Londres la grande, Londres la belle, la fière, la hautaine. Londres s'est remise de ses blessures passées. A peine quelques trace d'échafaudages qui s'empressent de quitter les lieux. Ce ce beau jour d'hiver, les passants marchent sans craintes dans les rues de la belle capitale anglaise. Des sourires, des rires, de la joie. Je me surprend à esquisser moi même un sourire. Le ciel est plutôt dégagé, mais le soleil qui brille bien fort n'apporte pas beaucoup de chaleur. Je suis emmitouflée dans mon manteau, les mains dans les poches pour éviter d'avoir froid aux doigts. Je marche sans précipitation dans ces rues plutôt encombrées, profitant de la foule pour qu'on ne me voit pas. Pourquoi ? Je ne dirais pas que je suis recherchée à proprement parler mais... En fait si. Et puis le quartier général de l'ordre d'Orpheo n'est pas loin. Le grand siège de Londres, LE siège d'Orpheo, immense, avec toutes ses instances. Un petit sourire vient se faufiler sur mes lèvres. A croire que cette atmosphère festive parvient à m'arracher un peu de joie. Je respire une grande bouffée d'air bien frais.

Pourquoi suis-je là ? Longue histoire. Vous voulez vraiment savoir ? Je crois que je ne le comprend pas vraiment moi même. Maman vient d'accoucher il y a peut. J'en ai profiter pour voyager un peu. Je lui ai demandé la permission que croyez vous ? Voilà, j'ai un demi-frère. Maël Devi Cross. adorable bambin, 3,7kg, 49 cm, les yeux clairs pour le moment. Impossible par contre de savoir qui est le père. J'ai presque eu l'impression qu'elle allait me tuer si je continuais à l'importuner avec cette question. Pourquoi je suis là ? J'espérais voir Jonathan. Stupide n'est-ce pas ? Mais Jonathan m'aurait écouté, il n'est pas professeur pour rien. Il n'aurait pas cherché à me forcer à faire quoique ce soit. Jon, j'ai besoin de lui, pour qu'il m'aide. Je veux sauver maman. Je veux qu'elle redevienne ce qu'elle était avec papa. Comment je savais que Jon risquais de passer ? Il vient souvent à Londres. Il est téléporteur après tout, facile pour lui. Je suis restez deux jours devant le siège d'Orpheo. Ils ne m'ont pas vu, je ne l'ai pas vu. Sorte de donnant donnant je suppose.

Maman a échoué. Je ne serais pas la sorcière noire qu'elle espérait. Peut être que je tiens trop de papa pour ça. Peut être que Pandora et Nérys ont su trouver les bons mots. Je ne désirais pas changer. Je me suis forcée, me forçant même à croire que c'était le mieux pour moi. Maintenant j'ouvre les yeux. Je ne veux plus jamais être celle que je ne suis pas faite pour être. Je veux retrouver le Mystery Orphanage. Je veux m'excusez. Je veux que Pandora me pardonne. Toute cette année gâchée par cette illusion : suivre maman... Je veux être heureuse avant tout. A croire que je ne l'étais pas. Alors maintenant je veux réparer mes erreurs, et aider maman à voir les siennes. Et je veux retrouver Ange. Ou plutôt qu'il me retrouve, encore. Je veux retrouver le lien que nous avons. J'ai beau le chercher, tâtonner à l'aveugle, rien. Le vide. Le néant. Ce lien si puissant a disparu, comme ça. Mais quand je me concentre vraiment, l'espace d'un instant, je pourrais croire que rien ne s'est passé, qu'il est encore là. Ca ne dure pas. Jamais.

Je cogne brutalement quelqu'un et manque de tomber. Heureusement il me retient et je parviens à ne pas me ridiculiser totalement. Est-ce lui ou moi qui est la cause de tout ceci je l'ignore. J'allais m'excuser, par principe, quand il me devança :

-" Désolé
- Y'a pas de mal. Je crois que je ne faisais pas vraiment attention à où je mettais les pieds. "

Je le regarde. Il est plutôt beau. J'aime beaucoup son regard, bleu, profond. Chose plus étrange et plus intrigante, ses sentiments. Ils sont confus. Je veux dire par là que je n'arrive pas à y voir clair, pas qu'il ne sâche pas ce qu'il ressente. Disons que c'est comme si on m'avait mis un voile très opaque sur les yeux. Je distingue vaguement certaine chose. En même temps, au beau milieu de cette foule vibrante d'émotions, c'est peut être un peu dur pour moi. En tout cas, il y a une chose dont je suis sûr, grâce à l'empathie qui m'aide beaucoup à percevoir quelque chose chez les gens, il est magique. Indubitablement magique. J'ai une petite seconde d'affolement. Et si il me reconnaissait ? Impossible, peu connaisse mon histoire et mon cas, Pandora ne voulait pas que cela devienne une histoire sans fin prenant une ampleur qu'elle ne méritait pas.

Je sens mon coeur battre un peu plus rapidement que la normale. Je pense à plein de choses à la foi. Je pense à maman qui est avec Maël, et je pense à Maël, je pense à papa, qui est mort, à Jonathan, que je n'ai pas pu voir, et à toutes ces personnes que je peux connaître. Pourquoi maintenant ? Je ne sais pas. La peur. La peur de ne plus les revoir. Une peur qui parfois me prend comme ça, pendant quelques infimes secondes et me relâches ensuite, sans raison. Ma respiration se calme et je reprend un rythme normal. Trois secondes top chronos. J'ai surtout pensé à Maël à vrai dire. Mon demi-frère. J'ai toujours voulu avoir un frère. C'est pour ça que j'ai Ange. Je vais devoir protéger Maël, il est si petit. On a dix-neuf ans d'écart, c'est assez énorme. Enfin bref. C'est vrai que dix-neuf ans, pour un sorcier, ce n'est pas grand chose. Je regarde l'homme devant moi. Il en parait un tout petit peu plus que moi. Deux ou trois ans sans doute. Pour un sorcier me diriez vous, c'est assez trompeur. Mais il y a des signes qu'on reconnait immédiatement pour savoir approximativement l'âge d'une personne. Et il y a un truc que je peux vous dire, lui, il fait bien son âge et ce n'est pas un sorcier ou un humain doué qui grâce à sa durée de vie plus longue parait en avoir moins. Enfin bref.

-" Quelle modestie
- Je dirais plutôt honnêteté."

J'ai un grand sourire. Et oui, moi Luka Era Grey, je peux faire preuve d'honnêteté. A vrai dire c'est ce qui m'a perdu. J'ai été trop honnête avec maman. Je lui ai dis à quel point je l'aimais et à quel point je voulais être comme elle. Je n'aurais pas dû, on en serait pas là. Je serait apprentie exorciste ou exorciste, selon ce que mon maître aurait décidé. Les enfants du Mystery Orphanage deviennent plus rapidement exorciste que ceux qui n'ont pas vraiment eut de formation avant. Je me demande dans quel service j'aurais préféré travailler. Justice ? Non, pas assez excitant. J'ai besoin de risques et de voyage pour vivre. Je n'aimerais pas qu'on me confine dans un tribunal. Conseiller ? Pareil. Et puis je suis un peu trop jeune pour le coup. Ils préfèrent ceux qui ont de l'expérience. Exorciste classique ? Peut être me spécialiser dans l'arrestation des criminels reconnus par Orpheo. Du moins ceux que l'ont peut attraper. Ne me dîtes pas que Gaël, Dorian et ma mère ne sont pas vu comme des criminels aux yeux d'Orpheo, impossible. Seulement il faudrait savoir où ils sont et pouvoirs les attraper. C'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Ou plutôt dans les affaires inexplicables. Je suis curieuse, j'aime l'inexplicable. Pas vous ?

-" Est-ce qu'on se connait? J'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part.
- Peu probable. Quoique Londres a bien des visages."

Il a l'air gentil. Vraiment gentil. Et moi j'ai peur, vraiment très peur. Enfin non, rationalisons : je n'aimerais pas qu'il sâche que je suis. Ce serait disons... Embrassant vous ne pensez pas ? Cela risquerait de compromettre fortement nos relations à venir, si jamais nous décidons tout deux d'en avoir quelconques.

-" Je dois dire cependant que vous ne semblez pas si différent de moi."

Et hop, lancé sur le tapis. Pas franchement avec classe mais au moins discrétion. Si c'est vraiment un sorcier, quoique je doute de m'être trompée à ce point, il comprendra. Je souris. Il me donne envie de sourire. Et c'est dingue de retrouver cette sensation. Comme ressentir encore une fois le vent d'Écosse sur mon visage. Il n'y a rien de comparable à ça. Rien.

-" Cela vous dit de nous déplacer un peu, il fait trop froid pour rester immobile.
- C'est vrai. Je m'appelle Luka. Je sais, c'est pas prénom très commun pour une femme."

C'est marrant, mais j'ai dit femme. Je dois dire que je ne peux plus dire fille. Je n'en suis plus une. Plus une petite fille. Dix-neuf ans ! La majorité à Orpheo. Quoique, en Écosse j'étais majeur à seize ans. Mais c'est une autre histoire. Nous commençons à avancer tranquillement parmis la foule. C'est une sensation étrange qui me prend : J'ai l'impression d'être moi. Simplement moi. Heureuse de marcher avec un inconnu, d'apprendre à le connaître, laissant mon visage capter la moindre parcelle de chaleur que pourrait envoyer le soleil, rigolant, joyeuse. Cela faisait tellement longtemps !

Il me regarde bizarrement pendant quelques secondes. Je suis sur mes gardes. Pourquoi me regarde-t-il bizarrement ? Mes muscles sont tendus. Luka. Ce nom lui dit peut être quelque chose. Je n'espère pas. Me mettre à courir comme ça, là maintenant, je n'en n'ai pas très envie, bien que je dois avouer que cela me réchaufferait un peu. Mais non, aucune envie de fuir maintenant. Ou alors il trouve vraiment que Luka est un prénom étrange pour une jeune femme ce que je peux aisément comprendre. Mais avouons le, la plupart des êtres magiques ont un prénom qui sort de l'ordinaire. C'est la fantaisie des sorciers et des doués. Je souris, comme pour l'inviter à changer de regard. Il se reprend et je me détend. Je n'ai rien à craindre ici. Nous sommes entourés de centaines de personnes, faire de la magie ici serait gagner un aller simple pour la prison d'Orpheo. Trop risqué. Il y aurait beaucoup trop de mémoire à effacer et le service qui s'en occupe est déjà surbooké, comme à son habitude. Comment je peux le savoir ? Je vous signale qu'il y a peu, j'étais pour Orpheo. Il y a peu, maintenant aussi... Peut être. Je ne suis pas sûr.

-" Effectivement, pas très courant, c'est plutôt un prénom scandinave. John, enchanté."

Je répond par un sourire radieux. C'est dingue, mais parler comme ça, dans la rue, avec un inconnu, ça me fait du bien. En plus il n'est ni déplaisant à regarder, ni ennuyeux au possible. En parlant de le regarder... Ses cheveux sont magnifiques. Vraiment. Et il a de ces yeux bleus ! Je ne le fixe pas trop longtemps, histoire de ne pas avoir l'air bizarre, mais je dois avouer que ses yeux m'attirent. Ils sont beaux, profonds et pétillants. Nous continuons d'avancer. Je ne regarde pas le chemin. Moi je n'en ai pas vraiment. Alors je le suis. C'est étrange de se dire ça : je suis un total étranger sans raisons particulière. Ou avec une drôle de raison : je me sens bien quand je suis à côté de lui. John... J'aime bien son prénom. Ca me fait penser à Jonathan. Jon. D'ailleurs, je me demande si Jonathan a enfin avoué à Pandora qu'il sortant avec Nérys. Et Nérys est-elle enceinte ? J'ai dû louper tellement de choses.

-" Ça vous dit d'aller boire un truc chaud? Il y a un Planet Hollywood sur Haymarket."

Je rougis légèrement. Il m'invite à boire un verre ? Cela fait bien longtemps qu'on ne m'a pas inviter. La dernière fois ce devait être Cedriss. J'ai dit non. Ou bien alors c'était Dan, mon ex petit copain... Histoire classé il y a maintenant trois ans. Bon, deux ans et demi. C'est presque pareil non ? Non ? D'accord...

-" Avec plaisir ! Je vous suis !"

Nous bifurquâmes donc vers Haymarket. Je ne connaissais pas du tout le coin vu que je n'y avais jamais habité ou encore travaillé. Alors je me fiais totalement à lui. En même temps qu'avancer, je détaillais chaque chose qui me tombait sous les yeux. Le plus souvent je dois avouer, c'était une partie de sa personne, un vêtement, son visage...

-" Dîtes moi John, vous invitez souvent de parfaites inconnues à boire un verre ? Non que cela me déplaise, au contraire."

Je souris. En même temps je repensais un peu au fait que mon prénom l'ai fait bugguer. Je ne pense pas que je vais tomber dans un piège car il n'avait aucun moyen de préparer une embuscade en me parlant en même temps à moins qu'il soit un télépathe très très doué. Ce qui est une possibilité. Je souris pour moi même, me forçant à me détendre. Il faut que j'arrête de voir des complots partout, je ne suis pas sensée être paranoïaque ! Je me fais inviter par un beau jeune homme et il faut que je trouve que ça a l'air louche. Allez Luka lâche prise et profite !

Je me suis souvent demandé quelle vie j'allais avoir, parmis ces sorciers qui redoutaient tellement mon sang. Que ce soit ceux qui pensaient que j'étais trop impure pour pouvoir participer au grand dessein des Sorciers noirs et qui avaient tellement peur que je sois une arme pour Orpheo. Ou que ce soit ces derniers qui craignaient tant que je devienne une puissante sorcière noire. S'ils savaient... Je n'aspire qu'à un peu de tranquillité. Mais qu'Orpheo arrête de transpirer pour rien, Pandora m'a trop bien élevée. Je ne dis pas que c'est mal. Mais le bien et le mal sont deux notions biens étranges. Et puis je ne peux faire que de mon mieux. Oui qu'Orpheo dorme sur ses deux oreilles, il est hors de question que je passe du mauvais côté. Je ne suis pas faîte pour ça, je n'ai pas été élevée ainsi et il faut aussi dire que malgré ce que ma mère disait, je dois être bien plus Grey que Cross. Sans doute à cause du fait que je sois mêlée. Sans doute...

John est un type étrange tout de même. Il est magique, doit sans doute savoir que je le suis vu qu'il n'a pas réagis étrangement à mes allusions, mais il a l'air... Je ne sais pas justement. Je ne sais pas ce qui me pousse à avoir accepter de prendre un verre avec lui, mais surtout ce qui l'a poussé à prendre un verre avec moi. Je me sais plutôt belle, mais d'une beauté peu habituelle. Je veux dire par là que ce n'est pas une beauté traditionnelle, qu'on a l'habitude de voir partout. John est aussi de ce genre je trouve. Une de ces beautés rares et parfois contestées. En tout cas, je dois avouer qu'il est plutôt à mon goût. Bref. Bah quoi ? Plutôt grand (en même temps plus que moi, c'est pas non plus hyper compliqué), brun, les cheveux qui paraissent indomptables et pourtant coiffé on ne sait comment, soyeux et lisses, les yeux d'un bleus profonds et surtout ce charme anglais typique plutôt sympathique. Je me demande ce qu'il pourrait me trouver. Mes yeux ? Marrons. Mais marrons clairs et parfois avec des couleurs étonnantes selon la lumière du jour.

-" Plaît-il ?"

Adorable. Pardon, je voulais dire sourd ! Je souris quand il me regarde et s'excuse. Un peu boulet mais je trouve ça marrant. Peut être fait-il exprès. Ou alors il était tout simplement perdu dans ses pensées. Je ne sais pas quelle explication je préfère. Les deux me conviennent. Sa réponse est plutôt évasive. On dirait que je l'ai pris de court. Je hoche la tête. Je m'en contenterais. Après tout ce n'est pas non plus hyper important. Le vent s'en mêle et je frissonne. Mais heureusement nous arrivons. Il entre. Je regarde un peu dehors avant de le suivre. Les passants sont toujours pressés et ça ne changera pas. Je rentre dans le bar et une bouffée de chaleur m'accueille. Je profite de celle ci un maximum. Il ne fait vraiment pas très chaud dehors. Nous nous asseyons à une table et je commence déjà à réfléchir à ce que je peux prendre. Mais je le sais déjà. A vrai dire j'y réfléchissais inconsciemment depuis qu'il me l'avait proposé tant je le voulais.

-" Alors, qu'est-ce que vous voulez boire ?"

Je regarde le bar, faire mine de réfléchir. Je ne sais pas pourquoi, je sens que c'est important. Je regarde les tablettes sans m'interroger pour autant. Je sais ce que je veux. Et c'est quelque chose de plutôt rare chez moi, savoir ce que je veux. C'est pour ça que j'oscille souvent entre plusieurs choix et qu'il m'arrive de ne pas prendre le bon. Ou même de croire jusqu'au bout que c'était le bon.

-" Moi je prendrais bien un cappuccino.
- Ce sera un thé ceylan pour moi."

Le thé, ah le thé. C'est... Tout une histoire. C'est sûrement à cause du Mystery car il faut bien l'avouer Pandora Mystery est une grande amatrice de cette boisson chaude. En tant que vieille femme traditionnelle écossaise cela n'a pas vraiment lieu d'être étonnant c'est bien vrai. Et puis elle a raison, cette boisson chaude est absolument délicieuse. Moi elle me fait penser à la convivialité, la famille, les vrais sentiments, le temps froids dehors, la rencontre d'un bel inconnu, la vie quoi.

-" Vous faîtes quoi dans la vie ?"

Bah quoi ? Faisons connaissance quitte à prendre un verre ensemble non ? Si vous n'êtes pas d'accord, vous pouvez aller vous les geler dehors et nous regarder avec envie déguster deux bonnes boissons chaudes en parlant. Vous verrez que vous regretterez très vite votre jugement hâtif.

John est partis commander nos consommations. Moi je le regarde faire sans savoir pourquoi, comme si ça avait une sorte d'importance à mes yeux. Ca faisait tellement longtemps que je n'avais pas mis les pieds dans un bar dans le simple but de me détendre. Par contre, régler les comptes de mon oncles Gaël, faire passer un message au patron de la part de Dorian, ou aller chercher quelque chose discrètement, ça je l'ai fait plutôt souvent. Et ça n'a rien de très intéressant. Vous savez, être tout simplement assise avec un homme plutôt gentil et carrément sexe, bien que ce ne soit pas mon petit ami, qui va galamment me chercher à boire, en plus le sourire aux lèvres, bah ça fait vraiment du bien à mon égo de femme. Surtout quand dehors il fait froid. Il commande et je continue de le fixer. J'aime comment il est habillé. Pas trop triste, looké, enfin ce qu'il faut quoi. Je crois que ce retour à la normal, ou presque, me fait plutôt du bien. Je n'ai pas pu oublier qui j'étais vraiment et je n'ai jamais été autre chose. Il revient s'asseoir.

- Je travaille dans la police, en tant que commissaire.

Je sens mes entrailles fondre d'un coup. Je souris difficilement, mais je parviens tout de même à faire bonne figure. Heureusement que maman m'a appris à ne pas montrer mes émotions, c'est parfois bien utile. Je me demande si... ? Je me concentre très fort, parce que je suis assez nulle pour ça, et en plus ça va sûrement me filer un sacré mal de tronche, mais je pourrais peut être en savoir plus sur lui... C'est pas bien Luka. Je n'aime pas faire ça, mais au cas où il veuille me coincer... Je ne quitte pas encore ma mère. J'ai des choses à faire avant. Bref, concentration ! ...Ce qui est en quelque sorte à moitié vrai. Je travaille bel et bien dans la police, et je suis même le Chef du Département de la Police, Magique, ce qui... Et voilà le mal de tête. Aie ! Mais au moins je sais qui il est. Je le regarde une deuxième fois sous un nouvel œil. Le Chef, rien que ça ? Et quelle était la probabilité pour que moi, une mêlée en fuite, tombe sur le Chef de la Police Magique ? Répondez pas, c'est déprimant. Je le regarde, je ne sais pas trop quoi faire d'autre. M'enfuir ? Hors de question. Mais pourquoi ne m'a-t-il pas coffrer ? Peut être que il ne le veut pas. Je fronce les sourcils. Ou peut être qu'il ne trouve pas cela nécessaire. Après tout j'ai 19 ans, je fais ce que je veux maintenant que je suis majeur. Et puis je n'ai tuer personne qui me vaille un aller en prison. Pas encore. J'ai tuer, mais pas de quoi me mettre en prison car ce n'était pas de gens d'Orpheo, ni blanc comme neige, bien au contraire. Et c'était pour les trois personnes de la légitime défense. Et moi ? Je souris alors que le serveur pose nos consommations.

-" Moi ? Je cherche un moyen de concilier deux vies qu'on pourrait croire opposée. Pas de métier pour le moment. Je ne suis pas musicienne, bien que je touche un peu au piano et à la guitare. Artiste par contre. Je dessine, je peints, je modélise... Enfin bref."

J'avale une gorgée de thé avec prudence après y avoir rajouté tous les morceaux de sucre que ces radins ont bien voulu me donner. J'aime mettre beaucoup de sucre dans mon thé que voulez vous. Il est brûlant ! Je retire rapidement mes lèvres, pas eu le temps de prendre beaucoup. J'aime son goût un peu âcre malgré le sucre. Il est vraiment parfumé celui là. Je me replonge avec nostalgie. Pour Pandora Mystery, l'heure du thé était quelque chose de sacré ! Si on en voulait, il fallait arriver à l'heure et pas plus tard. Elle le prenait rarement seule car beaucoup d'orphelins participaient à ce rituel. Lorsqu'elle était seule, c'est parce qu'elle avait besoin d'être seule, de réfléchir, ou même ce petit besoin de solitude. Pas parce qu'il n'y avait personne pour être avec elle. Jamais. Je souris en repensant à cela. J'ai eu une douce enfance. Cela me fait tout drôle d'être une adulte. Je regarde John. Je vais mettre les deux pieds dans le plat mais ce n'est pas grave.

-" Ne vous inquiétez pas John, je reviendrais toute seule."

Impossible qu'il ne comprenne pas. C'est un mec intelligent pour être chef de la police magique aussi jeune, sûrement aussi un peu pistonné, mais si il n'avait pas ce petit quelque chose qui va bien, ils l'auraient viré illico. Comment ne pourrait-il pas comprendre ? J'avale une autre gorgée. Je me sens vraiment bien ici. Et je crois que j'ai besoin de le faire partager.

-" Vous êtes quelqu'un de très gentil, John. Au fait, pourrait-on se tutoyer, je crois que nous n'avons pas tant que ça d'écart ?"

Bon il pourrait en avoir bien plus qu'il ne le fait, mais je ne crois pas. Ca se voit, ça se sent, en général. Dans les yeux. Les exorcistes qui ont vécu, on les voit. John a encore des yeux bien jeune. Mais des yeux magnifiques c'est sûr. Oh bon sens Luka, c'est pas le moment si ? Rhalala...

J'avale encore deux gorgées de ce thé brûlant qui ravive mon coeur. Se sentir bien, satisfaire ses désirs, c'est également prendre pleinement possession de son corps et ainsi acquérir sagesse et puissance. Car nul ne peut, si tenté qu'il ne soit pas autre chose qu'être vivant sous les conditions posées par dame nature, s'adonner à quelque chose dans le but de posséder sagesse et puissance s'il n'est pas rassasié. Les besoins naturels de notre corps ne se limitent pas à boire un peu d'eau et manger du pain loin s'en faut. Il désir également s'entretenir physiquement et psychologiquement. Et surtout, il a d'autres besoins plus ou moins contesté : assouvir ses désirs qui n'entre pas dans la simple catégorie de ceux qui sont réellement nécessaire à la vie. Le plaisir en fait partir. Je n'avais pas réellement besoin d'une tasse de thé avec un homme charmant dans un bar au chaud. Je le désirais, sans que mon corps, qui certes avait froid, hurle qu'il avait également soif et besoin de compagnie. Mais j'en avais envie. Et j'avais besoin de satisfaire ce désir. Vive la philosophie.

-" Vous m’épatez, Luka Grey, mais c'est reçu, je ne vais pas vous poursuivre"

Je lui adressais un sourire. Le sourire est une expression du visage qui se forme par la tension de muscles, plus particulièrement aux deux coins de la bouche, mais aussi autour des yeux. Il exprime généralement le plaisir ou l'amusement, mais aussi l'ironie, et joue ainsi un rôle social important. Le sourire est une attitude assimilée par renforcement comme étant une attitude positive, et cela dès la naissance, mais il est considéré comme inné et génétiquement déterminé puisqu’il apparaît chez des enfants sourds et aveugles de naissance. Eh oui, le sourire vient de nos gênes. Ca veut bien dire que la joie est quelque chose qui appartient à l'être humain. Et lorsque nous l'éprouvons, nous sourions. Ce qui est tout de même quelque chose d'incroyable. J'ai l'impression d'être comme Louis, à être optimiste aujourd'hui. Mais je crois que l'optimisme que j'ai ne durera pas toujours. En tout cas, il s'est bien développé avec John. Et il est d'accord pour qu'on se tutoie. En même temps il n'avait pas l'âge d'être mon père ou mon mentor. J'use rarement du vous. Pas sur le long terme en tout cas. Et ça m'énervais de ne pas sortir tu à John.

-" Tu me surprend également John. Parce que tu restes calme malgré tout."

Je finis mon thé en quelques grandes gorgées. Il était super bon. Le thé anglais, il n'y a rien de mieux. Du moins c'est mon préféré. Je m'adosse nonchalamment sur la chaise. Je regarde encore son visage. Peut être que l'affirmation que j'ai faite est fausse. Car après tout il est magique et chef de la Police. Du coup il est possible que son âge ne se voit nul part. Il n'empêche qu'en général les sorciers et les doués n'ont pas trop de mal à deviner l'âge des autres, sûrement une question d'habitude. Comme pour nous toutes les fourmis nous semblent pareilles.

-" Excuse moi, je me demandais quel âge tu avais. Je dirais entre 20 et 25 ans. Moins de 25 sûr !"

Je ne pense pas que John ai un problème avec son âge et donc il n'aura pas non plus de réticences à me le révéler. C'est triste les gens qui n'aiment pas leur âge. En même temps je dis ça, mais je suis jeune. Quand je vieillirais, peut être que je n'aimerais pas ça. Mais je ne veux pas me regarder dans la glace et ne pas cesser de répéter que je suis vielle laide et affreuse. Je ne veux pas être là à compter mes cheveux blancs et mes rides. C'est horrible comme idée non ? Un brin psychopathe.

-" Accepterais tu de m'aider ?"

Avoir un allié dans la police, c'est plutôt quelque chose de bien. Surtout dans la police magique. Surtout quand c'est le chef de la police magique. Je lui fais les yeux doux et j'éclate de rire. Bah, s'il refuse, tant pis. Enfin, il ne sait même pas pourquoi encore. En tout cas j'espère qu'il ne va pas répondre non catégorique du fait que je suis encore et toujours considérée comme apprentie sorcière noire potentiellement dangereuse du fait qu'elle traîne avec Natasha Cross autrement connu sous : Chef de Croix. Oui ça en jette un peu. Enfin bref.

Je continue de boire mon cappuccino, et ça y est, il ne reste qu'un fond, si je le laisse, il va devenir froids assez vite, et c'est tellement frustrant. Je n'aime pas le café froid, encore moins le café glacé. Le thé glacé par contre, c'est vraiment bon. Mais ça ne va pas vraiment avec le cappuccino.
- Tu me surprend également John. Parce que tu restes calme malgré tout.
- C'est sûr que j'aurais pu te chopper en disant "Luka Grey je vous arrête". souriais-je, mais je ne suis pas vraiment comme ça, et puis tu n'as pas l'air d'être "une apprentie sorcière noire".
Bon allez, c'est le moment de boire la fin de ce café, espérons que ces quelques secondes de paroles ne lui aient pas donné l'occasion de se refroidir. Allez je tente ma chance, je bois le fond de ma tasse. C'est froid. Il m'a bien eu, saleté.
- Excuse moi, je me demandais quel âge tu avais. Je dirais entre 20 et 25 ans. Moins de 25 sûr!

Encore une fois je souris, d'habitude on me dit "30?", pas elle.
- 22. dis-je simplement.
Oui, 22, ça fait 3 ans dans la Police Magique, mon père a fait joué ses relations, et je me suis retrouvé sur le devant de la scène, à tirer les rênes de tout un Département à seulement 19 ans. 19 ans, comme Luka. Et pourtant je me suis bien débrouillé, mes collègues m'apprécient, et je ne suis pas mauvais dans mon travail. Finalement, les années de formation que mon père m'a donné depuis tout petit m'ont bien aidé.
Ça ne sert à rien que je lui retourne sa question, je sais déjà quelle âge elle a.

Planet Hollywood est une chaîne de restaurants à thème sur les stars, les films et les paillettes d'Hollywood avec souvent une boutique vendant vêtements et autres souvenirs, lancée en 1991 par Robert Earl, Bruce Willis et Sylvester Stallone.
Son siège social est basé en banlieue d'Orlando en Floride. Pendant plusieurs années, il se situait dans un bâtiment de Walt Disney World Resort qui servait avant l'ouverture de présentation pour le complexe, toujours visible.
La société est placée depuis de nombreuses années sous la protection du Chapitre 11 du commerce américain, sur la faillite des sociétés. Depuis la fin des années 1990, des nombreux restaurants ont fermé comme celui des Champs Élysée à Paris. Le Planet Hollywood de Haymarket, où nous nous trouvons, était à l'origine placé sur Piccadilly Circus.

Maintenant que j'ai fini mon café, il ne reste plus grand chose à faire. Écouter Luka parler? Oui mais là elle ne parle pas, elle boit. Étant donné que j'ai déjà règle les boissons, dès que nous avons fini, on pourra partir en laissant les tasses sur la table. C'est que je suis censé travailler à cette heure ci.
- Je reviens, dis-je soudainement.
Je profite du fait qu'elle finisse pour aller aux toilettes. Je pousse la porte battantes des cabinets homme, et je me dirige vers le miroir. Il y a une époque où il n'y avait pas de miroir dans les toilettes des hommes. Il faut croire qu'avec le temps, on devient de plus en plus coquets. Depuis peu, il y a même certaines grandes enseignes de cosmétiques qui ont développé les produits de soin et de beauté pour homme. Il semblerait que ça soit un marché qui a de l'avenir.

Je tâte mon visage, passant la main dans mes cheveux indomptables et pourtant que j'ai déjà réussit à coiffer à plusieurs occasions. J'ai une attitude un peu débraillée, c'est pas grave, les gens ne font pas attention. Je me retourne et je sors de la pièce. Allant à la table où Luka est toujours assise, je regarde autour de moi. Toujours personne, pourtant la matinée a l'air bien avancée. Enfin je ne sais pas, j'ai perdu la notion du temps, et de toute façon, au bureau, ils s'en fichent que je sois en retard, puisque des fois je ne suis pas là, et d'autres fois je suis sur le terrain. Et puis j'ai un sous-chef, ce qui aide vachement.

J'arrive à la table, et je m'affale sur ma chaise. Je détaille Luka, ce que je n'avais pas encore fait. Elle a de très beaux cheveux soyeux, longs et bruns. Quelque peu ondulés, ou bouclés, je ne sais pas vraiment, un peu des deux peut être? Ses lèvres sont fines et son regard profond et brun. On ne rencontre pas beaucoup de femmes typées comme ça.
- Accepterais tu de m'aider ?
Je secoue la tête, elle m'a sortit de mes songes.
- Ça dépend de la nature de ta requête. dis-je en me grattant le menton.

Ça ne pourrait être n'importe quoi, des trucs de gentil. Enfin, ça rentre dans une certaine fourchette. Je peux tout faire, sauf tuer quelqu'un de sang froid. Je n'ai jamais tué personne, pour le moment, mais si je dois le faire, il faudra que j'y sois vraiment obligé, je voudrais éviter les morts autant que je le peux. Que de nobles sentiments, bien entendu, j'ai été élevé dans le respect de l'autre et dans la confiance. Même le pire des crétins, des abrutis, le pire des malfrats du monde aurait le droit à une deuxième chance, si son crime n'implique pas la vie ou la santé d'un autre. Et pourquoi j'aiderai Luka au juste, on ne se connait pas vraiment, on s'est bousculés, on a bu une boisson chaude, et après? Après peut être d'autres choses viendront? Et de toute façon, rendre service ça n'est pas censé faire des victimes.
Il serait peut être temps d'y aller, enfin moi j'ai fini, elle? Elle aussi apparemment. Je me lève lentement, enfile mon manteau, et range ma chaise. Puis j'attends qu'elle fasse de même.

-" C'est sûr que j'aurais pu te chopper en disant "Luka Grey je vous arrête" mais je ne suis pas vraiment comme ça, et puis tu n'as pas l'air d'être "une apprentie sorcière noire"."

Je souris. Étrangement, maintenant que j'en ai appris un tout petit peu plus sur lui, je crois que ça m'aurait fait bien rire qu'il le fasse. Je sous entend par là que je l'aurais pris pour une grosse blague. Et puis il n'a aucune raison de m'arrêter vu que je n'ai commis aucun forfait. Mais qui es-tu donc John pour être aussi étrange ? A vrai dire tout le monde est un peu étrange, moi la première. Je m'en vais, laissant mes amis et ma famille de coeur en plans, sans vraiment un mot d'explication si ce n'est : je vais rejoindre ma mère. Je passe du mauvais côté, j'essaye de faire comme si j'étais vraiment une sorcière noire, mais je n'y arrive pas tant que ça. Je me laisse faire, je me laisse oublier, je me résigne à ne plus exister en temps que Luka et à devenir cette sorcière noire que tous attendent. Et puis Ange arrive. Je n'arrive plus à faire semblant depuis qu'il est passé. Il est hors de question que je m'enterre. J'ai fais mes choix en fonctions de mes convictions et non celles de ma mère. Je l'aime toujours autant, mais je ne peux plus me conformer à ses désirs. Plus jamais. J'en avais peur, maintenant j'ai peur pour elle. Ca fait une sacré différence.

-" Je ne sais pas si tu aurais réussis."

Petit clin d'œil taquin. Je dis ça pour rire. La deuxième partie de sa phrase m'intéresse. Une apprentie sorcière noire... Heureusement que je n'en ai pas l'air. Je n'en suis pas. Enfin pas vraiment. Je peux être violente et sans pitié, mais jamais pour rien, jamais vraiment méchante, froide, hautaine et sadique. Pandora m'a trop bien élevé. Ou trop mal selon le point de vue. Je n'aurais jamais l'air d'être ce que je ne suis pas ou du moins je l'espère. J'ai fait du mal autour de moi. J'ai frapper Takeji Kido, frappé Ange, rejeté Myaw, mais ils l'ont tous vu, il y avait une faille dans toute cette violence. J'ai soigné Takeji, pleuré devant Ange, et avouer en lui faisant un câlin que je reviendrais.

-" Ça dépend de la nature de ta requête."

J'ai un sourire en coin. Évidement que ça dépend de ma requête, mais ce que je peux voir c'est que dans l'idée il n'est pas contre. Je me demande comment le lui demander. Après tout ce n'est pas simple. Bon ce n'est pas la mer à boire non plus. Je lui demande juste quelques petits services qui ne risque pas de compromettre son intégrité et sa carrière. Et puis mince quoi ! C'est le chef de la police magique tout de même ! Il a le droit de faire des choix comme tout le monde, surtout que c'est un choix qui ne met personne en danger.

-" Je voudrais que tu m'aides à ramener ma mère du bon côté. Si je n'y arrives pas d'ici un moment, il faudra que je la force. Vu que tu es chef de la Police Magique... J'aurais besoin de ton aide, pour qu'on ne la mette pas en prison et qu'on ne la laisse pas pourrir comme une vulgaire sorcière noire. Si elle en est arrivé ici, c'est parce qu'on a déjà commis cette erreur. Il faudrait trouver un endroit d'où elle ne pourra pas s'échapper, et où on s'occupera d'elle..."

Voilà, ça ne compromet rien. Enfin presque. Parce que ma mère, c'est pas la sainte vierge non plus. C'est quand même Natasha Cross ! Et de là à la faire changer, y'a du boulot. Mais c'est vrai ce que j'ai dis. Si on ne l'avais pas laissé en plan quand mon père a été tué et qu'on m'a mis au Mystery, s'ils avaient pris le temps de lui parler, de la laisser avec moi, et de lui apporter du soutiens, bien qu'elle soit une Cross, elle n'aurait pas été celle qu'elle est. Parce qu'avec mon père, elle n'était pas comme ça. Et puis maintenant qu'elle a accouché de Maël, sa sécurité passera avant tout, et c'est un argument de taille. D'un accord tacite nous nous levâmes et enfilâmes nos manteaux respectifs. Je m'empressais d'ajouter :

-" Je sais que ce n'est peut être pas facile, mais ça me tient à coeur. Et s'il te plait John, j'aimerais..."

Gros blocage. Je détourne le regard. Nous sortons. Je n'arrive pas à continuer. En même temps c'est pas commun ce que je veux lui demander. Enfin si. Enfin non. Enfin si, mais pas pour ce genre de situation. Normalement on demande ça à un mec avec lequel on veut sortir où je ne sais quoi d'autre. Moi ce n'est pas mon cas. Quoique ça ne me déplairait pas parce qu'il est gentil, et très séduisant. Bref ! Je n'arrive pas à lui demander son numéro de téléphone. C'est étrange, mais je n'aurais jamais penser que ce qui vient de se passer pouvait arriver. John est quelqu'un de hors du commun. Il m'a rapidement mise en confiance, ce qui arrive rarement. Je me demande quels sont ses pouvoirs et dons premiers. En tout cas il en connait sans doute un rayon sur moi, bien plus que je n'en sais sûr lui. Mon âge, mon nom de famille, mes premiers... Mon histoire aussi. Dans les grandes lignes. Je suis toujours bloquée, je n'arrive pas à lui demander.

La requête de Luka me laisse un peu dans les vapes, je suis perplexe, on ne peut pas répondre « oui » directement, il faut prendre le temps de réfléchir à une telle demande. C'est bien là le plus compliqué. Je ne connais pas Natasha Cross comme sa fille la connait, à vrai dire je ne connais d'elle que ce que j'en ai lu dans des dossiers, des rapports, beaucoup d'avant mon entrée dans la Police Magique. J'entendais aussi mon père en parler brièvement lors des repas quand j'étais petit. Mais d'après tout cela, je sais que c'est une personne considérée comme « dangereuse », et pour cause de son rang « Chef de Croix », ça m'intimide.
- Je sais que ce n'est peut être pas facile, mais ça me tient à cœur. Et s'il te plait John, j'aimerais...
Elle ne continue pas, je la regarde en haussant les sourcils, j'attends la suite, et pourtant rien ne vient.
Dehors, le froid reprend ses droits sur mon nez, et sur le reste de mes extrémités. Mes mains s'enfoncent dans mes poches, et ma tête tente de retourner au fond de mon écharpe, un peu comme si mon corps était indépendant.

Revenons en à cette étrange requête. Luka a raison, ça n'est pas facile de faire changer une Sorcière Noire, surtout quand elle est le Chef d'une organisation pas vraiment pacifique. Mais elle a aussi raison sur le fait que d'avoir laissé Natasha pourrir en prison, ça n'a pas été bénéfique non plus. Que voulez vous, on ne peut pas changer le passé, nous ne possédons pas tous une Delorean ou une Boîte Bleue pour nous ramener en arrière, ou en avant. Il y a aussi certaines choses à savoir sur le temps, c'est que c'est un cycle, une boucle, toujours en mouvement. On ne peut pas changer un point fixe dans cette boucle, sinon ça influera sur l'avenir de la structure de l'Univers. Merci Doctor Who. Tout ce que je voulais dire, c'est que ce qui est fait ne peut être défait. Faire changer Natasha de camps, c'est comme tenter de soulever une montagne, certains peuvent y arriver, d'autres pas.

La question ultime que je dois me poser, c'est « est-ce que je le fais juste pour Luka, bien que je ne la connaisse pas? », ou alors j'en ai une autre « je le fais tout seul ou je demande à quelqu'un de m'aider? » et là, on me dira « c'est quoi ce beans John, tu veux faire changer Natasha Cross du jour au lendemain? », c'est donc que je devrais parler de ma rencontre avec Luka.
Mais voilà une bonne idée! Ouvrir un dossier sur Luka Grey, expliquer qu'au cours de l'approche, le sujet a demandé une faveur, à savoir changer les idées de Natasha Cross, et démontrer que Luka reviendra si Cross change de camps. Vraiment compliqué, mais ça peu marcher, n'oubliez pas qui je suis, et surtout, ne sous-estimez pas la Police Magique!

De plus, nous possédons de très bon télépathes, ce qui peu nous aider à influencer le choix de Natasha, il suffit juste d'en parler à des personnes de confiance. De toute façon, dans la Police Magique, tout le monde sait tout sur tout le monde, c'est simple, alors en rentrant dans le bureau, je me jetterais sur Edwin Al Hattal et je lui soumettrais ce projet irréalisable.
- Je peux essayer. Répondis-je. Mais je ne promets rien.
Accord signé. Tout est possible dans le grand jeu de la vie. Sauf que tu te trompes John, la vie c'est pas un jeu, c'est plutôt un champs de bataille.

Nous marchons plutôt rapidement, et je dois dire que ça fait du bien, déjà ça me réchauffe, et en plus ça me rapproche d'une autre source de chauffage, à savoir, Orpheo. Nous changeons de trottoir pour aller sur Cockspur Street, direction Trafalgar, ma destination finale. Nous ne sommes plus très loin du siège.
Cockspur Street est une artère courte dans la ville de Westminster, à Londres, qui relie Trafalgar Square à Pall Mall, Haymarket et Pall Mall East. Le Numéro 1 Cockspur Street, maintenant le Texas Embassy Cantina, a été à un moment Oceanic House, le bureau londonien de la société Oceanic Steam Navigation ou de la White Star Line, propriétaire du célèbre paquebot RMS Titanic. Le nom peut encore être vu sur le côté et le dessus de la porte latérale.

- Tout à l'heure, tu allais me demander autre chose, mais tu ne l'as pas fait. Dis-je en continuant de marcher à bonne allure.
Je regarde Luka, tout en faisant attention de ne pas rentrer dans quelqu'un ou bien dans une poubelle qui viendrait en sens inverse. Je cherche son regard, pour encrer mes yeux dans les siens. Elle a dit, si je me souviens bien, « Et s'il te plait John, j'aimerais... ». J'aimerais, j'aimerais, j'aimerais quoi? Te revoir, te tuer, t'embrasser, te chérir, te violer, te désaffecter, te manger, te chauffer, t'habiller, te déshabiller, t'allumer, t'entendre, t'aimer, te détester, te téléphoner, te bouger, te faire crier, te maquiller, te détourner, te corrompre, te voir rompre, t'écouter parler, te parler, te chanter des chansons d'amour, de haine, te faire la guerre, te faire cuire, te transformer en pot de fleur, t'aider, te nourrir, te branler, te sucer, te baiser, te détruire, te conduire à l'hôpital, te faire jouir, t'embellir, t'emmener à la montagne, te fabriquer des gants, t'offrir ma vie, te préparer un bon café, te masser, te soigner, t'enrhumer... Les choix sont nombreux, moi j'aimerais qu'elle soit plus précise, et qu'elle finisse ses phrases.
- Qu'est-ce que c'était?

Nous allons bientôt passer sur le trottoir d'en face, encore une fois, pour débarquer sur Trafalgar Square. Je vois d'ici les fontaines et la statue qui siègent sur la grande place, et surtout, je vois le bâtiment d'Orpheo.

-" Je peux essayer. Mais je ne promets rien.
- Merci."

Ma voix est faiblarde, sous l'émotion. John ne me connait pas vraiment si ce n'est quelques lignes dans un dossier. Autant dire pas grand chose. Quesqu'un être humain si ce n'est son histoire, mais surtout ses sentiments et ses pensées ? On pourrait penser que je me fais avoir, que je ne suis pas assez prudente et qu'il me ment. C'est possible. mais vous savez l'empathie à cela de bien que l'on sait quand les gens ne sont pas sincères. Il leur est impossible de nous le cacher. J'ai envie de rire, car il ne sait pas à quoi il s'attend. De rire parce que je suis de bonne humeur et que ça faisait tellement longtemps qu'on n'avait pas réussi à m'arracher un sourire sincère. Alors je ne m'en prive pas. Je souris, je rigole. Je suis plus heureuse que d'habitude alors pourquoi le cacher ? Pauvre John, tu viens de récolter la pire mission : survivre à Natasha Cross. Et qu'il me croit sur parole, ce n'est certainement pas une mince affaire. Rien qu'être en sa compagnie peut être un véritable calvaire. Surtout vers la fin de sa grossesse. Mais au moins maintenant c'est finis. Et je veux offrir à Maël une vie plus paisible et plus heureuse que celle qu'il pourrait avoir en restant au manoir.

-" Tout à l'heure, tu allais me demander autre chose, mais tu ne l'as pas fait."

A nouveau je détourne le regard. Et je rougis. Dieu que j'aimerais ne pas rougir. Il y en a qui trouve ça adorable. Moi je leur réplique que ressembler à une tomate ou un feu rouge dans le meilleur des cas, ça n'a rien d'adorable, bien au contraire. Je regarde le ciel. Le ciel est bleu, le ciel est un peu gris, un peu triste, et tellement nuageux au dessus de Londres. Il n'y a que le soleil qui perce quelque fois doucement la couche de nuages, pour notre plus grand bonheur. Mes yeux s'attardent quelque peu sur les bâtiments. J'aime Londres, plus que Paris, plus qu'Édimbourg... Et moins que Little Angleton je dois bien l'avouer. Mais Londres quoi ! Un concentré de vie active, une capitale bouillonnante. Elle vient juste de vivre un traumatisme et on dirait qu'il n'en est rien. D'ailleurs je me sens un peu coupable. Car oui, on peut le dire, c'est ma faute si Londres a été mise à feu et à sang. Je sais que c'était un projet des sorciers noirs depuis longtemps, mais la motivation de ma mère à répondre à cette provocation qu'à été ma capture a accéléré grandement les choses.

-" Qu'est-ce que c'était ?"

J'ai peur de bafouiller. En même temps il faut que je lui demande sinon je ne l'aurais pas et si je ne l'ai pas je m'en voudrais. Je m'en voudrais parce que je ne pourrais pas faire connaissance avec lui et que j'en ai drôlement envie. Je m'en voudrais parce que je préfèrerais garder contact avec cet homme auquel j'ai demandé une faveur. Et puis quoi... ?

-" Ton numéro de téléphone... Enfin si ça ne te dérange pas hein ? Et puis je te donnerais le mien ! Pas forcément ton perso, ou... Oh c'est pas grave laisse tomber."

J'enfonce mon visage dans mon manteau. J'aimerais disparaitre. J'aimerais qu'on ne voit pas le rouge dépasser de mes joues, j'aimerais avoir plus d'assurance. Et puis zut, que les gens aillent se faire enquiquiner. Espèce de stressé du bulbe ! Je regarde Londres et ses habitants, et sans doute une immense vague de culpabilité me prend.

-" Est-ce que c'est ma faute John ? Est-ce que c'est ma faute, si Londres a tant souffert ?"

Tant de regrets... Nous approchons d'Orpheo. Nous allons bientôt nous séparer. Les passants ne sont qu'indifférence, et moi je ne suis que culpabilité. J'essaye de voir John, mais je n'y parviens pas. C'est comme s'il m'était un peu cacher. J'y arrive un instant puis celui d'après c'est un coffre fort. Je souris tristement. Parfois ça fait du bien d'ignorer ce que peut ressentir une personne.

Je ne sais pas ce que maman penserait de tout ça. Sans doute qu'elle ne comprendrait pas, comme elle n'a jamais réussi encore à comprendre que je ne suis pas faîte pour la vie qu'elle rêve pour moi. Mais quoiqu'elle se dise, maintenant, j'ai décidé que je m'en fichais. Par la promesse que j'ai fait à Myaw, et aussi un peu à John d'une certaine manière vu qu'en lui demandant son aide je ne peux plus faire marche arrière, je reviendrai. Je ne veux pas d'une vie comme elle me l'offre. Trop peu d'amour. Qui aurait cru que Luka qui ne pleurait jamais (sauf devant Ange mais personne ne le savait), Luka qui courait partout comme un garçon manqué, la fille sportive, dure, au coeur parfois pas tendre du tout, oui qui aurait cru que cette fille là soit en fait aussi sensible que ça ? Les gens ne le savaient juste pas. Avec l'empathie, tu ne peux pas faire autrement. Je me sens bien, mon don ne m'enquiquine pas. Être à Londres pourrait me causer bien des mots de têtes, mais là, il est plutôt calme. Depuis qu'Ange est passé au manoir, qu'on a changé de niveau, j'arrive mieux à le faire taire et à l'utiliser ! Ce qui est un avantage non négligeable.

-" Mon numéro de téléphone, hein ?"

Il sourit. Pourquoi il sourit ? Hein ? Il se fiche de moi ? J'espère que non... Du coup je n'en peux plus de rougir. J'aurais presque envie de me foutre des baffes. Mais ça me ferait avoir les joues plus rouges qu'elles ne le sont déjà et c'est pas peu dire. Je le vois fouiller dans ses poches et mon coeur s'emballe. Il accepte ? Non si ça se trouve il veut juste sortir quelque chose, je me fais des idées. Ou pas. J'essaye de me détendre, mais je ne peux que fixer ses mains qui cherchent apparemment sans fin.

-" Voici."

Je souris et le remercie à mi-voix. Je n'ai rien de mieux pour le moment. Je suis émue. Émue, pour juste un numéro de téléphone et un peu de gentillesse, il m'en faut peu me direz vous. Vous n'avez pas vécu au manoir des Cross. La simple attention vous parait énorme. John est là devant moi comme un modèle de bienveillance et d'amabilité. Je hoche la tête quand à sa remarque sur son téléphone de boulot. Je pensais qu'il en avait un. Mais il n'en voulait peut être pas. Après je ne vois pas en quoi ça m'intéresse. Je passe une main un peu tremblante dans mes cheveux. Il fait froid, j'ai une petite impression d'un trop plein de sentiments. Mais cette fois ci ce sont bels et biens les miens. Il va falloir que j'arrive à faire le trie. Je range la carte précieusement dans ma poche. Quelque chose me dit que je vais composer souvent ce numéro. Pour parler, pour rigoler un peu, se sentir bien, l'aider aussi un peu, parce qu'après tout, j'aurais peut être des informations qui peuvent lui être utiles. Pour le faire rire, qu'on se connaisse un peu plus... Il me prend dans ses bras.

-" Tu t'inquiètes trop. Personne n'a dit que tout était de ta faute, Luka Grey."

Je profite de l'étreinte, repensant à sa voix chuchotant doucement à mon oreille. Je frissonne à son contact. Depuis combien de temps quelqu'un ne m'a pas touché comme ça ? J'ai envie de rester plus longtemps dans ses bras mais je ne vais pas abuser non plus.

-" Merci John. Ces gens ne méritaient pas de souffrir..."

Les innocents se demandent souvent bien pourquoi divers évènements se déroulent. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'il y a à 99% de chances qu'il y ait un peu de magie la dedans. Nous arrêtons notre étreinte et il me dit devoir y aller. Je hoche doucement, un drôle sourire aux lèvres. Je le regarde partir jusqu'à ce qu'il se dérobe à ma vue. Et encore là, je reste et je regarde. Quelle drôle de rencontre ! Je me sens tellement plus légère ! C'est drôle je n'ai pas ressentis cette sensation depuis une éternité. Je n'arrive pas trop à comprendre ce que j'ai. Je souris. Je suis bien. J'ai envie de sauter et courir, chanter... Je me sens heureuse...

Plus tard.

Je rentre dans ma chambre d'hôtel minable. J'aurais pu me payer tellement mieux avec l'argent de ma famille, mais dépenser autant d'argent pour une si petite chose me dérange. Surtout que cet argent, c'est celui des Cross, des sorciers noirs, gagné sur le corps de prostituée, strip-teaseuse, sur la santé des drogués, et surtout sur les affaires magique frauduleuses. Les meurtres... Les arrangements étranges... Je soupire. Je vais bientôt devoir rentrer en France. Je n'en ai pas vraiment envie mais je n'ai pas le choix à vrai dire. Je pose le cadavre d'une bouteille de bière sur le sol. Oui je bois un peu et alors ? Je vous embête. Après avoir vu John, j'ai décidé de me faire plaisir, j'ai visiter Londres un peu plus, et je suis aller au bar après. Je me suis faite draguer par un gros lourd, ce qui a tout de même eut l'avantage qu'il me paye la bière en question, mais je me suis vite tirée, il commençait à devenir vraiment trop entreprenant. Je vide mes poches et tombe sur la carte de John. Je saute sur mon lit et m'y étale comme une larve avant de la regarder. Elle est sobre, belle... Si un innocent tombait dessus, il croirait sans doute qu'elle sort d'un jeu. Chef du département Police Magique. Je souris. J'attrape mon téléphone et j'enregistre le numéro. J'ai envie de lui envoyer un message pour le remercier encore, lui souhaiter bonne nuit. Je me dis qu'il pensera sans doute que je le harcèle un peu. Je hausse les épaules, regarde le numéro encore et encore avant de reposer le téléphone sur la table de chevet... On verra plus tard.

FIN