En temps de guerre, le soldat a droit
à une médaille quand il sait tirer et
à un médaillon sur sa tombe
quand il ne s'en tire pas.

Se balader doucement, quand on en a lourd sur le coeur, à travers la campagne, sous le soleil couchant, c'est sans doute une bonne chose à faire. Je ne sais pas. Je m'en moque. Il n'y a pas longtemps j'ai vu maman. On a confirmation qu'elle est là, qu'elle rode autour de Little Angleton. Mais c'est dur de faire quelque chose. Parce que personne ne sait. Ou du moins pas beaucoup de monde. Il y a Ange, Mrs Mystery, Nérys, et John, peut être aussi l'infirmier. Je ne sais pas. Mais on peut pas mettre en garde les autres. Ca leur feraient sans doute peur. On pourrait évidement prévenir les adultes du Mystery. Mais ça il n'en est pas question. Et c'est moi qui l'ait décider.

Le vent souffle doucement, agitant mes mèches rebelles, jouant avec moi. Et mes bras entre dans sa danse, avant que ne suive mon corps. J'aime danser avec le vent, comuniquer avec lui, m'ouvrir à lui. D'ailleurs je suis assez à l'aise avec la maîtrise de l'air. Autant je suis totalement nulle en téléportation ou autre. Mais ça, ça va à peu prêt bien que ce ne soit pas mon don premier. On a des afinités avec certaines choses, voilà tout. C'est comme les maths ou le français. D'un certain poitn de vu évidement. Et je danse avec le vent, m'élance avec lui, cours à ses côtés... Ma tristesse ne s'envole pas, elle est encore là. Mais ça va mieux. Oui un tout petit peu mieux.

Je n'arrête pas de penser à maman depuis ce moment. Parce qu'elle est encore dans mes rêves. Parce qu'elle veut que je soit comme elle, que je la suive. Elle est prêt à tout pour ça, à tout... Et mon petit coeur transit d'amour ne pourra pas tous le temps résister. Parce que je l'aime ma maman. Parce que je ne suis qu'une enfant. C'est comme ça et j'y peux rien. Enfin... Le vent se calme, et s'en va taquiner le blé du champ. Je suis sur un petit chemin de terre, border par quelques arbres et des champs. Derrière moi il y a même une forêt. Soudainement une branche craque. Je me retourne, ça venait de la forêt. Je suis carément parano et complètement sur les nerfs, mais ça aide pour survivre. Sur moi j'ai toujours une arme depuis la dernière fois que j'ai vu maman, avec l'autorisation spécial de Pandora Mystery. Je sors le 9 mm et enlève prudement la sécurité tout en le cachant dans mon dos.

-" Qui est là?"

J'espère que c'est quelqu'un que je connais. Parce que sinon on va me prendre pour une folle. Mais après ce qui est arrivé avec maman, on est jamais trop prudent. Je garde le pistolet chargé dans mon dos, toujours attentive à ne pas appuyer sur la détente. Je sais tirer. Je prend des cours et j'adore ça. En même temps moi et les armes, moi et le comabt, ça fait un. Je plonge mon regard dans l'obscurité paisible de la forêt, attendant que quelqu'un sorte et se montre, me préparant à tirer, au cas où.

C'était en fin d'après midi qu'Emmanuelle avait eu envie d'aller en forêt. La forêt, c'est très chouette. Avec un peu de thc dans le sang, Manu s'y plaît comme dans un temple, où les arbres parlent entre eux par divers craquements. Elle y marche silencieusement pendant des heures. Elle se recueille. Elle prie la vie.
Alors elle a fait ça. Elle est partie marcher, avec juste ce qu'il faut de ravitaillement dans une poche de son gilet. En ne pensant à rien, elle avait fait un très grand tour.
Puis il avait commencé à faire plus frais. Un brin plus sombre. Et Emmanuelle n'aime pas beaucoup la nuit. Alors elle a fait demi tour avant qu'elle soit là, tranquillement. Grillant le dernier joint qu'elle réservait pour le chemin du retour.
Et maintenant qu'elle arrive à l'orée de la forêt, le soleil se couche. Excellent timing. Nonchalante, elle s'étire en marchant, le corps cambré, innatentive. Un instant, elle se prend les pieds dans une racine. Le pas suivant s'écrase sur une branche. Elle avance encore quelque pas et se retourne, continuant de marcher mais à reculons, fusillant les deux fautifs des yeux.
Qui est là ?
Arrêt immédiat. C'est quelqu'un de jeune. Mais le temps de vouloir se retourner, la pression d'une détente résonne joliment. Mince sourire. Dans sa vie, Emmanuelle a rêvé un grand nombre de fois qu'elle se prenait une balle. Il y a comme une furtive excitation dans sa cervelle. Sans plus bouger du tout, elle s'annonce, l'air officiel :

"Emmanuelle Delacroix."

Quelques secondes s'en vont, et elle se remet à bouger. Se tourne vers la route, recommence à avancer. Puis elle sort paisiblement de l'ombre des arbres, et adresse un signe de la main à l'élève qui est là. Toute seule. Bientôt assez près pour être vraiment distinguée, elle ralentit, souriante.

"Bonsoir." , elle fait juste. Dévoilant toutes ses dents.