Boy that's a wishful plan

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 Boy that's a wishful plan

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Exorciste Humaine
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Rhyan L. James
Rhyan L. James
Exorciste Humaine
MessageSujet: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyVen 31 Aoû 2018 - 10:48

RHYAN


I like digging holes and hiding things in the ground
When i'll grow old i won't forget to find them ICI.
La chaleur est accablante mais les gens dans la rue le sont encore plus. Mouvement permanent et calculé, j’ai l’air d’un poteau qui fait rond point. Si mes cheveux blonds et mes yeux clairs ont beaucoup attiré l’attention, j’ai bien fini par me fondre dans la paysage malgré moi. Je suis la française et je remercie Shybaï de m’avoir forcé à gommer mes accents des langues que je sais parler et d’en créer dans ma langue natale. Je bute dans mon anglais en grattant mes « r ». Les français sont nombreux ici et beaucoup ont de l’argent et des appartements, d’autres connaissent la ville comme leur poche et parlent volontiers.

J’adore écouter.

J’aime bien les gens ivres.

Je déteste leur haleine puissante d’alcool chaud et tourné quand ils se mettent à m’embrasser en pressant d’un main maladroite un de mes seins. Je papillonne des yeux, leur dit que je ne me peux pas les ramener chez moi il y a mes parents, je ne suis pas majeure, je n’ai même pas vingt ans. Ils lâchent.
Mais quelque chose s’est détaché en moi et je me demande ce qui va me retenir de les tuer. J’ai le pouvoir de le faire et le pouvoir de disparaître.

Tunis est en effervescence la journée mais se calme considérablement la nuit. Les toits blancs, les mosaïques, les portes bleues et les arcades, les fontaines, les statues et les vestiges, les tableaux, les drapeaux, la fête foraine, les étalages, les fruits, les odeurs, les gens, tout semble tendu et parfaitement dans sa place dans un mouvement qui ne me rappelle pourtant que le chaos.
Mais ce soir, tout s’organise en moi. J’ai hâte.

Je touche la cicatrice qui reste sur mon cou, grattant malgré moi ce qui fut autrefois la plaie d’une balle.
« - Mais t’es guérisseur Simje, enlève moi ça !
- La balle était runée, je ne sais pas pour quoi, mais elle était runée. En sortant du canon, la balle a dû se rayer et ta cicatrice est le résultat de cette rune. Ça prendrait des mois, des années. »
Il m’avait alors traité d’idiote vaniteuse mais m’avait quand même aidé. Sept jours c’est bien peu pour se préparer pour une mission, bien assez quand on est déterminé. Enfin. Une mission. Que je me suis auto-donnée.

Simje ne m’a pas demandé comment est-ce que je m’en étais sortie. Il m’a dit
« - tu comptes leur dire quoi à Orpheo ?
- J’sais pas.
- Trouve ta vérité. Pense qu’il y aura peut être des indics chez les sorciers noirs pour les renseigner. Ils auront peut être la fiche de soins de l’IBMM. Ils ne sont pas censés la donner mais je suis certain qu’ils l’auront. »
J’ai cru qu’il allait immédiatement passer directeur mais il a changé de sujet et m’a demandé pourquoi je voulais une rune de localisation.
« - Parce que j’en ai besoin.
- Parce que t’en as envie. »
Je n’ai pas insisté. Orpheo sont venus me cherche deux jours plus tard.
« - Comment est-ce que vous vous en êtes sorti ?
- Je ne sais pas. Cyan Soul m’a prise à part comme gain de guerre.
- Vous n’aviez pas de marque de viol. Nous avons le rapport de l’IBMM.
- C’est illégal.
- Comme de mentir.
- Je suis tombée inconsciente alors qu’il me trainait à l’écart.
- Comment vous êtes vous retrouvée à l’IBMM ? C’est un long trajet.
- J’étais inconsciente. Je ne sais pas. N’avez vous pas réussi à tirer cette information de l’iBMM ? »

Je savais très bien en ouvrant les yeux que Cyan n’était pas resté. J’en étais certaine mais je me suis quand même levée, courbaturée et nauséeuse, la tête pleine des vertiges de la vieille. La soirée n’avait l’air de ne pas s’être passée et seule la brûlure dans mon cou me tiraillait. Aiguilles empoisonnées contre ma peau.
Je savais qu’il n’était pas resté et j’avais besoin qu’il soit parti, mais j’ai quand même demandé à l’accueil en récupérant mes affaires si quelqu’un était encore là pour moi.

Personne n’était là pour moi.

Après le petit questionnaire d’Orpheo j’ai été rapatriée en Angleterre où on m’a proposé gentiment un mois de congé en échanges de petits services comme runer des objets, entraîner ou garder les gosses, etc dans les deux dernières semaines. J’étais donc en train de ranger mon appartement berlinois pour le rendre quand j’ai trouvé un papier, le papier le plus pourri de tous les papiers griffonés, coincé dans la poche arrière de mon jean - le jean de l a nuit dont j’avais oublié plus de la moitié (sauf le fait qu’Alcott ait été choisi et pas moi). Je l’ai déplié et il y avait un vieux rond dans lequel il y avait une vieille lune en croissant et une astérisque toute moisie.
Toute, moisie.

Tunisie.

Un but.

J’ai rushé chez Simje en une demi journée - avec les transports polonais, c’était pas mal - et j’me suis posée avec mes cernes de panda, mon corps amaigri d’avoir trop pensé et jamais mangé. J’ai posé la pièce, j’ai posé le papier et j’ai dis :
« - Il faut absolument que tu m’aides.
- À quoi ?
- À retrouver quelqu’un.
- Pourquoi ? »
Vous connaissez la suite. J’ai culpabilisé toute l’après-midi de ne pas m’être servie de Simje pour trouver Torin, mais ce n’était pas le moment de tergiverser. On a trouvé une carte de Tunisie de terrain avant toute construction (elle était vieille et magique et j’me suis mise à saigner du nez instantanément) et après des milliards d’heures, de sang, de Simje qui se gratte la tête et me dit que j’suis vraiment pas en train de faire quelque chose de bien, il a pris une tête d’épingle, l’a planté et a tracé un cercle au posca sur la carte avant de me dire « il est là, la plupart du temps »
Autant vous dire que vous retrouver un endroit après des années de bâtiments, ça a été bien relou. Mais le pire c’était pas ça, (c’était la chaleur et les chameaux, ces putains de chameaux) c’était son frère le pire.
Déjà, pourquoi il vient. Ensuite, pourquoi ils restent au calme dans l’appartement. Et finalement, séparez-vous de temps en temps les gars, séparez vous.

J’ai donc runé des milliards de petits spots avant ça, j’ai passé un slim ultra moulant ultra runé, un t shirt gris runé, mes lames runées, ma vie runée. Et, j’ai, attendu. Une centaine d’années. Mais une centaine d’années à l’air toujours plus courte quand vous avez vraiment envie de réussir. Leur appartement est troisième étage sur cinq, mais le quatrième est habité par un gars qui bosse de nuit, visiblement dans un hôpital. Ses horaires sont fixes et moi aussi. Il laisse toujours ses fenêtres grandes ouvertes pour aérer la nuit et il ferme tout la journée pour la fraîcheur.
Ça tombe bien, il est deux heures et demi du matin et j’ai tout mon temps. Je traîne sans bruit dans l’appartement du dessus, runant le parquet. Une odeur de joint se dégage très largement de leur appart, leurs fenêtres sont visiblement aussi ouvertes et subitement :

« Putain, de ces morts, la pute »

Suivit d’un bruit, suivit d’une porte qui claque. Je file à la fenêtre, c’est Olive qui sort. Je colle mon oreille au plancher mais je suis incapable de savoir où est Cyan. C’est mon moment de chance - peut être qu’il m’égorgera en étant surpris mais le jeu en vaut la chandelle. Je me laisse tomber à travers le plancher dans sa chambre - ou celle de son frère. Quoi qu’il en soit elle est vide et j’entends un bruit de vaisselle quelques pas plus loin; je me fonds à moitié dans un mur mais le bruit reste constant.

Mon coeur se met à pulser dans mes oreilles mais je me contrains à y aller quand même. Il est dans la cuisine, face à l’évier, sa ligne des épaules relâchée comme le gars qui vient d’emménager et qui n’peut décidément pas déjà, craindre quelque chose.
J’ai envisagé des milliers de fois passer dans son dos pour passer ma lame sur sa gorge en lui montrant comment j’ai gagné, mais je ne suis pas certaine de gagner, justement. Il est possible qu’une onde de choc me fasse voler en éclat de je m’appuie seulement contre le mur avec un bruit de chuintement de lame qui sort.

- Alors, la parole de Cyan Soul ne vaut-elle donc rien ?

La chaleur de la pièce est tangible mais pourtant un frisson me frise la peau. Pourquoi la souris prendrait-elle le risque de courir avec le chat ?
Par ennui ?
Poussée suicidaire ?
Je passe une main nonchalante dans mes cheveux, cachant la cicatrice dans mon cou. J’ai envie d’une pomme.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyVen 31 Aoû 2018 - 22:01


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


Je me suis barré.

Ouais, tout ce trajet en voiture, puis le moment où Rhyan s’est finalement endormie à l’arrière, ça m’a permis de penser à autre chose et de me laisser bercer par le bruit des pneus sur la route. On est arrivés à l’IBMM en début de matinée, très très tôt et y’a fallu faire un peu de forcing à l’accueil pour passer devant les autres. Heureusement, dès qu’ils ont aperçu son dos en sang, ses runes marquées à même la peau, l’inconscience de la demoiselle, ils ont cessés de me chercher des poux.

Je me suis posé à l’accueil, pendant un certain temps tout de même. La tête levée vers le plafond, dans un air de profonde réflexion. J’ai pris le temps de réfléchir à mes actes, à ce que cela pourrait provoquer si jamais un de mes gars de cette nuit-là reconnaissait un jour Rhyan dans la rue. J’ai aussi songé aux raisons m’ayant poussé à la sauver à ce point. A faire une heure de route, la porter délicatement jusqu’à l’IBMM, m’enquérir au moins de son état. Est-ce que je devenais complètement fou ? Je crois que c’est ce qui m’a poussé à partir. D’une part parce que son corps pouvait aussi bien prendre plusieurs jours pour cicatriser, d’autre part parce que chacune de mes secondes était comptée.

Bref, j’ai craqué. Je me suis levé, puis rassit, puis j’ai gribouillé une lune et une étoile dans un rond sans espoir aucun, puis je me suis relevé et je me suis précipité dans sa chambre. Chambre dans laquelle elle ne se trouvait pas, mais où ses vêtements avaient été déposés. Je l’ai mis dans sa poche de jean. Je suis parti, puis revenu. J’ai récupéré le morceau de papier, songeant qu’il pouvait aussi bien devenir une preuve mortelle, qu’il suffisait d’un malentendu pour que mon nouvel emplacement soit découvert. Alors, j’ai fait quelques pas. Puis je suis revenu et je l’ai remis à sa place.

« Advienne que pourra » m’a fait tourner la tête jusqu’à Berlin.

Après ça, je n’ai pas pu repenser à elle et à son joli visage flanqué d’un regard de défi. Je me suis précipité jusqu’au domicile. Olive penché sur les valises et moi sur les réservations d’appartement. Beaucoup de sorciers noirs s’étaient laissés cueillir par manque de vigilance, par sous-estimation de leurs ennemis. Lorsque l’on tue un personnage aussi central qu’un directeur, il faut s’attendre à des représailles. Cela doit bien faire quatre ou cinq ans que nous tournons sur Berlin, c’est devenu trop dangereux. Les nouvelles vont très vite, surtout en considérant les survivants témoins du massacre.

Bref, nous avons donc pris le vol le plus tôt, en direction de Tunis. Cinq heures plus tard, nous étions sur les lieux, en pleine après-midi. On a pas mal ri, on s’est posé dans un air bnb et on est parti se balader, comme si de rien n’était. Comme des vacanciers, ou presque.

C’est une première, la Tunisie. Ces gens, partout, bloqués comme des gélatines aux dossiers de leur chaise, plantés devant les bars. Et puis d’autres, hyperctifs. Du blanc, du blanc partout, avec des maisons à étage, mais sans atteindre les hauteurs de Berlin. Une chaleur bien plus étouffante. Une odeur de nouveauté et déjà la nostalgie du meurtre. Tunis est une ville parfaite pour se faire oublier. Il doit s’y produire un nombre de chose incroyable et le fourmillement régulier de ses nombreux habitants rend la tâche difficile au plus expérimenté des traceurs.

Finalement, sur place et en m’arrangeant auprès des bailleurs, je nous ai trouvé un petit appartement passe partout, en plein centre, au troisième étage. On a lâché l’air bnb au dernier moment et on est partis s’installer. Et autant vous dire qu’à partir de là, ça a été le repos le plus total. Après avoir enchainé presque deux nuits blanches, je me suis littéralement effondré sur le matelas. Et j’ai dormi. Dormi. Encore dormi.

Puis, la routine est revenue. Y’a fallu faire intégrer à Rosenrot qu’on avait lâché l’appart’ de Berlin, donc on s’est renseigné sur le spot de sorcier noir le plus proche, qui n’était curieusement pas à Tunis et puis on s’est rendu compte qu’en fait c’était Croix. Sur le coup on a un peu flippé parce qu’ils n’avaient vraiment pas l’air compréhensifs mais finalement y’en a un qui s’est amené et nous a presque bien gentiment aidé. Les formalités passées, on est rentré. Je me suis posé devant un ordinateur et j’ai failli pleurer au moment d’allumer mes mails. Mails bien évidemment protégés du regard indiscret d’Orpheo. Mails relativement cools mais sacrément nombreux. A nous demander de jarter de Berlin etc etc. Toutes les choses qu’en fait, nous nous étions déjà chargés. C’est ça être un Soul. Alors deux Soul…

Cela doit bien faire une semaine depuis mon dernier gros meurtre. Depuis ma dernière mission dirons-nous. Rosenrot s’est plutôt calmé sur nous deux, non pas par charité d’âme, mais plus pour nous permettre de nous faire oublier, faire planer le doute d’une mort. Oui, sauf que l’organisation n’est jamais bien loin et voilà qu’hier est tombé un ordre. Un ordre assez urgent, assez loin aussi surtout. Au Népal. Aucune idée de ce qu’il s’y passe là-bas, la mission est apposée d’un sceau ultra confidentiel. Autant dire qu’on y trouve à peine les renseignements principaux et 2-3 détails sans importance. Après une mission comme la mienne, ça peut très bien juste puer l’emmerdement assuré sous couvert de mystère. Style garder un lézard, n’est-ce pas.

Du coup, depuis cet ordre ultra urgent, on se regarde en chien de faïence parce que la mission ne précise pas de qui elle a besoin, seulement du nombre : un seul. Et ça pue. Je me suis, en tout innocence, surpris à penser qu’Olive se proposerait, mais c’est pas le cas. Alors, nous nous sommes habillés tous les deux comme pour partir, prêt à partir je dirais même et on a démarré la console. Un match. Un seul match, une seule récompense : le droit de rester.

J’ai gagné.
Et j’peux vous dire que j’ai éclaté de rire quand il m’a traité de tous les noms.
Puis j’l’ai giflé quand il m’a dit qu’il était pas d’accord et qu’il fallait recommencer.
Du coup, il m’a foutu un coup de poing en réponse, m’a menacé avec un couteau et s’est barré en hurlant ses banalités.

N’empêche que j’ai quand même gagné et qu’il est parti pour une bonne semaine au moins.
Je file jusqu’à l’évier pour me passer un coup d’eau sur le visage et ranger l’arme contondante à sa place. C’est un peu comique quand on songe à tout l’arsenal que je porte en ce moment-même sur moi. Et puis alors, j’entends un vague bruit. Un très vague. Je continue de faire couler l’eau, me mouille la tête et me relève. La serviette est dans mon dos et j’entends subitement.

- Alors, la parole de Cyan Soul ne vaut-elle donc rien ?

Y’a deux réponses qui me viennent alors en tête. La réponse défensive et la phrase d’attaque. Vu comme l’eau coule, je discerne les mots sans réagir à la tonalité. Et les gens ont vraiment tendance à pas trop savoir à qui ils s’adressent. Puis, il faut dire ce qui est, mon frère a une réputation qui me précède. Alors, sans me retourner, je prends la voix d’Olive, quelque peu différente de la mienne – ce bâtard est plus grand que moi – et réplique un :

-A qui tu crois t’adresser, là ?

Et paf, je me retourne et lance le couteau en visant volontairement à côté. Ça s’appelle de la dissuasion. En général, ça marche sur les péteux d’Orpheo viennent seuls. Et puis, je réagis. Aussi vite que le couteau se plante dans le mur quelques mètres plus loin. Ses cheveux blonds, ses yeux bleus, son visage… dont je n’arrive présentement pas à deviner l’expression.

-Oups.

Oui, c’est tout ce que je trouve à dire. Si je suis particulièrement connu pour ma vivacité d’esprit, j’avoue que l’information perd des morceaux en chemin en ce moment. Rhyan. Rhyan ? Mais putain, qu’est-ce qu’elle fous ici ? Comment elle sait que… Aaaah, le dessin. Enfin tout de même. Ça a dû lui coûter sacrément cher de me trouver. C’est une bonne chose. Non pas tant qu’elle m’ait trouvé, mais ça montre surtout qu’elle se démerde plutôt mieux que moyennement. Et c’est absolument nécessaire quand tu grattes du temps avec un Soul, quel qu’il soit. Comme par exemple éviter papa Soul et ses idées rétrogrades. Opinions que je partage à 200% mais qui ne m’empêche pas de flâner aux corneilles avec une exorciste. Bien vu Cyan, impossible de dire à quel moment t’es devenu fou à lier.

Je la regarde et je m’approche. Juste assez pour me saisir de la serviette et la tirer pour me nettoyer le visage et les mains.

-Bien joué, princesse. Ça va, ça a pas été trop dur de me trouver ? Bon timing, Olive vient juste de partir. Pour assez longtemps en plus de ça. Sauf s’il a oublié un truc.

Je suis anormalement détendu. Tellement détendu que je commence à retirer les lames, armes à feu et de poing sur la table la plus proche. Enlever tout, bien méticuleusement, de ma tenue. Tenue noire agréable. Un débardeur bien proche du corps, un pull col roulé par-dessus en je ne sais pas trop quelle matière, et puis pantalon ni trop lâche ni trop serré. Des chaussures de courses. Bref. On se faufile facilement avec et c’est tout ce qui compte. J’inspire profondément et me retourne en m’appuyant à la table pour retirer les dernières lames cachées au niveau de mon mollet.

Je crois que c’est bon.
Etirement.
Est-ce que je dois m’excuser d’être parti ? Est-ce qu’elle attend vraiment des excuses ?
J’vais rester silencieux et attendre. Elle me dira bien ce qu’elle est venue faire. A moins qu’elle ne souhaite repartir une fois sa fierté de m’avoir retrouvé passée.
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Exorciste Humaine
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Rhyan L. James
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptySam 1 Sep 2018 - 0:28


Stubborn little doy
Borken little toy
Il ne se retourne pas et tout ce que j’aperçois de lui c’est sa nuque - dans un col roulé.
Dans, un col, roulé.
Je suis bien plus choquée par cette affirmation que par tout le reste de ma vie. J’ai chaud et j’ai pris environ dix douches par jour depuis que je suis arrivée ici, j’ai dû garder mes cheveux attachés au dessus de ma nuque, j’ai dû, dormir, à poil.
Non, c’est une blague, j’ai bien trop peur de passer à travers le lit et les étages pendant mon sommeil pour ça (c’est déjà arrivé et j’ai béni mon moi du passé de toujours choisir des duplexs pour que la première chute me réveille).

Il a donc un col roulé.

-A qui tu crois t’adresser, là ?

Quoi ?

Et un couteau vient se planter dans le mur. Un pas souple m’a dégagé sur le côté mais s’il avait vraiment visé, sûrement qu’une égratignure me déchirerait actuellement la peau. D’abord tirer, ensuite s’excuser. Suites aux blessures encore fraîches dans mon esprit, mon corps rechigne à obéir parfaitement aux demandes. Il est rebuté à l’idée d’une pleine extension de mon côté gauche, réticent quant à la tentative de toucher mes pieds. Avant ça, je pouvais poser mes avants bras sur le sol et maintenant je suis gonflée d’appréhension. Cela va passer - Simje m’a engueulée en disant que mon impatience me tuerait - mais ça manque cruellement de pratique.
Bref.
Je m’attendais quand même à être reçue autrement. Il se retourne et son attitude change subitement, me rappelant qu’il vaut mieux être à moitié dans son camp que totalement contre.

-Oups.

Oh wow. Génial. Je me décale un peu de lui. J'ai cruellement - et je pèse mes mots - conscience de lui. Je ne sais pas ce qu’il a choisi encore - sommes nous réellement dans le même camp ? Je me sens un peu idiote d’être ici, motivée pour une raison qui m’échappe mais belle et bien présente, en Tunisie, loin de tout. Mon téléphone me pique dans ma poche quand je pense que j’aurais au moins pu prévenir quelqu’un - Ian ?
Ian viendrait mais Ian est plutôt du genre à foncer dans le tas et définitivement, on ne fonce pas dans un Soul. Terrible idée. J’ai quand même entendu dire que Nawel s’était battue avec Dorian mais l’histoire a sûrement dû être amplifiée, déformée et Nawel esquive par toutes les façons le sujet.
Quand je dis toutes les façons c’est que globalement, elle se téléporte et l’affaire est close. N'empêche qu'elle a survécu au chef Croix. A côté d'elle, j'me sens comme un péon face au Roi des Elfes.

Il s’approche - je recule - et il se saisi d’un chiffon pour se frotter le visage. L’air de rien, je suis un peu vexée. Il se prive de sa vision sans aucune appréhension mais je n’ai pas envie de passer pour une hystérique et lui sauter dessus.

-Bien joué, princesse. Ça va, ça a pas été trop dur de me trouver ? Bon timing, Olive vient juste de partir. Pour assez longtemps en plus de ça. Sauf s’il a oublié un truc.

Princesse ? Il a sûrement perdu le droit de me gratifier d'un tel surnom. J'ai envie de le pousser et de dire "putain, tu m'as rendue bien conne".
Mais bon.
Mes lèvres se pincent.
Et là le gars, sans aucune pression, dans le plus grand des calmes, retire ses armes une par une genre « poupidou, pidou, je rentre à la maison après une dure soirée ». Déjà, qui se trimballe avec autant sur lui ?

Genre chez soi ?

Qui met un col roulé, sérieusement, pour sa propre santé j’ai envie de lui enlever et de le jeter par la fenêtre. Mec. Un col roulé putain !
Il s’apprêtait peut être à partir et à quelques minutes prêt j’avais cassé les couilles du polonais pour rien. Le polonais qui a dit alors que je partais que je lui devais un service et vu le karma de Simje, je n’ai vraiment, vraiment pas hâte de l’aider.

- C’était simple de te trouver. Tu devrais te méfier, si je le peux, les autres aussi.

Petit sourire en coin.
J'en ai bavé ma vie pour le retrouver, c'était dur, éprouvant, sans fin, et j'avais une tête d'ampoule (rat de bibliothèque, acharné du buble, j'avais Simje qui est pire qu'un chien enragé quand il a trouvé un os. Il mord et ne lâche pas tant qu'il n'a pas trouvé. Il fera un directeur terrifiant, croyez-moi.) pour m'aider. C'est dire si seule je serais encore en train de me trimballer à dos de chameau pour le retrouver.
Même si c'est une blague. Ses beaux yeux ne seraient pas suffisant pour me faire monter sur un machin qui a sa propre volonté et qui peu, je sais pas, me faire tomber. Et puer. Et cracher.
Je suis pas très très animal de compagnie. Ou animal tout cours.

Mais bref, aucun rapport avec rien. Je cours moins vite que mon cerveau, c'est lassant.

Honnêtement, qu’est-ce qui m’empêche de dénoncer Olive ? Peut être que son jumeau n’en saura jamais rien et le monde serait débarrassé d’un noir de plus. D’un noir par spécialement apprécié de nos réseau faut le dire, comme toute la fratrie. Une pierre deux coups non ?
Dommage qu’il soit parti.

Je joue distraitement à faire tenir ma lame en équilibre sur le bout de mon doigt. Avant, cela me laissait toujours un trou rougeaud sur le bout du doigt mais maintenant que la peau s’est durcie, je n’ai plus à craindre de me brûler les mains de me couper en cuisinant. Parce que avouez, c’est le pire, quand après vous touchez un citron et tout. Ou du sel. Ou du Paic vaisselle.

Je lui jette son papier-dessin en boule sur le torse.
Tac.

- Super dessin. Je me demandais pourquoi tu me l’avais laissé. Alors comme ça c’est la Tunisie en col roulé, mh ?

En soit, je lui dois encore un service de la nuit d’il y a une semaine, mais je n’ai aucune envie de proposer ça maintenant, étant donné que la dernière fois il m’a juste demandé de me barrer. L’urgence nous enveloppait tous les deux mais aussi le sang des inconnus, le mien, un épuisement absolu et la douleur sur moi comme un marteau-piqueur. Si maintenant que j’ai tous mes moyens j’ai toujours autant envie de l’embrasser, je suis certaine de ne rien attendre ses mots ou de ses actions, je ne compte pas rester et j’aimerais clore le livre. Ou au moins le chapitre.

Et effacer les mots vides de sens qu'il m'a servi sur un plateau.

En plus, il ne m’a rien répondu sur sa parole. Il a menti, c’est un fait et je n’ai pas été étonnée. Il devrait mal le prendre. Ses mots ne sont que du vent. Je m’approche de lui avant de m’asseoir sur la table où il a étalé tout son arsenal.

- Je sais que je ne te fais pas bien peur mais tout de même. Se débarrasser de toutes tes armes ? (j’ai toujours ma lame en main et ça me démange atrocement de lui rafler une joue avec. Mais je sais qu’il aurait une réelle cicatrice et qui aurait envie d’être marqué à vie ? Comme mon cou. Putain.) Tu es bien prétentieux, Soul.

Mes yeux le fixent sans sourire.

Ou c’est moi, la prétentieuse petite Rhyan qui pense qu’elle peut venir ici sans embrouille. Je n'ai pas peur de lui mais j'ai peur de lui, pas peur mais peur, pas peur du tout, un peu peut être, espace anxiogène où le fait que je prenne en considération ses mots me met dans un danger considérable. Mais sa façon de parler et de former les mots, lèvres ourlées et étirées dans un demi sourire, corps fin de musclée.
Je sais pourquoi je tombe, au moins. Et j’espère bien l’entraîner avec moi.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptySam 1 Sep 2018 - 12:34


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


A l’instant où je la reconnais, ma garde tombe. Pas totalement, parce qu’un bout de moi n’oubliera jamais d’où elle vient, de qui elle reçoit les ordres. Et puis, ce petit bout me rappelle aussi sans cesse à quel point j’ignore tout d’elle, comme elle ignore tout de moi. C’est une vérité générale et constante. Mais n’est-ce pas non plus le but ? De ne pas trop s’attacher pour pouvoir couper à tout moment ? Jusqu’à quel point suis-je prêt à la laisser franchir ma ligne de vie privée ? Et pour elle ? Qui ira le plus loin, qui préfèrera le premier se protéger ? Car si les Soul sont connus pour être particulièrement coriaces en combat, impossible à interroger même sous la torture, ils restent malgré tout humains. Enfin sorciers, vous aurez compris. Ils ont encore leurs faiblesses. Oh, peut-être pas tous finalement. Red reste Red, j’ignore si quelque chose lui tient à cœur plus que sa propre vie. Silver est cassé, dans son monde. Bleu ? Cela fait longtemps que j’ignore comment elle se porte. Green ? Dois-je vraiment en parler ? Et Bianco n’est attaché qu’au seul pouvoir. Finalement, de tous les Soul, c’est sans doute à nous, Olive et moi, que revient la plus grande faiblesse d’esprit. Car l’un n’est rien sans l’autre. C’est notre plus grande force et notre plus grande faiblesse. Nous nous sommes complètement enfermés dans un monde où il n’y a que nous deux, où l’un ne peut se dissocier de l’autre, même à des milliers de kilomètres. Orpheo elle-même ignore notre don qui en fait notre plus grande richesse. C’est sans aucune doute notre point fort. Pour le moment.

C’est cette limite que j’ai fixé avec elle.
Ce trait que j’ai tracé à la craie sur le sol en lui indiquant de ne le traverser sous aucun prétexte.

On est juste faits pour se détester après tout. C’est marqué. Souligné, surligné. Gravé à même nos peaux. Mais c’est aussi ce qui me pousse à franchir un peu plus les interdits, voir s’il n’y a pas autre chose à découvrir. Peut-être qu’on pourra un peu gratter sous les peaux avant de se séparer. D’avoir cherché à découvrir l’autre sans se focaliser dessus, sans investir sa présence dans chacune de nos pensées. C’est le genre de relation qu’il me faut.

Alors, quand son visage paraît devant moi, je suis un peu surpris et je me bénis de ne l’avoir volontairement pas visée. Pas que je doute de ses capacités, mais c’est quand même idiot. D’ailleurs, qu’est-ce qu’elle fiche ici au juste ? À cette heure-ci, qui plus est. Elle n’a pas l’air complètement crevée d’avoir fait une chasse à l’homme et quelque part ça me déçoit. J’aurais peut-être rien dû lui laisser ? Ou m’exiler encore plus loin ? De toute façon, maintenant qu’elle m’a retrouvé, pour notre propre sécurité à Olive et moi, il est mieux de penser à changer une fois encore de ville. Honnêtement, je me serai attendu à attendre plus longtemps. Enfin attendre… disons qu’en prenant en compte un désir de me revoir, j’aurais espéré plus de temps de recherche. Dingue que je sois si facile à pister. C’est à se demander si Orpheo n’attend juste pas un écart de ma part pour attaquer. Est-ce que c’est elle, ce fameux écart ?

Je m’écarte un peu pour me poser sur la table et retirer mes armes. Pas qu’elles m’entravent puisqu’elles sont justement pas faites pour ça, mais jusqu’à preuve du contraire j’ai gagné un pari et comme je suis chez moi, bah je me désape. En fait, je me justifie parce que mon attitude n’a pas l’air de plaire à la blonde. Quoi. Déjà, qui de base, chez soi, porte autant d’armes ? C’est la moindre des choses que d’être au moins à égalité là-dessus. Si elle vient pour me chercher des noises, tout mon arsenal reste largement à portée. J’ai l’air inconscient, mais c’est plutôt elle qui ne sait vraiment pas où elle tombe. Qu’est-ce qui lui fait croire que cet appartement n’est pas runé jusqu’au plafond ? Franchement, de nous deux, c’est vraiment pas moi qui ait à m’en faire le plus. Je connais tous les recoins de cet appartement.

- C’était simple de te trouver. Tu devrais te méfier, si je le peux, les autres aussi.

Elle sourit d’un air presque mauvais. Je souffle tout en baissant mon regard sur un de mes pistolets pour le décharger. L’agréable bruit qui s’ensuit me fait reprendre conscience de nos deux organisations. Je récupère les balles et les range méticuleusement dans un chargeur vide que je repose peu après, relevant la tête et posant mes mains sur la table, de chaque côté de mon corps. Mon regard rivé dans le sien, je lui réponds d’une voix blanche :

-En effet, merci du conseil. On ne va pas s’éterniser ici maintenant que tu m’as retrouvé. J’éviterai aussi de te fournir un indice la prochaine fois. Même si je dois avouer que tu as été très efficace.

Indice on ne peut plus parlant, en plus de ça. La Tunisie n’est si grande et il suffit d’un peu de jugeote pour cibler immédiatement les grandes métropoles. Passé ça, les méthodes divergent mais je ne me sens même pas de lui poser la question sur la sienne. Ce serait affronter un mur. Alors, que chacun garde ses propres méthodes pour lui-même. Nous en rediscuterons quand le moment viendra. Qu’il vienne ou non. La voilà qui s’amuse à faire tenir sa lame de poignard sur son doigt. Dois-je lui dire que ce tic est repris par nombres de sorciers noirs ou se vexera-t-elle ? Et puis, qui est la plus détendue maintenant ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité, sincèrement.

Puis, elle roule en boule un papier et me l’envoie dessus. Le morceau percute mon torse dans un bruit sourd et tombe au sol. En fait, avant qu’elle n’aborde le sujet, j’ignora totalement ce que cette action est supposée déclencher.

- Super dessin. Je me demandais pourquoi tu me l’avais laissé. Alors comme ça c’est la Tunisie en col roulé, mh ?

Merci. Bonne question. Hahaha. Voilà le résumé de mes réponses. Mais comme la fin m’amuse vraiment, je commence par rire très légèrement. En col roulé ? Ah oui. C’est vrai que la logique se veut particulièrement perturbée lorsqu’il fait un temps aussi chaud à l’extérieur. Mais respecter les saisons c’est pas ma préoccupation numéro une dans la vie et accessoirement, j’aurais pu être celui en partance pour le Népal. Et là, les gens là-bas ils rigolent aussi pour le col roulé mais pas pour la même raison. Bref, qu’elle soit obnubilée par mon col la rend un tant soit peu psychorigide à mon goût. C’est quoi le problème ? C’est pas elle qui est dedans non ? Et puis ce sont des pulls spéciaux, qui s’adaptent à la chaleur environnante. Enfin, c’est des tenues de missions quoi, ça a pas été tricoté par l’arrière-grand-mère de la tante à Jeanine.

Sauf que, eh bah, la demoiselle elle s’approche dangereusement de la table et s’y assied. Sans pression, c’est un euphémisme de dire qu’en tendant la main, elle peut avoir accès à n’importe quoi. Pour l’instant, elle s’obstine à jouer avec son arme, mais les miens sont plutôt d’une bonne qualité aussi et j’ai le bonheur/malheur de savoir ce que chacune d’elle peut provoquer. Peut aussi lui provoquer parce qu’il y en a deux là-dedans qui sont mes préférées toutes catégories confondues et j’ai un peu craqué sur mon esprit de possession. Pour faire simple, il est mieux qu’elle n’y touche pas à moins de vouloir s’y brûler. Et c’est pas au sens figuré.

Encore une fois, je ne réponds pas. Pourquoi je le lui ai laissé ? J’ai eu pitié ? Si je lui dis ça, peut-être qu’elle partira ? Peut-être qu’elle voudra me tuer aussi et actuellement elle est bien bien trop proche de moi et de mes armes pour qu’un trait d’humour soit le plus cohérent.

- Je sais que je ne te fais pas bien peur mais tout de même. Se débarrasser de toutes tes armes ? Tu es bien prétentieux, Soul.

Non mais sérieusement ? C’est quoi ces retrouvailles ? Un règlement de compte ? Qu’est-ce qu’elle me veut, au juste ? Ça m’agace de jouer à qui est le plus fort – parce que c’est en plus moi, en fait – alors que je suis chez moi, qu’on peut pas vraiment considérer que je me suis débarrassé de toutes mes armes puisqu’elles sont à portée. Et j’ai l’air prétentieux si je veux. Je lui renverrai bien ses questionnements mais un pouffement ahuri est la première réponse à se faire entendre. Je secoue la tête avant de récupérer une de mes lames et d’en pointer le bout de ma place vers Rhyan. La lame suit un cercle dans l’espace et je réponds :

-Elles sont là, mes armes. Juste là. T’en auras peut-être prise deux ou trois en même temps que moi. Et puis quoi. Qu’est-ce qui te fait dire que je peux pas déclencher la rune que j’ai fait sous le tapis ?

Y’a pas de rune sous le tapis, c’est du bluff total. Mais ça, elle le sait pas. Et paraître sûr de moi, c’est mon travail au quotidien. La lame elle-même se dirige lentement vers le bas pour signaler la présence du piège. J’incline légèrement la tête en haussant les épaules pour lui faire part de mon visage désolé et m’apprête à décharger une seconde arme à feu en poursuivant :

-Mais j’ai pas oublié qui tu es, si c’est ce qui te vexe. J’suis venu te chercher à la bibliothèque en neutre, j’aurais espéré que tu me retournes la faveur. Si tu m’attaques, bien sûr que je riposterai.

Je dépose les balles dans le chargeur et le pose. Pose ma main par-dessus. Relève ce regard pétillant sur Rhyan.

-Ce qui m’amène à la question suivante : maintenant que tu es là, c'est quoi le plan ?

Tout me va. Si elle veut se confronter une fois de plus à moi, qu’il en soit ainsi. Peut-être qu’elle me sauvera encore des décombres. Peut-être que je l’emmènerai encore dans un IBMM avec mon cœur au bord de ses lèvres. J’ai l’impression qu’à chaque retrouvaille c’est un recommencement. Un recommencement qui va toujours un peu plus loin, mais qui démarre toujours de la même façon.
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Rhyan L. James
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptySam 1 Sep 2018 - 14:59



Conscious eyes
And bitten lips
Je pense sincèrement qu’il y a trois problèmes.
1. Je n’ai pas d’après. Je pensais débarquer ici, la joie, la bonne humeur, les tropiques, sers moi un cocktail s’il te plaît. Force est de constater que l’humeur est, sans être tendue, une peu froide. Genre comme quand tu dois mettre ton ventre ou tes couilles dans la mer. Mais après tu t’habitues. Vais-je m’habituer ?
2. On ne se connait pas. S’il me connaissait, j’aurais déjà un cocktail avec un palmier qui flotte. Nous sommes au beau milieu de la nuit et on pourrait penser qu’on est des gens normaux en soirée. À deux. Mais à vrai dire je ne le connais pas du tout si ce n’est qu’il a d’assez gros bras pour me porter. Avantage inestimable.
3. Il esquive mes questions sans à aucun moment se dire que c’est chiant. Monsieur est un monsieur. Moi je fais jamais ça, déjà, et ensuite c’est agaçant. Répond, ptn, pourquoi est-ce que tu m’as laissé ce petit papier qui pue ? Tu feras jamais les beaux-arts Cyan, j’espère que c’était pas dans tes plans.

J’aurais dû laisser tomber et ne pas venir.
Ou me taire et ne pas le vexer. Parce qu’il est colère là un peu. Il prend même le temps de vider son chargeur et ranger les balles.

-En effet, merci du conseil. On ne va pas s’éterniser maintenant que tu m’as retrouvé. J’éviterai aussi de te fournir un indice la prochaine fois. Même si je dois avouer que tu as été très efficace.

Oooooooooooooook. Okay. Bien. Peut être qu’il regrette que je sois là mais qu’il n’ose pas juste m’égorger sur le parquet - parce que ça tâche. Qu’il regrette d’avoir laissé ce papier. Mais en même temps il parle d’une prochaine fois, ce qui est chelou, parce que j’ai pris son papier pour une invitation.
Sans papier, je n’aurais absolument pas pris la peine de le chercher parce que j’aurais pris ça pour un clap de fin. Rideaux baissés et puis c’est tout. J’suis pas une forçeuse, tu m’embrasses et tu te casses, your bad.
Bon, my bad aussi, mais j’vais pas te chercher pour débarquer genre coucou c’est moi.
Coucou rien du tout.

J’ai envie de partir un peu.
Olive, revient.

Et là (cette soirée c’est de pire en pire, je vous jure) il prend une lame et me l’agite sous le nez. Déjà, j’ai pas besoin d’être menacée pour avoir peur de lui, déjà, qu’il le sache, et ensuite, comment est-ce que ça a pu immédiatement déraper ? Genre, j’étais tranquillement assurée que ça allait être fun, et en fait pas du tout. J’aurais dû juste me taire en plein - j’ai toujours été du genre à trop parler - et attendre que lui il parle.
T’façon il répond même pas à mes questions ce gros con.

-Elles sont là, mes armes. Juste là. T’en auras peut être prise deux ou trois en même temps que moi. Et puis quoi. Qu’est-ce qui te fait dire que je peux pas déclencher la rune que j’ai fait sous le tapis ?

Wooooow, mais stop l’agression pélo. Je blaguais.
Pim pim poum.
Du coup, je ferme totalement ma gueule. Genre à 100%. Mouchée la petite Rhyan.

-Mais j’ai pas oublié qui tu es, si c’est ce qui te vexe. J’suis venu te chercher à la bibliothèque en neutre, j’aurais espéré que tu me retournes la faveur. Si tu m’attaques, bien sûr que je riposterai.

Mais entre nous deux, honnêtement, qui fait le plus de plans sur la comète ? Lui ou moi ? Je demande l’avis du public. Mec, t’as un arsenal dans ta maison, un, ar, se, nal. Tu pourrais tenir un siège avec tout ce qui s’étale sur la table.
J’attaque rien du tout moi. Depuis l’IBMM aussi, j’ai plus vraiment envie de faire la maline, ils m’ont rechargée à bloc pour que je puisse vite répondre aux questions, confirmer la version d’Alcott, etc, mais j’ai l’impression qu’en vrai, ils m’ont juste jeté de la poudre aux yeux. Simje a marmonné quelque chose à ce propos mais n’a pas voulu aller plus loin. Paraît qu’il faut pas trouver cracher sur les gentils, même quand ils font des trucs moyennement gentil. C’est en se regroupant pour cracher sur les méchants qu’on trouvera notre force commune. Avenger’s style.

Il est tout près, et c’est cool. Il a sa main sur un un chargeur. Moins coo;

-Ce qui m’amène à la question suivante : maintenant que tu es là, c’est quoi le plan ?

Très bonne question, ça nous ramène immédiatement au problème numéro un. Je n’ai pas de plan MAIS, j’ai beaucoup trop de fierté pour dire « j’sais ap, je devrais partir d’ailleurs » et hop fuir. J’ai pas apprécié qu’il s’en aille mais il aurait été idiot qu’il reste.
Il est parti quand même.
Le plus lâche des deux c’est lui. J’ai envie de lui redire que c’est LUI qui avait dit qu’il resterait, que c’est LUI qui ne l’a pas fait mais que c’est LUI quand même qui a laissé un papier après que LUI m’aie sauvée après que LUI m’ait rejoint dans la bibliothèque.
Voyez, rejeter la faute sur les autres est une sorte de passion.

A qui est-ce que j’essaie de mentir ici ?

J’aimerais prétendre avoir besoin d’une bière mais je suis une grande fille et je n’ai pas besoin de me cacher derrière l’alcool. Je pose la première lame sur la table et détache la seconde avant d’enlever le cuir contre ma jambe qui la maintenait en place. Je hausse les épaules et dit comme excuse :

- C’était au cas où je tombais sur Olive.

J’ai les jambes qui se balancent sous la table comme une enfant de six ans, mais je saute pour me retrouver face à lui. J’écarte les mains, signe de drapeau blanc.

- Neutre.

Vraiment ?
Je m’humecte les lèvres, les yeux rivés dans les siens.
Il fait presque vingt centimètres de plus que moi mais je m’en tape, j’ai tout le courage du monde entre mes mains. Je me mets sur la pointe des pieds et l’embrasse.

Je pourrais dire que je n’ai pas réfléchi mais ça serait faux, hurler que je suis sûre de moi mais ça serait faux, murmurer que j’y ai déjà pas mal pensé.
Peut être que ça serait vrai.

De toute façon, est-ce que je le savais pas d’avance ? Qu’il était hors de question que je me laisse porter dans une vie facile et sans remous ? Que j’ai besoin d’aller où je veux quand je veux sans attaches, que je ne suis ni raisonnée ni raisonnable.
Ni fiable ni digne de confiance.
Faut faire avec ce qu’on a et ne pas prétendre ce qu’on n’a pas, n’est-ce pas ?
Je ne suis pas loyale envers Orpheo ni envers qui que ce soit et je me sens plus présente en cet instant que depuis des mois à errer sans me souvenir de rien, traversant les missions sans vraiment m’en rappeler.

Oh boy.
Ne me repousse pas ? Mais c’est moi qui repousse cette idée et je laisse ma tête et mon ventre s’emplir de ses lèvres sur les miennes. De moi, qui suit bel et bien là et de lui, qui est bel et bien réel.

Réel.

Pas humain, pas bien, pas honnête, pas juste, pas gentil, pas du bon côté du monde.

Réel.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptySam 1 Sep 2018 - 16:47


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


Y’a plein de trucs que j’arrive pas à cerner chez Rhyan. Déjà, le fait qu’elle tombe volontairement dans un appartement de sorcier noir. L’unique sensation de se sentir en sécurité ou même d’éprouver une micro confiance pour moi me dépasse au plus haut point. La complicité et l’éloignement qui règne à la fois entre nous deux est perturbant au possible. Et puis, pourquoi lui ferais-je à mon tour confiance ? Comment est-ce qu’on peut à ce point se sentir relâché alors que chaque bout de muscle est tendu à son maximum, prêt à la moindre seconde à fondre sur son adversaire.

La proximité est aussi tentante que le bord d’un gouffre.

On fait des pas en avant et l’autre recule, pour avancer sur notre retraite. C’est comme une danse. Une nouvelle danse un peu hésitante, contemporaine. Est-ce qu’en posant ma main sur ta hanche, on trouvera un nouveau pas ? Est-ce qu’il provoquera en toi un enchaînement ? À nous de fixer le tempo. Mais pour le moment ma main est sur le chargeur et le ballet se fait encore à distance.

Sa lame tombe sur la table pour rejoindre les miennes. C’est presque surréaliste de poser toutes ses défenses en étant à ce point opposés. Orpheo et Rosenrot devraient en prendre de la graine. Just kiddin’, ma vie serait bien moins palpitante si les exorcistes n’étaient pas là. Pour nous chercher des noises ou nous pour leur en jeter sur la figure. Le chat aura toujours besoin du chien.
Comme le chien du chat. Il paraît que certains apprécient la colocation.
Elle retire sa seconde arme et détache le fourreau à sa jambe avant de le mettre à côté de moi. Entre nous.

- C’était au cas où je tombais sur Olive.

J’ai envie d’exploser de rire une nouvelle fois. Au lieu de ça, je hausse un sourcil pleinement narquois avec l’air de dire « oui, c’est ça ». Elle a apporté de quoi se défendre et je ne peux pas lui en vouloir. En fait, c’est même plutôt sain. Enfin, ça la rend pas saine pour autant, le facteur « fréquenter un sorcier noir » obscurcit largement son acte. Tout comme moi, mais j’ai jamais cherché à montrer que j’étais quelqu’un de bien. En fait, si je peux prouver l’inverse, ça a même tendance à me plaire. Jouer les méchants, c’est tellement, mais alors tellement plus facile.

Et tes pieds qui battent la mesure dans le vent comme un métronome.
Tombent sur le sol.

Elle passe devant moi et écarte les mains, offrant pleinement sa garde. Je papillonne des yeux, surpris. Non, ça arrive pas tous les jours qu’on s’ouvre comme ça devant moi. Ça me donne des fourmis dans les doigts et je dois me faire fureur pour ne pas détourner les yeux. Me concentre sur son regard. Intense.

- Neutre.

Mes yeux se plissent à mesure que mon sourire s’étend sur ma bouche. Je saurais pas dire si la situation m’amuse, m’émoi ou m’intrigue. Neutre ? Alors on est sur ce fameux terrain ou rien n’est impossible. En pleine nuit, avec un Olive partit en mission pour plusieurs jours. Est-ce que c’est vraiment un terrain neutre ça ? Je comprends avant même de la voir approcher, et de se grandir pour m’atteindre. Atteindre mon visage et mes lèvres.
Ça me rappelle à quel point le commencement était froid, distant, presque hostile. A quel point l’ambiance, tempérée ne demande qu’à se réchauffer un peu plus. C’est un baiser franc, mais pas un baiser certain. J’ignore si elle s’empêche elle-même d’agir ou si elle attend un geste de ma part. Elle était la première à battre le temps dans le vide et maintenant la mesure s’est stoppée, l’orchestre est bloqué sur un point d’orgue. A cette vitesse, les instruments à vent vont perdre leur souffle. Mais ce point d’orgue me va. En vérité, je m’en satisfais même pleinement. Je ne réfléchis pas, ou presque, focalisé sur mes sensations, sur cette autorisation mentale, sur l’ensommeillement de ces poussées meurtrières. J’ai besoin que les fourmillements dans mes doigts changent de raison d’être.

Rhyan, en qui je crois n’avoir pas confiance mais qui s’est dépouillée devant moi, après moi. Si ce n’est un léger gage de confiance, qu’est-ce que c’est ? Est-ce si difficile d’admettre que peut-être, Rhyan est un peu plus qu’une exorciste. Qu’à travers sa couverture Orpheo, dont je me sers moi aussi pour justifier mes actes, mon intérêt, je ne m’attache pas simplement à découvrir l’être vivant derrière. Admettre que peut-être, son acte de sauvetage désintéressé, j’ai un peu su m’enticher de son caractère. Que le baiser dans la bibliothèque, c’était pas juste pour m’enfuir. Qu’à travers ça, j’avais envie… non, besoin de l’attacher à moi pour ne pas me sentir misérable.

Et maintenant qu’elle est là, ses lèvres sur les miennes, je réfléchis et réfléchis, m’occupe l’esprit pour ne pas simplement m’enticher un peu plus. De son esprit. De son corps.
Et cette peur toujours démesurée de tomber dans un piège au moment où je deviendrai le plus vulnérable. Parce que dans mon esprit ce ne sera pas « avec n’importe qui », ce sera « avec elle ». Et c’est tellement pitoyable, parce que mon attitude s’efforce au plus profond d’elle de paraître détaché. C’est toujours tellement facile de détruire que de construire.
La douleur a aussi ce petit quelque chose d’agréable. Surtout chez les Soul.

Mes mains quittent alors la table pour effleurer sa taille et se resserrer sur ses hanches. L’attirer à moi pour l’enlacer. Une satisfaction monte jusqu’à mon cerveau, se libère et redescend dans mon corps, investissant mes veines, mes muscles. La chaleur atmosphérique me semble dépassée comparée à son corps. Je termine son baiser et repousse un peu la tête en arrière sans pour autant la lâcher. Observe son visage à quelques centimètres avant de poser mon front contre le sien avec l’envie déjà de me réapproprier ses lèvres. Mélanger nos respirations.

-J’aime ce genre de neutralité.

Et je ris une nouvelle fois, pas longtemps. Mais mon sourire ne désinvestit pas mes lèvres lorsque ces dernières reprennent celle adverses. Je sais à quel point c’est mal. A quel point je peux faire une grosse, très grosse bêtise. Qu’il y a des relations moins conflictuelles. Qu’on devrait de toute façon pas appeler ça une relation mais que y’a aucun mot qui me vient en tête pour le remplacer.

J’ai qu’un seul vœu.
Que tu puisses sombrer en même temps que moi.
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Exorciste Humaine
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptySam 1 Sep 2018 - 18:28



Tu veux la vérité ?
Tu ne tomberas jamais.
Il ne me repousse pas et dans l’instant. Quand ses mains se referment sur ma taille, je sais que c’est pour m’attirer à lui et pas pour me pousser. Je ne sais plus exactement ce qui compte et quand il s’éloigne de mon visage, je me rends compte que mes murs tombent. Qu’on m’a mal appris, qu’on m’a dit des choses et que l’on m’a menti. J’ai appris durant des années à agiter ces mensonges comme une baguette de sorcier pour me protéger et protéger ceux autour de moi.

Comme toujours quand quelque chose d’intense se passe je suis sur un point de rupture. On m’a appris à garder avec moi des rêves désespérés et inaccessibles pour mieux lutter contre ceux des autres. Je réalise que finalement je sais exactement ce que je fais là : j’me sens moins bancale avec Cyan qu’avec les autres.

Il recule et me regarde en souriant et je fonds, je fonds parce qu’il est exactement ce que je pensais qu’il ne serait pas. Les sorciers noirs sont violents et volontaires, ils savent ce qu’ils veulent et sont dangereux, ils violent et arrachent les vêtements, ils ne savent rien de la tendresse et de l’amour. Peut être que c’est même pas à cause de leur éducation, c’est sûrement dans leurs gênes.
Pourquoi suis-je encore habillée ?
Pourquoi suis-je encore vivante ?

Pourquoi ne suis-je pas comme les autres ?

-J’aime ce genre de neutralité.

Son sourire ne disparaît pas et il m’embrasse à nouveau. Il est hors de question que tout finisse là à nouveau. C’est moi qui me recule cette fois. Mes mains attrapent son pull dans deux côtés et je tire pour le faire passer au dessus de sa tête. Exit, le col roulé. Son débardeur moule son corps (de sorcier noir) musclé, sur-entraîné. Sa peau porte des cicatrices blanches et anciennes mais elles sont seulement sur ses bras. J’essaie vraiment de ne pas imaginer.

J'ai un peu peur.

Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer alors je fais sauter son débardeur parce que je sais ce que je veux et que j’espère qu’il le veut aussi. Mais c’est comme ça qu’on a grandi les filles, non ? Avec les gars qui pensent seulement au sexe et à nous déshabiller.
Pourtant, jusqu’à preuve du contraire j’ai encore mes fringues sur moi et pas lui. Je ne sais pas quoi penser et cette histoire m’embrouille en entier. Je sais bien que si je n’ai jamais rencontré des gens cools c’est que je n’avais vraiment, vraiment pas envie qu’on me considère ou qu’on m’espère.
J’me rends compte que Cyan en sait plus que moi que les autres avant-lui. C’est dire, tiens. C’est dire. Je l’embrasse à nouveau et mes mains passent sur ses épaules, dans sa nuque, sur son torse et dans son dos. Mes doigts effleurent une marque boursoufflée mais je ne dis rien parce qu’aucun de ses souvenirs ne m’appartient. Je n’ai rien à lui dire, pourquoi voudrait-il m’offrir des mots ? Rien qu’à l’imaginer je suis sur la défensive. Il passe mes réticences physique c’est déjà beaucoup non.

Non ?

- Ça te va comme plan ?

Sourire en coin, sourire lupin. On sait bien où on se dirige de toute façon, on n’a plus six ans. Il a quel âge d’ailleurs déjà ?
Trente-trois ? Quatre ? Cinq ?
Je crois selon le dossier dûment étudié on a presque dix ans d’écarts et pourtant je ne me sens pas minuscule ni impressionnée.
Ou presque. Un peu quand même.

Un peu quand même.

Je m’écarte pour le regarder vraiment, sans ses armes et son masque de guerre.
Sans ses fringues surtout.
Il est plus grand que dans mes souvenirs, muscles secs mais épaules relâchées. Bien bien bien. Mon ventre va exploiter. Pourquoi suis-je encore habillée ?

C’est n’importe quoi de toute façon et je le sais. J’espère aussi qu’il a la sommeil assez lourd pour que je me tire pendant la nuit. Pourquoi est-ce que déjà je pense à partir ? Pour cette pensée, si petite et si grosse à la fois ? Je me mords la lèvre.

Je suis humaine.

Est-ce qu’il s’en doute ? Est-ce qu’il s’en fou ?

J’ai soudain des milliards d’excuses pour partir maintenant. Dire, ah ah, et voilà, je t’ai bien eu. Regarde comment je peux disparaître en cinq secondes et qu’en fait je suis lavette. Ahah.

Pourquoi est-ce que j'ai peur ?

Je me dis juste que s’il l’apprend après et qu’il me fait dégager ça sera beaucoup plus violent que si je dégage maintenant. Par moi-même, avec mes propres moyens.
Mais j’ai quand même bien envie d’être là.
J’ai extrêmement envie d’être là.

Putain, il casse les couilles aussi. Pourquoi est-ce qu’il fait remonter toutes les contradictions du monde, en même temps ?

M’enfin bon. Son torse, ses lèvres et cette expression de douceur infinie m’auront et je le sais. Je le sais bien. Je me laisse juste du temps pour faire croire que je contrôle quelque chose alors que je ne contrôle rien du tout.
Que je n’ai pas non plus envie de contrôler quoi que se soit, sinon je me serais déjà taillée.

Les veines ?

Ahah.

Si Orpheo apprend ça les mecs, je, suis, totalement morte. Je ne donne pas cher de ma peau, surtout pas avec les conservateurs au pouvoir en Allemagne. Étrangement, ils semblent avec tous les dossiers en ce moment.
Mais le moment n’est pas à eux.

Le moment est à moi.

A nous ?

Pourquoi est-ce que j'ai autant peur ?

- Hé, Cyan.

Je hausse les épaules et je détourne le regard. J’ai confiance en lui et ça me fait mal. Ça me vrille le ventre de l’admettre et ça me serre la gorge et, même si c’est la vérité, j’ai besoin de l’entendre dire.
Même si ses paroles ne veulent rien dire. Même s’il ment, même s’il l’a déjà fait.

- Ce soir, me trahit pas.

Alors regarde moi dans les yeux et mens-moi.
Mens moi et emmène moi dans ta chambre.
Demain je serais partie, tu pourras tenter de me planter dans le dos.

Pourquoi est-ce que j'ai aussi peur ?

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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptySam 1 Sep 2018 - 22:50


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


Est-ce qu’en étant méchant, on est censé suivre un schéma tout tracé et garder la violence au-dessus du reste ? Je veux pas être ce genre de méchant. Je veux être un méchant intelligent, qui sait quels temps sont à mettre sur le compte de la violence, lesquels sont à mettre sur ceux de la tendresse.

J’ai l’espoir de penser qu’il s’agit d’un moment de tendresse.

D’où je l’observe, un peu plus en hauteur, l’envie me prend de vouloir passer mes mains dans ses cheveux, m’imprégner de son odeur. Mais mes mains restent à leur place et je respire son souffle comme un air oublié. Je me plais à penser ce qu’il pourrait arriver mais une boule d’angoisse se forme dans mon estomac, s’acidifiant encore un peu plus. Qu’est-ce qui me fera croire qu’elle ne cherchera pas à m’étrangler. Je pourrais certainement reprendre le dessus, mais le problème de la magie, c’est que l’issue d’une bataille à mort n’est plus déterminée que par la force physique. Et ça me tue, parce que ces scénarios tournent en boucle, incessants, comme ces parents qui, passé l’âge de raison, te martèlent qu’il faut te protéger. Oui maman, oui papa. Mais je n’ai plus quinze ans, ou moins. Et père ou mère n’ont jamais fait mention de ce genre de choses. Les sorciers noirs m’ont en revanche martelés qu’il fallait toujours avoir l’avantage. En toute circonstance.
Mais j’ai pas envie d’avoir l’avantage, seulement d’expérimenter, à deux. Rien qu’à deux.

D’ailleurs, à l’instant où ses mains se posent à la base de mon pull pour l’enlever avec une rapidité étourdissante, j’ai désespérément envie de l’embrasser de nouveau. Pas seulement sur la bouche. Passer mes mains sur ses courbes pour en déterminer les angles et les ancrer dans ma mémoire, si bien que même les yeux fermés, je puisse la reconnaître.

Mais alors que mon imagination me porte à deviner ces mêmes courbes, je vois passer mon débardeur par-dessus de ma tête. J’ai toujours ce beau sourire sur le visage, un peu trop doux, un peu trop attaché et calme pour bien m’aller. Je ne sais pas. Peut-être que j’ai juste l’air effrayant. Peut-être qu’elle va se barrer en pensant que j’ai un regard de psychopathe. Peut-être que j’ai vraiment un air de psychopathe. Mais je respire bien. A vrai dire, j’ai l’impression que son odeur embaume l’air. Mais j’ai aussi peur qu’un simple souffle suffise à tout briser. Est-ce que tu penses à moi autant que je pense à toi maintenant ?

Elle m’embrasse et je réponds à son baiser avec tout ce que mon âme est prête à libérer pour cet instant. Ses mains passent sur ma nuque et l’espace d’un instant j’ai envie de tout arrêter. C’est pas bien. Pas pour l’éthique, pas pour Rosenrot, pas pour les Soul ou mon père certainement furieux, ni même pour Olive. Pour moi, c’est pas bien. Faut pas que ça aille plus loin. Mais je n’arrive pas à m’arrêter. J’arrive juste pas à passer ma main sur son cou. Je suis tellement sur les nerfs, tellement impatient et paradoxalement stoïque que je sais vraiment pas ce qui se produira. Alors, je cherche des zones plus sécuritaires, repasse mes mains sur ses hanches et remonte sous son t-shirt. Le contact de sa peau douce est agréable et me tente à remonter un peu plus haut mais je ralentis à l’instant où elle murmure presque.

- Ça te va comme plan ?

Sa voix brise la douceur dans laquelle je m'enveloppais petit à petit.
On va juste se faire mal.

Je suis tellement sur la défensive dans ma tête que mon visage amoureux va finir par tomber. Avec Olive à ma place, ça aurait pu marcher, lui qui suit ce que son cœur commande. Mais pas moi. Moi je pense. Beaucoup. Le cerveau il a les commandes et tôt ou tard, il va revenir à la charge. Disons que je me contrôle si bien que c’est, dans l’instant, un handicap certain. A rouler ma bosse sur des « et si ». Mais on ne refait pas le monde sur des « et si ». C’est utile en mission. C’est inutile quand tout ce qu’il y a à penser, c’est comment vivre le moment. Sans réfléchir, justement. Et ma réponse qui tarde à se faire entendre. Elle se recule donc, mes mains retombent, presque molles bien que tendues à en craquer. Tôt ou tard dans ma tête, je penserais « elle ou moi ». J’aimerais lui dire qu’elle a rien à craindre, mais ce serait davantage pour me rassurer qu’autre chose. Qui croirait un sorcier noir qui sortirait de lui-même qu’on a rien à craindre de lui ? Personne. Surtout pas Rhyan.

Et puis surtout ça craint. J’ai l’air de quoi comme ça ? D’un gars complètement impuissant. D’Edward dans ce navet de Twilight, qui a trop peur de blesser la belle Bella et qui est même pas capable de l’embrasser. Et bordel, si y’a bien un gars à qui j’ai pas envie de ressembler, c’est bien à lui. Prends sur toi et bouge-toi quoi. Surtout que j’ai pas de supers-pouvoirs. Enfin, je maîtrise suffisamment mon onde de choc pour pas la déclencher comme ça.

Ok. C’était vraiment pas la peine d’aborder le fait que je puisse devenir une bombe ambulante.

Je me suis refroidi d’un coup. Ouais, j’suis lâche, pour changer tiens. D’abord, elle me sauve et j’ai l’air d’une lavette, ensuite j’en tombe amoureux et ensuite j’suis lâche au moment où y’a même plus besoin de se prendre la tête. Pourtant, dieu sait combien sont passées avant elles. Ça a toujours été facile. Mais voilà, ces nanas je les aimais pas alors mes critères de réussite ils étaient pas bien élevés. Et c’était surtout pas de putain d’exorcistes.
J’ai plus qu’une envie, c’est de lui cracher à la figure qu’elle revienne plus. De toute façon, bloqués comme ça l’un face à l’autre, ça s’est déjà arrêté non ? On est bon qu’à ça après tout. Se murmurer qu’on pourrait aller plus loin, se surprendre à l’espérer et puis rester sur notre faim parce qu’on capte qu’on est beaucoup trop cons. Et que c’est dangereux. Que les relations de confiance comme ça, ça suppose deux personnes avec des points communs et surtout une base de valeurs communes.

Qu’est-ce qu’on a en commun ?

- Hé, Cyan.

Est-ce que je lui ai pas déjà dit de pas m’appeler comme ça ? C’est au moment où je relève les yeux sur elle que je me rends compte qu’ils fixaient le sol jusqu’à présent. Sérieux. Surtout perdus. Là, face à l’autre. En tendant les bras, je pourrais peut-être l’atteindre. La nuque. Ça a toujours été une obsession chez moi cet endroit. Pourtant je l’ai déjà embrassé en posant mes mains sur son visage et son cou. Mais aujourd’hui, ça me semble impossible. Parce que j’en voudrais plus, parce qu’elle pourrait vraiment le prendre sérieusement, qu’on pourrait se retrouver à côté, dans la chambre, en un claquement de doigts. Et qu’après, si l’excitation monte, que ça se mêle trop avec l’adrénaline, j’vais peut-être plus différencier le bien du mal. Je sais être tendre. Mais une peau reste une peau et la mienne en a touché des centaines dans un esprit morbide.
Et le pire, le pire de tout ça, c’est qu’en faisant un petit effort tout pourrait simplement bien se passer.
Pour peu qu’on m'ôte mon cerveau.

- Ce soir, me trahit pas.

Je serre les dents. J’ai envie de lui hurler dessus, prendre ses lames et lui les lancer, mais je m’efforce de les garder au stade de pensées. Ne pas la trahir. Ne pas la trahir. Répété en boucle, je fais passer cette phrase par-dessus mes réflexions. Et nous nous fixons.
Est-ce que j’en ai envie ? Plus que jamais.
Mais je sais pas faire autre chose qu’être mesuré.

J’ai envie d’être le pire des salauds.
Peut-être qu’elle me giflera, peut-être qu’on va finalement les prendre, ces armes. Peut-être qu’elle claquera juste la porte ou passera à travers le plancher. Je m’en voudrais. Terriblement, mais la tête elle reprendrait le pouvoir et ce sera un lointain souvenir désagréable. Je suis juste terriblement effrayé. Pas seulement pour ce que je pourrais lui faire, mais aussi pour ce qu’elle pourrait me faire. J’écoute bien plus que de raison, guettant l’éventuel exorciste tapi dans un coin prêt à me sauter dessus lorsque j’aurai baissé ma garde. C’est vrai, qui viendrait délibérément jusqu’en Tunisie juste pour coucher avec quelqu’un du camp opposé ? Ça n’a aucune logique. Si ça se trouve, c’est aussi une mission. Peut-être que c’est son but, de me rendre vulnérable face à elle. On pourra m’attraper plus facilement. C’est une méthode qu’on sait bien utiliser chez nous et Rhyan a dû expliquer quelque chose à ses supérieurs pour qu'ils comprennent la raison de sa présence dans un IBMM à des kilomètres du lieu du drame. Peut-être qu’ils profitent. En fait, ça ne fait plus aucun doute.

Encore une fois, mes yeux s’étaient concentrés sur le sol. Je les relève une énième fois, difficilement, blessé. Enragé à l’idée de m’être fait avoir comme un bleu à ce jeu de séduction. Enragé de vouloir même encore maintenant lui ôter ses vêtements et l’emporter un peu plus loin, avec moi.
Pour construire un Nous.

Mais je suis mortifié. Lorsque je la fixe, c’est un autre sourire qui transparaît. Offensé, acide, agressif presque.

-Alors c’est comme ça que ça se passe. Orpheo se lance dans les missions séduction. P’tin et j’suis complètement tombé dans le panneau.

Et ça me mutile un peu plus de l’avouer. Rhyan, t’imagine sans doute pas à quel point quand t’es là, y’a plus rien d’autre qui tourne.
Je veux plus la voir. Je veux oublier tout ça.

Je passe une main dans mes cheveux et me rassure de l’autre en la posant sur le manche d’une lame à proximité. La serrant comme si elle était la seule à pouvoir m’apporter un quelconque réconfort. J’ai tellement la haine que la phrase est balancée d'elle-même comme un coup de fouet.

-Sors d’ici.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyDim 2 Sep 2018 - 1:55




Leak my skin
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Je vois bien que quelque chose ne prend pas. Ses mains restent sur mes hanches sans explorer, pataudes, trop lourdes peut être pour être soulevées. Mais je ne comprends pas tout de suite, ou ne veut peut être pas comprendre. Suis-je responsable de mes oeillères ?

Il ne répond pas.
Ce plan ne lui va pas, ma présence non plus. Il ne me regarde plus dans les yeux et je pince mes lèvres alors que la situation se plombe de plus en plus. Paraît qu'il faut qu'on s'habitue à un printemps sans hirondelles, les colombes du matin ont désormais du plomb dans l'aile ?
Je déglutis.
Ça craint.

Il est torse nu dans son propre appartement mais il à l’air subitement infiniment malheureux.

Infiniment malheureux.

Je vois bien qu’il joue avec lui même et le yoyo dans son esprit semble infernal. Je pèse mon avenir et mes chances de survie dans cette petite pièce et j’aimerais qu’il choisisse le moment. Le maintenant. Qu’il s’accorde un bout de présent sans penser que nous étions des ennemis jusqu’alors et que je pourrais le trahir juste après. Je ne sais pas exactement ce que j’ai dis ou fait, ou si une idée a subitement germé dans son esprit mais nous ne bougeons plus d’un pas. Je fais rouler les muscles de mon dos, tire et relâche en sentant affleurer les douleurs fantômes de la plaie.

Addiction à la douleur pour se raccrocher au moment.

Je me sens un peu partir et retourner en moi même. Je suis l’idiote face au bourreau qui va décider. Allez Rhyan. J’aimerais ouvrir la bouche mais j’en ai déjà trop dit, j’essaie de scruter son visage mais à nouveau il regarde le sol, je n’existe pas. Il est dans ses spirales infernales à lui et ses cercles de l’enfer ne lui laissent aucune chance. Quand il lève à nouveau les yeux je fronce les sourcils mais quand il sourit je recule d’un pas mesuré et léger.

-Alors c’est comme ça que ça se passe. Orpheo se lance dans les missions séduction. P’tin et j’suis complètement tombé dans le panneau.

Okay ça pue, je recule d’un autre pas, me mettant légèrement de profil au cas où il décide subitement que je suis une traitre et qu’il faut m’abattre. Sa main se lève alors que mon coeur tambourine dans mes oreilles. Boum boum boum boum boum. Quand a-t-il switché ?

Quand seulement a-t-il décidé que j’étais l’ennemi ?

Sa main retombe sur une lame. Je ne sais pas s’il se rend compte. Les deux miennes sont sur la table à côté de laquelle il est. Je suis à des kilomètres de toute défense et de toute option. Il me coupe la sortie et toute potentialité de survie.

-Sors d’ici.

Oh.

Je sursaute alors qu’il lâche ses mots comme il lâcherait les chiens sur moi. Si je me fonds dans la rue, qu’est-ce qui me dit qu’il n’en profitera pas pour me suivre ? La petite blonde idiote qui voudrait se fondre dans les rues mais qui n’a nulle part ou aller. Rhyan qui se fait pister et descendre, le nez dans la terre chauffée à blanc, de dos, par le plus lâche de tous les Soul.

Parce que c’est ce qu’il est, non ?

Si je prends le risque de partir sans armes, c’est gros. Olive est-il vraiment parti ?
Mon cerveau fonctionne à toute allure. Je n’ai pas vraiment d’option, finalement, si il a décidé que c’était fini.

- Non.

Okay, ce n'est pas exactement ce que je voulais dire. J'aurais voulu continuer genre "non, à moins que tu me rendes un gun et des armes blanches pour ma survie, tu vois" mais ma gorge s'est serrée et je me suis tue. La situation est absurde.
Parce que qu’est-ce que je peux faire d’autre ? Il est hors de question de me faire tirer comme un lapin dehors. J’ai envie de lui hurler dessus comme dans les films, quand les gens se jettent des trucs à la gueule, déforment leur visage pour crier plus fort, les bouches grandes ouvertes et les yeux plissés.
Mais je ne sais pas faire ça. Je lui montre mes paumes vides.

- Si tu voulais pas que je vienne ici, fallait pas me laisser ton papier débile. J’ai pris ça pour une invitation, my bad.

J’ai terriblement envie de le gifler. Ne m’embrasse pas trois fois pour me sortir l’excuse la plus pourrie qui ait jamais existé.

- Si t’as trop peur pour faire ça, très bien, mais putain, je mérite une meilleure excuse qu’Orpheo quand même, non ?

Je m’approche de lui, mais j’ai pas les couilles de le gifler. Je pointe un doigt accusateur sur lui et taptap ce doigt contre ce torse. J’ai l’air de Winnie l’ourson qui s’énerve contre Hulk mais mon visage est froid, fermé. Toute la rage du monde siffle entre mes mots. J’entends les fenêtres qui claquent avec violence sur les battants. Je perds le contrôle de mon don mais pas de ma voix, glaciale et cruelle.

- Tu comprendras que l’idée de me faire tirer comme un lapin, seule, dans la rue, ne me tente pas des masses, n’est-ce pas ?

J’ai autant envie de m’arracher les cheveux que de le gifler maintenant. Je suis incroyablement proche, assez pour voir les plis de sa bouche et ses grains de beauté et ce regard implacable. J’ai envie de me glisser pour prendre une lame. J’ai besoin de lui gueuler que je suis humaine et qu’il peut y aller, que c’est le moment de me laisser m’étouffer avec mon sang sur le parquet. Mais je pense que dans l’instant, je me déteste plus moi que ce que je le déteste lui. Il est bien dans son rôle, non ? Le méchant qui ne fait pas confiance, égoïste et mesuré, de ceux qui ne perdent jamais. Je suis l’écervelée qui meurt dans les films d’horreur et j’en ai du mal à respirer.

Genre je fais jamais confiance à personne et je lui fais confiance à lui maintenant ! Mais quel choix, Rhyan, quel choix. T’aurais presque eu plus de chance de réussite d’avoir Simje. C’est dire ! 0/20 pour les deux, environ.

- Je suis bien conne d’avoir cru en toi, je souffle.

Mes mains tremblent et je plante mes ongles dans mes paumes. Je jette un léger regard sur mes armes, posées innocemment. Le moment où deux jeunes gens normaux s’embrassaient est passé et il ne reste plus rien maintenant. Il a tout fait flambé pour se rassurer et se tenir chaud dans son rôle de sorcier méchant, méchant, méchant. J’ai envie de lui faire du mal comme là, il me rejette comme une pauvre meuf. Mais c’est lui qui a peur et c’est tout, il pourra se le cacher autant qu’il veut il est le lâche.

Mais c’est ça le pire.

C’est que je ne suffis pas. Il s’est même pas dit qu’il fallait profiter de moi, qu’on aurait pu coucher pour qu’après il puisse me jeter. Il n’y a rien à tirer de la petite Rhyan, inutile soldat parmi les rangs d’Orpheo.

J’ai un goût de cruauté sur la langue, j’ai envie de me venger et de l’atteindre. De le transpercer et de me prendre mon pied. Mais les armes sont de son côté et mon seul espoir réside en ce qu’on a eu pendant quelques secondes.

Quelques secondes.

Il a fait flamber du rien, pourquoi ai-je déjà envie de lécher mes plaies ?
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyDim 2 Sep 2018 - 13:49


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


C’est comme un script. J’en lis les lignes sans dévier, bien éduqué. J’entre dans mon personnage jusqu’à m’oublier, rejeter mes sentiments. On m’a demandé de devenir un sorcier noir, à haïr mille choses mais pas à en aimer. Mais alors comment faire ? Comment réguler ces sentiments se répandant bien trop vite dans mon organisme, écho sourd au visage face à moi ? Me mentir. M’en référer à ce que l’on a su m’inculquer. Alors, c’est avec une certaine routine que mes yeux s’abaissent pour mieux décrypter les textes gravés dans le sol. L’excuse d’Orpheo est tendue sur un plateau doré et mon esprit s’en saisit à pleine main. Il relie les liens manquants, s’active à sa tâche pour me dissuader d’une quelconque folie.

My life is a musical
I know how to put on a pretty pathetic show

La honte d’être pris au piège me scie la gorge et je ne préoccupe même plus du premier à l’avoir déclenché. C’est comme ça. La tension n’a jamais cessé d’être présente. Toujours elle revient à la charge, liquide épais prêt à inhiber les sensations confortables et propulser l’inhospitalier. Comment s’intéresser aux petits points lumineux dans une mare de pétrole. Comment trouver le calme lorsqu’on est recherché, lorsqu’on a déjà frôlé l’arrestation. Lorsqu’on l’a même déjà vécu une fois. J’ai été sot de penser que s’ouvrir dans ces conditions allait être un jeu d’enfant.

I hide backstage
Keep the curtains closed

Et puis Rhyan. Rhyan qui est encore là, malgré mes mots. Malgré mon ultimatum. Elle n’a pas à parler. Juste à partir. J’ai juste besoin d’être seul. De me dire que c’était la bonne solution. Qu’au moins, nous ressortirons tous deux vivants de cette aventure. Mon incroyable capacité à me mentir saura reprendre le dessus, reconstituera un puzzle avec d’autres pièces pour que je l’oublie. Que je la haïsse. Parce que c’est tout ce dont je suis capable.
Parce que c’est le plus facile.

‘Cause i’m scared,
I’m scared.

Sors d’ici.

- Non.

J’inspire profondément et mes muscles déjà bandés s’accordent volontairement pour lui lancer quelque chose. Je serre les mâchoires, les poings, remercie Dieu de m’avoir fait méticuleusement décharger toutes les armes à feu de proximité. Elle aura le temps de s’enfuir. C’est tout ce qui compte. Je ne la poursuivrais pas. C’est la seule bonne chose dont je sois capable. Mais qu’elle parte. Qu’elle disparaisse de ma vue. Est-ce donc si difficile ?

Ses paumes ouvertes dirigent mon attention sur elle. Ses doigts fins. J’ai envie de plonger ma paume dans la sienne, remonter son avant-bras, son bras, sentir sa chair de poule et les frissons parcourir sa colonne vertébrale. Je veux la prendre dans mes bras et lui ôter à mon tour son haut, l’emmener dix pas plus loin et la poser sur mon lit.
La frustration n’est qu’un bras de plus pour pousser ma colère vers l’avant.

- Si tu voulais pas que je vienne ici, fallait pas me laisser ton papier débile. J’ai pris ça pour une invitation, my bad.

C’était une invitation. J’avais vraiment, vraiment envie que tu me retrouves.
Et maintenant que t’es là, il n’y a que toi dans mon esprit.
Mais c’est un mensonge. S’il n’y avait que toi, j’aurais pas foutu la merde. Je t’aurais répondu « oui » quand tu m’aurais demandé si ça me va. On ne serait pas ici à se fixer avec une violence inouïe, dans l’attente du premier pas, mais pas de celui qu’on s’était attendu à recevoir. En réalité, tout ce qu’il y a dans mon esprit, c’est moi. Moi, moi et encore moi. Il n’y a jamais eu la place pour quiconque d’autre. Peut-être un peu pour Olive et ça dépend, encore.
Fallait peut-être pas que je te laisse ce papier débile, en effet.

- Si t’as trop peur pour faire ça, très bien, mais putain, je mérite une meilleure excuse qu’Orpheo quand même, non ?

La peur. Se l’avouer, enveloppé dans son égo, c’est un petit pas. Une piqûre de moustique qui gratte sans démanger, qu’on oublie pour mieux se faire piquer la nuit suivante. L’entendre de la bouche de celle qu’on pourrait estimer le plus en ce moment, c’est une autre paire de manche. En comparaison, c’est une morsure de veuve noire. Est-ce que j’ai trop peur, est-ce que je m’invente des histoires ?
J’ai l’air si lâche que ça ?
Est-ce qu’on peut revenir en arrière ?
Ou avancer, très loin, vers le futur ?

C’est pas Orpheo. La fureur, le ressentiment, j’ai beau pas être empathe, avoir une capacité proche de zéro à déterminer les sentiments des autres, je les ressens. Des souffles irréguliers, tantôt brûlants, tantôt glaçants. Alors qu’elle s’approche de moi, les fenêtres claquent brutalement et je sursaute. Il y avait une tempête de prévu ? Je me recentre sur elle. C’est sans doute elle, la tempête. Elle, la pluie et l’orage en mission. A quel point son esprit se sent-il bafoué pour que son don s’exprime.
Jusqu’à quel point puis-je la blesser sans trop en subir les répercutions ?
Jusqu’où suis-je prêt à aller pour la croire ?

Je suis le plus entraîné, peut-être le plus fort, le plus âgé et pourtant c’est moi qui ai le plus à craindre. Ça n’a aucun sens. Je m’enfonce à mesure qu’elle me prouve à quel point ma lâcheté n’a pas de limite. Mes peurs sont fondées, mais c’est le cas pour chacune, à nous de réguler la balance et les classer par ordre d’importance. Je me suis trompé dans mon jugement et ça ne l’a que plus blessé. Je sais qu’il y aura un point de non-retour, sans avouer qu’il pourrait très bien être déjà atteint.
C’est pas un hasard après tout si j’ai toujours aimé tuer le Vivant sans m’intéresser à son fonctionnement.
C’est mieux de croire qu’on est le seul à pouvoir ressentir.

Elle pose son doigt sur mon torse et chaque pression me fait me sentir un peu plus idiot. J’ai envie de le lui craquer, son doigt, de lui dire à quel point elle a tort. A quel point je pourrais tenir à elle, même si elle ne veut pas tenir à moi, à quel point je sais être amoureux et à quelle vitesse ça peut devenir sérieux.
Mais c’est plus le moment, non ? Parce que c’est moi qui l’ai rejeté.

- Tu comprendras que l’idée de me faire tirer comme un lapin, seule, dans la rue, ne me tente pas des masses, n’est-ce pas ?

Comme si j’allais le faire.
J’en suis pas capable, hein ?
On se regarde, à quelques centimètres à peine. Ça n’a rien à voir avec notre dernier rapprochement. Je sais qu’en tentant de l’embrasser une nouvelle fois, elle giflera une bonne fois pour toute. Peut-être que c’est ce que j’attends. Me complaire dans la violence, en me persuadant du contraire. Les chiens ne font pas des chats. On aura toujours notre éducation en tête, et le passage d’une fille dans sa vie ne réparera pas tous les dommages d’une jeunesse exigeante et disciplinée.
J’ai peut-être besoin d’apprendre à nouveau, avec mes codes.

- Je suis bien conne d’avoir cru en toi.

C’est à ce moment en général que le rideau tombe, n’est-ce pas ? Qu’on signe la fin d’une pièce et que les acteurs se tiennent les mains pour avancer et saluer le public. Est-ce qu’on peut se tenir les mains et dire que ce n’était qu’une pièce de théâtre ? T’as cru en moi et j’ai rien su faire d’autre que me défiler. Je reste plongé dans mes paradoxes à ne savoir ni avancer, ni reculer. Je sens sa douleur et je continue à me dire que j’ai plus à perdre qu’à gagner. Que m’excuser, ça ne changera rien. Que ça ne sert à rien d’essayer, même. C’est comme si on ne parlait plus la même langue, ou que l’illusion d’avoir circulé sur la même tonalité disparaissait brutalement.
Et que tout ça, c’est de ma faute.

I’m gonna burn this theatre down
And pray to God for the strength to help me face the crowd

Je pose ma main sur les lames de Rhyan. Prêt à les lui rendre, à les lui déposer dans ses paumes ouvertes. Tant qu’à assumer mon importante charge de responsabilité, au moins devrais-je clore la scène et garder la logique de mon personnage. Cesser de fluctuer de l’envie à la peur, garder la demoiselle dans ma cage en la secouant de droite à gauche jusqu’à temps qu’elle me morde. J’ai pas l’habitude d’être comme ça. Moi-même, je ne comprends pas. Je me retrouve entouré de mes dizaines d’excuses, appréciant les bomber, les grossir pour les rendre légitimes.
La blesser ? Et puis quoi encore, j’suis un monstre à ce point pour être incapable de me contrôler ?
Papa Soul ? Papa Soul aura toujours le dernier mot de toute manière.
Orpheo ? Bordel, Olive vient juste de partir, à trois exorcistes bien entrainés, je serais déjà au sol.
Pourquoi je suis aussi effrayé, alors ?

J’ai peur que tu m’aimes jamais comme moi je pourrais t’aimer.
J’ai peur de sombrer et me fondre dans un rôle trop petit pour moi.

I wanna live like a lost the script
And scream every line like « this is it »

Les lames sont poussées au loin, entraînant sur leur passage quelques-unes des miennes, qui tombent de la table dans un bruit sourd, bloqués par l’isolation du tapis. Je regarde toujours ses mains et ferme un instant les yeux pour prononcer :

-T’as raison. J’ai peur.

J’entretiens mes propres démons dans un joli jardin intérieur, afin qu’ils soient prêts le jour où j’aurai besoin d’eux pour me protéger de l’extérieur. Des moments comme aujourd’hui. Je lève un peu la main pour les passer dans ses cheveux mais me stoppe à mi-chemin. C’est peut-être le moment de me faire gifler.

-J’ai peur de pas pouvoir m’arrêter. J’ai peur que t’ai juste envie de ça et que je me retrouve à en vouloir plus. Je veux pas croire en toi parce que c’est encore facile de s’arrêter et de s’oublier. Je voulais que tu me gifles, qu’on en finisse, que j’ai une vraie raison pour te haïr, mais t’es toujours là et…

… J’ai vraiment, vraiment envie de toi.
Je me mords la lèvre si fort qu’elle en devient blanche et engourdie. Elle peut bien me traiter de tous les noms à présent. Mon masque est tombé. Le cerveau réfléchit mais se trouve curieusement apaisé, fatigué d’avoir construit tous les scénarios et heureux d’en avoir terminé avec ce travail. Ma main se serre et revient en arrière. J’ai pas le droit de la toucher, pas le droit d’être ce gros trou du cul pas foutu d’écouter les sentiments d’une femme et rester bloqué sur son propre Moi.
Je dois être vrai, pour une fois. Il n’y a personne pour nous regarder, personne pour nous juger.
Elle n’est pas mon ennemie.

-Je suis désolé… Rhyan.

Et je ne lui mens pas. Je pense ce que je dis. Même si j’espère de tout cœur qu’elle me pardonne, je sais qu’il faudra que je garde la tête basse même si elle juge que ça n’en vaux plus la peine. Il faudra réprimer l’ego et tout le reste et agir intelligemment.
Qu’est-ce que je dois dire de plus pour que tu ne partes pas ?

-Alors reste, s’il te plaît.

Je crois que je me suis jamais senti aussi pathétique de toute ma vie. Ma voix ne chevrote pas, mais elle est incertaine.
Crois encore en moi.
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Rhyan L. James
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyDim 2 Sep 2018 - 16:22




SORTEZ MOI DE LÀ
Sortez moi de là. Sortez moi. De là.
A nouveau, il ne répond à rien, il ne bouge pas, ne s’affirme pas. J’ai l’impression de l’écraser subitement de tout ce que je suis - ce qui me donne passablement envie de disparaître. Je suis habituellement la tornade et la personne en face est là pour tout arrêter. Me forcer à arrêter, m’attraper pour que j’arrête de tourner en spirales. Shybaï excelle dans le sujet, Simje aussi, Cyan m’emporte juste dans la sienne. Moi, j'arrête jamais les tornades, je les regarde passer, au mieux. J'aime bien quand les gens perdent complètement l'esprit.

Il faut que je sorte d’ici.

Il pose sa main sur mes lames cette fois-ci. Mes lames à moi. Mes miennes. Je saisi bien l’ironie de la situation, si il me blesse avec ces dernières je ne pourrais pas guérir magiquement parce que c’est ce que j’ai moi-même choisi. Mais Cyan n’a plus rien du monstre destructeur implacable et froid. Il n’a plus rien du gamin qui badinait et me faisait danser dans la bibliothèque. Il n’a plus aucune consistance, bonhomme de papier mâché qu’on a aspergé d’eau. Parce que je n’ai rien fait de plus que le mouiller un peu et subitement, tout se casse la gueule.
Quand il pousse les armes subitement de la table je reste interdite, incapable de prévoir l’avenir. Quel don pratique, quand même.

Me serais-je pointée si j’avais su ?

Il ne me regarde même plus dans les yeux. Son mètre quatre-vingt semble avoir drastiquement diminué dans la pièce et le gars de trente-cinq ans n’est plus qu’un enfant minuscule qui ferme les yeux pour devoir parler.

-T’as raison. J’ai peur.

Je recule de deux pas mesurés. Les mots avant la tornade ? Va-t-on à nouveau entrer en collision ?

-J’ai peur de pas pouvoir m’arrêter. J’ai peur que t’ai juste envie de ça et que je me retrouve à en vouloir plus. Je veux pas croire en toi parce que c’est encore facile et s’arrêter et de s’oublier. Je voulais que tu me gifles, qu’on en finisse, que j’ai une vraie raison pour te haïr, mais t’es toujours là et..

Oh. Boy.
J’écarquille mes yeux face aux lambeaux de Soul qui s’affaissent. Qu’est-ce que c’est que ça ? Je sais que je choisi en général assez mal mes fréquentations mais quand même. D’abord Ichiru qui me disait droit dans les yeux qu’il prendrait soin de moi et qu’il serait toujours là (ce que je pensais apprécier à l’époque) avant de disparaître en bonne et due forme dans la nature, Matt qui me dit que si je veux il pourrait être le père de mes enfants avant de s’avérer être un sorcier noir qui se tape sa petite protégée et Cyan.

Est-ce qu’on a seulement besoin d’en parler ?

POUR UNE FOIS QUE JE NE VEUX RIEN POURQUOI EST-CE QUE TU ME DONNES AUTANT ?

-Je suis désolé.. Rhyan.

Mais désolé de quoi ? De subitement m’avoir un peu repoussée ? Oh, mec, c’est la vraie vie dehors avec des vrais gens. Qu’est-ce qu’il pense alors ? Que je suis en sucre, que je vais nianiania être blessée nianiania ?
J’ai l’impression d’avoir subitement beaucoup trop de pouvoir au bout de mes doigts et je regrette de ne plus avoir le Cyan dans la banque qui me jetait un regard fou. Qu’est-ce que j’ai fait ?

Qu’est-ce qu’il a fait ?

Si on reprend les choses telles qu’elles sont, on ne se connait vraiment pas, on est juste tels des aimants irrésistiblement attirés l’un vers l’autre et le gars, se fait un plan, mais un plan même plus sur la comète mais sur Jupiter là. Envie de plus ?
Envie de quoi, Cyan ?
Tu ne me connais pas et me connaître suffit globalement aux gens pour chill out et sortir de ma vie. Genre. On n’est pas du même camp, pourquoi prévoir ? Pourquoi déjà essayer de s’accrocher à quelque chose qu’on ne possède même pas ?

ON N'A RIEN CYAN. RIEN. DU VENT.
Putain.

Il tend les mains pour attraper de l’air comme s’il allait déjà en être privé. Depuis quand manque-t-il d’oxygène ? Comme si j’allais pouvoir lui en apporter. Il me cristalline et m’enveloppe dans l’idée de quelqu’un que je ne suis pas, mais il ajoute :

-Alors reste, s’il te plaît.

J’ai incroyablement envie de ne pas bouger, ne pas parler et simplement rester comme il me l’a demandé. Mais ça serait plutôt méchant, non ?
On avait tout pour faire quelque chose de simple : se voir de temps à autre, profiter, se jeter des saletés à la tête et repartir en faisant gaffe de ne pas se faire cramer. Mais il n’en a pas envie, n’est-ce pas ?
Et moi, qu’est-ce que je veux ?

Je ferme les yeux, soupire et passe les mains sur mon visage. J’ai envie de le secouer comme un prunier et lui dire qu’il n’avait vraiment, mais alors vraiment pas le droit de compliquer ça, d’inclure autant d’insécurité dans ce petit truc qu’on possédait alors. Ne se rend-il pas compte que notre relation n’est pas assez grande pour qu’il puisse y fourrer ses espoirs ? Ses peurs ? Je pensais être bancale mais le gars est juste affamé et terrorisé.
Qu’est-ce que j’ai fait mais surtout, qu’est-ce que je vais faire ?

Bien sûr que je vais rester. Mais pour quoi ?
Mais surtout, pourquoi a-t-il mis des mots là dessus, avec un sens ? J’aime les idées vagues, j’adoooore les non-dits, les laissés-trainés et les dénis, les « on verra plus tard » les « peut être », les je ne sais pas et les « je sais pas, on n’en parle pas ».
J’aurais définitivement dû le gifler, un grand slap dans son visage, l’insulter, me barrer. Mais j’ai toujours envie d’être là.

Pourquoi est-ce que j’ai toujours envie d’être là ?
Enfin à ce niveau là, moi aussi j’ai peur. Il va être bien vite déçu le gars. Autant vous dire que je ne l’imaginais pas vraiment vraiment comme ça; plutôt le contraire. Classique pour un sorcier noir, le petit Cyan. Ça va partir en mots romantiques ou gentils ou mignons je vais pas trop assumer.
Tout compte fait, je suis le monstre de l’histoire.
Pas que je ne puisse pas ressentir, ne vous méprenez pas sur l’idée. Mais pourquoi mettre des mots sur les choses qui se passaient si bien ? Parce que justement, maintenant, elles sont moins légères, moins faciles et j’ai l’impression que quoi que je dise, tout aura terriblement du sens. Trop de sens et trop d’impact.

Mec, pourquoi me mettre la baguette de sureau entre les mains, volontairement ?
Mon silence est effroyablement long et je me dandine d’une jambe à l’autre.

J’ai pas signé pour ça.

Nan mais ça veut dire que peut être, peut être que je peux faire de la peine à Cyan Soul (majeur et vacciné) juste en agissant comme une petite conne égoïste ?
On se rappelle que mon non-plan de base c’était d’être envolée avec le soleil ?

Qu’est-ce que j’y peux moi, si il a la résistance émotionnelle d’un nourrisson ?
Et moi la capacité sentimentale d’une petite cuillère ?

Pourquoi est-ce que je ne sais pas me téléporter ? Je pourrais revenir et dire « oups, sorry, je maîtrise pas encore très très bien la mécanique, on en était où ? »

Pourquoi tout est toujours aussi compliqué ?

Putain mais fou moi à la porte Cyan, réagit, te laisse pas avoir par MOI, PAR, MOI, c’est MOI qu’on fait tourner en bourrique d’habitude. J’ai rien fait là, juré. Il s’est auto-crochepaté et a fait des tours et des tours dans sa tête jusqu’à se convaincre que potentiellement j’étais une cible convenable pour l’Amour. Avec un grand A.

Putain.
J’ai envie de chouiner et de me plaindre que tout ça est une très mauvaise idée. M’asseoir en tailleur et dire « oula, hors de question que ça se passe comme ça. On va boire des bières et jouer à True American jusqu’à s’endormir sur ton tapis. Et au réveil, je serais partie. »

Et moi qui ne répond toujours pas. PARLE RHYAN, PARLE. Mais pour dire quoi ?
Sérieusement, que quelqu’un me sorte de là.

- Cyan, je..

C’est un excellent début, mais tu n’as pas de suite. N’est-ce pas ?
Bravo.
J’ai envie de juste l’embrasser, bam, le trainer au lit, bam, on baise, mais on s’étoufferait bien vite dans l’océan du plus gros non-dit de l’histoire. J’adore ça, me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, mais ça serait malsain quand même.
Puis la stabilité émotionnelle d’un nourrisson aussi, faut pas l’oublier ça.

- Je sais pas pourquoi t’as peur. Je..

Bégaye. C’est le terme exact je pense.

- Tu veux plus après ça ? Viens me chercher. C’est simple et facile. Je.. j’ai besoin que ça reste, simple et facile.

Toute mon énergie retombe. J’ai envie de pleurer, mais la règle numéro 1 de Rhyan c’est : si tu as envie de pleurer, surtout, SURTOUT ne cherche pas pourquoi et refoule cette envie. Toujours.
Aucune exception n’est permise.
Aucune.
Ta voix s’est brisée pendant que tu parlais ? Un chat dans la gorge. Ravale ces yeux humides ma petite dame. Si toi aussi tu te mets à être l’instabilité incarnée, on a pas fini de galérer.

Je sais bien que c’est vrai en plus. Je ne peux pas me permettre d’avoir quelque chose de compliqué et de douloureux tout le temps, qui tiraille et qui blesse pour me montrer encore et encore que je finis toujours seule. J’ai compris, quoi. Pas besoin de me faire à nouveau taper sur les doigts.

- Ça ne finira pas bien, dans tous les cas, n’est-pas ? Regarde-nous.

C’est qui qui est infiniment malheureuse maintenant ?
But i still want to give it a shoot. N’est-ce pas ?

Je lui jetterais sûrement dans la tête plus tard que c’est lui qui a tout compliqué en premier lieu avec son air de chien battu, ses yeux qui fixent des mains, le sol ou des pieds et moi, plantée tel.. tel.. tel moi, dans beaucoup de situations dans la vie, qui n’arrive pas à parler ou à s’exprimer convenablement.

- Mais c’est pas grave, si ?

Par pitié, souris. Ou éclate de rire, allons chercher une bière, une clope, et on pourra rigoler plus tard de cette soirée. Parce que c’est pas tout mais à creuser, on trouve des trucs, et qui a envie de trouver des trucs ?
Pas moi.
Pas moi du tout.
Moi, j’aime flotter au dessus de tout et être la meuf qui justement, dans les films d’horreur, se fait grailler la première par le requin qui viendrait d’en dessous. Mais est-ce que j’aurais vécu dans la peur ?
Pas, du tout. Petit matelas gonflable, chapeau de paille et cocktail à la main. J’me serais faite grailler heureuse au moins. Je lui fais un sourire, tout sincère et un peu gentil en me rapprochant. Tentative d’alléger un peu ce qu’il se passe. J’aimerais vraiment qu’il me décroche un sourire en coin débile, celui qu’il a avant de dire un truc passablement méchant d’ordinaire.

D’ordinaire, hein ?
Putain.

J’effleure sa joue de ma paume.

- Allez, tu me trahiras plus tard au pire, c’est pas grave. Tu sais bien qu’en combat singulier j’ai aucune chance de toute façon. Surtout si j'ai pas un bon presse-papier sous la main.

Sachez que cette phrase ne sera jamais sortie de son contexte, jamais utilisée contre moi et que si on me demande ou s’il me répète ça, je jure sur ma vie que je lui pète la gueule.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyDim 2 Sep 2018 - 17:55


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


J’ai plus la force à rien. Plus la force d’agiter un drapeau blanc ou au contraire de me lancer à corps perdu dans une bataille. Ou bien si, si peut-être cette dernière éventualité me permettrait d’oublier à quel point je viens de lui déballer ma vie et un point sensible dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Comment on peut tomber amoureux comme ça d’un visage dont on ne connait rien. Rien. Rien. Est-ce que je ne tombe pas amoureux de la sensation ? De l’interdit ? J’en sais rien, tout ce qu’il y a c’est ce sentiment.

Tout est déballé, il n’y a plus rien à dire, rien à murmurer. Qu’elle vienne ou s’en aille, de toute façon ça ne changera plus rien. J’ai plus ou moins avoué avoir des sentiments pour elle, maintenant elle tient le reste. Qu’est-ce que ça fait d’être à son tour celui qui choisit de couper ou de continuer ? Comment elle se sent, maintenant ?
J’ai envie de connaître sa réponse. Voir sa vision des choses.
Tout ce que j’aperçois pourtant, c’est un fond qui ne me plait pas. Nous restons toujours face à l’autre, en l’imaginant sans être capable de le regarder tel qu’il est. On est plongé dans nos vœux et on ne regarde que le côté qui nous plaît, n’est-ce pas ? Est-ce que c’est toi qui a peur maintenant ?

- Cyan, je..

Evidemment. J’en ai trop dit. Pourquoi diable un sorcier noir serait-il capable de se projeter dans un futur incroyablement compliqué ? Incroyablement faux également ? Je veux pas me mentir, de toute façon, j’ai plus rien à ajouter. Pour une fois dans ma vie, j’ai dit la vérité et son regard me donne tout sauf envie de recommencer. Pour. Le. Restant. De. Mes. Jours. T’as vu Ella, toutes les femmes sont loin d’être comme toi.

- Je sais pas pourquoi t’as peur. Je..

J’inspire profondément pour pousser un soupir tout aussi lourd. J’ai compris, y’a pas besoin de plus de mots. Ni de justification. T’as tes idées et j’ai les miennes. Ça s’empile pas comme ça devrait et on est toujours en train de se regarder pour voir qui posera la première pièce du château. J’ai peur de m’attacher et t’as peur que je m’attache, c’est un peu ça, concrètement, non ? J’ai déjà été repoussé et ça m’avait passé l’envie de recommencer. Mais j’ai tenté et là je pense que c’est bon, la boucle est bouclée et le chapitre définitivement fermé.
Définitivement, Rhyan, et t’as pas besoin de plaider ou non coupable, de t’en vouloir ou quoi.
C’est comme ça.

- Tu veux plus après ça ? Viens me chercher. C’est simple et facile. Je.. j’ai besoin que ça reste, simple et facile.

Je fronce un peu les sourcils, pas certain de saisir la profondeur du machin. Est-ce qu’il y a un paradoxe ou suis-je simplement stupide ? Je comprends à retardement et laisse échapper un rire jaune. Elle prend véritablement le « plus » au premier degré. Quoi, coucher ensemble et puis se revoir pour recoucher ensemble, jusqu’à ce que l’un se lasse de l’autre ou que papa Soul s’intéresse aux agissements de son bébé ? C’est ça, le « plus » auquel elle fait allusion ? Rire jaune ne suffit pas pour exprimer l’aigreur qui me monte à la bouche. Je la lui cracherait bien dessus pour jarter aussi tout ce que j’avais imaginé, mais ça servirait à quoi ? Lui donner une raison de se barrer. Cette situation est en retournement constant. C’est comme une machine à laver de sentiments. On se blesse, on s’attire pour mieux se ressentir, comme des aimants, mais des aimants qui changent chaque seconde de polarité.

- Ça ne finira pas bien, dans tous les cas, n’est-pas ? Regarde-nous.

Economise ta salive.

- Mais c’est pas grave, si ?

Je sais pas à qui elle tente de faire croire ça. A moi ? Oh, à moi ? Mais y’a besoin d’explications, y’a pas besoin de me dire que non, effectivement c’est pas grave et que oui, ça finira mal dans tous les cas. Certainement plus pour elle que pour moi d’ailleurs à moins qu’elle ne se réveille avant moi. Sauf que ça s’est réveillé trop vite, tout ça.

Elle se rapproche et j’ai envie de reculer mais le table me bloque. J’ai l’impression que ça fait vingt ans que j’ai pas bougé de ma place et je n’arrive pas à déterminer si mes fourmillements en sont la conséquence. Elle me sourit d’un air pour lequel je pourrais vraiment, vraiment tout oublier, mais ses mots sont toujours là, tranchants, aiguisés, là pour nous rappeler notre place. Qu’on a tout sauf le droit d’espérer. Dommage, c’est mon boulot de prévoir. Et j’ai bien vu ce que ça fait de foncer dans le tas. Elle approche sa main de ma joue et je ne bouge toujours pas.

- Allez, tu me trahiras plus tard au pire, c’est pas grave. Tu sais bien qu’en combat singulier j’ai aucune chance de toute façon. Surtout si j'ai pas un bon presse-papier sous la main.

Est-ce qu’elle essaye de faire de l’humour ? Alléger le bourbier dans lequel on s’enfonce un peu plus à chaque seconde. Pourquoi pas. De toute façon, que devrais-je avoir à répondre ? Bien sûr, Rhyan, oublions tout ça, faisons comme si nous venions tout juste de nous rencontrer, parce qu’après tout, c’est le cas, on ne se connaît pas. Ou alors serait-il déjà temps de ramasser le masque du mensonge et rire en sortant un « non mais j’blaguais, allez, viens par là. »
Je pourrais. En fait, maintenant que j’ai regardé la direction vers laquelle elle m’emmène, c’est clair. C’est net. C’est un coup d’un soir, de deux peut-être, puis basta. Rien d’autre. C’est louable. Justifiable. Peut-être même la meilleure solution à vrai dire. Pourquoi on se prend la tête.

Je m’humecte les lèvres et, face à son mutisme, je comprends qu’il est à présent temps de faire encore un peu plus de bulles. Mais je suis calme. Un peu agacé certes, mais rien de plus qu’un état quasi neutre chez moi. J’ai rien à dire. Je la fixe droit dans les yeux, un sourire léger sur le visage. Pas proche, pas inconnu pour autant. Un sourire neutre et bienveillant à la fois, pâle et confortable.

-Pourquoi tu cherches des excuses ? J’ai compris, t’inquiète pas.

J’ai pas envie de cacher que je suis blessé mais c’est plus fort que moi, le cocon confortable du sorcier noir se referme sur moi comme un étau. C’est ça que ça donne quand on essaye d’être ce que l’on n’est pas. Ça surprend, ça terrorise.

-J’peux encore appeler Olive si tu veux. Lui, il pourra t’offrir le superficiel que tu veux. Ça devrait pas changer grand-chose pour toi puisqu’on est identique. Faudra juste changer les noms et il sera certainement un peu plus susceptible.

Je sais pas pourquoi je parle de mon frère. J’ai subitement envie d’être à sa place, parti pour le Népal, le plus loin possible de cet endroit. Le plus loin possible d’elle. Je récupère le débardeur à mes côtés et l’enfile sans un mot. M’étire après coup, comme si de rien n’était, récupère une ou deux lames que je passe à ma ceinture par réflexe et fait deux-trois pas dans la maison. Suffisant pour m’écarter d’elle. Me poser contre le frigo en enfouissant mes mains dans mes poches. J’ai toujours pas cessé de sourire à moitié.

-Je suis pas celui que tu croyais. Et à vrai dire, je pense que cette fois-ci, tu devrais vraiment partir. Histoire que tu trouves pas le « plus » que t’es pas venu chercher. Et si je t’ai laissé sur ta faim, je suis persuadé que tu trouveras ton compte dans la faune de cette heure-ci.

Je sais pas si c’est un adieu, mais t’auras eu moins eu l’incroyable privilège de m’avoir fait dire que je voulais te tuer, puis coucher avec toi, puis te demander de partir pour finalement te demander de rester. Pour finalement vraiment t’inciter à lever le camp. J’ai vraiment pas envie d’être gentil, mais je me suis promis de garder mon ego de côté jusqu’à temps que tu partes. Qu’on a rien démarré donc que je pouvais au moins faire ça.
Et, pour poser un peu plus le décor, je reviens vers la table et récupère ses lames et son fourreau pour lui prendre les mains et les lui déposer dedans. Je murmure à son oreille.

-En prenant vraiment mon temps, je dirais qu’il me faut huit à neuf secondes pour charger un pistolet. T’avais l’air persuadé que je te « tire comme un lapin » dès que tu sortirais. T’as au moins un temps indicatif.

Et je me relève avant de lui lâcher un nouveau sourire. Toujours identique aux autres.
Pour sûr ç’aura été une nuit agitée.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyDim 2 Sep 2018 - 18:48



Nope. Nope nope nope nope nope.
Nope.
Alors, autant y’a cinq secondes je rigolais je blaguais et tiens, c’est rigolo un Soul qui parle et qui s’ouvre, autant maintenant je vous dis, ça fait pas rire les sauterelles ce qui est en train de se passer. Je vois bien le changement en lui et là, là je sais que je suis une pauvre conne qui aurait dû dire « oui oui » et lui mentir comme toutes les autres personnes de son petit monde.

Il se mouille les lèvres et well, il faudrait que je parte maintenant. Descendre de trois étages d’un coup et courir vite, mais alors vite. Flash. Vous connaissez la série ? J’ai besoin de faire pareil. Le truc c’est que Rhyan sous la pression, c’est une très mauvaise idée. Parce que Rhyan ne gère rien du tout.

Rien, mais alors rien.
Pfou.

-Pourquoi tu cherches des excuses ? J’ai compris, t’inquiète pas.

Il a ce merveilleux sourire sur son visage qui dit purement et simplement que je vais prendre bordel. En bonne et due forme.
Je me foutais (presque) de sa gueule mais au final, c’est qui la plus folle de l’histoire ? Dites moi. Allez y, pointez moi du doigt. Réellement, ne vous gênez pas. C’est qui le plus cassé entre un gars qui déballe ses sentiments et une fille qui se retrouve soudainement bien à l’aise ?

Affronte-moi, j’attends que ça pour t’atteindre et pour jouer. Plus rien de sérieux c’est parfait. Amorces la bombe, j’en suis électrisée.

Des barres de rire. J’devrais vraiment aller faire checker ma santé mentale.

-J’peux encore appeler Olive si tu veux. Lui, il pourra t’offrir le superficiel que tu veux. Ça devrait pas changer grand chose pour toi, puisqu’on est identique. Faudra juste changer les noms et il sera certainement un peu susceptible.

Je sais que je l’ai blessé et c’était pas intentionnel. Il m’a livré quelque chose sans voir que je n’avais pas les bras pour les porter. Parce que j’ai sur mon coeur une petit croix secrète trop grosse pour être gardée.
Pourquoi est-ce que j’ai besoin de quelque chose de simple et facile Cyan ?
A ton avis ?

A ton, putain d’avis ?

Il remet son débardeur et je déglutis. Il n’a pas fini de parler, je le sais et j’attends la sentence. Montagnes russes. N’importe quoi, c’est n’importe quoi. Il passe des armes à sa ceinture et ses casse. Il sourit encore, génial génial génial, je faisais ma maline, ce mec est taré. Il s’est entièrement refermé. Les portes d’ali-baba ne me sont plus accessibles. Mais ai-je aimé ce que j’ai vu dedans ?

Oui.

Et j’ai fait quoi ?

J’ai donné un gros coup de pied dedans.

Smart girl.
Attagirl, even.

-Je suis pas celui que tu croyais. Et à vrai dire, je pense que cette fois-ci, tu devrais vraiment partir. Histoire que tu trouves pas le « plus » que t’es pas venu chercher. Et si je t’ai laissé sur ta faim, je suis persuadé que tu trouveras ton compte dans la faune de cette heure-ci.

Il pense vraiment que je suis venue pour le sexe uniquement ? Que j’utilise son corps pour uniquement me faire plaisir ?
Voilà les nouvelles, y’a moins dangereux qu’un Soul pour prendre son pied.

J’ai incroyablement envie de me taper Olive juste pour l’atteindre encore un peu plus, attraper son coeur et serrer l’organe dans mes mains jusqu’à le faire éclater.

Il me prend mes lames et les mets dans mains.

J’vais le tuer.

-En prenant vraiment mon temps, je dirais qu’il me faut huit à neuf secondes pour charger un pistolet. T’avais l’air persuadé que je te « tire comme un lapin » dès que tu sortirais. T’as au moins un temps indicatif.

Je lui fais un immense sourire.
Trois.

Deux.

Un.

Prenez Rhyan, et faites là hurler de son mètre soixante.

- JE SUIS HUMAINE, CYAN. HUMAINE ! PAS SORCIÈRE !

Les fenêtres claquent. J’aurais préféré que les vitres explosent tellement je suis en colère. Vas-y, tire moi dessus, t’façon tu veux que j’fasses quoi avec deux couteaux ? Que je te les lance au visage ?

T’as des flingues mec. Je courrais jamais plus vite qu’une balle, me prend pas pour une meuf plus idiote que celle que je suis déjà. Je balance une lame de toutes mes forces contre un mur où elle se fiche jusqu’à la garde.

- Surprise !

Honnêtement, est-ce qu’il s’en doutait pas ?
Je lui hurle de toute façon littéralement dessus, sortie de mes gonds.

- Parce que ça compte tellement pour vous, je te l’apprends avant que ça ne devienne trop sérieux et que tu décides finalement de m’égorger pendant la nuit.

Il est stupidement contre son stupide frigo avec ses stupides mains et ses stupides cheveux et ses stupides yeux de mec mécanisé à détester les humains. On est même pas assez bons pour être des esclaves pour eux, est-ce que ça veut pas en dire long ?
Je le pousse de toute mes forces avec mes mains toutes ridicules contre son torse stupide, en espérant qu’il tombe, qu’il se casse le crâne et qu’il parte, et qu’il meure, et voilà.

Putain.

- Tu devrais aller te laver la bouche maintenant.

Voilà.
T’es content ?
J’espère qu’il est content. Alors ouais, je peux bien cacher ma race à quelqu’un que j’utilise pour des one night stand, non je ne peux pas m’engager sur la base d’un énorme mensonge qu’il va apprendre. Je ne compte pas vivre pour me faire finalement dépecer parce que je suis différente de cet horripilant énergumène qui déclare sa flamme à, une, humaine, sans, le, savoir.

Maintenant que tu le sais, tu ne me demandes plus de rester, n’est-ce pas ?
Si il me dit « niania, mais je t’aime bien quand même » c’est qu’il est con et que ouais, j’ai peur d’Allen Soul et d’Olive Soul et de Bianco Soul et de tous les autres, tu penses qu’ils vont me faire quoi en l’apprenant ?
M’arracher la langue, les lèvres, le nez et me faire danser devant toi pour que tu sois terrorisé.
UNE HUMAINE, Cyan. J’ai envie d’exploser physiquement tellement je suis hors de moi. Et plus nous, nous on est les gentils mecs, si on apprend ça, j’finis où, en prison ? Et toi pfou, en prison aussi, MAXIMUM.

Mais j'me mens à moi même là. J'ai juste pas envie de construire quelque chose sur du vide pour que du jour au lendemain tu m'laisses tomber ou tu tentes de m'assassiner. J'suis pas prête à me faire trahir.

C'est ce que je t'ai demandé, plus tôt.

De pas me trahir, Cyan.
De pas me trahir.

Moi je veux pas voir mes organes nourrir les chiens.
Donc j’appelle ça une relation pas sérieuse quand le futur est rempli de « cours, rhyan, ou Olive va tout découvrir et repeindre les murs avec ta cervelle » ou « sors vite, Rhyan, PAPA ARRIVE ».

Putain.

J’ai quand même bien envie de pleurer sur ma vie ironique et misérable, parce que je suis pathétique au centième degré et que je n’ai aucune chance de survie à présent. Genre, aucune. Je sais que je suis au dessus d’un appartement inconnu, que si je m’enfonce, je m’enfonce à l’aveuglette à travers le plancher.

Vas-y, attaque, je t’attends. Qu’on s’enfonce à deux dans l’inconnu.

- Au moins quand tu presseras la détente, tu sauras sur quoi tu tires.

Et pas sur qui, n'est-ce pas ?
Surprise, les choses même un prénom et des sentiments.
Pourquoi j'm'attache à un génocideur de mon espère après tout ?
Parce que j'espère qu'il y a quelque chose derrière ?
Derrière quoi, d'ailleurs ?

C'est à mon tour à me mordre la lèvre jusqu'à l'engourdir.

- Ou rappeler Olive pour faire une chasse au lapin. Comme la dernière fois, dans la forêt.

Voilà Rhyan. Au moins pour une fois, t'as dit ta vérité.
Pourquoi est-ce que t'as encore envie de pleurer ?

Faiblesses.

J'ai l'air de ne me rappeler que maintenant qu'il tue les miens et que moi, moi..
Moi je suis venue de moi même mourir ici, visiblement.

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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyDim 2 Sep 2018 - 23:33


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


Maintenant qu’on est là, j’ai l’impression que plus rien ne pourra plus m’arriver. Qu’après tout, on a décidé de nous-même qu’il fallait en finir ici, aujourd’hui. Lorsque je lui murmure cet ultimatum, j’ai la certitude qu’elle va disparaître, parce que c’est ce qu’il y a de mieux. Que c’est ce que je ferais, à sa place. Qu’il n’y a rien à gratter, après tout. Allons bon, quoi, est-ce qu’elle regrette ? Est-ce qu’elle se dit qu’elle veut pas ça et qu’au final peut-être qu’elle en veut un peu ? J’suis prêt à prendre du temps, beaucoup de temps, si je sais où ça nous mène. Je fais pas de plan à de milliers de kilomètres. Je garde les pieds sur terre et j’écoute ce que je ressens. Ça s’arrête là.

Mais la voilà qui me sourit et je n’aime pas ça.
Je vois l’énième retournement de situation et avant même que la tempête entre furieusement dans l’appartement, je sais que ce ne sera rien en prévision de ce que moi je ressentirai à ce moment. Elle me hurle dans les oreilles et je ne comprends pas d’où lui vient toute cette vigueur soudaine.

- JE SUIS HUMAINE, CYAN. HUMAINE ! PAS SORCIÈRE !

L’espace d’un instant, je ne percute pas. Une humaine, oui une humaine, et alors ? J’ai aussi cinq doigts, je suis bipède, je parle et je ressens. Jusque-là rien d’anormal. Rien d’aussi brûlant et justifiant cette tornade. Mais lorsque le mot sorcier vient terminer le cortège, le terme d’humain prend un tout autre sens. Un sens négatif. Péjoratif. Dégradant et rebutant. Une humaine ? Rhyan est une humaine ? Comment ça, pourquoi ? Je pourrais lui dire que c’est pas grave, que ça fait pas la différence, que je l’aime quand même, mais en fait c’est faux. Ce serait le plus odieux mensonge, et un mensonge que je ne serai même pas prêt à supporter. Le château de sable que je m’étais efforcé à construire est balayé par un coup de pied violent. Et je me rends compte qu’il s’agit de mon propre pied.

Le bruit d’une lame à mes côtés me fait immédiatement reprendre pied. Il se fiche dans le mur et je pense qu’il va falloir changer la tapisserie avant de partir et même que… putain Rhyan c’est une humaine.

- Surprise !

Est-ce qu’elle se rend seulement compte de ce qu’elle balance comme ça l’air de rien ? Enfin l’air de rien, façon de parler, je vais me prendre la bourrasque de ma vie si j’ouvre les fenêtres. Mon cerveau est encore partagé entre mille et une émotions. Dégoût, oh oui, le dégout apparaît en premier. L’impression d’avoir frôlé de peu une très, très grosse bêtise. Et puis la stupeur. J’aurai jamais cru. On le sait jamais non plus. Y’a rien qui nous différencie physiquement. Pas de sixième doigt, pas de pouvoir en plus, juste une autre répartition des dons. Et le sang. Une race contre une mutation. Une pâle copie qui ne doit, sous aucun prétexte, se mêler à des sang-purs. Le sang des familles fondatrices, comme celle des Soul. Ce n’est pas un héritage, c’est un gène. Un gène amplifié dès la naissance et qui nous force à haïr la race humaine.
Comment elle a pu me faire ça ? Elle aurait pas pu le dire plus tôt ?
J’ai vraiment besoin qu’elle s’en aille. Je sais pas si je répondrais de quoi que ce soit si elle continue à me hurler dessus, puisque, spoiler alert, visiblement elle a pas terminé.

- Parce que ça compte tellement pour vous, je te l’apprends avant que ça ne devienne trop sérieux et que tu décides finalement de m’égorger pendant la nuit.

Disons qu’il y a des moments pour l’annoncer. Je sais pas faire une comparaison avec des termes plus accessibles au grand public. Disons que j’assume d’être d’un racisme poussé à l’extrême. Qu’à côté de ça, la traite des noirs je trouve ça mignon. Que la mentalité de l’époque, elle est toujours en moi et elle grossit génération après génération. Je sais très bien que me l’annoncer maintenant ou après, ça n’aurait rien changé. Si on avait couché ensemble et qu’elle me l’avait annoncé après, peut-être que je l’aurais effectivement égorgé ne serait-ce que pour me rassurer d’avoir au moins stoppé ici le carnage.

Et ça continue, j’arrive pas à afficher un visage particulier, alors je commence à penser que je devrais peut-être la faire passer par la fenêtre puisque la porte n’a pas l’air de la tenter. Je dois faire quoi de plus pour lui faire comprendre que ça, c’était certainement la chose qu’elle aurait dû garder en elle jusqu’au bout si elle espérait quoi que ce soit. Et moi, qui ait été plongé dans mon monde tout rose sans me poser une seule seconde la question. Une question pourtant importante mais qui pour lors ne m’obsédait pas tant que cela.

Elle s’approche pour me pousser mais j’ignore ce qu’elle veut et c’est plus fort que moi, à l’instant où sa paume se pose sur mon torse, je frappe ce contact, électrisant. Ça a toujours la même saveur pourtant. Ses doigts n’ont pas changé, son visage n’a pas changé, son caractère non plus si ce n’est la fureur qui forme ses traits. Mais je me voile la face. Je transpose ce qu’on m’a appris, inculqué dans la tête à cette femme, sans m’en rendre compte. Je la diabolise un bon coup avant de l’abaisser à un statut plus faible encore qu’un insecte.
Et les sensations qui ne savent pas mentir sont un fléau. Alors je les claque. Je l’empêche de me toucher. J’ai beau l’entendre, comprendre, voir, mon corps est toujours attiré par le sien mais ma tête, ah ma tête a décidé d’un « non » franc que c’était terminé. Que je ne devrais même pas discuter, parce qu’on ne peut pas changer la nature de quelqu’un. Les noirs n’ont pas demandé à naître noirs, ça ne les a pas empêché de se faire exploiter toutes leurs vies. Y’en a qui ont essayé de fuir. On les a tirés.

- Tu devrais aller te laver la bouche maintenant.

Mais qu’elle se taise à la fin. Mon regard semble enfin s’être stabilisé sur une attitude hautaine, cruelle, implacable. Non, je ne te laisserai pas le choix. J’ai dit que tu dois quitter cet endroit et à vrai dire, faut vraiment, vraiment que tu partes, parce que si, en prenant mon temps je peux charger ce pistolet en une petite dizaine de secondes, je peux aussi le monter en trois. Et à la quatrième, tu seras morte dans ton sang. Le sang d’une humaine. Le sang d’une femme qui savait, dès le début, que c’était impossible, mais qui a vraiment, vraiment trop cherché à jouer avec le feu.

Mais il y a une dernière chose que je veux savoir, dont je ne me serai même pas préoccupé si je n’avais pas lâché mon sac quelques minutes auparavant. Elle devait le savoir, n’est-ce pas ? Que ça n’allait pas passer, ce genre de choses. Que ce n’était même pas une histoire d’être au-dessus de mes forces mais que je n’avais juste pas envie de soulever ce genre de choses. Elle le sait, elle le martèle chaque seconde un peu plus, rentre tout à fait dans le moule dans lequel on les positionne. C’est comme elle dit. Mais pourquoi est-elle venue ? Est-ce qu’elle espérait, au fond, quelque chose ? Comment peut-elle souhaiter une relation simple après m’avoir balancé cette vérité à la figure ? Et pourquoi maintenant, alors qu’elle aurait pu partir comme ça, sans craindre de se faire abattre sur le chemin ? Je n’aurais posé sur son visage que le mot exorciste. Mais « humain », c’est pire qu’exorciste. Et exorciste humain, c’est probablement la pire contradiction de l’histoire des Soul.

Je commence à bouillonner intérieurement. J’ai vraiment besoin qu’elle se la ferme et disparaisse.

-T’as un instinct de survie qui me dépasse.

Vraiment, il me dépasse. J’ai cinq pas à faire et j’atteins cette table. Mes armes. Celles qui sont déjà à ma ceinture. J’ai de quoi attaquer. Mais il me faut aussi une arme à feu. Pour faire ça proprement. J’ai pas envie de faire ça à la loyale, de me tâcher les mains ou de mettre du sang partout. J’veux juste que ça se termine, proprement, comme ça a commencé. Que je ne garde plus aucun souvenir d’elle. Qu’on oublie ces traçages de rune sur sa peau avec nos sangs mêlés lors de la dernière mission. J’en ai des frissons de dégoût.
Est-ce qu’on peut être contaminé ?
Est-ce qu’on peut tomber malade ?
Malade de s’être entichée d’un bout d’humaine aussi cassée que soi.

C’est sans doute notre principal point commun. Notre unique. Point. Commun.

- Au moins quand tu presseras la détente, tu sauras sur quoi tu tires.

Va-t’en. Rhyan, va-t’en, avant que je ne mette mes menaces mentales à exécution. Je veux pas t’entendre me parler. Je veux oublier ta voix et tout le reste. T’as bien fait de me le dire, parce qu’on aurait juste retardé l’échéance. Papa serait venu, ou mon frère. Dans les deux cas, a se serait mal, très mal passé. Ou j’aurais pu te tuer avant ça de mes propres mains. Tu t’es donné une porte de sortie en me faisant mal, très très mal et t’as toutes mes félicitations, j’ai plus l’envie à rien. Ni à m’attacher, ni à te regarder.

Surtout pas à t’imaginer.
Je souffle un :

-Rhyan…

Ma patience légendaire se heurte à des difficultés croissantes et mon don m’effleure la peau. C’est la dernière fois.

- Ou rappeler Olive pour faire une chasse au lapin. Comme la dernière fois, dans la forêt.

J’aurais pu la tuer dans la forêt aussi oui. Si je l’avais su avant, je l’aurais sans doute pas défendu devant les autres. Je me serais pas exposé ainsi devant tout le monde. La promesse que je lui avait faite, je l’aurai pas tenu et elle serait morte. Morte. Morte. Parce que ça se serait passé comme ça, hein ? Jamais j’aurais pris autant de risques pour une humaine.
Mais je ne me pose plus la question. Ma patience s’envole, secouée par mon don qui s’autorise une seconde de free style et se déclenche à son tour en écho à mon ras le bol généralisé, à ce désir toujours brûlant de tout oublier d’elle, de refuser son contact empoisonné. De refouler sans vergogne toutes les sensations, comme en mission.
La table s’écrase contre le mur, le tapis émet un soubresaut, le vieux canapé derrière et la table basse aussi. Et Rhyan ? Rhyan, j’ai plus d’yeux pour la voir, mais toute ma voix pour lui répondre :

-BARRE-TOI PUTAIN !

Je m’approche à pas rapides vers la table retournée et prends un des chargeurs à terre avec un pistolet. L’ouvre et commence à déposer les balles, une à une. Referme, charge. Le garde en main à m’en faire blanchir les phalanges. Je suis pas du genre à faire des grands gestes comme Olive quand je suis furieux, très furieux. Au contraire, je suis le calme incarné mais mes mots sont l’effet d’un coup de tonnerre. Voyons qui nous deux fera éclater la foudre le premier.

-T’attends quoi ?! Tu veux que je t’achève ? C’est ça que t’es venu chercher ? Ça n’a ni queue ni tête merde ! J’te repousse, tu m’veux et quand j’te veux tu m’repousses ? Et puis…. Ça maintenant ! – je me mets à rire sans raison – Même le sida, ça serait mieux passé !

Ce sera jamais possible entre nous et j’en suis persuadé.
Cette nouvelle adrénaline a un goût particulièrement agréable. Un goût qui me force à ne pas la lâcher pour le vivre un peu plus longtemps. Mais ça ne doit pas se passer ainsi. Je tends l’arme, droit devant moi.

-Mais bon, comme t’es vraiment coriace, vraiment attachée à ta relation toute simple toute bancale et inexistante, peut-être qu’on va juste s’attaquer une nouvelle fois. Sauf qu’il n’y aura ni de sauvetage sous les décombres, ni d’IBMM.

Rien de tout ça. L’issue, ce sera la mort et puis rien d’autre. Pas de joker, pas de grâce. On va se confronter comme ça devrait se passer, normalement.
Remplir ce trou dans l’espace-temps qui n’aurait jamais dû se produire.

J'veux tester une nouvelle danse macabre.
Une danse où on n'fera plus la différence entre le plaisir et la souffrance.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyLun 3 Sep 2018 - 1:14


Let it go
Just wasting come
Je ne peux pas le toucher. C’est une petite constatation dans un ouragan aussi puissant qu’un trou noir mais c’est une constatation qui me donne néanmoins envie de m’arracher les yeux et lui balancer au visage.

Écrase-les avec tes pieds après.

Est-ce que nous, on les traite comme une race inférieure ? Comme si au boulot en général on savait les races des gens.
On le sait un peu en vrai.
Ian est un mêlé et rien que pour ça il est deux fois plus prudent que nous.

Mais j’ai l’air de le brûler par mon moi, juste le fait d’exister empoisonne son air et pourtant, pourtant il dit quand même :

-T’as un instinct de survie qui me dépasse.

Parce qu’il me parle. N’est-ce pas ?
Enfin je veux dire qu’au moment où il me répond c’est déjà que j’ai un peu gagné parce qu’il n’a pas juste chargé son flingue pour me faire sauter le crâne. C’est terrible mais j’ai somehow l’impression d’avoir un peu gagné. Je suis vivante, tu parles.

Je n’arrive pas à arrêter de parler. Il murmure mon prénom mais je heurte ses barrières jusqu’à ce qu’il explose. Littéralement. Une onde de choc prend mes pieds et balaye la table, le tapis, moi. Je suis assez sur mes gardes pour ne pas m’encastrer dans le mur de derrière alors qu’il gueule :

-BARRE-TOI PUTAIN !

J'ai jamais été aussi présente qu'à cet instant.

Il fond sur son chargeur et en une milli-seconde j’ai un canon dirigé vers moi qui est encore sur le dos. Mais chaque seconde est une petite victoire. Je suis le soldat qui attend l’obus et qui ne possède plus rien que du temps, chaque seconde comme une vie entière. Pourquoi ai-je le temps de me relever ?
Pourquoi ai-je le temps de respirer ?

-T’attends quoi ?! Tu veux que je t’achève ? C’est ça que t’es venu chercher ? Ça n’a ni queue ni tête merde ! J’te repousse, tu m’veux et quand j’te veux tu m’repousses ? Et puis.. Ça maintenant ! Même le sida, ça serait mieux passé !

Et il rigole, il rigole, genre qu’est-ce que c’est drôle, humilions Rhyan et surtout, comparons ce qu’elle est à une maladie incurable. Peut être que c’est ce que je suis après tout. Je n’ose pas vraiment bouger, j’ai l’impression d’avoir une sorte de super pouvoir genre, tant que je le regarde il ne m’en calera pas trois dans la colonne. Il sait viser, il sait tirer, il sait tuer.

Tire, Cyan.

-Mais bon, comme t’es vraiment coriace, vraiment attachée à ta relation toute simple toute bancale et inexistante, peut être qu’on va juste s’attaquer une nouvelle fois. Sauf qu’il n’y aura ni de sauvetage sous les décombres, ni d’IBMM.

Déjà, ça me fait vraiment de la peine qu’il dénigre mes mots qu’il écoutait pourtant quelques secondes auparavant. Il les prend pour me les jeter à mon visage comme des mouchoirs usagés. Tu vois ce que tu dis ? Reprend. Reprend tout. Reprend tes mots parce que maintenant tu me dégoûtes.
Alors pourquoi m’offrir de danser encore un peu ?

Parce que l’espoir meurt en dernier ?

Je déglutis, resserre la prise sur la lame droite, légère, banale, runée. Je pars du principe qu’il ne tirera pas, tout en étant certaine qu’il le fera. Il va sûrement viser l’épaule ou la jambe, me mettre à terre et déjà plus se marrer. Mais si je ne me base pas du postulat qu’il ne tirera pas, que puis-je faire à part changer d’étage et courir ?
Je suis persuadée que si je me retourne pour fuir il m’abattra. Parce qu’on lui a appris à gérer comme ça et que c’est le genre de code ancré dans les fibres de tes muscles. Je reste face à lui, lame dans la main gauche, de profil.

Bien.

Je suis loin de la table, loin des armes et si je lance la seule chose que je possède je serais à poil. D’un autre côté, si je ne la lance pas je vais devoir attendre le corps à corps et ça risque d’être compliqué. Quelqu’un m’a expliqué un jour qu’avec de l’entraînement et du temps je pourrais passer à travers des gens de la même façon que je traverse les murs.
Je suis certaine que même avec l’adrénaline, je n’ai strictement aucune chance. Ce n’est pas le moment de tester non plus.

C’est vraiment comme ça que ça se termine ?

Je n’ai pas envie de pointer du doigt que si cette relation était inexistante, il m’aurait abattue. J’en ai déjà bien trop dit, j’ai incroyablement cherché la mort mais rien n’est venu. Mais c’est la seule façon que j’ai pour vraiment le toucher non ? Il n’est que haine envers moi, mais la haine c’est quelque chose et la vengeance est un sentiment en général cent fois plus motivant que l’affection. Aussi désespérée qu’elle soit.

C’est incroyable. L’espoir meurt en dernier.

Il va tirer, me faire sauter une articulation et à part hurler, je ne vais rien pouvoir faire. Mais si j’attaque les hostilités, ça veut quand même dire que j’accepte ça.
Puis-je réellement refuser ?
Il a quand même dit « peut être qu’on va juste s’attaquer ». Peut être. Ce n’est pas encore sûr ? Parce qu’il a l’air plutôt pas mal décidé. Je préférais avant, quand on jouait sur un plan de neutralité. Ai-je le droit de pointer du doigt que ce n’est absolument pas loyal ?

Je suis humaine, qu’est-ce qu’il s’en fou de la loyauté maintenant.

Qu’est-ce que j’ai fait ?
Pourquoi est-ce que je me suis sentie obligée de tout balancer ?
Parce qu’il l’aurait appris et je préfère être coulée maintenant que plus tard, dans l’intimité, au creux de bras qui ont appris ce que je ne suis pas.
Chasse cette image de ta tête. Il n’y a pas de creux de bras à explorer. Il y a à se sortir d’ici.

- C’est comme ça que ça s’arrête alors ? Parce que je suis humaine ?

J’avais tellement raison. Mais alors tellement, tellement raison. Comment est-ce que j’ai pu imaginer une seule demi-seconde qu’il allait me dire juste « ouuuui bon, écoute, on a tous nos défauts ». Ce n’est pas un défaut, je suis une tare à éradiquer.

Putain, si je finis comme ça ça serait bien con. Parce que vous savez, les gens qu’on aime vraiment bien, les gens qu’on a plus jamais envie de lâcher ils sont rares et je fais le pire choix possible. Je repense à la moi d’il y a quelques mois auparavant à qui j’ai dit que ça irait mieux, que j’avais un jour ressenti des choses pour de vrai, qu’il y avait eu des couleurs et du relief et qu’il y en aurait encore. Ai-je vraiment lâché littéralement, ma vie, pour avoir la chance de ressentir quelque chose à nouveau ?

Je suis idiote, et je ne regrette pas.

L’espoir meurt en dernier, mh ?

Je n’ai pas cessé de dévoiler mes dents parce que ça n’a aucun sens. Nous n’avons aucun sens.

L’espoir meurt en dernier.

J’avais raison d’avoir peur, il avait raison d’avoir peur.

-Je suis désolée.. Cyan.

Son prénom est comme une pierre dans ma bouche, coupante et glissante, inappropriée. J’ai peut être bel et bien perdu le droit de l’utiliser, moi aussi.

Je suis vraiment désolée. Mon visage l’exprime et c’est bien malheureux.
Crache moi dessus mec, c’est moi qui m’excuse.

M’enfin.

C’est à mon tour de lui renvoyer ses mots au visage mais je n’arrive pas à me décider à faire le premier mouvement parce que j’ai un jeu défensif en main. Je peux parer et planter mais il m’est absolument et définitivement impossible de tenter quoi que se soit. Si je change de pièce il m’abattra de la même façon. Je m’approche quand même un peu, un poil, mes yeux dans les siens. Ma conscience est pleine de l’odeur de l’appartement, de la veine qui ressort dans son coup a présent que j’ai fait flamber sa haine. De l’arme chargée qui peut me transpercer la peau, faire éclater mes os, ma mâchoire, mes organes. La concentration est quelque chose que j’ai eu du mal a acquérir mais qui, une fois qu’il a été là m’a paru être le plus grand des super pouvoir. Ton toi, intégralement tendu vers un but unique.

Survivre ?

Peut être que j’ai raté le but unique.

Est-ce que cette fois-ci je pourrais l’étriper d’un seul mouvement de poignet ? Bien sûr que non parce que là est tout le problème. Je m’entends murmurer comme de étrangère à moi-même :

-..parce que l’espoir meurt en dernier..

Est-ce que t’es réellement en train d’essayer de te donner du courage Rhyan ? Sérieusement ?

Non, pas du tout. Du tout du tout.

Mais vas-y, tend le bras Cyan. Parce que moi aussi j’suis entraînée et que si tu laisses traîner des bouts de toi j’hésiterai pas à trancher, tailler, briser.
Pourquoi ai-je encore envie de l’embrasser ?
Mes yeux trainent une demi-seconde sur ses lèvres.

Ouais, intégralement tendue vers un seul but Rhyan.

C’est comme à la bibliothèque Cyan. C’est à toi de me faire danser.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyLun 3 Sep 2018 - 12:54


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


Bouge, Rhyan.

Donne-moi une bonne raison de te tirer dessus. Arrête de me regarder dans les yeux quand j’ai envie de ne voir que ton dos. Un dos neutre, un dos d’humaine, un dos comme les autres et assez fort pour soutenir le poids d’une ou de deux balles perdues. Reste pas comme ça à rien faire et à attendre que je me décide. T’as peur de moi ? Tu m’en crois pas capable ? Est-ce que tu veux savoir combien de temps prendra ma raison avant d’appuyer sur la détente ? Tu peux traverser les murs, tomber sous le plancher. T’as des milliers de solutions qui s’offrent à toi et tu n’en prends aucune.

Pourquoi ?

Tu t’offres sur un plateau doré et je m’en veux terriblement d’être incapable de te tuer. Parce que c’est bien le cas, n’est-ce pas ? J’aurais pu tirer immédiatement. A cette distance, viser un cœur, une tête ou un organe vital n’est pas des plus ardu. Et elle le sait, n’est-ce pas ? Que là, concrètement, j’attends juste qu’elle parte ? Que le canon pointé sur elle pourrait être un bouquet de fleur à la place. Un adieu. Je voudrais avoir chargé ce machin à blanc. Qu’elle puisse entendre la détonation et fuit dans un dernier accès de frayeur. Mais non, plongé dans ma détresse, dans ma colère d’avoir été trompé, j’ai posé chacune des balles à son emplacement. Si je tire, elles atteindront leur cible.

Mais j’ai vraiment, vraiment pas envie qu’elles l’atteignent.

Alors bouge, Rhyan. Te mets pas à croire ce qu’il n’y a même pas à imaginer. Parce que c’est fini. Fini. Fini.
Je finirais par tirer et toi tu tomberas. C’est comme ça que ça se finira. Et t’as pas envie de mourir.

- C’est comme ça que ça s’arrête alors ? Parce que je suis humaine ?

Ma prise se raffermit encore davantage sur la détente. Il suffirait d’un millionième de centimètres pour que la balle parte d’elle-même. Mais je maîtrise encore cette distance. J’arrête de respirer. Oui, oui ça s’arrête comme ça, parce qu’elle est humaine. C’est tout à fait ça. J’ai pas à me justifier et de toute façon elle a tout aussi bien compris que ça ne passerait plus, ni aujourd’hui, ni demain, ni même dans cent ans. Tout ce que je peux lui offrir, c’est de s’en sortir avec une balle dans le dos, bien placée pour ne pas la tuer. En mémoire de ce qu’il aurait pu se passer et qui ne se sera jamais produit.

-Oui.

Sec.
Retourne-toi. Passe à travers ce plancher, disparais. Vraiment, cette fois. Au plaisir de ne jamais se recroiser.

-Je suis désolée.. Cyan.

De nouveau, un frisson me parcoure le dos à l’entente de mon prénom. Pourquoi faut-il que ce soit tellement difficile avec elle ? Pourquoi n’aurait-elle pas simplement pu naître sorcière noire, sorcière de sang-pur, dans une illustre famille. Ç’aurait été tellement, mais alors tellement plus facile. Mais alors, serais-je venu la rencontrer ? Est-ce que ce n’est pas ça finalement que je cherche ? À remettre en question tout, comme une crise d’adolescence jamais achevée. Toujours houleuse et conflictuelle avec la famille, mais aussi avec l’organisation.
On se voit dans le futur en train de cracher sur la figure hiérarchique un « et tu vas faire quoi, hein ?! »

J’ai incroyablement envie de l’embrasser.

Elle murmure quelque chose que je ne saisis pas mais cela m’incite néanmoins à me concentrer sur ses lèvres. C’est une très, très mauvaise idée. Elle a prononcé mon nom et je n’ai rien dit. Je ne l’ai pas réprimé, je n’ai pas tiré. Je… Je suis totalement incapable, même après ce genre de révélation. Ce n’est pas du tout quelque chose auquel je suis habitué, ou même formé pour. Tout ce que mon éducation me commande de faire dans l’instant, c’est de couper l’arbre aux racines.

-Tu pourras pas dire que je t’ai pas prévenu.

Je vise sa cuisse et tire sans aucune expression avant de jeter l’arme au loin. Immédiatement, je fonce droit sur la blonde et la pousse pour la faire tomber. Passe mon couteau sur sa fine gorge. La maintient à terre de tout mon poids. Elle est si proche. Je sens à nouveau la douceur de sa peau contre la mienne et ça me fait tourner la tête. On s’étripe et malgré tout, je trouve le temps de la désirer, encore et encore. Sombrer toujours un peu plus dans son regard. Capable de la pousser encore plus loin. Et cette pseudo bataille a quelque chose d’enivrant.

C’est pourquoi elle doit disparaître. Encore, toujours. Je radoterai des années condensées en secondes s’il le faut. Je veux pas être mêlé à tout ça, je souhaite qu’Olive ait véritablement oublié quelque chose et me frappe pour me réveiller, pose sa main sur la mienne pour appuyer clairement sur la détente. Que j’en soit, seul, incapable, traduit bien à quel point une partie de moi est prêt à oublier son statut d’humaine.
Et ça n’a, aucune, putain, de, logique.
Je dirais même que ça va à l’encontre de mon propre Moi, que y’a quelque chose qui se déchire et que merde, est-ce qu’elle mérite vraiment que je passe autant de temps à me questionner ? Ça m’énerve, mais à un degré rarement atteint. Et maintenant qu’elle est là, sous moi, j’ai deux envies qui s’opposent comme des satellites en orbite. Ma bouche et mes mains, principalement, sont en jeu. Devrait-elle s’exprimer et mes mains forcer Rhyan à utiliser son don ou bien devraient-elles au contraire se saisir de ce visage et en rapprocher le mien.

Je laisse échapper un sourire cruel, tous mes muscles du visage tendus. J’étais incapable de vouloir lui donner une partie de moi parce que je n’avais aucune confiance en ses agissements et à présent que chaque seconde peut déterminer la vie de l’un ou de l’autre, je me sens prêt à tout essayer. Tout expérimenter. Vivre à fond en frôlant la mort à chaque seconde. Avec une adrénaline aussi palpitante qu’un cœur en plein effort. Avec une tendresse froide.

C’est un beau terrain d’entente. Il n’y a ni la relation compliquée ni la relation simple. C’est un méli-mélo de sensations qui s’agitent chaque seconde, toutes plus vivantes les unes que les autres, soumises à des tensions aussi lourdes que vitales.

-Pour la dernière fois, rejette-moi et fuis.

Parce qu’après, même en passant à travers le sol, tu ne pourras jamais t’enfoncer aussi bas que ce qui nous attend.
J’éloigne brusquement ma main de sa gorge et cherche la sienne, la mienne toujours enserrée autour de ma lame. Je glisse mes doigts autour des siens et sépare ainsi nos paumes du pommeau du poignard. Libre au premier de s’en saisir. Cette sensation grisante de vraiment chercher la merde n’est qu’un pas de plus vers mes désirs refoulés et je fonds une fois de plus, une dernière fois, sur ses lèvres pour en apprécier toutes les saveurs. Tout ce qu’il y a à récupérer, je le récupère. Mes sentiments, les siens, les nôtres, ceux qui auraient pu naître, tout.

Pars, mais reste.
Allons nous perdre là où personne n’ose s’aventurer.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyLun 3 Sep 2018 - 15:17

RHYAN


You won't forget
But you'll never forgive
On avait des millions de possibilités pour écrire cette histoire.
Et nous on a choisi de le faire comme ça.

-Oui.

Il est comme tous les autres.
Rien de différent, seulement une langue bien pendue.
Sale raciste. Je devrais cracher par terre mais je reste toujours précautionneuse à ne pas trop bouger, tendue à l’extrême. Chaque nerf se prépare l’impact et j’ai l’impression que mon sang a couru jusque dans mes jambes. Je suis l’herbivore stupide et lui prend le temps de se lécher les babines. Au moment où il ouvre la bouche, je sais que ça craint.

-Tu pourras pas dire que je t’ai pas prévenu.

J’entame un mouvement mais je sens la douleur avant de comprendre la détonation. Je lâche un cri de douleur acide et POH, un flot de couleur me passe devant les yeux. Douleur sa mère. Le fait qu’il ait parlé - comme tout bon méchant qui se respecte - m’a permis de décaler peut être d’un centimètre l’impact ?
L’os n’a pas éclaté mais le lot de muscle déchiré me scie la jambe de douleur. Il saute sur moi et avant que j’ai eu le temps de comprendre quoi que se soit il est sur moi, il y a sa lame contre mon cou et moi je vois des étoiles et c’est tout. Ma vision est un petit tube cylindrique qui s’éclairci petit à petit. Bordel de sa mère la pute, la souffrance me fait haleter un moment avant que les runes ne prennent le relais.

N’empêche que je suis toujours pas décédée.

Les runes commencent immédiatement à tirer sur mon énergie mais la douleur reflue un peu et se localise pleinement dans la jambe. Sûrement qu’elles sont en train d’essayer de stopper un peu l’afflux de sang. Je ne suis pas en danger mortel et immédiat.
De toute façon, il m’écraser de tout son long et je reste là, la mâchoire serrée à m’en faire péter les dents. Je pense à utiliser mon don mais il partira avec moi. Je n’aurais absolument pas la possibilité de le laisser ici, il est bien trop en contact avec moi et je m’écraserai juste à plat dos, deux mètres plus bas.

Très mauvaise option.

Ma jambe s’engourdit petit à petit. J’ai l’impression de baigner dans de l’acide sous ses yeux et son expression ne me dit rien qui vaille. Il sourit - comme toujours - alors que j’essaie juste de respirer. Dans une poignée de secondes la douleur aura assez reflué pour que je tente quelque chose, mais quoi ? Je ne peux même pas relever la tête sans pleinement m’empaler sur le couteau qu’il tient contre ma peau.

-Pour la dernière fois, rejette-moi et fuis.

Mais subitement il s’allège un peu, j’essaie de me redresser mais clairement, je suis une grenouille luttant contre un rocher. Sauf que le rocher donne à la grenouille la possibilité de le planter d’un coup vif, net et précis.
Que le rocher embrasser la grenouille.

Petite grenouille est un peu perdue.

Mais la sensation grisante d’avoir un peu gagné de terrain me suffit pour lâcher prise, et répondre au baiser. Je mets tout mon moi contre ses lèvres, sa langue, sa peau. Je perds conscience de ma jambe trempée et engourdie, de la sueur de souffrance sur mon front, de mon statut d’humaine.

Tic tac tic tac.

Il est temps de prendre une décision.

Je lâche ses doigts, sa lame, ma chance de le planter et peut être de me sortir de là. La mienne, runée, a giclé dans un coin. Ça craint.

Mais depuis le début, je le choisi lui. Pourquoi changer de direction ?
You’ve got something they don’t.

Ma paume sur sa joue et mes lèvres qui goûtent à ce qu’il veut bien encore me donner alors qu’il sait bien que je ne peux rien lui offrir. Pourtant il a franchi le pas et fait sauter ses barrières. Hors de question de me laisser faire.
Bon.
Haut les coeurs Rhyan.

Je bande mes muscles et me soustrait un peu de son poids, attrape ma lame d’une main tendue et donne un coup d’épaule en nous faisant passer à travers le plancher. Bonne idée/20. Vous vous rappelez quand je me disais que c’était pas une bonne idée, qu’on pouvait juste traverser un mur et mourir ?
Voilà voilà.
Je ne retiens absolument pas mon pouvoir et nous chutons, mais par j’ai mis suffisamment d’énergie dans le coup d’épaule pour qu’on se retourne et qu’il soit dessous. Le choc me coupe le souffle, j’ai l’impression d’avoir laissé un genou ou une chance mais
1) on n’est pas tombé au milieu d’un mur ou au dessus d’un meuble, genre une chaise qui aurait pu nous braiser (lui briser) la nuque.
2) on est tombés sur un tapis. Personne n’a de tapis en Tunisie aussi épais.
3) Y’a la clim, non ?
4) C’est 100% un appartement de location, ça sent le neuf, le propre jusqu’à l’écoeurement, et il est sûrement désert.

Ma lame est déjà sous sa gorge à lui, placée avec tant d’énergie qu’une mousse rosâtre mouille la lame. Désolée, hein. Je suis pas autant précise que toi. Je suis assise à califourchon sur lui et le fait de plier la jambe semble me déchirer en deux. J’ai envie de toucher la plaie, la voir, la panser, me mettre en boule, appeler Simje, quelque chose.

Mais pendant quelques secondes j’ai le pouvoir. Là si je veux je sauve ma peau. Je transperce la sienne et je me sauve en boitant dans la nuit.
Peux-tu vraiment faire ça ?

- Qu’est-ce qu’on va faire de nous..

Rien, n’est-ce pas ?
J’ai incroyablement conscience d’être à cheval sur son bassin. Cette pensée est totalement déplacée et hors de contexte mais elle est là, immense.

J’ai envie de lui, envie de le tuer, envie de partir.
M’immoler me semblerait plus confortable je pense. C’est dire. J’y peux rien, moi, si il est un exutoire à ma colère, ma rage, ma haine, ma solitude. Si j’existe un peu plus ici, un peu moins plus loin.
Je l’ai pas choisi. Comme d’être humaine. T’as choisi, toi ? D’être sorcier ?
Je préférai dans la voiture quand je délirais complètement dans un univers de souffrances bancales et nauséeuses. Mais il n’y a pas de retour en arrière possible. Je suis incapable de me pencher en avant en contractant ma cuisse sans me mettre à hurler, je le sais, aussi je reste sagement assise en le menaçant du couteau.

J’ai toujours pas de plan.

J’ai envie de lui dire que je suis pas sûre de pouvoir le laisser tranquille, qu’il s’est glissé sous ma peau comme un parasite et que je n’ai même pas l’envie de m’en débarrasser. Que j’ai envie, d’être ici, que j’ai envie de l’embrasser, que j’aspire subitement à du calme et à son front contre le mien, les yeux clos et ses mains sur mes hanches.

Mais j’en ai perdu le droit, n’est-ce pas ?

Je suis humaine, tout ce que je dirai lui semblera sale, idiot, déplacé ?

Une enclume fond dans mon estomac. Je ne me sens plus sur un pied d’égalité. Ouais, j’ai des chances de m’en sortir, ouais j’ai réussi à somehow retourner la situation mais puis-je encore seulement l’embrasser ?
Je serre les dents, sentant la couleur quitter mes joues.

Ça va pas trop.

Je glisse un petit :

- Et maintenant ?

Mais j’ai envie de partir maintenant je crois. C’est pas la peine de rester s’il me voit comme un morceau dégueulasse et répugnant. C’est pas la peine de rester.
Mais pourtant t’es encore là.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyMar 4 Sep 2018 - 14:14


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


Peu importe à quel point je l’embrasse, à quel point je passe au-dessus de mes préjugés, à quel point je me sens prête à l’aimer, j’ai la sensation que nous ne pourrons jamais revenir à l’instant où elle enlevait mon débardeur. A qui la faute ? Nous deux peut-être, à nos envies proches et pourtant si éloignées. Un baiser posé dans le feu de l’action, qui récolte la réponse de l’autre. La peur de mourir qi se mêle à celle des pulsions humaines. Des pulsions opposées mais au sensations pourtant presque identiques. Je désire l’achever autant que l’aimer. Plongé dans un tourbillon pareil, on se pense incapable d’en sortir. Incapable de tomber plus bas.

Et pourtant, c’est ce qui se produit. Elle se décale un peu et, plongé dans mon action et mes sensations, je ne bloque rien. Mais alors, le sol se dérobe et je tente de me réceptionner au mieux. Un flash de peur me parcoure et je n’ai pas même le temps de penser au sol qu’il me tombe dessus. J’en ai le soufflé coupé, et le poids au-dessus de moi ne m’aide pas trop à reprendre immédiatement mon souffle. Putain. C’est pas passé loin. S’il y avait eu une table, une chaise, une marche, n’importe quoi, ce serait fini de la plus absurde des manières.
Mais pas le temps de se préoccuper du sol car déjà, la nette sensation d’une lame un peu trop pressée sous ma gorge me retient d’un quelconque mouvement parasite. Elle me regarde et je n’arrive pas à deviner son expression. Me tuer ? Continuer de m’embrasser ? Partir ? Je la regarde, penaud. Peut-être qu’elle sera la première à me trancher la gorge. Au niveau où j’en suis, de toute manière, je ne peux plus bouger. Je pourrais encore utiliser une onde de choc, mais la lame est si proche de mon cou qu’elle pourrait aussi bien me trancher la gorge dans un mouvement désordonné. Alors je ne bouge pas. J’attends le glas. J’attends qu’elle se décide à son tour. Mais elle non plus en bouge pas. Elle aussi prononce des mots. Des mots que je ne comprends pas, un peu sonné, mais qui me parviennent tout de même.

- Qu’est-ce qu’on va faire de nous..

Rien ? Tout. A vrai dire, le destin n’a pas de raison d’avoir une emprise sur nous. Nous devrions être les seuls à décider ce futur-là. Mais c’est pas ce qu’elle veut hein ? Elle veut rien essayer de construire, elle veut du léger et je suis même plus sûr qu’elle veuille encore m’enlever mes fringues. On se touche et pourtant, j’ai l’impression qu’on est revenus à notre point de départ, lorsque Rhyan faisait sa première apparition ici. Voir lorsque nous nous parlions à la banque. Des neutres sur des camps opposés. Des neutres opposés, qui titille l’autre pour le faire réagir mais n’avance pas d’un pas.

C’est bien ce que c’est non ? Du sur place.
Très bien, continuons là-dessus.
Ni de relation simple, ni de relation compliquée. Juste un mélange des deux. Une capacité instantanée à oublier l’autre quand il n’est pas là et à se focaliser uniquement sur lui lorsqu’il se présente. C’est bien ça, non ?

- Et maintenant ?

J’ouvre de grands yeux éberlués et tente de retenir de tout mon corps, mon être, mon âme l’ouragan de rire souhaitant se frayer un chemin hors de ma bouche. Mais la situation est tellement folle qu’elle me dépasse com-plè-te-ment. Je me mords la langue mais ouvre finalement grand la bouche pour m’esclaffer bruyamment, à en pleurer. Et dans ma tête les mots prononcés en boucle « mais c’est pas possible, mais c’est pas possible ».

Et maintenant ? Et maintenant je sais pas, c’est toi qui porte la lame censée me tuer, c’est toi qui reste là, sans bouger, au-dessus de moi. Et maintenant ? Je sais pas, je t’ai embrassé, t’espère que j’ai envie de quoi ? Te tabasser un peu plus ? On peut continuer si c’est ça. Les émotions se suivent et se succèdent sans aucune logique, sans aucune chronologie. Un instant, elle me semble désirable, l’instant suivant elle me dégoûte, puis c’en devient tout simplement dramatique pour finir sur une touche plus que comique. Et maintenant ? Bah maintenant je sais pas. Tu peux commencer par retirer cette lame pour commencer.

-J’sais pas, j’ai ramené un jeu de Scrabble si tu veux.

Je suis. Mort. De. Rire.

Et je pèse mes mots, ça fait vraiment très très longtemps que je n’avais pas ri comme ça, aussi longtemps. Je pose mes doigts sur sa lame pour lui proposer gentiment d’écarter ça parce que ça commence à faire bien mal et me sert de mon autre main pour effacer les larmes qui coulent naturellement de mes yeux.

Elle aurait pu me lancer quelque chose comme « prépare-toi, Cyan, je vais sincèrement te buter » ou faire preuve d’imagination et proposer quelque chose mais non. Tout ce qui est sorti de sa bouche, c’est un ras le bol généralisé de son cortex cérébral. Dans une autre situation, en face à face, entre deux amis qui sortent du cinéma et qui n’ont rien prévu pour l’après-midi, c’est normal, justifié, logique. Mais là, là non. Même moi, à sa place et dans un état de fatigue extrême, j’aurais au moins proposé de rejouer à pile ou face. Et pourtant Dieu seul sait à quel point c’est pas mon jeu préféré. On aurait pu faire une Bataille de cartes pour mettre un peu plus de piment. Et ça aurait pu durer plus longtemps. Mais non, j’aurais délibérément jamais sorti un « et maintenant » interrogatif.

Sérieusement, c’est trop pour moi. Je laisse retomber une main sur le tapis sur lequel nous nous sommes échoués et laisse l’autre s’approcher de son visage et faire passer une de ses mèches rebelles derrière son oreille. Je pousse un soupir de contentement, encore à moitié secoué de spasmes moqueurs et appuie mon index sur son plexus solaire plusieurs fois :

-T’es la femme la plus étrange que j’ai rencontré de ma vie.

A quoi elle s’attendait ? J’aimerais bien entrer dans son esprit juste pour voir ce qu’il s’y trouve. A moins que je ne deviendrais instantanément fou. A voir. Il doit s’y passer des trucs, en tout cas. Ou peut-être qu’on est juste faits pour rester loin l’un de l’autre, à désirer se rapprocher mais sans y parvenir. Forcés à se regarder aux extrémités d’un cercle et à marcher dans la même direction, à la même vitesse.
C’est peut-être pas plus mal comme ça.
Je la regarde sans rien dire, finalement assez conscient que la touche finale approche.

-J’ai l’incroyable sensation de me répéter sans vraiment y mettre les mêmes sentiments, mais Rhyan, tu devrais vraiment rentrer chez toi. On fonce dans le mur, sans mauvais jeu de mots. Si t’arrives pas à me tuer, que, spoiler, moi non plus mais qu’on est capable de rien d’autre que de se mettre un couteau sous la gorge, j’préférerai couper court et me laisser le choix de vivre une soirée au calme. D’autant que la menace d’Olive le retour ne sera pas complètement effacée avant deux bonnes heures.

Tu m’suis ? Sauf si bien sûr tu veux jouer au Scrabble. A cette pensées, les lèvres se relèvent d’amusement une nouvelle fois.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyMar 4 Sep 2018 - 19:14



Mind corruption
Leave it here baby i'm alone.
Il se met à rire. Genre, ahahahah, ahaha !
Oui, je refais un rire. Mais celui là est tellement grand et change tellement son visage et toute son expression, sa façon même de respirer que je reste les yeux écarquillés.

-J’sais pas, j’ai ramené un jeu de Scrabble si tu veux.

Il pousse la lame et puis voilà, j’ai juste envie de disparaître et de ne pas avoir à vivre la suite, parce que c’est du grand n’importe quoi. Les montagnes russes incohérentes de la vie. Et encore, par n’importe quoi, j’entends vraiment, n’importe quoi. Du genre quand j’y repenserai plus tard, je taperai ma tête contre les murs en me refaisant dans la tête le film. Pourquoi t’as dit ça, pourquoi t’as fait ça, pourquoi t’as hurlé ça, pourquoi t’as menacé comme ça.

Parce que c’est ce que je suis non ?
Je ressasse.

Il se redresse et approche sa main de mon visage, toujours en train de rigoler. Vlà la schyzophrénie du garçon quand même, quelques secondes avant il était absolument prêt à m’embrocher, décidé que j’étais une immondice et là, il est tout calme.

Et tout marrant.

Cyan, tout calme et tout marrant.

Vous voyez le problème ?

Son index vient taptaper contre moi, exactement de la même façon que je l’ai fait quelques minutes auparavant. L’accusation en moins. J’ai l’impression que nous avons fini de brûler la bougie qui nous séparait..

-T’es la femme la plus étrange que j’ai rencontré de ma vie.

..et peut être qu’on va avoir une chance à la normalité. Mais peut être est)ce trop demander ? Il me fixe et je sais ce qu’il va me demander : me barrer. Parce qu’à nouveau, nous n’avons pas avancé, nous sommes deux étrangers qui ne nous connaissons pas. Mon coeur pulse à mes oreilles tandis que une masse considérable d’énergie est draînée par la rune pour ma jambe.

Don’t ask me to leave.

Mais je sais qu’il va le faire.

-J’ai l’incroyable sensation de me répéter sans vraiment y mettre les mêmes sentiments, mais Rhyan, tu devrais vraiment rentrer chez toi.

Et voilà.

-On fonce dans le mur, sans mauvais jeu de mots. Si t’arrives pas à me tuer, que, spoiler, moi non plus mais qu’on est capable de rien d’autre que de se mettre un couteau sous la gorge, j’préférerai couper court et me laisser le choix de vivre une soirée au calme. D’autant que la menace d’Olive le retour ne sera pas complètement effacée avant deux bonnes heures.

Il est trois heures du matin, j’ai une balle que dans la jambe et je suis dans un pays inconnu. C’est vraiment pas que ça me fasse peur, plutôt que c’est chiant et que dans la vie, esquiver les moments extrêmement chiants c’est un but. Un confort. Vous voyez? Je m’humecte les lèvres. J’ai aussi la sensation d’avoir tout fait foiré, d’être le petit truc qui a tout fait éclaté comme ça, par fierté.

Par peur, surtout.

Héhé, who’s the dumbest ? That’s me, yo.

Je passe mes mains sur mon visage.

-Je m’excuse, c’était pas le but. (je me mords la joue pour peser mes mots un peu plus longtemps) J’voulais pas venir pour casser les couilles. (j'ai envie de lui dire que j'essayais juste d'être honnête alors que c'est faux. J'essayais d'avoir tout sans rien donner. Injuste Rhyan, ravale tes mots). Laisse-moi rester jusqu’à demain s’il te plaît, j’aurais décollé avant que tu t’en rendes compte.

J’aimerais bien rester dans cette position pour genre, tenter un truc, mais c’est l’heure de se faire minuscule, de fermer sa gueule ou peser ses mots. C’est l’heure d’être sympa, comme une vraie personne et pas agressive et idiote, la blonde escervellée et anxiogène peut aller se faire foutre. Je m’assieds sur le côté, paumes vides et vers lui pour montrer (encore) que j’suis sérieuse et capable de l’être. J’ai envie de fouiller la plaie pour en extraire la balle mais je ne vais pas me plaindre de quelque chose que j’ai totalement provoqué.
Genre, il aurait pu me la coller entre les deux yeux.

De toute façon, Simje m’a bien appris comment neutraliser la douleur et les saignements, le reste peut attendre deux trois heures que je puisse me retourner et me barrer, pour, toujours. Ce pays est loin d’être pour moi.

Ce garçon est loin d’être pour moi ?

J’ai un sourire tout à fait plat et désolé. J’ai besoin qu’il me laisse rester pour une raison qui me dépasse et m’avale toute entière. Peut être que j’ai pas les épaules de mener la vie que j’entends, j’ai juste envie de me poser pour toujours et à jamais. M’endormir pour une dizaine de jours.

-Pas de couteau sous la gorge, promis.

Parce que finalement, peut être que c’est plus simple d’être celui qui regarde de loin les armes et qui n’a plus peur de se faire trahir. Il l’a dit, non ? Il ne me tuera pas. Peut être que la dernière fois il a menti, peut être que cette fois-ci je le crois quand même. Alors qu’est-ce qu’il me reste ? Pourquoi rester sur la défensive, pleine de rage et de mon humanité ? Je n’ai aucune raison de balancer des couteaux à quelqu’un que j’ai envie de garder.

Rien de facile ni de léger.

J’aurais dû baisser les armes avant, j’aurais dû prendre ce qu’il me donnait avant mais j’ai raté le coche. Ai-je bien fait ?
Maintenant au moins il sait et n’aura pas à goûter de délicieux sentiment de trahison après avoir appris ce que je suis. Alors quoi ?

Rien de facile, tout de compliqué mais putain, ce que j’en ai envie.
Pourtant je ne parle pas, ne hurle pas, ne me défend pas, je reste assise à attendre qu’il décide. Et au pire ? Au moins j’aurais été honnête, il pourra me faire un sourire désolé et se barrer, au moins je l’aurais dis, j’aurais demandé. Pas de remords, quelques regrets ?

Allez Cyan, s’il te plaît. Laisse moi rester.
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyJeu 6 Sep 2018 - 22:57


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


Ne sommes-nous pas simplement revenus à notre point de départ ? Après ces montagnes russes de sentiments, après elle, sa rage, son humanité on ne peut plus humaine, son odeur et ses lèvres, moi contre terre, cou contre sa lame. Après toutes ces choses, toutes ces avancées, nous nous regardons encore avec un regard d’étranger. Comme si tout cela n’avait servi à rien sinon à creuser encore un peu plus l’écart entre nos deux personnes.
Sorcier noir et humaine exorciste. Deux blonds aux yeux clairs sans parenté aucune. Qui parlent la même langue mais pas le même langage et qui tentent de se transmettre des émotions à travers des baisers aux couleurs variées.

J’ai perdu toute motivation. A faire quoi que ce soit. Là, immobilisé ou presque par le poids de la demoiselle, incapable de lever la tête sans craindre une décapitation, je reste à ma place. Je n’ai pas envie de reprendre le dessus, pas envie d’échouer une énième fois à lui enfoncer une balle dans les deux yeux. Pas non plus envie de soulever son t-shirt ample. Tout ceci s’est heurté à un refus, plus ou moins précis, plus ou moins sain. Alors je n’ai plus envie de rien. Pas même de me défendre contre une femme incapable de m’assassiner.
Je la regarde simplement. Comme je regarde une femme qui me rend nostalgiquement amoureux mais qui ne me transcende pourtant pas plus que ça. J’passerais pourtant bien ma main dans ses cheveux encore une fois. Juste pour savoir qu’elle est là mais sans la toucher davantage.

Ça doit être la troisième ou quatrième fois que je lui demande de quitter le bâtiment. Si elle craint encore de se faire tirer dessus, elle peut se relaxer dès à présent : j’ai même plus la force de tirer sur un lapin. J’ai ri tout ce qu’il y avait à rire et je ne me questionne à présent que sur notre présence à cet étage, sur les potentiels personnalités ayant élu ou plutôt qui éliront domicile par ici. Je comprends que la fatigue émotionnelle me tombe dessus comme une masse lorsque je me prends à plaindre le tapissier pour la trace de sang qu’on lui aura laissé. Puis, je pense au temps qu’il faudra avant que l’on ne se pose des questions à notre sujet. C’est pas comme si, j’avais tiré un coup de feu. Il est étonnant que personne n’ait encore appelé la police. Peut-être qu’ils ont l’habitude par ici. Aucune idée.

On en est où Rhyan ?

-Je m’excuse, c’était pas le but. J’voulais pas venir pour casser les couilles. Laisse-moi rester jusqu’à demain s’il te plaît, j’aurais décollé avant que tu t’en rendes compte.

Pourquoi elle s’accroche à moi comme ça ? Je regarde sa jambe et j’ai beau me dire que c’est la raison, j’arrive pas à m’en persuader. J’aurais été à sa place, j’aurais quitté le bahut depuis longtemps. Et là aussi, je me serais barré. Une balle dans le gras de la cuisse est handicapant, pas invalidant. A choisir entre dormir chez quelqu’un dont on ignore tout, avec une potentielle bombe atomique nommé Olive susceptible de se repointer – mais qui ne se pointera certainement pas – et un mec aux valeurs opposés aux miennes, c’est un non. Je veux bien croire qu’elle est inconsciente, mais tout de même. Elle trouve même des excuses pour me faire capituler. À quoi bon ?

Je m’apprête à lui répondre mais elle me précède.

-Pas de couteau sous la gorge, promis.

Je souris très légèrement. J’aurais pu rire encore une fois mais j’ai pas l’énergie suffisante. Elle aussi, elle sourit. D’un air vraiment désolé. Un peu comme la fin d’un jeu où le plus casse-couille annonce qu’il a fini de faire chier et qu’il s’en veut plus ou moins. Elle a basculé pour me libérer depuis un certain temps déjà et je suis toujours affalé sur le tapis moelleux. Tapis m’ayant probablement sauvé la vie. Elle a quand même le plus attenté à ma vie aujourd’hui et on doit parler de son point de couchage maintenant.
Elle a cru c’était une colonie de vacances chez moi ?

Je prends finalement un temps considérable pour me relever. Enfin, m’asseoir, les pieds tendus, les mains en arrière pour soutenir mon haut.

-Ok.

Quoi, ok. Qu’est-ce qui m’a pris de lâcher une bouse pareille. Je secoue la tête et mime également le refus d’une main.

-Enfin, non je veux dire. Hors de question. J’vais pas te laisser dormir alors que un : Olive peut débarquer, deux : un sorcier noir peut débarquer, trois : j’ai à peu près tout à te cacher de ma vie et l’appartement c’est l’emplacement parfait pour tout entreposer, quatre : j’veux juste manger une pizza au calme. Et cinq, non des moindres : Tu vas vraiment pas me faire croire que t’es venue ici sans plan B, sans pied à terre, comme ça. Six bonus, si c’est ta jambe, je pense que t’es assez grande pour gérer ça toute seule.

J'veux manger une pizza et fumer une bonne clope. Ou deux. Ou même trois.

La confiance est comme je l’ai dit : redescendue à zéro. Je ne vois pas comment je pourrais permettre à une exorciste de dormir chez moi. Au-delà de toutes les excuses prononcées, c’est avant tout le stress même d’héberger quelqu’un du camp opposé. Peu importe sa personne. Il faudrait que je désactive absolument toutes les runes et comme je suis très original dans ma façon de les poser – ceci est ironique – ça lui donnerait une idée précise de toutes mes défenses. Je ne parle pas non plus de tous les documents de Rosenrot entreposés dans le salon, pas même encore complètement déballés. Des ordres de missions à faire, ou déjà faits, des demandes d’armes, des localisations, des fichiers piratés sur des exorcistes. Plein. De. Choses. On évite de trop en garder dans les cas où les exorcistes font des razzias et en général tout est runé pour se désagréger mais il faut ensuite tout refaire et bref c’est chiant. Même si Rhyan est gentille et ne touche à rien, moi je fermerai pas l’œil de la nuit en songeant à la bêtise que je viens de faire. Alors je coupe le machin à la source.

-Je sais pas ce que t'es venue chercher comme ça, mais tu le trouveras pas. J’veux bien t’accompagner jusqu’à un hôtel, n’importe quoi. J’vais pas te blesser ni rien non plus, j’te le promets mais non, jamais tu dormiras chez moi. Je sais même pas comment t'as pu penser que j'allais accepter.

C’est même pas une question que je l’aime ou que je l’aime pas, c’est une question de principe. J’étais à deux doigts de la tuer, elle m’a stoppé avant que je puisse lui retirer sa tenue et elle m’a asséné le coup fatal du « et maintenant ». J’ai juré, y’a aussi une part inconsciente de moi qui doit se remettre du double rejet de cette soirée. Ma conscience et mon cerveau gauche analytique doivent se taper des grosses barres de rire là-haut. Mo orgueil est piétiné, mon cerveau droit et ses jolis papillons bleus arrachés et je ne parle pas de mon égo sérieusement amoché. Si je n’avais pas vécu des instants plus pressants, tendus et vitaux, je pense que je me serais mis à pleurer depuis longtemps. Je me serais aussi énervé bien plus tôt. C’est mieux de me dire que cette histoire est secondaire parce que c’est effectivement le cas.

Je me relève alors et époussète mes vêtements, ajuste l’une de mes lames restées à ma ceinture et quelque peu maltraitée dans sa position actuelle. J’aimerais lui balancer un « et maintenant ? » à mon tour mais ce serait me faire mal encore une fois alors je me contente de me diriger vers la porte d’entrée et de crocheter la serrure avant de me rendre compte que la porte était ouverte. Bon. Eh bien, va falloir songer à bouger, peu importe où. Surtout pas chez moi en fait.
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Exorciste Humaine
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyMar 11 Sep 2018 - 21:32

RHYAN


The world is howling
Tip toe around me, i'm breaking.
L’enfer.
C’est.

Les autres.

C’est toi Cyan.

C’est toi, mon enfer. Mon enfer personnel renfermé dans une façon de sourire et de me dire en t’asseyant :

- Ok.

Mon coeur rate un battement mais mon cerveau ne suit pas le mouvement. On sait tous, au fond, moi et les autres, que cette nuit tu me chasseras. J’attends juste le moment où tu..

-Enfin, non je veux dire. Hors de question.

Un sourire pâle vient mourir sur mes lèvres et goutter à mes pieds. Ploc, ploc, ploc, je le savais. Aussi la surprise ne m’attend pas mais la suite m’intéresse. Justifie toi ou laisse moi choir sans considération, j’ai tout mon temps.

- J’vais pas te laisser dormir alors que un : Olive eut débarquer, deux : un sorcier noir peut débarquer, trois : j’ai à peu près tout à te cacher de ma vie et l’appartement c’est l’emplacement parfait pour tout entreposer, quatre : j’veux juste manger une pizza au calme. Et cinq, non des moindres : Tu vas vraiment pas me faire croire que t’es venue ici sans plan B, pied à terre, comme ça. Six bonus, si c’est ta jambe, je pense que t’es assez grande pour gérer ça toute seule.

Il m’infantilise tout en me disant que je peux gérer ça moi-même, me prendre pour une exorciste déterminée alors que je ne traine derrière moi que la naïveté d’avoir vécu en cage. Je ne réponds rien mais m’incline poliment. Très bien, Cyan. C’est toi qui choisi et comme tu l’as dis, nous sommes assez grand.

Mais non, bien sûr que non je ne prévois pas de pied à terre, parce que c’est tout et rien. Parce que je me jette intégralement dans la falaise en me disant qu’il y aura de l’eau et pas des rochers.

Pas de plan B.

Je me mets en mouvement, le corps soudain blanc et vide, pesant une demi tonnes à bouger. Les runes ont drainé l’énergie brillante et insolente que j’aime glisser sous ma peau. Ne reste qu’un calme assourdissant. Mes oreilles bourdonnent et j’imagine un instant m’évanouir ici.

Me réveiller dans le caniveau.

On ne force pas la main d’un Soul, n’est-ce pas ?

Mais il ouvre à nouveau la bouche et je sais, je sais que je n’ai pas envie d’entendre ce qu’il va dire. Mes yeux restent à fouiller son visage, petites mains maladroites qui voudraient quelque chose pour se raccrocher. Des mots pour me moquer, dédramatiser. Mais après être passée par toutes les émotions je me retrouve enfin au milieu de moi-même : étrangement blessée, étrangère et sauvage.
Je veux partir, ses mots me fond atteindre.

-Je sais pas ce que t’es venue chercher comme ça, mais tu le trouveras pas. J’veux bien t’accompagner jusqu’à un hôtel, n’importe quoi. J’vais pas te blesser ni rie non plus, j’te le promets mais non, jamais tu dormiras chez moi. Je sais même pas comment t’as pu penser que j’allais accepter.

J’ai envie de lui cracher des mots acides, lui rappeler à quel point on est différents, lui dire que dans notre camp, chez les gentils, chez les bons, on aurait jamais dit non à qui que ce soit. J’aurais dit oui.

Vraiment ?

Can’t bring back what’s no longer there.

Il se lève avec cette façon qu’ils ont de faire, les autres. Comme s’ils n’étaient pas soumis aux mêmes règles que nous, les lois de la gravité, de la fatigue, de la chaleur et de deux heures du mat.

Il ouvre la porte mais ne rentre pas chez lui. Comme si nous formions encore un tout, entité qui m’a pourtant dit de partir. Je m’appuie sur ma jambe blessée sans plus avoir trop de douleur et aussi, je lui emboîte le pas. Gentlemen, ugh ?

Stupide.

Je me laisse couler tranquillement, résignée mais paisible, sérénité volée à la fatigue. C’est mon moment préféré où je pourrais tomber dans n’importe quels bras pourvu qu’ils m’apportent un sommeil sans rêves qui me plombe les ailes. Presque droguée, les runes font leur travail à merveille et je lui lance une petite moue.
Je suis mauvaise joueuse, toujours été.

- Je n'ai pas de Plan B et je ne suis rien venue chercher. (Je m'humecte les lèvres et lève les bras, signe de défaite) Je n'aurais pas dû. Rentre chez-toi, je sais me débrouiller.

J'ai l'impression d'avoir pris vingt ans de maturité, perdu cinquante ans de folie. De m'être fait ranger dans une boîte alors que je n'avais rien demandé.

Parce que je suis assez grande, n’est-ce pas ? Je me retiens de lui jeter ses mots au visage. L’occasion est pourtant tentante mais ce n’est plus le moment. La vérité seule nécessite d’être ici. Je n’ai pas de Plan B, ce n’est pas grave, je m’en vais.

Oh, je m’en vais.

Mes lames me réchauffent le coeur. J’aimerais me droguer jusqu’à oublier le début de cette soirée, il est loin le moment où mon coeur s’effilochait au bord de mes lèvres. Tout est retombé sur le sol, comme de la poussière. Nous avons voulu la faire danser à nouveau mais nous avons échoué.

Avons-nous vraiment essayé ?

- Bonne soirée, Cyan.

La nuit est toujours chaude, la ville toujours calme et moi, moi j’ai tout perdu. Mais ce n’est qu’une impression, n’est-ce pas ? Des centaines de gens croisent notre vie tous les jours, je refuse de penser qu’un seul pour me faire sentir this way.
Tu n’es pas unique, tu es duplicable à l’infini.
Je m’attarde et lui lâche un sourire franc et direct, plus de jeu plus d’émotions, juste moi qui dit au revoir. Peut être que je n’ai pas su l’aimer, peut être n’est-ce qu’un problème de timing. Peut être que ce n’était pas le moment, qu’il viendra plus tard.

Peut être suis-je simplement mal née.

L’air chaud du désert m’accueille dans un souffle étouffant alors que je retrouve la ville morte. Je ne sais pas où aller mais j’ai le temps, j’ai tout le temps devant moi, je compte laisser les dernières effluves de la soirée s’estomper. J’ai encore son odeur sur moi et j’ai hâte de me doucher.

Mes pas, le sable, les murs blancs.

Le son de sa voix me manque mais je hais quand il parle, désormais.
Désormais.

Est-ce mon nouveau présent ?
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Admin | Sorcier noir de Rosenrot || Twins
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MessageSujet: Re: Boy that's a wishful plan   Boy that's a wishful plan EmptyMar 11 Sep 2018 - 22:49


"Boy that's a wishful plan"


Je sais pas ce que je fais, je sais pas si c'est même la peine de me poser la question tant je plane. Tant j'ai peur de m'attacher à toi. Tant je sais à quel point ça en a détruit deux avant moi. Et j'ai pas envie de leur ressembler. Ni que t'ai as subir la même chose qu'elles.


Je l’observe se lever avec une certaine difficulté, posté de mon lointain endroit, marquant aussi physiquement que psychologiquement ces quelques mètres nous séparant. Ai-je eu tort de refuser ? Non. Peu importe la façon dont les mots s’enchaînent, dont mes connexions cérébrales se mêlent, la réponse restera la même. Je ne suis pas prêt à la laisser dormir. Je ne suis pas aussi prêt à lui faire confiance que je l’aurais pensé. Une part de moi redoute de la connaître davantage. De m’attacher un peu plus à une portion d’humaine que rien ne me prédestine à reconnaître. D’un autre côté, je continue d’espérer que nos chemins se recroiseront, quoi qu’il arrive. Que, si le destin le veut, je pourrais une fois de plus tenter d’attraper une part d’elle à travers ses lèvres et l’attacher un peu plus à moi. Doucement. Que cela prenne des jours, des semaines, des mois, des années, c’est après tout du désir que naissent les sentiments les plus puissants.
Et je ne vis jamais mieux qu’en vivant pleinement.

Ces mètres sont pour moi une assurance de ne pas flancher, malgré une certitude brûlante de faire le bon choix. L’influence de son visage sur mes décisions est comme une drogue donnée à faible dose à un toxicomane. Il ramène à ses souvenirs l’envie, voir le besoin de sombrer de nouveau. Mais la douleur, le tiraillement est une sensation particulièrement grisante pour moi. Elle pourrait me faire sombrer dans la folie en un instant.

Va-t-elle tomber dans les pommes ? Elle me semble à peine tenir sur ses pieds. Que ferais-je alors si elle s’effondre ? Faites qu’elle ne plonge pas maintenant. Faites qu’elle parte. Mais alors, sa démarche se précise et je la sais tirée d’affaire. Suffisamment tout du moins pour regagner sa place. Regagner sa partie du monde, son côté des gentils. Est-ce qu’on se reverra ? Oui. J’en suis certain. Le monde des sorciers n’est pas celui des humains, on se recroise forcément un jour ou l’autre.

Elle passe devant moi et dans ma tête ce sont les centimètres qui nous séparent qui se répètent en boucle comme des moutons que l’on compte pour s’endormir. Mais ceux-là me maintiennent dans un éveil anormal. L’option, même minime, que l’on se perde définitivement de vue, ne peut pas s’empêcher de se frayer un passage sur un sentier de terre, minuscule, sinueux et sombre jusqu’à mon cerveau. Est-ce que je ne devrais pas en profiter ?
Il faut pourtant dire ce qui est.

Je n’en ai pas la force, ni même la volonté.

- Je n'ai pas de Plan B et je ne suis rien venue chercher. Je n'aurais pas dû. Rentre chez-toi, je sais me débrouiller.

Ça me fait sourire en intérieur. Juste en intérieur. Cette retrouvaille était une vaste blague. Depuis la Pologne, même, cette histoire s’est transformée en une suite improbable. Finalement, Rhyan résume plutôt bien la situation. Il n’y a pas de plan B. as de plan de secours. Nous nous sommes rencontrés par hasard, et continuerons certainement de le faire, en suivant notre instinct, en nous blessant mutuellement parce que nos longueurs d’onde sont certes parallèles mais ont également cette certitude de ne jamais se croiser. Destinés à suivre le même chemin sans pouvoir nous confronter.

Continuons à surfer sur cette vague d’improvisation et qui sait, peut-être qu’un jour nous ferons naître autre chose que des étincelles brûlantes mais nous nous en servirons pour nous réchauffer. Je me gratte l’arrière du cou et retient un brusque bâillement. Toute cette activité m’a vraiment donné sommeil. On ne se refait pas en un jour ni pour les belles prunelles d’une jeune femme.

- Bonne soirée, Cyan.
-Bonne soirée, Rhyan.

A la prochaine ? La phrase s’est maintenue dans ma bouche, comme bloquée par un fil invisible. Un fil de suture, dur comme l’acier, emprisonnant mes lèvres. Elle fait volte-face et pose à cet instant mon dos contre le chambranle de la porte, les bras croisés, le regard rivé sur la blonde toujours aussi fière qu’une princesse requin. La seule princesse requin qu’il m’ait été possible de voir jusqu’à présent. Pas du tout une sirène. Pas du tout enchanteresse. Une femme aux pensées aussi chaotiques que les miennes, aux cicatrices aussi profondes. Et puis, une belle anarchiste. Elle n’est pas aussi emplie de toutes ces valeurs pures et loyales qu’on doit probablement enseigner chez eux. Je garde la sensation que tout puisse à un moment dégénérer. Une insécurité qui m’effraie et maintient cette attirance indéfinissable pour une humaine.

Je baisse les yeux alors qu’elle descend les marches sans même se retourner.
Une humaine.

Une main vient instinctivement passer dans mes cheveux, ralentir l’afflux sanguin dans mon crâne. Une humaine ? Voilà que la famille Soul s’entiche définitivement trop des humains, non ? Ne faudrait-il pas en terminer avec ça ? Terminer une histoire qui n’a pas même commencé ? Je souffle de lassitude envers moi-même et reprend la direction de mon appartement. Saisit un revolver jeté à terre et me poste immédiatement à la fenêtre après avoir dégagé les rideaux de la main. Je vois sa tignasse blonde éclairée par les réverbères et l’observe une vingtaine de mètres plus loin. Boitant un peu, pas autant qu’une personne lambda s’étant faite tirer dessus. J’admire sa résistance, tout de même.

Je connais déjà l’issue d’un combat perdu d’avance mais me prend à espérer que tout terminera aujourd’hui. Qu’il se terminera de toute manière aussi vite qu’il pourra commencer et que faire durer les choses, c’est pas trop mon genre. Je la regarde. Toujours. La main tendue, sa tête dans le viseur.

Le manège dure encore quelques secondes. J’aurais eu des milliers d’opportunités. Sa confiance, ou tout du moins l’absence de choix, est déraisonnable. Dormir chez moi ou craindre de se faire exploser la tête à l’extérieur ? Depuis quand mes promesses ont-elles un goût de vérité ? Depuis quand Olive n’est-il plus le seul à bénéficier de cette honnêteté sans faille ? Que deviendrais-je si je tombe un jour vraiment amoureux d’elle ? La vulnérabilité n’est pas un plat que l’on m’ait appris à manger. On me l’a simplement présenté comme le pire des goûts. Et pourtant j’y ai déjà goûté. Je lui ai proposé de tenter des choses. Choses qu’elle a refusé, avant de m’avouer qu’elle était humaine, que…

Je pousse brusquement la détente de l’arme et ce dernier émet un bruit mécanique vide.

-Pan.

Je soupire après mon onomatopée vocale vide de toute expression. Ai-je tiré en me rappelant volontairement d’avoir vidé les chargeurs ou étais-je vraiment certain de la toucher ? De toute évidence, la première constatation semble la meilleure. Je souris d’un air déçu et bâille une nouvelle fois avant de remballer mon arme. Ferme la fenêtre et ajoute en murmurant :

-On n’est pas encore sortis d’affaire, ma jolie petite princesse requin.

J’espère, en tout cas.

[FIN]
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