Invité Invité | Sujet: Touches ivoiriennes [ft Quãn] Dim 30 Déc 2012 - 15:43 | |
| La clarté opaline de cette journée hivernale était revigorante. La grisaille s'en était, pour le moment, allée pour laisser percer les rayons épars du soleil. Faible, il faisait tout de même briller la neige cristalline qui jonchait le sol dans sa totalité, donnant à la scène une intensité particulière et presque féérique. La campagne entière brillait. Les arbres, quelque peu réchauffés par cette douce chaleur, s'égouttaient lentement et on pouvait percevoir à travers la fenêtre du salon de piano, une dizaine d'élèves qui s'amusaient dans les jardins immaculés. Jude devait avouer que le Mystery Orphanage avait une toute autre ambiance avec ce soleil. Appréciable, accueillant, bien plus bienveillant que ce qu'elle s'était imaginé lors de ses premières impressions. Jude glissa ses doigts sur les touches ivoires du piano devant lequel elle était assise. Son index pressa l'une d'entre elle et un son clair, doux, s'éleva dans le silence du salon. Un souffle traversa les lèvres de la jeune femme. La musique était le remède de tous les maux, il suffisait simplement de la comprendre. Depuis petite, elle jouait avec détermination pour progresser et pouvoir dérouler ses mélodie préférées avec aisance, sans partition. Elle avait longuement entrainé sa mémoire, sa dextérité. Mais malheureusement, elle ne pianotait plus beaucoup ces derniers temps. Non pas que l'envie l'aie quittée ou qu'elle ne puisse plus jouer - elle avait fait installer son piano dans sa nouvelle maison, mais c'était surtout le temps, qui lui manquait. Être professeur lui prenait beaucoup de temps, la jeune femme prenait d'ailleurs son métier très à cœur. Elle faisait en sorte d'être la plus intéressante possible, pointilleuse, surtout auprès des élèves qui s'intéressaient aux matières qu'elle enseignait. Ce n'était pas la profession de ses rêves, mais elle devait avouer qu'enseigner dans cet établissement était agréable. Un rayon de soleil vint éclairer le visage pensif de Jude. Blafard, elle semblait fatiguée, amaigrie. Son visage révélait une beauté sous jacente mais pourtant tarie, lasse derrière ce masque. Et alors, comme une douce et chaude caresse, l'astre chatoyant qui brillait dans le ciel azuréen parvint à lui arracher un sourire, véritable. La nature avait toujours su la consoler et, dans son immense tristesse, elle oubliait parfois de regarder autour d'elle et de contempler sa beauté frappante, qui, à chaque regard, l'émerveillait plus encore. Une mélodie s'éleva, en sourdine, dans le salon au piano, en écho au feu qui crépitait dans l'âtre. Jude était seule. La musique est la langue des émotions. Elle était si plongée dans la mélodie qui se déroulait sous ses ongles polis qu'elle ne faisait plus attention à la vie autour d'elle. Lorsqu'elle eut finit le morceau, elle resta un instant face au piano, silencieuse, écoutant le feu ronflant. Un bruit derrière elle troubla le calme profond de la scène. Jude se retourna : "... ? Oh." Elle sourit en contemplant l'élève qui se tenait sur le pas de la porte. "Bonjour, tu veux quelque chose ?"
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