There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan
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Sujet: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Lun 5 Nov 2018 - 23:38
There is no such thing as second thougts
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Encore et toujours de la paperasse. A n'en plus finir. Je soupire un instant, là, dans ma chambre d'hôtel, allongé sur le lit, mon ordinateur portable sur mes genoux. Derrière mes lunettes, je lis et relis des dossiers à longueur de temps. Je me concentre sur les mots qui dansent devant mes yeux à défaut de me concentrer sur la moitié d'assiette qui a refroidie depuis bien longtemps sur la table en face. Mes paupières papillonnent dangereusement. Je tape quelques mails, encore. Une sorte de rage inouïe brûle en moi. Il y a encore eu des disparitions la semaine dernière. Trop. Je n'arrive pas à suivre, et les lettres que j'envoie aux familles me déchire le coeur. J'ai l'impression qu'il refroidi de plus en plus, lui aussi. Il se durcit comme pour survivre, mais l'idée même me heurte. Le picotement devient insupportable et l'univers flou. J'ai le temps de jeter un oeil à ma montre : 4h47 du matin. L'ordinateur prend place sur la table de chevet et je rejoins doucement Morphée pour un temps, comme à regret, avec un goût d'inachevé...
... 7h45. Mon téléphone déverse dans la pièce une douce musique agréable. Mes paupières sont lourdes, mon corps également. Je songe aussitôt que je déteste cette sensation exécrable. Je peine à m'extirper de mon lit. La tête lourde, je ferme les yeux à nouveau un instant. Non ! Je ne me rendormirai pas. Les dents serrés, les poings serrés, quand je les rouvres, c'est comme si j'avais passé une longue nuit. L'énergie revient, provoquée par ce refus, comme une ritournelle dangereuse. Je file sous la douche, comme pour provoquer mon corps un peu plus. L'eau goutte sur ma peau, se déverse et glisse encore et encore. C'est un affront de plus, une douleur entretenue. Le thermostat tremble lui même, à son minimum. Il est réduit, comme ne pouvant exprimer sa chaleur. C'est seulement au bout d'un quart d'heure que je sors, frissonnant, englué dans ce froid immense qui me laisse une sensation de contentement. Mon coeur s'est affolé. Il se calme à présent. Et je me sens comme neuf, prêt à me lancer dans ce marathon sans fin encore, et sans faim non plus.
J'évite de regarder le miroir quand je me rase et que je brosse mes dents qui n'ont pourtant subi aucunes attaques. Je nettoie ce qui peut être nettoyé, frotte parfois avec une ardeur déplaisante cette peau qui ne me sied plus. Elle est sale ou a été salie, mais il semble que la crasse ne parte pas. C'est une souillure qui me suit, une horreur qui me colle à la peau. Je laisse mon illusion prendre forme pour m'habiller, pour ajuster mes vêtements à ce costume que je porte. Je sers ma cravate, boutonne la chemise, attrape mon ordinateur que je fourre dans ma mallette sombre. Je regarde la chambre en songeant sombrement que j'aimerai ne pas avoir quitté les draps chauds et accueillant, que je ne veux pas commencer cette journée. J'enfile mon manteau et quitte l'hôtel sans un regard pour la salle du petit déjeuner qui commence à se remplir.
Dehors, la pluie m'accueille avec une violence connue, la violence des hommes et du monde. J'accueille les larmes du ciel avec une consternation songeuse. Mes chaussures claquent dans les flaques. Je souris en voyant des enfants, sûrement sur la route de l'école, ou peut être est-ce les vacances puisqu'il me semble qu'en Allemagne, ils commencent plus tôt que cela ; ils courent et s'arrêtent, sautent au dessus de l'eau ou dedans, pour faire râler les parents qui les grondent gentiment. On n'éclabousse pas les adultes, semblent-ils dirent. Je ne baragouine qu'un peu d'allemand, pas assez pour me faire comprendre correctement dans une conversation fluide. Je peux demander les toilettes par contre. La réception du siège d'Orpheo m'accueille à nouveau. Cela fait trois jours que je viens pour travailler en concert avec les exorcistes présents. Il ne s'agit pas d'un congrès, d'une rencontre, mais de réunions sans fin qui ne trouvent pas encore de solutions pour le moment. Je prends place derrière un siège et attends quelque peu. Je suis souvent, toujours ou presque, en avance.
Trois heures plus tard et je traverse à nouveau la rue. Il y a un café presque en face, c'est une histoire de quelques mètres. Une appréhension plus tard et je passe la porte. Je commande un thé et déplie mon ordinateur. J'ai trois heures avant la prochaine session où il me faudra aborder une délicate question d'un trafic d'humain qui malheureusement part de chez moi, en Ecosse pour arriver ici. Le Mystery Orphanage n'a toujours pas été repris, et les sorciers noirs ne cachent pas ce qu'ils font des orphelins humains, s'ils sont un minimum coopératifs. J'avale une gorgée du liquide ambré et je manque de m'étouffer. Le goût sucré fait palpiter mon coeur. Je serre les dents, empêche la panique de me gagner, avale tant bien que mal cette erreur commise. Je repousse la table à l'autre bord de la table et me reconcentre sur l'écran, essayant d'oublier. Ma main se crispe et je regrette d'avoir laissé ma canne à l'hôtel. Il est des moments où cela devient une nécessité pour éviter de claudiquer dangereusement. Pour autant je n'ai plus rien à la jambe. C'est un autre souvenir qui ne s'efface pas. Je lis avec amertume le rapport. Tom y a inclut des dossiers, des noms, des photos, des petits sourires enfantins sans doute meurtris à présent, inexistant. C'est inacceptable. Je sers les dents.
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Sujet: Re: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Mar 6 Nov 2018 - 14:53
Dernière édition par Sam Carver le Jeu 8 Nov 2018 - 16:05, édité 1 fois
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Sujet: Re: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Mar 6 Nov 2018 - 21:41
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J'envoie un mail à Tom, pour lui raconter ce matin et lui demander des précisions pour cet après-midi. J'avale une autre gorgée du thé tout en essayant de croire que cela est normal. Le liquide brûlant coule dans ma gorge comme une respiration. Il réchauffe tout sur son passage et me fait l'effet d'un baume apaisant. Et je déteste cela. Autour de moi, les gens viennent et s'en vont. Le brouhaha est agréable, étrangement, plein de vie. Je pourrais rester longtemps à le contempler, silencieusement, et essayer de percevoir toutes ces étincelles qui ne cessent de bouger autour de moi. Mais pour me concentrer sur le travail, il me faut me couper de mon don, réduire le flux d'information à son minimum. Mes doigts volent sur le clavier. Je réajuste mes lunettes. Elles sont seulement anti-fatigue et anti lumière bleue. Lorsque je les portes, il me semble être moins fatigué. Et cela créé une barrière entre moi et le monde, comme un recul nécessaire de temps en temps, pour mieux appréhender les choses, réfléchir plus posément.
- Salut Declan.
Je sursaute. A mes côtés se tient Sam avec un immense chocolat chaud surmonter d'une crème chantilly voluptueuse. J'esquisse un sourire gêné, remet les lunettes qui se sont légèrement échappées de mon nez, écarte mon ordinateur portable de la flaque de thé qui se répand sur la table, après que celle ci ai rencontré mon genou. J'éponge rapidement avec la serviette pendant que la jeune fille s'installe sur la table à côté et se met à dévorer avidement sa boisson. Il reste un peu de thé dans la tasse et l'ordinateur n'a subit aucun dommage. Je regarde l'adolescente à qui il reste un peu de chantilly sur le coin de la bouche et lui offre cette fois ci un sourire d'un autre genre.
- Bonjour Sam. Désolé, je ne m'attendais pas à te voir.
Je lui montre du bout du doigt le coin de sa bouche, malicieux. Cela me fait rire. Cela me rappelle un moment joyeux au Mystery Orphanage où je passais deux semaines. On avait fait une soirée crêpe avec tous les enfants. La chantilly et le nutella coulaient à flots. Nous avions eu des crampes d'estomac tant Judith avait fait de pâte. Je m'étais retrouvé à passer la soirée avec un nez blanc et personne n'avait voulu me le dire. Retour dans le présent. Je ne m'étonne guère de la voir ici en fait. Disons que je n'avais pas songer à la rencontrer lors de mon voyage, mais c'était une potentialité à ne pas écarter. Je ne le recherchais pas, c'est arrivé. Pour une fille qui vit en Allemagne et qui est protégée par Cormag Scrimgeour, rien d'improbable pour le moment. Et je me reprends à me questionner. Je ne sais pourquoi cela n'a pas été la dernière fois, mais je me demande à présent comment cela se fait qu'elle ai pu atterrir ici. Je ferme le clapet de mon ordinateur et observe son sac.
- Tu reviens des cours ? Tu as quel âge au fait ?
Je reprends ma tasse et l'avale tranquillement, comme s'il y avait un apaisement à présent. Je me demande maintenant avec inquiétude, alors que cela ne m'avait pas traversé l'esprit, si elle a pu répéter quelque chose à son tuteur. Après tout, elle m'a capté, elle a saisi quelque chose qu'elle n'aurait pu entrevoir sans son pouvoir et n'aurait dû si elle avait pu le contrôler. Par respect peut être, ou pudeur. Je ne sais. Pandora me disait toujours, étant lectrice de pensées, que son don ne l'autorisait pas pour autant à lire les pensées comme cela. Cette grande tante éloignée me manque et je note dans un coin de ma tête qu'il me serait peut être possible de la visiter au Japon, ainsi que ma famille là-bas et en profiter pour régler encore et toujours deux trois affaires pour Orpheo.
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Sujet: Re: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Jeu 8 Nov 2018 - 16:07
Dernière édition par Sam Carver le Jeu 8 Nov 2018 - 22:04, édité 1 fois
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Sujet: Re: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Jeu 8 Nov 2018 - 19:49
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Je sens mon portable vibrer dans ma poche et je l'ignore superbement. Là, dans ce café bruyant et vivant, alors que le désert que je vis, dans une solitude que je m'inflige, je refuse un contact avec le monde extérieur. Mais la raison n'est pas mauvaise et c'est presque un ravissement de se voir refuser quelque chose pour une raison banale et acceptable de tout un chacun : je suis avec quelqu'un avec qui je parle, en vrai, pas derrière un téléphone, caché et à l'abris. Quelqu'un qui perçois quelque chose. Quelqu'un qui au fond, n'en a rien à foutre de moi et à qui je n'ai rien et j'ai tout à cacher. La jeune fille se rembrunit un tantinet quand je parle de l'école. Je ne sais pas ce qu'elle en pense et après tout, je crois que l'on aime pas ça, étant enfant, parler de cela. Enfant... C'est drôle, mais j'ai du mal à faire la différence entre un enfant et un adulte. Ne me posez pas la question pour un adolescent, c'est pire. Et là, je suis dans cet entre deux qui me dérange. Ou pas vraiment. C'est seulement qu'être étranger à ce concept de hiérarchie passe mal aux yeux des autres et je m'efforce de m'y faire, de ne pas m'y soustraire. Pour autant, je crois que j'en suis incapable, et quand j'essaye, cela donne des phrases, des tons, des attitudes que je ne cautionne pas vraiment ; comme s'il y avait une différence, vraiment, de hauteur ? Peut être est-ce pour cela que je parle d'école. Parce que c'est attendu. Mais pour moi, cela équivaut à parler boulot.
Elle rétorque quelque chose que je ne comprends pas immédiatement. Je suis là parce que j'ai des choses à faire et cela me semble irrecevable. Il est entendu que je suis venu pour elle ? J'ai louper un train à une gare et je ne sais pas laquelle. Je me concentre un instant sur le pourquoi du comment avant de me dire qu'elle songe sans doute que ce n'est pas une coïncidence. Certes, elle est la protégée de Cormag Scrimgeour, directeur du siège que je visite actuellement pour quelques réunions imposées. Elle doit y passer, c'est sûr. Pour autant je n'avais pas encore fait le rapprochement entre aller en Allemagne, à Berlin, et la rencontrer. Ce n'était pas du tout la raison première de ma présence, ni la seconde, ni aucune. Je dirai même que j'ai à peine réfléchis à notre rencontre précédente, tant le travail m'a pris d'arrache pied. Je n'ai le temps que pour ce qui ne me concerne pas. Et je n'avais pas de raisons de spéculer à son propos. Mais maintenant que nous sommes face à face, ces obstacles sont abolis. Sa question, cependant, est directe. Et je me retrouve dans la position de celui qui doit la réponse alors qu'elle ne m'en a donné aucunes. Je crois que c'est une habitude chez elle, je ne sais pas si je m'y ferai, si j'accepte cela.
- Je suis là pour gérer des situations de crises avec d'autres exorcistes, notamment sur des questions qui concernent mon siège et celui de ton tuteur.
J'ai répondu. Simplement. Sans avancer sur ce que l'on dit. Je n'ai pas à me confier à quelqu'un là-dessus, d'extérieur. Je ne pense pas que ce soit une question de droit, ou de devoir de se taire. Ce n'est pas réellement secret, sauf peut être sur nos plans d'actions. Mais le reste, ce sont des faits. Je ne sais pas, je ne souhaite seulement pas m'étendre, apparemment. Je regarde son chocolat avec une envie proche du dégoût. Cela dure un dixième de seconde avant que je me concentre à nouveau.
- J'ai répondu. A toi.
Ce n'est pas un défi lancé, une provocation ou quoique ce soit. Si nous sommes là, à discuter comme deux personnes sans jugement de hauteur l'une par rapport à l'autre, il n'y a aucune raison, si cela se fait dans le respect, que je la laisse me marcher sur les pieds. Je n'ai pas un visage fermé, mais ferme cependant. Je ne suis pas en colère ou hautain, rien de cela. Je veux juste qu'on parte sur une base d'égalité là dessus. La dernière fois, ni l'un ni l'autre n'était à sa place. Moi, par mon manque de conscience provoqué par un jeûne trop long et elle, par cette imprudente échappée de ce pouvoir si incontrôlable à son âge. Pas de reproches, juste une constatation formelle.
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Sujet: Re: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Jeu 8 Nov 2018 - 22:05
Dernière édition par Sam Carver le Ven 9 Nov 2018 - 11:22, édité 1 fois
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Sujet: Re: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Jeu 8 Nov 2018 - 22:47
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Elle se concentre, se perd, se concentre à nouveau et semble ailleurs. Ses yeux font des allers retours dans des mondes anciens que je ne peux pas voir. J'ai juste la certitude que son pouvoir se déclenche quelques fractions de secondes, des moments plus importants et la quitte subitement, la laissant perdue juste un instant, le temps qu'elle revienne dans le présent. Et tous ces voyages augmentent cette confusion que je ressens en elle, ou plutôt que je sais. Aucune empathie de ma part, pas aujourd'hui. Je n'arrive pas à forcer ce don qui n'est pas le mien, à ressentir réellement les émotions et sentiments des autres. Mon empathie n'est plutôt qu'une forme de compassion, de ma capacité à me mettre à la place d'autrui sans pour autant les comprendre. Mais cela n'a rien de vrai. Aussi, quand je la regarde, paumée, au milieu de ces choses impalpables qui me sont inaccessibles, j'ai l'impression d'être vraiment là, moi, pour le coup. Et ce n'est pas souvent qu'une telle chose arrive. Jamais à vrai dire.
Il semble qu'elle essaye de se raccrocher à des choses. Quoi ? Je ne sais. Son bol, apparemment, vide de chocolat, encore plein d'odeurs qui sont pour moi comme une madeleine de Proust. J'ai ces souvenirs de ma mère me servant des bols entiers le matin, qu'elle s'était obstinée à faire chauffer à la casserole, en enlevant les peaux de lait, rajoutant la poudre d'un chocolat qu'elle avait râpé elle-même. Elle l'épiçait avec différentes épices, cela dépendait. Il y avait piment, cannelle, vanille, noisette, muscade, orange amère, amande. C'était souvent tout un mélange qui se mariait avec délice à la rondeur du chocolat noir, blanc ou au lait, selon ses humeurs. Et il y eut un matin où cela ne fut plus possible, comme si mon frère et moi avions grandis trop vite alors que Clyde n'avait pas l'âge de raison. C'était peut être la mort de Cillian. Mais il a fallut boire du thé à présent, puisque l'enfance n'était plus et l'enfant qui avalait goulûment la boisson lactée avait disparu. Et puis le bol disparaît sous ses doigts pour laisser place à la table, la chaise... Et à sa petite voix qui transperce l'air, le rendant si lourd et si insaisissable en même temps.
Je ne bouge pas, comme figé. Il y a dans sa proposition quelque chose d'interdit. J'appréhende ma réponse, comme si refuser était un affront et affronter un accord une capitulation. Je ne sais si je peux faire ce genre de chose, si accabler quelqu'un qui le demande innocemment n'est pas condamnable. Déjà que je peux à peine soutenir mon reflet dans le miroir. Je sais. Je sais qu'elle ne pourra pas chercher, pas savoir, mais seulement apprendre et recevoir. Ce ne sera pas un choix, seulement une plongée dans un aléatoire que notre contact pourra peut être lui offrir. Ou le noir, si cela lui échappe. Cillian le murmurait parfois, à demi voix, qu'il n'y avait rien de pire que le vide qu'il ne pouvait accepter, et rien de pire que le reste qui le submergeait parfois. Je tressaille un instant. On ne m'a que rarement demander quelque chose d'aussi anodin et d'aussi personnel. N'importe qui sait que l'on n'accepte pas de livrer le passé aux mains du futur. Il y a comme un mur infranchissable et qui ne doit pas être détruit. Même par une interrogation. Même par mes interrogations.
- Que cherches-tu ?
J'ai tendu ma main. Ma main s'est tendue, plutôt. Je l'ai vue s'avancer, légèrement tremblante, alors que mon regard refusait. Je ne retiens des choses que parce qu'il ne me semble pas juste de les laisser partir. Mais mon besoin de transparence éclate sans que je puisse lui tourner le dos, une fois de plus. C'était une fois de trop et ça n'a pas été possible. Ce n'est peut être plus possible. Ma main se stop, à mi-chemin entre la sécurité et la peur.
- C'est une responsabilité que tu prends. Que cherches-tu ?
J'ai répété. J'ai répété pour être sûr d'avoir une réponse, car je lui donne les miennes, aux questions qu'elle n'a pas posées. J'attends, tendus vers ce moment qui ne devrait pas exister et qui semble inexorable. J'ai toujours eu l'impression d'être balancé dans mon présent comme on le serait dans le futur, en sautant une étape et retenu par le passé, comme si rien ne change et que je doive regarder les histoires se passer.
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Sujet: Re: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Ven 9 Nov 2018 - 11:23
Dernière édition par Sam Carver le Sam 10 Nov 2018 - 10:46, édité 1 fois
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Sujet: Re: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Ven 9 Nov 2018 - 13:28
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- Arthus !
Qui est ce roi d'un autre temps qui brille dans tes yeux. Maman ? Est-ce que tu penses que je suis valeureux ? Qu'un jour je prendrai les armes avec bravoure pour me battre contre l'obscurité qui envahit progressivement le royaume ? Et je cours, cette épée de bois à la main, luttant contre les forces du mal que j'imagine. Mon rire éclate dans tes oreilles tandis que je me débats pour ma vie, pour la vie. Je déclame que nul ne saurait se mettre sur mon chemin, et que je défendrai jusqu'au moindre opprimé, dussé-je embrasser la mort comme une amante. L'attendrissement de tes mains sur mes blessures imaginaires, pendant que je gis à terre, feignant l'agonie, touche mon coeur jusqu'à la résurrection. La caresse sur ma joue devient une pichenette. Je me suis encore couvert de boue. C'est qu'il fait rarement soleil dans les Shetland et que la pluie flirte avec la terre. Alors maman, suis-je le prince de tes rêves ? Ou cette lettre qui n'est pas la même fait toute la différence ?
Le besoin de savoir, cette pulsion de la connaissance, inhérente peut être, à la nature humaine, curieuse par définition. Ce désir est souvent voué à la jalousie, l'orgueil ou la tentation de mettre dans un dénuement total les questions posées. Il n'y a dedans d'indispensable que cette soif inextinguible, cette satiété impossible provoquées par l'incomplétude des informations nécessaires à une compréhension complète. On réside dans une insatisfaction perpétuelle qui se demande toujours le pourquoi et le comment, le qui et le quoi et affronte bien souvent un silence exigent, une pénurie naturelle, puisque nous sommes nous et pas autre. Dans cette ipséité absolue, il y a un impossibilité de répondre, une inappétence particulière de la volonté du monde à nous rendre omnipotent, et un refus de notre part de l'accepter tout simplement. Sam doit être perdue, quelque part, sans carte, sans chemin à prendre, pour oser essayer de trouver une voie chez un autre. Et ce manque qui la creuse comme se creuse mon ventre peut devenir une obsession.
Je ne sais alors si je fais bien de titiller la tentation causée par la privation. Et en même temps, j'envisage pleinement la possibilité de nourrir le territoire aride comme si c'était une solution. Auras-tu moins peur, Sam ? Est-ce que tu présumes que cela t'aidera ? Tu n'es pas exempt de n'y rien apprendre finalement. Ma vie et la tienne sont si différente, je le pense, si humainement semblable pour autant. Que pourras-tu concevoir de nouveau ? Je ne sais si je peux me flatter d'être un modèle. Je sais que dans l'âme il n'y a ni que du noir ou du blanc. Et à vrai dire, j'ai l'impression plutôt que l'âme est rouge, rouge de honte et du sang qui coule, tâchée de vert dégoût et piqueté d'un bleu espéré. L'âme est de mille et une couleur. C'est un songe qui me rappelle qu'on ne peut s'en vouloir totalement malgré une envie persistante de se haïr intégralement. Qui détestes-tu, Sam ? As-tu de la colère à laquelle tu dois donner un sens pour te réfugier dans la mienne ? Je sais que tu as perçue des choses qui ne devraient être. Mais elles sont. Pourquoi t'attirent-elles ? Tu vois, moi aussi, je veux savoir.
Le contact est délicat, comme par peur de briser quelque chose, de ma part ou de la sienne. Il n'y a pas de différence à ce moment là. La diversité dont nous sommes deux exemples s'efface un instant pour essayer de tendre vers je ne sais quoi. Je ne perçois plus de nuances, plus de contraste réellement. Et l'instant d'après, cela explose. Elle a lâché ma main. Je me suis réintégré après m'être oublié. Peut être pour lui faciliter la tâche. Et quand mes yeux se posent sur les siens, un creux se tord au milieu de mon ventre. Je n'ai pas besoin, moi, de chercher l'information qui s'impose à moi. Le mot échec est d'une puissance à faire peur. Il résonne en elle, semble-t-il. Je ne le ressens pas, je n'ai pas l'impression, moi, d'avoir échouer. Et il y a comme quelque chose à l'intérieur qui se satisfait de cette déconvenue, cette défaite pour une enfant qui ne contrôle pas sa magie. Je me rassois tranquillement, hésitant à avouer que c'est peut être mieux ainsi.
- Ce n'est pas grave. Il y a d'autres façons de savoir. Elles prennent plus de temps et nécessite une persévérance à toutes épreuves.
Je finis ma tasse de thé avec un dégoût que j'ignore. Le liquide dont l'amertume a été tuée par le sucre me laisse pourtant une sensation âcre sur la langue. C'est l'âpreté de la victoire d'un autre. C'est d'une rudesse que je veux pas, qui s'impose comme une humiliation de plus, prête à me laisser maussade, morose, pour mon plus grand déplaisir. C'est l'aveu d'une brisure de dépit, la cruauté qu'il nous faut tous faire face finalement, comme le reflet dans le miroir.
- Je ne sais pas si cela t'aurait plu, de toutes façons.
De savoir. On ne sait jamais, avant de savoir. Et ce n'est pas que j'affectionne le mystère autour de toute cette désolation, que j'apprécie l'énigme que je pose constamment, mais j'en ai l'habitude usée par le temps.
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Sujet: Re: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Sam 10 Nov 2018 - 10:48
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Sujet: Re: There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan Sam 10 Nov 2018 - 12:13
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Je sens un froid s'installer progressivement, comme si la chute n'était pas surmontable. L'écrasement de l'air est comme une agonie silencieuse qui explose entre nous. Sam semble fermée. Hostile même. C'est un ressentiment que j'ai l'impression d'avoir mérité sans l'avoir provoqué. Et dans cette débâcle qui est la notre, je sens que je perds encore. Quoi ? Je refuse de répondre à cette question, préférant une impassibilité sans doutes malsaine. J'ai l'impression de me tuer à petits feux. Et de sauver tout le reste. Je me retrouve dans une difficulté paradoxale : je maintiens un niveau de travail, de combativité, face à l'adversité, en baissant les bras pour moi même. Je ne suis plus celui que j'ai pu être, à peine un automate. Et le sentiment de haine qui en découle est comme une amarre dans cette mer déchaînée. Et je sens comme une répulsion envers la jeune fille qui accable. Ce n'est pas une pensée que je maîtrise et je la sais injuste. Elle n'a peut être rien reproché, mais il me semble être coupable. Et je me juge suffisamment durement, sans acquittement, pour qu'il soit aisé de voir que d'autres puissent ne serait-ce qu'imaginer que je puisse avoir raison.
Je ne bronche pas devant sa réponse. Qu'est-ce qui te plait alors, Sam ? Toi non plus, finalement, tu ne sais pas ce que tu veux. Un mal de crâne commence à pointer et je me dis que dans les minutes qu'il me reste avant de reprendre les réunions à n'en plus finir, il serait bon que je me repose un peu, que j'abandonne cette coquille vide pour laisser être simplement la faiblesse. Juste un instant de répit pour continuer encore à me battre contre ces fantômes imaginaires, plus loin, plus longtemps. Ils ne doivent pas gagner. Je ne dois pas gagner ? Tout se mélange toujours. Je suis dans cet extrémité où je ne fais que survivre finalement. Et le pire dans tout cela, c'est que cela me suffit. C'est comme si je n'avais pas le droit à plus. La culpabilité de celui qui respire encore, qui peut bouger, étirer ses lèvres en un simulacre de sourire... Et qui se tue petit à petit, comme pour justifier cette existence encore là. Combien de fois devrais-je avoir l'obligation de mériter ces choses de la vie, de cette banalité affligeante qui me laisse froid comme la pierre ? J'ai parlé de fantôme, j'en suis un.
Sam se lève après m'avoir souhaité quelque chose que je saisis à peine. Comme si cela n'avait aucun sens. Je voudrais lui dire merci, mais le mot se bloque dans ma gorge. Devant cette dégénérescence programmée, je me laisse couler. J'ai le réflexe d'hocher doucement la tête. Et elle s'en va, me laissant dans une solitude qui me brise plus encore. Soudainement, le café me semble hostile, dans cette même idée d'isolement, de délaissement. Je me retranche derrière mes murailles, attrapant mon manteau après avoir jeté quelques pièces et sûrement quelques pièces de trop. Le vent m'accueille brutalement, la pluie me gifle au visage. Cette froideur contraste avec l'absence et me fait un bien fou. Je pourrai vaciller à nouveau, mais je sens comme une force revenir, après la séparation. Je secoue la tête, d'apparence pour dégager une mèche, mais en vrai, pour remettre mes pensées dans un ordre bancal. Je constate sombrement que je suis devenu autre.
Je est un autre, disait Rimbaud. Je ne veux pas être un autre. Je traverse la rue rapidement, pour me réfugier dans une salle vide au siège d'Orpheo. Juste un temps, comme une sieste. Le repos d'une magie qui boue depuis trop longtemps, qui prend trop de place à mesure que je m'amenuise. La disparition n'est pas douloureuse en soit. C'est son constat, sa conscience qui l'est. Je ferme la porte derrière moi, trace une rune à l'aide d'un fusain pour qu'il n'y ai pas d'effraction possible. Et je me laisse aller, enfin. Les vêtements s'affaissent. Moi aussi. Je suis sur une chaise qui heurte l'assise. Et cette fatigue immense me prend dans ses bras. Combien de temps, Clyde, Cillian, combien de temps votre sourire restera un souvenir m'accablant de reproches ? Et savoir qu'aucun de vous deux ne voudrait ça ne provoque aucun réconfort. Car la mémoire est cruelle. Elle me rappelle ces mains sur ma peau, la joie sadique de la souffrance et cette mise à terre, dans un viol de mon être, autant métaphore que sens propre. Je porte comme une déchéance que je ne parviens pas à surmonter. Et là, dans cette salle, une fois de plus, c'est une amertume ignoble qui me prend. Je m'enserre dans mes bras tremblants. Il faut que cela cesse... Ou cela cessera vraiment et je ne pourrai plus rien faire, plus me battre. Et pour la première fois, une révolte sérieuse commence à naître. Le frétillement qu'elle provoque me laisse perplexe. Je le pressens sans le comprendre. Et je me demande quel est cette torsion qui révulse mon ventre...
electric bird.
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There is no such thing as second thoughts | Sam & Declan