Bah voilà je mettais pourtant promis de ne plus jamais remettre les pieds dans ce pays, dans cette ville qui m'a vu naitre il y a de cela 20 ans. Elle contient mon passé, tous les bons moments que j'ai vécu et l'horrible qui m'enleva une partie de moi. Comment oublier cette perte affreuse, comment aller de l'avant si je n'affronte pas mon passé aussi. Mais c'est tellement douloureux de revivre ça, c'est comme une marque qui reste pour toujours gravée sur la peau, une marque qui brûle quand on se souvient de son existence. Une chose qui nous suivra partout quoi qu'on fasse, un fardeau à porter sur nos épaules. Vie horrible, vie de merde. Et après on me juge directe et froide, si seulement ces gens-là me connaissaient vraiment. Si seulement ils savaient par quoi j'ai dû passer n'étant qu'une enfant, s'ils avaient la moindre idée de la malédiction qui me poursuit. Oui je suis maudite, je me le répète sans arrête depuis des années, et j'ai appris à faire avec. Mais parfois la solitude pèse énormément, moi aussi j'aimerais pouvoir sortir et avoir des amis plutôt que passé mon temps à la recherche de choses dont j'ignore l'existence. Voyez je suis pathétique à la recherche d'une chose inconnue, à voyager partout pour me dire qu'il y a sûrement une raison à tout ça. A essayer de fuir le plus loin possible. La Terre est ronde j'ai beau fuir je retombe toujours au point de départ et je tente de l'éviter encore et encore sans résultats. Une force invisible me ramène là-bas sans mon consentement et je ne peux pas lutter contre elle, plus maintenant. Je n'ai plus envie, je n'ai plus la force de tout rechasser et de continuer à courir. Je suis fatiguée alors aujourd'hui j'affronte mon passé pour essayer de changer, devenir quelqu'un de meilleur.

Je marche d'une lenteur inouïe dans les rues quasi désertes, c'est normal il n'y a jamais eu énormément d'habitants. Ca fait bizarre de se retrouver dans un tel calme alors qu'on était habitué aux bruits en tout genre de grandes métropoles, aux odeurs diverses et variées. Ici je sens la Mer, un parfum familier trop vite oublié. Les mouettes volent non loin, oui je suis tout près de l'eau, je peux même voir cette vaste étendue bleue claire... Mais je n'irais pas maintenant. La première étape de mon voyage est de retourner chez moi, voir les nouveautés et me souvenir de ce qui est ancien. Au coin d'une rue je vois un vieil homme assis sur un banc bleu, oui il faut savoir qu'ici et presque dans toutes les îles grecques, le paysage est blanc et bleu. Les maisons blanches pour refléter le soleil, il fait chaud alors il vaut mieux éviter de cuir dans sa maison vous ne trouvez pas ? Hé puis ça donne un paysage pur, il serait pourtant trop immaculé sans le bleu. Un peu plus loin un âne portant des paniers, pour quelqu'un qui n'est jamais venu ici ça peut paraître étrange mais c'est comme ça qu'on transporte. Pas de voitures ou motos ou autres véhicules de ce type, juste des ânes qui braient en voyant quelqu'un passer. Voilà longtemps que je n'avais pas souris je trouve, c'est idiot de sourire à la vue d'un simple animal. C'est pourtant le souvenir de moi petite sur un âne dévalant les rues pendant que ma famille criait pour que je m'arrête qui provoquait cette réaction.
Je secouais la tête instinctivement, chaque fois que je me souvenais de quelque chose je faisais ça. Je crois qu'à la fin de cette journée j'aurais un torticolis du tonnerre.

Je me dirigeais encore vers les hauteurs de la ville, là où jadis ma maison se trouvait et doit se trouver encore. Certaines personnes s'arrêtaient à mon passage, j'aurais effectivement dû porter un chapeau ou quelque chose d'autre couvrant mes cheveux. Mais je ne veux pas me cacher, revenir où je suis née en étant une autre. Oui ce n'est pas tous les jours non plus qu'on croise quelqu'un de jeune avec des cheveux aussi blancs, mais c'est comme ça... Enfin je me dis que c'est gens là... Ils sont âgés, ont l'air d'avoir vécu ici un bout de temps. Ils devaient connaitre ma famille, en même temps les Greyjoy ne sont pas facilement "oubliable". Une famille d'exorciste qui se spécialisait dans le commerce maritime pour les simples humains, tous des blonds ou blancs dans la ligné « pure ». Sérieusement je suis sûre qu'on se souvient d'eux, ne serait que par le massacre.

Arrivée près des grandes maisons imposantes qui surplombaient le paysage mon coeur s'accéléra d'un coup. Oui je reconnaissais plus que trop bien cette rue privée et cet arbre à droite, et ces escaliers à gauche. Oui je voyais ma maison au bout, elle me semblait si proche et pourtant si distante, éphémère. Je commençais à me diriger vers mon passé et là une silhouette vint à ma rencontre. Non... Par tous les dieux de l'Olympe, elle faisait quoi ici ?

HRP:

σκατά ! Moi qui voulais me retrouver seule avec ce qu'il reste de moi, seule avec le passé... Il a fallu qu'elle aussi elle soit là. Evidemment. Mais qu'est-ce qu'elle foutait là elle ? Elle avait pas une mission dans un coin perdu quelque part ? Genre l'Egypte ? Ouais je crois bien qu'elle m'avait parlé de l'Egypte. Enfin faut dire aussi que la Grèce et l'Egypte c'est assez proche... Mais ce n'est pas une raison pour qu'elle se retrouve ici en même temps que moi. Elle est tordue, oh oui elle est vraiment tordue croyez moi, mais pas à ce point. Pas au point de me suivre jusqu'à chez moi... L'ancien chez moi. Que veut-elle ? Me voir pleurer ? Affaiblie sans mes barrières ? Veut-elle prendre du plaisir à me regarder souffrir de la perte importante que j'ai eu ? Non elle ne serait pas capable de ça, je la connais. Peut-être pas comme si nous étions les meilleures amies du monde, loin de là, mais elle est tout de même mon professeur. Celle qui m'enseigne ce qu'il me reste à savoir sur la magie. Elle n'a que quelques années de plus que moi seulement, je pourrais très bien atteindre son niveau facilement si je le souhaite. Mais elle passe son temps à me répéter que la magie n'est pas un jeu ! Que je devrais faire attention quand je l'utilise parce que je pourrais causer de nombreux tords irréparables après. Elle n'est pas ma mère, elle ne le sera jamais alors elle n'a pas besoin de me traiter comme une petite fille à qui on doit tout apprendre, pas besoin de me suivre comme ça.
Conclusion hâtive ? Oui sûrement, mais on est jamais sûr avec elle.

SADIMA ▬ T'aurais du feu ?

C'est une fumeuse, une très grande fumeuse. Ce n'est pas bien pour la santé, on peut mourir plus jeune à cause de ça. Tout comme on peut mourir en marchant dans la rue, en allant au supermarché ou en se recevant une noix de coco sur la tête. Mais tout ça ce sont des morts non souhaitées, accidentelles. Alors que la cigarette c'est notre choix, on assume les conséquences à la fin c'est tout.
Et moi je ne veux pas être responsable de la mort de quelqu'un comme ça. Il faut que je sois d'accord avec les raisons qui font qu'il faut ôter une vie, de bonnes raisons. Et je ne veux être responsable que de ma propre vie, d'aucune autre.

MEIKO ▬ C'est demandé si gentiment !

Je frotte mes mains l'une contre l'autre pour les réchauffer puis claque les doigts de la main gauche pour faire jaillir une petite flamme que je protège avec l'autre main. Mes doigts sont un briquet ambulant, pratique si j'avais été fumeuse aussi. Faudrait pas qu'elle abuse de mes pouvoirs non plus. Elle a sa propre magie qu'elle s'en serve pour créer un feu par n'importe quel moyen. Elle est intelligente, elle a pas à venir me casser les pieds pour ça.

Je la regarde fumer sa cigarette sans dire un mot, faisant de grands gestes de la main pour écarter la fumée qui m'arrivait droit sur le visage. Si elle veut se ruiner la santé libre à elle, mais qu'elle ne me coule pas également. La fumée est toute aussi nocive, voire plus.
Sans vraiment me soucier d'elle je continue mon chemin, je sais que de toute façon elle va me suivre. Elle va me coller comme la sangsue qu'elle est. J'ai du respect pour elle, évidemment c'est mon professeur. Mais je passe mon temps à être... Désobéissante, plus que chiante et je m'en fous de toi prof'. Oui je lui dis "tu" et je l'avais prévenu il y a longtemps que ça ne changera pas. Si elle croit qu'un jour je serais une élève toute gentille et toute douce elle se fout le doigt dans l'oeil bien au fond. C'était à ses risques et périls de me prendre comme apprentie.

Je ne la regarde pas et continue tout droit, vers la grande maison du fond, respirant l'air pur autour de moi. J'imagine bien qu'elle doit être habitée maintenant. Je ne demanderais pas à la nouvelle famille qui s'y est installée si je peux rentrer. Je ne saurais comment leur expliquer ce qui me lie à cet endroit.
J'entends ses pas non loin derrière, quand je vous disais qu'elle allait me suivre.

MEIKO ▬ Alors prof', c'était quoi cette fois ? J'imagine que le vieux qui était, étrangement, partout avec moi n'est pas un hasard ?

Bah oui Sardina elle t'épate ton apprentie hein ? Méfie toi de l'eau qui dort comme dit le proverbe. Même si dans le cas de Meiko ce serait plus : méfie toi du Dragon qui dort. On ne sait jamais à l'avance ce qu'il peut arriver... Sauf quand on est voyants comme la dernière des Greyjoy.

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