à les prononcer.
Mais non. Rien de plus qu’un « comment vas-tu » qui débouchera sur un coup mental de « je m’en fous ». Je serre les poings et songe à lui lâcher une petite onde pour ébouriffer ses cheveux, tâcher son costume impeccable, qu’importe, le faire réagir et le rendre humain. Ce jeune homme à l’auberge parviendrait-il à exploiter ses dons sur cette carapace vitreuse et sans accroche ?

-Cet environnement ne vous correspond pas du tout, professeur. Vous aviez quelque chose à me dire ?

Bien sûr qu’il n’était plus professeur. A vrai dire, même si l’orphelinat venait un jour à être repris, je n’accepterai jamais que cet homme y pose ses pieds. Je n’ai pas pu défendre l’orphelinat et m’en suis toujours voulu, mais sans doute étais-ce mon destin de ne pas y participer. C’était une chance d’être présente le jour de la récupération. Je me sens prête aujourd’hui à relever le défi.
Je décide de me rassoir confortablement sur le bloc en béton. Où que cette petite réunion nous mène, elle risque de ne pas prendre le bon chemin.
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MessageSujet: Re: Passage de niveau 9&7 | Long time no see   Passage de niveau 9&7 | Long time no see EmptyVen 22 Mai 2020 - 15:58


"Long time no see"


Ça me semblait être hier, ce jour où j'ai poussé les portes de l'orphelinat, où j'ai pu sentir toutes ces odeurs, les enfants courir entre mes pieds, les pauses café en salles des professeurs. Les rires et puis les pleurs. Mais c'était il y a 5 ans.



« Si seulement la vie était
Un long fleuve tranquille. »


Toutes les histoires n’ont pas de fin. Se séparer d’une personne n’est pas nécessairement synonyme d’adieu. Pourtant, c’est ce qui dans ma tête est resté le plus clair. L’Ecosse est restée dans mes bagages à mon arrivée à Kyoto et je ne les ai plus jamais ouvertes. C’est devenu ma boîte de Pandore, entreposée dans un coin du grenier et toujours capable de libérer des plaies dont je me passerais bien.
Comment étouffer la culpabilité ? Comment revenir en arrière ? Me croirais-t-on si je demandais pardon ? En serais-je seulement capable ? Non, malgré toutes ces années passées en tant que président, au fond je n’ai pas changé. Je fuis les situations trop sentimentales, je blesse en premier pour ne plus jamais espérer et j’égorge ma tristesse pour ne montrer que la froideur, l’impassibilité. Que rien ne m’atteint.

A voir Nephilim, c’est pourtant tout un flot d’émotions incontrôlables qui me traverse. Particulièrement les quelques heures qui ont précédé mon départ final, les questionnements d’abord, la certitude de faire une erreur, le choix que je n’ai pas eu et puis la dérision de ma situation pour enfin terminer sur un soupir à fendre les âmes. Vaincu. J’ai mal agi, oui, mais jamais je n’ai eu le choix que de suivre les traces de mon père, de ma famille, de cet héritage trop lourd. Ça aurait été trahir leurs espoirs, anéantir leurs efforts. Tous ceux qui m’ont connu le savent : ma famille vient avant tout le reste, y compris mon bonheur ou celui des autres.

-Professeur.

Sa voix me paraît sortie d’un songe. C’est à peine si je reconnais le timbre, à peine si je m’en souviens. Nephilim, petite Nephilim devenue grande, indépendante, qui va de l’avant. Bien loin de celle que j’ai connue, qui s’exprime au pluriel et est poursuivie par son petit fennec. Depuis le temps, ce dernier doit être mort. Tout comme une part d’elle-même. C’est ce que son ton me laisse clairement entendre. « Ne t’approche pas ». Ne pénètre plus dans ma sphère privée. J’esquisse un maigre sourire, malgré moi un peu moqueur. Il semblerait qu’elle soit la première à me rappeler à l’ordre de mes devoirs.

Ça ne m’empêche pourtant pas de lui demander par quelques petites phrases de politesse son état actuel, bien que mon observation me suffise pour définir grossièrement son rythme et train de vie. Et c’est alors qu’elle rit. D’une drôle de manière, qui retient quelque chose d’amer et de désagréable. Il semblerait que même les plus basiques politesses lui sont étrangères. Comme elle le souhaitera.

-Cet environnement ne vous correspond pas du tout, professeur. Vous aviez quelque chose à me dire ?

Ne me correspond pas ? Je reste immobile un instant sans comprendre puis songe à la berline qui, je l’espère, ne tardera pas trop à arriver dans le cas où notre entrevue ne soit écourté. Un endroit qui ne me correspond pas. Pourtant, des années auparavant, toute cette vie, cette verdure, cette liberté aurait pu me plaire. Les enfants y auraient grandi sans problème, avec les aléas de la vie à la campagne, des bêtises que l’on y fait, des retours le soir pleins de boue, des choses dangereuses que l’on n’avouerait qu’une fois adulte, du côtoiement familier des animaux. Toutes ces choses que les orphelins du Mystery expérimentaient. Et nous les adultes, pas totalement parents, pas totalement professeurs, nous étions là en cas de panique, pour aider à dormir, aux devoirs, à la vie stable et agréable.
C’était un bon moment.
Un moment passé.

Rien ne vient trahir sur mon visage la mélancolie dans mes pensées. Nephilim. Jeune fille de bonne famille rabattue à devoir fuir pour sauver sa vie ? Je capte à ce moment que ma question s’est évanouie dans son esprit et ne lui a octroyé rien d’autre qu’un rire étrange. Je suis tenté d’insister puis me retient. A quoi bon essayer de l’énerver davantage pour des choses qu’elle ne souhaite pas m’apprendre ? La fille a toujours su se montrer très têtue et m’enquérir de son état ne fait pas partie des ordres. Pas le choix, toujours des ordres n’est-ce pas.

J’acquiesce finalement.

« En effet. Orpheo m’a chargé de te demander de te présenter au QG. Ils ont visiblement besoin de toi. »

Tout comme ils ont besoin de moi. Et besoin d’à peu près tout le monde en ces temps troublés. Les choses finiront bien par se tasser dans le temps, mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour. Il est vrai que j’aurais dû lui préciser les raisons de cette demande, mais considérant l’efficacité de jouer sur sa curiosité, je préfère encore rester le plus vague possible. Il est tout à fait certain que Nephilim désire couper court à cette conversation le plus vite possible, alors autant lui faciliter les choses.

« Tu as le choix de faire le chemin retour avec moi ou m’assurer que tu te rendras là-bas. »

Je me doute tout à fait de sa réponse mais la voici au moins avec la totalité des informations. Les trois quart de mon travail sont faits, il ne me reste plus qu’à obtenir sa réponse et nous pourrons nous séparer. Je pourrais de nouveau enterrer ce passage dans mon esprit, suffisamment profondément pour qu’il ne refasse jamais surface.
Jamais.
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MessageSujet: Re: Passage de niveau 9&7 | Long time no see   Passage de niveau 9&7 | Long time no see EmptyJeu 11 Juin 2020 - 11:37


"Long time no see"



Qu'on choisisse de s'arrêter ou d'avancer, le temps ne cessera jamais d'avancer. J'ai choisi d'avancer. Jusqu'à ce que la mort me sépare de mon corps.



Le vent tourne brutalement et l’épais mur en PVC disparaît dans son sillage. L’odeur du japonais parvient jusqu’à mes narines et je me surprends à voir que ça non plus, ça n’a pas changé. Malgré son travail, malgré les centaines de parfums accumulées dans son entreprise, Ren a toujours l’odeur de Ren. Un parfum bien particulier ou un mélange, peu importe, une odeur paradoxalement faible mais animale. La même odeur que son Lui léopard, moi sur son dos, les mains enfouies dans l’épaisse fourrure, en plein mois de décembre avec la neige qui tombe et le blanc éparpillé au sol. Moi qui crie pour qu’Idgy parvienne à nous suivre malgré la cadence infernale de mon tuteur. Moi qui ris, puis moi qui pleure. Lui qui redevient humain et me prend dans ses bras pour me rassurer. Des moments après tout décidément rares mais dont je ne parviendrais jamais à me défaire. Ren n’a pas seulement été un tuteur pour moi, il a été un père, un frère, mon premier prince charmant, le superhéros que personne n’aurait pu imaginer. Une personne aussi distante que sincère dans ces moments privilégiés où l’on a l’impression que tout s’arrête, même le temps.

Pourquoi y’a-t-il fallu qu’il étouffe tout cela ? Pourquoi ces yeux bruns me paraissent-ils plus glacial que ses prunelles d’origine presque blanches ? Je serre les poings sur ces souvenirs, espérant au moins secrètement qu’il sache et puisse donner suffisamment d’amour à sa propre famille, ses propres enfants. Chanceux. Enfants.

Il acquiesce d’un air détaché. A peine pourrais-je entendre un « Ah oui » sans réel intérêt. Une mission. Je lui offre une discussion brève, avec l’espoir vain de déclencher ne serait-ce qu’une vague prise de conscience de sa part. Mais non, il s’y engouffre tête baissée, pas même convaincu d’un double-sens évident, douloureux absent d’une tentative de reprendre contact.
Est-ce seulement trop dur de dire « tu m’as manqué » même une fois durant ces longues années ?
Imbécile.

« En effet. Orpheo m’a chargé de te demander de te présenter au QG. Ils ont visiblement besoin de toi. »

Orpheo a tenté de reprendre contact avec moi, mais s’est-il seulement une fois présenté à mes heures les plus sombres, alors que Matt et moi luttions jours après jours pour notre survie ? S’est-il présenté une seule fois lorsque les sorciers noirs nous attaquaient ? De quel droit Orpheo peut-il me demander de revenir parmi eux lorsqu’ils n’ont pas levé le petit pouce pour me maintenir en vie ? Comment même peuvent-ils espérer que je puisse changer d’avis parce que mon tuteur m’en fait la demande express ? Ont-ils sincèrement tout misé sur une probable liaison réduite en miettes ? Je fronce les sourcils de mécontentement, face à Ren, face à Orpheo, face à toutes ces personnes en qui j’ai cru et qui m’ont déçu.

« Tu as le choix de faire le chemin retour avec moi ou m’assurer que tu te rendras là-bas. »

Il ressent mon aversion et, bien confortable dans son rôle, s’apprête à couper court aux négociations. Je connais son entêtement et pour cela, je ne compte pas me lancer dans un long débat. Si me rendre à l’organisation est la seule chose qui compte, alors soit. On ne me retire pas ma liberté, on me propose simplement une alternative pour les mois à venir. Et Matt dans tout ça ? La simple évocation de son nom réchauffe mon cœur avant de le sécher comme un linge. Son absence commence à m’inquiéter, mais rien ne transparait dans mon regard. La tortue reste toujours dans sa carapace lorsqu’un ennemi approche. Je resserre ma queue de cheval et me prépare à faire face à l’envahisseur.
Quoiqu’il advienne, j’aurais mes conditions. Qu’on ne fasse pas de mal à Matt, pour commencer, peu importe ses croyances. Je refuse d’avoir à me séparer de lui pour faire plaisir à une institution qui m’a abandonné. Deuxièmement, je ne les rejoindrai pas. Je n’interviendrais pas dans les luttes opposant sorciers noirs et exorcistes, j’ai déjà bien trop à faire au quotidien.

Je me saisis de mon sac et le pose sur mes genoux avant de fouiller son contenu. Il doit bien y avoir un marqueur là-dedans, non ? J’effleure le pistolet automatique, en songeant au nombre de fois où j’ai dû m’en servir. L’innocence s’est enfuie trop tôt, beaucoup trop tôt. Finalement, je trouve un stylo perdu dans une des poches. Sale, tout brun, un test rapide sur ma paume me signifie un état fonctionnel. Tant mieux.
Le bouchon dans la bouche, je dis :

« J’irai, mais seule. S’il te faut une certitude, je peux m’inscrire une rune de promesse. »


Ça devrait suffire. Puis nous nous séparerons, le vent soufflera vers d’autres horizons, des destins où nous ne nous rencontrerons plus jamais. Où je n’aurais plus à faire face à ce « comment vas-tu ? » dépourvu d’intérêt et à ces réminiscences d’un passé révolu. Ren et Nephilim n’ont jamais rimé, malgré tout mes efforts pour chanter juste, malgré toutes ces heures passées en salle de musique à me sentir virtuose dans nos quatre mains au piano. A me sentir forte et protégée dans cette bâtisse perdue.
Une bâtisse à faire renaître.

Inspirant profondément, je dépose la pointe du stylo sur le dos de ma main et commence à tracer une rune d’ordre quand une drôle sensation vient parcourir mon dos. Ce frisson caractéristique des réveils en pleine nuit, d’un cauchemar qui ne tardera pas à devenir réel si je ne détale pas immédiatement. Un instant puissant et rarement faussé. Je tourne discrètement la tête, stoppant l’écriture de la rune et aperçoit trois individus près d’un 4x4 usé par la route. L’un d’eux nous observe du coin de l’œil et je m’empresse de faire mine d’observer un oiseau pour échapper à sa présence. Ça ne risque pas de fonctionner très longtemps, étant donné l’aura agressive qui semble émaner du trio. Comment n’ai-je pu m’en rendre compte plus tôt ? Comment aurions-nous pu les blesser sans même leur parler ou même les observer ?
Je me fige subitement. Orpheo. Ren a parlé d’Orpheo. Ce qui doit vouloir dire que ces personnes ne sont pas étrangères à la magie. Comment ont-ils pu se retrouver ici ? Ai-je été suivie ? Non, je ne suis qu’une modeste sorcière, je n’ai aucune valeur, surtout sans Matt.

Puis je jette un coup d’œil à Ren et me fait frapper par l’évidence. Ce n’est pas moi qu’ils ont dans le viseur, mais lui. A s’exprimer aussi librement sur Orpheo, s’habiller comme le chef d’entreprise qu’il est sur une mission de terrain, il ne fait aucun doute qu’il pourrait être associé à une tête pensante de l’organisation.
Mais non.

Je m’intéresse alors à l’intérieur du café. Peu de monde. Pas le temps, il faut prendre l’initiative. Orpheo n’aura qu’à gérer les conséquences elle-même d’avoir voulu me ramener à sa cause.
Je range mon stylo, sort mon automatique et me lève en abaissant le canon dans ma poche, pochette improvisée. J’ai l’impression d’avoir effectué ce geste trop de fois.

« A terre ! »

J’inspire profondément et me tourne dos à Ren pour faire face aux ennemis. Il est temps de montrer que je suis une adulte. Que je connais mon pouvoir. Je ferme un instant les yeux et les rouvre brutalement en indiquant du bras tendu les trois personnes. L’onde de choc parcoure mon bras avant d’exploser au bout de mes doigts et déferler en ligne droite sur la voiture. Les voitures. Pardon aux innocents. Les caisses sur roues se retournent et les individus sont envoyés à quelques mètres.
Ça a marché, le café n’est pas touché. Ren non plus, malgré sa proximité.
Je souffle, épuisé, puis me retourne.

« Faut qu’on dégage fissa. »

Et sur ces mots, je saisis la main de mon ancien tuteur et coure à toutes jambes.
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MessageSujet: Re: Passage de niveau 9&7 | Long time no see   Passage de niveau 9&7 | Long time no see EmptyJeu 11 Juin 2020 - 11:40


"Long time no see"


Ça me semblait être hier, ce jour où j'ai poussé les portes de l'orphelinat, où j'ai pu sentir toutes ces odeurs, les enfants courir entre mes pieds, les pauses café en salles des professeurs. Les rires et puis les pleurs. Mais c'était il y a 5 ans.



« I’m about to break
To go crazy. »


Je compte les heures qui me séparent de mes enfants, les secondes avant que mon imperturbable calme ne commence à se faire balayer par un vent de tempête, d’une impatience jusque-là étouffée sous une montagne d’occupations. Dieux que le temps semble long lorsqu’on fait face à son passé, au regard accusateur d’une jeune fille devenue trop mature. Aux choses que l’on aurait pu faire mais qui ne se sont jamais produites. Dans le silence de sa réponse, je tente d’occuper mes pensées de choses diverses, du lancement de ce nouveau parfum, de ce rendez-vous avec une firme étrangère, de nos nouveaux clients. D’aller demander malgré moi comment se porte Miyaki et de faire face à son majordome toujours aussi furibond à mon égard. De changer le professeur de mathématiques de mes enfants.

« J’irai, mais seule. S’il te faut une certitude, je peux m’inscrire une rune de promesse. »

Je laisse échapper malgré moi une légère grimace de dégoût. Les souvenirs de mes « retrouvailles » avec Ian sont semblables à un dessert amer dans lequel on aurait caché des dizaines de lames de rasoir. Un gâteau que j’aurai, de manière justifiée, balancé aux ordures. Un déchet de plus sur mon tas de pensées.
Elle sort son stylo de manière machinale et je songe à quel point je suis déconnecté de ce monde-là. Qu’à une époque, me balader avec craie, marqueur et stylo faisait partie de mon quotidien, que les bandes de métamorphose n’étaient rien de plus qu’une deuxième peau, qu’une démonstration extraordinaire ne me tirait qu’un profond soupir et deux bonnes doses de patience. Je me demande où est passé cet homme aujourd’hui. S’il désire ne serait-ce que refaire surface. J’ai oublié à quel point ces sous-vêtements sont inconfortables, l’intérêt même de parfois délaisser le costume cravate pour un simple t-shirt et jogging, plus rapide à retirer.

Sans rien dire, je l’observe tracer sa rune. Ce sera la certitude pour Orpheo que j’ai bien effectué mon travail. Gentil Ren qui n’a plus l’habitude que lui soient donnés des ordres. Il me semble alors que Nephilim ralentit la cadence de sa nouvelle création. Je fronce les sourcils. Essayerait-elle de se défiler ? Pour avoir été dans la même situation quelques mois auparavant, je dois avouer qu’il me faut me préparer à n’importe quoi. Elle finit par m’observer, des tonnes de pensées agitant probablement son cerveau. D’une certaine manière, elle semble frappée par une logique elle aussi percutante. Puis, en rangeant brutalement son stylo, elle en sort une arme et je crains un instant qu’elle n’ait accumulée suffisamment de haine pour me tirer dessus. Auquel cas, à une distance aussi faible, je n’ai aucune chance.
La perspective de la mort dans un endroit si éloigné, pour une mission inutile, étire mes nerfs jusqu’à les faire craquer. Mais c’est alors qu’elle lance :

« A terre ! »

Je m’exécute tout en gardant mes yeux rivés sur son corps. Je ne suis donc pas la cible ? Elle dirige son bras vers un groupuscule rassemblé sur le parking et une bourrasque intense me force à décaler mes pieds pour ne pas tomber en arrière. Les voitures garées ne se voient pas offerts le même sort et se retournent sans ménagement, aussi légères que des plumes.
J’ouvre de grands yeux abasourdis. Ma première pensée est un blanc total. La seconde traite la jeune femme de tous les noms. La troisième constate les évidents progrès de son pouvoir, tant dans son intensité que dans la précision. Lorsque je repense aux élans de colère chaotiques soulevant de simples branches, je constate le chemin parcouru depuis toutes ces années. Elle se tourne, malgré tout fatiguée et je ne peux m’empêcher de laisser mes peurs s’exprimer :

« Mais tu es folle ! Qu’est-ce qui te prend ?! »

Attaquer des hommes et femmes discutant sur un parking, ça c’est une nouveauté. A-t-elle vécu une vie si horrible pour ne même plus accepter que d’autres personnes se trouvent dans son champ de vision, à faire leurs propres affaires ?

« Faut qu’on dégage fissa. »

Elle prend ma main et me force à entamer une course. Je ne comprends pas. Elle attaque des innocents et ne souhaite pas se faire prendre ? J’ai beau comprendre son évidence quant à l’éventualité de sorciers noirs présents ici, mais honnêtement, quelles sont les chances que cela arrive vraiment ? Comment a-t-elle pu, d’un simple regard, tout comprendre ? Ça me dépasse, d’autant plus que j’ai l’impression d’être une jeune jouvencelle posée en plein siège d’un château. Je déteste ça. Je déteste ces conflits de race, ces pouvoirs, cette magie qui nous rend si destructeur pour les autres et pour nous-même. Je déteste l’agressivité et ces capacités faites pour tuer, les gens a qui j’ai retiré la vie pour des valeurs différentes.
Je hais la magie et la menace qu’elle fait planer lorsqu’on la renie.

Des cris retentissent derrière nous, des cris d’horreur, mais je ne me retourne pas pour vérifier, lâchant la main de la jeune femme pour nous autoriser un élan plus important. Nous sommes rapidement poursuivis et je devine à la glace sous nos pieds que les ennemis sont effectivement des doués. Le sol devenu patinoire, nous tombons tous les deux sur nos derrières et je n’ai même pas la logique de me transformer. A vrai dire, je n’en ai pas l’envie. La dernière fois, c’était dans une atmosphère contrôlée et je serai bien sot de penser que la crainte ne m’habite pas en ce moment. Sans compter l’évidente raison de ne pas vouloir rendre mes vêtements inutilisables, je n’ai pas pensé à prendre des changes après tout. Et puis cette mission était censée être sans danger.

Les individus nous rattrapent et le melting pot de ras le bol est à deux doigts d’exploser dans mon esprit. Un ras le bol généralisé sur la magie, sur cette situation dont je ne veux pas mais qui s’agite comme un cercle vicieux pour me rappeler à mes origines. A l’éducation que je devrais donner à mes enfants pour qu’ils apprennent à vivre avec tout ça et comprennent qu’ils le transmettront à leur descendance. Qu’ils ne parviendront jamais vraiment à être comme les autres. Qu’ils ne se sentiront jamais aussi bien qu’avec ceux qui les comprennent, quand bien même cela les oblige à se mettre au service d’une organisation et d’effectuer des tâches que personne ne souhaite accomplir. Malédiction.

Nous sommes à terre avec une incapacité quasi-totale de nous relever et nos ennemis arrivent. Toujours plus près, certains de leur victoire, leur regard luisant de la phrase « mort ou vif ». Une haine bourdonnante se propage dans tout mon corps et je tends instinctivement une main vers eux, paume tendue. Il n’y a rien que je puisse faire, rien que je puisse dire, le léopard est endormi, la télépathie ne me serait d’aucune utilité et nous ne sommes pas blessés pour que je puisse tenter de nous soigner. Alors, je tends juste la main et mon ennemi prend évidemment cela pour une attaque. Un nouveau voile de glace nous arrive dessus, flèches piquantes prêtes à nous transpercer. Je passe une main devant Nephilim et ferme les yeux. Il n’y a que la détermination dans mon regard et la certitude d’en finir.
J’inspire profondément et laisse mon corps gérer le reste. Une fraîcheur épouvantable me traverse poursuivit par une tempête d’intensité moyenne. Le sol se décharge de sa glace et les piques fondent au soleil avant d’avoir pu nous atteindre, minuscule cristaux de neige. Mon cœur est à deux doigts d’exploser tant la magie oppresse mes organes. J’ouvre de nouveau les yeux et décharge le tout sans réfléchir. La glace s’échappe de mes doigts, par tous les pores de ma peau comme pour s’en détacher, sans manquer de me blesser au passage, poussé par les vestiges de l’ancienne onde de choc. Le glace vient tracer un arc de cercle devant moi et atteint les individus qui peinent à se défendre face à l’intensité de la réaction. L’une des pointes de glace vient d’ailleurs transpercer l’un d’eux.

Un violent mal de crâne me force subitement à me rouler en boule, tout en souhaitant ardemment récupérer l’air qui déserte anormalement mes poumons. Malgré tout, je devine que mon action ne sera qu’une diversion, aussi violente soit-elle pour mon corps actuel. Il faut fuir de toute urgence, mais le bruit aigu dans mes tempes m’empêche de me repérer.
Je grince des dents et me prépare à tout.
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MessageSujet: Re: Passage de niveau 9&7 | Long time no see   Passage de niveau 9&7 | Long time no see EmptyMar 22 Juin 2021 - 20:38


"Long time no see"



Qu'on choisisse de s'arrêter ou d'avancer, le temps ne cessera jamais d'avancer. J'ai choisi d'avancer. Jusqu'à ce que la mort me sépare de mon corps.



L’onde de choc dévaste tout. Belle magie destructrice. Chant de guerre poussé par le vent dans les branchages. Symphonie en fa mineur. Voilà la vie d’une jeune femme en fuite, vie qui semble aux antipodes de celle de ce père à qui la vie ne cesse de sourire. J’aperçois dans son regard l’incompréhension, l’humidité venant s’y loger pour contrer la soudaine bourrasque. Lui resterait-il encore des larmes à verser ? Pour moi ? Pour les enfants du Mystery ? Pour tous les abandonnés, disparus, pour ceux dont l’épitaphe ne mentionnera qu’un prénom.
Abandonné.
Ren, qui a abandonné l’autre le premier ? C’est toi, n’est-ce pas ?

« Mais tu es folle ! Qu’est-ce qui te prend ?! »

Mes dents grincent sous la pression de ma mâchoire. Je sauve ta vie. Contrairement à moi, il y a beaucoup de gens qui tiennent à toi. Une famille, des collègues, une entreprise. Des centaines, peut-être un millier de travailleurs. Aussi imbécile que tu sois devenu, aussi antipathique… Je n’ai pas la force de t’abandonner en retour. Toi et tes bouclettes tantôt dorées, tantôt brunes.
Le prince d’un ancien conte de fée.

Ma main est la première à prendre la sienne, chaude et moite. Quel effet cela te fait-il, de sentir le goût de la mort et de l’adrénaline effleurer ton cou ? Titiller tes narines ? Pour peu, un rire nerveux, un « bienvenue dans ton monde » s’échapperait de ma bouche.
Notre course s’accélère et son costume parfaitement taillé couplé à ma tenue de fortune virevoltent dans une danse rapide. Toutefois, avant que le sol ne se dérobe sous nos pieds. Mais pas le temps de rester à terre. Je m’empresse de me relever, par réflexe. Une main me harponne, hasardeuse d’abord, puis puissante, bloquant mes mouvements. Il tend son autre main vers le groupe ennemi et je hurle mentalement. Qui est le plus fou ? Qui est le plus fou de nous deux en cet instant ?! Rien ne s’échappe de ses doigts tendus mais l’invitation est envoyée. La stupeur tord les traits adverses et je me prépare de nouveau à lancer une onde de choc, la main sur mon automatique.
Quelle idée, mais quelle idée peut bien traverser l’esprit du japonais ?
Une gerbe de glace nous arrive en pleine face et je sens mon pouvoir s’activer autour de moi comme un bouclier. Il n’a pas l’énergie pour protéger une seconde personne pour la précision que demande cette formation. Et Ren est devant moi. Je n’aurais pas le temps de le devancer.
Je ferme les yeux. Pardon.
Pardon de n’avoir pu te protéger.

Mais l’odeur, la couleur, l’impact de la magie s’évanouit avant d’avoir pu nous atteindre. Avant de reparaître, parfaite copie couplée à l’odeur de ma magie, à moi, mais dans un autre corps, face à l’ennemi. Les flèches de glace tracent leur chemin, précises. Et Ren se tord. Et un ennemi tombe.
Que s’est-il passé ? Quelle magie est-ce là ?
La seconde d’inattention, d’effroi de nos ennemis me permet de me loger dans leurs esprits. J’y insuffle un peu plus la peur, la sidération. Une crainte violente, qui vous cloue sur place, qui vous défend d’effectuer le moindre mouvement. Je lance, oubliant la formalité, oubliant cette pseudo distance qui nous correspondait si bien, dans nos rôles respectifs, d’étrangers.

« Ren, REN ! Lève-toi. Enfuis-toi. Je vais les retenir. »

Un mal ronge mon crâne, mais j’ignore s’il est dû à mon pouvoir ou à la boule venue se loger dans ma gorge. Ren. Si facile à prononcer et si lourd pourtant. Pars. Disparais de ma vie. Ta mission est achevée. J’irai voir Orpheo. Ma main harponne à mon tour celle du japonais et je le lève de force. Mon don ne tiendra plus très longtemps.

« Tu ne seras qu’un poids lourd. C’est toi qu’ils veulent, alors change-toi et fuis, vite. »

Deviens cette panthère qui a tant animé mes journées, petite.
Tu t’en souviens encore, n’est-ce pas ?
Lorsque je tenais ta fourrure entre mes doigts.
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Admin | Don't waste my precious time
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Ren Takahata
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MessageSujet: Re: Passage de niveau 9&7 | Long time no see   Passage de niveau 9&7 | Long time no see EmptyMar 22 Juin 2021 - 21:55


"Long time no see"


Ça me semblait être hier, ce jour où j'ai poussé les portes de l'orphelinat, où j'ai pu sentir toutes ces odeurs, les enfants courir entre mes pieds, les pauses café en salles des professeurs. Les rires et puis les pleurs. Mais c'était il y a 5 ans.



« Fixe, pourquoi ce regard fixe,
L’esprit au garde-à-vous. »


Toutes mes pensées s’emmêlent mais sa voix, dans tout ce tumulte, à travers mes oreilles bourdonnantes d’abeilles, parvient à se faire un passage :

« Ren, REN ! Lève-toi. Enfuis-toi. Je vais les retenir. »

Et puis.

« Tu ne seras qu’un poids lourd. C’est toi qu’ils veulent, alors change-toi et fuis, vite. »

Je ne comprends rien, entre sa main dans la mienne, elle déjà debout et l’impératif dans sa voix. Mes muscles me brûlent et ça n’a rien à voir avec de banales courbatures. C’est magique, c’est un flux qui pulse d’avant en arrière, comme l’adrénaline qui m’incite à me lever à mon tour.

Un poids lourd. Un poids mort. Peut-être bien que dans ma tenue, dans ma vie actuelle, je ne suis d’aucune utilité. Mais mon endurance, elle, témoigne de ces longues années à m’infliger runes de blocage, à maintenir ma forme fusionnelle dans mon carcan d’incertitude. Durant plus d’années que j’aimerais l’avouer, j’ai résisté à tout cet afflux de magie, la faisant circuler en circuit fermé. Alors ces douleurs, cette frénésie, ce n’est finalement pas grand-chose par rapport à une période passée à se voiler la face et se maintenir en laisse.
Il est finalement si facile de laisser exploser sa rage.

Alors poids mort.
Non, Nephilim, je ne te laisserai pas me dire que je suis un poids mort.
Ni même que tu dois les ralentir pour me laisser fuir.

Ma main quitte la sienne et j’inspire profondément. La fourrure se loge sous ma peau et explose, elle aussi. Peu m’importe la raison de ce nouveau pouvoir. Peu m’importe s’il est exceptionnel ou dorénavant permanent. C’est un déchaînement et à mon évidente fatigue se superpose une autre émotion, simple. Sérénité. En plein combat.

Me voilà sur mes quatre pattes et Nephilim en avant-plan, petite muraille me séparant de nos assaillants. Mes vêtements sont étendus à terre et je saisis dans ma bouche le téléphone avant de l’écraser entre mes dents. Je ne pourrais pas m’en saisir, autant le détruire immédiatement. Nephilim en possède un, j’aurai tout le temps de prévenir mon chauffeur lorsque nous aurons semés nos poursuivants. En parlant d’elle.

« On m’a demandé de te ramener en vie. »

Ma voix un peu plus caverneuse me fait prendre conscience de mon autre Moi, de cette bête si docile, dont j’ai pourtant épié le moindre mouvement des années durant. Sans me laisser une seconde supplémentaire, j’approche ma gueule des vêtements de la jeune femme et la tire à moi pour la forcer à passer sur mon dos. Mute immédiatement en okapi afin de lui offrir une meilleure assise. Elle n’est plus une enfant. Avec sa taille actuelle, elle risquerait de toucher le sol, le léopard n’étant un animal pas si imposant que ça. J’espère néanmoins qu’à travers nos chaleurs respectives, elle sentira l’odeur animale et que tout refera surface. Qu’elle sourira peut-être un peu aussi.

Qu’on en sortira vivant.

Elle s’agrippe, me crie des mots que j’ignore. Les hommes en arrière se remettent à nous poursuivre et elle se déchaîne une nouvelle fois, discret bol d’air sur mon dos, violente tempête pour nos ennemis. Elle a fait tant de progrès. Je n’entends rapidement plus rien, juste un vent naturel dans mes oreilles déployées. Nous ont-ils suivi ?

Je ne crois pas.
Ma course effrénée nous mène dans une forêt mais je ne ralentis que très peu.
Pour rattraper un temps perdu ?

Peut-être.
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MessageSujet: Re: Passage de niveau 9&7 | Long time no see   Passage de niveau 9&7 | Long time no see EmptyMer 23 Juin 2021 - 17:35


"Long time no see"



Qu'on choisisse de s'arrêter ou d'avancer, le temps ne cessera jamais d'avancer. J'ai choisi d'avancer. Jusqu'à ce que la mort me sépare de mon corps.



Quelques mots. Juste une phrase, prononcée par son autre voix, toujours si familière à mes oreilles.

« On m’a demandé de te ramener en vie. »

Je reconnais son ton, le léger accent provoqué par une bouche aux dimensions d’une gueule. Me ramener en vie, mais pour qui ? Pour moi, pour lui ou pour Orpheo et sa mission ? Parle-t-il de moi comme d’une ressource ou d’un être humain ? Je n’arrive pas à trancher et cette incertitude est une boule de plus dans mon œsophage. Pourquoi tout a-t-il l’air si compliqué depuis que l’enfant m’a lâché la main et qu’un adulte a pris sa place dans mon être ?
C’est pas drôle de grandir.

Sa prise sur mes vêtements, la pression qui me ramène à lui avant de sentir sous mes mains le passage de la fourrure épaisse à celle plus fine de son okapi, toutes ces sensations me font perdre le contrôle sur les sorciers. Peu m’importe de savoir qui ils sont. Pour quelle raison ils se sont trouvés là, au milieu de nulle part. Comment ils ont pu comprendre aussi vite notre liaison avec Orpheo. Ces personnes ont participé à faire renaître quelque chose d’enfoui, petite boîte de Pandore pourtant sans intérêt, gardée dans l’agréable chaudière de la nostalgie. Là pour toujours.

Mes doigts s’accrochent à sa croupe à défaut de me trouver dans le sens de sa marche et la légère pente de son dos m’indispose. Les sorciers se réveillent de leur torpeur forcée et je ne trouve rien de plus à faire que de leur envoyer une nouvelle tornade. La sueur glisse sur mes traits et seule ma détermination me permet à cet instant de me tourner face au sens de la marche, maladroitement.

Le vent file et je m’accroche désespérément pour ne pas tomber. Aucun de nos poursuivants ne semble posséder de pouvoir physique capable de se comparer avec notre vitesse actuelle. Une étonnante découverte, de nouveau. Lorsqu’enfin les arbres nous recouvrent, Ren ralentit.
Mais sans s’arrêter. Il continue à tracer son chemin, droit, comme une mécanique bien huilée. Est-ce qu’il a eu peur ? Difficile de jauger dans son regard d’animal une quelconque émotion humaine. De grands yeux noirs, profonds, reflétant la lumière.

« Tu peux me laisser là. »

Je me laisse de toute manière glisser le long de son dos une fois la cadence relativement apaisée. Il se tourne, s’arrête, mute en léopard. Je me demande un instant pourquoi il ne redevient pas humain puis remarque l’absence de bandes de métamorphose. Il me fixe, profondément, des ses pupilles rondes, mais ne dit mot. Sans être empathe, je devine pourtant une certaine tension. Un instant de pure sincérité déchiqueté par un impératif.
Il lance tout à fait brutalement :

« J’ai besoin de toi pour appeler mon chauffeur et rentrer. En l’état, je ne peux absolument pas reprendre ma forme humaine. »

Un frisson parcoure mon dos et le sentiment qui monte dans ma bouche n’est rien de plus qu’une aigreur profonde. A quoi bon me bercer d’illusion ? C’est de Ren dont on parle ici. Quelqu’un d’aussi terre à terre qu’il en est froid. Détaché. Son empathie n’est pas celle des autres, elle est bien plus ténue. Presque invisible. C’est à se demander parfois comment Takeji le supportait. Je secoue la tête. J’aimerais le laisser là, tout seul, à réfléchir au sens de sa vie et aux lourdes conséquences des choix de son passé mais ce serait ressasser des événements qui ne peuvent changer. Si Ren est à présent à Orpheo, sans doute ne l’est-il pas de bon cœur. Son genre ne revient pas sur ses décisions. Il y a été forcé. Tout comme moi.
Cruelle réalité.

Je retire mon sac à dos et le place face à moi pour en sortir un téléphone et un stylo. Ayant tapé les numéros indiqués par l’ancien professeur sur le cellulaire, je trace, le téléphone coincé entre l’épaule et l’oreille, la rune d’ordre sur mon avant-bras.

« Voilà, satisfait ? »

Il ne me répond pas mais son regard est branché sur la forme runique. Une voix étrangère résonne à mes oreilles et je déclenche le haut-parleur pour permettre à Ren de s’exprimer. Les dés sont jetés et la berline hors de prix change d’itinéraire pour rejoindre le duo.
Vaine tentative de mon ancien mentor de raccrocher les ponts brisés.
Je secoue la tête et réajuste mon sac à dos.

« Ça ira, je me débrouillerai toute seule pour retrouver mon chemin. J’ai pas spécialement envie qu’un de vos bolides rejoigne mon auberge. Les gens pourraient croire que je suis riche et j’ai assez de problèmes avec les sorciers pour avoir en plus à affronter les humains innocents. »

J’époussète mes vêtements et ne prends pas même le temps de lui adresser un sourire. Il mute de nouveau, en belette cette fois-ci pour se fondre dans son environnement. La conversation n’a décemment jamais fait partie de ses habitudes.
C’est donc ici que l’on se sépare. Comme aucune phrase ne daigne, de mon côté non plus, s’échapper de ma bouche, je reprends immédiatement mon chemin et me met à courir. Qui sait, les ennemis sont peut-être encore à nos trousses. Ou peut-être pas.

Pourtant, lorsque mon environnement redevient celui des plaines de montagnes, que mes gouttes de sueurs reflètent un soleil entamant seulement sa descente et qu’au loin me parviennent les cloches de quelques vaches en pâture, je devine que plus personne n’est à mes trousses.
Ce n’est par ailleurs que lorsque mon téléphone se met à sonner discrètement et qu’un numéro étranger s’affiche sur un message, que je comprends que Ren est également en vie.

« I’m safe. Thanks, and sorry. »

Juste ça.
Je me fiche qu’il soit en sécurité. Tout ce qu’il trouve à dire, c’est « merci » et « pardon ». Son pardon, c’est à tous les orphelins qu’il les doit. A tout Orpheo, même. A sa couardise.
Mais ça, il ne le comprendra jamais. Parce que Ren, c’est qu’un imbécile.
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