Le démon au sein de Croix



«  Mon reflet n'est plus le même... Quand je l'ai vu pour la première fois j'ai été pris de frisson, je n'osais plus exprimer un mot. Il était intimidant et effrayant à la fois, j'avais tout bonnement en face de moi une entité maléfique, je le sentais... Ce n'était pas ce qui était le plus horrible, ce qui l'était, c'est le fait, que je ressentais ce que ressentait cette entité, c'est alors que j'ai compris... Cette entité n'était autre que moi, comme Kara l'est, je voyais bien que cette chose perverse n'était pour moi, pas Kara, elle ne lui ressemblait pas, elle ne me ressemblait pas. Cacher les cheveux longs de Kara, cacher sa poitrine et on la confondra avec moi. La chose devant moi est obscure, elle a l'apparence d'une fillette que j'attribue l'âge de sept ans, le cheveux d'un noir obscure qui affiche une expression qui vous angoisse, on a l'impression que ses yeux sont les fenêtres de l'enfer. Une Shaytan [=démon(e)]... Je n'ai pu que sombrer dans le dégoût, quand elle m'a affirmé être Kara, quand elle m'a révélé être ma noirceur.  »

Il a neigé avant-hier soir, il neige se soir, il y a au moins presque cinq centimètres de couche de neige sur le sol. Je aime bien la neige, elle est aussi livide que moi, livide, froide et pure à la fois, comme moi. Quoi ! Vous en doutez ? Bien sûr, que si, que je suis une personne pure, très pure de méchanceté, la gentillesse c'est Dji. Je soupire à l'idée que je vais devoir sortir dans ce froid à 2h du mate, hors que je n'ai même pas fini de disséquer mon animal... Dire que je commençais enfin à comprendre le mécanisme des organes de digestion, j'aurai aimé continuer mon étude... Je me lève et sort discrètement du placard à balais où j'étais, un couteau ensanglanté en main, que j'enterre dans pot de fleur, assez grand pour accueillir l'instrument de cuisine. Je me dirige à mon dortoir pour prendre une douche et me changer à la suite... Plus tard, après ma douche j'enfile une tenue, une tenue qui n'a pas d'appartenance à un sexe particulier, c'est tout simplement une tenue que tous les esclaves au Manoir porte.

Après avoir enfilé ma tenue, je m'allonge sur le lit qui m'a été donné par ceux qui se prétendent être mes maîtres, qui se croient mes maîtres... Ces Maîtres qui croient me tenir en laisse hors que, je suis ici de mon plein gré, parce que je l'ai désiré... Je suis l'esclave de personne, oh non, je suis au contraire le fléau de tous. Les raffuts dans les couloirs ont commencé, il est donc temps pour moi d'aller rejoindre Dorian dans les jardins aux alentours du Manoir. Le pauvre doit maintenant m'attendre depuis un bon moment, mais il fallait bien que je le face attendre, après avoir disséqué à moitié mon animal, j'étais vraiment sale, trempée de la tête aux pieds. Sur le chemin qui mène vers l'extérieur, je passe devant la foule d'esclaves regrouper devant le placard à balais où j'étais avec mon animal mort. Je m'arrête un moment pour écouter ce qui se dit et voir pourquoi l'angoisse s'affiche sur les visages de certains d'entre eux. Une de mes camarades de chambre se retourne vers moi.

« Liala, c'est horrible... 0321 est morte...

- 0321... Notre camarade de chambre ?

- Oui... Qui aurait pu faire ça ? »

Ben c'est moi voyons, je l'ai disséqué pour étudier son anatomie, après l'avoir égorgé. Pas la peine d'en faire un drame, en plus elle m'a aspergé de tout son sang. Elle me dit, paniquée, qu'il faut aller prévenir les Cross, je lui souris et je la rassure de ne pas s'inquiéter que le chef de Croix m'avait convoqué... Je lui dirais que 0321 n'est plus, tout simplement. Je reprends mon chemin vers le jardin où je devais retrouver Dorian, Je l'aperçois au loin, mais je décide de faire un détour pour le surprendre par derrière, pas pour l'attaquer, simplement pour voir comment il allait réagir. Ah sur ce, j'ai 15 minutes de retard...

« Vous vouliez me voir cher... Oncle de Mathias ! »

Ma voix laisse paraître le ton, moqueur de mes paroles, assez provocateur, car oui, tout se résume à la provocation... Mathias sa nièce qui ne peut vivre sans moi, Dean qui s'occupe qu'à moitié de moi me confiant à ses soins, le fait de ne pas venir à l'heure à ses rendez-vous, essayer de le surprendre par derrière comme pour tenter de l'égorger par surprise, lui parler comme s'il n'était qu'une simple attraction... Je souhaite le pousser à bout, voir à quel point je pourrais lui aussi le manipuler... Mathias est à moi, Dean est à moi même s'il ne le sait pas encore, lui aussi je le veux... Je veux le chef de Croix !

Le démon au sein de Croix



Le chef suprême de Croix a-t-il une faiblesse ? Une faiblesse que je pourrais me servir pour le manipuler comme bon me semble ? Bien que ce soit un puissant, il n'est qu'un homme après tout. Un homme qui chie, pisse et se nourrit comme ceux, qu'il considère comme des sous merdes d'esclaves. Moi-même j'ai ma propre faiblesse, moi qui ne suis que le néant dans le coeur d'un être innocent, alors lui, qui n'est qu'un homme à forcément une faiblesse. Peut-être que c'est son fils, Dylan n'est pas ? J'ai eu l'occasion de le croiser dans les couloirs, arrogant comme son père, mais il n'a rien, avoir avec lui. Bien qu'il montre les caractères typiques d'un leader, manipulateur et calculateur, ce n'est encore, qu'un gamin gâté par le pouvoir. Si Mathias avait l'a volonté d'être une meneuse, elle serait de loin supérieur à ce môme. Mais Mathias est une faible, on y peut rien, c'est après tout une enfant qui recherche le sentiment d'être aimé, je lui ai offert ce sentiment.

Que recherche Dorian ? Lui qui d'après Mathias, s'est débarrassé de sa propre cousine du nom de Natasha Cross, pour prendre le pouvoir. Que recherche-t-il à présent qu'il a obtenu le pouvoir sur Croix, sur les sorciers travaillant pour Croix, sur les Hassanssins, sur sa propre famille ? La réponse est... Il recherche toujours plus de pouvoir d'où le fait, qu'il s'est allié à Rosenrot pour être en mesure de surveiller les agissements de son rival. Finalement, Dorian n'est pas si différent de l'être humain ce qui me déçoit énormément. Moi je n'agis ni comme lui, ni comme les humains, j'agis comme le ferait le Diable en personne, car après tout, je suis en quelque sorte la progéniture du démon. Je suis le cancer qui pousse au sein de Croix, je finis par dégrader, ronger petit à petit le coeur de Croix, pour le détruire de l'intérieur à la suite. Avoir le pouvoir, ce sont-là que des rêves d'homme, des rêves pathétiques, pour des êtres pathétiques. Moi, je veux amener sur terre la folie.

« Appelle moi Chef ou monsieur Cross. Comment vas-tu Liala ?

- Politesse avant tout, tout à votre honneur Chef. Je vais bien, et vous chef ? »

Je ne crois même pas à ce que je raconte, peut-être que lui aussi l'a remarqué. Je le suis, je ne sais guère où il m'emmène, mais comme je suis une nuisance pour lui et la conquête de sa suprématie, je me fais déjà une idée. Me convoquer, moi qui fais partie de la catégorie des esclaves qu'on ne regarde même pas, qu'on aperçoit à peine la présence, c'est plutôt étrange, non ? C'est comme hier, m'envoyer un Hassanssin, on voit bien qu'il essaye de m'affaiblir, ou cherche à me faire comprendre un messager. Qu'importe, Elio ne m'a pas atteint et même s'il était très puissant, mon cerveau a été le meilleur. Cela aurait été si simple pour lui qu'Elio m'élimine durant l'entraînement, il aurait dit à Mathias que ce n'était qu'un simple accident, oui, car les accidents sont si vite arrivés durant un combat. Quoi qu'il en soit, Dorian m'a sous-estimé et a sur-estimé les capacités d'Elio, je crois que même Valentin Fox aurait eu plus de facilité à m'avoir, il semble plus mature.

« J'espère que vous n'êtes pas trop déçu de votre Hassanssin, il s'est donné du mal pour essayer de m'atteindre, bien que, ce ne fut pas un succès. »

Dis-je sur un ton encore provocateur, va-t-il me gifler, me prendre par le coup, m'étrangler... Va-t-il me faire une chose, qui risque de provoquer la sombre colère de Mathias. La peur, la colère, l'avidité entraînement la folie, si j'arrive à le rendre fou de rage, je serais en mesure de le manipuler. Le risque qu'il me tue est présent, mais la mort n'est pas vraiment une chose que je craints.

Le démon au sein de Croix



Dorian Cross essaye de me comparer à ce qu'il connaît, il fonce droit dans un mur. Je ne ressemble à rien qu'il puisse connaître, je suis un être unique et pourquoi ? La réponse, car je suis un être créé et animé par la fureur, la noirceur et la peur de Djibrïl. Je suis un monstre, essayer de m'atteindre sur le plan émotif, ou physique est inutile. La douleur je la ressens, mais elle m'est éphémère, la colère je l'entends, mais elle ne m'appartient pas... Je suis la folie, née de la folie. Je suis la peur, née de la peur. La colère, née de la colère. Je suis les émotions de la noirceur du coeur de Djibrïl, mais je ne les ressens pas. Un homme tel que Dorian peut-il comprendre cela, il est intelligent, je n'en doute pas, mais peut-il tout de même le comprendre, lui qui veut, à tout prix montrer qu'il est impassible... Alors, que dans le fond, la rage gronde. Je ne suis pas Empathe, mais j'en ai le sentiment.

« Ca pourrait aller mieux. »

J'ai à peine écouté sa réponse à ma question précédente, à quoi bon faire semblant là-dessus... On sait tous les deux que la forme de politesse n'est que décorative et qu'en réalité, on s'en fout tous les deux de la santé de l'autre. Lui ce qu'il veut c'est, m'abattre et moi ce que je veux, c'est, dévorer son âme, donc bon... Que des niaiseries. En fait, voilà ce qui est la vérité, pour que tout le monde comprenne la situation entre moi et Dorian... Lui et moi, jouons à un immense jeu où nos vies à tous les deux sont mises en jeu, la règle est simple... Avoir la peau de l'autre, avant que l'autre ne t'ai eu en premier. Ce qui empêche Dorian de me faire la peau, bien, qu'il en a, le pouvoir n'est autre que Mathias, sa nièce qui en pince pour moi, mais aussi Dean avec qui j'ai réussi à sympathiser d'où le fait qu'il ne me surveille plus aujourd'hui... Car, Monsieur Dean pense que je lui suis dévouée corps et âme, aujourd'hui.

Compte à moi, ce qui m'empêche d'avoir la peau le Chef de Croix, n'est autre que sa suprématie. Si je veux sa peau, je dois avant tout l'atteindre au sommet pour l'effacer, non pas comme une autre Roi, mais plutôt comme le poison dans la boisson qu'il aurait ingurgité. J'ai beau être un monstre, j'ai beau être beaucoup plus sombre que lui, il reste le plus fort... Je dois donc, encore laisser mes pouvoirs atteindre leurs paroxysmes. Je donne l'impression que ce que je veux, c'est la mort de Dorian, n'est-ce pas ? Vous vous trompez, ce que je veux n'est pas seulement un petit chef qui n'arrive même pas à s'opposer aux exorcistes d'Orphéo, un petit chef qui n'arrive même pas gérer une Rebelle comme Mathias. J'ai un plan et si je suis ici, ce n'est seulement que pour me reposer, seulement pour tester mes compétences aux seins même de la famille la plus crainte dans le monde des sorciers. Ici, c'est un terrain de jeu parfait, avec un adversaire redoutable parfait.

« Je suis plutôt déçu de toi, je m'attendais à ce que tu t'en débarrasses plus facilement. Si je voulais me débarrasser de toi, j'aurais envoyé quelqu'un de plus compétent.

- Oh vraiment ?! Si je comprends bien, bien avant d'envoyer Elio, vous saviez déjà que j'étais de loin supérieur à vos jouets en cette demeure ? Ah mais, oui, forcément... Je suis après tout, celle qui a transformé votre nièce en simple pantin... Mon pantin à moi. »

Je lui exprime ceci sur un ton ironique, étant donné qu'en temps normal les Cross n'ont ni Dieu, ni maître, « d'après eux ». Je m'arrête quand celui-ci fait volt-face vers moi...

« Que veux-tu ? »

Je le regarde avec un visage qui n'exprime rien, un visage identique à celui d'un cadavre. Puis, je souris, un sourire évidemment faux, avant de me retourner vers la fenêtre.

« Alors, finis le jeu, vous voulez que je mette carte sur table, c'est ça ? Très bien... Ce que je veux... C'est d'anéantir Orphéo ! »

Je laisse un moment de silence pour reprendre peu après...

« Pas pour vous faire plaisir... En détruisant Orphéo, je pourrais mettre un certain plan à l'oeuvre, un plan destiné à faire sombrer le monde dans la folie, l'enfer sur terre... Je m'en fous complètement de vos histoires d'humains, de mêlers, de sorciers... Pour moi, vous êtes tous les mêmes, de délicieuses âmes qu'il faut tourmenté pour l'éternité. »

Je me retourne à nouveau vers lui...

« Pensez-vous toujours que mon comportement est identique à celui de Mathias, Chef ?! »

Je suis presque sûr que je n'ai pas pu lire dans ses pensées, mais j'ai le sentiment que c'est ce qu'il pensait de moi, il y a quelques instants... Je me demande si c'est à cause de se pouvoir qui c'est réveillé en moi hier ? Un pouvoir que j'attribue le nom de « Psychisme ».

Le démon au sein de Croix



Il rit à ce que je viens de lui répondre, tout comme mes mots ne l'atteignent pas, son rire non plus m'effleure à peine l'esprit. Cela me montre juste, à quel point cet homme est un inutile qui n'est en rien fait pour être Roi, un simple roturier s'étant lui-même proclamer Roi. Mon objectif n'est rien d'autre que le néant sur terre, mais avant tout, je dois détruire la lampe qui éclaire le monde, Orphéo. Je n'ai jamais précisé que j'étais en mesure de le faire, aujourd'hui, mais qu'en sera-t-il demain.

« Petite espèce ridicule. Vermisseau.

- Venant d'un sac de chairs ambulants, c'est un compliment. »

Oeil pour œil, dent pour dent et insulte pour insulte... Je me rabaisse à son niveau pour lui faire plaisir, avec un sourire à lui offrir en plus. Il s'est mieux que moi que ses insultes ne m'atteignent même pas, peut-être a-t-il envie de calmer ses nerfs, étonnement... Ce genre de comportement est si humain. Eux qui se prétendent mieux que l'humanité, n'est en fait pas meilleure qu'eux. Mais je crois, que je le savais déjà, il n'y a qu'à voir Mathias et Dean.

« Tu n'y arriveras jamais. Je ne te sous-estime pas. Je te jauge à ta juste valeur. Et ta valeur est celle d'une souillure dans la geôle que tu vas connaître.

- Vous aurez beau utiliser toutes vos niaiseries sur moi, mais cela ne durera pas, je dirais même que le fait que vous m'enfermiez, faisait partie de mon puzzle. Vous ne comprenez pas, apparemment vous avez un cerveau qui marche au ralentit. »

Je le regarde droit dans les yeux, pénétrant à l'intérieur, de ses pupilles bleutées. Je rajoute sans le lâcher...

« J'ai déjà tout prévu, c'était mon plan de venir ici. Vous pensez que je suis seule, vous pensez que je ne serais jamais capable d'anéantir Orphéo ? Si c'était mon but dans l'immédiat, pourquoi suis-je ici ? Aujourd'hui, je ne peux rien tout comme vous, vous ne pouvez rien. Mais demain est un autre jour, demain je ne serais pas seule. Mathias m'appartient déjà, Dean m'appartient, bientôt sera autour de Sam, ensuite... Comment se nomme encore ce jeune arrogant, ah oui... Dylan ! Cela prendra tout le temps qu'il faudra, mais au final, j'aurai ce que je veux. »

Il prétend me jauger à ma juste valeur, mais sa propre valeur l'aveugle et l'empêche de voir, le diable en face de ses yeux. Son aveuglement sera un jour sa propre fin, je peux imaginer la scène de sa chute vers le dernier niveau de l'échelle hiérarchique. Les hommes pensent, qu'il suffit de tout prendre par la force, cet homme pense qu'il faut vaincre Orphéo en étant plus nombreux qu'eux... Il pense encore comme un simple primate, lui qui prétend être un être supérieur. C'est l'idée générale de tout homme, ils sont incapables de voir plus large. Moi je peux et j'ai un plan, lui, n'est rien d'autre qu'un pion faisant partie de mon échiquier grandeur nature.

« Orphéo est comme un système immunitaire, avec des anticorps à chaque coin du monde. Vous, pour eux, ne représentez qu'une mauvaise bactérie à repousse immédiatement et qui se font repousser effectivement sur-le-champ. C'est pathétique... Moi, je suis un cancer, qui s'attaque d'abord et petit à petit aux anticorps, jusqu'à atteindre le cerveau... Comme je suis en train de le faire en ce moment avec votre famille. Moi aussi, j'ai jaugé votre valeur et elle n'est pas meilleure que celle de votre propre nièce. Vous êtes fait pour être des pantins, c'est dans votre nature. »

A mon tour, je ris, seulement pour que cela raisonne bien à l'intérieur de son crâne. Je tends à la suite mes deux poignets et je rajoute.

« Eh bien, alors... Allons-y à cette geôle, cela vous laissera un moment de répit, pour le grand jeu avenir. Un démon ne s'apprivoise pas. »