Redwan se demandait pourquoi Anja l'envoyait sans cesse à l'orphelinat d'Ecosse. Ce petit lopin de terre où pullulait tout plein d'enfants qu'il haïssait. Ne pouvait-elle pas l'envoyer en mission ? Missions qui pourraient être plus … Dans ses cordes dirons nous. Oh, qu'il aimerait étriper, déchiqueter et faire couler du sang. A la place, il était là, frustré. La situation s'était déjà améliorée depuis qu'ils avaient pris le monopole du lieu il y a de cela quatre ans. De temps en temps Orpheo essayait une contre attaque mais ils échouaient, tellement fort. Ca devait être dur pour eux. Redwan n'en avait cure. Le point positif était que les enfants étaient moins pénibles. Ils s'était habitués à la présence des noirs, à leur traitement. Ils avaient même réussi à en endoctriner certains. Les autres se tenaient donc au carré. C'était même parfois dommage, il aurait bien voulu leur faire du mal. Anja l'aurait engueulée. Parce qu'on ne fait pas couler le sang pur. Il était d'accord, comme de bien entendu, mais elle devait le savoir tout de même, qu'il était malheureux ici, en quelques sortes.

Il décida d'aller faire un tour dehors. Mais voulu prendre son esclave, pour se distraire. C'était un cadeau de Bleu. Une humaine, chétive, jeune. Très jeune. Trop jeune. Enfin, trop jeune … Certains de ses collègues, des êtres répugnants dont il ne citera aucun nom, Mikeal O'Callaghan, lorgnait sur sa possession en se passant la langue sur la bouche. Il éloignait alors son objet de leur regard. Il ne savait pas exactement si le tatoué rigolait, pour faire peur à la fille, ou si il aurait vraiment fait des obscénités avec cette enfant. Il ne voulait pas vraiment connaître la réponse. Il savait que Mike couchait souvent avec des humaines. Il trouvait ça répugnant. Comment pouvait-on même posé une main sur ces êtres infâmes ? Il ne pouvait comprendre. Evidemment, il avait des besoins, cela allait de soi, mais il avait quantité de sorcières, parfois de sorciers quand le courant pouvait bien passé, sous la main, alors pourquoi s'en priver ?

Il pris un collier de chien et la laisse attachée avec, et appela la fillette, tel un chien pour lui attacher le tout autour du cou. Il tira ensuite d'un coup sec sur la laisse, dans le but de lui faire mal et potentiellement de lui laisser une marque sur le cou. L'homme eu un sourire mauvais avant de mettre sa main dans la poche et marcher à son rythme, sans prendre en compte celui de la gamine qui le suivait, sans avoir le choix. Il descendit les escaliers en trotinnant et passa dans le couloir où il avait un jour croisé Green, dans la même position qu'aujourd'hui, laisse à la main avec une esclave au bout. Son frère était devenu livide et avait vite déserté le couloir, sans même un mot pour sa personne. Redwan n'avait pas compris, mais n'avait pas cherché à comprendre et était reparti faire son tour.

Cette fois, pas de Green en vue. Cela était bien dommage, Red aurait pu rigolé un bon coup en revoyant le teint de son frère. Lui aussi fricotait trop avec des humains. A force de les fréquenter, on ressent des choses pour eux, en quelques sortes, et on ne peut plus agir comme un sorcier digne de ce nom. Redwan voulait juste faire le mal, mais sa sœur aurait sûrement mal pris le fait qu'il saigne son humaine à blanc. Tristesse infinie. Mais ça ne l'empêchait pas de torturer un peu son esclave nouvellement acquise. Elle avait déjà de belles cicatrices. Il lui jeta un coup d'oeil avec un autre sourire mauvais.

Il tira sur la laisse et envoya la gosse se projeter contre les meubles de la cuisine. Juste par plaisir qu'elle se casse la gueule. Mais ça ne lui suffirait probablement pas. Même la mort d'une personne ne lui suffisait pas.

- Un café.

Le s'il te plaît était pour les chiens, oui. Les esclaves sont plus bas que les chiens dans la hiérarchie. Et Red attendait patiemment qu'elle fasse une erreur, rien qu'une toute petite. Son couteau était affûté, presque dans sa main, prêt à lui donner une nouvelle balafre, là où il passerait, le premier morceau de chair qu'il entamerait.

En avril ça avait fait quatre. Quatre ans au service de Red Soul. Quatre ans d’esclavage. Quatre depuis la nuit la plus sanguinaire de toute mon existence. Au début ça avait été horrible. Je détestais cet être qui me traitait comme une moins que rien. Je détestais également les autres membres de sa famille que j’ai appris à connaître pendant ces quatre ans. Sa sœur Bleuann, évidemment, pour m’avoir capturée. Même si, au fond, je sentais bien qu’elle n’était pas si méchante que ça. Juste cachée. Je détestais Olive et Cyan, les jumeaux, pour les regards dédaigneux qu’ils m’envoyaient lorsqu’ils me croisaient. Je détestais Bianco, qui avait toujours des airs supérieurs car il se pensait supérieur au reste de sa famille. Je détestais Silver qui devenait si maladroit sous la drogue. Je détestais également les parents Soul, ces êtres dépourvu d’humanité. Mais surtout, je haïssais Green Soul.

Une haine viscérale.
Me prenant aux tripes.
Déchirant mes illusions.
Crachant sur mes rêves.

Je le haïssais pour le regard qu’il portait sur moi. Les autres membres de la famille Soul ne voyait en moi qu’une humaine, inférieure et qui devait se soumettre et les servir. Mais lui c’était autre chose. Mélange de pitié et de regrets. Ce regard n’était jamais passé, ainsi que ma haine. En revanche, je m’étais habituée aux autres Soul. J’avais arrêté d’espérer qu’Orpheo vienne me chercher et je m’étais résolue à ma simple condition d’esclave. Douloureuse existence d’esclave.

Les bleus qui parsèment mes bras.
Le sang qui coule si souvent.
L’humiliation à chaque regard.
Le sourire dans les yeux de Redwan.

Mais je lui pardonnais. Depuis toute petite, j’ai toujours su pardonner aux gens qui m’entourent. « Tu es trop naïve Myaw, tu vas te faire avoir ! », me disait-on souvent. Je faisais fi de tous ces faux conseils et continuais à sourire malgré les trahisons de ma vie. Ces quatre dernières années, avec les Soul, le pardon était devenu de plus en plus difficile. Mais je m’y étais accrochée, comme à une bouée. Et surtout parce que je savais que ce trait de mon caractère, la capacité à pardonner, était ce qui me différenciait d’eux. Et je ne voulais surtout pas leur ressembler.
Aussi, lorsque j’ai vu arriver Redwan avec un collier pour chien dans les mains, je me suis préparée à lui pardonner. Je n’ai rien dit lorsqu’il me l’a mis autour du coup, juste assez serré pour que ça me fasse mal. Je n’ai pas protesté non plus lorsqu’il a tiré dessus, d’un coup sec, imprimant la marque du collier sur la peau pâle de mon cou. Une marque de plus. Un coup sur mon cou. Je le suivis dans les escaliers, m’efforçant de le suivre sans le dépasser - il prenait ça pour une marque d’irrespect -, ni non plus me faire distanciée - le collier était là pour me rappeler à l’ordre. Humiliée. Je n’y pensais même pas, tellement j’avais l’habitude. Arrivé en bas, il m’envoya valdinguer contre un meuble. Mon coude pris le coup, violemment. Le sang se mis à saigner.

- Un café.

Pas de « s’il te plaît », pas de gentillesse. Un ordre aboyé à un esclave qu’on ne respecte pas. Je ne dis rien ; je savais que je risquais les coups à tenter de lui apprendre la politesse. Aussi, avec un sourire poli et soumis, je me dirigeais vers la cafetière et la posa sur les plaques. J’espérais que le café chauffe rapidement, plus rapidement que ne brûle la patience de mon maître ; j’avais encore sur l’avant-bras droit la marque de brûlure de la plaque brûlante sur laquelle le sorcier m’avait projetée un jour où il en avait eu marre d’attendre.

Ça aussi je lui pardonnais.
Inlassablement.
Infatiguement.
Infantilement.

La cafetière se mit à siffler après de longues minutes de suspens où je m’attendais à tout moment à finir éclater sur les plaques. Toujours sur mes gardes. Je pris une tasse dans le vaisselier et versait le liquide chaud dans la porcelaine ébréchée.

- Voilà, maître.

Elle ne disait rien, elle ne bronchait pas. Redwan était las de ce comportement. Il aurait préféré quelqu'un qui se batte, pour qu'il puisse lui répondre, lui, l'être supérieur. Mais non, la fillette ne faisait rien, elle obéissait, connaissant sa condition. Certains maîtres appréciaient cela, Redwan aussi... Quand il le voulait. Ce n'était pas un de ces moments. Il voulait qu'elle se rebelle, pour qu'il puisse la marquer, à nouveau.

Le sang coule. Le sorcier laisse échapper un sourire.

Du sang, encore et toujours plus de sang. Il en voudrait davantage.

Dis moi esclave, pourquoi te contentes-tu de ce que tu as là ?
Dis moi esclave, pourquoi ne dis-tu rien alors que tu étais traitée comme une princesse ?
Dis moi esclave, pourquoi tu ne te rebelles pas contre les vilains sorciers qui ont pris ton monde ?

Dis moi esclave, pourquoi n'es-tu qu'une misérable humaine sans saveur ?

- Voilà, maître.

Une fois de plus, la fillette obéissait. Une fois de plus, son café était servi devant lui. Une fois de plus, il n'avait rien à dire. Il n'avait pas attendu assez longtemps pour se plaindre, au bout de quatre ans, la gamine savait lui préparer son café. Le sorcier trempa les lèvres, il était juste à la bonne température.

Mais sa lame le démangeait.

Il laissa tomber la tasse qui se renversa sur le plan de travail, roula, et se casse sur le sol. La lame jaillit du couteau que Redwan tenait dans sa main, et sans un sourire, sans une seule expression sur son visage, sa main alla à la rencontre du visage de la jeune fille et l'acier marqua sa joue.

Le sang coula.

Redwan sourit alors.

Le sourire carnassier du prédateur qui voulait jouer avec sa proie, jusqu'à ce qu'elle ai juste assez de vie pour survivre. Pour la laisser tranquille, et continuer de le servir. Parce que, soyons honnête, elle n'était bonne qu'à ça. Et encore, elle ne savait même pas bien divertir le sorcier.

- Il était trop chaud.

Il sauta de l'autre côté du bar, le couteau toujours à la main. Il espérait que la gosse ait peur, ait tellement peur de lui, après quatre ans passés à ses côtés, elle devait savoir de quoi il était capable. Il aimerait qu'elle se pisse dessus, de peur de ce qu'il allait lui faire. Il s'approcha d'elle. A l'aide de son couteau, il dégagea les cheveux de son front. Cela laissait une nouvelle traînée de sang.

Du sang. Encore et toujours du sang.

Il se serait bien vu en vampire.

Il lécha la lame de son couteau en fixant son esclave dans les yeux. Un sourire aux lèvres. Il n'aimait pas trop faire ça. Mais la frayeur que pouvait avoir la gamine était bien plus excitant que son propre plaisir.

Dis moi esclave, tu ne veux pas faire une autre bêtise ?
Dis moi esclave, tu ne veux pas faire une autre bêtise que je puisse te saigner à blanc ?
Dis moi esclave, tu ne veux pas mourir ?

Brisure dans ton coeur.
Eclat de miroir.
Bout de porcelaine.
Déchirure dans ta peau.

La tasse roula sur la table puis se brisa en mille morceau sur le sol. Elle déversa au passage le liquide brûlant que je savais être à bonne température puisque je connaissais suffisamment les goûts de Redwan après quatre ans ensemble. Mais je ne dis rien, suivant simplement le mouvement de la tasse des yeux et attendant la lacération brûlante qui n'allait sans doute pas tarder à venir. Mon maître avait envie de sang et c'était ainsi. Dans ces moments là, je pouvais tout faire à la perfection, il trouverait toujours quelque chose à me reprocher. Peut être même cette perfection là.

L'acier dessina sur ma joue.
L'esquisse d'un sourire.
Rouge comme la mort.
Rouge comme l'espoir.

La lame brûlait ma joue, mais je ne tressaillit même pas, prête à recueillir mon châtiment pour un bavure que je savais n'avoir pas commise. À force, je m'étais habituée aux coups de folie de Redwan et je savais que dire ou ne rien dire ne changerait rien. J'espérais juste au fond de moi que mon silence lui ferait réaliser sa cruauté et que, peut-être, il se repentirait un jour. Une fois de plus je ne lui en voulait pas. Il avait été élevé ainsi, ce n'était pas sa faute. Sans doute aurait-il été bien différent s'il était né dans le bon camps. Ce n'est pas sa faute et ce n'est pas bien grave. Juste un peu de sang qui coulait le long de ma joue.

- Il était trop chaud.

Le fait que Redwan se justifie gonfla mon coeur d'espoir. S'il cherchait une raison pour causer son geste, c'est que sa cause n'était pas encore tout à fait perdue ? Soudain, le sorcier sauta de l'autre côté du bar, brusquement. Peut-être pensait-il me faire peur ? Cela faisait longtemps que je ne connaissais plus ce sentiment là. La fatigue oui. La douleur également. Mais pas de haine ou de peur. J'avais appris en quatre ans à contrôler mes sentiments puisque je voyais bien que je ne pouvais contrôler mon coeur. Si on le frappait, les bleus se formaient, mais je ne tremblai pas. Si la lame d'un couteau s'appuyait contre ma peau, je saignais mais mes yeux ne pleuraient pas.

Plus de haine ou de peur.
Mes sentiments oubliés.
Pour mieux survivre.
Pour ne pas qu'ils aveuglent mon espoir.

La lame de Redwan rôda sur mon front, traçant une nouvelle ligne écarlate sous mes cheveux sales. Je ne tressailli pas, laissant simplement une grimace de douleur déchirer mon visage. Cependant la blessure n'était pas bien profonde et, bien que le sang continuait de couler, la douleur se tarit rapidement. Je restai donc droit devant mon maître, osant lui demander :

- Voulez-vous que je vous fasse un autre café ?

Regard baissé, pour éviter l'affront.

La petite tressaillait à la douleur. Mais aucun cri, aucune supplication. Redwan était déçu. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne se défendait plus devant son maître. Elle devait être lasse de son comportement. Mais à quoi d'autre servirais-tu, esclave, si tu ne peux pas subir les sautes d'humeur de ton maître ? Tu serais inutile, bonne pour la mort. Mais il aimerait bien que tu te défendes un peu, pour avoir encore plus de raisons de te frapper. Certes, il n'avait pas besoin de raison, mais pourquoi mettre des coups de pieds gratuitement ? Ca pouvait lui arriver, mais c'était un peu plus rare, non ? Si ? Il ne savait pas, s'en fichait.

- Voulez-vous que je vous fasse un autre café ?

Jamais elle ne le regardait dans les yeux. Jamais elle ne le défiait. Redwan voulait qu'elle se défende, un minimum. Les humains qu'on fait esclaves ont tendance à vouloir garder leur indépendance. Celle la n'en faisait rien. Décevant. Elle acceptait. Elle disait oui. Elle se fondait dans le moule. Elle faisait tout pour ne pas être remarquée. Mais elle ne changeait pas, au fond. Tout au fond, elle restait l'humaine de l'orphelinat, celle qui avait eu des rires avec les morts, celle qui avait combattu avec les morts.

- Dépêche toi.

Il ne pourrait pas lui refaire du mal pour du café. Celui là était déjà parfait. Il sera juste à nouveau parfait. Mais il ne pouvait pas passer toute sa journée sans la blesser. Toute sa journée à ne rien faire. Sa vie était tellement … Ennuyeuse. Il maudissait Anja de le laisser là. Il aimerait tellement aller en mission. Se serait … Tellement mieux. Et il pourrait encore plus traumatiser la gamine. Il pourrait la faire tuer à sa place. Ohoho, se serait si drôle. Hélas, il était condamné à rester ici. Et ce n'était pas un train de vie palpitant.

Le café arriva bien vite. Il y trempa ses lèvres. Parfait, il était parfait, évidemment. Tout est tout le temps parfait. Il le finit bien vite, sans le déguster tout à fait. C'était plus un rituel qu'autre chose. Et il avait connu des cafés bien meilleur que celui-ci. Il avait bien essayé d'apporter son propre café mais tous ces cons de collègues lui taxaient et laissaient l'emballage vide, alors que lui, n'en avait bu qu'une tasse. Il avait alors abandonné l'idée. Il pourrait le stocker dans sa chambre, mais à tous les coups il l'oublierait à chaque fois qu'il voudrait en boire. Certes, un coup de téléportation n'était pas très difficile mais c'était gaspiller son énergie pour pas grand chose.

Il fit claquer ses doigts et montra la tasse encore brisée par terre.

- Nettoie.

Elle s'exécuta. Evidemment, pourquoi en serait-il autrement ? Redwan la regarda du coin de l'oeil, quand la main de la gamine se posa sur la porcelaine brisée, il se leva. Il s'appliqua à poser son pied sur la main de son esclave. Il se leva. Tout le poids de son corps sur ce seul appui : la main de l'esclave, et dessous, la porcelaine brisée. Il voyait du sang rouler sur le sol. Il posa son deuxième pied au sol pour enfin relâcher la pression de la main de la gosse.

- Tu iras me faire couler un bain.

Et rapidement. Avait-il besoin de préciser ?

Le souffle doux de l’espoir.
Qui fait tenir le soir.
Et interdit la mort.
Tant qu’un Ange existe encore quelque part.

Le sang lourd, opaque et épais coulait sur mon front jusque dans mes yeux avant de tomber comme des larmes de sang le long de mes joues. Je n’osais l’essuyer d’un revers de la manche, sachant que cela pouvait me valoir une autre punition, encore plus douloureuse. Redwan aimait le sang et j’avais déjà vu ce qu’il faisait aux esclaves qui tentaient d’enrouler leurs blessures devant lui. Généralement ça saignait encore plus et plus profondément.

- Dépêche toi.

Je ne dis rien, me mettant simplement au travail. La cafetière siffla de nouveau et je versai le liquide noir dans la porcelaine blanche et ébréchée. Il fallait faire attention à ne pas salir la tasse avec la rougeur de mon sang qui gouttait à un rythme irrégulier sur mes vêtements. Ou mes loques, pour être plus exacte. Ce n’était pas la première fois qu’elles étaient tachées comme en témoignait les nombreuses traces d’un rouge plus ou moins délavés selon la vieillesse des blessures. Je ne m’en préoccupai cependant pas et m’empressai d’amener la tasse à mon maître le plus rapidement possible. Il m’avait déjà réprimandée pour mon air trop rêveur une fois que j’avais un peu trop pris mon temps.

Les coups flottaient.
Fantômes autour de moi.
N’attendant que le bon moment.
Pour tomber comme des couperets.

Redwan trempa ses lèvres dans le café et je ne pu retenir un discret soupir de soulagement en le voyant l’avaler entièrement. Il ne semblait pas avoir trouvé un autre prétexte pour me frapper. Moi, je restai debout les mains derrière le dos à attendre qu’il ait fini d’avaler le liquide brûlant. Je me rappelle au début, j’espérai qu’il s’étouffe, qu’il s’empoisonne avec la boisson. Mais qu’aurais-je fait alors ? Tenté de m’enfuir ? Rejoindre la forêt en courant sur mes minuscules jambes ? Il n’aurait pas fallu longtemps aux sorciers de Rosenrot et de Croix pour me rattraper et pour me punir de l’empoisonnement de mon maître. On m’en aurait donné un autre, peut être encore plus cruel. Au moins Redwan ne me violait pas. Je n’ignorais pas que ce n’était pas le cas de nombreux autres esclaves.

- Nettoie.

Aussitôt je m’accroupis pour saisir les bouts de porcelaines. Je savais que je ne pouvais réclamer une balayette, mon maître m’aurait rit au nez. Je devais m’appliquer à tout faire à la main, humiliée. Soudain, Redwan en rajouta une couche en se levant et en posant un pied sur ma main blanche. La douleur du poids de l’homme sur mes doigts écrasés était déjà terrible mais empirait avec les bouts de porcelaine ciselant ma peau. Le sang commença à couler sur le sol, de grosses larmes qui s’échappaient douloureusement de ma peau meurtrie.

Je serrai les dents.
Pour ne pas pleurer.
Penser à Ange.
Pour résister.

Redwan laissa son pied de longues minutes sur ma main avant enfin de rétablir son équilibre en posant au sol son second pied. La trace de sa semelle était apparue sur le dos de ma main tandis que des petits bouts de porcelaines collaient ma peau, accessible seulement à l’aide d’une pince à épiler. En attendant j’allais devoir les laisser là et continuer de servir mon maître. Et continuer de serrer les dents. Et continuer de ne pas pleurer.

- Tu iras me faire couler un bain.

À ces mots il ôta le collier autour de mon coup et, ignorant le sang qui suintait de mes plaies, je me dirigeais vers la salle de bain la plus proche. D’un geste j’ouvris l’eau afin de la régler à une température adéquate puis, lorsque cela fut chose faite je plaçais le bouchon sur la céramique avant de regarder la baignoire se remplir lentement. Je détestais lorsque Redwan me demandait de lui faire couleur un bain. En tant qu’esclave attitrée, j’étais obligée de rester dans la pièce et cela ne semblait guère le gêner que je le voie nu. Mais ce n’était pas mon cas. Je n’avais pas imaginé que le premier homme que je verrai nu serait celui qui me torture le jour et me poursuit la nuit dans mes cauchemars.

L’eau qui scintille.
Au mille reflets du rêve.
Et du cauchemar.
De la toute petite fille.

Le bain fut enfin prêt et j’invitai mon maître à y entrer d’un geste de la main tout en fermant le robinet de l’autre main. Je tâchais de garder les yeux fermés afin d’éviter au maximum de croiser sa nudité. Quand ce cauchemar prendrait-il fin ? Ce jour arriverait-il seulement à un moment ? Il fallait que je garde espoir, j’avais confiance en Ange. Mais c’est vrai que, parfois, le sang recouvre l’espoir...

La tâche de sang s'agrandissait sur le sol. Il jubilait intérieurement. Tellement. Un sourire tellement mauvais, sadique et tout ce que vous voulez. Il ne voulait rien laisser paraître devant la jeune fille. Qu'est-ce qui lui faisait le plus peur ? Que Redwan affiche pleinement sa soif de sang – même si elle le savait depuis le temps – ou qu'il la cache ? Mais l'appel du sang était trop fort et ses pupilles se dilatèrent, tel un chat devant une proie. La proie, c'était son esclave. Il avait perdu le compte du nombre de coupure, d'ecchymoses, d'entorses, d'hémorragies qu'il avait fait subir à la fillette. Il s'en fichait à vrai dire. Il savait juste qu'il ne devait pas la tuer. En plus c'était un cadeau de se sœur. C’eut été dommage.

La petiote avait appris que Red ne supportait pas les pleurs, elle les retenait, c'était imprimé sur son visage. En même temps elle avait quel âge ? Huit ans ? Dix ? Il savait pas. A vrai dire, il s'en fichait, tout comme de son prénom. Ca aurait été drôle qu'elle pleure, il aurait eu encore plus de raisons de la faire saigner, et donc de la faire encore plus pleurer.

Comme si il avait besoin d'une raison.

Enfin, il enleva son poids. Il aurait pu faire tourner son pied sur la main de la fille, histoire d'enfoncer plus profondément les éclats de la tasse. Mais il pensait déjà que ses malheurs ne seraient pas finis pour la journée. Et il fallait tout de même qu'elle effectue ses tâches quotidienne avec efficacité et rapidité. Même si... Même si... Ca lui aurait fait une occasion de plus de lui faire du mal.

Il l'envoya lui faire couler un bain. En espérant que cela corresponde à ses espérances. Il l'avait envoyé en avance, parlant à des collègues en attendant que l'eau coule. Quelques minutes passèrent avant qu'il se téléporte directement dans la salle de bain. La baignoire était quasiment pleine. Il mit une main dans l'eau. Mouais.

Il commença à retirer ses vêtements, doucement, avec application. Son esclave détournait les yeux. Il ne voulait pas. Il la siffla donc comme un chien. Il voulait qu'elle le regarde. Pourquoi ? Juste parce que ça la mettait mal à l'aise. Il n'avait pas peur d'être nu en public. Il trouvait juste que ce n'était pas une tenue convenable, à part ça... C'était un corps comme un autre.

Dernière pièce de tissu enlevée, elle détourna encore une fois les yeux. Tous ses vêtements étaient étalés par terre. Chose qu'il détestait, naturellement.

-Range ça.

Ce qui voulait dire que se soit plié au carré, lavé si il y en avait besoin, rangé dans l'armoire ou que ça ne traîne pas par terre... Bref. Que les choses soient propres et bien rangées. Repassées aussi, cela allait sans dire.

Il mit un pied dans l'eau. Son pied toucha le fond de la baignoire rapidement. Ca n'allait pas. Pas du tout. L'eau était trop fraîche par rapport à ce qu'il attendait. Il prit la gamine par le col et la jeta dans la baignoire. Cela éclaboussa toute la salle de bain. Même ses vêtements. Il appuya de son pied sec contre le torse de son esclave pour maintenir sa tête sous l'eau. Au bout de grandes secondes, il retira son pied, tira la gosse par les cheveux pour qu'elle puisse respirer. Il ne lui laissa pas le temps de faire quoi que se soit avant de lui grogner à l'oreille.

-Tu crois que c'est assez chaud ça ?

Il la renfonça sous l'eau, accroupi, la maintenant avec son poing, toujours dans ses cheveux. Il la retira en dehors de l'eau, plaqua son corps contre le carrelage de la salle de bain, elle ne touchait pas la baignoire. Il vida un peu l'eau de la baignoire pendant que ses cheveux tiraient toujours sur son crâne. Il prit le pommeau, régla l'eau sur brûlant, la fit couler et une fois que la température fut au plus haut, aspergea l'esclave au visage.

Aux yeux des maîtres, nous n’étions rien d’autres que des chiens. Pas ces chiens que l’on aime et qui dorment au pied du lit, mais plutôt des animaux détestés qui ne mériterait pas de vivre et qu’on abandonnerait probablement à une mort certaine s’ils ne nous étaient pas d’une quelconque utilité. Ces chiens que l’on croise parfois dans les spa, qui n’ont plus que la peau sur les os et qui gémissent en se blottissant dans un coin lorsqu’un humain arrive ou, pire encore, qui bondissent au cou de la main tendue d’un humain innocent. Ceux là se sont affranchis de la peur des coups et ne gardent en eux qu’une rancœur, une haine insondable qui bouillonne dans leurs entrailles. Est-ce que moi aussi je finirais un jour comme eux ? Comme ces animaux maltraités et mal aimés ? Est-ce que Red me poussera tellement que je finirai par basculer de l’autre côté de la barrière ?

Parfois la nuit je rêve.
De devenir un chien puissant.
Presque loup.
Et de dévorer sa tête.

D’un côté je m’en voulais pour ces pensées obscures de mon inconscient. Je n’avais pas envie de finir comme ça, je n’avais pas envie de finir comme eux. Comme tous ces sorciers noirs qui ont perdu leur âme dans les flammes de l’Enfer. D’un autre côté, je ne pouvais m’empêcher de ressentir un certain plaisir à l’idée de dévorer la tête de mon maître. Après tout ne le mériterait-il pas ? Il me traitait bien comme tel... Avec ce collier et ces ordres qu’il aboie à mon encontre. Et voilà que, alors qu’il est en train de se déshabiller, il me siffla pour m’obliger à le voir se dénuder. Je n’avais pas envie de ça. Je n’avais pas envie de voir ce corps d’homme alors que je n’étais encore une enfant, qui savait à peine les différences entre les hommes et les femmes, qui ne comprenait déjà pas bien son propre corps et qui n’avait encore jamais embrassé quiconque. Mais voilà qu’il me forçait, comme une autre de ces tortures dont il avait le secret. Et, lorsqu’il enleva son caleçon, ce fut trop pour moi et je détournai les yeux, ne voulant pas me confronter à cette réalité que j’étais trop jeune pour appréhender.

- Range ça.

Je commençai à ramasser les vêtements qui jonchaient le sol et dont certains étaient tâchés de sang. Mon sang. J’allais me relever lorsque je sentis mon maître me saisir par le col et me balancer dans l’eau. Mon coude heurta le fond de la baignoire dans un bruit sourd. Une fois de plus serrer les dents. Une fois de plus ne pas pleurer. Je savais que ce n’était pas terminé, comme le confirma le pied de Red contre ma poitrine pour m’enfoncer sous l’eau quelques secondes plus tard. Paniquée je tentai de me débattre. Mais à quoi bon ? Cet homme était un adulte entraîné et je n’étais rien d’autre qu’une enfant sous-nourrie depuis plusieurs années. J’arrêtai de me débattre et enfin il ôta son pied afin de me tirer contre lui, par les cheveux.

- Tu crois que c’est assez chaud ça ?

À peine avait-il fini de cracher son venin dans mon oreille que je sentis son poing appuyer de nouveau sur ma tête et que je m’enfonçai une nouvelle fois dans l’eau. Cette fois-ci, il m’y laissa plus longtemps, si bien que je crus un instant que j’allais perde connaissance. Mais alors que des tâches noires commençaient à apparaître devant mes yeux, il tira une fois de plus sur mes cheveux avant de me balancer violemment sur le carrelage de la salle de bain. Aussitôt, haletante, je me mis en position fœtale redoutant ce qui allait suivre alors que les doigts de Red étaient toujours accrochés à mes cheveux, douloureusement.

J’étais comme un chien.
Tout seule au fond de ma cage.
Face au démon.
Face à l’Enfer.

Soudain, je le vis saisir le pommeau de douche et régler l’eau sur le plus chaud. Il semblait prendre son temps, attendant que de la fumée commence à se dégager de l’eau bouillante. Des larmes commencèrent à couler sur mon visage, j’étais incapable de les retenir. Cette fois c’était fini, tout était fini. L’eau allait forcément me brûler et je resterai marquée à vie. Je le vis pointer le pommeau vers mon visage et je fermai les yeux aussi fort que possible, pour étouffer les larmes et ne pas voir l’eau me brûler. Cependant, après de longues secondes, je ne ressentais rien. Ni eau, ni chaleur.

Serais-je morte de peur ?
Ou tellement habituée à l’Enfer.
Que même l’eau la plus chaude.
Ne me fais plus rien.

Lorsque je rouvris les yeux, je me rendis compte que, si l’eau s’approchait tout près de moi, elle semblait incapable de me toucher. Comme si je pouvais la contrôler. Et, soudain, une bouffée d’espoir réchauffa l’estomac. L’eau ne me touchait pas parce que je pouvais la contrôler ! Puis je compris quelque chose d’autre, il ne fallait surtout pas que Red s’en rende compte sinon je courrais le risque qu’il trouve autre chose pour me punir. Aussi, je trempai mes mains dans l’eau qui inondaient le sol de la salle de bain et les plaquai sur mon visage en criant, comme si j’étais véritablement brûlée. Certes, lorsque j’ôterai mes mains, mon maître se rendrai bien compte que l’eau ne m’avait pas laissé de marque de brûlures, mais avec un peu de chance il se dirait que l’eau n’était pas assez chaude. Un peu de chance...

Un peu de chance.
Et mon nouveau pouvoir.
Je n’ai plus qu’à attendre que tu viennes me chercher.
Mon Ange.

Redwan n'avait pas laissé le temps à son esclave d'accomplir la tâche qu'il lui avait demandé. Pas assez rapide en plus de ça. Mollassone. Elle rencontra bien vite la surface de l'eau. Trop peu chaude. Tant pis pour les brûlures, se ne serait pas pour tout de suite. Elle se cognait en même temps, ce qui n'était pas pour déplaire au sorcier. Mais les bleus étaient moins drôles que le sang. On pouvait toujours la réagripper à cet endroit, pour ça lui fasse toujours mal, mais c'était aussi le cas avec une plaie. Et le sang... Le sang. C'était toute sa vie après tout.

Elle essaya rapidement de se débattre. Vaine tentative. Elle ne pouvait rien contre lui. Il était un sorcier. Ce n'était qu'une pauvre humaine. Il se demandait même si elle avait des pouvoirs. Chétive humaine. Faible humaine. Déchet d'humaine. Elle ne lui servait quasiment à rien, à part être son souffre douleur et faire les activités que Redwan faisait plutôt bien tout seul. Mais c'était des corvées plutôt inintéressantes.

Lors de la deuxième simulation de noyade, le Soul sorti l'esclave quand les bulles de respiration avait quasiment disparues. Se serait tout de même assez dommage qu'elle meurt. Elle lui était utile. Comme souffre douleur et pour faire les corvées. C'est tout. Et c'était surtout un cadeau de sa sœur. Mais c'est vrai qu'en souffre douleur … Dès qu'il voulait faire couler du sang, il n'avait pas besoin de chercher pendant des heures quelqu'un à torturer. Elle était là. Toujours, à ses côtés. Il avait juste à se retourner pour la saigner. Le seul soucis c'est qu'il devait apprendre à se contrôler et à s'arrêter avant qu'elle ne meurt. Alors qu'un autre, c'était souvent « oups, tant pis ». Et se contrôler était dur. Très dur. Car les frénésies prenaient souvent le dessus.

Arg. Des pleurs. Il avait horreur de ça. La morveuse voyait ce qui se préparait. Elle avait peur. Mais pas des pleurs. Il devait la punir pour ça. Il ferait durer la punition encore plus longtemps dans ce cas.

Lorsque l'eau fumait bien, il la dirigea vers la gamine. Un sourire se dessina sur son visage. Souffre. Brûle.

Aucun cri. Dommage. Mais en même temps, elle savait qu'il ne supportait pas cela non plus. Certes, cela faisait plaisir dans le sens où il savait que sa victime souffrait. Mais en même temps cela lui donnait encore plus envie de faire mal. Pour punir de crier.

Ah si, les cris arrivent. Il leva alors les yeux au ciel, rapprocha un peu plus le pommeau de douche du visage du déchet. Elle essayait de protéger son visage avec ses mains. Inutiles, c'était ses mains qui finiraient brûlées. Dans tous les cas, elle souffrait.

Après quelques minutes, il laissa tomber le pommeau de douche dans la baignoire et lâcha la gamine pour qu'elle tombe elle aussi, avec un peu de chance, sur le pommeau qui la brpulerait encore davantage. L'eau de la baignoire s'était réchauffée à tel point que celui lui donnait des picotements dans les pieds. C'était à lui de sortir. Avec un peu de chance, elle se casserait un os en tombant sur les parois de la baignoire. Avec un peu de chance, l'eau du bain serait à nouveau trop chaude pour elle et serait encore brûlée. Il aimerait beaucoup ça. Il sorti finalement de l'eau, toujours nu, pas encore lavé, vu qu'il n'avait pas profité de son bain. Il attendait de voir la peau rouge de sa prisonnière.

La buée sur les murs.
Et les miroirs.
Partout la buée.
Jusque dans mon coeur.

Je criais, je hurlais comme si ma vie en dépendait. C'était un peu le cas après tout ; si Redwan découvrait que je n'avais pas véritablement eu mal et que mon nouveau pouvoir me permettait d'éviter l'eau bouillante, il serait capable de me démembrer pour montrer son mécontentement. Littéralement.
Après quelques instants, mon maître jeta le pommeau brûlant dans la baignoire avant de me saisir par le bras et de me lâcher à la suite dans l'eau du bain qui devenait de plus en plus chaude à mesure que l'eau se déversait. La salle de bain en soit était complètement dévastée entre les habits de Redwan qui m'avait échappé et qui traînaient. complètement trempés, dans un coin et l'eau qui avait arrosé le sol. La baignoire elle-même commençait à déborder et je savais que ça serait à moi de nettoyer tout cela. Cependant, ce n'était pas cela qui me préoccupait pour le moment, mais les picotement que je pouvais ressentir sur ma peau. Mon nouveau pouvoir n'était pas encore capable de repousser une masse d'eau aussi lourde et volumineuse que celle du bain et je ne pouvais rien faire si ce n'est prier que Redwan me laisse enfin sortir.

Douleurs.
Rougeurs.
Ne pas hurler.
Surtout ne pas hurler.

Mon maître finit par sortir du bain. La température devait être trop élevée pour lui. Il était toujours nu et sale. Péniblement, je pataugeai jusqu'au bouchon de la baignoire afin de le faire se soulever puis je tournai le modérateur sur froid pour tiédir l'eau du bain. Enfin, après quelques instants, lorsque la température me sembla acceptable, je rebouchai la baignoire et fermai le robinet avant de me relever, vacillante pour sortir de la baignoire.

- Maintenant, la douleur vous convient-elle ?

Je n'osais pas regarder son corps, nu. Je n'osais pas non plus regarder mon propre corps que je savais rouge de par mon bain forcé et aux multiples cicatrices, bleus et plaies encore ouvertes. Je n'osais plus regarder les corps.
Ils me font peur.
Aussi, je préférai regarder le sol, fixant fermement les catelles blanches et inondées sous mes pieds rouges. En baissant les yeux ainsi, j'aperçus également la rune tracée par Redwan au début de mon esclavagisme. Une marque complexe qu'on dirait tracée au marqueur et qui avait pourtant été gravée à vie avec une aiguille et de l'encre. Aucune précaution hygiénique n'avait été prise, évidemment. Je n'avais dû le fait de garder mon pied que grâce à un autre esclave, guérisseur et également marqué.

Marqués comme du bétail.
Encore une fois que des animaux.
Qui n'attendent que la délivrance.
L'abattoir.

Et surtout restée droite, main derrière le dos, regard humble et baissé. J'estimais avoir assez souffert pour la journée et j'espérais que mon maître accepte enfin d'entrer dans son bain, pour que je puisse m'éclipser, laver ses vêtements, faire son lit, nettoyer la salle de bain. Et puis chaque jour recommencer à le servir, recommencer à saigner, recommencer à survivre.
Et enfin, un jour peut-être, être libre.

Redwan :

+8 points RP
+2 points membre

Red est parfait. Il aime le sang, c'est juste ça, c'est simple, y a pas à chercher midi à quatorze heures, il est juste cruel, il ne cherche même pas à se l'expliquer, c'est comme ça. Et tu suis cette logique d'amour de la torture, de pureté (ex : on ne couche pas avec les humaines), d'art dans la torture, c'est vraiment super bien fait, le personnage est vraiment juste, pile comme il faut en tant que Soul, en tant que maître et dans le contexte du passage du niveau, très bon RP.

Myaw :

Blblblb y a tout plein de références à Ange, c'est trop adorable, je fond. J'aime beaucoup la philosophie du pardon de Myaw, c'est très touchant sans être excessif ou sainte nitouche. J'aime aussi beaucoup le fait qu'elle déteste Green, c'est très justifié et très ironique. Tu parles de façon très belle de la douleur, de la condition d'esclave, et la façon dont Myaw découvre son pouvoir est bien amenée.

PASSAGE AU NIVEAU 3 (Confirmée)

Conclusion :

Vraiment un très bon RP, la découverte du pouvoir n'est pas exactement au centre du truc dans le sens où on en fait pas des caisses, mais c'est très bien amené. Bon si je devais faire un seul reproche c'est bizarre que Red ne remarque pas que Myaw n'est pas brûlée, mais c'est vraiment du pinaillage parce qu'au final oui, il peut juste penser que l'eau n'était pas assez chaude. En tous cas les deux personnages jouent tous deux très bien leur rôle et c'est super agréable à lire, bravo.