Declan & Dorian
Le destin se joue bien souvent de nous.
Il s'amuse à nous laisser croire que l'on
peut tout contrôler avant de nous montrer
à quel point on peut avoir tord.

Tom m'avait ordonné de rentrer chez moi. Cela faisait maintenant trois jours que je dormais à peine ou sinon sur le canapé du bureau que je ne quittais plus (sauf pour passer rapidement chez moi prendre de nouvelles affaires). Il y avait eut quelques mouvements inquiétant de la part des humains noirs en Ecosse et j'avais dû coordonner les mouvements d'exorcistes et de la police magique afin de mettre fin à toute cette agitation. Bien qu'elle ne soit pas fini, mon secrétaire m'avait mis presque à coup de pied au cul dehors, histoire de me pousser comprendre qu'il fallait que je prenne du repos. Inutile de dire que j'avais une tête à faire peur, que j'avais à peine manger et ne parlons pas de temps de pause ! Je décidais avant de rentrer de passer prendre à manger. Je me décidais pour de la nourriture japonaise.

Après avoir attendu plus de vingt minutes dans un restaurant vide, je ressortis avec de quoi faire un festin dans les bras. Marchant doucement, je profitais de l'air frais de la nuit. Il devait être aux alentours de minuits, pas plus, pas moins. A peine dix minutes plus tard et je suis arrivé chez moi. J'avale rapidement ce repas bien mérité et décide de prendre une douche. Trois jours au bureau. Ce n'était plus possible effectivement ! Heureusement que Tom m'a aidé à ouvrir les yeux. J'étais prêt à rester encore pourtant.

L'eau coule doucement le long de mon corps. J'ai l'impression que le stress et la concentration accumulée pendant ces longues journées me quitte peu à peu. Je me détend et je ressent toute la fatigue que j'avais délibérément ignoré. Je sortis de la douche après quelques minutes. J'attrapais un bas de jogging que j'enfilais rapidement, m'étant séché et je me dirigeais vers ma chambre. La vue de mon lit me fit sourire. Je m'étirais quelque peu avant de tomber avec délice dans les draps. La douceur du tissus contre ma peau me promis de tomber rapidement dans les bras de Morphée. Je regardais le réveil : une heure et quelques minutes à peine du matin. Passant une main dans mes cheveux, je me rendis compte qu'il y avait comme une bosse.

L'esprit embrumé je me dirigeais vers la salle de bain et regardais le miroir. Elle n'était pas visible. L'envie de dormir fut plus forte que la curiosité et je me préparais à revenir dans ma chambre quand j'entendis un bruit. Fronçant les sourcils, pensant qu'il s'agissait d'un courant d'air, je me dirigeais vers le salon pour vérifier que je n'avais pas de fenêtre ouverte. Il y eut comme un courant d'air qui me fit frissonner. J'étais torse nu, vêtu seulement de mon bas de jogging, pied nu, aussi me dis-je qu'il fallait vite que je retourne sous la couette. Je n'allumais pas la lumière du salon et contemplais d'un regard endormis la fenêtre bien fermée. Bah mince alors !

Declan & Dorian
Le destin se joue bien souvent de nous.
Il s'amuse à nous laisser croire que l'on
peut tout contrôler avant de nous montrer
à quel point on peut avoir tord.

La fenêtre était fermée, rien ne semblait plus anormal alors je décidais qu'il était temps d'aller dormir, de faire une bonne grasse matinée puis me réveiller en prenant un brunch copieux avant de repartir travailler. J'allais me retourner, j'allais faire un pas, bouger, et tout devait se passer normalement. J'ai eu un mauvais pressentiment. Une petite seconde. Un très mauvais pressentiment. La lame froide s'est posée sur ma nuque. La pointe entra quelque peu dans ma chair et fit couler le sang. Un filet du liquide vermillon descendit jusqu'au creux de mes reins. Qu'est-ce que ?

- Bonsoir Declan, cela fait longtemps.

Cette voix ! Cette voix glaciale n'a pas changé. Je serrai les poings. Dorian Cross ? Que faisait-il ici ? Comment avait-il pu réussir à entrer chez moi ? Pourquoi était-il entré chez moi ? Mes mains bien en évidence, avec des gestes lents pour ne pas l'affoler, gardant la lame prêt de mon corps pour qu'il n'ait pas l'impression que je puisse le doubler, je me retournais. La pointe de son couteau effleurait à présent ma gorge. Je lui jetais un regard où se disputait la crainte et la haine. Je suis un homme bien, je l'ai toujours cru, mais je n'ai jamais réussi à faire taire ce sentiment. Cet homme est un cauchemar, mon cauchemar, mais c'est aussi ma haine.

- Bonsoir Dorian. Je n'ai pas oublié.

Longtemps. Cela fait longtemps ! Se moquait-il de moi ? Je n'avais ni arme, ni pouvoir ou don capable de me tirer de ce piège. La rage élue domicile dans mon ventre. Mon coeur battait fortement à mes tempes. Je n'avais que mon corps pour me défendre. Dorian Cross, élémentariste feu, un couteau sur ma gorge, et nettement plus reposé que moi apparemment. Comment pouvais-je espérer l'emporter quelque part ?

- Que fait-on maintenant ?

S'il avait voulu me tuer, il l'aurait fait. Alors que faisait-il ? Voulait-il s'amuser un peu ? Oh, le chef de Cross avait d'autres soucis en ce moment avec Orpheo qui ne cessait de le harceler. Voulait-il faire un exemple ? Je me mordis les lèvres. J'avais beau serrer les poings, ils tremblaient. La peur que me provoquait cet homme était ancré en moi et me collait à la peau.

Declan & Dorian
Le destin se joue bien souvent de nous.
Il s'amuse à nous laisser croire que l'on
peut tout contrôler avant de nous montrer
à quel point on peut avoir tord.

Loin de m'accrocher à mes souvenirs, il me semblait qu'ils revenaient sans cesse. Maintenant que je pouvais voir son visage, froid, déterminé et toujours aussi cruel, je me remémorais chacune de nos rencontres aussi brèves furent-elles parfois. Le sentiment qui me prenait la gorge, il n'avait pas lieu d'être pour quelqu'un qui se voulait pacifiste et pourtant... Pourtant il serrait ma mâchoire, serrait mes poings et faisait battre mon coeur lourdement comme un tambour de guerre. Je déglutis, essayant de calmer mes tremblements. S'ils s'apaisèrent quelque peu ils ne disparurent pas cependant. Ils étaient là, ils montraient ma faiblesse. Il me semblait que haine et peur se livrait un féroce combat en l'arène de mon coeur, essayant l'une et l'autre de terrasser son adversaire pour que je puisse décider quelle attitude je pouvais arborer. Mais c'était un match nul.

Par jeu sans doute, car je ne vois pas quelle autre raison il y eut pu avoir, Dorian appuya un peu la lame contre ma gorge et celle-ci y aménagea une entaille peu profonde et quelques gouttes perlèrent doucement. Le tiraillement qui en résultait n'avait rien d'extrêmement douloureux mais il rappelait la puissance que le sorcier noir pouvait exercer à tout moment et qui m'enverrait facilement de vie à trépas. Je réfléchissais à toute vitesse. Quels étaient les avantages que pouvait tirer Dorian de cette attaque ? Me tuer ? Il aurait un dirigeant de moins sur le dos, mais Orpheo risquerait beaucoup de représailles et rapidement. M'était d'avis qu'il n'y gagnerait pas grand chose. Ne restait que deux possibilités. La moins sérieuse : juste s'amuser. Cependant, il ne risquerait pas sa vie pour venir me rendre visite à Edimbourg seulement pour avoir une petite partie de plaisir. Ne restait qu'une chose : m'enlever.

- Tu vas venir avec moi Declan, nous allons bien nous amuser ensemble. Tout cela sans faire d'histoire, je serais fort desappointé de devoir abimer ta chair comme je l'ai fais dans le passé avec d'autres, te souviens-tu ?
- On dirait que tu ne peux pas te passer de moi.

Sarcasme. Ainsi il était bien là pour m'enlever. Mon coeur se mit à battre plus rapidement. Je n'aimais pas ça du tout. Si je n'étais plus un gamin sans défense, cela n'annonçait rien de bon quand même. Le signe de tête qu'il me fit me parut insupportable. Je n'allais pas me laisser avoir si facilement quand même ? Si ? Je n'étais peut être pas le meilleur des combattants, plutôt derrière mon bureau qu'autre chose à coordonner les actions, mais tout de même ! Je courrais très régulièrement, je participais quatre fois par semaines à des entraînements communs de plus de deux heures avec d'autres exorcistes ainsi que la police magique, quand la situation était calme et me le permettait. Pourtant, le couteau sous la gorge, je ne pouvais rien tenter. J'étais un piètre téléporteur ça il fallait que je le reconnaisse : je risquerais de m'embrocher tout seul sur le poignard.

- Et si je refuse ?

J'avais un avantage. Un seul : des grandes jambes. Fatigué, mais obligé, je décochais rapidement un coup de pied dans le ventre de mon agresseur. Je n'avais pas le temps de fuir, par l'opportunité de me jeter sur lui pour me battre, trop fatigué que j'étais. Une solution : la chambre. Je couru m'y barricader et cherchais à tâtons dans le noir mon téléphone portable. J'eus la présence d'esprit d'allumer la lumière au bout de quelques secondes. La porte, fermée à clé, n'allait pas tenir longtemps, quoiqu'il fasse, mais cela ferait du bruit sans doute, cela alerterait les voisins que quelque chose d'étrange se passait. Je trouvais mon portable et téléphonais au bureau de Tom.

- Tom ! J'ai un pro...

Je me stoppais, ce n'était pas mon assistant au bout d'une fil mais la musique d'attente. Je rageais. J'avais pas le temps ! J'étais prêt à parier qu'il était aller prendre un café pour ne pas s'endormir. C'est pas vrai !

Declan & Dorian
Le destin se joue bien souvent de nous.
Il s'amuse à nous laisser croire que l'on
peut tout contrôler avant de nous montrer
à quel point on peut avoir tord.

Merde merde merde ! Pourquoi un café maintenant ? Pourquoi pas dans une heure ou deux ? Pourquoi ? La musique sonnait toujours dans mes oreilles et je savais que Dorian avait largement eut le temps de se relever. Après tout, le coup n'avait pas été si fort pour éviter qu'il ne fasse un geste brusque et ne me tranche la gorge au passage. Qui plus est, avec la fatigue, je n'étais même pas sûr d'avoir réussi à l'atteindre au plexus solaire. Et avec les années de combat que le sorcier noir avait sur le dos, aucune chance qu'un petit coup dans le ventre lui face grand mal. Je serrais les dents. Bordel Tom décroche ! Mais rien n'y faisait, la musique continuait toujours et je me mis à la haïr. Nota benne, si je m'en sors, penser à changer la musique d'attente.

Je sentis comme un souffle et la porte de la chambre s'ouvrit en grand, volant à moitié en éclat sans pour autant provoquer autant de bruit que je l'avais prévu. La boule de feu créée par Dorian s'écrasa sur le mur, enflammant rapidement un tableau et les rideaux. Je n'avais pas le temps de penser au possible incendie qui pourrait se déclencher. Je n'avais pas le temps du tout : Dorian était déjà là, juste devant moi. Il paraissait furieux. Je cru que Tom décrochait mais ce fut seulement la musique qui repartit pour un tour, il ne saurait rien. Pas avant des heures.

- Declan, Declan... Je t'avais dis de ne pas faire d'histoires.

Pas le temps de regretter quelque chose que son pied me cueilli au ventre et m'envoya au sol. Serrer les abdos ne sembla pas vraiment efficace : la douleur me rempli et évacua l'air de mes poumons. Je n'eus même pas le temps de me relever qu'il me saisit par les cheveux. Mon portable à présent dans ses mains, je maudis mon assistant et ce satané besoin de café. Il en entendrait parler à mon retour... Si je revenais. Merde !

- Allez on y va. Réessaye ça et je te tue. Je m'en fous d'avoir Orphéo sur le dos, ils sont déjà sur mon dos. Maintenant je suis avec Rosenrot. Au moindre geste d'Orphéo on vous annihile.

Croix et Rosenrot ont de nouveau fait alliance ? Pas bon ça ! très mauvais même.

- Bien sûr ! Alors pourquoi ce n'est pas déjà fait ? Croix et Rosenrot n'ont pas encore assez de puissance pour écraser Orpheo. Vous n'êtes qu'une jeune alliance et vous ne contrôlez pas le monde entier, nous, nous sommes partout ! Va te faire foutre Cross !

Je lui jetais un regard haineux. Le voir de cette hauteur me donna la nausée des anciens souvenirs. Je n'étais pas plus haut que ça la dernière fois.

Declan & Dorian
Le destin se joue bien souvent de nous.
Il s'amuse à nous laisser croire que l'on
peut tout contrôler avant de nous montrer
à quel point on peut avoir tord.

Dorian ne sembla pas trop aimer mon regard et ma réplique. Après tout je venais de remettre en cause son organisation et donc sa puissance. Il me traîna pas les cheveux jusqu'à l'entrée. J'étouffais un gémissement de douleur. Lorsqu'il me lâcha, je tombais mollement sur le sol. Me relevant, il mit directement son couteau derrière mon dos. Il ne me laisserais pas me retourner car j'avais déjà usé de l'avantage d'être de face et le sorcier noir était loin d'être stupide. Le Cross ne se laisserait pas avoir deux fois par la même ruse. Je serrais les dents conscient que je ne pouvais pas faire grand chose pour me sortir de là et puis mourir n'était pas dans mon agenda pour le moment.

- Tu vas faire ce qu'on te dit. Sinon je te bute et je te promet que je rigole pas.

Un frisson s'empara de mon corps mais je ne répliquais pas. Et soudain on sonna. Non... Tout sauf ça. Je regardais d'un air effrayé la porte, sachant pertinemment de qui il s'agissait sans même regarder. Mr Jenkins avait la fâcheuse manie de se plaindre pour n'importe quel bruit. Il avait une fois failli défoncé la porte parce que... A cause d'une jeune femme que j'avais ramené chez moi. Mais à part ça c'était une personne sans problème, un innocent un peu friqué qui vivait avec sa femme à l'étage du dessus. Non, pas ça...

- Fais le con et je le tue sous tes yeux et après je m'occupe de ton cas.

Je déglutis et allait ouvrir la porte. C'était effectivement le vieil homme de 50 ans. Il avait l'air plus inquiet que mécontent. Ses yeux se posèrent sur le sang qui avait légèrement couler sur mon torse nu et aussitôt je su que tout ce que je pouvais dire ne le retiendrait pas. J'essayais cependant.

- Non pas la peine de rentrer M. Jenkins, c'est bon tout vas bien.

Il ne m'écouta pas. A peine avait-il mis un pied dans la pièce que Dorian enfonça son couteau dans le coeur de l'innocent. Un cris sourd sortie comme une plainte de sa gorge et il tomba dans un bruit mat sur le sol, secoué par des spasmes. Je me précipitais sur lui, essayais de stopper l'afflut de sang. Mais je ne réussis à rien mis à part à m'en mettre partout.

- Monstre.

Le sourire qu'il avait me donnait envie de vomir. Il venait tout juste de tuer quelqu'un et c'était comme si cela ne lui faisait rien. Pire c'était comme si cela le réjouissait.

- Je ne plaisante pas Declan. Tu me suis ou tu subis comme lui. En attendant, prends le corps et jette le dans la chambre. Et trouve moi de l'huile, ou de l'essence.

Je réprimais mes sentiments. Je n'avais pas le temps de pleurer le vieil homme. Je ne parlais pas de larmes mais de respect. Je fermais ses yeux effrayés avec délicatesse et, sous la menace du couteau, j'emportais le corps dans ma chambre. Je le déposais avec délicatesse sur le lit. Quand je me retournais, la colère m'avait submergé, c'était comme si je n'avais plus en tête ses recommandations. Je serrais les poings et me jetais sur lui. J'arrivais à lui décocher un poing dans la mâchoire mais il me repoussa rapidement. Je revins à la charge, plaçant quelques coups mais le combat ne dura pas : plus grand, plus expérimenté et moins fatigué que moi, Dorian me repoussa une fois de plus et je tombais sur le sol, à ses genoux. Je souriais tout de même, j'avais réussi à le frapper fortement au visage.