Bastet se réveilla en sursaut dans sa chambre du Mystery Orphanage. Elle mit du temps à se rappeler où elle se trouvait. Par un automatisme terrifiant elle posa sa main sur le manche de sa dague qui se trouvait sous son oreiller. L'état de guerre avait été déclaré et elle se rendrait prochainement à Londres mais pour aider un peu même si le mal était bien fait. Bastet avait eu peur en premier lieu pour sa fille, jusqu'à se souvenir que celle-ci se trouvait en Israël et que là-bas, elle ne risquait pas grand chose. Surtout que beaucoup de monde ignoraient qu'elle avait une fille, sauf son mentor qu'elle avait eu à Orpheo et Orpheo lui-même qui l'avait noté dans son dossier d'exorciste, au cas où elle mourrait...Bastet s'assit dans son lit, le Mystery Orphanage était sous surveillance, pour l'instant les sorciers noirs n'étaient pas venus ici mais ce n'était qu'une question de temps, pas vrai?

Bastet se leva enfin, elle avait les cheveux toujours aussi courts mais qui poussaient avec le temps. Elle fit rouler ses épaules, une cicatrice barrant son épaule gauche, une blessure récente qu'elle s'était faite durant un entraînement particulièrement violent avec un collègue. Bastet s'appuya contre la fenêtre, observant l'orphelinat à ses pieds, une plainte lui échappa. Elle se décida à s'habiller, ayant trop la flemme de se doucher, elle le ferait ce soir! Bastet alla enfiler un jean bleu foncé avec un t-shirt violet qui faisait ressortir le brun entouré de vert de ses yeux. Elle n'avait pas froid, elle se sentait brûlante, montée sur ressort. C'était l'effet que la guerre provoquait en elle, son instinct de tueuse, et de combattante qui se réveillait. Ayant hâte d'aller tuer! L'exorciste compléta sa tenue d'une paire baskets noire, une couleur très sobre. Bastet sortit de sa chambre, et descendit les deux étages qui la séparaient du rez-de-chaussée. Entrant dans la cuisine, elle salua un collègue qui surveillait des orphelins déjeuner. Elle ébouriffa les cheveux d'un des jeunes, un petit garçon de dix ans qui prenait des cours d'hébreu.

Souriante, elle sortit dans la cour et observa le chemin qui conduisait au village écossais. Bastet mordit dans sa pomme et traversa le parc de l'orphelinat pour aller se poser sur une balançoire. Dans un mouvement lent, elle commença à se balancer, finissant bientôt son fruit qu'elle lança. Bastet soupira longuement et son don premier s'éleva. Celui-ci satura l'air et elle vit comme un félin. Peu à peu les balancements augmentèrent et la sorcière monta si haut qu'elle toucha la barre porteuse des deux balançoires. Soudainement, elle bondit et s'accrocha à cette barre. Elle s'assit lentement dessus, n'ayant pas le vertige, elle toisa tout l'environnement sauvage qui attendait sagement au loin. Un sourire lui échappa, elle se sentait bien, en paix, et pas qu'un peu! Son regard se posa pourtant sur une femme d'un certain âge et Bastet reconnut Pandora Mystery. Elle resta silencieuse un moment puis descendit avec précaution de la barre, comme un gros chat. Pour atterrir souplement au sol, aussitôt son don premier se stoppa, se ferma, et elle se redressa, droite comme un i pour toiser Pandora.

- Pandora, je suis contente de vous voir.

Elle aimait bien la directrice qui avait accepté de l'embaucher en tant que professeure d'armes blanches et d'hébreu et avait énormément de respect pour elle même si elle se faisait discrète à cause sa fâcheuse manie de draguer ses élèves et de coucher avec certains. Elle faisait de même avec les professeurs. Bastet avait un côté nymphomane, il n'y avait pas photo. Elle aimait le sexe à un point étonnant, oh que oui! Bastet préférait pourtant se faire petite en présence de Pandora.

- Pourquoi êtes-vous ici?

Bastet restait toujours une enfant face à Pandora et elle n'aimait pas cette sensation, pas du tout même. Les deux femmes ne se voyaient que très rarement, Bastet créant le moins de problème possibles, ou du moins, restait la plus discrète du monde! C'était aussi une question d'éducation de rester un temps soit peu discrète sur ses activités pas du tout catholiques. Bastet, sachant Pandora télépathe, cloisonna son esprit d'un mur de feu, juste au cas où. Elle avait déjà affronté des exorcistes et savait comment ils fonctionnaient même si Pandora était extrêmement plus vieille qu'elle. Bastet restait très calme en apparence, mais intérieurement la méfiance était née!

Pandora semblait fatigué, se fut la première chose que Bastet nota en voyant son sourire fissuré. C'était une vieille sorcière, plus de cent ans, l'exorciste toucherait-elle un jour cet âge ou pas le moins du monde ? Elle se le demandait très franchement mais tut ses pensées, c'était le mieux à faire. Même si au fond de la sorcière une petite voix soufflait qu'elle n'aurait pas la même chance...Elle se sentait comme une enfant éternelle face à Pandora Mystery, une grande femme et Bastet était sûre que cette sorcière avait bien des choses à lui apprendre. Même si lui demander de partager son savoir n'était pas dans ses plans. Bien trop orgueilleuse la fille !

-Moi aussi je suis contente, Mlle Ahila. Avez-vous bien dormi ?
- On fait aller, et vous ?

Manière polie de dire que son sommeil avait été agité. Elle était inquiète à cause de cette guerre qui approchait, dangereuse. Son instinct de mère sonnait la sonnette d'alarme mais il ne fallait pas trop que cela soit dit...Bastet soupira longuement, même si elle approchait de le trentaine, Pandora la nommait "mademoiselle". Clair qu'elle devait être très jeune comparé à elle mais quand même... La sorcière calma la lueur belliqueuse qui était née dans le fond de son corps. Elle pencha la tête sur le côté et fit un petit sourire en coin, amusée en fin de compte. Même si elle n'était pas encore assez folle pour chercher des puces à Pandora, pas encore...

-Je me promenais. J'ai l'habitude de prendre l'air de bon matin. Et vous ?

Bastet ne répondit rien dans un premier temps et fit signe à sa cheffe de marcher avec elle. Elle n'attendit même pas de voir si elle était ok ou pas, elle, elle se mit à marcher car elle en avait envie. Un peu comme une jeune enfant ayant la bougeotte finalement. Mettant les mains dans les poches de son jean, elle laissa voguer ses pensées un moment avant de se concentrer. Elle voulait demander quelque chose mais attendait le bon moment à dire vrai. Bastet attendait de trouver les bons mots dans le fond de sa bouche. Se raclant la gorge une première fois, elle passa une langue impatiente sur ses lèvres. Geste qu'elle avait acquis avec les années et dont elle n'arrivait pas à se débarrasser.

- Je réfléchissais loin des enfants, je pensais à la guerre qui s'est déclarée.

L'état de guerre empiétait sur les enfants, en tant que professeure Bastet l'avait remarqué. Certains enfants lui avaient même avoué avoir peur. Elle leurs avait alors assuré qu'elle veillerait sur eux, mais qui était-elle pour promettre une telle chose, hein ? L'exorciste lança un regard à Pandora avant de regarder à nouveau l'horizon. Ce que sa cheffe savait sur elle restait un parfait mystère. Bastet préférait ne pas trop y penser à dire vrai. Elle continua de marcher, pourquoi avait-elle l'impression que Pandora pourrait la protéger de tout ? C'était une sensation étrange qu'elle aimait pourtant ressentir de temps en temps. Comme ce matin où elle se sentait particulièrement vulnérable.

La sorcière n'avait plus ressenti ce sentiment depuis des années, depuis son enfance. La mort de ses parents, c'était quelque chose qui l'avait marqué au fer rouge. A un point inimaginable au fond. Elle regarda de biais la sorcière, arquant un sourcil dans cette demande muette qu'elle n'osait pas forcément formuler. Elle la grande gueule, de quoi rire, pas vrai ?! Bastet n'aimait pas forcément ressentir cela, mais qu'y pouvait-elle, rien, rien du tout. Elle ne pouvait que subir même si cela ne lui plaisait pas.

- Je pense que je devrais m'y rendre, à Londres. J'ai de l’expérience, je reviendrais enseigner, bien entendu.

Bastet regarda Pandora, pourquoi voulait-elle tant revenir après avoir passé à Londres ? Parce qu'ici elle se sentait bien, en paix. Cet endroit étouffait ses envies meurtrières et c'était plus que bien compte tenu de son vécu. Mais Bastet passait sous silence cela. Théoriquement Pandora ne pouvait pas lui interdire d'aller à Londres, au pire l'exorciste culottée irait quand même. Mais elle avait envie que la vieille sorcière approuve son choix. Au fond, Pandora représentait inconsciemment la mère que Bastet avait perdu toute petite. Nous restons toujours des enfants aux yeux de nos mères...