Passage au niveau 7 de Saku et au niveau 10 pour Moha | Faites des enfants, qu'ils disaient [TW : Torture] [VALIDE PAR LUKA]

Allez savoir quelle connerie il doit être en train de peaufiner mon môme

La guerre, c'est pas que c'est fatiguant. C'est surtout que c'est chronophage. C'était actuellement plus ou moins ce qui se tramait dans la tête de Mohamed. Affalé sur son canapé, le quadragénaire profitait d'un jour de repos bien mérité après trois jours à cavaler entre la Bulgarie et l'Ukraine. Tout ça pour pouvoir capturer l'exorciste en charge des services sociaux pour la région Europe de l'Est. L'information était parvenue au QG qu'il avait réussi à cacher un très grand nombre d'enfants de sorciers noirs emprisonnés pour les "rééduquer". L'objectif avait été par la suite de soutirer l'information du pauvre type puis de rapatrier les gamins en Ecosse, à l'Orphelinat. Il avait craqué juste avant d'y passer. Heureusement. Cela permettait à Moha de se détendre sans arrière pensée avec sa famille, chose qu'il n'avait pas eu l'occasion de faire depuis au moins deux mois. Et lorsqu'on a de jeunes enfants, la moindre semaine compte. Ils évoluaient à tout vitesse, et il avait l'impression de vieillir d'autant plus.

Toutefois, le sorcier noir s'épanouissait réellement dans son rôle de père, et ce depuis la naissance de Naïm. Cela faisait déjà plus de quatre ans. Que le temps était sauvage et impitoyable. Mohamed eut un sursaut, se demandant d'où lui venaient des pensées à la tournure si poétique. Peut-être la niaiserie de la paternité qui lui montait à la tête. Bon.
C'était la fin de matinée, Ellana venait d'être mise dans son berceau pour faire une petite sieste après avoir passé une bonne heure à pigner dans les bras de sa mère. Celle-ci avait fini par soupirer très fort et par planter le bébé dans les bras de son géniteur. Mohamed avait alors haussé les épaules et pris son mal en patience. Il était vrai que Laure passait plus de temps avec les enfants que lui. Il devait prendre sa part de corvées.

Maintenant que la plus jeune était endormie et qu'Elaïa était pour une heure à son cours de poney, Mohamed avait bien envie de lire un magazine ou un livre en sirotant un café. Un magazine sur l'élevage de chameaux, ou de décoration d'intérieur, ça le tentait bien. Oui, il lisait des magazines de décoration d'intérieur, parce qu'il avait des goûts de bon bourgeois et qu'il aimait avoir une belle maison. C'était vrai. Mohamed avait peu de temps pour ses loisirs dans la vie, mais il en avait. Heureusement que son poste à Croix le payait bien pour entretenir ces passe-temps coûteux. Parce que mine de rien, garder une chamelle en bonne santé mentale et physique en Bretagne, c'est pas si facile. Il réfléchissait actuellement à la faire reproduire, d'ailleurs.

Affalé sur son canapé en lin gris, Mohamed fronçait donc les sourcils devant des photos de princes saoudiens posant avec leurs plus belles bêtes. Il ne savait pas à quelles occupations vaquait Laure, mais elle n'avait probablement pas besoin de lui, vu qu'elle ne l'appelait pas, et Naïm jouait probablement dans sa chambre.

Le soleil était bleu pâle et froid, c'était une matinée d'hiver, et le franco-marocain était bien content d'avoir sa cheminée dans le coin de la pièce.

Ce qui vint troubler la quiétude de son moment de détente ne l'inquiéta d'abord pas outre mesure. Ce fut un cri d'enfant, tout ce qu'il y a de plus ordinaire, pas spécialement inquiétant, quoi qu'un peu apeuré, un peu énervé. Mohamed haussa un sourcil et se retourna légèrement, le buste en direction de la chambre de son fils, les yeux se détachant de sa lecture.

Mais ce fut ce qui suivit qui l'alerta réellement. Des hurlements de chat comme il n'en avait jamais entendu retentirent tout à coup dans toute la maison, et il laissa instantanément tomber son magazine afin de se rendre à l'origine du bruit.

S'il n'avait pas alors trouvé son môme en train de pleurer de peur, de frustration et d'incompréhension, il aurait certainement éclaté de rire.
Le chat était en train de se tordre de douleur devant un Naïm complètement hébété, criant presque aussi fort que l'animal.

La réflexion se fit très rapidement dans l'esprit de Mohamed. C'était son fils qui était en train de torturer cette pauvre bête. Le petit avait un don -évidemment, puisqu'il était un sorcier- et c'était a priori le même que le sien. Vu la trace rouge qui barrait le front du petit, il était prêt à parier qu'il avait emmerdé le chat, et que celui-ci avait riposté par un coup de patte. Le réveil du don avait certainement été une réaction à la douleur et à la frustration.

Mohamed s'accroupit aussitôt, prit une grande inspiration, et déclara calmement, posant des mains sur celles de son fils :

- Naïm. Na ïm. Tu te calmes. Si tu te calmes et que tu arrêtes de pleurer le chat n'aura plus mal. D'accord, il t'a fait mal, mais ce que tu es en train de lui faire vivre là est 10 fois pire, c'est injuste. Parle à Papa Naïm.

Le gosse s'arrêta un instant. Le chat était couché sur le sol, sans bouger, choqué par ce qui venait de lui arriver. Naïm regarda son père un instant, visiblement secoué par ce qui venait de se produire. Cela ne dura que quelques secondes. L'enfant devint subitement tout rouge et éclata de nouveau en sanglots de rage. Il repoussa violemment son père, Mohamed tenta d'attraper son poignet, et un éclair blanc traversa son crane. Une douleur forte, pure et sans pitié lui arrachait la chair et les pensées.

- Putain... Grogna-t-il dans sa barbe, serrant la mâchoire à s'en faire sauter les os. Puis il beugla : LAURE !

Son fils ne lâchait pas sa prise mentale sur lui, et la douleur le paralysait dans sa réflexion. De plus, la peur de faire du mal à son enfant l'empêchait de penser correctement. Il devait pourtant y avoir une solution, il aurait du s'en sortir seul : c'était son don qui se manifestait ici, il le connaissait, il vivait avec depuis plus de 40 ans. Mais c'était peut-être là la grosse difficulté : ses réactions, son lien avec cette forme de magie lui était personnelle, et il ne pouvait certainement pas plaquer tout ça sur son fils, si jeune qu'il comprenait à peine ce qu'il était en train de faire, totalement dominé par des émotions brutes.

Mohamed se mordit l'intérieur de la joue, le flot de sang coulant entre ses dents lui procurant une sensation de contrôle étrangement rassurante.

Devinez quoi. Mon mari est enfin de retour à la maison. Ouais c'est si rare. Non en vrai, il adore les gosses, j'le sais. C'est juste Croix qui le fait vadrouiller partout, comme ça c'est Laure qui s'occupe des marmots. Bah oui, trois enfants toute seule, bah oui.

J'rigole, on a des esclaves pour m'aider, faudrait pas déconner non plus. Mais moi aussi j'aimerais bien partir plus souvent en mission quand même. Femme au foyer ça va deux minutes mais j'ai besoin de bouger et de m'activer. Les esclaves ils aiment pas s'entraîner avec moi. Sauf que ces petits batards là, ils savent quand c'est l'heure de l'entraînement, ils fuient, ils se cachent, ils s'occupent des mômes. Ils savent que si ils s'occupent des mômes j'vais rien leur demander. J'ai l'impression d'avoir aucune autorité sur eux, c'est fou.

Enfin bon, Ellana est couché, Pat joue dans sa chambre, la plus grande est à l'équitation et moi, j'profite que Moha soit ici pour … FAIRE UNE SIESTE. Si yen a un qui pleure, se sera pour lui.

Du coup j'me change, histoire d'avoir des vêtements un peu plus confortables et me roule sous la couette. Pas envie d'aller au salon, Moha est là, j'le laisse vaquer à ses activités tranquillement et faire du bruit si il le veut. Quoi qu'il est plutôt assez calme et serein, quand j'le vois ici, j'ai vraiment du mal à imaginer qu'il soit un sorcier noir tellement c'est une force tranquille. C'est moi la tête brûlée ici. En même temps, on rappelle notre différence d'âge ? Ouais. Les hormones d'adolescence qui sont encore là, j'suis sûre. Les hormones des grossesses, j'suis sûre.

C'est vraiment quand on est en mission ensemble – fait assez rare – que je vois le sanguinaire apparaître. Et encore, ça dépend des missions. Y'a des fois c'est de la papote, moi j'me tais parce que j'vais juste m'énerver et tout casser, alors que lui fait très bien le taff. En gros, je sais pas pourquoi je l'accompagne. Au cas où ça dégénère ? C'est vrai que je me débrouille teeeeeellement bien en combat, olala. J'me suis améliorée, pour de vrai, mais j'suis toujours nulle en rune, et mes pouvoirs et dons font toujours ce qu'ils veulent, quand ça leur chante. Trop utile la meuf.

Mais j'aime bien l'accompagner quand même. Ça me fait sortir, ça fait du bien.

Et puis je m'assoupis.

"LAURE ! "

Le réveil en sursaut, on repassera. J'ai eu l'impression d'me faire engueuler par Dorian en mode « qu'est-ce tu fous à dormir, au boulot ». J'suis chez moi et j'peux même pas faire ce que je veux, sérieusement.

J'étends alors mon don, savoir si j'peux glaner un peu plus d'infos sur qu'est-ce que me veut mon mari.

Douleur.

Je le rétracte aussitôt. C'est vrai que j'ai pas assez mal à la tête comme ça quand je me réveille de la sieste avec encore la tête dans le cul. Sérieusement, si c'est pour un entraînement à deux balles à mixer mon don de télépathie à son don de bourreau, c'est pas la peine hin.

M'enfin, j'me lève quand même. Maintenant que je suis réveillée, de mauvaise humeur, ça sert à rien de réessayer de dormir. Pffff. J'enfile ma robe de chambre par dessus le peu de vêtements que j'avais, d'ailleurs une sieste à deux en réalité, j'aurais pas dit non, ils sont pas mal du tout ces sous vêtements...

Et je me dirige vers le salon, personne. Puis j'entends les cris de Pat, enfin, les pleurs de Pat, du coup je vais dans sa chambre, et ce que je vois me fait froid dans le dos. D'abord, le chat qui se carapate à toute allure, la queue entre les jambes et le poil du dos tout hérissé. Mon mari, à genou devant notre fils qui pleure et cri à plein poumons, tout rouge. Et Moha qui … Qui fait je ne sais quoi. Qui a l'air d'avoir … Mal ?

« Qu'est-ce qui se passe ici ? »

J'aurais pu aussi dire c'est quoi ce bordel, mais j'essaie de bien parler devant les enfants, quand même. J'ai pas envie d'avoir des gosses qui, quand ils auront 10 ans, seront malpolis envers tout le monde et feront des crasses à tout le monde. Non merci. Si ils font ça, ça va pas être de la rigolade pour eux en plus.

Je m'avance alors, me mets à genoux devant mon fils, lui caresse la joue.

« Bébé, qu'est-ce qui se passe, parle à maman »

Regard de Pat, douleur lancinante dans la tête. Je coupe le contact visuel, me tient la tête, la douleur s'arrête, je sais pas comment. Je mets la main par terre, reprend mon souffle.

On aurait dit quand je m'entraîne avec Moha. Enfin, « entraînement », on devrait plutôt appeler ça des séances de torture si vous voulez mon avis. « Pour développer ton bouclier mental » qu'il me dit. Tssss. J'lui en ficherai moi des douleurs au crâne, il verrait.

Mais sinon, là, Moha avait mal, et c'est quand Pat m'a regardé que j'ai eu mal.

Oh non.

« Me dis pas que ... »

Je ne savais même pas comment finir cette phrase. Pat, bourreau ? Mon dieu, ça allait pas être une partie de plaisir. Et le chat ? J'aperçois une trace de griffe sur le front de mon fils. Tout s'explique. Pauvre chat.

Je me remets en face de Pat pour lui reparler, avant même d'ouvrir la bouche, la douleur reprend de plus belle, les cris se font plus stridents.

Non... Non...

J'arrive à rien faire, mon don, mon pouvoir, rien ne se coordonne dans ma tête, j'suis juste impuissante. J'essaie d'ériger les barrières, comme Moha me l'a appris, mais impossible. La douleur s'introduit partout, alors dans la moindre faille, explosant les fondations des barrières avant même qu'elles ne commencent à prendre de l'épaisseur. Ne parlons même pas du pouvoir de dessinateur, je pourrais faire quoi ? Tout ce à quoi je songe c'est des objets pour blesser, assommer ou ce genre de choses. Hors de question que je blesse mon enfant.

« Pat, mon chaton, maman et papa ont mal, arrête... »

Douleur encore plus forte, rien n'y faisait. Comment on fait pour calmer un bébé qui n'écoute pas quand on lui parle ? Pire, qui redouble d'effort pour vous blesser dès qu'un son sort de votre bouche ?

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Mike roule une pelle à Invité

Some days can feel like razorblades

Mohamed était toujours enclavé dans une douleur indicible, à la source vive et pure : une émotion qui se déversait en lui sous forme de torture. Son fils faisait l'expérience de l'un des -nombreux- obstacles de la vie, à laquelle venait s'enchaîner la découverte d'un don. Don qui était identique au sien, à savoir, le pire qui aurait pu leur tomber sur le coin de la gueule, à Laure et lui. Dans l'absolu, Mohamed aurait été plutôt content de partager cela avec Naïm. Oh bien sûr quelque chose au fond de lui l'avait toujours trouvé lourd à porter, mais quelle puissance, quelle efficacité. Et ce n'était pas pour déplaire à Dorian Cross, lui qui avait la torture en si grande estime. Mais s'il fallait que le gamin découvre son don si jeune, c'était la pire configuration possible. Un enfant de cet âge ne se contrôle pas, ne contrôle pas ses émotions, se laisse envahir par la frustration et l'incompréhension. Peut-être se faisait-il mal à lui même, allez savoir.

Il perçut que Laure était arrivée dans la chambre sur ces entrefaites, mais ses yeux étaient brouillés de larmes de douleur, il ne parvenait pas à relever les yeux vers elle. Énervée, inquiète peut-être -qui l'eut cru, la jeune femme pouvait être une redoutable mère louve parfois-. Il sentit sa présence se rapprocher d'eux, l'entendit doucement poser un genoux au sol, sur le tapis de jeux, puis demander calmement au bambin ce qui se passait. Un peu trop calmement à au goût de Moha, qui, sous le coup de la douleur aurait bien gueulé un bon coup que c'était bien sympa de vouloir que son gamin de quatre ans lui raconte ses états d'âme mais qu'en attendant, lui était en train de souffrir le martyr. Et n'était-ce pas le rôle de tout paternel digne de ce nom ? Ah, quel enfer. Le pire étant qu'il les aimait plus que sa vie.

Au son du souffle de sa femme, le sorcier pouvait aisément deviner qu'elle aussi était victime du tout nouveau don de leur fils. Bon. Cet état de faits n'enchantait pas Mohamed (il n'y avait que lui qui avait le droit de faire souffrir sa femme, ce n'était pas négociable. Pour ce qui était de Dorian, il ne pouvait que s'effacer, ses pincements dans le cœur enfermés en lui.) mais au moins Laure avait compris ce qui était en train de se passer. Deux cerveaux pour réfléchir à cette affaire, deux pouvoirs, deux dons, ce ne serait pas de trop. Les quelques mots qui sortirent de la bouche de la sorcière lui indiquèrent qu'en effet, elle avait reconstitué le puzzle dans sa tête.

Il avait entraîné son épouse à résister à son pouvoir et il espérait qu'elle saurait ou juste pourrait le mettre en application. Lui même était paralysé de par le caractère sauvage et pur, enfantin de l'attaque. Naïm avait reçu une grande puissance qu'il était incapable de contrôler, au même titre que ses émotions. C'était normal. Les premières manifestations magiques chez les enfants voir adolescents étaient souvent très violentes. Le contraire pouvait arriver également : un élémentariste qui ne peut produire qu'une mini goutte d'eau, un télékinésiste qui fait se soulever des objets d'à peine un millimètre.

Malheureusement, de ce que pouvaient voir ses yeux embués, Laure n'avait pas plus de succès que lui. Elle essayait vainement de raisonner l'enfant en lui expliquant de son mieux à travers la souffrance ce qu'ils étaient en train d'endurer mais visiblement le gosse était aussi têtu que sa mère et ne lâchait pas prise. Putain. Comment se battre contre ce qu'on a de plus précieux au monde ?

Mohamed poussa un râle de frustration et de douleur, tendant une main vers son fils. Il atteint du bout des doigts le genou du bambin, dans une tentative de lui apporter un peu de réconfort. Le sorcier noir prit une grande inspiration. Il fallait penser, essayer de dégager un peu de clarté. Naïm pleurait, Laure et lui souffraient le martyr, la situation lui semblait bloquée. Il aurait pu riposter par son propre don, envoyer une vague de douleur, mais il se refusait à faire souffrir son enfant et cela risquait à la fois de le traumatiser quant à l'utilisation future de ses pouvoirs. Sans oublier la possibilité que l'émotion lui permettre de riposter encore plus fort.

Au prix d'un effort qui lui parût inouï, le sorcier réussit à invoquer une petite flamme et à la faire se mouvoir sur le parquet de la chambre, entre son fils et lui. Sur le bois, péniblement, il traçait une rune d'apaisement, en espérant que cela ait un effet sur l'enfant. Il espérait la faire tenir assez longtemps pour qu'elle puisse entrer lentement dans le mental de son fils. La patience. La frustration. L'amour. Tout ce qui faisait la vie d'un père, réunis en un instant et exacerbés. Il aurait aimé réconforter Laure aussi, au moins lui lancer un regard pour lui dire qu'il était avec elle là dedans et qu'ils allaient se sortir de là.

Je pense entendre Mohamed. Pense, le sang bat dans mes tympans. La douleur est si vive partout. J'ai l'impression que c'est pire que mes entraînements avec mon mari. Comme si Pat était beaucoup plus puissant que son père. Quoique, un enfant qui ne sait pas maîtriser ses pouvoirs... Et Moha savait aussi doser et contrôler son don. L'un d'un l'autre.

J'ai envie de m'arracher les cheveux. Une main tient ma tête, empoigne mes cheveux, pourquoi, alors que j'ai déjà une douleur lancinante dans la totalité de mon corps. L'autre à terre, essayant de me retenir, de ne pas tomber à terre, de ne pas me tordre de douleur. C'est pas ça qui calmera Pat. Mon enfant, mon chéri … Est-ce que lui aussi souffrait ?

J'arrive difficilement à ouvrir les yeux, ma respiration est pantelante. Je vois une flamme se nourrir du parquet, laissant une trace noire.

Qu'... Qu'est-ce que... t-tu fais ?

Je ne sais pas si j'avais réussi à transmettre l'intégralité de ma phrase.

« Pat, mon chéri, calme toi, maman te supplie mon amour... »

Sortir ses mots me tuaient sur place. Ca demandait énormément de concentration. Emmagasiner assez de souffle, tout sortir d'un coup, sans faire transparaître le mal, la douleur qui m'envahissait. Je veux juste que mon fils me comprenne, impossible avec maman qui hurle et qui baragouine. Les larmes sont là, brûlantes, piquant le nez.

La douleur ne faiblit pas. Je touche à mon tour mon fils. J'aurais voulu être empathe à ce moment précis. Douleur fulgurante dans mon bras, une décharge, je retire ma main convulsée de spasme, avant de la reposer. J'ai mal. J'ai mal. J'ai mal.

Mon fils, Pat, mon amour, mon bébé. Calme toi. Je t'en supplie.

Mon bras brûle, pique. Il se tend, les muscles autour de mon omoplate se contractent viollement en yune position étrange. Tant pis. J'essaie tant bien que mal de ne pas planter mes ongles dans la chair de mon fils. Je replace mes jambes tout aussi difficielemtn pour assurer mon équilibre, place mon autre main sur ma cuisse et me lacère la cuisse. Débilité Laure. Cette douleur est plus tangible, plus réelle, pas interne bizarre. J'essaie de me concentrer dessus, pour me calmer.

« Je sais pas quoi faire pour t'aider... »

Maman veut juste aider.

Maman veut juste aider.

Maman veut juste aider.

Maman veut faire disparaître la peine.

Maman veut faire disparaître la douleur.

Maman veut faire disparaître la peine et la douleur.

Oh chéri, laisse moi t'aider.

Moha, aide moi...

Comment faire...

Je reconnais enfin la rune que Moha a gravé. Je prends une profonde inspiration et essaie d'envoyer ma magie dedans. Fonctionne, s'il te plait fonctionne. S'il te plait corps de mes deux. S'il te plait.

Et sois gentille avec ton don. Il sera plus gentil avec toi.

Je ne sais pas d'où sortent ces mots. Je ne sais plus qui les a prononcé.

J'essaie de me déconnecter de la douleur. J'essaie de la mettre dans une boîte, que je mets dans une autre boîte, que je mets dans une autre boîte. Les boîtes hurlent, empêchent de me concentrer correctement, mais c'est déjà bien. Je puise ma magie et active cette putain de rune.

Les boîtes diminuent de volume. Ca crie toujours, mais un peu plus etouffé. J'peux juste plus les tenir fermées, elles explosent. La douleur irradie, mais moins flagrante. La rune avait fonctionné. Bien. Bien.

Bravo pour la rune. Et maintenant ?

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Mike roule une pelle à Invité

La peur mène à la colère, la colère maine à la haine, la haine... mène à la souffrance

C'était toujours pas très radieu du côté de chez la famille Al Hattal. Pas très radieu, mais un peu mieux quand même. La rune de Mohamed avait fonctionné. Il en était sûr, car il avait un peu moins mal. Depuis le temps qu'il vivait avec son propre pouvoir, il savait qu'il existait des degrés de douleurs que pouvait infliger un bourreau, souvent déterminés par les émotions de la personne en question. Il savait pertinemment que les fois il avait fait le plus souffrir des gens, c'était durant les périodes les plus compliquées de sa vie. Notamment juste après avoir rejoint Croix, après avoir quitté Selena. A ce moment là, ah, il en avait eu de la rage à revendre, de la haine contre le monde. Quel enfer.

Retour à l'instant présent. Bien obligé. Laure avait essayé de parler à leur enfant, par télépathie, puis à voix haute. Sans être empathe, Moha avait pu voir qu'elle se sentait impuissante, mise au défi par son statut de mère. Comme lui en fait. Il ressentit une énorme bouffée d'amour pour son épouse au milieu de tout ce chaos. Etrange d'ailleurs, la façon dont leur relation s'était construite. Elle avait d'abord été pour le moins inexistante, si ce n'était malsaine, pour tout les aspects charnels ou un peu trop quotidiens, dans les premiers mois de leur mariage. L'annonce de la grossesse de sa jeune épouse avait commencé à débloquer quelque chose, puis avait été bâti autour de leurs enfants, d'Elaïa d'abord, puisqu'elle était là, gros bébé joufflu et en demande d'attention, puis de Naïm. Ellana était la dernière pierre de leur petit nid d'amour étrange, d'obligation, parfois un peu plus. Chacun savait que s'ils s'étaient rencontrés dans une autre vie, dans d'autres circonstances, ils ne se seraient jamais mariés. S'ils s'étaient appréciés, ils auraient peut-être eu plutôt une relation père-fille, mentor-élève... Mais il se trouvait qu'ils étaient là, dans cette maison près de la mer, qu'ils avaient fait des enfants dont elle ne voulait certainement pas à la base. Et voilà. Maintenant il l'aimait, d'une façon étrange, il l'aimait. Parfois il se disait que, peut-être, elle l'aimait aussi. Bizarrement. Juste la façon qu'elle avait de lui préparer une tasse de café parfois, ou de se réjouir d'un plat particulièrement réussi qu'il avait préparé.

Et maintenant. Et maintenant, demandait-elle. Ils étaient tous les deux dans la même merde et ça, c'était clair que ça renforcait des liens. Bon. Une idée. Il avait commencé à s'habituer à la douleur, qui elle même avait diminué. Il fallait en profiter. Réfléchir et enrayer la situation. Il était possible que leur fils finisse par s'écrouler d'épuisement, mais ce n'était nécéssairement souhaitable, Mohamed n'avait pas trop envie de jouer avec l'état de santé du petit garçon. Ni le sien ou celui de sa femme d'ailleurs. Ensuite, le temps passait et Elaïa allait s'inquiéter si personne ne venait la chercher au centre équestre. Quant à la petite, c'était assez incroyable qu'elle n'ait pas été réveillée par tous les hurlements en provenance de la chambre de son frère.

Et maintenant. Sous l'emprise de la douleur, Mohamed devait retenir son don de toutes ses forces pour qu'il n'aille pas instinctivement riposter contre celui de son fils. Si celui du gamin était actuellement à sommet de sa puissance, les talents de bourreau d'un homme adulte, qui plus est son père, risquaient de lui causer un traumatisme modèle géant s'ils se déchainaient sur lui. Respirer à fond. Se contrôler. Garder toute la magie en soi. La canaliser pour... Pourquoi ? Il avait beau retourner le problème dans tout les sens, il ne voyait pas ce qu'il pouvait faire avec ses don et pouvoir. Le don était dans tous les cas exclu. Le pouvoir... Faire danser un feu follet sous les yeux de Naïm afin de focaliser son attention sur autre chose ? Et s'il avait peur ? Le sorcier se mit donc à passer en revue les runes qu'il connaissait et leurs possibles usages. Quand soudain une idée le frappa. Distraire. Dessiner. S'il y avait bien quelque chose qui calmait Naïm dans la vie, et ce depuis qu'il était assez grand pour comprendre le concept de dessin animé, c'était le film d'animation "les nouveaux héros". Notamment le personnage de Baymax donc il avait une énorme peluche. Ok, c'était donc le moment de passer pour un abruti devant sa femme.

- Gnn, Laure, articula-t-il péniblement, Il faudrait que tu dessines Baymax. Ou une scène de son film là, tu sais... Arg, enfin peut-être que ça pourrait le calmer.

Réfléchir à sous la torture : check, Dorian serait fier de moi, pensa Mohamed avec amertume. Restait maintenant à savoir si Laure l'avait compris, si elle allait approuver son idée et enfin, si elle allait être capable de réaliser son idée. Youpidoupida. Qu'est-ce qu'on s'amuse bien dans la famille Al Hattal.

La douleur est toujours présente, lacérante, lancinante. Elle a certes, diminué, mais j'ai encore l'impression que trois cents milliards de millions d'aiguille me transpercent de toutes parts, que toutes les cellules de mon corps sont attaquées en même temps. Je ne suis que feu à l'intérieur comme à l'extérieur. Et je suis impuissante face à mon adversaire. My little boy. My little growing boy.

Je continue de tenter la télépathie, peut être qu'en entendant la voix rassurante de maman, il se calmera. Mais c'est sans effet, la douleur et les pleurs de mon enfant continuent. Une torture pour moi, et pour Moha aussi. Lui, si fort, si fier, et surtout, si aimant. On sait tous les deux très bien qu'attaquer notre enfant, qu'en nous défendant avec force, cela ne fera que décupler le problème. Et puis, surtout, blesser la chair de notre chair ? Plutôt endurer cette douleur mille fois.

Alors nous voilà tout deux, bien couillons, devant notre gosse qui nous met à mal.

–Gnn, Laure, Il faudrait que tu dessines Baymax. Ou une scène de son film là, tu sais... Arg, enfin peut-être que ça pourrait le calmer.

J'entends bien qu'il a du mal à parler. J'ai déjà du mal à utiliser ma télépathie. Du coup c'est moi aussi avec une grande peine que je lance un « Qu-q- QUOI ?! »

Certes, j'ai toujours eu plus de facilité avec mon talent de dessinatrice qu'avec la télépathie, mais de là à affirmer que je vais y arriver alors que tout mon corps brûle de mille feux, y'a un grand canyon. Ça faisait pas parti de l'entraînement ça.

Je recommence alors l'opération. Je ressens la douleur, partout, partout, partout. J'essaie de m'en détacher, de la personnifier. Pour la mettre dans une boîte. Que j'ai du mal à refermer tellement elle se déforme. Je la mets dans une autre boîte, puis dans une autre, ainsi de suite. Les boîtes sont fermées. La douleur est lourde, mais plus lointaine, comme si j'avais réussi à me détacher de mon corps, de la douleur.

J'me concentre ailleurs, pour dessiner.

Les boîtes explosent, la douleur revient, beaucoup plus puissante et m’assaille de toute part. Des endroits insoupçonnés sont mis à rude épreuve. Je pousse un cri que j'essaie de contenir entre mes dents légèrement trop tard.

J'me suis concentrée ailleurs, j'ai laissé les boîtes dans un coin, regrettable erreur. Il va falloir s'asseoir sur les boîtes, les empêcher de s'ouvrir, les empêcher d'exploser. Et dessiner en même temps. Bah oui. Oui oui oui. Bien sûr.

J'aimerais t'y voir Moha. Tsssss.

On recommence. On s'assoit sur les boîtes. On prend une boîte en fer. On s'assoit sur le tout. Arder un œil sur les boîtes.

Baymax, Baymax. Il ressemble à quoi déjà ? Au bonhomme Michelin non ? Avec moins de bourrelet. Et un visage plus mignon type smiley. Oui, c'est ça. Aller. On se concentre. On oublie pas les boîtes. On modèle le bonhomme Michelin. Les boîtes. On corrige le bonhomme Michelin. Les boîtes.

Apparition de Baymax. La boîte diminue soudainement de volume, accompagné par un petit « Oh ! » de mon enfant chéri.

Faites des gosses qu'ils disaient.

L'image disparaît, les pleurs reprennent, la boîte explose, la douleur vient aussi de l'extérieur. Encore.

Il va falloir le faire bouger[i/].

Bah oui, parce que un seul dessin c'est pas assez. Il va falloir faire de l'animation maintenant. Bah oui. Bien sûr. C'est tellement plus drôle. Ou alors juste user de télépathie en même temps ? Ou alors faire TOUT en même temps ?

Bon bah... Tant qu'à faire, autant faire le tout pour le tout.

Je laisse la douleur m'envahir, et essaye de me concentrer – difficilement – sur autre chose. Laure, réalisatrice sous la douleur. Doubleuse, animatrice, la totale. Je m'imagine, seule, ce que je vais faire. Baymax il mesure la douleur en parlant à … Comment il s'appelle l'autre là. L'humain. Bref. On va faire ça. Donc. Bonjour, mon nom est Baymax. Sur une échelle de 1 à 10, de combien as-tu mal ? Où se situe la douleur ? C'est ça. Oui c'est ça.

Bonjour, je suis Baymax. Où as-tu mal ? Beaucoup mal ou pas beaucoup mal ? Mal gros comment ?

Voilà, j'ai le speech. Maintenant, l'animation. J'y réfléchis alors que j'ai envie d'hurler de douleur.

Boîte. Boîte. Boîte. Boîte. Fer. Fer. Fer. S'asseoir.

Baymax. Il va falloir les enchaîner. Il ne faut pas que je me laisse déconcentrer. Ni par Moha. Ni par Pat. Ni par Ellana. Comme si j'allais l'entendre avec tout ce qui se passe ici de toutes façons. On pense aux boîtes, on garde un œil dessus, on les contient du mieux qu'on peut. On anime. Et on parle. J'me repasse toutes les versions de Baymax que je dois enchaîner.

Et c'est parti.

Baymax apparaît. Baymax salue.

[i]Bonjour.

Baymax est de nouveau debout. Baymax met une main sur sa poitrine.

Moi c'est Baymax.

Les boîtes enflent. Je sers les jambes. Je sais. Vous êtes là. Laissez moi travailler.

Baymax tend les mains.

T'as beaucoup mal ?

Baymax incline la tête.

Ou pas beaucoup mal ?

Je regarde pas mon fils. J'en suis incapable. Je peux pas me concentrer sur ce qui se passe en plus de ce que je fais. Si j'ajoute une autre information, tout sera perdu, je m'écroulerai uniquement sous la douleur, à crier à n'en plus pouvoir, à m'évanouir.

Baymax montre plusieurs endroits sur lui. Le cœur. La tête. Le cœur. Le bras. La jambe. Le cœur.

Où as-tu mal ?

Je dois garder Baymax. Je dois garder Baymax. Je dois garder Baymax.

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J'ai ton cœur qui tape, qui cogne, dans mon corps et dans ma tête

Mohamed vit instantanément l'expression presque horrifiée de sa femme lorsqu'il lui suggéra qu'elle devait dessiner. Un "Quoi ?!" haché retentit dans sa tête, presque douloureux lui aussi. Malgré tout, il hocha vigoureusement la tête. Oui. C'était la meilleure solution à laquelle il pouvait penser, là, maintenant, tout de suite. Le petit commençait à s'épuiser et il avait un peu moins mal qu'auparavant, mais qui sait si l'épuisement, à terme, ne pouvait pas attiser sa colère. Il fallait donc que Laure agisse, vite et avec succès. Pour la raisons sus-citée, mais aussi car il arrivait que des enfants magiques, non conscients de leurs propres limites, se tuent d'épuisement dans des cas d'activation spontanée du pouvoir ou du don. Beaucoup de joie en perspective, somme toute.

Le sorcier s'affaira à faire affluer tout ce qui pouvait lui rester d'énergie dans la rune d'apaisement, afin de pouvoir soutenir son épouse au maximum alors qu'elle s'attelait à un exercice difficile, qui lui aurait probablement d'ailleurs semblé impossible quelques heures auparavant. Mais il fallait maintenant tenter le tout pour le tout.

- Vas-y mon amour, tu peux y arriver.

C'était la deuxième fois de sa vie qu'il appelait la jeune femme ainsi. La première fois avait été à la naissance d'Ellana, qui avait été plus éprouvante pour elle que celle de Naïm. Alors que Laure hurlait et poussait de toute ses forces pour faire sortir leur fille de son corps, Mohamed avait eu un élan d'affection sans borne, un voile s'était défait de ses entrailles et des couches de complications sentimentales. Il l'avait appelée son amour car c'était ce qu'elle était. Pas depuis leur mariage, certainement pas, mais au moins depuis 2015, après la naissance de leur fils, quand elle étiat devenue mère, qu'ils avaient dû s'occuper de leur petit garçon ensemble. Depuis qu'elle s'était rangée à Croix, qu'ils avaient des rapports charnels consentants. De l'amour était né de leurs obligations, de leurs enfants. Ce n'était pas ce dont il avait toujours rêvé, bien au contraire. Mais il était reconnaissant pour Laure, pour Naïm, pour Ellana, pour Elaïa, pour leurs moments. Après bien des souffrances, la vie, Dieu, peut-être avait fait naitre un bonheur pour lui. Bien sûr, il doutait que cela soit jamais complètement réciproque pour sa femme. Elle serait toujours prisonnière des Croix, de Cross. Elle serait toujours l'adolescente qui s'était fait violer par un quadragénaire et avait porté et mis au monde ses enfants. Les siens aussi, qu'elle avait appris à aimer. Mohamed restait assez lucide pour savoir qu'il restait probablement impardonnable dans ses yeux.

Ce serait peut-être bizarre pour elle, ces mots, déstabilisant, finalement. Elle avait peut-être oublié qu'il les avait déjà prononcés, deux ans auparavant, dans un moment de grande souffrance. Peut-être allait-il tout faire échouer. Il fallait avoir confiance. Qu'ils aient confiance en l'un et l'autre. Qu'ils tiennent bon.

Une forme blanche et tout en rondeur se dessina peu à peu devant les yeux ébahis de leur enfant. Moha pouvait voir le visage de Laure en souffrance. Plus de détails, plus de réalisme, plus de douleur. Lui continuait d'alimenter sa rune, à bout de souffle. Il sentait son énergie être drainée, mais plus faiblement car autre chose, quelque chose d'extérieur à lui, apaisait Naïm. Le dessin de Baymax commençait à faire effet. Le sorcier décida alors de ménager quelque peu ses efforts.

La douleur sur le visage de sa femme était insupportable, mais il refusait de détourner les yeux, il voulait être son soutien, son épaule. Il faudrait qu'il soit en mesure de s'occuper d'elle et de leur fils également, quand tout cela serait fini. Ils seraient certainement épuisés, voire malades. Lui aussi. Il serait fort quand même.

Baymax se mettait à parler, du même ton apaisant qu'il avait dans le dessin animé, celui que Laure et lui connaissaient par coeur à force que Naïm le regarde, encore et encore, en boucle. Les enfants ne connaissent pas la lassitude, avait appris Mohamed ces dernières années.

-B... Baymax ?

C'était Naïm qui avait parlé. Avec ces mots, Moha sentit sa douleur se réduire drastiquement, se chiffoner en un résidu désagréable, mais soutenable. Le petit suivait des yeux le personnage que Laure faisait à présent bouger, et parler. Exactement comme dans le film. L'admiration et le soulagement que ressentit le sorcier à cet instant se passaient de mots.

- La...tête...

Il pouvait voir les larmes monter aux yeux de son fils, tandis qu'il tendait les bras vers le dessin de Laure pour être réconforté. Sans être empathe, il pouvait sentir l'épuisement du petit garçon, qui n'avait, peu à peu, presque plus d'énergie à investir dans la torture. Presque, car Mohamed se sentait encore lié à son fils par cette douleur, il fallait rester vigilant, plus ou moins jusqu'à ce qu'il ne tombe d'épuisement.

- Continue... Tu y es presque, dit-il doucement par télépathie à Laure.

Quand il aurait un peu récupéré, il tenterait de la soulager par les runes, elle aussi. Il faudrait aussi certainement faire venir un ou une esclave ayant le don de guérison. Et aller chercher Elaïa au cours de poney. La vie des fois. Sans commentaire.

Mohamed me parle. Je reconnais ses mots, je sais tout ce que ça représente pour lui de dire ça. Je sais tout ce que ça représente pour moi d'entendre ça. Venant de lui, après tout ce qu'on a vécu tous les deux. Sauf que je ne peux pas me laisser distraire, j'ai pas le droit. Oh Mohamed, tu es, au final, un mari formidable, et un père bien plus merveilleux encore. On t'a choisi pour me punir, mais on s'en sort bien, finalement. On a appris à s'apprivoiser, à se connaître, à travailler ensemble, à s'aimer, en quelque sorte. Parce que oui, Mohamed, d'une certaine manière, je t'aime. Tu as su faire naître un sentiment amoureux en moi, peut être pas celui que j'aurais voulu, peut être pas celui dont je rêvais, mais il est bel et bien là. Et ton soutien en cet instant vaut tout l'or du monde.

Mais je ne peux pas me permettre de me concentrer sur ces paroles précises. Je ne peux pas me permettre de me remémorer tous ces moments passés en ta compagnie. J'ai une tache bien plus importante à accomplir. Et ô comme tu m'en voudrais si j'échouais. L'échec n'est pas envisageable. Pas à cause de toi. C'est mon enfant, et je donnerais ma vie pour lui.

Je ne me laisse pas déconcentrer et dessine Baymax, anime Baymax, parle avec la voix de Baymax. Je sens les boîtes diminuer d'un coup. Je ne me laisse pas déconcentrer. Je sens la douleur moins vive. Je pourrais même arrêter les boîtes, mais c'est un trop gros risque à prendre. Un risque que je ne suis pas prête à prendre. Je continue de serrer les jambes autour de mes boîtes. Maintenant que Baymax est là, c'est moins difficile. C'est le faire bouger qui est compliqué, c'est imaginer une nouvelle pose, c'est faire apparaître cette nouvelle pose. C'est ne pas être trop déconcentrée pour pas qu'il fasse « pouf » et disparaisse et que les boîtes triplent de volume.

« La...tête... «

La tête, la tête, la tête... Qu'est-ce que ça voulait dire ? Une migraine ? Un bobo à la tête ? Il est tombé ? Son pouvoir le blesse lui aussi ? Il fallait tirer ça au clair, et vite. Il s'était calmé mais la tempête pouvait reprendre. L'oeil du cyclone se déplace, si on est pas à la bonne position, on se refait emporté.

Je jette un coup d'oeil, anxieuse, à Pat. Je revois son front rougi. Comment avais-je pu oublier ? Le chat, évidemment, le chat. J'ai été tellement prise par la douleur que j'ai oublié ce simple événement, cet acte quotidien d'un être poilu à quatre pattes. Débile Laure, débile, débile, débile.

Je positionne Baymax avec ses mains sur la bouche. Je le dessine écartant les mains vers Pat, avec un petit cœur qui s'envole de l'endroit où est supposé être sa bouche.

Voudrais-tu un bisous magique de ton papa et de ta maman ? J'ai entendu dire que ça guérissait tous les bobos.

Je ne sais pas comment lui dire que ce n'est rien, que ça va passer, que ça ne valait pas la peine de se mettre dans des états pareils. J'ai hâte de la prochaine fois où il embêtera Mistigri tiens …

Il hoche la tête, les yeux encore plein de larmes qui roulent toujours sur ses joues. Je fais disparaître Baymax avec une petite animation de fumée pour que se soit plus mignon, plus normal qu'il disparaisse sans laisser de trace.

Les boîtes ne regonflent pas. Les boîtes n'explosent pas. Je m'approche doucement de Pat.

Mon chou, c'est maman.

Il me regarde, les yeux plein d'amour, de larmes, il a l'air de comprendre tout ce qu'il s'est passé, je ne veux pas qu'il se remette à pleurer... oh mon ange ce n'est rien...

Je prends Pat dans mes bras et embrasse toute la longueur de son front.

Viens Moha. Faut faire des bisous magiques. Plein, plein plein plein.

C'est vrai qu'il manque d'amour cet enfant hm.

Les boîtes diminuent, riquiqui, jusqu'à s'évanouir et je peux enfin respirer.

Je reste sur de la télépathie car j'ai l'impression que c'est plus naturel d'un coup, comme si un cap avait enfin été dépassé. Et j'ai pas envie de briser le silence serein qui est en train de se créer, le petit cocon du calme après la tempête. J'arrive aussi à mieux cibler à qui je veux m'adresser. Ou si je veux que tout le monde entende.

Tu te sens mieux ? Papa et maman sont là. Papa et maman seront toujours là mon amour.

Je serre la main de Moha. Il représente tellement. J'aurais été inutile sans lui.

Merci.

J'ai l'impression que ya un écho dans mes remerciements, j'essaie de symboliser tellement de choses dans ce simple mot. Merci d'être là. Merci de ton soutien. Merci d'être toi. Heureuse d'être tombée sur toi.

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Te parler du bon temps qu'est mort ou qui r'viendra, en serrant dans ma main tes p'tits doigts

Le temps était éternel et douloureux, il s'étendait et Mohamed perdait son souffle. Mais il regardait encore Laure avec de l'espoir. Et peu à peu, son visage sembla s'apaiser. Le personnage de Pixar se mit à bouger, continua à parler. Le sorcier noir rassemblait toutes ses forces, c'était peut-être bientôt fini. Laure devait y arriver. Laure allait y arriver. Il croyait en elle, elle pouvait avoir toute sa force, tout son amour. Tout aspirer. Pour leur enfant. Pour eux. La sorcière envoya un bisou magique au travers de son avatar dessiné, à son fils. Les yeux du bambin suivaient la scène avec fascination. Une à une, les serres de son pouvoir se détachaient des parents éplorés. Un peu plus d'oxygène, de lucidité à chaque instant. Moha eut même furtivement la place de penser que l'image était belle, qu'il y aurait presque cru, lui aussi. Lui aussi aurait bien aimé avoir un gros ballon de baudruche pour le consoler.

Il se mit à ricaner nerveusement, se tordant au mieux pour être hors de vue de Laure et Naïm et de ne pas les déconcentrer. Sa femme, toujours à travers son dessin, proposa un bisou magique, de la part de papa et maman. OUI. Pensa-t-il. OUI, s'il te plait, je veux redevenir ton papa chéri adoré, pas un punching ball sur lequel tu déchaines le don que tu n'as probablement pas conscience d'avoir. En pensant à la future conversation qu'il allait avoir à ce sujet avec le petit, le fou rire catartique reprit le sorcier de plus belle. A mesure que la douleur disparaissait, Mohamed ricanait, dépité en son for intérieur de potentiellement gâcher ainsi les efforts de son épouse pour se concentrer.

Ce fut sa voix dans sa tête qui le ramena à la réalité. Il réalisa qu'il ne souffrait plus. Ou sinon par échos dans ses os et sa chair. Mais rien à voir avec ce qu'il avait pu ressentir quelques instants auparavant. Il était récupéré, rendu à son corps de père, aux devoirs qui allaient avec. Les bisous magiques. Il fallait les faire. Ca tombait bien, il pouvait bouger, à présent. Plus de terrassement lourd, plus de plombs dans les membres. Il fut même surpris de s'entendre penser :

- Oui, oui... Tout de suite.

Mécaniquement, il s'approcha, rampant, de son fils et de sa femme et les enserra de ses bras, posant ses lèvres sur le font du petit garçon. Papa est là, pensait-il, fort, tout en sachant qu'il ne pourrait pas l'entendre. Papa est là. Papa devient une fontaine à bisous et serre trop fort Laure, trop fort Naïm. Il pensait toujours dans un coin de sa tête à Elaïa et à son cours de poney. C'était fini. Son aînée ne se retrouverait pas abandonnée au centre équestre. Son cadet n'avait pas réussi à le tuer. Ni lui, ni sa mère. Le temps allait pouvoir recommencer à s'écouler normalement. Le sorcier se sentait faible, indigne de lui-même, quelque part. Autre part, il s'en fichait. Il n'était plus qu'amour et soulagement et ils avaient réussi, Laure et lui, à surmonter cette épreuve. C'était fini. Mohamed sentait ses runes s'évanouir, il poussa un gémissement d'épuisement, tandis que Laure demandait à Naïm si tout allait mieux.

- Ma...man, geignit-il entre deux sanglots.

Moha sentit les mains minuscules de l'enfant tatonner, agripper des cheveux, des vêtements. Lui aussi était éreinté.

- Ca va m-mieux, continua le petit toujours en pleurant d'épuisement. J'avais trop, trop peur.

Le sorcier noir serra un peu plus fort sa progéniture dans ses bras. Il ne pouvait pas lui répondre. Simplement être là. Il aurait pourtant aimé dire que maman avait raison, qu'ils seraient toujours là. Il aurait aimé dire que même si Dorian lui assignait une mission suicide, dans 20 ans, son papa serait prêt à mourir à sa place, à perdre tout honneur, à renoncer à tout, juste pour son bonheur et son bien-être, à lui, et celui de ses soeurs. Il ne pouvait rien dire d'autre qu'aimer. Tout était trop fort en cet instant, il se sentait presque partir, s'évanouir. Mais non. Elaïa avait besoin de lui pour être ramenée du poney. Il fallait se raccrocher à cette pensée, s'y tenir.

Avant qu'il ne puisse amorçer un mouvement, la main de Laure saisit la sienne. Il ne bougea pas, le souffle de nouveau coupé, enivré par l'émotion. Il retint son souffle et il entendit dans sa tête qu'elle le remerciait. Il eut la sensation d'exploser. Une bombe de complexité soufflait tout sur son passage et il était là, enlacer avec deux des personnes les plus chères de sa vie, sans pouvoir rien faire, à rester ébahi. Il se contenta de commander à ses muscles de serrer plus fort, encore. Il ne pouvait pas répondre. Il pouvait juste être là.

J'entends Moha ricaner mais je ne réagis pas, concentrée sur les mimiques de mon fils, soulagée de m'apercevoir que mon pouvoir fonctionnent, que mes pouvoirs fonctionnent. Que j'arrive à soulager mon enfant, que je suis utile, que j'arrive enfin à contrôler toute cette maie après tant d'année à me faire maltraiter par eux. Comme si on s'était enfin apprivoisés et qu'on pouvait enfin vivre ensemble, main dans la main.

Pat se calme, petit à petit. La douleur disparaît et je sens la magie couler sous mes veines, toute apprivoisée, toute contente d'être là. Mohamed vient nous retrouver et nous serre comme si il voulait nous étouffer tout deux. Je ressens le poids de son amour, son inquiétude, son soulagement qui fait écho au mien. J'ai entendu son j'arrive. Evidemment qu'il arrive. Pour rien au monde il ne manquerait une étreinte avec ses enfants. Pour rien au monde il ne manque le bisous du bonne nuit, même lorsqu'il rentre tard. Pour rien au monde ses enfants ne manqueraient d'amour. Les plus heureux enfants sorciers noirs, sûrement. Les plus sains, peut être. Le temps nous le dira.

"Ma...man"

Je suis là mon chéri. Maman est là. Maman sera toujours là.

"Ca va m-mieux. J'avais trop, trop peur."

Il n'y a pas à avoir peur mon ange. C'est juste un tout petit bobo.

Il faudrait avoir cette conversation avec notre fils, mais plus tard. Le prochain bobo serait bien vite arrivé. Que se soit à nouveau avec le chat, que se soit une bagarre avec Elaïa, que se soit lui qui court et qui tombe ou se cogne ... Tout était possible et personne n'a envie de revivre cette épreuve. Je jetai un regard un peu inquiet à Moha, essayant de déchiffrer ce qu'il pourrait en penser, de cet avenir fort en douleur. Se serait probablement lui, le mieux placer pour en parler, mais ... On n'ira pas faire vivre ça à Pat. Jamais.

J'allais déchiffrer les pensées de mon fils, j'avais un peu l'habitude de le faire, pour savoir quand il dormait, si il faisait un cauchemar, de quoi il avait envie quand il commençait à faire la grimace... C'est pas facile, mais ça se fait. C'est plus facile sur les gens que je côtoie au quotidien même si je ne me le permettrai pas sur mon mari. Bien trop peur de me prendre une vague de douleur en retour...

Tu veux t'endormir avec MamaRonron ?

Il fait oui de la tête, commence à bailler. Je laisse Moha se charger de Pat et prend ma forme de panthère. Pat vient donc se blottir contre ma fourrure toute douce, comme une peluche et je commence à ronronner pour le bercer, comme à son habitude, comme à l'habitude d'Elaïa. Et moi aussi, je vais sûrement m'endormir, un petit instant.

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Sakura :

NIVEAU REUSSI !

J'ai été très surprise par Laure qui est une bonne prolongation de Sakura. Je ne la connaissais que avant son mariage finalement et c'est très intéressant de voir comment elle a évolué. Elle a vraiment changé, bien qu'elle reste encore très jeune voire ado comme tu le dis d'ailleurs dans un des posts. C'est une femme, c'est surtout une mère et c'est une personne qui s'est résolu tout en essayant de tirer le meilleur de la situation. J'ai beaucoup aimé la voir être cette femme-enfant.

Les descriptions de ses galères avec son don et l'idée du dessin animé (merci Moha), c'était bien joué !

7 ~ Confirmé : Le personnage ne souffre plus de la fatigue lorsqu'il se sert de la magie qu'il contrôle, sauf s'il en fait usage trop longtemps et s'intéresse à développer la magie qu'il ne maîtrise pas encore très bien ( à savoir : si vous maîtrisez votre don, le personnage s'intéresse maintenant a son pouvoir et inversement).

Mohamed:

NIVEAU REUSSI !

Alors là, c'était grandiose. Mohamed est très touchant, très réaliste dans ses réactions. C'est un sorcier noir qui a la tête sur les épaules et ses réactions sont très bien jouées. Il m'a beaucoup touchée. C'est très beau de voir comment il pense. Il peut avoir des convictions très dures, sa famille, c'est sa famille et c'est magnifique. J'ai adoré avoir ses pensées, petit check ou références à Dorian.

Pour moi, c'est dans sa résistance et dans sa concentration que tu l'as fait s'améliorer, également dans ce qui est à côté de sa magie spécifique (rune, barrière mentale, etc...) et c'était super !

10 ~ Chef : Le personnage comprend réellement ce qu'il est et se fatigue moins à utiliser ses capacités et pouvoirs.

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Hope to see an other day

Tout part toujours dans les flots. Au fond des nuits sereines. Ne vois-tu rien venir ? Les naufragés et leurs peines qui jetaient l'encre ici. Et arrêtaient d'écrire...
apache.