Luka & Logan
« L'essentiel de la vie sont
les êtres que l'on rencontre
sur son chemin. ».

Le paysage défile au rythme de ma foulée. La mer s'écrase avec violence contre les falaise, agrémentant la mélodie écossaise qui se déverse dans mes oreilles par le biais de mes écouteurs. C'est une musique sans parole qui s'accorde avec le vent et les vagues. La respiration régulière, je laisse l'air frais rentrer dans mes poumons avec bonheur tandis que je cours le long de la falaise. Mes muscles commencent à me faire sentir qu'ils vont bientôt avoir besoin d'une petite pause. Cela fait presque une heure que je suis partie de la maison sur la Falaise pour me perdre dans un paysage sauvage sans regarder où je me rendais. J'accélérais le rythme déjà soutenu afin de faire travailler un peu mon coeur avant de m'arrêter un temps. Je vois au loin un amas de rocher et je décide qu'il serait bien de pratiquer un peu l'escalade. Cet endroit possède d'ailleurs une grotte, je le connais bien. Les côtes de l'Ecosse sont constellées de paysages comme celui-ci, fait de falaises plus ou moins abrupte, de rochers coupants et de grottes.

Je me lance dans un sprint rapide. Mon sac bat furieusement dans mon dos alors que mon coeur commence à cavaler. Je cours pour me maintenir en forme et parce que Pandora l'a exigé, parce que cela rentre dans mon entraînement d'exorciste et parce que j'ai toujours eu besoin de me dépenser. A dix mètres des rochers je suis au bord de l'asphyxie. Je marche un peu pour calmer mon coeur et ne pas m'arrêter brutalement. Ma respiration s'apaise peu à peu. Je fais tomber mon sac sur le sol et en sors la bouteille qui trônait au milieu des poids. Le sac doit bien peser une bonne quinzaine de kilos. En plus de ça j'en ai attaché aux chevilles et aux poignets de un kilo chacun. J'avale doucement quelques gorgée d'un liquide à la fois sucré et acide. C'est un mélange que tous les orphelins du Mystery Orphanage connaissent. Souvent soumis à une pression physique intense par l'entraînement et la rigueur qu'ils s'imposent, l'énergie est un besoin que tous connaissent. Dans la bouteille il y a du sucre, du miel pour la gorge, du jus de citron et de l'eau. Cette recette de grand-mère est aussi efficace qu'une boisson énergisante et bien moins néfaste.

Je me décide à repartir pour un peu d'escalade et me dirige vers les rochers. La grotte n'est pas compliquée d'accès mais je peux aussi passer par un passage difficile histoire de corser la chose. Mes mains commencent à trembler un peu aussi je décide qu'il faut que j'accélère pour arriver dans la grotte. Une fois fait, je me retrouve à moitié plongée dans le noir et je suis trop mauvaise élémentaliste feu pour tenter quelque chose. Je ne pourrais que grandir la flamme de mon briquet. Je laisse alors mes yeux s'habituer à l'obscurité ambiante. Soudainement un vacarme étonnant résonne dans la cavité rocheuse. Un jeune homme est rentré et a commencé à danser et chanter... Je ne bouge pas. Après tout si il pouvait ne pas me remarquer (je suis en short de sport et t-shirt, les cheveux rejetés en arrière attachés par une queue de cheval, quelques mèches folles sur mon front). Mais ce serait trop beau pour être vrai, je suis en plein milieu de la grotte.

- Euh... Je... Euh ... Je suis désolé... Je euh ... pensais qu'il n'y avait personne ...

Et puis il s'excuse à nouveau. N'en pouvant plus, j'explose de rire. Non mais c'est vrai qu'il avait l'air un peu ridicule quand même. J'essaye de le sonder un peu et je peux dire qu'il est magique, ça, il n'y a pas d'hésitation. Cette capacité à savoir qui l'est ou qui ne l'est pas est assez utile tout de même mais j'en connais qui en sont totalement dénués, comme moi et la télépathie par exemple. J'en suis tout bonnement incapable.

- Oh c'était plutôt amusant. Ce qui est drôle aussi, c'est que j'ai l'impression de te connaître mais je ne parviens pas à savoir si c'est effectivement le cas ou non.

Oui bah il ressemble à quelqu'un que je croiserais régulièrement ou que j'ai déjà vu au Mystery, à Little Angleton, mais à savoir qui ? Peut être était-il un ancien pensionnaire ? Quel âge a-t-il ? C'est ça le problème avec les êtres magiques, on ne peut jamais vraiment savoir. Bon il est vrai que d'instinct nous le voyons un peu. Je dirais qu'il a tout de même moins de trente cinq ans. C'est quelque chose qu'on peut voir dans le regard, peut être, ou que l'on sent, je ne sais pas.

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Il n'ose pas me regarder dans les yeux. Pourquoi ? Ses yeux font le tour de mon être mais passe très rapidement comme de peur de voir mon regard. Je laisse ses sentiments venir à moi et constate avec une certaine déception que j'ai du mal à le lire. Il y a des gens comme lui qui me sont comme bloqué. En général c'est parce que je me suis attaché à eux et alors mon don me protège. Ressentir les sentiments de ceux qu'on aime, sans arrêts, c'est affreux. On ressent les déceptions que l'on peut fait, le dégoût que l'on engendre, la colère que l'on créé. Il a l'air comme intimidé et pourtant je sais que ce n'est pas le mot exact. Celui-ci prend un malin plaisir à m'échapper.

- Tu étais, et peut est toujours à l'orphelinat, non ?

C'était donc ça, il était au Mystery Orphanage. Je souris. C'est quelqu'un de ma famille si on veut. Je ne dis pas ça dans le sens propre, mais le Mystery Orphanage c'est un peu une grande famille de coeur. C'est d'ailleurs pour ça que la plupart des orphelins finissent par se mettre en couple avec d'autres orphelins ou du moins des personnes ayant fréquenté l'établissement pour apprendre à contrôler la magie.

- Je n'y suis plus vraiment, j'ai vingt ans maintenant. Je m'appelle Luka. J'habite la maison sur la falaise et je suis apprentie exorciste pour le moment.

La maison sur la falaise, quiconque a vécu à Little Angleton la connait. Jusqu'à il y a un nombre d'années, elle n'était qu'une grande ruine d'un quelconque manoir de pierre et elle avait été acquise par un architecte qui l'avait rénové en gardant les ruines, en jouant avec pour y instaurer un paradoxe entre modernité et passé. Je l'avais acheté quelques mois auparavant. Maintenant qu'il m'avait avoir fréquenter le Mystery, je le regardais de haut en bas et effectivement, je revoyais en lui une silhouette déjà croisée, mais c'était il y a un moment. Pourtant on pourrait croire que nous avons le même âge. Hum... Loïs ? Lorent ? Loris ? Lo... Je sais que c'est Lo quelque chose. Mais le reste m'échappait.

- Le premier en bas ?

Hum joueur... J'acquiesçais. D'un coup d'oeil, j'observe la mer qui bat furieusement au pied de la falaise. Le vent souffle fort aujourd'hui, mais les courants ne sont pas nocifs. Pas de risques si on tombe. Je souris, je viens d'avoir une idée. De mon sac, je sors quatre poids de un kilo chacun. Certes ils ressemblent plus à des bandes de tissus bleues mais ils pèsent leur poids. Je les lui envoie, un sourire au coin des lèvres. Chacun avec le même handicap sinon ce n'est pas drôle. Je me mets au bord de la falaise à ses côtés et au cris de départ que nous poussons tous les deux, alors qu'il commence à descendre, j'inspire un grand bol d'air frais et m'élance. Je saute. Le vent siffle dans mes oreilles pendant un temps infime et puis l'eau me recouvre entièrement, m'emprisonne dans ses bras, m'accueille en son sein. Je me laisse faire un moment et remonte doucement à la surface. Tout en battant des bras pour me maintenir à flot, je le regarde en souriant et lui hurle pour couvrir le vacarme :

- Je crois que j'ai gagné !

Je lui fais signe de me rejoindre pour voir s'il a du cran. Sauter de la falaise dans l'eau gelée est une sorte de rite de passage au Mystery Orphanage. Une fois adolescent, en principe pour les quinze ans bien que certains, comme moi, ayons voulu le faire plus tôt, les amis nous emmène vers les falaises et il faut sauter. Ça n'a rien de dangereux, il faut avoir un peu de puissance physique pour résister à l'afflux et le reflux des vagues. Cela se fait depuis toujours. Je sais que Jonathan et Nérys ont également participé à cela quand ils étaient plus jeunes.

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Logan, il s'appelait donc Logan. Je me souvenais de lui à présent. Mais le jeune homme a presque dix ans de plus que moi si je me souviens bien. Bah, dix ans, dans le monde des sorciers, ce n'est rien. Pourquoi je me mis à penser à cela ? Drôle de question ! Cela fait des mois que John est porté disparu, j'avais eu le temps de pleurer, de hurler, d'être en colère contre lui. Ça n'avait rien fait : il était toujours introuvable. Du coup, regarder un mec mignon n'était plus accroché au tableau des tabous. John, il restait dans mon coeur, quelques part, mais après presque un an... Je secouais la tête, refusant d'y penser plus. La tête que fit Logan quand il vit que j'avais préférer prendre la voie des airs était impayable, elle valait toutes les fortunes du monde. Je fus bien en peine de ne pas éclater de rire. Remuant les bras dans l'eau gelée je le regardais avec amusement.

- Tricheuse !

On avait jamais dit qu'il fallait descendre par la paroi ! Du coup je n'avais pas triché, juste profité du silence des règles. Mesquine ? Peut être un peu. Il tira des fils comme une araignée. J'ouvris grand les yeux avant de me souvenir : Logan, l'araignée. Les secrets, au Mystery Orphanage, ça dure rarement. Le fait qu'il soit un drôle d'être n'avait échappé à personne. Il parait qu'il est métamorphe araignée et qu'il est bloqué. C'était drôle d'y repenser. En fait, l'homme que j'avais en face de moi, c'était spiderman. Il remonta et commença a enlever son t-shirt ! STOP ! Même de loin il a l'air... WHOUAH ! Bon il fallait avouer, que Logan était plutôt beau. Il s'élança dans les airs et sauta de la falaise.

- Attention à la booooombe !

Je souris et dégageais vite pour qu'il ne me tombe pas dessus. Ce serait bien embêtant non ? Une jeune fille a été retrouvée morte hier à Little Angleton. Elle aurait été assommée par un homme ayant sauté dans l'eau en bombe alors qu'elle se baignait tranquillement. Elle a alors dérivé dans le courant et s'est noyée. Pire mort y'a pas ! Il rentra dans l'eau à une vitesse folle et m'éclaboussa complètement, créant de nouvelles vagues, comme si la mer en avait besoin ! J'attendis qu'il remonte à la surface quand je le sentis saisir mon pied et tirer dessus. L'enfoiré ! Comme j'avais la bouche ouverte, celle-ci se remplie d'eau salée. Alors que je remontai, il rigolait à gorge déployée. Crachotant ce que j'avais avalé je le regardais avec un petit sourire. Monsieur timide allait avoir des surprises.

- Burk ! J'ai la bouche pleine de sel !

Et ce disant je m'approchais de lui, posais délicatement mes mains sur ses épaules nues et l'embrassais fougueusement. Quand le baiser fut terminé je gardais un goût délicieux sur les lèvres et une intense envie de recommencer. C'est mal Luka, tu ne le connais pas vraiment ! Bah j'avais couché avec Matt et je ne le connaissais pas du tout. Mais ce n'était pas pareil, j'étais bourrée, et ce n'était qu'une histoire de soirée. Logan était du Mystery Orphanage. Oui, définitivement, ce n'était pas pareil.

- Voilà, y'a pas de raison que je bouffe du sel et pas toi !

Bah oui, j'avais encore un peu d'eau dans la bouche quand je l'ai embrassé, pas de quoi le faire vomir ou le noyer mais de quoi lui donné un petit goût de ce qu'il m'avait fait. Avec un immense sourire et un clin d'oeil je me mis à nager le crawl vers la falaise, faisant attention à ce que le ressac des vagues ne me précipite pas contre les roches. Les poids aux jambes et aux mains rendaient difficile ma progression mais je finis par me hisser à un mètre sur la falaise. Pour remonter il serait plus rapide que moi, c'était certain.

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Je crois que je l'ai complètement déstabilisé car il met un temps fou à me suivre. C'est le baiser qui a fait ça ? En tout cas, bien que je ressente peu ses émotions, j'ai l'impression que c'est tout un désordre là bas dans son coeur, mais un désordre agréable. Par respect, pour ne pas l'espionner, je fais taire mon don qui a trop souvent tendance à se montrer invasif. Je continue de monter mais ma progression est plus lente. Après avoir couru pendant des plombs, mon corps se fatigue un peu. Les poids arrachent quelques gémissement à mes muscles mais je continue vaille que vaille. Surtout qu'il fait vraiment froid et je ne tiens pas à finir congelé comme un glaçon. Je trouverais ça fort déplaisant, même si cela fait de moi une magnifique statue de glace. Non, vraiment, je n'ai pas envie de rester beaucoup plus longtemps exposée au vent.

Logan me dépasse bien vite avec un petit commentaire en prime. Je lui souris et continue mon ascension. Un temps je m'arrête pour l'observer. C'est magnifique de le voir grimper. La falaise semble lui offrir toutes les prises alors qu'elle me les refuse. Ils semble léger comme l'air et puissant comme le roc. Il joue avec souplesse et agilité avec la falaise. Elle ne le laissera pas tomber, il est né pour grimper. Elle ne l'abandonnera pas. Je me reconcentre alors qu'il arrive en haut. C'était beau de le voir avancer rapidement mais il faut quand même que moi aussi j'arrive en haut. Alors je progresse, assez rapidement tout de même. Mes muscles sont tétanisés par le froid et l'effort mais je continue. Je goûte à la souffrance qui en résulte avec délice. Non pas que je sois masochiste, non, c'est plus un plaisir sportif.

Des fils m'accrochent les poignets et, surprise, je lâche la paroi. Heureusement qu'il me retient ! Tiens donc je l'aurais foutu à l'eau encore s'il m'avait lâché ! Il me tire et enfin je retrouve la grotte que nous avions quitté pour cette course stupide. Cela fait du bien de refaire des choses innocentes et naïves, des choses bêtes qui n'ont pas de sens et d'importances, des choses qui font rires, qui sont réprimandables parce que ce n'est pas sérieux. Je rigole doucement alors que ma peau se couvre d'une délicieuse sensation de chaleur : le vent a arrêté de me torturer gentiment. Le vent d'Ecosse est un joueur, je l'aime bien, mais il ne fait pas de cadeau. Il ne sait pas quand il faut s'arrêter, il est trop libre pour ça. J'ai envie de jouer, comme le vent. Logan est beau, séduisant, et il m'attire.

- Pas trop froid ?

Je secoue la tête. Je n'ai jamais été vraiment frileuse. Je retire mes poids et les mets dans le sac. Je m'avance vers le jeune homme et lui retire les siens. Constatant que mon t-shirt me tient plus froid qu'autre chose, je le retire. J'ai en dessous un soutien-gorge/brassière de sport. De toutes façons je n'ai pas les plus gros seins du monde hyper siliconés comme ceux de Nabila par exemple.

- Enfin si, fait pas chaud...

Bah oui, quand même... Je reviens vers lui, un grand sourire sur les lèvres. Et j'embrasse les siennes, doucement. Je me recule, toujours avec un sourire, une main sur la bouche comme pour cacher une bêtise d'un air faussement innocent.

- Désolée...

C'est pas un vrai désolée. Parce que je ne le suis pas du tout. J'aime la saveur de ses lèvres. C'est drôle, il faut croire que ça m'arrive beaucoup ça. C'est comme avec John, dés le début il m'a semblé que... Non, ne rêve pas, si ça se trouve, Logan, qui doit avoir presque trente ans, te vois comme une gamine et puis il prend ça pour un jeu, comme toi... Même si tu aimerais bien que le jeu prenne une tournure... autre. Hein Luka ?

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J'avais encore la sensation de ses mains sur mes joues. Douces, froides en passe de se réchauffer, elles avaient prit l'initiative d'approfondir le baiser. Mais j'étais partie. Il s'en alla, ne répondant pas. Je le regardai attraper son t-shirt sec et revenir vers moi. Je le laissai me l'enfiler comme à un enfant sans rien dire. La chaleur du tissus sec était étonnante : ma peau était tellement gelée que même froid il m'aurait paru chaud. Je nageais complètement dedans. Je me surpris à penser qu'il me l'avait mis pour plusieurs raisons : la première, il n'était pas question de me laisser mourir de froid, cela ne ferait pas de lui un vrai gentleman, ensuite, deuxième raison, je m'étais dénudée et il fallait cacher cela. La deuxième raison avait deux explications plausibles, soit il était gêné, soit il était croyant. Je préférerais nettement que ce soit la première option.

Il passa une main sous mon menton pour me le relever et m'embrassa. Pas à pas il amena mon dos à se coller contre la paroi et joua du fait que je sois bloquer pour approfondir le baiser. Nous étions deux jeunes gens en train de flirter l'un avec l'autre, de flirter avec nos limites. Je le laissais passer une main dans ma nuque alors que j'en posais une au niveau de son coeur. Celui-ci battait fort mais je n'en avais pas grand chose à faire. A vrai dire j'étais totalement concentrée sur la sensation que m'apportait ce baiser. Délicieuse sensation d'interdit, de secret et de volupté. Rien ne m'empêchait certes de l'embrasser mais c'était vrai que la bienséance aurait voulu que j'attende un petit peu. Ce n'était qu'un jeu cependant. Jeu qui tournerait peut être à quelque chose de plus. Mais pour l'instant ce n'était que quelques baisers, pour s'amuser un peu.

- Oups.

Tiens donc, lui aussi avait décidé de rentrer dans la danse. Je souris, le repoussais gentiment, comme faussement vexées, mais un regard qui le démentait totalement. J'attrapais mon sac et le mis sur mon épaule. Je n'allais pas m'enfuir comme une lâche alors que monsieur m'avait sauvée du froid. Son courage héroïque lui valait bien une récompense et puis je mourrais d'envie de prendre un immense chocolat chaud viennois qui achèverais de me réchauffer et qui me permettrais de le remercier.

- Je t'offre un verre ? Bon avant il faudra passer chez moi histoire que je me change et que je te rende ton t-shirt.

Bah oui je n'allais pas aller au Lonely Ghost avec les cheveux en pagaille, pleine de sueur lavée par l'eau de mer et vêtue en sport. Même si je n'étais pas une adepte du "je passe trois heures dans la salle de bain pour me préparer", un minimum d'hygiène et de décence était de mise tout de même.

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Plic ploc faisait mes cheveux. Et le sel me collait à la peau. C'était bien la seule chose que je n'aimais pas dans la mer : le sel. Il réduisait parfois à néant mes envies de baignade à la seule pensée que j'allais finir couverte de ce condiment et finir par coller, irrémédiablement. Le sel rendait les gens poisseux et c'était une chose plutôt désagréable à porter sur soit. Surtout quand on est une fille. Surtout quand on est une fille et qu'on a des longs cheveux.

- On se rejoint au Lonely Ghost ? Comme ça je passe chez mes parents prendre des affaires moins ... Trempées.

Ah oui je n'étais pas la seule à dégouliner d'eau salée. Qu'il soit mouillé ne le rendait pas moins sexy en tout cas. Bref, effectivement ce qu'il proposait était une bonne idée. Clea nous laissait chacun une heure pour se débarbouiller et puis nous irions prendre tranquillement une table au Lonely Ghost. Si nous continuions de bien nous entendre, peut être que la discussion durerait, encore et encore et voyant que le soleil commence à se coucher que nos ventres gronde un peu, nous irions peut être jusqu'à dîner ensemble. Et si nous avions des choses à faire qui pourraient empêcher la réalisation de ce dîner, nous finirions tout de même par avoir chacun le numéro de téléphone de l'autre ce qui était à peu prêt mon objectif du moment...

- A moins que tu n'aies un jean à ma taille...

Je détournais le regard et rangeais mes affaires histoire de cacher mon trouble. J'avais deux ou trois jeans à sa taille mais ils ne m'appartenaient pas. Ils étaient à John. Je n'avais pas le droit et pas la force de le voir sur quelqu'un d'autre. John avait disparu et était peut être mort, qui sait ? Je le regardai à nouveau, un sourire désolé sur les lèvres.

- Pas vraiment non. On se retrouve au Lonely Ghost dans une heure alors ?

Et je le plantai là, sans un baiser. De ce fait il serait peut être un peu déçu mais j'étais sûre de le revoir au bar sans trop de problèmes. Je couru aussi vite que possible pour retrouver la maison sur la falaise, les poids cognant dans mon dos. Une fois arrivée, je pris une douche rapide... Un sourire me vint au lèvre. Peut être était-ce le début de quelque chose ? Oh je ne dirais pas que je l'aimais car cela me semble un peu tôt pour juger non ? Nous ne nous connaissions que depuis quelques minutes en fait. Mais quand vous rencontrez un garçon dans une soirée, parfois ça finit en couple. C'était le même genre de rencontre, furtive, intense, puissante. Bien sûr, peut être qu'au final il ne me plairait pas, ou que je ne lui plairais pas... Mais ça, nous verrions avec le temps.