Je suis de retour chez moi. Enfin, dans la maison qui appartient à mes géniteurs. De retour en Allemagne donc, à Wesel. J'ai rendez-vous avec Anja à 14h. Enfin, je vais connaître les véritables objets de ma mission, où est-ce que je serais intégré... Enfin bon, il est 11h et je viens de rentrer de Cardiff. J'ai pris l'avion tôt ce matin pour ne pas avoir payé ma chambre d'hôtel pour rien. Je prends donc une douche, me change et pars voir ce qui me sert de famille. Un père, une mère, des esclaves humains et je crois que j'ai un frère, ou une sœur ... ? Il ou elle est plus vieux que moi et est également membre de Rosenrot. En même temps, dans ma famille c'est une obligation de les intégrer. Et plus on est fort dès l'enfance, mieux c'est. Mon pouvoir et mon don les impressionne mais cela leur donne une forme de fierté. Non, ce n'est pas de moi qu'ils sont fiers, pour qui nous prenez-vous ? Ils sont fiers d'avoir engendré un espion dangereux. Parce que, c'est surtout ça mon boulot, être un espion. Pour Rosenrot ou pour ma famille, parce que je n'ai pas le choix. On ne me l'a jamais donné en même temps. Donc disons que j'y suis habituée et que je ne me plains pas. Je suis juste un petit soldat qui obéit, ça s'arrête là. Mais ça me va très bien. Mais vu que je suis fidèle, loyal et tout ce que vous voudrez, j'ai le droit à des petits bonus. Anja me laisse parfois carte blanche pour tuer quelqu'un par exemple, tant que je ne fais pas trop de grabuge. Et là, on peut dire que je prends mon pied. Parce que je peux les torturer, les faire souffrir longtemps, avant qu'il ne meurt dans d'atroce souffrance. Je les fais souffrir autant moralement que physiquement. Il faut juste trouver les points faibles, ça peut prendre du temps parfois, mais quand on pique là où ça fait mal, il s'en suit un plaisir intense.

Je rejoins les personnes qui partagent mon sang dans le salon. Je m'assoie sur le fauteuil. Je les entend discuter mais je ne prends pas part à la discussion. Un prénom. Alexander. Ah, oui ! C'est lui mon frère ! Je me souviens maintenant. Il a la quarantaine. Il est un peu comme moi, jamais au domicile. C'est pour ça qu'il n'est pas dans mes souvenirs d'enfance. Mais je suis quand même plus présent que lui.

Vous trouvez que c'est cruel ce que je dis ? Non, c'est juste que je ne m'encombre pas de pensées inutiles. Je lui parle rarement d'ailleurs.

Tiens, en parlant du loup, Savannah nous l'amène. Une réunion familiale ?

Savannah, c'est notre esclave. Une jolie petite rousse aux yeux verts avec de belles formes. Je l'ai violé plusieurs fois, lorsque je n'avais pas envie de sortir en ville ou que j'étais puni, étant plus jeune. Ce n'est après tout, qu'une esclave, et la notre qui plus est. J'en fais donc ce que je veux. Surtout qu'elle est bien traitée. Un peu comme une domestique. Avec le salaire en moi et quelques coups en plus. Il faut juste qu'elle soit présentable, le reste, on s'en fiche. Ha, et qu'elle puisse faire son boulot aussi. Elle nous a couté assez cher comme ça.

Savannah a 18 ans. J'ai commencé à la violer alors qu'elle n'en avait que 8. Elle est là depuis bien longtemps, maintenant que j'y repense.

Alexander fait la bise à notre génitrice, sert la main à notre père ainsi que la mienne. Il s'assoit en face de moi, me décroche un sourire, que je ne lui renvoie pas. Lorsque je suis avec eux, je ne souris presque pas. Je note que la barbe d'Alexander n'est pas rasée depuis déjà quelques jours. Il a presque les mêmes yeux que Malcolm mais ceux de mon frère sont encadrés par des lunettes aujourd'hui. Il parlent tous les trois de choses diverses et variées jusqu'à ce que Savannah arrive et nous annonce que le repas est prêt. Nous allons donc nous installer devant le repas que les autres esclaves nous ont préparé.

Il est 13h30, je décide d'aller au QG pour ne pas être en retard et surtout, pour ne pas m'attirer la fureur d'Anja. Alexander veut m'y conduire. Si il veut.

On monte donc dans sa Mercedes Noire. Je m'assoie sur le cuir gris qui orne son siège passager. Il met la radio et démarre le moteur, direction l'organisation. On ne parle pas. Personnellement, je n'ai rien à dire, et encore moins à lui. Les paroles des chansons raisonnent dans ma tête. Je prends le rythme et chante en même temps que la radio.



Chanter me donne envie de sourire. Cela a toujours été comme ça. Même si la chanson est triste à en pleurer. Même si j'étais le dernier homme au monde sur terre, je ne pleurerais pas, tant que je pourrais chanter, je sourirais.

- Tu as toujours su chanter.
- Ouais, et ?
- Non, rien ...

Je suis froid avec ma famille, encore plus qu'avec les humains. Enfin, ça dépend des humains. Disons que les humains je m'amuse avec eux. Avec ma famille, il n'y a pas d'amusement permis.

Alexander se reconcentre sur la route. J'ai l'impression qu'il m'apprécie. Veut-il être protecteur avec moi sous prétexte qu'il soit mon grand frère ? Je n'éprouve rien pour lui. Veut-il se racheter ? Veut-il reprendre le rôle qu'il a délaissé depuis que je suis né ? Pourquoi ne l'a-t-il pas fait avant dans ce cas ? Pourquoi avoir attendu 23 ans ? Où était-il ? Pour moi, c'est trop tard. On aurait certainement pu être très complice, mais c'est 23 ans trop tard. Donc laisse moi tranquille, Alexander. Je n'éprouve rien pour toi, pas plus que pour le reste de ma famille d'ailleurs. Pour moi, la famille, l'amour... Tout cela ne signifie rien.

Nous sommes arrivés au QG. Facile à trouver pour quelqu'un qui connait.

- Je suis désolé de ne pas avoir été là toutes ces années.

Je me retourne vers lui. Mais qu'est-ce qu'il me veut ?
L'horloge affiche 13h50.

- Ca n'a aucune importance.
- Si tu as besoin de quelqu'un, je suis là. Bonne chance.

Cause toujours, tu m'intéresses.
J'ouvre la portière, fait un signe de la main pour lui dire au revoir et m'élance vers la porte d'entrée de Rosenrot. J'entends derrière moi le moteur gronder et les pneus crisser contre les graviers.

Je connais ces couloirs et il m'est très facile de trouver le bureau d'Anja. Je croise des collègues de Rosenrot comme Green, avec qui je bavarde, je souris ou que je salue. On chaque discussion, je les abrège car il est bientôt l'heure, et Anja n'aime pas les retards. Par contre, si elle, elle est en retard, ne lui faites jamais la remarque. Recommandation d'un ami.

Je suis devant son bureau, je regarde l'heure sur mon portable. Il affiche 13h59. Je le mets en silencieux pour que personne ne nous interrompe durant notre entrevue. Je respire un bon coup même si je ne suis pas nerveux. Je frappe à la porte, trois coups.

- Entrez.

J'obéis et referme la porte derrière moi. J'adopte un air serein mais je ne souris plus. Devant Anja, je suis toujours sérieux. Parce que c'est la situation professionnelle ici. Elle me fait signe de la tête pour que je prenne un siège.

- Bonjour, Boss.

Je pose mon cul sur le siège en cuir noir. Elle reste silencieuse et je me décide à parler le premier.

- Je sais que je dois infiltrer Orpheo pour obtenir des informations, en particulier sur les Services Secrets. Mais, vous m'avez demandé pour que ma mission puisse réellement commencer, exact ?

Et, la connaissant, elle me dira également où je serais intégré, quelles informations, exactement, je devrais récolter. J'ai hâte, même si il y aura plein de mêlés autour de moi. L'histoire de ma venue à Orpheo ? C'est moi qui l'a crée, de toutes pièces. Très simple de toute manière. Juste à pirater quelques petits trucs et à mentir. Ou jouer la comédie, comme vous préférez. Mais, tout cela, c'est dans mes cordes depuis que je suis né.

Spoiler:

La main d’Anja caressa doucement le papier blanc étalé sous ses doigts. Elle ferma les yeux l’espace d’un instant, le temps de savourer l’exquis touché de la feuille contre sa peau. C’était une sensation que certaines personne ne savait peut-être pas apprécier, mais pour elle c’était une évidence. Elle était faite pour écrire, pour s’étaler dans les mots, pour se noyer sur albâtre. D’un geste souple, habitué et habituel, la sorcière saisit la plume pour laisser couler l’encre sang sur sa vie. Les phrases sortaient de sa main aussi facilement qu’une pensée alors que le bec acéré caressait l’océan vague frénétiquement. Bientôt le blanc ne fut plus, caché sous le rouge, gâché dans le sang. La lettre d’Anja à sa mère, la lettre d’une enfant à sa maman.

Wesel, 15 avril 2011

Liebe Mutti,

Le temps se glace, comme si le printemps refusait de revenir. Cela ne me gêne guère, je suis bien plus à l’aise dans la neige que sous le soleil. Un peu comme un bonhomme de neige qui fond à la venue de l’été. Sauf que ma glace à moi est éternelle. Quel que soit le temps, quel que soit mon temps. Elle est éternelle pour toi maman. Je dois vivre, je dois survivre, je dois tuer, je vais tuer. Et redresser Rosenrot de ses cendres, comme un phénix ravageur et brûlant. Nos larmes seront de la lave, notre sueur le sang de nos meurtres. Un jour les humains seront éradiqué, un jour Orpheo flanchera devant notre puissance.
Ne me croit cependant pas assez bête pour penser être capable de réussir cela d’un claquement de doigt. La machination se doit d’être lente, parfaitement huilée, sans aucun détail laissé au hasard. Orpheo est bien trop puissant pour que je laisse la chance se mêler à mes plans. Tout doit être parfait, tout doit être contrôler. Je ne supporterai pas l’échec. Cela prendra peut-être des siècles, des millénaires, mais qu’importe ? Même si je ne suis plus là pour voir ça, je ne rêve que de mourir le cœur gonflé de joie de savoir l’éradication de la race humaine en marche.

« Un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’humanité. » Voilà ce qu’a dis le premier homme sur la Lune et je veux m’empresser de ressortir la même phrase afin de lancer les premiers rouages de la mécanique qui va permettre au Monde de connaître son heure de gloire… Les humains n’ont que trop sévit sur cette Terre, ils n’ont plus leur place ici, pas plus que les mêlés, ces dêchets nés de liaisons incestueuses. Leur vision me donne envie de leur cracher dessus, je ne sais pas si tu arrives à imaginer à quel point ils me font souffrir maman… Ça fait mal à l’intérieur, ça brûle dans ma poitrine, ça inspire mon souffle comme un poison mortel.
Ils ne méritent pas de vivre.
Mais d’abord se débarrasser d’Orpheo. Peut-être que démanteler leur organisation permettra de faire comprendre aux sorciers sous leur coup à quel point il est illusoire de vouloir un monde en paix avec les humains. Qui nous a chassé, brûlé sur des bûchers, décimés ? Qui d’autres que ces larves méprisable ? Ils doivent payer pour ce qu’ils ont fait. Œil pour œil, dent pour dent, sang pour sang.
Pourquoi la loi du Talion est-elle si étrangère à Orpheo ?
Mais pour les démanteler, il faut d’abord les infiltrer. Pour cela, quoi de mieux que de lancer un missile, une tête chercheuse, une bombe à retardement au plein milieu de leur prétendue organisation ? La Croix semblait trop obnubilé par Luka pour que l’idée d’en parler à Dorian Cross me traverse l’esprit. Je pensais qu’il serait intelligent de s’associer à eux et à leur soif de meurtres, mais ils semblent plus se préoccuper d’eux même que du monde utopiste qu’il est de notre devoir de construire.
Ils refusent de sortir les sorciers de l’ombre.
La Croix n’aura donc pas vent de mes préoccupations. Je sais le devoir que tu éprouvais pour eux maman, mais ce temps là est révolu. Bien sûr, je ne compte pas les trahir, ni leur planter un couteau dans le dos. Ils seront utile le moment où la guerre inévitable entre humains et sorciers fera rage. En attendant, je préfère les laisser au placard. Ils seraient capable de faire tout capoter… Il suffit de voir où nous a mené la dernière guerre à Londres… Pas assez organisé. Il faut laisser Orpheo se gangrener de l’intérieur, il faut laisser le temps les fissurer. Ça ne se fera pas en un claquement de doigt, ça ne se fera pas en un enlèvement, ça c’est certain.

De toute façon il est trop tard pour changer les plans maintenant. J’ai rencontré hier celui qui serait sans aucun doute essentiel à ma machination. Celui qui infiltrerait, empoisonnerait, imploserait Orpheo. Comme un virus malin se glissant à travers tout un corps, comme une tumeur remontant jusqu’au cœur, comme une champignon envahissant chaque parcelle de l’organisation ennemie. Le contamineur, le talon d’Achille. Mais pour cela il faut le faire pénétrer à l’intérieur d’Orpheo, il faut le faire passer de simple soldat à plus haut dans la hierarchie. L’idée serait qu’il intègre la police magique. Mais pour cela il doit faire ses preuves… et quoi de mieux qu’un petit orphelinat à l’aspect innocent, perdu au milieu de nul part ? Je sais que le soldat que j’ai choisi souffrira de la proximité avec autant de mêlés et d’humains, mais c’est le seul chemin que j’ai trouvé pour le faire monter jusqu’à mon but.
Devenir professeur au Mystery Orphanage.

C’était à ça que mon esprit était occupé à penser lorsque Mikeal O'Callaghan s’est permis trois petits coups contre ma porte. 14h00 pile, au moins était-il à l’heure. Se doutait-il que son destin allait commencer à se jouer à partir de maintenant ? Le rôle que je m’apprêtais à lui donner pourrait l’amener à un rang bien plus haut que tout ce à quoi il aurait pu rêver dans l’organisation.

- Entrez.

Je l’ai regardé entrer, sans aucun sourire sur les lèvres, parfaitement sérieux. Le sérieux, j’aime ça. J’ai réalisé à ce moment là que je n’avais jamais eu d’entretiens particulier avec lui. Comment était-il à l’intérieur, sous sa cuirasse de tatouage ? Pour être honnête, cela ne m’importait guère. Ce que je voulais c’était savoir s’il était capable de me tenir tête, de se débattre, s’il était autre chose qu’un simple soldat qui execute les ordres sans réfléchir. On m’a conseillé Mikeal pour ses pouvoirs, son aisance à mentir et à se faire passer pour un autre, ainsi que sa loyauté à mon égard. Mais que valait-il vraiment sous la surface ? J’étais prête à gratter de mes propres ongles jusqu’à voir le sang jaillir.

- Bonjour, Boss.

J’ai répondu d’un hochement de tête alors qu’il se posait sur une chaise pendant que je laissais le silence nous envahir, offrant à mes yeux la possibilité d’analyser l’homme en face de moi. Une belle gueule, mais de quoi était-elle remplie ? J’ai patienté quelques instant, curieuse de savoir comment il briserait le silence et surtout s’il oserait. Un chien qui aboie n’est jamais agréable, mais pourtant bien plus fidèle et dangereux que ceux qui se contentent d’aller rattraper la ba-balle…

- Je sais que je dois infiltrer Orpheo pour obtenir des informations, en particulier sur les Services Secrets. Mais, vous m'avez demandé pour que ma mission puisse réellement commencer, exact ?

J’ai balancé ses propos d’un geste de la main, me concentrant sur son regard. Sa mission tenait en quelques mots, cela pouvait attendre. Avant je voulais découvrir qui était vraiment Mikeal O’Callaghan. Et pour cela, quoi de mieux que les mots pour le provoquer ?

- Hier matin j’ai tué un esclave. Sans raison. Juste parce que son regard me rappelait celui d’un autre et que cela m’agaçait.

Je n’ai rien ajouté de plus, observant son visage à la recherche de la moindre ride trahissant de la compassion à l’égard de celui que j’avais tué ou une larme de tristesse. Décidée à attendre de voir si sa capacité à me décevoir était trop élevée pour l’envoyer dans la mission.
C’était à lui-même de décider à quel point il voulait participer à l’éradication des humains. Et quelle serait sa place dans le nouveau monde. En héros ou en larve ?

[…]

Les mots d’Anja ressemble à du poison lancé sur une feuille. Ils pourraient blesser, mais qui ? Personne ne les lira si ce n’est le fantôme du souvenir de sa mère. Ce ne sont que des phrases sur du papier, rien d’autre que des lettres dessinées sur du blanc.

Alors que je coupe ce silence qui n'est pas du tout pesant malgré la présence d'Anja, je me rends compte que c'est la première fois que je peux vraiment l'observer et la voir. Parfaitement proportionné, des yeux bleus durs, froids, glacials. Les yeux d'une tueuse. C'est vrai qu'au final, Anja, je ne la connais pas. Je l'ai juste déjà croisé, ayant des petits boulots par-ci par-là que mes parents m'ont donné. C'était eux les pigeons voyageurs à l'époque. Mais voici enfin ma réelle mission. Celle pour laquelle je suis né. Et plus de pigeons voyageurs. Juste elle et moi dans un bureau, à se regarder en chien de faïence, savoir lequel de nous deux baissera les yeux le premier. Je crois savoir qu'elle n'aime pas les faibles. Je ne baisserai pas les yeux. Même pas devant elle. Elle a beau être ma boss, je ne veux pas passé pour une poule mouillée. Mes parents, eux qui l'ont toujours vénérés, qui l'ont vu depuis toute petite et qui savaient qu'elle deviendrais chef de l'organisation. Succession de sa mère. Comme lors des monarchies. Ici, c'est elle la reine. La reine toute puissante qui a le droit de vie ou de mort sur ses sujets. Les sujets, nous. Petits soldats obéissants et remuant la queue. Je me souviens encore de mes parents qui m'avertissaient à chaque mission, me disant sans cesse les même chose.

Attention, Anja aime le travail bien fait !

Attention, Anja n'aime pas les retards !

Ne sois pas faible, Mikeal. Anja ne le supporte pas !

Anja, Anja, Anja. Il n'y a que son prénom dans la bouche des O'Callaghan. Il n'y a que mon frère et moi qui n'en parlons pas et vivons notre vie en continuant d'obéir aux ordres. Même si nos vies ne sont que voyages et conneries. Et prisonniers. Nous sommes prisonniers de cette organisation. Mais je m'en fous. Des fois je le réalise, mais tant que je peux faire ce dont j'ai envie cela me convient. Je ne vois pas pourquoi je quitterai les Rosenrot, parce que déjà, je risquerai de mourir et ce n'est pas négligeable, ensuite parce qu'elle m'apporte de l'argent, et enfin elle me permet de tuer. Tuer des Mêlés, des humains, des sorciers. Tuer. Haaa, que c'est agréable. Je sens des frissons monter en moi en repensant à cela. Il faut que j'arrête. Je crois que des fois je pourrais faire un bain de sang. Lâchez moi dans une ville, dites moi qu’il ne doit rester aucun survivant et il n'y en aura pas. Parole de Mikeal O'Callaghan.

Elle balance mes paroles d'un revers de la main. Ha, je ne suis pas là pour ça finalement ? Alors, que me veut-elle ? Elle me regarde droit dans les yeux.

- Hier matin j’ai tué un esclave. Sans raison. Juste parce que son regard me rappelait celui d’un autre et que cela m’agaçait.

Qu'est-ce qu'elle veut que je lui dise ? Oui, c'est bien. Moi aussi j'aimerais bien tuer mes esclaves parfois mais je risquerai de me faire torturer par mon père et ma mère. Et Dieu sait qu'ils sont doués eux aussi en torture. Enfin, Dieu, je devrais plutôt dire Satan. C'est Satan qui nous concerne tous. Parce qu'on ira tous brûler en enfer à la fin. Nous tous, tous les Sorciers Noirs, et sûrement d'autres personnes aussi. Beaucoup d'humains et même les Sorciers qui se prétendent gentils.

Ha mince, faudrait peut être que je réponde à Anja moi. Mais je ne sais pas quoi lui dire.

- Vous grillerez dans les profondeurs des Enfers, patronne, comme nous tous.

Je souris en disant cela. J'aime plaisanter. Et puis, c'est moins froid que "Oui, et ? Vous voulez que je vous applaudisse ? Je peux très bien le faire moi aussi." Je ne sais même pas ce qu'elle veut entendre.

Je rigole, un petit rire bref, naturel. Je redresse la tête vers Anja et reprend mon sérieux.

- Vraiment, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Cela ne me fait ni chaud, ni froid.

C'est à peu près tout je crois. Mais en y réfléchissant un peu, je crois comprendre ce qu'elle manigance. Elle veut savoir qui je suis réellement ? Qui est le vrai Mikeal ? Enfin, peut-être pas le vrai, ça, personne ne le sait. Même pas moi. C'est peut être la personne que je joue tous les jours. Oui, ça doit être ça. Le gars un peu con qui fait des conneries, qui aime tuer et dire de la merde, celui qui sourit tout le temps alors même qu'il est devant un enterrement. Oui, ça doit être lui. Sûrement. Donc, c'est ce qu'elle a en face d'elle. Parce que, je suis toujours comme ça. Tous les jours, chez moi, dans ma vie privée comme dans ma vie professionnelle. Enfin, au boulot je suis quand même un petit peu plus sérieux. Sauf devant mes victimes, bien entendu. Mes victimes, je m'amuse avec elle. C'est tellement drôle, j'en raffole. On dirait que je parle de ça comme si c'était une friandise. Ca parait bizarre mais pourquoi pas, après tout. C'est vrai que j'adore ça tuer des gens. Petit je tuais des animaux, des insectes. Je violais Savannah aussi. Tiens, son premier viol, quand j'avais 13 ans et elle 8 ans. C'était une bonne expérience, je m'en souviens encore ...

NC-18. Cela ne change en rien le RP si vous ne lisez pas ceci.:

Je me souviens que le lendemain, elle rougissait devant tout le monde, elle restait muette et cherchait à me fuir. Je ne l'ai plus touché jusqu'à ce qu'elle ait des seins., je crois. Mais, on va arrêter là.

Anja me regarde et j'ai l'impression d'avoir vu un sourire traversé son visage. Est-elle satisfaite de ma réponse ? Je ne sais pas. Va-t-elle continuer avec ses questions ? Sans doute. Vite, la prochaine, que je m'amuse un petit peu, à lui montrer qui je suis.

L'encre se glisse, coule, déborde de la plume pour mieux se caler sur le blanc parfait de la feuille. La lettre se tache, comme trempée dans du sang, comme recouverte du voile de la mort. Une image d'Anja ? Non... la feuille aurait été noire si ça avait été Anja... La jeune sorcière a toujours vécu dans le camps des "méchants", le camps des noirs, le camps des forts. Elle ne c'est jamais posé la question "Et si j'allais chez Orpheo... ?". Il faut dire aussi que jusqu'à la mort de son grand-père, elle ignorait tout ; il n'y avait pas lieu de se poser ce genre de question. Puis sa mère était morte...
Et ça avait fait trop mal.
Alors elle avait fait le choix qui lui paraissait le plus raisonnable. Faire comme maman, rejoindre la Croix. Puis, plus tard, devenir cheffe de Rosenrot. Maman aurait sûrement été fière d'elle... Papa un peu moins vu comme il avait voulu fuir la Croix. Mais Papa on s'en fout. C'est un lâche, un traître, un nul. Il n'avait qu'à pas fuir ! Imbécile.
Anja est noire jusqu'à la moelle, Anja a toujours été noire. Noire et rouge. Rouge du sang des gens qu'elle a tué, rouge de son propre sang qui a déjà beaucoup coulé. Mais pas assez pour signer sa mort... Mais ça aussi la belle s'en fiche. Pourquoi devrait-elle être inquiète de mourir ? Elle ne croit ni au paradis, ni à l'enfer. Elle n'a pas peur, elle ne fait qu'avancer sur la vie, brûlant les secondes jusqu'à ce que l'allumette se meurt et elle avec.
Elle s'en fout de tout.

[...]

J'ai observé le visage de mon soldat. Il n'a pas tressaillit, n'a pas déglutit. C'était la bonne réaction à avoir ; pas de peur ni de tristesse et encore moins de compassion. J'aime les gens comme ça. Les gens droits qui ne trahissent pas leur sentiments ou qui simplement n'en ont pas. C'est joli de voir l'impassibilité sur un visage. Ça sied bien au teint de Mikeal O'Callaghan en tout cas...

- Vous grillerez dans les profondeurs des Enfers, patronne, comme nous tous.

Il a rit à sa propre blague, m'arrachant presque un sourire. Moi maman, tu le sais, je ne crois pas aux Enfers. J'aurais bien voulu, ça aurait été plus simple d'appeler le Diable pour lui vendre mon âme et enfin pouvoir m'en débarrasser. Malheureusement je suis obligée de garder cette chère âme avec moi jusqu'au jour de ma mort. Tant pis, je ferai avec.
Puis Mikeal a repris son sérieux avant d'ajouter :

- Vraiment, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Cela ne me fait ni chaud, ni froid.

J'ai hoché la tête, doucement, appréciant la réponse et toutes les conséquences qui s'en suivait. Mais ce n'était pas assez, n'est-ce pas ? Tu me connais maman, il me faut toujours gratter, creuser pour découvrir tous les os, toutes les petites choses que les gens tentent de dissimuler. Les cadavres dans les placards... Car si Mikeal semble docile, je connais un autre O'Callaghan...
D'un geste j'ai sorti le dossier du jeune homme d'un tiroir et l'ai observé un instant, comme à la recherche d'une information perdue, comme si je ne connaissais pas parfaitement bien ce qui s'y trouvait. Je n'ai pas une mémoire extraordinaire, mais généralement, quand je lis les dossiers, je m'en souviens. Et particulièrement quand ce sont les dossiers de mes soldats.
Puis j'ai relevé les yeux, analysant de mon regard froid le visage de mon interlocuteur. Jusqu'à quel point ressemblait-il à ton frère.

- Que sais-tu de ton frère ?

J'avais besoin de savoir. J'avais besoin de le savoir avant d'envoyer bêtement Mikeal au Mystery Orphanage. Car, plus le temps avance, plus j'ai l'impression que cet orphelinat est lié à la vie de beaucoup de gens. Green et Myaw. Leo qui a grandit là-bas. Luka Grey... Je commence à croire que cet orphelinat ne sera pas seulement un tremplin pour la police magique, mais que Mikeal pourrait bien y apprendre certaines choses...

- Et que sais-tu du Mystery Orphanage ?

J'ai penché la tête sur le côté, attendant un mot, une réponse. Je me suis demandée si j'aurais dû demander à quelqu'un capable de reconnaître un mensonge si Mikeal disait la vérité ou pas. Puis j'ai balancé cette idée à l'autre bout de mon cerveau. Je n'avais pas besoin de magie pour savoir quand on me mentait...

[...]

Elle se fout de tout.
Sauf peut-être de vous ?
Alors mesdames et messieurs, faites attention à vous ! Qui sait, qui sait si elle n'aurait pas envie de vous égorger ? Un soupir de travers et la lame elle trouvera son chemin. Pas de faux pas, avancer juste, dansez jusqu'à la Lune et peut-être vous croira-t-elle.
Car au fond, elle ne se fout pas de tout.

Ma réponse a l'air de satisfaire Anja, j'ai même vu un éclat dans ses yeux même si ses lèvres n'ont pas bougé. Mais quelque chose à l'air de la tracasser, comme si il manquait quelque chose. Que veut-elle ? Savoir qui je suis ? Peut être. Elle me regarde, m'inspecte, comme si j'allais me dévoiler au moindre regard. Elle fouille mes yeux, je soutiens son regard, je ne fuirais pas.

Soudain, elle prend un dossier et tourne les feuilles. Je n'ai pas eu le temps de voir la photo sur la couverture, ni même le nom. Elle a l'air absorbée mais en même temps pas du tout. Comme si elle voulait se donner un style, ou qu'elle cherchait juste une toute petite information, ou peut être juste se rappeler tout ce qu'il contient. Les hypothèses sont multiples et variées et je ne suis pas télépathe pour savoir ça.

- Que sais-tu de ton frère ?

Mon frère ? Elle me parle d'Alexander là ? Mais... Pourquoi ? Je n'ai rien à voir avec lui moi. C'est juste un étranger à mes yeux. J'ai plus de sentiments pour mes parents que pour lui. Si il était resté durant mon enfance, mes sentiments seraient peut être différents.

- Je n'ai pas de frère.

Elle m'interroge du regard et je m'explique.

- Il a quitté la maison quand je suis né. Ce n'est pas comme si je le connaissais. C'est juste un gars qui revient de temps en temps. C'est lui qui m'a amené ici d'ailleurs. Mais quand j'étais gosse, mes parents me disaient toujours "Ne sois pas comme ton frère". Apparemment, il déserte beaucoup trop et il ne pense pas comme nous. Il revient quand il a une mission et il finit toujours ses missions, mais je pense surtout que c'est pour éviter les problèmes. Après, je n'écoute pas vraiment quand on parle de lui, et puis je ne suis pas tout le temps au manoir. Mais une chose est sûre, c'est que je ne lui ressemble pas du tout.

Enfin, je voyage aussi beaucoup, mais c'est là le seul point que nous ayons en commun. Mais voilà donc une belle tirade que j'ai fait ! Enfin, un peu court tout de même pour une tirade mais je suis dans ma tête, personne ne m'entend donc je dis ce que je veux.

Je crois qu'il est arrivé quelque chose dans l'enfance d'Alexander. Mais je ne sais pas quoi exactement et entre nous, je m'en balance du tréfonds de l'univers. Il n'est pas moi et lui, c'est comme si il n'existait pas. Je partage juste son sang, ça s'arrête là. Après, c'est rien de plus qu'un inconnu, un étranger. Oui je monte dans les voitures des inconnus, je suis majeur et vacciné, je fais ce que je veux. Mais la preuve, jusqu'à ce matin, j'avais oublié que j'avais un frère.

Autre question, autre contexte.

- Et que sais-tu du Mystery Orphanage ?

Là, bizarrement, j'en connais plus.

- C'est un orphelinat, en Ecosse où des sorciers ou des humains doués vont ; qu'ils soient séparés de leur famille ou non. Il est relié à Orpheo et c'est Pandora Mystery qui en est la directrice. Beaucoup de grands sorciers en sont sortis, allant chez Orpheo, dans des organisations telles que la notre ou travaillant pour leur propre compte. Je crois bien que Luka Grey a étudié là bas.

Oui je parle moins alors que je dis que j'en connais plus, et alors ? Est-ce que cela pose un problème à quelqu'un ? Non. Et si ça lui en pose un, qu'il vienne me voir et on en parlera, je suis sûr que nous réussirons à être d'accord.

Mais où est-ce que j'ai su tout ça moi ? Ha oui, j'ai commencé à me renseigner véritablement sur Orpheo et on entend beaucoup de conversations dans les couloirs sombres de cette vieille demeure, des rumeurs aussi. On essaie ensuite de savoir si elles sont vraies ou non. Mais je crois que Luka était vraiment au Mystery, son histoire est assez célèbre. Petite mêlée, fille de Croix, élevée à Mystery, reprise par sa mère jusqu'à ce qu'elle meurt des mains de Dorian, et on ne sait actuellement pas où elle se cache. Luka, de quel côté est-elle d'ailleurs ? Orpheo ? Sorciers Noirs ? Ou neutre ? C'est assez inquiétant de ne pas savoir mais vu qu'elle a fui Croix à cause de Dorian, je suppose vu que c'est lui qui a tué sa mère, je pense qu'elle est neutre ou du côté d'Orpheo. Mais je pense plus pour neutre car elle a vécu longtemps avec Croix. Elle ne voudrait peut être pas être celle qui les trahit. Qui est réellement cette fille ? Que pense-t-elle ? Je voudrais bien savoir. J'aime savoir où sont nos forces, qui est contre nous. Qui ne se battra pas, qui peut avoir des chances de se retirer ou d'arriver. Certes ce n'est pas spécialement mon rôle de faire ça mais tout de même. Car la guerre se prépare dangereusement, encore une fois. Une guerre qui amènera du sang. Du sang coulera de tous les côtés, partout, encore. Oui. Il faut que je m'entraine un peu quand même. Même si je suis sûr de moi, parfois un peu trop d'ailleurs, on n'est jamais assez fort, du moins, c'est ce que je pense.

Anja me regarde encore, fouillant des papiers, notant des paroles que j'ai dites ou peut être ce qu'elle observe. Maintenant que j'y pense, pourquoi m'avoir interrogé sur le Mystery ? C'est juste une école de magie comme les autres, il y en a un peu partout dans le monde et elles sont toutes reliées à Orpheo même si ce dernier n'interfère pas forcément dans les affaires de l'école. Pourquoi celle-ci en particulier ? Parce qu'elle a une histoire plus intéressante que les autres ? Je ne sais pas. A cause de Luka ? Peut être. Enfin bon, pourquoi pas, après tout. Et puis, c'est ma patronne, elle fait ce qu'elle veut, je ne suis qu'un gentil petit soldat qui répond bien gentiment à ces questions en toute honnêteté. Aller, boss, continue de me cuisiner.

Les mots continent de s'écouler sur le papier. Par litre. De vierge, la feuille devient malfaisante, désenchantée. Anja prend plaisir à salir ainsi le papier de son écriture droite et froide. Presque dactylographiée. Elle s'est longtemps exercé afin d'avoir cette écriture ; pour pas qu'on ne puisse deviner son caractère à travers cette écriture. Pour paraître froide, calculatrice, ordonnée. L'image qu'elle aime donné d'elle. L'image qui sied à une cheffe de son envergure. Quand elle pense à Dorian Cross, elle a envie de cracher par terre. Avec ses grands airs, ses grimaces mesquines et ses yeux sûrs de lui... Elle le trouve pathétique. Il a des chiens, elle a des soldats. Fidèle. Qui l'admire. Alors que les toutous de Dorian n'ont rien d'autre qu'une peur cruelle qui les prend aux tripes. Ils sont tout aussi pathétique que le chef.
Comme Jack par exemple. Quel crevard celui là. Aucune idéologie. Juste la trouille de mourir s'il fuyait. Au moins son père lui a essayé de partir. Un peu plus courageux que tous les autres, même s'il reste pathétique et détestable.

[...]

- Je n'ai pas de frère.

La réponse de Mikeal m'a amusé. C'était une réponse intéressante. Il n'aurait pas dit cela s'il avait haït son frère. Moi, par exemple maman, je ne dis pas que je n'ai pas de père. Je dis que c'est un connard, qu'il est haïssable, que c'est un lâche doublé d'un idiot. Mais je reconnais son existence car je sais que s'il n'avait pas existé je ne serais pas la même aujourd'hui.
Mikeal lui dit ne pas avoir de frère. De l'indifférence. Intéressant.

- Il a quitté la maison quand je suis né. Ce n'est pas comme si je le connaissais. C'est juste un gars qui revient de temps en temps. C'est lui qui m'a amené ici d'ailleurs. Mais quand j'étais gosse, mes parents me disaient toujours "Ne sois pas comme ton frère". Apparemment, il déserte beaucoup trop et il ne pense pas comme nous. Il revient quand il a une mission et il finit toujours ses missions, mais je pense surtout que c'est pour éviter les problèmes. Après, je n'écoute pas vraiment quand on parle de lui, et puis je ne suis pas tout le temps au manoir. Mais une chose est sûre, c'est que je ne lui ressemble pas du tout.

Alexander est donc un homme de passage. Que ce soit avec sa famille ou avec Rosenrot. Je doute que j'en apprenne beaucoup avec Mikeal, il faudra que je creuse la question d'une autre manière. Comme je te l'ai déjà dit, maman, j'aime que mes soldats me respectent et me soient fidèles. Il faudra donc que j'approfondisse cette enquête là. Mais plus tard, je devais d'abord me concentrer sur le O'Callaghan en face de moi.
Mikeal n'était donc pas comme son frère. Quelque chose dans son attitude me faisait penser que je pouvais avoir confiance en lui. Enfin... autant qu'on peut faire confiance à un homme. Mais il semblait partager la même idéologie que moi et avoir un goût prononcé pour le sang. Je me doutais qu'une mission en contact avec de gentils orphelins d'Orpheo le dégoûterait, mais je me suis dit qu'il serait capable de comprendre l'ampleur de la mission que je lui confiais. Restait à voir ce qu'il savait sur le Mystery :

- C'est un orphelinat, en Ecosse où des sorciers ou des humains doués vont ; qu'ils soient séparés de leur famille ou non. Il est relié à Orpheo et c'est Pandora Mystery qui en est la directrice. Beaucoup de grands sorciers en sont sortis, allant chez Orpheo, dans des organisations telles que la notre ou travaillant pour leur propre compte. Je crois bien que Luka Grey a étudié là bas.

Il avait donc une certaine base de connaissance. "Et bien mon coco, ai-je pensé, tu vas pouvoir approfondir un peu ta manière de voir cet orphelinat." Restait maintenant à le lui annoncer.

- Comme tu le sais déjà, nous aimerions que tu infiltres Orpheo. Mais pour que cela n'ait pas l'air suspect, tu devras commencer à un poste en bas de l'échelle. J'ai déjà envoyer ton faux dossier à Pandora et ton entretien d'embauche aura lieu demain. Tout ce dont tu as besoin de savoir sur ta nouvelle identité se trouve dans le dossier devant toi.

D'un geste las j'ai désigné le fameux dossier. Il comprenait ledit CV envoyé à Pandora ainsi que sa lettre de motivation. Il y avait également une centaine de pages sur sa nouvelle identité, ce qu'il avait dans sa prétendue vie, les personnes qu'il avait fréquentées, etc... On ne laissait jamais rien au hasard chez Rosenrot. Pour le reste il devrait improviser ; cependant Mikeal n'en était pas à sa première mission et c'est pour ses dons d'infiltration que j'avais choisi son dossier.
Les vieux "sages" de Rosenrot qui se croyaient toujours autorisés à distiller leurs avis moisis, avaient conseillé quelqu'un d'autre. Une jeune femme plus discrète, plus droite, plus facilement manipulable. Aucune personnalité. Pour moi elle était trop pâle et risquait trop vite de se faire griller. Le caractère explosif de Mikeal me plaisait bien plus. Pandora n'irait pas se douter que Rosenrot serait assez culotté pour leur filer quelqu'un comme lui sous couverture.
Et pourtant... La meilleure planque est souvent sous le nez même de nos ennemis.

- Ton but sera ensuite de t'élever rapidement dans leur organisation. Pour cela j'ai prévu de faire bouger un peu tout ce petit monde là. Les organisations noires attaqueront l'orphelinat, forçant ainsi Orpheo à entrer en guerre. À partir de là ce sera ton rôle de prendre du grade chez Orpheo, chose qui sera beaucoup plus facile s'ils sont ébranlés. Et les soupçons ne se porteront sans doute pas sur toi étant donné que tu aura commencé comme simple professeur.

J'ai laissé échappé un bref sourire d'encouragement.

- Des questions ?

[...]

Tant d'encre rouge devant soit.

- Comme tu le sais déjà, nous aimerions que tu infiltres Orpheo. Mais pour que cela n'ait pas l'air suspect, tu devras commencer à un poste en bas de l'échelle. J'ai déjà envoyer ton faux dossier à Pandora et ton entretien d'embauche aura lieu demain. Tout ce dont tu as besoin de savoir sur ta nouvelle identité se trouve dans le dossier devant toi.

Le Mystery … Elle veut me faire intégrer cette putain d'école qui est remplie de gens qui puent ?! Sérieusement ?! Mais nooooon, je pleure intérieurement. Mais genre, vraiment. Des humains que je n'aurais pas le droit de maltraiter, des mêlés que je n'aurais pas le droit de tuer, des sorciers traitres à leur sang que je ne pourrais pas convertir à notre juste et noble cause … Elle m'envoie au bagne en fait ! Pourquoi tant de cruauté pour ma pauvre petite personne ? Pourquoi je peux pas directement aller au QG de Londres ou de Berlin ou de je sais pas où ? Bon ok, y aurait aussi plein de gens qui puent, mais au moins se serait des adultes, déjà c'est moins insupportable. Là c'est des enfants. De vulgaires enfants. Et vous savez comment c'est des gosses, ça pleure, ça chie, ça hurle, ça court partout … Mon dieu quelle horreur. J'ai vraiment pas hâte.

Je prends le dossier et le parcours des yeux. Mon prénom reste intact, tant mieux. J'aime bien mon prénom. Il est cool. Bon j'aurais peut être pas choisi ce prénom là pour moi même mais j'l'ai adopté. Il est à moi. Même si il s'écrit trop bizarrement. Je sais pas ce qu'avait fumé mes géniteurs quand j'ai été pondu pour mettre une orthographe pareil. Bon, on va dire qu'ils ont essayé de faire dans l'originalité.

Je me pencherais sur le reste de mon dossier cette nuit, pour bien intégrer tout ça. Ca ne devrait pas être trop difficile. Un passé à apprendre, easy peasy. Après, faut juste se détendre une fois là bas. Je crois que se sera plutôt ça le plus dur.

- Ton but sera ensuite de t'élever rapidement dans leur organisation. Pour cela j'ai prévu de faire bouger un peu tout ce petit monde là. Les organisations noires attaqueront l'orphelinat, forçant ainsi Orpheo à entrer en guerre. À partir de là ce sera ton rôle de prendre du grade chez Orpheo, chose qui sera beaucoup plus facile s'ils sont ébranlés. Et les soupçons ne se porteront sans doute pas sur toi étant donné que tu aura commencé comme simple professeur.

Et bientôt la guerre, et encore plus de taff pour le petit Mickey. Mais c'est ce que j'ai toujours voulu. N'est-ce pas ? C'est mon but, dans la vie.

Ils ne se méfieront tellement pas. Ils vont être là « oh mon dieu on est affaiblis help » Et je me ramènerai comme une fleur, ancien professeur, pour les « aider ». Pour semer la zizanie.

- C'est un plan remarquable.

- Des questions ?

- Comment je vous ferai part de mes avancées ?

En effet, je me voyais mal juste lui envoyé des SMS. Et des lettres aussi seraient saugrenues. Des messages codées ? Envoyés comment ? Mon avancée à l'orphelinat risque d'être … Absolument non palpitante. Être prof, c'est juste « oui ils ont confiance en moi, j'ai été adopté en tant que Mickey officiel et j'ai intégré la salle des professeurs et je leur fais l'immense privilège d'avoir mes repas avec eux ». Passionnant, n'est-ce pas ? Non. C'est surtout si elle a besoin de renseignements particuliers, quels dossiers je dois aller fouiner ? Sur quelle personne je dois prendre des informations ?

- Vous avez des personnes sur qui je dois porter une attention plus particulière ?

Après, photocopier des dossiers et les envoyer sur son ordinateur sans qu'on le voit ne sera pas bien difficile. Je peux passer sur l'Internet anonymement quasiment partout. C'est un jeu d'enfant de pirater tout ça avec mon petit pouvoir adoré. En plus il me sert aussi à tricher dans mes jeux vidéos. Un peu. Juste un peu. Quand le jeu triche en fait. Parce que oui, les jeux ça triche. Des fois t'appuies sur le bouton ET LE JEU IL FAIT GENRE T'AS PAS APPUYE C'EST PAS DE LA TRICHE CA PTET HIN. Saloperie.

L'encre rouge ressemble à du sang frais. Avec amusement, Anja se demande ce qu'elle a le plus fait couler. L'encre dans les nombreuses lettres destinées à sa mère ou le sang de ses victimes ?
Pour être honnête cela fait un moment qu'elle n'a plus tué.
Vraiment tué.
Les esclaves ne comptent pas.
La dernière fois que sa lame a percé le coeur d'un être - un de ces ignobles mêlés, elle s'en souvient très bien -, c'était lorsqu'elle bossait encore pour Croix. Pour Natasha Cross. Même si l'ordre ne devait sûrement pas émaner directement d'elle. Ça fait donc pas mal de temps, mais la sorcière noire s'en rappelle comme si c'était la veille. L'émotion qui l'assaille, le goût ferreux du sang qui éclabousse sur ses mains... Et le plaisir viscéral.
Il faudrait qu'elle parte en mission un de ces jours. Juste pour revivre ces sentiments bien particulier.

[...]

Je ne doute pas une seconde de mon plan. Orpheo ne va pas la voir venir celle là... Une infiltration des professeurs. Ils imaginent sans doute que nous avons trop de coeur pour nous attaquer à des enfants... Quelle erreur ! Les enfants mêlés sont tout aussi méprisables que les adultes. Pire encore ! Parce que leur espérance de vie est plus longue...

- C'est un plan remarquable.

J'ai remercié Mikeal d'un sourire. Cette étape était la première d'une succession de jalons qui mènerai Rosenrot, je n'en doutais pas, à la domination du monde magique. Je te l'avoue, Mutti, je n'ai pas encore établi tout le plan clairement dans ma tête. Placé Mikeal est primordial our avoir un avis provenant de l'intérieur, j'en suis certaine, mais j'ignore encore quelles seront exactement les prochaines étapes.
Cependant, une chose est sûre ; le Mystery Orphanage est le bon ange d'attaque.

- Comment je vous ferai part de mes avancées ?

C'était une bonne question que me posait là mon soldat. J'y avais déjà d'ailleurs pensé et réagit en conséquence :

- J'ai placé un homme à Little Angleton. Il est apprenti chez le cordonnier. T'éloigner de l'orphelinat pour aller faire des courses au village ne devrait pas être difficile. Une fois par semaine tu pourras donc lui faire ton rapport qu'il me transmettra.

Cela fait déjà quelques semaines qu'il a commencé ce pseudo apprentissage, diluant d'autant plus les soupçons sur sa personne. Il faudra juste qu'ils soient assez discrets pour que leur rencontre n'attirent pas l'attention. Au pire ils trouveront bien une excuse à ces escapades... Mais le mieux serait évidement de passer inaperçu histoire de ne surtout pas attirer l'attention de Pandora Mystery, la directrice de l'orphelinat.

- Vous avez des personnes sur qui je dois porter une attention plus particulière ?

Je n'ai pas choisi Mikeal au hasard. En effet, je sais que mon soldat, avec son donc de technicien, pourra facilement avoir accès à des ordinateurs, même privés et codés. Et, même si la vieille Mrs Mystery n'est pas encore passée au numérique et reste à des dossiers papiers, je sais qu'il a les capacités d'emprunter ces dossiers pour les photocopier, puis d'accéder aux sous-sols d'Internet auxquels lui seul avait accès.
Voilà pourquoi je l'ai sélectionné lui Mutti et pas un autre.

- La directrice ainsi que la vice directrice. Il y a également quelques enfants dont tu trouveras la liste détaillée dans le dossier.

Et dans cette liste il y a une certaine Myaw Nienta. Des rumeurs courent sur un lien entre elle et un de mes soldats et je souhaite me renseigner à ce sujet. Déjà parce que c'est toujours bien d'avoir un coup d'avance et un moyen de pression. Secondement parce que je souhaite m'assurer que ce soldat ne joue pas dans deux cours distinctes...
Il sera bientôt convoqué Mutti. Afin de m'assurer de sa loyauté. Il porte un nom étrange d'ailleurs... Green Soul.

[...]

Plic. Ploc. Une tâche sur le papier immaculé. L'encre a coulé, bavé. Ça ne lui donne que plus l'air du sang.

Anja sourit après que je l'ai complimenté sur son plan. C'est vrai que c'est un peu fut fut. Et moi j'suis qu'un petit gentil soldat. J'fais qu'obéir aux ordres de la grande prêtresse. Indice : c'est Anja. C'est vrai, un orphelinat, une école, c'est pas vraiment l'endroit qui est attaqué généralement. Mais ils sont reliés à Orpheo. Ya déjà un pied dans le bain. Et comme un poison, ça remonte, jusqu'au cœur, jusqu'au QG, jusqu'au conseil, pourquoi pas. Parce que oui, on sait un minimum ce qu'il se passe. Mais juste un minimum. C'est pas la chose la plus facile d'avoir des espions dans des grandes organisations comme ça. J'veux dire, nous, un espion ferait pas le poids. Dès qu'un « inconnu » arrive, il est scanné de partout, les lecteurs de pensées arrivent, les localisateurs aussi pour retracer un peu son passé, enfin, plein de trucs. Tu peux pas mentir. Ah et puis, le test ultime étant la vieille. Adélaïde. Tu ne peux juste RIEN lui cacher à celle là. Son don lui permet de lire en toi comme dans un livre ouvert. C'est affreux. Affreux. Evidemment, plus elle connait la personne mieux ça marche, alors elle est souvent là dans les interrogatoires, même si elle participe pas, elle regarde, elle s'imprègne de la personne, elle écoute, elle commence à s'accrocher à elle, à tisser le lien qui lui permettra de la mettre à nu.

Même nous de temps en temps on a le droit à des petits tests ou quoi. Voir si on fait pas n'importe quoi. Moi ça va, j'm'en sors pas trop mal. Mais uniquement parce que je vis dans le manoir familial. Avec la vieille justement. Alors son regard, j'le connais.

Ce don, c'est un bel atout quand même. Et c'est très dur de construire une barrière contre cette chose. Voire impossible. Parce qu'elle l'a eu tôt. Très tôt. Et elle l'apprivoise depuis. Alors c'est un peu la reine, tu peux quasiment rien contre elle pour ça. Même Dorian Cross serait dans la merde. Elle saurait tout de lui. Tout.

- J'ai placé un homme à Little Angleton. Il est apprenti chez le cordonnier. T'éloigner de l'orphelinat pour aller faire des courses au village ne devrait pas être difficile. Une fois par semaine tu pourras donc lui faire ton rapport qu'il me transmettra.

J'hoche la tête. L'apprenti du cordonnier. Si il est jeune en vrai ça peut le faire. Genre un rendez vous amical pour se prendre une bière toutes les semaines. Après faut pas que je parle que à lui mais que j'ai des relations avec les autres personnes du village, de l'orphelinat, mes collègues de travail et tout ça. Mais ça va le faire. Nickel, posé, tranquille, pépouse. Et puis, on ne m'aurait pas confié cette mission si je n'en avais pas les capacités. Là, c'est pas juste une question de pouvoir. C'est une question d'infiltration aussi. Et je suis plutôt sociale comme personne. En plus d'être un pur BG. Et puis je suis drôle, non ? Mais si, j'vous assure que si. Hilarant. Bref, le roi du monde.

- La directrice ainsi que la vice directrice. Il y a également quelques enfants dont tu trouveras la liste détaillée dans le dossier.

Encore une fois, je hoche la tête. Toutes les choses que j'avais à dire ont … Déjà été dites. Je n'ai plus de questions, elle non plus. Ca sent la fin de cet entretien. Dommage, j'lui aurais bien proposé de passer aux choses sérieuses, entre gens BG, vous comprenez ? Enfin bref. C'est pas parce que j'aimerais bien me faire ma boss (qui est super giga hot) que je vais lui faire du harcèlement, ça risque de … plutôt mal passé.

Je prends le dossier qu'elle me tend et l'ouvre pour voir un peu ce qu'il contient. Des fiches qui sont parfois à moitié vide. Rassembler donc les informations manquantes, très bien. Les noms et prénoms sont inscrits ainsi que quelques photos, parfois de piètre qualité. Une dizaine de fiche sont rassemblées ici. Je referme donc le dossier et me lève de la chaise, pensant que cet entretien est désormais fini.

-N'hésitez pas à me prévenir de quelques manières que se soit si je peux faire autre chose pour vous.

La rougeur de l’encre faiblit sur le papier. Ce n’est pas bien grave ; Anja est bientôt arrivée au bout de sa lettre.
Et dans son tiroir réside encore de nombreuses cartouches rouges. Comme autant de balles dans un flingue.

[...]

Mikeal a feuilleté le dossier que je lui tendais. Cet homme est un bon soldat, quoique piètre sorcier. Non pas dans le sens de ses pouvoirs - les O’Callaghan ont toujours su se montrer utiles en terme de magie -, mais plus dans le sens homme. De nombreuses rumeurs courent à son sujet, sur ses batifolages avec des sorciers, sorcières, mais également avec des esclaves... J’en frissonne rien qu’à cette pensée. J’espère au moins qu’il se protège ; je ne voudrais pas d’un mêlé à Rosenrot.
Oui, c’est donc un homme à la hauteur de tous les autres. Encore un de ceux qui ne pense qu’avec ce qu’il a entre les jambes... Ça me dégoûte Mutti. À chaque fois ça me rappelle mon géniteur et ce fils qu’il a eu dans ton dos... Ce Jack. Quel idiot en plus celui là ! On ne peut pas faire plus raté que ça ! Alcoolique, mauvais combattant et bête comme ses pieds de surcroît ! Dire que nous partageons le même ADN... je me demande comment cela est bien possible.

Mikeal a refermé le dossier puis s’est relevé. L’entretient était terminé et il allait pouvoir se préparer pour sa mission d’infiltration. J’espère qu’il ne fera pas de vague... Je crois bien qu’il déteste les enfants presque autant que moi je hais les hommes. Alors j’espère qu’il saura retenir son mépris... Et ne pas se trahir.

- N’hésitez pas à me prévenir de quelques manières que se soit si je peux faire autre chose pour vous.

J’ai hoché la tête avant de me lever à mon tour afin de la raccompagner à la porte. Une fois devant, je lui ai serré la main et je lui ai souhaité bonne chance pour sa mission. Ce contact m’a un peu dégoûté, mais bon, une chef doit savoir se montrer généreuse envers ses soldats. Il vaut mieux si on escompte des résultats.

Voilà Mutti, la mission de Mike. Si cela marche et que je réussi à négocier avec Dorian Cross une alliance entre Rosenrot et Croix, il y a de bonnes chances que nous réussissions à prendre le Mystery Orphanage.
Puis l’Europe.
Et qui sait, peut-être qu’un jour les sorciers règneront enfin sur leur dû. Le monde.

Ich liebe dich.
Anja

La jeune femme referme doucement la plume avant de la reposer dans le tiroir qui lui est dû. Un maigre sourire trahi sa joie certaine. Ce jour est un jour particulier, un jour qui restera marqué dans l’histoire de la magie.
Le jour où les sorciers ont commencé leur conquête.
Le jour où Anja von Duisbourg et Dorian Cross sont rentrés dans les livres d’histoire magique.