Luka & Dorian
« On se rend compte
de ce que l'on peut perdre
et de ce qu'on a perdu
qu'en situation de crise. ».

Une nuit. Pendant la nuit entière je suis restée éveillée, la peur au ventre, regardant, observant de loin. Je ne pouvais rien faire et me jeter dans la mêlée ne ferait qu'aggraver les choses : je ne sauverais personne, je mourrais inutilement. Alors c'est l'horreur dans l'âme que j'ai serré les dents et attendu que le jour se lève. Là, dans le domaine de Landcastle, en plein milieu de la forêt, l'aube venue, je m'étais autorisée un petit somme, quelques heures à peine pour reprendre des forces, et je les avais à nouveau observé, toute la journée. Je prenais ma forme d'aigle et je survolais le Mystery Orphanage et le village. Tous les sorciers noirs avaient parqués leurs prisonniers. Les mêlés qu'ils avaient trouvé, ils les avaient tous tués, tous. Homme, femme, enfant, bébé, sans distinction. Pour ce faire, lorsqu'ils n'étaient pas sûr, ils avaient demandé à Pandora. De loin je ne pourrais être sûre mais elle ne disait rien vu la façon dont ils semblaient la violenter. Mais il y avait les registres du Mystery Orphanage et puis les bons lecteurs de pensées et les détecteurs pouvaient déterminer à coup sûr s'ils s'agissaient d'un mêlé ou non.

Vers midi un grand feu a brûlé. Ils y ont jeté sans ménagement les cadavres des humains et des mêlés qu'ils avaient tué. Les sorciers, eux, avaient le droit à un traitement spécial : ceux provenant du village et du Mystery Orphanage furent enterré sur place, les sorciers noirs tombés seraient retourné à leur famille. Je contemplais ce spectacle, le coeur froid et dur. Pour l'instant, les larmes se contenaient à l'intérieur de mon corps. Ce n'était pas le moment de pleurer. Ils avaient repéré la maison sur la Falaise et y avait fait une descente quelques heures plus tôt. Je n'y étais pas. Quand ils sont revenus le dire à Dorian, je l'ai vu, devant l'orphelinat, il a défoncé le visage de celui qui lui annonçait cela. Il fallait me retrouver. Après tout, s'il avait envahis le Mystery, c'était d'abord pour montrer à Orpheo qu'il était prêt à tout, mais ensuite, si ça lui permettait de me mettre la main dessus...

Je n'avais pas de nouvelle de la plupart de mes camarades. Il m'a semblé voir Louis, enragé, tenu par des sorciers noirs. Mais je ne m'inquiétais pas, en sa qualité de Jorgensen, il serait gardé vivant et on essayerait d'en faire un bon sorcier noir. Après tout, sa famille appartenait en partie à Croix et en partie à Rosenrot, deux branches jamais vraiment d'accord. Il leur serait envoyé sans doute. Il trouverait un moyen de s'enfuir. Je me faisais plus de soucis pour les tout petits. Les sorciers noirs n'étaient pas des tendres j'étais parfaitement placée pour le savoir. Je revins là où j'avais laissé mes affaires, fouillais dans mon sac et y attrapais une barre chocolaté que je descendis rapidement. Il fallait que je le fasse... Inspirant un grand coup, je regardai le SMS qu'il m'avait envoyé quelques jours plus tôt. Je répondis, lui envoyant la position géographique d'une petite clairière, lui disant que je l'y attendrais. La fierté de Dorian ne lui permettrait pas devenir accompagné, du moins c'était ce que j'espérais.

Sachant qu'il ne tarderait pas non plus, je me mis en route pour cette fameuse clairière. Une fois arrivée, j'y posais mon sac et vérifiais mon armement. Poignard et sabre était aiguisé. Mon gillet pare balle mis en place sous mon t-shirt me protégeais à peine mais il valait mieux ça que rien. Je sortis mon desert eagles de son holster. Avec celui dans le flingue, cela me faisait trois chargeurs de huit balles. Je désenclenchais la sécurité et l'armais. J'attendis quelques minutes quand j'entendis un crissement. Je me retournais vivement et pointais l'arme vers le bruit. Qu'il vienne, moi je l'attendais !

Luka & Dorian
« On se rend compte
de ce que l'on peut perdre
et de ce qu'on a perdu
qu'en situation de crise. ».

Le bruit m'a induite en erreur. Il est là, derrière moi, un flingue près de ma nuque. Je ne bouge pas d'un poil. Je me force à respirer lentement pour ne pas paniquer. Le gilet pare balle ne me servira à rien. Sa voix glaciale s'élève dans les airs :

- Un geste et tu crèves. Que cherches-tu ?

Rechercher un peu de sentiments dans cet être froid n'a rien de bien sorcier : il est brûlant de haine. Alors je laisse mon coeur s'ouvrir au sien et je me nourris de ses émotions. Gouverné par l'ambition et la colère, cet homme pointe une arme sur ma nuque avec un calme professionnel, sans faille et une habitude affligeante. Un sourire étire mes lèvres. C'est un sourire triste. Je ne sais plus ce que je viens faire ici, c'était comme une sorte de conviction qui m'a maintenant abandonnée. Je ne sais pas ce que je cherchais, sans doute une forme de fin ?

- Je ne sais pas. Cela semblait une bonne idée il y a quelques minutes, maintenant je ne sais pas. Je n'ai même plus envie de te tuer. Je crois que j'ai pitié de toi, Dorian.

Oui maintenant ça ne semble plus une si bonne idée que ça. J'ai agis sur un coup de tête et je ne sais vraiment pas quoi faire. La peur me colle à la peau et c'est difficile de ne pas le laisser paraître. Je m'emmêle les pinceaux dans mes pensées. Mon bras commence à devenir lourd : il n'a pas bougé, il tient le desert eagles droit devant lui, fièrement. Dorian l'a dit, un seul geste... Je suis absolument convaincu que ce n'est pas du bluff. Par contre ce que je sais c'est qu'il n'a pas envie de tirer, pas maintenant. C'est une envie malsaine qui parcours son corps, une envie de violence et de sang, une envie d'humiliation et de coup. Je l'ai trop tourné en ridicule à m'enfuir avec Maël, sous ses yeux alors qu'il venait de tuer maman...

- Maintenant je le sais, maman, tu l'aimais bien. Le problème, c'est qu'elle t'a déçu et je suis le fruit de cette déception. Pire, un Grey et une Cross ! Je suis le fruit de la honte. Normalement tu devrais purement et simplement m'éradiquer mais voilà ton problème : tu es incapable d'indifférence. Tu me hais et par là tu aimes un peu. J'ai moi aussi ce problème : tu es de ma famille, malgré tout ce que l'on pourra en dire.

Oui nous sommes de la même famille. Je ne peux pas renier mon côté Cross. Il est ancré en moi. Dorian et maman, c'était comme Dorian et Gaël, pas une histoire d'amour bien sûr, mais une vraie histoire de famille. S'ils ne s'entendaient pas toujours et se tapaient souvent dessus, ils tenaient aux uns et aux autres. Chez les Cross, c'est important le sang. Mais voilà, maman a fauté. Plutôt deux fois qu'une. Maël a la chance d'être sorcier. Moi je suis une mêlée. Certes mon père en était un aussi alors je suis plus sorcière qu'humaine, mais tout de même, ce n'est pas acceptable.

- Alors, on en est où ? Tu n'as nulle envie de me tuer tout de suite et je ne peux rien faire.

Je me raidis et j'attend. Je n'ai pas esquissé le moindre geste, ce serait bien imprudent. Si je savais, je pourrais me téléporter. Si je savais... Je suis nulle dans cette matière. L'idée de me transformer en panthère m'effleura mais le temps que cela prendrait et il aurait tout celui qu'il désirait pour me coller une balle entre les deux yeux.

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Il n'aimait pas ce que je disais, je le sentais dans son coeur, mais loin de m'offrir une échappatoire, cela semblait au contraire montrer plus la haine qu'il pouvait avoir envers moi. Les gens ne comprennent pas la haine, elle leur échappe. Aussi quand j'avais parlé d'amour, Dorian avait été contrarié et avait tout de suite réfuté cela. Il n'avait pas compris. L'amour et la haine vont de pair, ce sont deux des plus violents des sentiments avec leur contraire, l'indifférence. Si on hait quelqu'un, c'est parce qu'on lui reproche quelque chose de si puissant qu'on ne veut plus le voir. Ainsi il n'est pas comme nous voudrions qu'il soit, lorsqu'on l'idéalise, par amour. C'était un raisonnement un peu compliqué que j'avais mis du temps à comprendre. Mais totalement dénué d'empathie, que ce soit en don ou même en tant qu'être, Dorian n'était pas prêt de le comprendre ça.

Son pied s'abattit sur mon dos, entre mes omoplates et la souffrance déferla dans mon corps avant même qu'il ne heurte le sol. Je lâchais un gémissement et mes paumes de mains s'égratignèrent en essayant de minimiser la chute. Mon desert eagles vola loin. J'ai imaginer un temps le conserver en tombant pour me retourner rapidement et le pointer à son tour, mais qu'est-ce que cela aurait changé ? Pire, le temps que je me dise cela, je savais qu'il avait pu l'envisager et son doigt était trop prêt de la détente pour que je puisse risquer quelque chose. La douleur dans le dos était largement supportable aussi je me retournais pour lui faire face. Le fourreau de mon sabre me gênai pour ce déplacement.

Il était tel qu'il avait toujours été : froid d'apparence. Son regard bleu glacé comme une étendue de neige déserte me mit aussitôt mal à l'aise. Dorian avait non seulement la stature mais aussi la prestance d'un chef de Croix et toutes ces choses m'imposaient une forte impression. Je me souvins des combats que nous avions mené, ensembles, l'un contre l'autre, dans le seul but de m'entraîner. Dorian était un professeur implacable et très doué. Lui s'en fichait s'en doute, mais j'avais pu apercevoir de minces sourires de temps à autre, qui disparaissaient aussi vite qu'ils étaient venu si bien que je pensais parfois les avoir inventés. Le chef de Croix se pensait totalement contre moi mais la haine à de ça de beau c'est qu'on est tout de même attiré par l'objet de notre haine, d'une manière ou d'une autre. Souvent c'est assez violent et malsain.

- Voilà où on en est, Luka. Moi, au sommet de mon art et toi, minablement au sommet aussi. Nous allons régler de vieux comptes. Tu te souviens de ce que tu as fais avant de quitter le manoir précipitamment ?

Je fermai les yeux un très court instant et revécu en avance rapide ce jour là. La mort, le sang, la douleur, l'horreur. Faut-il que les choses soient toujours ainsi ? Je regardais le sorcier noir avec un calme qui me parut moi même affolant. Comment pouvais-je être aussi tranquille ? Je n'avais pas de réponse à ça.

- Tu as enfoncé un poignard dans la ventre de maman, remontant jusqu'à la garde. Je t'ai alors frapper au ventre avec un coup de pied qui t'a mis à terre. Tu ne pouvais rien faire, maman t'avais mis dans un sale état. J'aurais pu te tuer. Mais je ne l'ai pas fait, je me suis enfuis avec Maël, un peu d'argent volé et une voiture de sport...

Simple résumé des faits. Pourquoi me demande-t-il cela ? Il le sait aussi bien que moi non ? Je le sentais sur le point d'exploser. Mais c'était ça le problème avec Dorian, il avait toujours l'air sur le point d'exploser.

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et de ce qu'on a perdu
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- Mais tu ne l'as pas fait

Je le regardais, tentant de comprendre ce à quoi il pensait. Je ne pouvais pas tenter de lire dans ses pensées tout d'abord parce que je n'étais pas très douée à cela, mais aussi parce qu'il risquerait du coup de le sentir et alors ce serait mal jouer. Echec et mat. Le connaissant un petit peu, il avait dû penser que j'étais trop lâche pour l'achever ou que je n'étais pas assez forte mais il n'était rien de tout ça. Peut être en prendrait-il conscience. Il voyait le fait d'épargner quelqu'un comme une grande mansuétude ou bien une preuve de lâcheté mais pour ma part ce n'était pas cela. Le plus grand courage ce n'est pas de savoir quand prendre une vie mais quand en épargner une. Alors pourquoi l'avais-je épargné ? Pas par courage cette fois ci, pas par lâcheté non plus.

- Non, c'est vrai.

Quoiqu'en avait penser maman en me demandant de fuir, j'en aurais eu le temps. Plonger une lame dans un coeur ne prend pas une éternité. Alors que c'était-il passé pour que je ne le fasse pas ? De la pitié ? Sans doute un peu. Je ne frappe pas les gens déjà à terre. Mais cela aurait sauvé beaucoup de personne alors rien n'expliquait réellement mon geste. Je crois que c'était malgré moi une forme d'envie : l'envie que l'histoire continue. J'avais encore besoin de Dorian, du moins je le croyais. Était-ce la réalité ? Pas vraiment. Mais à ce moment là, dans ma tête, tout se bousculait et je devais sauver Maël. Je pense tout simplement que ce n'était pas pour lui le moment de mourir, comme une sorte de destin. Je crois que nous avons tous un rôle à jouer. Le sien n'était peut être pas fini. J'espérais que le mien ne l'était pas en tout cas. Et pourtant je gardais mon calme.

- Dis moi où est Maël. Et je te laisse la vie sauve.

J'éclatais de rire. Où est Maël ? Il ne croyait pas sincèrement que j'allais lui répondre pour sauver ma vie ? Si ? Non, Dorian était un homme intelligent et rien ne me disait d'ailleurs que ma vie serait effectivement sauve. Néanmoins j'allais lui répondre le plus sincèrement du monde.

- Quelle parole est celle celui qui tient l'arme ? Je n'ai strictement aucune idée où il se trouve, il est avec son père. Je n'ai pas pris le risque de le savoir.

J'éclatais à nouveau de rire. Je me payais ouvertement sa tête. Après tout, il était ridicule de sa part de proposer de telles choses, allais-je vraiment le croire ? Je me calmais doucement car la tête qu'il faisait n'avait rien de très engageant et puis il tenait tout de même un flingue braqué sur ma tête. Ce n'était pas très sage tout ça. Je respirais doucement pour continuer à garder mon calme.

- Je t'ai connu plus intelligent.

Luka ! On avait dit d'arrête de se foutre de sa gueule. Bon, je dois avouer que c'était plus fort que moi.

Luka & Dorian
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et de ce qu'on a perdu
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Qu'est-ce qui m'avait pris de répondre ainsi et de me foutre de sa gueule ? Il n'aurait pas tiré. Je n'en serais pas là. Le sang fait une tâche ronde sur mon t-shirt et la tâche grandit, grandit. La douleur aussi. J'ai froid. Je hoquette un peu. J'ai froid. Le sang se répand. Mon coeur hurle. En respirant avec difficulté je me rend compte qu'une ou deux de mes côtes sont cassées. Je suffoque. Merde ! Mes yeux le regardent avec un air ahuris, abrutis. Je savais qu'il allait tirer mais je n'imaginais pas tout de suite. Bordel de merde ! Ça fait foutrement mal. Du sang coule le long de mon menton. Je pensais pas que ça faisait aussi mal. J'ai failli tourné de l'oeil. Mais bordel ça aurait été plus confortable ! Non, il faut que je souffre. Dos au sol car le coup puissant m'a mis à terre, je tente vainement de reprendre ma respiration. Le râle qui s'échappe de mes lèvres me semble insupportable.

Mon coeur lâche.

Je frappe brutalement dessus avec l'énergie du désespoir. A quoi ça sert de toutes façons ? J'ai mal. Je commence à voir trouble. Un hoquet me prend. Mon coeur repart, mais le sang est là. Je ne sais pas quoi faire et lui me regarde de haut, me tortiller à ses pieds. Je crache, je suffoque et je souffre. La balle a explosée au contact de mon gilet pare balle. A une si petite distance, la puissance du tire à briser une ou deux de mes côtes flottantes. L'acier de la balle s'est éclaté et un morceau à déchiré ma peau au niveau de mon épaule ainsi que sur ma joue : le sang a coulé. Le choc m'a mis au bord de l'évanouissement et a vidé tout l'air de mes poumons. Progressivement, je reviens à la vie. Quand mon coeur s'est arrêté, j'ai cru qu'il m'avait tuée.

- Bordel...

Ma respiration revient doucement mais chaque entrée et sortie d'air me fait mal. Je me relève doucement en bougeant un peu mon corps : il fonctionne mais putain qu'est-ce qu'il me fait mal ! Je serre les dents si fort pour ne pas gémir que j'agrippe un bout de chair et je m'ouvre à l'intérieur de la bouche. Le goût ferreux du sang se répand sur ma langue. Ce que Dorian n'a pas vu, c'est que mon flingue, je l'a ramassé. Le coup m'a projetée là où il était, je l'ai glissé dans ma poche arrière, discrètement. Je l'attrape, je le sors, le pointe sur le sorcier noir et sans une hésitation tire. J'ai vu qu'il avait un gilet pare balle lui aussi, on est jamais trop prudent. Mais si ça pouvait lui faire mal ce serait bien. Par contre il est beaucoup plus loin que je ne l'étais donc il n'aura pas de côtes cassées, malheureusement. Je continue de le braquer.

- Chacun son tour !

Je souris, le sang coule toujours le long de mon menton. Bordel faudrait que je fasse plus attention tout de même.

Luka & Dorian
« On se rend compte
de ce que l'on peut perdre
et de ce qu'on a perdu
qu'en situation de crise. ».

La douleur se lisait dans ses yeux au moins autant que l'on devait pouvoir lire la mienne. La souffrance qui s'étalait sur son visage n'était rien mais elle me satisfit. Dorian avait été touché, au bas ventre. Pas de sang, seulement de la souffrance. Je fis un barrage violent à mon don pour qu'il ne m'apporte pas la douleur de Dorian, je n'en avais pas besoin, j'avais déjà la mienne. Cependant en faisant cela je me fermais à son coeur et je ne pouvais donc pas profiter des avantages que cela apportait. Il serra rapidement les dents. Je n'avais pas eu le temps de me remettre moi même du coup porté. Rageant et voyant que je ne pouvais éviter son attaque frontale, je fis tout pour la canaliser.

Je le laissais virer mon arme qui s'en alla bien trop loin pour que j'ai un quelconque espoir de la reprendre pendant le combat. Serrant les dents quand à la douleur de mon poignet, j'encaissais son coup de pied qui me mis à terre et m'y plaqua. La respiration sifflante, j'essayais comme vainement de reprendre mon souffle. L'air triomphant du sorcier noir ne me disait rien qui vaille mais il n'était pas très prudent. Il croyait déjà avoir gagné. Certes le chef de Croix était puissant, fort, entraîné, c'était un Cross sans merci et une personne brutale qui restait intelligente et calme quand il le fallait, mais il avait un ego surdimensionné, comme tous les Cross.

- On a chacun eu notre chance une fois. J'ai de nouveau ma chance, penses-tu que tu auras le temps d'avoir ta chance une nouvelle fois ?

Je souris légèrement. Mon torse s'agita et je toussai, crachant un peu de sang. Oui, Dorian avait définitivement trop confiance en lui, il fallait que je change ça !

- A toi de me le dire !

J'attrapais un poignard à ma cuisse et pratiquai une coupure légère prêt de sa cheville. Son pied mit moins de poids et je pu me dégager assez pour agripper la poche de son pantalon de la main droite. D'une impulsion rapide j'attrapai la ceinture de la main gauche et montait ma jambe en coup de pied jusqu'à son menton. Je l'entendis avec plaisir grogner. Avant qu'il puisse se relever je lui donnais un coup de genou dans le ventre. Toujours mon poignard à la main, je lui entaillai la joue superficiellement. Enfin, d'un coup de pied je l'éloignais de moi. Tout mon corps me faisait souffrir, mais pendant les quelques secondes qu'avaient duré l'attaque, c'était comme si la douleur s'était tue. Elle revenait par vague violente maintenant et je savais qu'il fallait abréger le combat. Je couru vers lui, poignard à la main. Je collai la lame contre sa gorge.

- La différence, Dorian, c'est que je n'ai pas voulu te tuer, lui crachai-je au visage, la différence c'est que je n'arrive pas à oublier que tu es dans ma famille. Je devrais te tuer maintenant, je devrais.

La lame entailla quelque peu la gorge. La coupure faite à la joue lui rappellerait ce combat. Je serrais le manche du poignard. Le tuerais-je ? Au moment où je décidais qu'il serait peut être mieux, je fus cueillis au ventre par un puissant coup de pied. Le chef de Croix se releva et je décidais de filer sans demander mon reste. Mourir n'était pas au programme, il faut croire que tuer non plus. Nous avions chacun nos chances et nous les avons laisser passer. Coup de hasard ou coup du destin peu importe. Avant qu'il ne se remette totalement j'attrape mon sac et m'enfui en courant, non sans avoir laisser une grenade qui ne devrait pas l'endommager s'il court vers le côté opposé où je suis partie.