feat Gemma Arterton

Âge : 26 ans Date & Lieu de naissance :13/03/1987 - Sarreguemines Race : Sorcière Statut :En couple avec Dorian C. Cross Groupe : Sorciers noirs Don premier : Véloce Pouvoir premier : Guérisseuse

30 décembre 2010

- Rappelez-moi pourquoi je suis là déjà …
- Simple mesure de sécurité. Vous avez traversé une épreuve difficile.

« Une épreuve difficile » … Ces simples mots lui donnaient une folle envie de rire au nez de son interlocuteur avant de s’en aller en claquant la porte. Plus d’une demi-heure qu’elle était assise dans ce fichu fauteuil, muette. Ce petit manège se répétait depuis trois jours. Deux âmes se regardant en chiens de faïence, attendant simplement que deux longues heures passent. La jeune femme posa ses yeux sur la pendule dont les aiguilles fixes lui rappelaient qu’elle perdait son temps. Se levant d’un bond, elle s’approcha de la fenêtre pour observer le paysage urbain enneigé.



- Parlez-moi de vous Louyse. Parlez-moi de votre enfance. Je ne sais pas, votre prénom. Pourquoi Ysraël ?
- C’était plus esthétique que Pakystan.

Anne Muller et Hervé Creutz s’étaient rencontrés en Israël dans les années 60. De là était partie une histoire d’amour classique et peut-être relativement stéréotypée. Les deux jeunes sorciers tombèrent amoureux. Avant de retourner chacun de leur côté, ils échangèrent leurs coordonnées et se promirent de se contacter. Leur promesse, ils la tinrent. Anne et Hervé se revirent, ils se marièrent et le couple s’installa dans une petite ville mosellane à la frontière allemande où il fonda tranquillement une famille. Les premières contractions arrivèrent en juillet 1975 avec Vincent, l’aîné des enfants Creutz, rapidement suivi en avril 77 par Romain puis par Arthur en octobre 1982. Louyse Ysraël Creutz naquit finalement un 13 mars 1987, dans ce même hôpital qui l’accueillait plus de 23 ans après.
Ce fut dans un contexte de famille riche et heureuse que la jeune fille se forgeât son caractère. Son père lui inculqua très vite un certain nombre de valeurs. Le respect du rang, du sang, de l’autorité, étaient les maîtres mots de cette éducation stricte qu’affectionnait tant Hervé et qui jusqu’alors avait parfaitement fait ses preuves. Mais plus que tout, il lui apprit à obtenir coûte que coûte ce qu’elle désirait. La jeune fille ne dérogea aux règles qu’on lui avait fixées qu’une seule fois. La gifle qui s’ensuivit fut telle que jamais plus elle ne se permit de manquer de respect à son père. Avec l’âge, Louyse avait appris à apprécier les règles fixées.
Elle était devenue une enfant et une adolescente intelligente, futée, avide de savoir et de puissance. Son don et son pouvoir s’étaient considérablement développés, et elle usait souvent du deuxième à son avantage face à ses frères.



- Quelles relations entreteniez-vous avec vos frères ?
- Nous nous entendions bien.

Louyse n’avait jamais été à proprement parlé considérée comme une fille par ses aînés. Bien-sûr, ils voyaient en elle un petit joyau à garder loin des tumultes - et c’est ce qu’ils tentaient tant bien que mal de faire -, mais elle avait toujours eu le statut de quatrième garçon de la famille. Sans doute était-ce dû à l’absence notable de poupées dans sa chambre, à son aversion pour le rose ou encore au fait qu’elle préférait de loin démonter un fusil que s’occuper d’une tête à coiffer. Toujours est-il qu’il fallut attendre ses 16 ans et sa première robe portée au lycée pour que ses frères la considèrent enfin comme une personne de sexe féminin.



- Et avec Arthur ?
- …

L’homme gratta quelques mots sur son bloc note.

17 juin 2011

- Vous avez quitté le domicile familial à 18 ans, c’est bien cela ?


La famille Creutz n’avait jamais réellement pris position pour un camp ou un autre. L’idéologie des uns ne leur convenait pas, les méthodes des autres n’étaient pas à leur goût. Mais Louyse n’était pas de cet avis. Son besoin de pouvoir grandissait toujours et encore. Sa vie à l’Est ne lui convenait plus, les personnes qu’elle fréquentait lui semblaient devenir pitoyables, la monotonie s’installait et elle ne pouvait se résoudre à rester indéfiniment inerte. Elle sorti de sa léthargie et déménagea. Paris, la belle Paris. Mais la ville lumière n’offrit rien à Louyse. Rien, si ce n’était un nom maladroitement prononcé dans un bar populaire de la capitale par un étudiant un peu trop alcoolisé : Croix.

29 novembre 2011

- Pourquoi Croix ?
- Pourquoi êtes-vous ici à l’heure qu’il est ? Pourquoi avez-vous fait psychologue ?
- Je ne sais pas. J’ai senti que ce métier me conviendrait …
- Il me semble que vous avez votre réponse.

Louyse avait trouvé en Croix ce qu’elle cherchait. Elle y avait été acceptée à 18 ans, malgré les remontrances et sermons de ses frères. Ces derniers ne pouvaient imaginer leur cadette dans pareille machine. La volonté de s’opposer à Orphéo leur paraissait dangereusement utopique. Plus encore, ils ne pouvaient accepter cette envie d’asservir des humains innocents. Mais ce dernier argument allait être évincé quelques années plus tard.

18 juillet 2012

- Vous n’êtes toujours pas décidée à me raconter l’accident, Louyse ?

Son cœur battait si fort qu’elle craignait que son interlocuteur puisse l’entendre. L’accident. Comment osait-il appeler cela un « accident » ? Il ne savait rien de ce qui était arrivé. Il ne savait rien de ce qu’elle avait ressenti cette nuit-là. Louyse le toisa du regard.



- Et que voulez-vous que je vous raconte ? L’odeur ? Le bruit ? Vous en feriez des cauchemars.

Elle avait 23 ans. Comme chaque année, Louyse venait passer les fêtes de Noël dans sa ville natale afin de revoir sa famille et comme chaque année, tout se passait au mieux. La jeune femme avait revu ses parents, elle avait couvert de cadeaux les enfants de son aîné, avait fait la connaissance de la nouvelle future-ex-compagne de Romain et écouté les histoires de cœur d’Arthur. Des fêtes normales pour une famille normale en somme. Il était de tradition pour Anne et Hervé de se réserver le 27 décembre pour passer du temps avec leurs quatre enfants. La belle-famille fut congédiée, et ne restèrent au soir du 26 que les membres originels de la famille Creutz.



- Il était 4h30, c’est ça ?
- …

L’homme sorti un dossier d’une taille considérable, l’ouvrit et commença à en faire la lecture à voix haute. Il voulait la forcer à réagir …



- Lundi 27 décembre 2010, domicile de Monsieur Creutz Hervé et sa famille, 4h30.
- 32. 4h32 …

De grandes flammes dévoraient le couloir, les pièces adjacentes, le rez-de-chaussée. La maison entière était lentement rongée par le feu. Instinctivement, Louyse avait couru vers la chambre la plus proche. Le spectacle qu’elle y découvrit l’avait pétrifié. Deux hommes alimentaient en essence un lit déjà transformé en brasier au centre duquel brûlait lentement un corps qu’elle connaissait bien. Il fallut qu’une balle frôle son épaule pour la ramener à la réalité. Elle avait fait volte-face et dévalé les escaliers. Arthur était là.



- Ils l’ont immolé sous mes yeux. C’est cet « accident » qui me vaut nos petites entrevues. Arthur, Romain et ma Mère ont été assassinés par de simples humains. Je l’ai reconnu, ça vous suffit ?

12 décembre 2012

- Je vous ai déjà tout dit non ?
- Vous ne m’avez pas dit pourquoi vous n’avez pas quitté Croix.
- Vous pensez sincèrement qu’on y entre et sort comme dans un moulin ?

Louyse avait emmagasiné une rage incroyable depuis cette nuit-là. Elle ne pouvait concevoir qu’un mouvement tel que Croix, aspirant pourtant à asservir les humains, puisse tolérer que des familles de sorciers soient massacrées par une sous-espèce. La jeune femme en était venue à haïr la hiérarchie qu’elle respectait tant depuis sa majorité au point de la vouloir renversée. Cette haine l’avait confortée dans son besoin de pouvoir, et elle s’était tuée à trouver un moyen d’arriver à un poste plus élevé au sein de Croix. Louyse avait finalement trouvé ce moyen en se rapprochant de Dorian C. Cross. Elle fut plus qu’impressionnée lorsqu’il prit la tête du mouvement en se débarrassant de Natasha. La jeune femme était restée à ses côtés, attendant simplement le moment opportun où elle pourrait accéder à une place lui offrant plus de pouvoirs, plus d’importance.

12 avril 2013

- Qu’est-ce que vous cherchez Louyse ?
- Des noms, principalement.
- Et à quoi cela vous avancera-t-il ? A vous venger ?

Louyse ancra son regard dans celui de son interlocuteur. Il ne pouvait pas imaginer jusqu’où elle pouvait aller pour obtenir ce qu’elle voulait.

12 avril 2013

L’homme s’apprêtait à poser le dossier sur son bureau lorsque Louyse le lui prit sèchement des mains. Il était petit, et elle le surpassait largement en taille. Non pas qu’elle fût extrêmement grande, mais ses douze centimètres de talons lui faisaient facilement atteindre le mètre quatre-vingt-deux. Elle prit place dans le fauteuil le plus proche et laissa ses yeux marrons vagabonder sur la première page de ce qui constituait son dossier médical. Les papiers retraçaient son parcours depuis son hospitalisation en 2010. Mais les blessures décrites avaient depuis bien longtemps disparues et sa peau diaphane avait retrouvé son aspect originel, les taches de rousseur sur son visage étaient toujours les même, son nez fin et ses lèvres claires n’avaient pas changés. Les « caractéristiques surnaturelles » de la sorcière avaient pour cela parfaitement joué leur rôle. Louyse passa sa main dans ses cheveux sombres et sauta les pages les moins intéressantes pour arriver au portrait qu’une écriture hiéroglyphique dressait d’elle.

D’un naturel calme et patient, Louyse avait appris à cacher les émotions qui pouvaient la handicaper. Elle n’en était pas pour autant insensible et savait par conséquent pleurer, souffrir, rire, comme tout être humain normalement constitué. La jeune femme aimait écouter les autres, pas nécessairement par bienveillance ou compassion, mais simplement parce qu’elle pouvait jouir d’une emprise bien plus large sur un homme dont elle connaissait les secrets. Elle était pour cela observatrice et prenait toujours grand soin de noter les détails pouvant s’avérer utiles. S’ajoutait à cela un caractère manipulateur et calculateur qui la poussait généralement à réfléchir, longuement ou non, avant d’agir. Elle aimait que les choses soient bien définies et se déroulent selon ses plans, quitte à déformer réalité et vérité à son avantage. Louyse n’avait jamais eu l’air bien menaçante, mais les pulsions sadiques et colériques qui la prenaient lorsque l’on franchissait ses limites en avaient étonné et parfois réduit au silence plus d’un.

Louyse referma le dossier et lança un regard défiant à l’homme en face d’elle. S’approchant du destructeur de documents, elle y glissa la chemise. Après tout, on ne savait pas entre quelles mains ses confessions pouvaient tomber.