Je n'arrive pas à travailler. Mon cerveau remue du vide. Ce n'est pas bien, je n'ai peut être pas assez dormi. Sûrement. Je ne dors plus beaucoup en ce moment, j'ai peur de faire des cauchemars. Du coup e le couche tard, devant un film. Et puis ça me réveille pendant la nuit. Et après je me réveille tôt. Des la première fois ou je suis éveillé et que c'est le matin, je me lève. J'ai besoin d'activité. Mais je n'arrive vraiment pas à réfléchir. Je ne sais pas ce que je fais, les formules se mélangent dans ma tête. Je ne comprends plus rien. Je passe ma main dans mes cheveux et grogne un peu. Je n'y arrive plus. Il faudrait que je me prenne une pause. Mais loin, je n'ai pas envie de rester au QG. Parce que tout le monde ou presque connaît la situation. J'ai donc le droit à des "Toutes mes condoléances" toute la journée, en permanence. Des regards de pitié aussi. Laissez moi tranquille. Traitez moi comme n'importe qui, j'aurais beaucoup moins de mal à le vivre. Un jour, je les gèlerais tous, ça leur apprendra.

Enfin, je me lève de mon bureau, non sans bruit, prend ma veste et m'en vais. Je sors du QG et prends le métro. Voilà, c'est ça. Je vais loin.

Tiens, Picadilly, c'est sympa. Je sors donc et vais le trouver un café. Au moins ici, je suis presque sur de ne croiser personne du travail. Enfin, heureusement que j'ai dit presque car regarder qui je vois à la terrasse d'un café. Nawel. Je l'aime bien elle, elle est tout le temps naturel. J'arrive donc vers elle et m'installe, sans lui demander la permission.

Le serveur arrive juste an ce moment et je demande deux cafés, voyant que sa tasse est vide. Je mets mes coude sur mes genoux pour m'y appuyer et je lui souris. Je suis naturel, pas coincé ni timide. Exceptionnel. Peut être parce que c'est juste une collègue.

- Alors Nawel, comment vont les affaires ?

Les cafés arrivent, je le redresse, remercie le serveur en lui faisant un petit sourire. Qu'il ne remarque pas vu qu'il s'en va tout aussi vite. Sympathique.

- Il était comme ça tout à l'heure ? Ou c'est moi qui ai jeté un froid ?

Je rigole à ma blague. Elle connaît sûrement mes pouvoirs, elle percevra donc l'humour qui en découle. Sinon, tant pis pour elle.

Me voilà donc installée devant Nawel, en espérant qu'elle n'attendait personne. Oui je le suis assis sans rien demander, parce que je n'avais pas envie de demander. Et que j'ai décidé qu'elle me supporterait sans rien dire, sinon je le gèle sur place. Exactement. J'en suis capable, attention. Et ne dites pas que je n'oserais pas sous prétexte se je suis gentil, je suis un gamin. Un gamin c'est imprévisible, voilà tout.

- Mal. Comment ça pourrait être autrement avec ce bordel qu'on a ? Et toi ? Pas trop surchargé ?

Ha oui c'est vrai, l'attaque. Ca aurait pourtant du me choquer, j'ai passé pas mal de temps à l'hôpital à cause de cette Louyse. Cette femme est redoutable mine de rien. J'ai encore quelques séquelles, mais ça m'énervait de ne plus rien faire alors je suis revenu au boulot. Des cicatrices encore visible. Mais pas trop non plus. De toutes façons en mission, je me prends toujours des coups, donc disons que c'est mon visage habituel, ou presque.

Mais même en étant revenu, je n'arrive pas à réfléchir, à penser. Je suis bon à rien. Tous ces innocents, morts. Ma sœur, morte. Tous ces gens que nous n'avons pas pu aider. Ces problèmes à Orpheo. C'est juste un enfer tout ça. Et moi, je n'arrive pas à réfléchir. Tous ces regrets me hantent.

- Je suis bon à rien, je n'arrive pas à travailler.

C'est d'ailleurs pour ça que je suis ici, pour me distraire. Je cherche des distractions autre que le travail, car celui la me met dans l'ambiance glauque à laquelle je cherche à tout prix à échapper. Donc je fuis, exactement. Mais quand j'irais un peu mieux, je donnerai le meilleur de moi même. Et du coup j'arriverais an fournir un bon travail. Mais pas maintenant. Car maintenant, le café arrive. Ou presque.

Elle rigole à ma blague par contre, et ça c'est cool. Parce que ma blague était drôle. Mes blagues sont toujours drôles de toutes façons. Je vous ordonne de rire à chaque fois que j'en fais une. Je suis à mourir de rire, je vous le dis. Un jour, je commanderai un thé glacé. Et je trouverais une blague pour l'occasion. Là je ne trouve pas, il faut que ça vienne comme ça, d'instinct. Paf paf ! Alors qu'une blague mûrement réfléchie... Ca fait moins son effet.

- J'crois qu'il est juste super pressé.

- Non mais non Nawel ! T'as pas le droit de détruire tout ma blague comme ça !

Bah oui, c'est pas drôle ce qu'elle dit là ! Ca casse tout, vous comprenez ? Pour la peine je boude, voilà.

Et madame Meish se permet de prendre MON sucre. Je n'ai même pas le temps de dire un mot qu'il est déjà versé dans son café. Et moi ? J'ai pas le droit à du sucre moi ? J'aime pas le café sans sucre ! C'est trop amer ! Déjà qu'avec la minuscule dosette de sucre qu'il donne c'est pas super, alors si en plus elle se permet de prendre mon sucre ! Je suis outré ! Et je l'affiche ! Carrément. Vas y Nawel, vois mon indignation.

- T'en a pas besoin, de toute façon, c'est mauvais pour la ligne.

- Et ton régime alors, il est passé où ?

DANS TA FAAAAAACE. Ca t'apprendra à me voler mon sucre ! Quoi ? Toutes les filles font tout le temps des régimes ! En plus l'été approche, elles veulent avoir le ventre plat pour que se soit joli dans le bikini. Et puis j'insinue qu'elle est grosse, les filles n'aiment pas ca. Non pas qu'elle soit grosse, loin de là. Mais. C'est. Ma. Vengeance. Pour. M'avoir. Pris. MON. SUCRE ! Faut pas jouer avec moi, c'est mauvais. Je suis mauvais perdant en plus.

Je bois donc mon café, en bougonnant. Parce que je suis un gamin, exact. Je crois que je vais arrêter de dire cette phrase, je pense que vous avez tous compris.

- C'était mon sucre ...

Oui, Logan pas content ! Exactement. J'ai décidé de faire chier. De toutes façons, je fais tout le temps chier, voilà, c'est mon occupation dans la vie, faire chier les gens. Ouh, que je suis méchant ! Un vrai petit diablotin. Mouahaha.

Enfin, je n'ai pas envie de parler boulot. Parlons vacances. Sauf que les vacances arriveront quand on aura fini de bosser, ce n'est donc pas pour maintenant. Et évitons de l'énerver avec ça. Son "mal" n'était suffisamment bien dit pour le faire comprendre qu'on ne parle pas du boulot. Sauf qu'étant collègue, je ne la connais pas vraiment en dehors de ça. Et puis, si je commence à connaître sa vie privée eh bien, je vais commencer à devenir tout timide ! J'en suis presque sur. Je préfèrerais donc éviter. Elle le retournerait contre moi pour se moquer de moi ! Et m'afficher devant tout le monde aussi, soit dit en passant. Donc je vais juste attendre qu'elle parle d'autre chose, c'est une excellente stratégie.

" Je dégueule sur la facilité des sentiments. "

- Tu n'as aucun humour. Aucun.

Elle est trop méchante. Je la hais. Voilà, je boude pour la peine. Parce que c'est une méchante madame. Oui, je la traite de madame. Les gens n'aiment pas qu'on les appellent madame, ça fait vieux. Bon, si je la traite de vieille je suis encore plus vieux. Un an d’écart certes mais c'est tout de même un an. Et elle est capable d'utiliser ça contre moi. Les femmes, toutes des salopes hin, franchement. Non, il y a des exceptions. Ma maman. C'est la meilleure ma maman. Et ma Kiki aussi ...

Logan, ne pense pas à ça, tu sais que c'est mal, alors ne le fais pas. Chasse ces idées noires sinon tu serais bien capable de te jeter dans la Tamise, et il ne faut pas. C'est interdit. Tu dois d'abord te venger. Bon, ça aussi c'est une idée noire. Alors ne pense à rien, c'est ça, soit un imbécile. C'est bien d'être un imbécile ? Non c'est pas bien, c'est nul, je ne veux pas que les gens me prennent pour un idiot. Ils le font déjà bien assez. Mais ça, c'est parce qu'ils ne voient pas mon travail acharné et tout ce que je trouve dans le bureau de recherches. Des formules, des formules par milliers. Dans mon appartement, j'ai même un tableau blanc. MON tableau blanc. Avec un rideau devant, faut pas que les gens voient. En plus, je fréquente quelques personnes qui ne sont pas au courant du monde magique. Elles sont rares, elles viennent encore plus rarement chez moi, mais on ne sait jamais. Et puis, les services secrets est un département, secret, comme son nom l'indique. Et tout ceux que je connais n'en font pas partis. Et se sont mes recherches, je ne veux pas qu'on me pique mon travail. Donc, mon tableau et mon rideau qui cache. Et bizarrement, ce rideau passe inaperçu dans mon appartement. Étrange. Ce n'est pas comme si j'avais mis une rune de non perception dessus. Tiens, je devrais faire ça. Je le note dans un coin de ma tête. Je vais l'oublier, ça va se mélanger avec des millions d'autres informations beaucoup plus importantes. En plus, ce n'est pas comme si... Comme si quoi déjà ? Ah oui, comme si je recevais souvent du monde chez moi. Je n'ai qu'un petit deux pièces, les appartements de mes potes sont plus grands, alors on va plutôt chez eux, ou en boîte, c'est bien aussi. Chez moi ça me suffit quand c'est juste pour moi. C'est petit, c'est mignon, je me sens protégé. Je n'ai pas envie d'un grand appartement pour moi tout seul, je ne saurais pas quoi en faire si j'habitais seul dedans. Se serait nul, il n'y aurait que du vide. Alors non, je garde mon petit appartement et voilà. En plus il est dans le centre de Londres, c'est super. Je n'ai pas envie d'aller habiter en banlieue, c'est trop chiant. Là, j'ai le métro pas loin du tout. Et les bus aussi. Ha, les bus. Dommage qu'ils se modernisent de plus en plus. C'est rare maintenant de trouver des bus à étage, et encore plus rares de voir les anciens bus à étage. Mais dieu sait qu'ils étaient magnifiques. C'était tout de même un des symboles de Londres ! Alors pourquoi ils les retirent de la circulation petit à petit ? Ils sont débiles des fois ces hommes politiques. Humains. Bon, d'accord, je suis à moitié humain, je ne devrais pas dire ça. C'est une pensée de noir ça, c'est pas bien du tout. Je tourne du mauvais côté. Le côté obscur de la force m'attire petit à petit. Un jour il va m'engloutir complètement. Je rigole, bien évidemment. De toutes façons je ne pourrais rien rejoindre, tout le monde déteste atrocement les mêlés. Pourquoi ? C'est naze. Nous sommes le bien, l'union de deux espèces. Ou presque. Enfin voilà, c'est cool d'être mêlé. Comme moi aussi. Un mêlé détraqué. C'est marrant.

Je suis parti loin là ...

- Râle pas, je t'aide à faire le tien.

- C'est pas de la graisse que tu vois, c'est du muscle. Tu n'as jamais vu un homme ou quoi ?

POPOW ! Prends toi ça dans les dents pouffiasse ! Non, je ne pense pas les insultes que je dis. Je ne suis pas un méchant, je suis un gentil avec parfois quelques petits problèmes mentaux. Et puis, c'est marrant les conversations comme ça avec Nawel. Ça faisait longtemps qu'on en avait pas eu. Peut être jamais même, c'est vrai qu'en dehors du boulot on ne s'est pas vraiment vu ... Pas du tout même, c'est d'ailleurs étrange de la croiser ici. Mais pourquoi pas, c'est plutôt cool en fait. En fait, j'ai envie d'un thé glacé. Surtout que cette saloooooope m'a pris mon sucre. Je veux un thé glacé. Logan pas content. Logan veut piquer une crise. Il n'y a pas une chanson comme ça ? "Pique une crise, pique une crise ! ♪" ? Je crois ... Dans Monstres & Cie d'ailleurs. Mais je ne suis pas sûr, alors je ne vais pas m'avancer plus loin. Mais si ! La scène me revient, c'est bel et bien dans ce Pixar. Ils cachent Bou à d'autres monstres et ils font genre de répéter une comédie musicale. C'est-il pas mignon tout ça ? En plus Bou, elle s'en va finalement. Vilaine gosse. Vilaine Bou. Enfin, tout ça pour dire... Rien du tout. Je brasse du vent. Voilà, imaginez moi en train de battre des bras. Voilà, je brasse du vent. NON. Je ne suis pas actuellement en train de le faire. Bande d'abrutis finis. C'était une image, une métaphore, c'est tout. Il faut tout vous expliquez comme ça ? C'est lassant à force, utilisez votre cerveau un peu tout de même ! Ou alors il est complètement vide ? N'avez-vous pas une once d'intelligence, de lucidité ? Je ne vous demande pas d'être un génie comme moi, mais tout de même, faites un effort quoi !

- Oh, pauvre petit chou. Tu me ferais presque de la peine si tu n'avais pas critiqué mon sens de l'humour.

Je hausse un sourcil. Mais pour qui elle se prend celle là ? Je n'ai rien dit du tout. Qu'est-ce que ça peut être débile une femme parfois ! Je soupire. Je n'ai même pas envie de lui répondre tellement son niveau est pitoyable. Alors je l'ignore royalement et sirote mon café, trop amer parce qu'une connasse m'a piqué mon sucre. En plus il est chaud. Et je me brûle la langue. Un coup de froid dans la bouche plus tard et ça va mieux. Léger coup de froid, juste le temps d'atténuer la douleur sur le coup, ma langue est toujours âpre par contre. Mais ça me fatiguerait trop de la refroidir de cette manière. La bouche est un endroit extrêmement chaud, c'est dur de maintenir de la glace à l'intérieur. Et vu la personne à laquelle j'ai à faire, je ne veux pas m'épuiser. Elle est capable de se moquer. Oh que oui.

- Sinon, à part le boulot, tu vas bien ?

C'est ça, fais mine que tu n'es pas au courant que tout le monde au bureau ne parle que de ça. C'est d'ailleurs pour cette raison que je n'arrive pas à travailler. Non, ça ne va pas, petite écervelée. J'ai les idées noires, je déprime, je dors peu. Je veux retrouver ma soeur. Mais je ne pourrais pas parce que devine quoi ? ELLE EST MORTE. MORTE TU M'ENTENDS ?! MORTE. Je fronce les sourcils, je la fusille du regard. Calme toi Logan, ne va pas tout geler encore une fois, ça serait mal vu en plein Picadilly. Un peu trop voyant en plus. Et se serait une grosse galère pour effacer tous ces souvenirs après, et puis, tu tiens à ton boulot, alors calme toi. C'est ça, respire. Elle doit sûrement demander ça par simple politesse, alors détends toi. Je sais que c'est pour oublier tous ces malheurs que tu es venu ici te détendre, et pour que justement, on te t'en parle pas, mais calme toi.

Oui, oui, je suis calme. Quoi ? Vous n'avez jamais eu des conversations avec vous même ? Une sorte de conscience, d'ami imaginaire ou je ne sais quoi ? Bah moi si, tout le temps. Mais ça aide à me calmer au moins. Ne serait-ce qu'un peu. Alors je souffle, et je deviens nerveux sur ma chaise. Ma jambe tremble. Elle s'agite. Invisible, sous la table. Mais elle me fait bouger, car mes coudes sont sur mes genoux. Mon menton appuyé sur mes poings. Oui, ça fait bouger tout mon être en fait.

- Pas trop non. Mais je voudrais ne pas en parler, si tu le voudrais bien. Sinon, un vrai coup de froid va arriver.

Colère, tristesse... Je n'arrive toujours pas très bien à contrôler mes émotions. Et si celles-ci sont hors de contrôle, mes pouvoirs aussi. Et c'est la glace qui arrive en premier. Que la glace soit, et la glace fut. C'est un peu comme ça chez moi. Je me redresse donc sur ma chaise, boit la dernière gorgée de café pour vider la tasse, toujours aussi dégueulasse, soit dit en passant, et demande, par simple politesse.

- Et toi ?

Je boude et elle essaie de me séduire ? Ou juste de me faire rire ? En tout cas ça marche et je lâche un petit rire, bref, accompagné d'un sourire en quoi. C'est vrai qu'elle est marrante, c'est marrant de se chamailler avec les gens. Et de faire la gueule pour rien aussi, j'aime beaucoup. Parce que vous savez quoi ? Je suis un gamin, voilà, exactement. Disons juste que je ne fais pas vraiment la gueule. Vous me comprenez quoi ... Non ? Bah je ne vous expliquerai pas, vous n'allez qu'à aller demander à ... Une fille. Parce que j'ai pris ça de ma soeur ... Logan ! Chasse les mauvaises pensées ! Aller, souffle dessus, zou, zou !

- Tu sais pas de quoi tu parles.

Elle croit ça, je hausse un sourcil, toujours avec un sourire en coin. Ça fait genre "tu crois vraiment ?" un peu séducteur, m'voyez ? Je pense pas vraiment que ça marche mais bon, qui ne tente rien n'a rien. Et puis au moins, on arrêtera de se chamailler sur ça. Elle aussi elle a deux ans, faut pas croire. Ça se voit dans son regard. Et sinon elle me répondrait pas comme ça la petite. Petite. J'aime bien dire aux filles qu'elles sont petites. Ça les énerve toujours. Quand je dis "énerver" c'est une façon de parler hin. On a toujours tendance à utiliser des mots trop forts pour exprimer ce genre de sentiments. Parce qu'elles sont pas vraiment vexées, elles sont pas vraiment énervées, elles sont pas vraiment boudeuses. Elles sont juste chiantes en fait. Parce qu'elles font semblant, et elles essaient de vous faire culpabiliser. C'est des vraies salopes en fait.

Heureusement que Nawel n'est pas une lectrice de pensée, je m'en prendrais plein la gueule sinon, vous ne croyez pas ? Moi j'en suis sûr et certain. A deux cent pour cent. Oui, ça existe. Par contre quand c'est les soldes tu ne verras jamais de -200% sur les produits. Ha ça non, le maximum que j'ai vu c'est -75% et c'était sur des trucs moches. Parce que ce que tu veux toi, c('est jamais en soldes. JAMAIS. Et ça craint du boudin. Oui, expression du jour mais je ne l'utiliserais qu'une seule fois. Si vous avez manqué ce moment merveilleux où je disais ça c'est tant ps pour vous. Vous avez raté la chance la plus belle de votre vie. Bon, je crois que je me perds un peu là.

- Excuse moi, je savais pas.

Je hoche la tête. J'accepte. Mais c'est exceptionnel. Fais gaffe Nawel, encore une remarque et je gèle tes cheveux ! Pourquoi ces cheveux ? Parce qu'elle a l'air de mettre un temps fou pour s'en occuper, donc ça la fera chier. Vous avais-je déjà dit que j'étais quelqu'un de diabolique ?

- J'ai pas levé la tête de mes dossiers ces derniers temps.

Je souris, un petit sourire. Tout petit. Je t'avais déjà pardonné Nawel tu sais, mais ça me fait rire intérieurement en fait. Je ne sais pas pourquoi, peut être parce que moi je dors dessus. Que je suis improductif mais grave. Oula, qu'est-ce qui me prend ? Je ne parle pas comme ça d'habitude. Enfin, je m'en fiche. L'improductivité et moi en ce moment, on est très bons amis. Et c'est pas bien, je vais me faire taper sur les doigts par Abbi. Il faudtait que je m'y mette sérieusement.

- Abbi aimerait bien que se soit mon cas.

Même si elle ne le sait pas encore. Elle aussi a le nez dans ses dossiers. Tout plein de dossiers sur son bureau, je ne sais même pas comment elle peut faire pour survivre à tout ça. Comment elle fait pour les gérer, tout lire, y répondre et tout ça. Ça doit vraiment être exténuant. Et je crois que mon boulot consiste à l'aider parfois. J'ai aussi un belle pile de dossier sur mon bureau, mais c'est tellement inintéressant que mon esprit vagabonde. Je n'arrive vraiment pas à me concentrer. Pourquoi a-t-il fallu qu'ils attaquent maintenant ces cons ? J'étais mieux dans les recherches, ou dans mes enquêtes. Ça au moins c'était passionnant ! Et ça m'occupait l'esprit. Alors que là... Assommant. On agit pas en plus, c'est nul.

- Autant éviter le sujet alors.

Ahah, deux déprimés de la vie prennent un café ensemble, essayant de sourire malgré tout. Si c'est pas mignon ça franchement. Elle aussi vide sa tasse. Dit, on peut commander autre chose ? Parce que bizarrement maintenant, j'ai envie de boire. Mais, il est un peu trop tôt pour ça. Dommage, vraiment dommage, ça m'aurait bien plu. Donc maintenant je vais pleurer parce que je peux pas boire. Et parce qu'en plus, il va falloir retourner au boulot après. Et ça c'est nul. Je vais encore me tourner les pouces. Je vais aller jouer sur koreus. Voilà, il y a plein de jeu à la con là dessus, je vais faire ça. Ça va m’assommer, je ne vais rien faire mais au moins ça m'occupera l'esprit.

Elle finit son sucre avec une petite cuiller. Je la fusille du regard, c'est tout ce qu'elle mérite. Il y a mon sucre là dedans. Et moi aussi j'adore faire ça. Je voulais faire ça. J'vais aller pleurer dans les jupes de ma maman, voilà.

Réflexe. Pichet. Lait.

Je tends la main où le pichet aurait du tomber. J'ai préparé de la glace en un temps record pour geler le lait qui aurait aussi du tomber ici. Mais madame Nawel a déjà tout préparé. C'est la peine de me faire peur comme ça. Elle mériterait vraiment que je la gèle. Ou que je gèle son lait, comme ça elle pourrait pas le remettre dans le pichet jusqu'au bout.

- C'est marrant, hein ?

D'ailleurs, c'est ce que je fais, il n'en reste plus beaucoup alors je gèle ce qui reste à l'extérieur, le tout se cristallise. J'en ai gelé aussi un peu à l'intérieur, mais pas trop, pour ne pas que ça explose.

- T'y arrives pour la fin ?

J'ai un sourire malicieux sur les lèvres. J'ai envie de le faire exploser le pichet, ça ferait joli avec de la glace qui retiendrait tous les bouts. Se serait juste magnifique. Mais, le serveur est tout de même trop proche. Ce qu'on fait là n'est pas visible pour lui, donc ça va. Mais si j'en fais plus, ça n'ira plus.

Et pour la peine, je gèle le lait qui est resté en dehors, alors le pichet. Je tisse une toile d'araignée en glace. Je trouve ça particulièrement beau. Et je vais même en faire plus. Je concentre la glace à l'intérieur de la goutte qui se trouve encore dehors le pichet. Pour qu'elle explose, mais je retiens l'explosion, c'est assez dur à faire, je l'admets, mais avec un minimum de concentration c'est tout à fait possible. La toile est au niveau du trou du pichet, la grosse goutte de lait va maintenant être ... Une cascade. Je la laisse donc couler, dégelée, et la regèle alors que des filaments de liquide blanc passe entre les mailles du filet.

- Voilà ce que j'appelle une oeuvre d'art.

Je devrais être exposé, voilà ce que j'en dis. Imaginez, un pichet de lait, du lait à l'intérieur. Au trou du pichet, une toile en glace. Et dans les maillons de cette toile, du lait gelé qui s'écoule. C'est tout bonnement magnifique.

Et j'avoue, j'affiche un sourire content, et quelque peu frimeur. D'accord, beaucoup frimeur. Parce que Nawel ne sait pas faire ça. Nah.

Elle me tire la langue. Oh ! Toi aussi t'es qu'une petite enfant. Mais ça je le savais déjà, disons juste que j'ai une confirmation supplémentaire. J'aurais bien aimé te rencontrer plus tôt comme ça Nawel, ça nous aurait permis de nous rapprocher un peu plus. Ça aurait été bien. Parce qu'à bien y réfléchir ... Je crois que c'est la première fois qu'on se rencontre en dehors du boulot et qu'on ne parle pas du boulot. Parce que les réunions au restaurant avec toute l'équipe ça compte pas. Nous, seul tous les deux, c'est ça dont je parle là. Et c'est marrant. Je m'amuse comme un petit fou moi. Et je veux retourner en maternelle, voilà. Sauf qu'en maternelle je n'avais aucun contrôle sur mes pouvoirs, et c'était nul. En plus je m'épuisais vite, et là j'aurais juste fait un bloc de glace qui aurait écrasé de pauvre pichet de lait. Il aurait juste éclaté en un millions de petits morceaux. Alors j'aimerais bien être un petit garçons, mais avec les capacités que j'ai maintenant. J'aurais pas de responsabilités comme ça, et ça se serait trop trop trop trop bien. Pas de dossiers, rien du tout ! Vous vous rendre compte ? Je sens un gout de liberté sur mes lèvres.

- C'est magique !

J'ai un sourire suffisant. Oui, je me la pète, voilà, je suis un gros vantard. Heureux ? Pas moi. Je voulais que cette partie de moi reste secrète. Il ne fallait pas la montrer au grand jour ! Je voulais attendre avant que vous ne le découvriez. Enfin maintenant c'est trop tard. Sauf que madame a l'air assez vexée. Pourquoi ? Parce qu'elle ne sait pas faire ça et qu'elle est jalouse ? Ou à cause du sourire fier que j'affiche ? Un peu trop fier d’ailleurs, vilain Logan.

Et la voilà qui se lève brusquement de sa chaise. Chaise qui tombe par terre d'ailleurs. Je ne peux m'empêcher d’échapper un rire. Je me fous de sa gueule, voilà. T'as voulu faire comme dans les films Nawel, c'est ça ? Eh bien c'est raté. Dommage pour toi. Mais la prochaine sera la bonne, je te l'assure. Je continue de ricaner dans mon coin, par contre il ne vaut mieux pas que j'en dise plus sinon je pense que je me fais juste massacrer sur place. Alors je me tais, mais je n'arrive pas à m'empêcher de rigoler. Donc je rigole. Mais je me lève tout de même.

- Viens, on va prendre l'air.

Elle pose de la monnaie sur le comptoir et au moment où je vais prendre mon porte monnaie pour aussi payer ma part, elle laisse à nouveau tomber des pièces sur la table. Aimable à elle. Je la remercie d'un sourire et d'une petite courbette de la tête. C'est ce que les gentlemen font. Même si je n'en suis pas vraiment un.

Et nous partons sur la place de Picadilly Circus. Et si... On allait vers la Tamise ? Sauf que c'est plein de mouettes qui crient. Et puis ça pue. Non, c'est surtout les docks qui puent. Mais aux docks il y a aussi de bons restaurants. Mais il est encore trop tôt pour un restaurant. Juste se balader ? On pourrait aller au parc St James. Au moins il y a de la verdure et un lac. On aurait plus l'impression de "prendre l'air". Mais juste l'impression, parce que l'air y est autant pollué que dans le reste de Londres. Ce n'est pas parce qu'il y a trois arbres que ça y est, l'air est sain. Et le parc est à au moins dix bonnes minutes de marche. Sachant que lorsqu'on est à deux et qu'on aura plutôt l'air de se balader, je pense qu'on en a plutôt pour vingt minutes. Mais après tout, ça nous fera du bien !

Je l'attrape donc par le bras, et j'emmerde les apparences, j'en ai rien à faire. Il ne se passera absolument rien entre nous et je pense qu'elle le sait. Au pire, elle peut toujours enlever son bras, je ne m'en offusquerais pas.

- Tu fais quoi de tes prochaines vacances ?

Bah quoi ? Je n'avais aucune idée pour lancer la discussion. Je sais que les vacances sont dans pas mal de temps mais ... Quand c'est la seule chose qui nous arrive à l'esprit, eh bien on l'a dit, c('est tout. Parce que sinon j'ai plutôt l'impression qu'un silence gênant va s'installer entre nous. Et j'ai pas envie, c'était marrant au café, je préfère continuer sur cette ambiance là. Et là elle n'a plus trop d'arme pour m'embêter. Enfin, je suis sûr qu'elle peut toujours en trouver. Moi aussi d'ailleurs, mais faisons d'abord une trêve... Jusqu'au parc. D'ailleurs, elle n'a pas le choix. Moi je veux aller là bas, alors allons y.

C'est bizarre, parce que la seule fille à qui j'ai presque tout raconté, c'était toujours Kris. Et en fait, c'est pas presque tout. C'est tout. Ou alors il y a des choses que j'insinuais et le reste elle le comprenait parfaitement toute seule. En même temps, avec mes joues qui prenaient une teinte rouge tomate juste devant elle, il n'y a pas trop à réfléchir. Et puis, en fonction de l'âge elle savait pertinemment ce que je faisais. Donc voilà, c'était ma soeur ma meilleure amie. Ma soeur devant qui je me baladais en caleçon. En même temps je suis un homme, ça gène personne. Surtout pas ma famille, mon père aussi avait l'habitude de se trimbaler en caleçon dans la maison. Ma mère par contre elle mettait un peignir.

Par contre, me balader tout nu dans la maison ... Non, pas très envie. Même devant ma soeur. A la rigueur, quand on était petit on prenait nos bains ensemble. C'était drôle d'ailleurs, on pensait qu'on était des supers héros. Même si moi j'en étais un, mais on ne le savait pas vraiment à l'époque. Enfin, super héros, façon de parler tout de même. Mais c'est vrai, je suis Spiderman. Prosternez vous.

Et puis, vu ma timidité avec les filles, j'ai toujours eu un peu de mal à m'en approcher. Mais j'ai tout de même des amies. Mais pas beaucoup, et puis au fur et à mesure je suis moins timide, il faut juste le temps que la confiance s'établisse. Voilà tout. Mais on ne peut pas dire que j'ai eu de meilleure amie. Il n'y a que ma soeur pour remplir ce rôle.

- Je sais pas, mais j'ai bien hâte d'en reprendre. Et si je peux, j'irai faire un tour sur les plages Australienne.

C'est vrai que ça donne très envie. Mais quand est(ce qu'elles sont ces vacances ? C'est ça la question. Et puis, avec cette attaque, on ne risque pas d'en avoir de si tôt. Mais elle m'a donné envie là. Je faisais du skate quand j'étais plus jeune, j'arriverais peut être à surfer. Peut être ... Et l'Australie, c'est connu pour ses vagues, non ? Ça doit être amusant, le soleil, la plage... Et puis, il doit tout de même y avoir un peu de visites. Et ça doit faire la fête, assurément.

Merci Nawel, tu m'as drôlement donner envie maintenant. Grrr. Tu mériterais que je te gèle les cheveux. Mais je vais me retenir. Mais j'ai quand même vie. Non, ayons un comportement un peu adulte pour une fois et ne lui gelons pas les cheveux juste pour avoir donner envie. Mais c'est vrai que au bac à sable, quelqu'un te dit qu'il a envie d'une glace ... Tu lui jettes du sable dans la figure que pour ça.

- Et toi ? Des projets ?

Ouh, t'as de la chance toi ! Beaucoup de chance ma petite Nawel ! J'étais à deux doigts de te geler les cheveux. Des projets. Pas tellement. J'attends déjà de poser mes ocngés avant d'entreprendre quoi que se soit dirons nous. Et puis, vu que je n'ai pas de projet, je ne vois pas pourquoi je demanderais des vacances, n'est-ce pas ?

- Je suis allé à Little Angleton récemment. Plutôt un congé maladie presque en fait. A part ça, tes vacances en Australie m'ont bien donné envie. Mais non, pas de projet, je ne suis qu'une coquille vide.

Voilà, c'est ça. Je n'ai pas de but, je n'ai pas de motivation, je n'ai rien. Quand j'avais des vacances, j'allais voir ma soeur. C'était elle qui comptait en fait. Et si nous avions un peu d'argent, on partait à l'étranger. Mais tous ensemble. Certes, le soir les jeunes allaient de leur côté et les parents de l'autres, mais nous étions tout de même tous ensemble. Toujours ensemble. Et on a fait de belles soirées avec ma soeur. Des mémorables. Comme quoi je vous dit que ma soeur c'était ma meilleure amie.

D'un coup, Nawel me tire dans une allée et me plaque contre le mur. Euh ... Cette position est assez suspecte. Tu ne vas pas m'embrasser j'espère. S'il te plait, ne le fais pas. Elle regarde à droite et à gauche, je regarde du coin de l'oeil dans les deux directions aussi et...

Me voilà au parc. J'ai une drôle de sensation dans le ventre. Ha, j'aime pas être téléporté, surtout quand je ne m'y attend pas. Je préfère me déplacer à ma façon. Donc sur du verglas ou alors avec le vent froid. Mais lui, c'est beaucoup plus galère de le contrôler. Je le fais parfois, je ne devrais pas. Vraiment pas. C'est tellement ... Dur, et ça épuise beaucoup. Beaucoup trop. Quand j'aurais plus d'expérience se sera plus simple mais pour le moment ... Fiou.

- Et me vomis pas dessus s'il te plaît.

Ça ne risque pas. Par contre, on est pas là où je veux dans le parc. du coup tout à l'heure, je la voyais galérer avec ses talons. Pourquoi elle met des talons d'ailleurs ? Elle est censer être sur le terrain ... Bref, une idée m'est venue en tête, mais je n'ai pas pu la faire vu que madame m'a téléporté jusqu'ici. Donc je vais le faire maintenant. Il y a plein de gens, je sais. Des touristes aussi. Mais pourquoi diable ne pourrais-je pas faire des trucs de gamins alors que j'ai trente ans ? Il n'y a pas de règles pour ça. Alors je me fiche de l'avis des autres et je fais ce que je veux. Voilà tout. Par contre, je ne pourrais pas utiliser la magie, se sera donc beaucoup moins drôle.

Mais je la mets sur mon dos, me demandez pas comment j'ai fait, je l'ai fait c'est tout. Et là je cours, un grand sourire aux lèvres. Je la porte, vous vous rendez compte ? Pour éviter à ses pieds de devoir subir encore des pas supplémentaires. Et aussi parce que ça m'amuse. Je cours, je cours je cours. Les personnes se retournent sur notre passage, étonnés, mais je m'en fiche. Je ris, je ris aux éclats, tout en continuant de courir. C'est drôle de courir, en plus je sens Nawel qui rebondit un peu, parce que courir ça se fait pas en douceur. Mais c'est marrant.

Enfin, je m'arrête, parce que c'est pas qu'elle est lourde mais ... Un peu quand même. Donc je la repose à terre et je m'assoie, là, en plein milieu de l'herbe. Et après je m'allonge, faisant l'étoile et reprenant ma respiration. J'ai toujours le sourire aux lèvres, et quelques éclats de rire qui reviennent, de temps à autre. C'est simple d’être heureux des fois en fait. Il faut juste redevenir un enfant. Parce que quand t'es enfants, tu ne te poses pas de question. Tu le fais parce que t'as envie de le faire, tu ne te demandes pas ce que vont en penser les autres. Tu le fais parce que ça t'amuse. Parce que tu aimes ça.Et puis, c'était plus facile d’avoir des amis. Tu arrivais vers la personne et tu lui demandais s'il voulait être ton ami. C'était aussi simple que ça. Et des heures et des heures d'éclat de rire s'en suivait. C'était si simple ... Mais Nawel et moi, on a encore notre âme d'enfant. Et ça, c'est cool.

- Alors suis-moi.

Je me tourne vers elle. Ce qu'elle dit est ... Alléchant. Un sourire éclot sur mes lèvres. Accompagné d'un rire. Rire qui ressemble bien vite à un rire gêné pour moi, je secoue la tête me mords les lèvres, regardant à nouveau devant moi. Même si je lui jette quelques coups d'oeil. Ne me tente pas Nawel, ne me tente pas. Parce que j'en ai furieusement envie. Partons. Là, maintenant, tout de suite. Oublions nos responsabilités, partons. Oublions tout, allons rêver. J'en serais capable. Ce n'est pas bien, je sais, mais j'en ai furieusement envie. S'envoler ... Sauf qu'il fait trop chaud en Australie pour moi.

- Je vais fondre comme un glaçon.

Mais j'aimerais ... Malgré le fait que je ne supporte pas la chaleur, je l'aime, je l'apprécie et j'essaie d'en profiter autant que je peux.

Et un instant plus tard, me voilà au parc, arrêté avec ma course effrénée, avec Nawel sur mon dos. Dieu sait que j'aurais aimé continuer, c'était tellement vivifiant. Mais à la place, me voilà allongé dans l'herbe douce et moelleuse, respirant à fond. Et là aussi je suis bien. Mais j'étais mieux en train de courir. C'était drôle. Extrêmement drôle. Mais maintenant je profite aussi du peu de soleil Londonien qui réchauffe mon visage. Ça aussi c'est agréable. J'aimerais dormir là, maintenant. Et ne plus retourner au boulot. Le boulot ça signifie dépression en ce moment. Je ne peux rien faire, alors que dehors je suis libre. Libre de libérer le gamin qui est en moi. Que ferais mes supérieurs s'ils me voyaient comme ça ? Oh, Abbi rirait sans doute, elle est loin d'être une tortionnaire. Mais d'autres, plus haut placé, tirerait sûrement la gueule.

- T'es complètement fou.

Je ris et ouvre les yeux pour pouvoir la regarder. Je perçois l'amusement dans son regard. Avoue que t'as trop aimé ça Nawel. Avoue que tu t'es sentie battre des ailes, prête à t'envoler, loin de toutes les misères que nous devons affronter jour après jour. La guerre, les sorciers noirs, les problèmes avec l'orphelinat, les meurtres, tous les orphelins morts, portés disparus ... Heureusement que j'ai quitté l'école il y a longtemps de cela, je serais sûrement mort à l'heure qu'il est sinon.

- Et puis maintenant que je fais que tu peux le faire, tu vas devoir me ramener comme ça au boulot..

Je ris de plus belle. C'est elle qui est complètement folle. Le boulot, c'est super loin. Et puis, pourquoi on devrait y retourner ? Surtout maintenant. Moi je ne veux pas. Je fais mon rebelle et je sèche, je fais l'école buissonnière, exactement. Je ne veux pas. Je rejette cette idée. Je la refuse, catégoriquement. Mon corps et mon esprit sont d'accords, ils ne veulent pas y retourner, là bas c'est la dépression assurée. Là bas mon esprit ressasse les mauvais souvenirs, je n'arrive pas à me concentrer. Alors que là, je m'amuse et j'arrive à oublier. Tout oublier, ou presque. Je suis mieux ici, en plus pour une fois, il y a du soleil. Je veux en profiter moi.

Je regarde Nawel dans les yeux. Parce que elle aussi s'est allongé. On est bien là, pas vrai ? Je veux rester là, pour toujours. Rien que l'idée de me lever m'est impensable. L'herbe est moelleuse, pas mouillée. Nous sommes dans une percée entre les arbres, ce qui nous permet de profiter des rayons du soleil. Voilà, on est bien là. Pourquoi devrait-on partir Nawel ? Hin ? Pourquoi ? Moi je ne veux pas. Je veux rester ici, tout le temps. Toujours. Je ne veux pas partir.

- C'est quoi la chose la plus conne que t'aie jamais fait avec tes pouvoirs ?

Je rigole, encore. Je rigole beaucoup ces temps-ci. Étrange. J'ai fait tellement de choses connes, stupides ... Je pourrais même pas les compter. Ni savoir laquelle est la plus stupide. Vraiment, aucune idée. Sauter sur mon père, faire peur à mes parents en marchant sur le plafond, geler les pieds de ma soeur pour qu'elle ne puisse pas marcher, faire tomber de la neige en plein été, provoquer une sorcière noire en duel ... Aheum, pas très bon souvenir celui là. Il m'a valu un séjour à l'hôpital. Et il ne vaut mieux pas en parler, ça va juste nous remettre dans des idées noires. Nul.

- J'étais jeune hein. Mais.. un jour j'ai essayé de rapprocher le soleil grâce au lien avec les ombres. Mais ça m'a éclaté la tête et j'me suis évanouie.

Elle a gagné, j'explose de rire. Oui, je me fous de sa gueule, je me fiche qu'elle se vexe ou pas. Mais avouez ... C'est drôle ! JE n'arrive pas à m'arrêter de rire. J'ai mal aux ventre tellement je ris, une larme à l'oeil apparaît même. Je souffle, histoire d'essayer de me reprendre. Et je sèche mes yeux. Même si c'est pas trop contrôler, je suis un peu plus maître de moi même. Mais un rire continue de m'échapper. Je suis encore capable d'exploser de rire rien qu'en y repensant ... Ahah ! Bah voilà, encore une crise de rire. Aller, calme toi Logan, et cherche la chose la plus débile que tu aurais pu faire avec tes pouvoirs.

- Je crois pas que je puisse te battre sur ça

Aller, réfléchis. T'en as fait des choses débiles dans ta vie. Tu en as fait beaucoup, peut être trop d'ailleurs. Mais c'est l'occasion de les partager alors cherche dans tous les recoins de ton cerveau*. Bon, on va tout dire en fait.

- J'ai fait spidercochon dans le métro, presque plein, j'ai gelé les pieds de ma soeur pour l'empêcher d'avancer, j'ai gelé des repas pour embêter tout le monde, je marchais sur le plafond chez moi pour effrayer ma mère, j'ai fait neiger en plein été, je voulais avoir assez de neige pour faire un bonhomme de neige ... Bah ... Ça a été plus dur que prévu. J'étais tout en sueur et la neige fondait dès qu'elle apparaissait. Et j’étais là, je continuais, je continuais. Ma soeur me disait d'arrêter mais je voulais qu'elle ai un bonhomme de neige pour son anniversaire. Ça a finit par un Logan dans les pommes.

Voilà, ça doit être ça la chose la plus conne. Même aujourd'hui encore, je serais incapable de produire assez de neige en plein été pour faire un bonhomme de neige. C'est bien trop compliqué, faut faire refroidir tout l'air autour, mais beaucoup, ou alors faire une colonne de glace creuse, et on fait neiger dedans. Mais même comme ça je suis pas sûr que se soit très efficace. J'aurais juste du faire un bonhomme de glace, c'est beaucoup plus simple. Mais je voulais qu'on le fasse tous les deux, Kiki et moi. Alors je luttais avec cette neige, et je n'y arrivais pas.

- La chose la plus belle que t'ai faite avec tes pouvoirs ? Autre de ramasser le lait à la goutte.

Je lui fais un clin d'oeil en même temps. C'était quand même cool ça. Et après j'en ai d'autre. La chose la plus dangereuse, 'et elle ne pourra pas me redire son soleil, parce que c'est pas drôle, ça fait rire plus qu'autre chose. Sauf que la chose la plus dangereuse risque de plomber l'ambiance. Et oui je reprends ces question, je sais. C'est juste que des fois, question imagination, je sèche un peu. C'est pas de ma faute. Je peux aussi partir sur un tout autre sujet mais à part la phrase bateau "Et les amouuuuurs ?" qui te mérite une claque quand t'as affaire à un célibataire bah ... Je vois pas trop quoi demander. C'était pour ça que j'ai parlé de vacances voyez-vous ! Mais là, je suis bien au soleil, allongé. Et rien ne me vient en tête, excepté que je veux rester ici. Je le réclame, pour ma santé mentale, et pour la santé physique des autres. Si j'y retourne je vais péter un câble, sûrement. Et vous savez tous ce qui se passe quand je pète un câble.




HRP : * Ca se voit que j'étais à court d'idées ?

- Tu viens, t'a pas le choix. Et je te traîne par les pieds.. ou même par les cheveux, si tu veux pas. Rien à battre.

Rire. C'est parti pour l'Australie. Je serais ravi d'y aller. Alors faisons ça.

Téléportation, parc, course, herbe, vous suivez ?

Et j'ai le droit à une Nawel morte de rire. Mais vraiment. Un rire moqueur en plus de ça. Vraiment moqueur. Fais gaffe Nawel, le gel de cheveux est encore possible ! A tout moment je peux le faire, alors fais gaffe à ce que tu dis, ou fais ! J'ai le pouvoiiiiir.

- Ah ! Mais noooon ! T'es dans un niveau bien, bien avancé de stupidité aussi, et je crois que tu peux me battre rien que par le nombre de conneries.

Je mets ma main sur son visage pour la repousser. Saloperie va. Comme ça elle tombe dans l'herbe. Enfin, on était déjà allongé dans l'herbe. Mais je la repousse, vous voyez ? C'est le geste qui compte là, pas le résultat ! Le geste. JE m'emmêle les pinceaux, c'est joyeux. Je dois être un peu fatigué. Voilà, il faut que je fasse une sieste. Et ici, c'est l'endroit parfait pour faire une sieste ! Nawel, faisons une sieste ! Aller ! Comme en maternelle. Dormons. Et n'allons pas travailler. Parce que je ne veux pas travailler. Aller, viens on reste là et on dort. C'est trop bien comme plan. Aller, steuplait steuplait steuplait ! Je ne veux pas aller au boulot. Enfin bref, moi je dors, voilà. Tu vois, je suis même en train de m'installer pour dormir, un petit sourire satisfait sur les lèvres en plus de ça.

- Quand j'étais plus jeune, c'était un des seuls trucs que je maîtrisais à la perfection. Je me jetais du haut des immeubles, et en attrapant mon ombre, je m'arrêtait à un mètre du sol. C'est moche, enfin, de l'extérieur de sais pas trop. Mais à faire, c'est trop cool. Je te montrerai, un jour. Au pire tu.. t'accroches à un mur au dernier moment si je rates. Hein ?

Cette fille, est tarée. Mais genre, complètement tarée. Mais j'adorerais faire ça. Alors je hoche la tête, frénétiquement. Comme un gamin quoi. Aheum. J'ai un sourire sur les lèvres. Je veux faire ça. Je veux. Et oui, au pire le prépare tout ce qu'il fat pour nous accrocher à la fin. Mais elle le fait quand même à un mètre du sol. C'est chaud. Si elle s'arrête aussi bas et qu'elle foire, je ne peux pas nous sauver. Et on meurt. Et c'est nul. Faut que je le fasse à un mètre du sol, je peux pas attendre un "Rattrape toi" quand on est à moins d'un mètre. Donc au pire on utilise nos deux pouvoirs en même temps. du coup soir on se stoppe et elle a réussit, soit on s'envole, ou presque, et je nous ai sauvés la vie. Ça se finira sûrement comme ça d'ailleurs. Mais... Ou est-ce qu'on va trouver un immeuble ? Oui, à Londres c(est plein d'immeuble, je sais. Mais il en fat un ... Sans humain. Enfin, faut préserver le Secret vous voyez ? Du coup... Elle faisait comme cette petite peste là ?

- Faut qu'on rentre, Frost. Faut vraiment, qu'on rentre. A pied ou pas ?

Nooooon, je veux pas. J'ai dit que je faisais une sieste. Ici. En plein air. C'est cool, il y a plein de vieux qui font ça, alors pourquoi pas moi ? Ha oui, parce que je suis un gamin. Un gamin c'est surexcité, ça fait pas la sieste. Voilà. Mais je ne veux quand même pas retourné au boulot. Je regarde Nawel avec des yeux suppliants. Je sais qu'elle non plus ne veut pas y retourner. Mais ce n'est pas comme si on avait vraiment le choix. Mais si on a le choix ! Nawel, partons maintenant, en Australie ! Maintenant ! Tu veux pas ? Non, c'est vrai qu'en ce moment, ce ne serait vraiment pas bien de faire ça. Il y a encore trop de personnes que nous devons sauver.

Je lui tends la main, à contre coeur. Va pour la téléportation. Je m'y attends cette fois, ça ne devrait pas être trop dur. Un coup à droite, un coup à gauche, personne ne nous regarde. Hochement de tête entendu et nous voilà à Orpheo. Et ... Au boulot. J'y vais mollement, hin. Dis Nawel, à la fin de la journée, on va se prendre un verre tous les deux ? Ne vois pas un rendez-vous là dedans hin, ce n'est absolument pas le cas. Mais, un verre, tous les deux ? Ça te dit ?




HRP : A l'attention du correcteur : Mouvements approuvés par Nawel