Pendant un instant il regarda celui qui allait devenir pour une durée indéterminée son tuteur. Il l’analysa de haut en bas puis de bas en haut. Un nouveau riche qui ne vit que dans des costards super cher.
Le tableau était dressé et Elio sut immédiatement qu’il n’adresserait pas un son a ce genre de personne.
Dorian lui donna les instructions et les quitta. Il faut dire que le chef de croix avait tellement mieux a faire ! Comme de rester planté pendant des heures dans son bureau avec sa femme ou seul, son whisky a la main.

-Alors Elio, dis-moi, que t'es-t-il arrivé ? J'aimerais en apprendre plus sur toi, ensuite je me ferais une idée de tes capacités. Je me présente, je m'appelle Mohamed Al Hattal, au fait.

Pas de réponse. De toute façon il n’a rien à lui dire à celui-là ! il n’a ni l’envie d’être formé à nouveau par une personne aussi ridicule, ni l’envie de passer du temps avec elle. Il ne lui dira donc absolument rien ! Maintenant qu’il s’est fait sa petite idée de la personne il n’a plus du tout envie de bosser. Il ne le regardait pas et ne s’y interessait pas d’ailleurs jusqu'à ce qu’il sente sa main sur son épaule. Tellement grave erreur ! Immédiatement braqué, il lui retira la main en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, avec un regard qui n’avait rien de sympathique.

-Sortons dans le jardin.

Il le suivit meme si ca ne l’interessait pas. Au moins il fait beau… Ca lui changera un peu les idées. Il ne va se laisser faire facilement. Il a eut sa dose de punition et il est contre celle de se retrouver sous la tutelle de quelqu’un. Surtout un homme. Parce que tout le monde le sait, une femme il se contenterait volontiers de faire un bon chien. Mais pas dans cette situation.

-Alors, on sort de convalescence ? On va réapprendre à marcher, Bambi ?

Il le regarda partir au trot comme une espèce de biche qui aurait fait un paris a qui boirait le plus avec Dorian au niveau Whisky et qui tituberais en plus d’avoir une jambe arrachée. Elio quant a lui se laissa tomber assis dans le gazon. Il commença à arracher la pelouse brin par brin, comme si s’était devenu le jeu le plus amusant du monde comparé à son tuteur qui se fichait quand même de sa tronche. Pas que ça le dérange puisqu’il ne le regardait pas et qu’il n’avait pas suffisamment d’amour propre pour se sentir réellement humilié.
Il lui faudrait déjà beaucoup de volonté pour attirer l’attention du jeune esclave. Pas qu’il ne sache pas etre concentré sur sa proie quand il travaille ou qu’il ne sache pas faire un exercice, juste pas envie. Et comme il respecte Dorian bien plus que ce… sorcier pathétique, evidement…
Dorian il aurait dit : roule toi par terre, il aurait roulé. Il lui aurait dit saute d’un pont, il l’aurait fait. Mais il avait dit a ce tuteur ce qu’il devait faire, pas a Elio. Oh non il n’allait pas travailler si facilement. Après tout il y a des mules moins têtues que lui.

Pas casser les jouets, Bambi

C'était pas gagné. Mohammed posa ses poings sur ses hanches en regardant le jeune esclave avec perplexité. Puis il commença à faire les cent pas dans le jardin, se tenant le visage dans la main. Bon. Quoi faire quoi dire. Il semblait être un peu rebelle le poulain. Tout en réfléchissant, le sorcier noir continuait à faire son petit tour, il s'était mis à sautiller telle une gamine de huit ans. Bon bon bon. Il croisa ses bras derrière sa tête et se mit à regarder en l'air.

-Rhaaaaaa, s'écria-t-il, j'ai beau me creuser là tête mais j'ai comme l'impression que tu n'as de toute façon pas l'intention de me parler, n'est-ce pas ma poulette, hmm ?

Il lui tapota gentiment le sommet de la tête et se planta ensuite devant lui, les bras croisés. Il le détailla. Bien sur il pourrait le battre jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus mais il était déjà assez amoché comme ça, et ce n'était pas le but dans tous les cas. Mais bon, il faudrait tout de même le secouer un peu, il avait l'air d'être un sacré têtu. Mais si c'était un hassansin, il devait bien avoir de la valeur. Il espérait que Dorian n'aurait pas à en arriver à certains extrêmes. C'était aussi le rôle de Mohamed dans toute cette histoire. Il envoya donc un léger coup dans l'épaule et reprit, posant les doigts de ses deux mains les uns contre les autres, tendus, et abaissant son visage vers son cou ce qui donnait l'impression comique qu'il avait un double menton. Pinçant les lèvres, il s'adressa à Elio :

-Ecoute Coco, c'est très simple. On va pas être copains si tu as décidé d'être aussi fun qui piquet et aussi réactif qu'une moule. Tu ne peux pas rester dans cette situation. De toute façon...euh...Il faut obéir à Dorian c'est aussi simple que ça.

Il fixait toujours Elio avec sa tête un peu idiote. Il aimait faire preuve d'autodérision, ainsi il pouvait paraître abruti, tout en sachant parfaitement ce qu'il valait en son for intérieur. De toute façon sans humour et ridicule la vie serait un peu ennuyeuse. Franchement, Nabilla, elle est conne, mais elle nous fait bien marrer, nous confortant dans l'idée que nous sommes tout de même plus intelligents que cette greluche. Bref. De toute façon c'est une humaine. On peut donc aisément la considérer comme inférieure.

-Bon allez, insulte moi, danse une petite gigue ou fais une déclaration d'amour à Mauricette ici présente (il désigna un roseau au bord d'un étang), mais donne un peu d'action à cette première rencontre entre toi et moi, ou je serais obligé de te torturer et ce serait euh...Voila kwé. Embêtant. Wé.

Evidemment il n'avait pas l'intention d'être violent envers lui, il faudrait vraiment qu'il le pousse à bout, et le jeune esclave en était loin. Mohamed allait être père, de toute façon, il lui fallait dès maintenant s'armer de patience, autant pour les prochains mois de grossesse de Laure que pour les cris, couches, caprices, crises d'adolescence du futur bébé.

Elio le regarda d’un regard noir comme il n’en existe nulle part ailleurs. Un regard qui analysait et montrait tout son manque d’intérêt pour ce stupide exercice. En effet ils n’allaient pas être copains.  Le simple fait qu’il mentionne Dorian le fit à nouveau entrer dans une sorte de colère des plus infectes. Il avait déjà été torturé et malmené des millions de fois. Ce n’était donc pas ce qui lui faisait peur.

En revanche Dorian… Il savait tout particulièrement combien il devait s’en méfier.

Quand il se releva finalement ce fut pour pousser le sorcier noir au sol. Il n’avait pas la même force qu’à l’ordinaire et ses jambes, salement amochées, avaient toutes les peines du monde à le garder debout et droit comme un I, ce qui lui donner cette position légèrement pliées. Mais il n’en restait pas moins plein d’une haine naissante. Une haine due sans doute a des années de conditionnement a détesté les autres et ne pouvoir faire confiance à rien ni à personne.

Il voulait de la conversation en voilà !  Il n’avait aucune envie d’être l’esclave d’un clown pareil. Il préférait de loin en faire une proie facile pour faire passer ses nerfs dessus.

Elio n’avait pas besoin de mots pour exprimer sa colère, juste de sa brutalité à l’état pur. Il ne craignait pas les étrangers et c’est sans doute pour ça que Dorian l’avait corrigé tout personnellement. Cela avait dans un sens plutôt bien fonctionné. Elio n’était pas prêt de se mesurer à nouveau à son supérieur avant bien des années. Mais il n’avait associé ce traitement douloureux qu’a Dorian.

En conséquence un pingouin comme son nouveau tuteur allait avoir un exercice de crise d’adolescence tout fraichement sortit pour lui.

-Dégages!

Après l’avoir bousculé aussi fort que ses jambes frêles le lui avaient permis Elio retomba au sol. La chair brulée le faisait encore beaucoup souffrir mais il n’en sortait pas le moindre mot.  Le gazon humide et frais amortis sa chute et il reprit son arrachage de gazon comme si de rien était, ignorant a nouveau l’idiot dont il n’avait rien a faire. Lui il voulait repartir en missions, sentir à nouveau se semblant de liberté qui lui plaisait tellement dans l’exercice de sa fonction.

Il en avait assez d’être toujours inférieur aux autres ! Marre de toujours devoir se taire dès qu’on lui disait de le faire ! Assez de constamment devoir être à la botte de Dorian… Mais il n’y a pas d’autre place dans ce monde pour les batards comme lui. Il aurait pu s’enfuir mais ou aurait-il été ? Dorian l’aurait retrouvé et battu à nouveau sans ménagement…

Cette idée le replongea dans cet état second de désintérêt total pour sa misérable existence : il ne connaissait rien d’autre que cette vie ennuyeuse et ne pouvait envisager un jour connaitre autre chose et qui serait plus agréable à vivre.

Don't you disrespect me little man !

La réaction du jeune esclave arriva plus rapidement et plus violemment qu'il ne s'y attendait. Il le poussa le plus fort que ses frêles petits bras le lui permettaient, ce qui le fit d'ailleurs tomber  sur le sol, en lui criant de dégager. Mohamed tituba mais se rattrapa à un arbre. Bon. Au moins maintenant il lui donnait matière à travailler.

Le sorcier se redressa en rajustant ses vêtements, et se dirigea vers Elio, qui avait entrepris d'arracher l'herbe du jardin. Peut-être comptait-il se reconvertir en tondeuse à gazon. Ou en chèvre. Mohamed croisa les bras en le regardant de haut, et déclara :

-Tu as de la chance d'être un hassansin, d'avoir de la valeur mon petit, et aussi d'être tombé sur moi. Peut-être que quelqu'un d'autre t'aurait abattu sur le champ, si tu n'étais qu'un esclave lambda et qu'on avait pas investi du temps et de l'argent dans ton entrainement. Et puis, Dorian m'a un peu averti. Donc on va reprendre. On est là pour te rééduquer. Et je ne compte pas baisser les bras.

Il lui tourna le dos, faisant face au manoir, une main sous le menton. Il reprit :

-Je ne suis surement pas aussi sadique et puissant que Dorian, mais sache que j'ai le moyen de te punir sans même t'amocher physiquement. Etant donné que tu n'étais pas prévenu je vais te laisser une seconde chance, dans ma grande mansuétude. Donc maintenant, on va aller faire un jogging et puis tu vas me parler. De tout ce que tu veux. Je veux apprendre à te connaitre. Et ce n'est pas qu'un souhait. C'est un ordre.

Il se retourna brusquement, lançant un regard désappointé en direction du jeune homme :

-Et désolé de te l'apprendre ainsi, mais même en t'acharnant sur ce pauvre gazon des années entières, tu n'en deviendras pas une chèvre. Navré, vraiment.

Mohamed se sentait en forme, il avait déjà réussi à faire plusieurs blagues stupides. Et il était motivé pour faire quelque chose de cette petite boule de nerfs teigneuse et rebelle. Peut-être bien qu'Elio allait le prendre pour un clown, et se demander WHY THE FUCK Dorian l'avait mis sous sa responsabilité, et accessoirement comment un pareil attardé avait pu accéder à un assez haut rang au sein de Croix. Et s'il persistait à faire l'âne récalcitrant, il allait comprendre à quel point Moha n'était pas un tendre avec ce qui lui résistait. Tout du moins si c'était humain ou mêlé. Il avait plus de respect pour les sorciers.

Il se dirigea vers l'esclave et lui donna un léger coup de pied dans la cuisse, avant de le saisir par les épaules et de le relever. Puis il le devança de quelques mètres en criant :

-En avant ma mignonne !

Allez, on y croit. Son petit poulain pouvait le faire. Il ne voulait pas d'un échec. Il lui répugnait de ne pas pouvoir accéder aux requêtes de Dorian, ou simplement de ne pas y arriver. Encore plus d'abattre un esclave. On ne pouvait même pas en manger la chair, trop proche d'un sorcier. Et il n'était pas sur que ce soit bon. En tout cas, très peu pour lui, un steak d'esclave. Buark. Il courut à reculons, attendant de voir si son nouveau "protégé" allait le suivre. Surprise. Aha. SUSPENS.

Elio l'écouta avec a peu pret autant d'attention qu'une moule sur son récif. Il ne voyait absoluement pas en quoi ce qu'il lui racontait le concernait mais il semblait vraiment motivé a le faire réagir. gesticulant dans tous les sens mais Elio était bien trop peu interessé pour se sentir humilié par ses blagues ni drole ni suffisement vexantes pour le faire réagir.

-J'ai rien a dire aux gens comme toi.

Il sentit une certaine colère en le voyant s'acharner sur lui sans raison particulière. Ils étaient obligés de travailler ensemble ca ne voulait pas dire que lui était obligé de faire des efforts. D'un autre coté Elio qui faisait des efforts sans aucun objectif n'était pas vraiment Elio.

Pourquoi aurait il soudainement décidé d'obéir? Parce que Dorian etait debout a la fenetre de son bureau a les regarder semblait une assez bonne raison mais il n'en avait plus rien a secoué de ce mec. Il savait qu'il ne devait plus jamais s'y frotter, c'est a peu pret tout ce qu'il avait retenue de sa mésaventure avec le chef des Cross et de Croix.

d'un autre coté il ne voyait pas pourquoi Dorian lui avait mit ce... machin en couche culotte qui se croyait etre un sorcier noir et qui plus est un comique. Avouons le pour Elio il n'était ni l'un ni l'autre.
Elio écouta néamoins l'exercice : un jogging. Ca ne lui semblait pas une mauvaise idée car ca le ferait peut etre taire mais il n'avait aucune intention de le suivre.

Elio ce leva donc avec l'élégance d'un chien emputé d'une patte arrière et commença par un échauffement simple mais qui était déja bien assez douloureux : faire la moitié du jardin a la marche. La chair qui ne s'était pas encore reformée totalement sur les mollets le faisaient boiter comme un malheureux mendiant qui vient vous réclamer une petite pièce mais Elio est du genre tétu et ce n'est pas cette petite douleur qui allait l'arreter. De plus, concentré sur son objectif ce n'est pas qu'il n'écoutait plus Mohamed mais clairement qu'il ne l'entendait plus.

Avec Elio il est primordial de faire la différence entre écouter et entendre. Car même s'il n'écoute pas il entend tout de même et se trouve tout a fait apte a repondre si l'envie lui prend. Hors entendre signifie qu'un son est au moins entré dans son oreille et ressortit de l'autre coté. Chose qui, curieusement, n'est pas automatique chez l'adolescent en pleine crise.

Du krieschts mir nach, du kannst auch rennen

Encore de l'insolence. Mohamed soupira. Il avança vers le jeune esclave et le regarda froidement das les yeux. Il avait les mains dans les poches, et l'air nonchalant. Mais il était prêt à user de son don sur Elio. Le sorcier noir le fixa quelques secondes avant de demander :

-Les gens comme moi ?

Il ne savait pas ce que cela signifiait, réellement. Les sorciers noirs ? Les mecs habillés en jogging ? Les marocains ? Les arabes ? Les propriétaires de dromadaires ? Les clowns ? Peut-être les clowns oui. Mais Mohamed ne se départirait jamais de son humour, c'était impossible, c'était ancré en lui. Tel un cas d'herpès génital, les blagues douteuses ne pouvaient le quitter.

Mohamed esquissa un sourire carnassier quand son petit "protégé" se décida enfin à se lever. Il était en piteux état. Il décida de ne pas le torturer tout de suite, il s'était levé, et essayait de se déplacer autour du jardin. Vas-y petit Elio. Vas-y. Le sorcier marcha dans sa direction, puis trottina, afin de l'observer. Il sourit de nouveau, et passa derrière lui, afin de le forcer à avancer. Il respira l'air frais breton à fond et se mit à fredonner :

-Mon petit oiseau, a pris sa volée, a pris sa, à la volette, a pris sa, à la volette, a pris sa volée...

Oui car c'était à ça que lui faisait penser le jeune esclave, à un moineau sorti de convalescence, à un oisillon qui s'aventurait hors du nid, même pas totalement achevé. Cela amusait pas mal le sorcier d'ailleurs. Il espérait qu'il allait réussir à en faire quelque chose, de ce machin. Il fallait déjà qu'il lui apprenne à le respecter, et ce ne serait pas une mince affaire, de ce qu'il pouvait voir. Ce jeune homme s'était déjà rebellé contre Dorian, ce n'était pas rien.

-Il prit sa volée, sur un oranger, sur un o- à la volette, sur un o- à la volette, sur un oranger... continua-t-il avec un sourire goguenard.

Il n'allait pas bien vite, ce gamin. Mais tant pis. Ils allaient faire le tour de la propriété des Cross, qu'importe combien de temps il faudra. Et il le ferait parler.
Mohamed se mit alors à la hauteur de l'esclave, bien que cela lui demanda un gros effort, tant le gamin était lent et tant son rythme ressemblait à s'y méprendre à celui d'un paresseux asthmatique, et continua de fredonner, avant de s'interrompre, et de lui dire, sur un ton de reproche :

-Alors mon petit oiseau, tu ne piailles pas beaucoup... Allez, raconte moi des choses, je sais pas, ton enfance, ton âge, tu as tué qui, tu as mis enceinte une autre esclave, tu es amoureux, c'est quoi tes projets...?

Ok, il ne savait pas si un esclave pouvait avoir des projets, mais surement que si. Même un chien a des projets, genre déterrer telle chose, chaparder telle autre chose sur la table du maitre, se faire la chienne du voisin... Un peu d'imagination que diable ! Mais pour Elio, rien à faire. Un véritable mur. Le visage de Mohamed prit un air d'autoroute, c'est à dire franchement long et désabusé. Il envoya une pichenette dans le coude d'Elio, se demandant si cela allait le faire tomber, et s'écria avec un ton autoritaire :

-EHO WENDY, TU M'ECOUTES ?

Oui. Wendy. Parce que. Ou Oberyn Martell, je sais pas moi. Mais c'était le premier prénom qui lui était venu à l'esprit, et de toute façon il pouvait bien dire ce qu'il veut, merde à la fin. En tout cas, la mule récalcitrante avait intérêt à l'écouter et à parler fissa, car il allait perdre patience, tout clown qu'il était.

Elio ne prit pas la peine de répondre aux moqueries. Il se fichait bien que tu le compare à un âne, une chèvre, un poisson rouge ou un piaf. Le fait est qu’il accéléra vite fait bien fait dès qu’il vit que le sorcier noir revenait à la charge. Sa cadence avait bien augmenté et son pas plus ample lui permettait d’avancer plus vite malgré la douleur persistante. Il fit une fois et demie le tour du terrain avant de s’arrêter et recommencer à marcher. Ce moment où il t’avait vaguement entendu lui avait permis de changer son fusil d’épaule comme on dit. Il attendit d’avoir complètement récupérer pour répondre à ses clowneries.

Sa chansonnette lui cassait les oreilles et bien qu’il ait pu lui dire de boucher sa gueule Elio n’en prit pas la peine. Il aurait pu avoir un sorcier noir au cul en mode muet mais le mieux s’était de ne pas avoir le sorcier noir du tout.

Il avait essayé de le semer parmi les jardinières, de le faire tourner en bourrique mais il t’entendait toujours et personne ne peut deviner comme tu l’agaçais.

-Alors mon petit oiseau, tu ne piailles pas beaucoup... Allez, raconte-moi des choses, je ne sais pas, ton enfance, ton âge, tu as tué qui, tu as mis enceinte une autre esclave, tu es amoureux, c'est quoi tes projets...?

- A quoi ça va te servir de savoir ces choses-là ?

Evidement il avait beaucoup de choses dont il aurait pu te parler. A commencer par Zola. Par quoi d’autre aurait-il pu commencer que par son auteur favori, Zola. Assassiné. Ensuite de la dureté de son enfance comme il aurait pu te parler d’un film vu au cinéma la semaine dernière. Il aurait pu te dire que ses mains étaient aussi rouges que la nuit peut être noire.

Mais il ne t’aurait jamais parlé de ses conquêtes, simples humaines ou esclaves. Il était fort probable qu’il ait des descendants inconnus à Croix et il ne tenait pas à signaler ce léger détail de sa vie. Il aimait les femmes mais aussi fidèle qu’un chat il laissait souvent ses dernières derrière lui sans un mot.

Il savait cependant qu’il n’y était pas pour rien dans la grossesse de l’une des esclaves les plus venimeuses de Croix : miss Teresa Blondie. Un homonyme de Theraphosa Blondi, une araignée reconnue pour sa capacité à tuer.

Belle comme un soir de pleine lune. Elio avait du être plus patient avec elle qu’avec beaucoup de femmes. Elle était une tueuse et aussi agressive qu’un scorpion. Il aurait bien pu se voir injecter une dose de venin avant même d’avoir fait le tour de sa petite personne. Heureusement Dorian ne fréquente pas ou très peu ses esclaves et il n’avait aucune idée du fait qu’elle s’était reproduite avec le seul esclave qu’il ne pouvait pas blairer…

Cette idée faisait toujours sourire le petit esclave, même maintenant. Elio se rassit dans le gazon et commença une série d’étirement destinés à lui rendre la souplesse d’un chat depuis qu’il avait contrarié Dorian. Il avait déjà récupéré beaucoup de cette souplesse et pouvait ressembler à un contorsionniste.

-EHO WENDY, TU M'ECOUTES ?

Elio était du genre pur et dur du : on m’a dit de te butter je te butte. Elle, plus subtile, se débrouille pour séduire sa proie et la tuerie se fait sans un cri. On ne se méfie pas assez des jolies filles avec une gueule d’ange.

Allez savoir pourquoi, avec tout ce qui lui traine autour il a fallu qu’elle fasse un petit pour Elio. Bon, il faut bien avouer qu’il y en a certains…. On aurait peur de se faire refiler leur cochonneries rien qu’en les regardant trop longtemps. Et pour Elio… la seule chose qu’elle lui trouva c’est qu’il avait une bouche à bisou. Avec Teresa Blondie Elio devient un gentil yorkshire.

- Et bien si tu n’as rien d’autre à me demander ou à faire que de tenter de t’incruster dans ma vie personnelle je te laisse.

Il le laissa finalement au jardin pour aller faire des étincelles. Jouer nerveusement avec son briquet le détendait plus ou moins et il repensa a certaines de ses missions… des choses qu’il avait faite… des choses qu’on lui avait dit et enfin les choses qu’on lui avait fait.

Vint ensuite l’heure du repas. Ça tombait bien il avait faim justement. Ce qu’il allait manger n’était en rien comparable à ce que les sorciers noirs avalaient ; une bouillasse dans laquelle différents produits plus inquiétant et méconnaissables les uns que les autres se baladaient.

Teresa n’était pas là justement. Surement partie en mission, Elio la chercha un peu avant que sa supposition ne se confirme et il alla manger seul dans son coin. Agissant en parfait solitaire. Avec un sorcier noir au cul et qui allait surement revenir le coller il préférait ne pas se montrer proche de qui que ce soit. Montrer ça c’était comme de dire ou taper pour que ça face mal.

A la fin du repas : 20 minutes de calme et de silence. Ses oreilles l’en remerciaient. Il s’était mis à l’ombre d’un arbre, allongé sur le dos et les bras derrière la tête. Il faisait juste bon pour ça, ni trop chaud ni trop froid.

Now you always say, that you want to be free, but you'll come running back...

Visiblement agacé par la chanson de Mohamed, Elio se décida enfin à courir, il fit même plusieurs fois le tour du jardin, certainement dans le but de le semer et donc de ne plus l'entendre. Ceci fit sourire Mohamed. Et il continua de suivre le jeune esclave autour de la propriété, jusqu'à ce qu'il se décide enfin à lui adresser la parole. Pas pour être très agréable en réalité. Il lui demanda à quoi cela pouvait bien lui servir de savoir les informations qu'il lui demandait. Le sorcier haussa les épaules et sourit de toutes ses dents.

-J'aime connaitre les gens avec qui je travaille, poulette.

Disant cela, il lui lança une pichenette sur la nuque.

-Alors, raconte, j'attends. Je vais bien finir par savoir, de toute façon.

Mais le gamin resta muet et sembla se plonger dans ses pensées. Il n'était pas stupide, non, simplement con comme un ado. Cela pourrait lui passer. Il avait la rébellion aveugle en lui, mais Moha pouvait mater cela. Il s'en sentait largement capable. Et surement que Dorian aussi. Cela prendrait peut-être du temps, oui, forcément. On ne cassait pas de mauvaises habitudes comme une petite brindille. On aurait pu penser qu'après la raclée que lui avait infligée le chef de Croix, Elio aurait pu se calmer, mais non. C'était donc que la tare était assez bien ancrée dans le gamin. Stupide. La mission de Mohamed était donc de rediriger les capacités et le potentiel de ce jeune homme vers le droit chemin.  

Il se mit d'ailleurs à s'étirer. Bien. Au moins il ne comptait pas devenir une loque et laisser son corps d'hassanssin se détériorer. Mohamed le rejoint, faisant de même. Il n'était plus tout jeune, même s'il allait garder ce corps encore un peu plus de quatre vingt ans, il fallait l'entretenir. Il était jeune papa, et un sorcier bien placé dans Croix, il fallait bien qu'il garde la forme, il en allait de sa survie, même.

Alors qu'il gardait toujours un œil interrogateur sur Elio, celui-ci fut tout à coup pris d'un mouvement légèrement colérique qui lui fit penser à un adolescent de quinze ans, lui lança une pique désagréable, et partit sans dire un mot. Mohamed ne dit rien, et resta assis sur le sol en position du lotus. Le gamin verrait bien ce qui lui en coûterait en temps utile.

Mohamed en profita pour aller déjeuner avec sa jeune femme, qui n'était pourtant pas plus loquace et agréable au fil des jours. Il savait pertinemment pourquoi, savait qu'il ne pouvait pas y faire grand chose, mais tentait tout de même, sans relâche de lui rendre sa présence plaisante. Cela devrait au moins la changer de la cruauté gratuite de Dorian. Bientôt, d'ailleurs, le fait qu'il l'ait mise enceinte la dispenserait d'entrainement, et donc de contacts supplémentaires avec son oncle, ce qui était au mieux pour elle.

Il prit congé de Laure au bout d'une heure, et se mit à la recherche d'Elio. Il ne le trouva pas dans les quartiers des esclaves, mais adossé à un des arbres du parc, l'insolent. Mohamed avait été plus que patient avec lui. Il se planta devant lui, et déclara froidement :

-Lève toi. Maintenant ou ça va chauffer pour tes petites fesses.

Oh oui, Mohamed était un clown, mais un clown très dangereux lorsque l'on s'opposait à lui. D'ailleurs, même si le jeune esclave se levait immédiatement, ce dont il doutait, il allait tout de même regretter son attitude.


[HRP : Elio, ce que tu viens de faire en disant que Mohamed revient le voir après son repas, ça s'appelle jouer mon personnage, tu n'es pas supposé faire ça sans mon autorisation, la prochaine fois demande s'il te plait !]

-Lève toi. Maintenant ou ça va chauffer pour tes petites fesses.

Le ton employé fit grincer des dents le jeune esclave qui, mine de rien avait deja bien apprit de ce que toute personne supperieure a lui pouvait lui faire. Et ca c'etait le meme ton que : tu vas bruler vif.
Malgré son éducation d'hassanssin il savait qu'il vallait mieux ne pas pousser plus l'homme devant lui.

Elio se leva donc sans un mot et en profita pour s'écarter un peu. Face a Dorian il n'etait plus un prédateur mais une proie. Il faut croire que c'était encré dans la race. Il detestait cette vie mais n'en connaissant pas d'autre il ne pouvait que supporter.
Rien que de l'avoir fait se lever sur ce ton l'avait braqué. Il avait ce regard de fauve en cage: noir de colère, de haine et de rencoeur. Ca n'allait pas se passer comme ca!

- va au diable!

Jouant nerveusement avec son briquet il aurait bien tenté de carboniser son prédateur mais ce n'etait une solution. Il y avait d'autres choses qui le poussaient a rester en vie. Térésa ne s'occuperait que très peu de sa descendance. Elle avait elle aussi été destinée aux rangs et ne développait pour le moment toujours aucun instint maternel pour cette petite chose dans son ventre et même c'etait presque l'inverse. Il fallait bien, alors, que lui reste en vie pour sa progéniture. Il n'avait pas beaucoup plus d'instint que la mère mais il était fasciné par cette petite chose qui déja tappait dans le ventre de sa mère. Il lui trouverait une gentille maison pour que ce bébé ne souffre jamais.

- t'facon j'suis sur que Dorian t'as laissé un beau dossier sur mon cas.

Téresa blondi rentra au meme moment de son travail. Elle avait un ventre deja rond et Elio la regarda passer comme un chiot suit son maitre des yeux dans l'attente qu'il l'appelle. Ceci n'arriva pas mais trahit néamoins les sentiments d'Elio, completement déconnecté de sa colère dirigée vers le sorcier noir. Il fallut qu'il ne puisse plus la voir du tout pour qu'il en revienne au problème qu'il avait pour le moment : la rééducation.

- En toute honneteté ca m'enmerde de discuter avec toi pour finalement toujours te dire la même chose! Tu m'fais une dispence?

Bah au moins il aurait essayé de faire ca dans les normes. Si l'espece de clown en colère ne la lui faisait pas il s'autodispencerait en se téléportant. Il ne faisait de toute facon plus du tout attention au sorcier noir ne pensant qu'a rejoindre sa belle.

La première vague de douleur créa chez Elio un sentiment de mal être mais pas suffisamment pour refroidir un tueur comme lui. Et dans le fond c’était loin d’être de l’insolence à ses yeux. Juste du bon sens. Pourquoi se serait il fait chié a répondre a des questions banales alors que tout remplissait son joli petit dossier ? Le plus débile des deux ce n’était surement pas lui ! M’enfin bref !

La seconde vague le poussa tout de même à se cambrer vers l’avant et le fit déglutir. Il commençait à comprendre la menace et il n’aimait pas ça du tout. Après un moment entre la douleur et la colère il émit un petit son étranglé. Ok, si ça lui tenait tellement a cœur qu’il pourrait le butter pour son maudit questionnaire il allait y répondre. Mais tout cela le faisait prendre peu à peu conscience que cette vie il n’en voulait pas ! Il voulait autre chose à présent et ferait tout pour vivre des jours meilleurs ailleurs. Même s’il devait être un de ces clochards les plus crasseux du monde. Ou même s’il devait devenir un de ces malades, ceux dont on a peur qu’ils nous refilent quelque chose rien qu’en le regardant trop longtemps.

Loin d’être aussi stupide que semblait le croire son nouveau tuteur Elio sait se servir de ses dix doigts et n’est pas d’un ordinaire fainéant.

-Bon c’est quoi la première question de ce truc stupide ? Qu’on en finisse avec cette bêtise de dossier !

Visiblement vexé et mit en rogne. Dresser un esprit comme le sien n’avait déjà pas été simple pour l’éduquer comme un esclave alors devoir tout recommencer c’était aussi simple que de demander à un doberman de combat de se transformer en caniche de salon. Aucune chance. La seule chance qu’il prête un minimum d’attention à ce que le sorcier lui demandait était un fin espoir d’en finir rapidement pour qu’il puisse retourner à ses propres affaires.

Bien qu’il ait rangé un peu son insolence et son orgueil, il n’en était pas plus compatissant. Mais il faut dire qu’il avait été bien éduqué celui-là. Ne pas faiblir devant la douleur, ne se sentir intimider que par peu de choses. D’ailleurs en retirant Dorian de la liste celle-ci ne comportait pratiquement plus que des choses dont il ne parlait pas afin qu’il ne s’agisse jamais d’une faiblesse. Les hassanssins sont de toute façon séné devenir solitaires. Et lui cette vie sans attache lui convenait assez… A part que voilà, cette vie sans attache se retrouvait corrompue par une petite chose des plus insignifiantes et qui, en elle-même, n’existait pas encore.

Il se laissa finalement tomber assis au sol. En ayant marre de devoir se montrer toujours tout sage avec des ingrats de sorciers noirs ! Qu’est ce qui faisait qu’ils étaient supérieur a lui ? Il aurait été bien curieux de le savoir ! Parce que finalement pour ressembler autant a des humains il devaient bien avoir des ressemblances génétiques avec ces derniers et donc du sang d’humain.

-Dites, je peux vous demander un truc ?

Sans lui laisser le temps de donner son accord il s’empressa de poser sa question.

-Comment vous faites pour ressembler autant a des humains si vous n’avez pas de sang humain dans les veines ? Vous venez des singes aussi ? Du genre gorille des montagne ?

Alors que l'esclave allait commencer a déblaterer sur sa vie, avec toute la froideur du monde. Il y eut un rassemblement de foule a l'autre bout du jardin. Il ne comprit pas grand chose a ce qui se passait clairement mais il vit bien qu'on s'occupait d'un accouchement. Ce n'était pas rare de voir une esclave accoucher comme ca au milieu du jardin ou dans les chambres. Les autres esclaves, hommes et femmes, s'étaient regroupés pour voir ce qui se passait mais personne ne l'aiderait. Bientot les cris de douleurs de la mère se melèrent a ceux du bébés et les rires de la foule.

Les esclaves n'avaient pas la même relation avec les bébés que des gens ordinaires. Le petit encore englué de chairs, de sang et de membrane visqueuse fut prit par le pied et baladé fièrement par un homme. S'en était trop. Beaucoup trop. Teresa indifférente a son propre bébé les laissa faire. Elle prit quelques instants avant de se relever et essaya de suivre son chemin comme si de rien était. Mais Elio bouillonnait de rage, de haine. Le feu a peine éteind c'était rallumé et il avait suffit d'une étincelle. Il se téléporta et attrapa l'enfant. L'enroulant dans son t-shirt. En essayant de l'essuyer délicatement.

Autant demander a un ours de devenir fournisseur de vaisselle en porcelaine...

Le peu de délicatesse dont il était capable fit qu'il ne brisa rien au bébé. Un cas presque exceptionnel.

-T'es tellement un t'chiot machin... Et ca le fit rire de dire ca a son fils sans pénis.

Ayant attrapé son petit bout de vie. Elio ne pouvait s'empêcher d'être fasciné. Pourtant la petite chose ne faisait rien d'extraordinaire sinon répéter ce rituel ancestral d'être une p’tite brailleuse qui chiale et hurle à pleins poumons.

Et justement c'était cela qui était le plus intéressant parce que justement cette petite fille, a elle toute seule, représentait la vie toute entière. Innocente, pleine de peurs et pleine d'erreurs.
Les esclaves n’avaient plus, en général, cet instinct de veiller sur sa descendance. Et pour Elio c’était tout a fait compréhensible. Et même d’une humanité que des sorciers noirs ne pourraient simplement pas comprendre.

La vie d’esclave était pleine d’embuches, de risques, de douleurs et de malheur… Aussi si l’enfant n’était pas celui du diable il souffrirait obligatoirement. Devant tant de souffrances une mère préfère abandonner son bébé sans s’y attacher et même il arrive parfois qu’elle préfère le tuer rapidement comme un ennemi, un petit animal sans intérêt. C’est à la fois complètement humain et inhumain.

Elio essuyait ce petit truc, il n’avait jamais pensé que ce serait une fille. Elle n’avait donc pas de nom mais toute l’attention ça elle l’avait. Elio s’était laissé retomber dans l’herbe, les jambes sillées par le choc. Il lui nettoyait le visage en essayant de la faire arrêter de pleurer mais il ne savait pas pourquoi elle pleurait. Et quand Mohamed intervint il eut la « joie » de découvrir un Elio primaire et instinctif qui ne le laisserait pas toucher au bébé même s’il devait mourir pour le sauver.

Néanmoins, ne semblant pas prêter attention au regard noir que l’esclave lui faisait il le poussa dans le dos pour l’emmener à l’infirmerie des esclaves.

-Recule !

Elio dut pourtant reconnaitre que pour le moment c’était ce qu’il pouvait faire de mieux pour sa fille que d’obéir. Et d’un pas a demi décidé il s’exécuta. Il eut beaucoup plus de mal a lâcher la petite fille une fois dans l’infirmerie. Il n’acceptait pas, tout simplement, qu’une autre femme s’occupe de son nourrisson. Mais avait-il simplement le choix ?

Après bien des manœuvres de la part de l’esclave nourricière pour prendre le bébé des bras de son père Elio n’était plus du tout a son entrainement et suivit le berceau, apprenant sur le tas comment se fait un biberon, comment on le donne, quels sont les gestes à faire et ne pas faire. Ignorant il croyait qu’il pourrait s’occuper du bébé.

-Elle s’appelle Benjamin.

Il ne voulait pas lui donner un nom de fille parce qu’il avait toujours pensé que se serait un garçon et que, bien qu’elle ne dispose pas d’un service trois pièces, elle était exactement comme il l’avait imaginée chaque fois qu’il y avait pensé.

Elio resta longtemps de l’autre côté de la vitre de la partie maternité. En effet la majorité des berceaux étaient vides et la petite Benjamin eut donc le droit a une place de choix : juste devant la vitre, devant un père déjà très fier d’elle.

-tu as raison… Personne ne descend du singe et j’ai été complétement con de m’attaquer a un ennemi comme le patron. Je n’ai que 22 ans de carrière.

Il était agrippé a la vitre, surveillant les moindres fait et gestes de la petite fille qui se débattait dans son drap et piaillait bien plus que tout autre bébé ici.

-Elle sera Hassanssin. La pauvre petite… J’me sens coupable maintenant. C’est quoi ta prochaine question ?

Il se doutait bien que le sorcier noirs n’en poserait pas qu’une mais peu importait. Il n’essaierait même pas de débattre ou de s’énervé contre l’espèce a 48 chromosomes.

-Pourquoi dans ce cas certains humains sont capables de dons et pas d’autres ? Une histoire de génétique aussi ?

T'es pas un enfant perdu, pas un enfant d'salaud

Mohamed fronça les sourcils devant la réaction primaire d'Elio, qui fut de lui grogner de reculer, alors que celui-ci s'approchait un peu trop de sa progéniture. Une réaction bien naturelle, primaire, instinctive. Il asséna donc une petite claque sur la nuque de l'esclave, histoire de montrer que, malgré son soutien présent, il restait le maître.

-On se calme bonhomme. Reprends-tes esprits.

Il le regarda un instant essuyer le nouveau né qui cessait peu à peu de brailler, attendant la réponse à la question qu'il venait de lui poser. Parfois, les maîtres choisissaient le nom des enfants de leurs esclaves à leur place. Mais les hassanssins étaient des soldats, leurs noms importaient peu. Les esclaves dont on choisissaient le nom était souvent des esclaves "personnels", au service d'un seul sorcier noir, comme un animal de compagnie. Mohamed aurait bien sur pu trouver un joli nom pour la petite, lui qui avait à présent la tête remplie de layette et de prénoms pour bébés. Mais Elio avait l'air d'être meilleur père qu'esclave, il lui laissait donc le loisir de nommer sa fille, ce serait mieux.

Le sorcier noir sursauta lorsqu'il lui annonça enfin le verdict. Benjamin ? Pour une fille ? Il leva les sourcils de manière exagérée afin de signaler au jeune homme qu'il le trouvait un tantinet étrange. Mais après tout, il était jeune ce gamin, et vu son caractère, c'était très certainement pour se donner un genre. De toute façon, Benjamin serait une esclave, elle n'irait pas se poser la question du pourquoi du comment de nom prénom.

-T'es sur de toi ? Elle va t'en vouloir plus tard la pauvre gosse, déclara-t-il d'un ton sarcastique en menant Elio à l'infirmerie des esclaves.

Le gamin laissa, visiblement à contrecœur, le bébé aux main des infirmières, et Mohamed s'occupa des formalités de naissances, afin que l'information d'une naissance au sein de la communauté esclave remonte jusqu'au haut de la hiérarchie. Dorian en fait. Evidemment, le chef de Croix ne jetait qu'un coup d’œil distrait au registre des naissances et des décès, mais c'était toujours important à signaler, pour que des dispositions soient prises pour son éducation, son entrainement, son placement...

Il finit par rejoindre Elio devant la vitre d'où les parents pouvaient observer leurs bébés. Il observa le nourrisson avec attention. Il était chétif, mais cela ne présageait pas de grand chose, selon lui. Elle avait largement le temps d'évoluer, Benjamin. Il ne se remettrai pas de ce nom. La pensée lui vint soudain que Mathias Cross était exactement dans la même situation. Peut-être alors que cette interversion des genres pour le choix d'un prénom n'était qu'un effet de mimétisme, peut-être imitait-il simplement les Cross. Il décida de lui demander.

-Pourquoi Benjamin ?

Visiblement, la paternité avait adouci Elio. Celui-ci observait fixement sa fille en concédant à Moha qu'il avait raison. Sur le singe, et sur le fait de s'attaquer à Dorian. C'était toujours ça de pris. Il pinça les lèvres et hocha la tête en faisant des yeux ronds.

-En effet, c'était pas une idée de génie espèce de p'tit fromage mou. Maintenant il va falloir se rattraper.

Le jeune esclave continua sur la lancée. Il semblait que la naissance de la petite lui avait fait prendre conscience de quelque chose, quelque chose qui le dépassait. Et qui dépassait surement Mohamed lui-même, mais il ne l'admettrai jamais.
Il commençait déjà à s'inquiéter pour sa fille. Il avait plus d'instinct que la mère n'en avait, tant mieux pour le bébé braillard qui recommençait à s'agiter frénétiquement dans son berceau. Il allait falloir qu'elle apprenne à obéir, elle aussi. Il veillerait personnellement à ce qu'elle soit bien éduquée. Et bien placée, si toutefois elle en avait les capacités. Elio lui demanda quelle était sa prochaine question.

-Oh, pas forcément... Si elle tient de toi oui. Tout dépendra de ses capacités. Sa mère, c'est quoi ? Tu ne m'as pas dit ce qui t'étais passé par la tête, ni ce que tu aimes le plus dans ta vie. En toute logique la question d'après ce sera "quelle est ton arme de prédilection", mais j'aimerais que tu répondes aux premières questions d'abord.

Même si le môme était certainement perturbé par la naissance de la crevette rose et bruyante, Mohamed ne voyait pas de raison de ne pas lui mettre les points sur les i. Ce petit était un hassanssin, bordel. Il n'était pas trop supposé montrer d'émotions. Mais bon. Mohamed lui passerait ce moment de faiblesse.
Encore une fois comme sortie de nulle part, une question arriva à destination du sorcier noir. Une histoire de génétique. Il tordit sa bouche en une grimace perplexe et répondit :

-Hm, c'est une des questions non résolues à ce jour. Ce qui est sur, c'est que les pouvoirs des humains doués se transmettent génétiquement. Pour les enfants doués qui naissent chez des humains totalement dépourvus de magie... On ne sait pas vraiment. On pense que l'exposition à des runes, des fantômes ou autres peut favoriser cela. Mais dans ce domaine là, on a que des théories. Beaucoup de sorciers chercheurs se penchent sur la question.

Au moins, le gamin était curieux. Cela pouvait être une qualité, comme un défaut. C'était d'ailleurs surement cela qui l'avait amené à la rébellion. Mohamed jeta un regard en coin au visage fin, presque émacié, et presque étonné d'exister d'Elio. Il lui faudrait surveiller cela.

Elio resta un moment silencieux, analysant la question pour mieux y répondre. Pourquoi Benjamin ? Et bien parce qu’il ne voulait pas lui donner un nom de gonzesse tout juste bonne à pondre. Parce que naitre garçon est plus simple que de naitre fille ? Parce qu’il sentait sa petite fille réagir quand il l’appelait comme ça… comme une petite flamme tiède qui brulerait dans ce tout petit corps

- Parce que je l’ai toujours appelée comme ça dans le ventre de sa mère… je croyais que ce serait un garçon…

Lâchant le bébé des yeux le jeune hanssanssin se tourna vers son « tuteur temporaire » s’il est possible d’appeler Mohamed de cette façon bien sûr.

- Comment ça sa mère c’est quoi ?

Il resta un moment fermé à la conversation quand il du parler de ce qui lui était passé par l’esprit pour s’en prendre à Dorian Cross. Ce n’était quand même pas comme s’il avait achevé un simple humain… c’était Dorian Cross, son supérieur, son maitre à qui il devait loyauté, fidélité et obéissance. Il n’avait pas vraiment de raison en fait. Il s’était sentit un bref instant supérieur a lui et avait tenté d’en profiter… il n’était qu’un être humain… un animal stupide à qui on apprend à faire une pirouette quand on le demande comparé à Dorian Cross.

- Je sais pas… j’ai merdé.

Il avait même franchement bien merdé ! Trop bien merdé ! Mais ce n’était pas que de sa faute. Il savait qu’il allait être papa, il avait entendu l’autre clan le bercer de paroles tendres, de rêves stupides et d’idées alléchantes d’un avenir parfait. On lui avait clairement donné l’idée de se rebeller ou de déserter. Et lui, crédule comme pas deux, y avait cru. Mais ce genre de vie… ce n’était pas pour lui. De toute façon c’était très simple : même en le rééduquant à la vie sociale avec d’autres humains simples ou doués, Elio ne serait jamais à sa place…

Lui ce qu’il aimait c’était partir au front des problèmes, s’attaquer à des morceaux robustes, seul. Complètement seul et libre pendant quelques jours avant de rentrer bien sagement. Et quand il rentrait il était toujours très fier de lui.

Il passait alors la nuit dans le lit d’une femme inconnue et qu’il ne reverrait jamais. Il avait des millions de noms dans la tête. Des noms de femelles et des parfums tantôt fleuris tantôt poudreux et vieux. Il avait commencé très tôt à fréquenter leurs lits mais Mohamed ne serait pas le premier à qui il le dirait.

- Toi aussi tu vas avoir un marmot…

Elio se redressa comme s’il avait peur de se prendre un coup au visage –bien que ce ne soit plus le cas depuis des années- et émit un râlement dédaigneux

- Je ne vois pas pourquoi vos mouflets auraient un meilleur avenir que le mien !
Après tout la petite Benjamin avait deux hanssanssins pour géniteurs. Elle serait forcément bien meilleure que les siens.

- Sa mère était hassanssin. Comme moi.

Cette idée fit remontrer chez lui le souvenir de leur première rencontre. Elle n’agissait pas comme lui. Et pas comme ces femelles humaines dont il avait tant l’habitude de fréquenter les lits. Elle l’avait repoussé. C’est ca qui l’avait rendu tellement désirable a ses yeux. Oui, a partir du moment ou elle l’avait rejeté elle était en meme temps devenue son nouveau défit, son objectif. Il avait voulu se faire aimer par elle. Seulement il était peu probable que cette femme connaisse le mot « aimer » et elle avait finit par accepter de se reproduire avec lui bien plus pour qu’il la laisse tranquille que parce qu’elle l’aimait. Elio le savait au fond de lui. Il le savait mais ne voulait pas se contenter de la vérité et avait préféré se dire qu’elle l’aimait enfin et qu’elle avait fait tout ca par amour.
Mais comment une femme qui aime, peut elle abandonner son bébé dans l’herbe comme un jambon ?

- Je ne suis pas satisfait de cette réponse, déclara Elio en toue franchise.

Après tout pourquoi sa fille devrait elle aller jouer le role de chair a canon quand les enfants de Croix se contentaient de se cacher dans des bureaux pour prendre des décisions. Non, ce n’était pas juste. Elle serait peut etre meilleure qu’eux dans ce role. Et les enfants « prodiges » des sorciers noirs devraient parfois se prendre un peu de plomb sur le museau. Ne serait ce que pour qu’ils sachent réellement ce que c’est que d’avoir la peur au ventre avant de sentir l’excitation d’un combat curieux.

Il revint regarder sa fille a qui une infirmière essayait de faire un vaccin. L’aiguille se tordit sur la peau du nouveau né, tant et si bien que même l’infirmière ne sembla pas comprendre immédiatement ce qui se passait. Et pour Elio, et bien il le comprenait encore moins !

- il se passe un truc bizarre, non ? demanda t’il en pointant sa fille du doigt.

C’était le premier bébé qu’il avait (ou au moins dont il savait qu’il était le père). Il ne s’y connaissait absolument pas en la matière et il n’avait même fait aucune recherche. Se disant que d’élever un enfant ne devait pas etre une chose très compliquée et même que ca devait être en réalité complètement instinctif. Et c’est peut etre vrai pour les chiots, pour les chatons et les humains, mais pour les doués c’était surement plus complexe.

From the day we arrive on the planet, and blinking, step into the sun. There's more to see than can ever be seen, more to do than can ever be done

Fille d'hassansin. Pure et dure, des deux côtés, donc. Hm. Mohamed se promit de garder un œil sur elle. Elle pourrait démontrer un certain potentiel, si elle n'héritait pas du caractère de chien de son père et de l'absence totale de conscience de sa mère. Le sorcier noir fixa le petit être posé dans son berceau carré en plastique avec intérêt. Elle avait l'air tout frêle et totalement fragile pour le moment, mais elle avait bien le temps de changer, cette petite Benjamin.

En attendant, son père était toujours aussi agaçant. Bon ok, peut-être un peu moins qu'avant sa venue au monde. Mais il posait toujours autant de questions aussi vaseuses que reloues. Et en plus il n'était pas satisfait des réponses. Mohamed fit rouler ses yeux dans ses orbites en soupirant légèrement et déclara :

-Ah oui ? Et pourquoi ? Moi je trouve que tu poses trop de questions. Oui Wendy, beaucoup trop de questions.

Un esclave qui posait autant de questions, ce n'était pas normal. Ça pouvait même être dangereux. Les humains devaient intérioriser leur nature inférieure par rapport aux sorciers dès la naissance, tous les "noirs" étaient d'accord là dessus. Mais avec tant de ressemblances physiques, certains refusaient donc cette idéologie. Et ils n'étaient pas une poignée, bien au contraire. Il suffisait de voir Orpheo. Autant de sorciers réunis dans un but noble, s'alliant avec des humains comme s'ils étaient leurs égaux, et encourageant la reproduction interraciale...

Mohamed pensa à Séléna. Il aurait aimé avoir un enfant avec elle, des enfants. Il y a longtemps. Mais cet espoir, cette potentialité était morte le jour où il avait refermé la porte sur le visage crispé de colère de la femme qu'il aimait. Et elle avait avorté l'embryon qui aurait du être leur bonheur commun. Du moins, c'était ce qui était l'option la plus probable. Elle avait tellement de fierté, tellement de rage en elle. Elle n'aurait pas voulu garder de trace de cet homme en qui elle avait placé sa confiance, et qui l'avait balayée d'un revers de main. Et cet homme s'en voulait à jamais. Il y pensait rarement, mais en faisait des cauchemars, souvent, la nuit. Dont il ne se souvenait pas, plupart du temps. Mohamed avait dressé une barrière mentale entre sa vie d'exorciste d'Orpheo et sa vie de sorcier noir.

La voix du jeune esclave le sortit de ses pensées. Il planta ses ongles dans l'intérieur de sa paume. Il était marié à une belle et jeune sorcière noire de sang pur et d'une famille prestigieuse -très sauvage, certes-, et il allait être père. Il ne devait pas penser à son amour de jeunesse, ni même au fruit potentiel de leur union. Cette partie là de sa vie était révolue.

Apparemment, il se passait quelque chose de bizarre avec le nouveau-né. Il observa un instant l'infirmière. Elle essayait de prodiguer un vaccin à l'enfant. Mais l'aiguille ne voulait pas rentrer dans sa peau. Hm. Pouvoir. Il regarda la sorcière avec insistance.

-Eh bien faites les tests ! finit-il par lui lancer, vaguement agacé, son visage exprimant une grimace débile.

Il parlait des tests de pouvoirs et de dons, évidemment. La manifestation de ceux-ci pouvait débuter dès le stade fœtal, jusqu'à la fin de l'adolescence. Il n'y avait pas vraiment de norme. Et c'était ce qui semblait à Mohamed l'explication la plus logique pour qu'une aiguille en métal ne puisse transpercer la peau d'un nourrisson.

-Je pense que ça doit être la manifestation de son pouvoir, poulet, no stress. On va voir ce qu'en disent les tests.

Moha se posta près de l'esclave et croisa les bras en attendant que l'infirmière ait fini les tests, qui ne prenaient en général pas plus d'une dizaine de minutes.

-Eh bien faites les tests !

L’infirmière s’empressa d’obéir à l’ordre du sorcier noir. Elle semblait bien plus effrayée qu’Elio. Elle fit tant de tests différents à la petite chose que même Elio eut du mal à garder le compte. Il ne comprenait pas pourquoi on faisait tant de choses à son bébé. Et le plus drôle dans tout cela c’est qu’aucun de ces si nombreux tests ne permit d’affirmer avec certitude que c’était bien le nourrisson qui empêchait l’aiguille de percer sa peau.
Elio ne supportant plus de voir qu’on faisait volontairement pleurer sa petite chose décida qu’il allait entrer dans la pouponnière et reprendre sa fille avec lui. Il n’avait rien pour s’en occuper. Pas la moindre connaissance sur le sujet. Mais pensait tout de même que le bébé serait mieux avec lui.

-Ca suffit mainte…

Son instinct lui dit tout à coup qu’ils n’étaient pas seuls. Quelqu’un d’autre et d’inconnu regardait ce bébé. Elio avait appris dès son plus jeune âge à faire confiance à cet instinct. Ces intuitions ne l’avaient jamais trahi.

Mais le temps qu’il se retourne il ne put discerner qu’une silhouette qui fuyait dans l’obscurité.Son esprit resta quelques secondes figé sur ce lieu où il avait vu cette personne. Au même moment, l’infirmière parvint à faire le vaccin qu’elle voulait tant faire à la petite Benjamin.

-Il y avait quelqu’un.

Elio revint  finalement au sorcier noir. Bien qu’il commence presque à apprécier sa compagnie le jeune tueur aurait aimé voir un peu d’autres gens.

-Passons. Que sommes-nous censés faire pour que je puisse… être débarrassé de ta compagnie ? Pas que ta présence me déplaise mais j’ai d’autres choses à faire.

En réalité il espérait bien que ce sorcier noir n’aurait pas idée de lui demander ce qu’il pouvait avoir à faire de plus important car il ne pouvait pas le lui dire. Il ne pouvait pas dire à quelqu’un comme lui qu’il voulait passer un peu plus de temps avec sa fille et organiser tout un programme pour la faire sortir de cet endroit et lui trouver une nouvelle famille. Elio sait bien que ce n’est pas une belle vie que de devoir tuer des gens. Et s’il ne doute pas une seconde que Benjamin puisse être excellente, ça ne change rien au fait qu’il espère un meilleur avenir pour elle.

-Et si on reprenait l’entrainement ? Je commence à me refroidir là !

Dans un sens, il fallait rapidement qu’il fasse oublier que cette petite chose était née. Bientôt il la ferait partir de cet endroit. Il le fallait.

Rapidement Elio retourna à l’extérieur pour quelques étirements. Il espérait pouvoir faire le mieux pour sa fille. Et après avoir suivi la formation d’hassanssin il ne voulait pas de cela pour Benjamin.

En plus il commençait à avoir faim lui aussi. Il aimerait bien se manger un bon steak, ou alors un macdo. Mais il n’avait pas un sous en poche et il faudrait d’abord qu’il trouve une nana un peu naïve qui le trouve assez mignon pour le nourrir. Et temps qu’à faire il ferait bien un petit somme dans son lit contre son corps chaud. Et toute cette réflexion lui fit penser à tous ces enfants qui étaient peut être de lui sans que le jeune tueur le sache. Toute une ribambelle de joues roses et de couineurs. Il se sentait assez fier de lui en imaginant cela. Peut-être qu’ils auraient des dons plus étranges et farfelus les uns que les autres. Ce serait tellement plaisant. Il pourrait même en faire toute une armée de petits soldats pour botter les fesses de ce cher Dorian Cross ! Non, il ne devait plus penser comme ça. Il allait encore être sévèrement corrigé. Mais imaginer Dorian se prendre la raclée du siècle était l’une des choses qui le rendaient le plus heureux et qui mettait du soleil dans sa vie chaque jour !

-Ce n’est surement rien.

Il était tout de même contrarié. Il n'aimait pas l'idée que des individus ou des choses tournent autour de son petit. Il se permit peut etre un peu trop de discuter les nouveaux ordres ou de se montrer hosteres.

Se faire à nouveau reprendre n’enchanta pas le jeune esclave. Après tout il avait un fort caractère et il faut bien avouer qu’il aurait préféré passer du temps avec son bébé. Mais avait-il réellement le choix ? Il finit par lâcher l’enfant des yeux pour empreinter le couloir qui les amènerait à la salle d’entrainement. Pour éviter tout claquage, Elio prit le temps de pouvoir s’échauffer a nouveau avant de commencer par les pompes. Au moins temps qu’il faisait ses exercices il lui semblait possible d’échapper à une autre discussion ennuyeuse avec le sorcier noir.. Les pompes étaient douloureuses mais il n’allait certainement pas se laisser abattre par une vulgaire douleur ! Il en chiait comme un russe, les muscles ayant été assez abimés. Les abdos allaient mieux même s’il en chiait aussi. Cependant pas une fois il ne se plaignit. Il était déjà passé par là… il y a quelques années... Il lui suffisait de recommencer. Et ça il savait qu’il pouvait y arriver facilement…
En ce qui concerne le combat, Elio était plus hésitant. Pourtant il était accro a l'adrenaline que le combat pouvait lui procurer.

-Franchement je ne veux pas plus d’ennuis ! J’ai déjà eu ma dose...

Pas qu’il avait peur de se battre avec un sorcier noir, ou en tout cas pas plus qu’en affrontant un rat d’Orphéo mais il savait que lorsqu’il était face à un ennemi il n’avait qu’à le tuer et c’était finit. Or, s’il s’essayait a tuer un sorcier noir qu’on lui avait collé dans les pattes pour le remettre a sa place, Elio se doutait bien de ce qu’on allait penser et de ce qu’on allait encore lui faire subir.

Aussi, bien qu’il ne pouvait pas empêcher le combat d’avoir lieu, il n’était pas combatif et jouait particulièrement la défense. En règle générale, Elio n’était pas connu pour avoir des combats longs ou très délicats. C’était surement pour des esclaves comme lui que la salle d’entrainement avait été aussi perfectionnée, histoire de les canaliser et peut être d’éviter que ça les empêchaient de créer régulièrement des incendies, des tempêtes ou des sinistres.

Ainsi donc , les flammes qu’il envoyait venaient s’approcher du sorcier et il prenait soin de ne pas le blesser. Si bien qu’il finit par être lui-même blessé à nouveau. Il était surement déjà bien trop tôt pour reprendre le combat de façon si franche. Pourtant l’esclave était satisfait de ce premier combat. Les fois où il avait eu à se retrouver face à un autre élémentariste feu avaient été rares et il aimait toujours ça. Son cœur battait presque a en sortir de sa cage thoracique.

Il mit plusieurs minutes sans plus trouver la force de bouger mais il parvenait toujours à se téléporter. Cela lui permettait d’échapper aux coups si le sorcier noir souhaitait le martyriser un peu plus.

-C’est bon ! Pour cette fois j’me rend.

En garde ma mignonne, j'vais vous découper l'gras du cul, ça vous f'ra ça d'moins à trimbaler !

Maintenant, ledit "Fine" niait quelque peu avoir vu quelque chose, préférant peut-être se dire que ce n'était rien. Mais Mohamed n'était pas convaincu. Ca restait quelque chose d'intriguant, inhabituel sur le domaine des Cross. Pas normal, donc, il faudrait envoyer quelqu'un voir ça. Ses sous-fifres étaient sur le coup. Pas de nouvelles pour le moment, mais à voir. Moha fronça les sourcils en regardant Elio, et grogna :

- Mouais.

Heureusement pour eux deux, le jeune esclave se décida enfin à obéir, et se rendit sans broncher vers la salle d'entrainement, ce qui fit hausser les sourcils de surprise à Mohamed dans son dos. Le sorcier noir suivit l'hassanssin avec calme et détachement, gardant toujours à l'esprit qu'il y avait possiblement quelqu'un d'introduit dans le domaine.
Il fallait rester vigilant, tout pouvait arriver. Dorian n'était pas présent aujourd'hui, mais il envoya tout de même un message à son assistant pour que celui-ci le prévienne de ses soupçons. Mieux valait prévenir que guérir, et avoir des gens efficaces sur le coup, information qu'il fallait transmettre à Dorian.

Une fois dans la salle d'entrainement, Elio s'exécuta rapidement, ce qui surprit presque Moha. Il eut un léger sursaut, puis sourit d'un air satisfait. Enjoué par cette perspective, le franco-marocain se mit lui même à entamer quelques squats, puis à frapper dans un sac pour se mettre en forme. Il allait devoir le combattre au final, autant être en forme, ce gosse était tout jeunot, et doué, d'après son statut.
Entre deux pompes, le jeune humain déclara, en sueur, que finalement, il avait déjà eu assez d'ennuis comme ça. Pas con. Probablement les toutes nouvelles joies de la paternité qui lui sautaient bien gentiment à la gueule tel un gros insecte des forêts suceur de sang. Moha ne savait pas si ça existait, mais s'en fichait un peu. L'image était amusante. Il imaginait un peu ça comme un crabe de cocotier.

Après une bonne trentaine de minutes, le gamin avait fini l'entrainement qu'il lui avait imposé, et Mohamed transpirait lui aussi quelque peu. Ils étaient tous les deux prêts au combat.
Le sorcier se dirigea donc avec détermination vers le jeune esclave, tout en lançant :

- Allez mon p'tit coco, on va voir c'que t'as dans le bide !

Ils se lancèrent tout deux des rafales de flammes, mais Moha sentait clairement le jeunot sur la défensive, probablement qu'il ne voulait pas trop forcer. Le quadragénaire se montra tout de même particulièrement insistant, afin de l'inciter à donner le meilleur de son potentiel. Convalescent ou pas, Mohamed voulait voir ce qu'il en était, afin de lui trouver de points d'amélioration.
Globalement, il se retint de lancer trop d'attaques magiques, car c'était sa condition physique qu'il voulait évaluer et améliorer. Toutefois, il utilisa tout de même son pouvoir. Ayant le même qu'Elio, il était très intéressant de voir comment il était capable de se défendre contre ce qu'il infligeait lui-même aux autres. Il se débrouillait plutôt bien, mais globalement, son manque d'initiative agaçait Mohamed, qui aurait préféré qu'il se donne à fond, quitte à être blessé.

Il serrait les dents, et lançait de temps en temps des phrases telles que :

- Lâche toi espèce de p'tite raclure, arrête de faire la fillette !

De plus, ce petit con se téléportait. Autant dire que ce n'était pas le top de l'offensive. A chaque fois, Mohamed essayait donc de le piéger, de lui faire de plus en plus mal, pour l'énerver, mais le taux d'attaques n'augmenta pas pour autant.
Le sorcier en avait mal à la mâchoire d'énervement de le voir se brûler et se manger des coups sans pour autant avoir envie de lui maraver la tronche en retour.
Mais il fallait croire qu'Elio en avait marre sans pour autant vouloir riposter, puisqu'il lâcha, à bout de souffle, qu'il se rendait.

Moha vint lui mettre un coup de pied dans les côtes et déclara d'un ton cinglant :

- Très décevant tout ça, Wendy. Tu te reposes totalement sur tes acquis, je ne vois ni ne sens une quelconque rage de vaincre... Autant te dire que c'est pas vraiment ce qu'on attend d'un hassanssin chez Croix. Il va falloir vraiment travailler ton attaque et apprendre à te remuer.

Il lui asséna un deuxième coup de pied, dans les fesses cette fois-ci.

- Pour la peine, tu me nettoieras cette salle d'entrainement de fond en comble, et je veux que tu me rejoignes demain à 5h pour un jogging dans le parc. Ça t'apprendra.

Il eut envie d'ajouter "wesh" mais pour le coup, il était à peu près persuadé que cela le ferait perdre en crédibilité.