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Sujet: De la bière et une montagne de popcorn Mer 29 Juil 2020 - 15:02
Carla regarda les fournitures soigneusement alignées sur son nouveau bureau. Avec Louis, ils avaient dégagé un coin dans la chambre afin qu'elle puisse travailler plus studieusement. Ne pas faire comme la première fois où elle était sortie beaucoup et avait travaillé très peu. Le doyen avait été clair de toute façon : il lui offrait une deuxième chance, elle n'aurait pas le droit à une troisième. Essai probatoire, au moindre problème c'était retour aux croissants et aux baguettes.
Mais cette fois, tout était différent. Premièrement parce qu'elle avait l'impression de partager ce projet avec quelqu'un. Louis l'avait accompagnée chercher les planches de bois qui avait servi à construire son bureau, il l'avait aidée à poncer, à peindre, à choisir ses cahiers et son agenda. Il lui avait même offert des stabilos, ce qui lui avait rappelé leur adolescence, quand Carla passait son temps à faire des dessins sur le bras de Louis avec des stabilos roses au lieu de suivre les cours de maths. Lui, ne bronchait jamais, s'amusait même de voir les clitoris qui parsemaient sa peau. En hommage à cette période, elle avait tout de suite étrenné ses nouveaux stabilos pour dessiner un énorme clitoris sur un coin de son nouveau bureau.
Sur un petit nuage, Carla n'avait pas vu le temps passer et, lorsqu'elle releva les yeux sur le réveil de Louis, elle comprit immédiatement qu'elle était en retard. Panique à bord. La jeune femme enfila une brassière noire, un pantalon taille haute marine et sauta dans ses espadrilles. Un coup d'oeil au miroir lui appris que ses cheveux auraient bien eu besoin d'un coup de brosse. Un coup d'oeil à l'heure sur son téléphone portable lui appris qu'elle n'avait absolument pas le temps pour cela.
Quelques secondes plus tard, elle était dans la rue les cheveux en bataille, à se battre avec le cadenas de son vélo - qui bizarrement bloquait toujours un peu lorsqu'elle était pressée. Son véhicule enfin libéré, elle l'enfourcha et pédala à toute vitesse. Elle fit la distance entre son appartement et le petit bar où elle avait rendez-vous en un temps record.
Trouver un endroit où mettre son vélo fut une autre affaire. La plupart des places pour les vélos étaient occupées et elle tourna cinq minutes en grommelant qu'elle aurait mieux fait de venir à pied, elle aurait perdu moins de temps. Agacée, elle alluma par réflex une cigarette avant de réaliser que c'était stupide puisqu'elle n'aurait pas le temps de la fumer avant d'aller à son rendez-vous où elle était déjà en retard. Elle grommela de plus belle.
Son vélo enfin accroché solidement à un lampadaire, elle jeta sa cigarette sur laquelle elle avait à peine tiré trois taf avant de se précipiter vers ce fameux bar. À mesure qu'elle avançait, son coeur battait un peu plus fort dans sa poitrine, comme si elle allait revoir un amant oublié. C'était presque ça après tout, Luka était un peu son âme soeur. L'impatience et l'angoisse se mêlaient dans son ventre. Elle avait hâte de revoir son amie d'enfance et pourtant la peur la freinait : peur que ce soit différent, peur qu'elles aient changé, peur aussi que ça lui rappelle certains moments de son passé.
Le viol. La disparition de Louis. Les bras de Ian.
Elle repoussa mentalement les images qui la poursuivaient chaque jour. Respira un bon coup pour oublier le passé alors qu'elle savait qu'il était toujours là, plus ancré que jamais, masse empoisonnée en son sein. Luka lirait-elle en elle comme elle avait toujours si bien su le faire ? Pas besoin de mots entre elles. Et, même si désormais Carla connaissait le secret qui facilitait cela, elle restait intimement persuadée que c'était surtout parce que Luka la connaissait sur le bout des doigts. Peut-être mieux qu'elle-même.
En pénétrant dans le bar, le regard de Carla trouva immédiatement celui de son amie. Et d'un coup, alors qu'elle se précipitait dans les bras d'un bout de son enfance, toutes ses craintes s'envolèrent. Elles avaient tellement de choses à se dire.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Dim 9 Aoû 2020 - 8:34
De la bière et une montagne de popcorn
Carla & Luka
« L'amitié est comme une bouteille de vin. Elle prend de la valeur avec l'âge. »
Réveil brutal, dans un endroit étranger. Comme une douce gueule de bois qui me rappelle la soirée d'hier, irréelle, impossible. Je me lève en titubant, m'accroche pour ne pas vomir mes tripes et me souviens qu'après tout, ça ira mieux... Les toilettes ont changés de place, ce n'est toujours pas chez moi. Je revois nos rires éclatés et nous maudis. Declan n'aime pas boire. Je n'aime pas trop l'alcool. Sauf le cidre, question de sang. On s'est pourtant pété la tête comme des gamins de quinze ans. Toilettes trouvés, estomac vidé, tête passée sous l'eau glaciale, je peux enfin réfléchir correctement, ne plus tourner en rond dans mes pensées, faire les échos de mes sentiments.
Une fois n'est pas coutume, je me suis laissée aller hier, jusqu'à l'ivresse impardonnable, celle qui tue sur la route. Mais on était chez lui, nos verres à la main et les deux bouteilles vides, à s'échiner à finir la troisième. Je regarde ma tête dans le miroir, j'ai l’œil vitreux, mais un teint de pêche, comme un oxymore physique. Je me brosse les dents, n'ayant pas la force de toutes façons d'avaler quoique ce soit. Le goût de la menthe me réveille un peu plus encore et je me traîne jusqu'au salon, reprendre mes esprits sur un fauteuil. Hier, c'était la fête, la joie de se revoir, d'évoquer les mauvais souvenirs et de voir qu'ils ne sont plus. Il n'a pas fini, bien sûr, il faut qu'il avance, qu'il continue. Il doit encore prendre du poids, qu'il m'a dit. Je le laisse, c'est ses affaires maintenant, son intimité, mais il me partage toujours tout, comme avant. Comme ces moments où il aurait pu mourir vingt fois dans mes bras, comme ces moments de terreur devant son assiette où je sentais son agonie. Declan a le cœur ouvert et il ne peut plus me le cacher. Il ne veut plus, pas avec moi. Je souris en pensant encore à hier.
Son père m'avait donné congé pour quelques jours, avec une tonne de devoir à faire, bien sûr. Ewan Mystery est un homme sérieux et consciencieux. Mais lorsque je lui ai demandé de tout abandonner, comme ça, de venir avec moi à Édimbourg pour un repas avec Declan, je l'ai sentie frémir intérieurement. Dans les tréfonds de son cœur, il a eu peur. Ce grand homme, qui préside au conseil restreint d'Orphéo, a eu peur. Et j'ai compris encore une fois que la famille, les amis, sont notre plus grande peur : celle de tout perdre. J'ai senti les nuances de sa peur, celle teintée de tristesse, comme la mort de Cillian, celle teintée d'amertume, comme le corps immobile de Clyde, dans son lit d'hôpital. J'ai senti la résignation de perdre un autre enfant, dans les bras de la maladie, du déni, du refus. Ewan, qui n'avait jamais vu son fils quand il n'était plus que des os, parce que Declan le cachait grâce à son pouvoir, craignait d'être mis face à ses peurs et ne pas pouvoir en répondre. J'ai pris par la main ce grand homme. Une toute petite main.
Le Grand Cafe hotel sait recevoir. Declan n'a rien dit là-dessus. Il a souffert un peu, mais nous avons passé une bonne soirée et le cœur d'Ewan s'est rengorgé. Un appel d'urgence et il était parti, nous laissant seul dans la nuit fraîche d'Ecosse. Nous avons déambulé sur Prince's street un moment avant de remonter par Hanover street, puis Dundas street et tourner à gauche, sur Great King street, où se trouvait l'appartement de Declan. C'est à ce moment là, qu'on a eu la belle idée de fêter encore, d'être heureux, puisque le monde nous appartenait, oublieux des conséquences et des lendemains... J'ai oublié les terreurs de Maël, les rébellions d'Owhen, et mon rendez-vous. Il est déjà plus de 14 heures... J'ai mal à la tête. Je me lève avec difficulté du fauteuil, m'habille rapidement, me coiffe à peine et sors dans la rue. J'ai toujours aimé Édimbourg, comme une ville de cœur, un appel constant. J'y ai souffert, pourtant, et je n'y ai jamais vécu. Je décide de faire les musées, comme une touriste, en attendant le soir...
... Dans le bar, la vie s'anime doucement. Il faut savoir attendre, parfois, que les heures passent et soudainement, la vie éclate. A Édimbourg, on peut boire jusqu'à très tard dans des bars pas très regardant. Mais la ville n'est pas tant fêtarde que cela hormis les jours de fêtes. Il faut croire que ces gens dorment la nuit. Je bois tranquillement un peu d'eau, en attendant. J'ai marché tout l'après-midi. Declan était déjà parti travailler à 6h. Cet homme n'est pas un homme. Le creux qui naît dans mon ventre est comme une douce boule chaude, une angoisse légère de celle qui font du bien, qui rappelle que c'est important. Il y a eu des SMS, quelques appels d'ici et de là, mais si peu. Je ne suis pas très à l'aise avec le téléphone. Je n'appelle pas ou peu, mes textos sont rares... Mais le sourire de Carla quand elle arrive est inchangé et mon cœur fait un bond. Je me lève d'un coup, renverse l'eau, mais je m'en fou. Je cours dans ses bras comme une fillette.
- Oh mon dieu Carla ! Je suis trempée !
Mais quelle enfant !
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Dernière édition par Luka E. Grey le Mer 12 Aoû 2020 - 7:21, édité 3 fois
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Mar 11 Aoû 2020 - 23:36
C’était l’évidence dont elle avait besoin. Dans la joie qu’elle lisait dans les yeux de Luka, dans ce geste maladroit qui l’avait trempée et qui démontrait bien son impatience, dans le sourire qui dansait sur ses lèvres. C’était l’évidence même, c’était sa soeur retrouvée, jamais perdue en fait, puisqu’elle la tenait, la preuve que rien n’avait vraiment changé entre elles. Elles auraient pu se quitter la veille que tout aurait été pareil. L’eau qui goûtait entre la table et le sol, la cheville de Carla qui craqua sous la précipitation, le carillon de l’entrée qui vacillait encore alors que les deux jeunes femmes se cueillaient dans les bras l’une de l’autre. Des petits détails qui rendaient tout plus réel, plus fort, plus présent.
– Oh mon dieu Carla ! Je suis trempée !
Un rire envahit sa gorge alors que l’eau qui dégoulinait des habits de Luka venaient s’égarer sur ceux de Carla. Mais ce n’était pas assez. Alors, dans un geste qui ne pouvait découler que de la spontanéité, la nouvelle venue attrapa une carafe remplie d’eau sur une table proche et se la renversa sur la tête, sous l’oeil ébahis des clients et des serveurs.
– Comme ça, nous sommes à égalité.
Mais sa fanfaronnade fut de courte durée lorsqu’elle vit une femme visiblement très en colère s’approcher d’eux en vociférant. De par son attitude et ses habits, Carla ne mit pas longtemps à comprendre que c’était la patronne, et qu’elles n’étaient plus vraiment les bienvenues dans ce bar. Les clients eux, doivent penser qu’elle est ivre, mais Carla s’en fichait. Elle préféra attraper la main de son amie et la tirer à sa suite vers la sortie, se demandant au passage si elles étaient là en train de commettre un resto-basket ou si Luka n’avait encore rien commandé. Dans tous les cas ce bar ne méritait pas leur argent ; ils n’étaient pas du tout assez drôles. Ignorant toujours si les deux femmes étaient en plein délit, dès qu’elle mit un pied dehors, Carla commença à courir en entraînant Luka à sa suite. Malgré ses poumons bousillés par la cigarette et l’inexistence totale d’un passé de sportif – contrairement à tous ses amis, à croire qu’elle était attirée par les abdos –, l’adrénaline semblait lui donner des ailes et elle courut sans se retourner pendant ce qui lui sembla être de longues minutes. Pas une seconde elle ne pensa à son vélo, laissé derrière elle, et qu’elle devrait bien à un moment faire le chemin inverse pour aller le rechercher. Ce ne fut qu’une fois que les deux coureuses se retrouvèrent quelques rues plus loin qu’elle s’arrêta enfin et lâcha la main de son amie, reprenant difficilement son souffle.
– Par… pitié… Dis moi que… ce verre d’eau… venait d’un glacier… d’un glacier irlandais… et pas du robinet ! Je refuse de penser qu’on ait pu courir... sans avoir au moins accompli un geste illégal.
Ses mots étaient hachés par son essoufflement, mais malgré cela, Carla ne pouvait s’empêcher de cacher son sourire. Cette course folle dans la ville lui avait rappeler leur enfance, alors qu’avec toute la bande ils couraient dans les champs, poursuivis par rien ni personne, si ce n’était peut-être par le temps qui filait sans les attendre. Temps qui les avaient fait échouer, une décennie plus tard, dans leur vie d’adulte, mais peut-être pas non plus si éloignées que ça de leurs vies d’enfants. Louis se battaient contre les méchants, faisant ce pour quoi il avait toujours été entraîné, Luka renversait des verres d'eau, elle retournait à l’école. Ils étaient juste un peu plus loin les uns des autres, même si ça, en vrai, ça faisait toute la différence.
Ayant terminé de cracher ses poumons, Carla ouvrit son sac pour attraper une cigarette, s’inscrivant ainsi dans son paradoxe préféré. Elle posa ensuite son regard sur son amie, observant son calme, sa résistance au sport beaucoup trop élevé et les muscles qui se dessinaient sur son corps. Luka n’avait pas changé et, pourtant, c’était un peu comme la redécouvrir. Car désormais, Carla savait. Pour les pouvoirs, la magie, toutes ces choses qu’elle ne comprenait pas vraiment, mais qu’elle acceptait tout de même. Ça avait un côté dangereux – et elle était bien placée pour le savoir –, mais elle devait reconnaître que ça avait également un côté bien pratique. Par exemple lorsque Louis utilisait sa télékinésie pour agir sur certaines parties de son corps pendant qu’il faisait… bref oui, cela pouvait s’avérer pratique.
– Sinon on aura qu’à retourner dans ce bar avec tes pouvoirs pour se venger.
Elle avait balancé ça ainsi, d’un haussement d’épaule. Peut-être que Luka était déjà au courant qu’elle savait. Ça aurait eu du sens après tout, elle et Louis étaient très proches. Mais peut-être qu’elle ignorait tout ça, et qu’elle risquait de faire une sale tête, de paniquer ou d’admettre la situation avec la même flegme. Carla espérait beaucoup sur cette deuxième solution ; ça aurait été bien plus drôle ainsi. Et puis, égoïstement, elle aurait bien aimé être celle qui révélait tout cela à Luka. Même si, elle s’en rendait compte au fond d’elle-même, elle n’aurait pas pu en vouloir à Louis ; après tout la première personne vers qui elle s’était tournée, c’était Ian.
Ian.
Son coeur bondit de sa poitrine à sa gorge. Elle revit comme un flash son corps nu contre celui d’Ian. Et la culpabilité qui tapait contre ses veines. Car aussi sûrement que toutes les routes menaient à Rome, toutes les pensées de Carla la ramenait inévitablement vers sa trahison et sa culpabilité. Lourd fardeau empoisonné sous les poids de sa langue.
– On essaie un autre bar ? Un qui ne nous virera pas à cause d’un tout petit peu d’eau ?
Elle grimaça un sourire, consciente que son amie ne serait sûrement pas dupe de sa tentative de changer de sujet. Tout allait flou dans sa tête.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Mer 12 Aoû 2020 - 7:45
De la bière et une montagne de popcorn
Carla & Luka
« L'amitié est comme une bouteille de vin. Elle prend de la valeur avec l'âge. »
L'eau qui tombe, à nouveau. Volontairement cette fois. Carla me rejoint dans ma bêtise, mais ce n'est plus de la maladresse. Et une furie arrive, bec et ongles prêts à griffer, les cheveux en pétard d'avoir passé trop de temps à courir en cuisine. Elle n'a pas une figure très sympathique. La main de Carla m'entraîne dans une course folle, comme deux gamines ayant volé des bonbons qui fuient la boulangère. Mon cœur part lui aussi à cent à l'heure, par entrain. Mais la raison revient tout de suite et je cale mon souffle au rythme de la course effrénée, suivant la jeune femme en riant. Je ne me suis pas sentie aussi légère depuis des mois. Depuis ce que j'ai fait à Logan... J'ai envie de pleurer, là, tandis que je cours après Carla. Mais mes larmes disparaissent dans le vent. Quand elle s'arrête et crache ses poumons entre deux paroles, l'amère mélancolie est passée, nous voilà en train de rire ensemble. On s'est envolées, comme deux voleuses. Ou plutôt, à deux, mais une voleuse...
- Un glacier français !
Je me calme doucement tandis qu'elle reprend son souffle. Le mien n'a pas disparu, j'adore courir. La seule chose qui m'ennuie à Londres, c'est qu'il m'est plus difficile de courir sous ma forme de panthère et parfois je la sens rugir intérieurement. Alors je prends mes basket pour avaler le bitume, pendant une heure, ou deux, ou trois, selon la pression du moment. J'abandonne mon corps au vent qui file, je le laisse croire qu'il est de muscles et de poils noirs luisant, que mes yeux sont devenus verts et que je vois dans la nuit. Je pourrai jurer d'ailleurs que mes yeux sont réellement devenus verts, dans ces moments intense. Mais je reste humaine, à l'abris des regards, et promet à ma bête que bientôt, bientôt nous sortirons. Ce qui ne manque pas d'arriver, Ewan voyage souvent. Je ne compte plus le nombre de téléporteurs que nous avons pris déjà. Quand la voix de Carla résonne à nouveau, ma panthère rugis encore dans mon cœur. C'était si naturel.
- Elle n'aimerait pas me voir débarquer, la vieille folle.
Elle n'était pas si vieille que cela, pourtant. J'ai eu l'impression de voir Molly Weasley, version méchante. Et je me fige un instant. Mes... ? J'ose un sourire crispé qui se détend tout de suite. Je pourrais être sous le choc. Je ne le suis pas, ou peu. Louis en parlait tout le temps, de ce moment étrange où nous n'aurions plus besoin de choisir nos mots. Nous évitions de mentir, préférant digresser, taire, parler d'autre chose. C'était notre quotidien, on ne voulait pas le vivre avec Carla. Tout était plus simple avec elle, on était des gosses normaux, avec des problèmes. Ça s'arrêtait là. C'était très bien. C'était mentir. Personne n'aimait ça. Surtout pas Ange, je crois. Et maintenant ? Maintenant Louis lui a dit ?
- Un autre bar ? Oui, et on pourra parler.
Il y a tellement de choses à dire, à raconter. Je me sens étrange, perdue dans des sentiments irréels. Les siens ou les miens, cela n'a pas d'importance, je ne veux pas trancher. Je la regarde dans les yeux. Oui, on pourra parler. Sans mentir cette fois. Sans omettre. Sans digresser et regarder ailleurs en espérant qu'elle suivra. J'ai les épaules tendues, mais un poids s'en est ôté.
- Je te suis, après tout, c'est toi qui habite ici !
Je lui tends ma main, elle la prend dans un frisson qui parcourt mon corps. La panthère ronronne, ce n'est pas avec Carla qu'elle rugira.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Mer 12 Aoû 2020 - 15:14
– Un glacier français !
Carla pouffa. Un glacier français c'était encore mieux qu'un glacier irlandais. Les français avait toujours eu le chic de faire de l'eau... trop chic justement. Elle se rappelait vaguement avoir été une fois à Paris et avoir été déjà estomaquée par le prix de l'eau là-bas. Alors si en plus ils devaient la faire venir jusqu'à Edimbourg ? Parfait. Ça devait sans doute avoisiner le prix d'une bière. Si ce n'est d'un cocktail, et même pas pendant l'happy hour ! La patronne devait frôler l'explosion sous le coup de l'énervement ; Carla n'avait pas intérêt à remettre les pieds là-bas. Dommage, il réussissait plutôt bien les mojitos.
Mais en voyant les yeux brillant de son amie alors que l'eau dégoulinait dans son dos, Carla ne regretta absolument rien.
– Elle n'aimerait pas me voir débarquer, la vieille folle.
Luka dit cela d'un ton naturel qui surprit Carla. Même si Louis lui en avait parlé, sa réaction était tout de même inattendue. Mais la surprise saisit soudainement Luka ; un tressaillement de sourcil, un sourcil crispé et Carla comprit qu'elle avait réussi son coup. C'était pas facile pourtant, de prendre ses amis de l'orphelinat au dépourvu - elle comprenait désormais pourquoi avec tout ce qu'ils vivaient au quotidien -, mais cette fois ça avait marché. Mutine, elle se demanda comment réagirait ses autres amis. Et qu'en penseraient-ils ? Elle espérait que ça ne rende pas les choses étranges et que ça les rapproche davantage. Plus jeune, elle surprenait parfois des regards étranges entre ses amis. Elle espérait juste que désormais, ce ne serait pas des conversations entières qui se dérouleraient devant elle et auxquelles elle ne comprendrait rien. Louis avait bien essayé de lui expliqué - Orpheo, Rosenrot, La Croix -, mais c'était extrêmement compliqué et elle ne cessait de mélanger les noms dans sa tête. Elle préférait simplifier les choses en se disant que son copain travaillait pour les gentils et se battait contre les méchants. Même si c'était plus compliqué que ça, avait-il précisé en riant quand elle lui avait fait part de son analyse.
Oui, définitivement, c'était plus compliqué. Elle se rendait bien compte qu'ils n'étaient pas dans Star Wars, que tout n'était pas manichéen, que c'était aussi le monde réel, mais... infiniment complexe. Si la politique américaine lui avait paru parfois difficile lorsqu'elle suivait de loin les élections, c'était rien en comparaison de cet étrange Orpheo. Et à raison : on parlait d'une organisation mondiale qui se battait partout dans le monde contre d'autres organisations qui, elles aussi, avaient des agents partout. La troisième guerre mondiale, mais tout ça, dans le dos de tous les autres gouvernements de la Terre. Ça avait de quoi donner le tournis.
– Un autre bar ? Oui, et on pourra parler.
Parler... En effet c'était nécessaire. Il y avait tant à dire, tant à rattrapper. Elle ne s'était pas vue depuis des années, et quelles années ! Tellement de choses dans la tête de Carla, que c'était le chaos. Elle lui raconterait certainement Little Angleton dévasté, Sylvester qui l'avait sauvée - deux fois -, puis la redécouverte de Louis. L'école de vétérinaire également, le nouveau futur qui s'ouvrait à elle, l'ardeur et la puissance retrouvée entre les draps. Elle lui raconterait peut-être ses doutes et ses peurs, les échos des cris lorsque Louis franchissait la porte, la boule de culpabilité qui enflait en elle. Son envie parfois, d'engager un détective pour retrouver la trace de son frère et de sa mère. Elle ne lui raconterait sans doute pas la peau de Ian sous la sienne, la violence entre ses cuisses lors de l'attaque du Mystery. Ou alors pas comme ça, pas tout de suite.
– Je te suis, après tout, c'est toi qui habite ici !
Luka attrapa sa main et Carla sourit à ce contact léger, comme un papillon chatouilleur, dans le creux de sa paume. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elles, puis attira son amie dans une ruelle parallèle où se tenait un bar, bien connu par les étudiants. Pendant les vacances d'été, il était souvent désert, mais ce n'était pas vraiment pour cela que Carla l'avait choisi. C'était pour les petites alcôves qui isolaient des regards curieux et des oreilles qui traînaient, leur permettant de s'épancher sans problème. Souvent, ces endroits étaient utilisés par les amoureux et les amoureuses, qui s'y retrouvaient en toute discrétion pour s'embrasser et... parfois plus si affinité, la lumière tamisée étant leur allié. Mais pour les deux filles, c'était surtout la possibilité de discuter sans avoir à faire trop attention aux indiscrets.
– Il faut aller commander au bar, je vais chercher la première tournée. Qu'est-ce que tu veux ?
Chargée de sa mission, Carla revint quelques minutes plus tard avec la boisson de Luka, une bière belge pour elle et une grande portion de frites à se partager. Parfois elle se disait qu'elle avait raté sa nationalité et qu'elle devrait convaincre Louis de plutôt aller s'installer en Belgique. Les bonnes bières, les frites, les gaufres, le chocolat... que demander de plus ? Mais elle ne parlait ni le français, ni cette autre langue bizarre - mélange à son sens d'allemand et d'anglais - et avait la flemme d'apprendre. Elle devait déjà retourner sur les bancs de l'école, c'était pas pour en plus avoir à subir des cours de langue alors qu'elle avait toujours détesté ça !
– Bon. Louis m'a parlé de l'orphelinat, de ce que vous y appreniez et du métier d'exorciste, mais je t'avoue qu'il ne m'a pas dit exactement ce que c'était que…
Elle hésita un instant, se pencha en avant et, malgré les épais murs qui les entouraient et le fait que le bar était au trois quart vide, murmura :
– … tes pouvoirs à toi.
Même si cela faisait désormais plusieurs mois qu'elle avait pu se faire à cette idée, cela faisait toujours un peu étrange à Carla. Comme si elle était l'héroïne d'un roman fantasy. Ou la contre-héroïne plutôt vu que, dans cette histoire, elle était la seule à ne pas être magique.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Mer 4 Nov 2020 - 23:09
De la bière et une montagne de popcorn
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« L'amitié est comme une bouteille de vin. Elle prend de la valeur avec l'âge. »
Le bar est vide et il me semble plein. J'ai l'impression que fulmine ici une montagne d'émotions diverses. Les miennes sans doute, et un reflet lointain de celles de Carla. La jeune femme m'entraîne dans une alcôve. Je la contemple telle un magma prêt à exploser, refusant catégoriquement de me laisser aller, d'ouvrir mes sens à son cœur. Parfois j'ai le sentiment que j'englouti les autres, que je les avale, eux et leurs émotions. Ils perdent alors leur structure, leurs limites. Ils n'ont plus aucune frontière avec moi et d'une certaine manière, cela les désindividualise, voire les déshumanise. Ils deviennent une sorte de coquille, vaine, j'ai pris leurs émotions pour les miennes et tout se mélange. Bien que ce soit rarement aussi dramatique que cela, j'ai peur de prendre le risque avec Carla, maintenant qu'elle sait. Cela donne une autre tonalité à la chose.
Avant... Avant, c'était un secret de polichinelle, bien gardé et qui confinait au voyeurisme innocent. Avant, je me disais que je ne contrôlais pas et que de toutes façons, Carla ne savait pas que je pouvais l'entendre pleurer quand bien même ses larmes ne coulaient pas. Je préférais ignorer que je violais une certaine intimité, parce que cela m'arrangeait et que c'était ignoré des autres. Les enfants de l'orphelinat, mes amis, ils ne me l'ont jamais reproché et pourtant. Je comprends aujourd'hui que c'est une peur ancienne qui gonfle à présent, alors que mes mains se crispent sur la banquette où je prends place. Ce n'est pas un don facile, il apporte la méfiance. Et il y a le si : si Carla sait, si je sais qu'elle sait, si elle sait que je sais qu'elle sait, où ça nous mène, à nous réfléchir dans un marasme de miroirs émotionnels, au risque de s'y briser ? Je n'ai jamais été très à l'aise avec l'empathie. Carla propose la première tournée. J'ai envie de vomir, rien qu'à l'idée d'une goutte d'alcool.
- Oh, euh un Virgin Mojito. J'ai trop bu hier, j'ai encore la tête à l'envers.
Je lui offre un sourire contrit, celui d'une petite fille coupable et d'une femme qui s'en fout royalement. Je suis les deux, et j'ai le droit de boire, j'ai plus de 21 ans, majorité totale, si l'on oublie qu'une femme n'a pas partout la possibilité d'avoir une majorité et d'être considérée comme adulte et citoyenne. Je regarde Carla partir en m'adossant contre le mur. Quand elle revient, c'est l'odeur des frites qui me frappe, et la chaleur de son sourire enfantin. Il n'y a rien de plus régressif qu'une barquette de frites. Cela nous ramène à l'essentiel, le plaisir du partage et de prendre la dernière frite, après une bataille sans merci. C'est une odeur chaude et douce, un souvenir présent, gras et salé, du bonheur sur la langue. Je pique une frite et me rend compte de mon estomac grondant. La gueule de bois de ce matin m'a fait oublier la faim. La question de Carla vient comme une demande innocente. Elle pourrait presque tirer sur ma manche, hésitante, apeurée.
- Oh euh...
J'ai un peu chaud, comme souvent. Et mes joues se teintent de rouge, cette couleur que je ne leur supporte pas. C'est une question parfois difficile, les dons et pouvoirs. Il en va d'un avantage tactique comme d'un dévoilement qui touche à l'intime. Il faut se jeter dans les bras de l'autre et lui offrir une partie de nous. Ce problème est inexistant, à l'orphelinat. Nous vivions les uns sur les autres, les uns avec les autres. Dans le monde extérieur, ce n'est plus la même chose. Il faut être prudent, savoir se taire, révéler au bon moment. Je bois une gorgée du virgin mojito.
- Je suis métamorphe animal. Et... Et empathe.
Les sentiments. La faiblesse. Ma faiblesse, celle que je ne comprends pas.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Jeu 5 Nov 2020 - 22:16
- Oh, euh un Virgin Mojito. J'ai trop bu hier, j'ai encore la tête à l'envers.
Carla sourit. Pour une fois que ce n'était pas elle qui était en gueule de bois. Combien de fois avait-elle débarqué en cours les vendredis matins avec la tête à l'envers sous l'œil moqueur de Luka ? D'un autre côté, c'était traître les jeudredis. Ça laissait croire que c'était le weekend alors qu'il fallait se lever le lendemain et assumer les joueurs de claquette dans le cerveau.
Lorsque l'humaine posa la commande sur la table, son amie d'enfance eut l'air heureuse de pouvoir plonger dans les frites – en même temps, quoi de mieux que le gras pour soigner la gueule de bois ? En revanche, son visage sembla un instant se décomposer lorsque Carla lui parla de ses pouvoirs. Peut-être était-ce une question indiscrète, quelque chose de tabou que les gens préféraient garder pour eux car ils étaient mal à l'aise avec l'idée. Louis, pourtant, n'avait jamais paru hésitant de lui confier ce qu'il savait, une fois la barrière du secret tombée. La jeune femme hésita alors à revenir en arrière, à s'excuser et à changer de sujet.
– Oh heu…
Elle mordilla sa lèvre, mais décida de ne pas l'interrompre. Le secret avait plané tellement de temps au-dessus de leur amitié. Comme un nuage toujours présent, un ciel d'été jamais vraiment dégagé. Il y avait eu les non-dits, mais également les mensonges que cela impliquait. Presque un peu de trahison dans son cœur déjà alourdit par un sentiment d'abandon.
– Je suis métamorphe animale. Et… et empathe.
Le visage de Carla changea du tout au tout alors que son estomac se tordait et que ses doigts se crispaient sur sa bière. Elle était en état d'urgence. L'empathie, elle voyait bien ce que c'était. Être tellement proche des émotions des autres, qu'on finissait par les vivre. C'était même quelque chose de relativement humain, les gens tellement sensible qu'ils finissaient par vivre à travers les autres. Mais si c'était son pouvoir, ça devait être à un tout autre niveau. À quel point pouvait-elle lire dans les émotions des autres ? La peur, la haine et le dégoût qu'elle éprouvait pour son père après les coups. L'amour sincère qui mitraillait ses entrailles chaque fois que Louis apparaissait dans son champs de vision. Le désir qui la rognait de l'intérieur quand elle était ivre et plus proche qu'elle n'aurait dû de Ian. Ian. Merde. À quel point Luka pouvait-elle lire en elle ?
– J'ai couché avec Ian.
Les mots étaient sortis tout seul, comme une avalanche de culpabilité qui s'écroulait sur la pauvre Luka en bas de la montagne. De manière totalement incontrôlée. Les yeux de Carla s'écarquillèrent de surprise d'avoir ainsi lâché une telle bombe et ses mains se rattrapèrent à la première chose tangible devant elles : sa bière. Elle avala sans respirer une dizaine de gorgée, entamant profondément le liquide ambré. Elle avait tout balancé à Luka. Comme ça. Après avoir gardé le secret pendant plus d'une année, après avoir enterré la culpabilité sous une montagne, voilà qu'elle resurgissait, qu'elle éclatait à la tête de son amie. Son amie qui était également l'amie de Louis.
– Merde. Désolée. Je voulais pas que ça sorte comme ça.
Elle n'était pas sûre de vouloir que ça sorte tout court. C'était lourd comme secret et pouvoir le poser là la soulageait un peu. Mais d'un autre côté elle était plus que consciente de la position délicate dans laquelle elle plaçait son amie.
– Louis n'est pas au courant.
Et elle eut l'impression que toutes les émotions du monde suintait par ses pores.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Jeu 11 Fév 2021 - 18:58
De la bière et une montagne de popcorn
Carla & Luka
« L'amitié est comme une bouteille de vin. Elle prend de la valeur avec l'âge. »
La cloche du bar résonne comme un son lointain, perdu au milieu de l'ouragan émotionnel qui m'envahit. J'essaye de me concentrer sur les pas, les rires, la discussion futile des deux mecs qui sont entrés. Impossible, tout bonnement impossible. Les sentiments de Carla et ma peur affreuse battent à tout rompre dans ma tête, hurlant contre mes tempes, accélérant mon cœur serré. Mes doigts se plient et de déplient, comme un échappatoire à la force de ces ressentis. Même les deux gars et le barman me paraissent comme des bouts de bois à côté de Carla. Je vois dans ses yeux qu'elle refait le film de sa vie, la série de ses malheurs. A chacun de ces moments violents, elle se demande si j'ai senti l'horreur en elle, la culpabilité, le dégoût, la rage, la haine. Elle se demande si j'ai senti ses envolées amoureuses, la jalousie ou le désir. Est-ce que j'ai pu percevoir cette honte qu'elle traîne toujours, et ce cœur en miettes qui fend le mien. Je ne suis pas télépathe, je n'ai pas accès à ses pensées, mais ses émotions ont une histoire que je connais. Alors peut-être ne pense-t-elle pas cela, mais j'en mettrai ma main à couper.
Et moi j'ai honte à côté. J'ai honte, parce qu'elle aimerait sans doute que je lui dise : non, tout va bien, je ne sentais pas, je ne savais pas à quel point tu te sentais désespérée, larguée, humiliée, je ne sentais pas la naïveté de tes sentiments pour Louis ou ton irascibilité quand je te reprochais d'avoir trop bu, et surtout je ne sentais pas ta douleur de vivre, entre les coups et la honte. Lui dire : je ne sentais pas ta misère. J'aurai menti. Je ne veux plus lui mentir. Mon cœur se serre encore. Je ne supporte pas les gens malheureux, en général. Il suffit de voir mon histoire avec Logan, qui était le bonheur même, ou comment j'ai lâchement fui les problèmes quand Maman est venue. Mais Carla, c'est autre chose. Carla n'est pas vraiment malheureuse, mais elle croule sous les malheurs. J'aurai dû la fuir. Je n'ai pas pu, elle m'a emportée bien avant que l'idée me traverse. Et quand je la regarde, ça me rempli de bonheur. Je ne supporte pas les gens malheureux, sauf ceux qui me rendent heureuse.
– J'ai couché avec Ian.
Je reste scotchée à mon siège, dans un ailleurs impossible. La puissance de ses mots ne résidaient pas dans la vérité qu'ils portaient, mais dans la détresse qu'elle y a mise et l'horrible culpabilité. La palette d'émotions qui résonne à présent n'a rien d'idéal pour quelqu'un comme moi et j'ai beau avoir progressé, avancé, il y a des choses que je ne contrôle toujours pas. Les sentiments de ceux que j'aime m'échappent, dans un sens comme dans l'autre. Ils se faufilent en moi quand je voudrais les bloquer, ils s'enfuient quand je cherche à comprendre. Il n'y a rien de logique là dedans. Les autres phrases qui sortent de la bouche de Carla n'ont pas de sens, pas réellement. Elles flottent dans l'air, après la grande révélation. J'attrape une frite, joue un peu avec elle, essaye de faire le vide, échoue lamentablement. Je claque mes mains contre la table.
- Ok... OK !
Mes paupières se ferment, j'agrippe mes bras. Inspire, expire Luka... La confusion est trop grande. Bordel de merde. Inspire, expire... Je me force à retrouver mon calme, à ignorer le tonnerre qui gronde devant moi, l'océan troublé qui bouillonne. Inspire, expire... Peu à peu je parviens à bloquer Carla, ériger un mur entre elle et moi. Ce n'est pas une muraille qui l'empêche d'entrer, c'est une frontière qui me permet de ne plus me fondre en elle. Mes yeux se rouvrent, un peu vide. Je ne la regarde pas, surtout pas. Les yeux me font sombrer plus vite dans les méandres du cœur.
- Désolée, c'était violent. Tu as... quoi ? Ian ?
Mes pensées sont pour Carla, tout de suite. Peut-être parce que Louis et Ian ne sont pas là. Mais c'est elle que je plains, c'est elle que j'ai d'abord envie de consoler ou de soutenir. Les deux autres, je les aime, à ma manière, chacun différemment. Mais Carla, c'est... ma sœur ? Ma mère doit se retourner dans sa tombe à cette idée. Elle n'est pour autant pas fausse.
- Carla, je ne sais pas quoi te dire, je bafouille difficilement.
J'ose un regard, franc et direct. Droit dans les yeux, et dans le cœur. Un terrain désolé, battu par la violence de la culpabilité et l'impossibilité de revenir en arrière. Et à la fois... A la fois le désir inavouable, la honte du plaisir presque involontaire. Presque... Je pique sa bière et bois cul sec, avec l'idée terrible que l'alcool m'aidera a y voir plus clair et à trouver mes mots. Le claquement de la bouteille sur la table laisse place à un silence. Je me concentre sur l'eau qui coule le long du verre pour s'écraser sur le bois. Il aurait fallut quelque chose de plus fort. J'essaye de rassembler mes esprits et prend sa main dans la mienne.
- Je ne sais pas quoi dire, mais tu peux toujours me parler. Je ne te demanderais pas si ça va. Je... Je le sens. Mais je suis là, pour toi. Je ferai ce que je peux.
Ca nous arrive de merder. Ce qui arrive rarement, cependant, c'est que les gens nous pardonne. Ange m'a pardonnée pour bien pire que ça. Je rajoute rapidement :
- Je ne te juge pas, ok ?
Et j'attends. J'attends qu'elle s'ouvre ou qu'elle se ferme, car c'est son choix. J'attends, parce que c'est tout ce que j'ai à lui offrir : être là.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Jeu 11 Fév 2021 - 21:53
Elle aurait voulu ravaler ces mots et les noyer sous une rasade de bière. Que Luka les oublie, les ranger dans un coin de sa tête avec tout le reste et vivre sa vie comme si de rien n’était, comme l’éternel quotidien qui était devenu le sien. Se lever, embrasser Louis, aller en cours, réchauffer ses pâtes au micro-ondes, rester tard à la bibliothèque pour bosser et fumer des clopes avec ses amis, rentrer à la maison, avaler un reste de pizza, faire l’amour avec Louis, dormir, recommencer. Se focaliser sur les petites choses, les petits gestes de l’instant et non pas les cicatrices invisible entre ses cuisses ou les hématomes dans son esprit. Aller de l’avant. Mais comment ? Comment face à Luka qui était capable de lire dans ses émotions, sentir les traumatismes, la culpabilité, que sous la surface si fragile se noyaient un océan de douleur qui, lorsque les marées étaient trop fortes, crevait l'horizon ? La coque s’était fendillée toute seule et les mots étaient sortis.
Les mains de son amie claquèrent contre le bois collant de la table et Carla ferma les yeux. Le bruit résonna à ses oreilles comme un éclat de balle.
– Ok… OK !
Non ce n’était pas ok. Ce n’était pas juste de balancer ces informations, ces émotions crasseuses à celle qu’elle aimait comme une sœur. Luka avait ses propres problèmes, comment Carla pouvait-elle s’arroger le droit de lui faire porter le fardeau des siens ?
– Désolée, c’était violent. Tu as… quoi ? Ian ?
L’étudiante passa une main moite le long de ses jambes, s’arrêtant consciemment sur toutes les petites cicatrices, les blessures qui avait résisté au temps. Ce creux là c’était une chute dans la cours de l’école quand elle avait six ans. Les douze points au-dessous de son genou c’était son père qui la poussait violemment sur le sol de la cuisine alors jonché des éclats de verres et de voix des disputes de ses parents. Cette bosse c’était une vague à la falaise, un peu trop forte. Revivre les douleurs de son corps pour oublier les douleurs mentales.
– Carla, je ne sais pas quoi te dire.
Luka la regarda droit dans les yeux et Carla eut envie de disparaître comme une toute petite enfant. Une fois de plus, elle heurtait ceux qu’elle aimait. Parce qu’elle ne savait pas se taire, parce qu’elle ne savait pas enfermer tous ses maux dans sa tête. Son amie attrapa la bière et la termina cul sec. Les doigts de Carla la démangeait : elle rêvait de se griller une clope ou, mieux encore, de se rouler un joint pour mettre son cerveau sur pause. Elle se contenta de continuer le tracé de ses traces sur le corps.
– Je ne sais pas quoi dire, mais tu peux toujours me parler. Je ne te demanderais pas si ça va. Je… Je le sens. Mais je suis là, pour toi. Je ferai ce que je peux.
Mentalement, elle fit remonter ses doigts sur le haut de son corps. Son ventre et le passage de son appendice. Sa tâche de naissance au-dessus de son nombril. La brûlure d’une clope écrasée sur son épaule droite.
– Je ne te juge pas, ok ?
Son voyage mental se termina dans sa nuque, sur le tatouage qui brûlait sa peau dans le haut de son dos.
– Il y a pas grand chose à dire.
Elle ramena ses mains sur la table et les fixa comme si le reste du monde allait finir par devenir flou et disparaître.
– Je me sens comme une merde d’avoir fait ça à Louis. Enfin… tu le sais ça, tu le sens… Je me sens conne aussi de te balancer ça comme ça. De te faire subir ça…
Carla aurait aimé savoir se taire. Que tout s’oublie dans l’alcool. Mais c’était trop tard et ça sortait tout seul.
– C’était au Canada. Louis était à l’hôpital. Je venais de le retrouver après toutes ces années de vides sans lui. Tout ce temps à l’attendre. Mais ce n’était plus vraiment lui, il était… différent. Il allait pas bien. Et moi non plus. Je voulais recommencer à vivre, vraiment, mais mes vieux démons me poursuivaient.
Le regard perdu de la jeune femme cherchait à fuir dans les imperfections du bois de la table. Toujours la fuite.
– J’étais à l’orphelinat Luka. Le jour où Louis a disparu. Il y avait… il y avait du sang. Des enfants morts. Et un homme. Il a… Il m’a…
Elle sentait encore la chair pénétrer la sienne, les mains sales sur son corps. Malgré les douches, malgré le temps, malgré les nuits dans les bras de Louis, rien n’avait disparu.
– J’allais pas bien et Louis était dans un état pire encore. Et Ian… il était là, tout simplement.
Ian avait été là. Avec ses clopes, avec sa capacité à l’apaiser, toujours. À griller un joint avec elle et à tout oublier. À jouer de l’ambiguïté qui les unissait. Jusqu’au jeu de trop.
– Le pire c’est que je culpabilise, mais je n’arrive pas à regretter. J’aime Louis. Plus que tout. Je l’aime tellement fort, tu n’imagines même pas. Mais le problème, c’est qu’une part de moi aime Ian aussi. Différemment. Violemment.
L’océan la submergea et elle oublia un instant de respirer.
– Je sais que tu as dit que tu ne me jugerais pas. Mais je t’en voudrais pas si tu revenais sur cette décision. Je me dégoûte.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Ven 12 Fév 2021 - 18:44
De la bière et une montagne de popcorn
Carla & Luka
« L'amitié est comme une bouteille de vin. Elle prend de la valeur avec l'âge. »
D'abord la retenue et ensuite l'avalanche. Je vois qu'elle évite mon regard, les yeux perdus dans ses pensées, des idées de douleurs passées qui reviennent à la surface. Je ne sais pas lesquelles, je ne peux que deviner. Chaque douleur est un souvenir et le goût particulier d'une souffrance entache la mémoire d'amertume.
– Il y a pas grand chose à dire.
J'ai envie de rire et d'être acide. Envie de vomir ce mensonge comme un déni de blessure, lui balancer à la gueule et pourtant je reste stoïque, glacée de ma propre méchanceté. On ne fait pas cela à une amie. On ne se jure pas qu'on est là pour elle pour balayer ensuite cette promesse et gueuler jusqu'à se déchirer la gorge. Non, on ne rétorque pas sèchement par colère et rancœur. Mes mains tremblantes agrippent mes coude et moi non plus, je ne la regarde pas. J'ai envie de pleurer sa douleur parce qu'elle refuse de le faire. De pleurer, vider mon corps de cette tristesse noire, de la honte et des coups qui pleuvent. Cela me peine que Carla soit en fuite constante. Ce n'est pas ce que je souhaite pour elle. Mais d'abord la retenue, ensuite l'avalanche, comme le calme avant la tempête. Les mots qui suivent se déverse comme un torrent en perdition, le tumulte affolé de l'eau en chute libre. Je l'écoute, les dents serrées, pour ne pas pleurer un peu. Mes mains se resserrent et mes ongles agrippent ma chair.
-... morts. Et un homme. Il a… Il m’a…
Mon sang se fige et je me pétrifie. Ces mots... Ces mots qui ne sortent pas, et ces émotions qui les trahissent... Je détourne la tête tandis qu'elle fini de se déverser. Mon corps tremble d'une peur qui violemment m'envahie. Et si ? Je ferme les yeux, fronce les sourcils, refuse en bloc. Est-ce que ??? C'est le silence qui me ramène sur Terre et le regard désespéré de Carla me cloue au sol. Je me lève d'un bond, avec urgence, comme si c'était une dernière fois et qu'après, seulement après, moi aussi je pourrais m'écrouler. Je suis incapable de dire quoi que ce soit. Je pose une main sur l'épaule de cette jeune femme égarée entre la culpabilité, le dégoût et un trop plein d'amour. Je me dirige vers le bar, commande une chose que je déteste et reviens avec deux shots de vodka.
Un shot... Le deuxième.
L'alcool me brûle la gorge. Le goût de la vodka sur mes papilles me claque comme un coup de fouet. Je laisse passer quelques secondes, essayant de remettre en ordre des pensées que l'alcool désordonne aussitôt. Ce n'est pas grave, il fallait bien ça.
- Carla, Louis n'allait pas bien, tu n'allais pas bien et Ian était là. Ian t'apaise.
Oui, Ian était là, et Ian l'apaise. Ian qui me réfléchit et qui m'échappe, un miroir que parfois je fui, mon cœur dans le sien et des échos partout. La pensée tourne en boucle dans ma tête. Et encore un tour.
- C'est pas facile. Bordel Carla, tu as fait ce que tu as pu et ok c'était pas cool pour Louis, mais moi je te juge pas. Tu ne me dégoûte pas. Je t'aime toujours autant, hein ? Il faudra du temps pour accepter ça pour toi, pour Louis, si un jour tu lui en parles. Mais fais lui confiance, lui, il t'en voudra beaucoup moins que toi tu t'en veux. Et puis que t'aime Ian, autrement... C'est... Enfin... Y'a pire que d'aimer.
Je regarde les deux verres vides avec tristesse. J'aimerais me noyer à nouveau dans l'alcool. Tout sauf lui poser cette question qui me glace. Ma jambe tressaute sans arrêt, mue par le stress de la vérité. Je me colle contre le mur, espérant qu'il me retienne.
- Carla ? Tu as dit... Tu as dit un homme t'a... ? Est-ce que tu peux me dire...
Je me stoppe, sachant la douleur du souvenir. J'ai peur de la violence que je lui inflige. Mais je joue l'égoïste : je dois savoir.
- Tu te souviens à quoi il ressemblait ?
La colère qui monte bat dans mon cœur comme un poison atroce. J'ai envie de hurler. Le regard que j'échange avec elle brûle de haine. Je suis pratiquement certaine de ce que je devine. Des larmes de fureur me montent aux yeux.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Sam 13 Fév 2021 - 20:43
Luka ne la regardait plus, mais ça n’avait pas vraiment d’importance. Carla était trop loin pour remarquer les dents serrées, la crispation, la peur apparente de son amie. C’est à peine si elle la vit se lever et s’éloigner. Un endroit encore conscient de son cerveau eut un sursaut de peur : Luka était partie, peut-être pour toujours. Peut-être qu’elle n’avait pas supporté les mots, les révélations et les émotions. Elle avait tourné les talons, rassemblé les derniers souvenirs qui restaient de leur amitié et était partie. L’abandonnant aux pensées qui tournaient comme une maison hantée dans son cerveau. Mais son amie revint aussi soudainement qu’elle était partie, deux shots dans les mains. C’est à cet instant que Carla comprit que Luka ne partirait pas. Elles avaient trop vécu ensemble, elles étaient liées par quelque chose qui étaient plus fortes qu’elles. L’étudiante la regarda avaler l’alcool et elle reconnut dans ce geste les siens, tant de fois répétés pour oublier. Lorsque, aujourd’hui encore elle fermait les yeux et revoyait les mains qui la déchirait. Elle prenait la boîte en fer dans son salon et se roulait un joint, se concentrant sur le mouvement, puis sur la fumée qui endormait son esprit. Combien de fois Louis l’avait-il déjà retrouvée stone sur le canapé ? Il ne disait jamais rien, il la ramassait délicatement et la mettait dans leur lit avec une infinie douceur. Encore et toujours.
– Carla, Louis n’allait pas bien, tu n’allais pas bien et Ian était là. Ian t’apaise.
Est-ce que c’était vraiment une excuse ? Avait-on le droit de trahir les gens et leur amour sous couvert de ses propres émotions ? Que dirait-elle, elle, si un jour Louis la trompait avec une autre parce qu’il se lassait de la voir défoncée en rentrant le soir à la maison ? Parce qu’il en avait marre de son incapacité à mettre des mots sur la tristesse qui noyait ses yeux ?
– C’est pas facile. Bordel Carla, tu as fait ce que tu as pu et ok c’était pas cool pour Louis, mais moi je te juge pas. Tu ne me dégoûte pas. Je t’aime toujours autant, hein ? Il faudra du temps pour accepter ça pour toi, pour Louis, si un jour tu lui en parles. Mais fais lui confiance, lui, il t’en voudra beaucoup moins que toi tu t’en veux. Et puis que t’aimes Ian, autrement… C’est… Enfin… Y’a pire que d’aimer.
Pire que d’aimer, vraiment ?
– Et s’il me quitte ? Ou s’il m’interdit de revoir Ian ? Ça me paraît tellement impossible de me passer d’eux…
Elle avait bien vu ce que ça donnait lorsque Louis avait disparu. Elle avait failli se foutre en l’air. Puis, incapable de se donner la mort, elle avait voulu laisser partir la vie. Jusqu’à ce que Ian débarque un jour, sur les plages grises de Little Angleton. Il l’avait sortie de son gouffre à bout de bras.
– Carla ? Tu as dit… Tu as dit un homme t’a… ? Est-ce que tu peux me dire…
Les souvenirs percèrent la surface de sa peau comme des cloques brûlantes. Elle en avait parlé qu’une seule fois, avec Ian justement. Il n’y avait que lui qui savait – Sylvester devait s’en douter, mais il ne lui en avait jamais parlé. Le jeune homme aussi était empathe, comme Luka. Peut-être que c’est pour ça qu’avec eux les mots sortaient aussi facilement alors qu’avec Louis ça ne voulait jamais. Ou peut-être était-ce parce qu’elle avait peur de ce qu’elle pourrait lire dans les yeux de son copain ? C’était dur à admettre, mais elle avait honte. Elle se sentait coupable de ses mains contre sa chair, peut-être même plus encore que celles de Ian. C’était idiot et elle le savait : ce n’était pas sa faute. Et pourtant, quand elle y repensait, ça la dégoûtait. Son corps la dégoûtait, lui qui avait laissé venir cet étranger, qui avait même semblé apprécié ce contact.
– Tu te souviens à quoi il ressemblait ?
À un monstre. Dans sa tête c’était un géant, celui des cauchemars des enfants, qui marchait comme s’il écrasait le monde. C’était la première image qui lui venait. Elle se concentra cependant, laissant remonter les souvenirs autant que la nausée.
– Une quarantaine d’années environ. Une barbe et de cheveux châtain. Plus grand que moi. Et des yeux bleus, très clairs, très… froids.
Des yeux qui savaient percer la nuit et les souvenirs.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Sam 13 Fév 2021 - 22:55
De la bière et une montagne de popcorn
Carla & Luka
« L'amitié est comme une bouteille de vin. Elle prend de la valeur avec l'âge. »
Et s'il me quitte ? J'hésite. Je danse intérieurement, un pied et puis l'autre, sans jamais choisir. La peur de Carla, l'abandon. Nous autres orphelins, on n'est pas immunisé. C'est ce qui m'a poussée à faire le pire, poussée à repousser jusqu'à ce que tout explose. Ce n'était plus vraiment moi, cette boule de haine et de froideur, crachant sur son ancienne vie et sur ses souvenirs. J'hésite encore. Ce n'est pas à moi de dire ça, et pourtant c'est sur moi que ça retombe. J'ai un peu peur, moi aussi. J'ai peur que tout ça parte en couilles et sans mauvais jeu de mots. Je préfèrerais qu'on oublie, simplement. Oublier, et pas à coup d'alcool qu'on ingurgite à la bouteille, qui euthanasie les émotions pour laisser un dégoût amer. Le passé ne se noie pas dans la vodka ou une cagette de cidre brut bien fermier. J'ai la tête qui tourne un peu. J'avale quelques frites sans plus aucune faim. Je danse, un pied et l'autre.
- C'est un risque. De les perdre tous les deux. Mais... Et je devrais pas te dire ça, Carla. Je ne te l'ai jamais dit, ok ? Louis, ça lui fera mal, mais jamais il te laissera. Dans notre monde, y'a plus ou moins ces conneries d'âmes sœurs. C'est p't'être ce qui nous fait endurer la violence de la magie. J'en sais rien, j'suis paumée aussi. C'est pas tout le monde, c'est pas... palpable. Mais je l'ai toujours senti. Louis, il a pas le choix. Il te laissera jamais.
Louis, c'est quelqu'un de plutôt sain. Il ne se déteste pas, il fait les choses avec mesure, il donne beaucoup aux autres, mais ne s'oublie pas. C'est plutôt fou dans notre monde de merde. Il a vécu l'horreur, comme chacun d'entre nous, mais n'a pas vraiment été entaché. Syndrome du sauveur raisonnable. Il ne s'est jamais scarifié et n'a pas caché ses larmes. Il ne boit pas jusqu'à l'ivresse ou ne cherche pas la défonce. Louis aime respirer l'air frais, travailler simplement, sortir avec ses potes... C'est un mec sain. Mais surtout, il aime Carla bien plus qu'il ne s'aime et s'aime encore plus quand il est avec elle. Elle ne se rend pas compte.
- Ian je sais pas, je ne peux pas le "sentir" réellement sans me refléter, mais Louis je sais... Louis, il peut tout endurer pour toi.
Je la regarde dans les yeux, les cils humides de mes larmes enivrées. J'ai toujours la tête qui tourne, mais les frites me révulsent. Cependant, ce n'est rien en comparaison au dégoût qui remue en face de moi. La douleur du souvenir est aussi vive que la blessure elle-même. Je pourrais presque ressentir les sensations une par une et revivre le passé avec Carla tant la clarté de ses émotions est puissante. Je ne cherche pas à fermer mon cœur. C'était après tout le prix à payer : j'ai demandé. Le prix à payer... et le châtiment. Je serre mes mains l'une dans l'autre jusqu'à ce que mes articulations blanchissent et craquent. Mes ongles rentrent dans ma peau quand la voix brisée retentie. J'ai envie de vomir. Son envie de vomir, mon ventre retourné et la haine qui remonte.
- Dorian...
Mon poing s'écrase contre le mur dans un craquement ignoble.
La douleur me fait revenir. Je ne suis qu'une hystérique, à exploser à chaque humeur, se foutre en l'air pour un sentiment de trop. Mais ce n'est plus un sentiment de trop. La haine froide qui se déverse en moi brûle mon sang. Ignoble sang. Dorian... Reconnaissable entre mille et si facilement. Ses yeux... Ces yeux qui me regardaient avec rage quand je me suis enfuie avec Maël. Ces yeux que je n'ai pas pu éteindre quand il était à terre. Ses yeux bleus, très clairs, très froids.
J'aurai pu le tuer. J'en ai eu l'occasion. Je ne l'ai pas fait. On ne tue pas sa famille. C'est ce que je me disais peut-être. La culpabilité me ronge. Si je l'avais tué ce jour-là, il n'aurait jamais attaqué le Mystery. Jamais. Il n'y a pas que Carla qui n'aurait pas dû souffrir. Parfois je ne peux qu'à peine regarder Declan dans les yeux ou parler joyeusement avec Jonathan. Ce secret en moi, j'ai l'impression qu'il est écrit sur mon front et qu'ils me détestent tous. Louis non plus, il n'aurait pas été à l'hôpital. Et Pandora...
- C'est ma faute...
Et je m'écroule en pleurs. Luka qui ne verse pas de larmes. La douleur pulse dans ma main comme une lointaine réminiscence. Ce n'est qu'une futilité face à l'incommensurable détresse qui réside en moi. Il y a celle de Carla, mais surtout la mienne. Je n'ai jamais autant souhaité ne pas être moi. Mon corps tressaute au rythme incontrôlé de mes sanglots erratiques. Le goût salé de l'eau envahi mon visage étiré par la colère. Je pleure.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Dim 14 Fév 2021 - 0:25
– C’est un risque. De les perdre tous les deux. Mais… et je devrais pas te dire ça, Carla. Je ne te l’ai jamais dit, ok ?
Malgré la lourdeur poisseuse de la situation, Carla ne put s’empêcher de sourire. C’était ça l’amitié, ces petites phrases, ces promesses de ne rien dire, ces secrets chuchotés sous la couette… ou derrière un verre.
– Louis, ça lui fera du mal, mais jamais il te laissera. Dans notre monde, y’a plus ou moins ces conneries d’âmes sœurs. C’est p’t’être ce qui nous fait endurer la violence de la magie. J’en sais rien, j’suis paumée aussi. C’est pas tout le monde, c’est pas… palpable. Mais je l’ai toujours senti. Louis, il a pas le choix. Il te laissera jamais.
Ça avait du sens cette histoire d’âme sœur. Après tout, n’était-elle pas tombée elle-même amoureuse de Louis dès le premier jour, la première seconde. Ça avait été le coup de foudre. Le coup de foudre incroyablement et stupidement cliché. Le genre de romance que la rebelle Carla aurait trouvé, si ça était arrivé à n’importe qui d’autre, complétement débile. Sauf que c’était différent. C’était trop fort, trop puissant. Ça l’envahissait, ça courrait sous sa peau avec trop de force. Mais… et Ian ? Si Louis était son âme sœur, alors qu’était Ian dans ce schéma ? C’était le bordel dans sa tête, et elle ne maîtrisait plus rien.
– Ian je sais pas, je ne peux pas le « sentir » réellement sans me refléter, mais Louis je sais… Louis, il peut tout endurer pour toi.
Des larmes s’accrochèrent dans les cils de son amie alors que les mots et les émotions se déroulaient. Aux mots de Carla sur son agresseur, Luka blêmit, puis laissa échapper un nom.
– Dorian…
Dorian. Ainsi le monstre avait un prénom, une identité, presque une humanité. Quelque chose se serra dans le ventre de Carla. Au fond, elle réalisa qu’elle aurait préféré ignorer cette information. Que le monstre de ses cauchemars reste un inconnu. Mais la femme eut à peine le temps de ressentir cela que la réaction de Luka la fit sursauter. Son ami balança son poing contre le mur, ses phalanges venant claquer avec force contre le béton. Le sang de Carla se glaça sous la violence du geste.
– C’est ma faute…
Et Luka fendit en larmes. Luka qui ne pleurait pas, Luka qui, dans le cœur de Carla, était un peu son héroïne en termes de gestion d’émotions. Capable de garder les larmes à l’intérieur, capable de garder la tête froide dans toutes les situations. Luka fendait en larmes. Et le cœur de Carla qui s’arrêta de battre dans sa poitrine. Elle n’avait pas de pouvoir comme ses amis, elle ne pouvait pas lire les émotions des autres, les comprendre aussi précisément que Luka ou Ian, mais voir la douleur sur les joues de son amie la bouleversait. Elle se leva aussitôt pour se glisser à côté d’elle et la prendre dans ses bras, la serrer fort, fort.
– Hey… mais, Lu’, mais non… Luka, non.
Elle perdait ses mots sous le coup des émotions, les phrases s’emmêlaient au même rythme que les larmes qui coulaient des yeux de Luka.
– Non, non, bien sûr que non. C’est pas ta faute, c’est pas ma faute, c’est lui uniquement lui, ce…
Le nom se bloqua dans sa gorge, l’étouffa presque.
– … cet homme. T’as rien à voir avec lui Luka, rien à voir.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Ven 19 Mar 2021 - 21:25
De la bière et une montagne de popcorn
Carla & Luka
« L'amitié est comme une bouteille de vin. Elle prend de la valeur avec l'âge. »
- Bonjour Luka Era Cross. C'est un plaisir de te voir, dit-il d'une voix douceureuse.
Dorian avait bien fait exprès de l'appeler Cross. Il voulait ressentir la haine en elle, que sa colère explose. Elle devait sentir ce que la fureur pouvait produire pour comprendre son potentiel. Luka pouvait déchaîner les enfers, elle était une Cross. Bien sûr, une moitié de Cross mais la moitié de l'ADN divin coulait dans ses veines. Il tendit le bras droit et se concentra pour se téléporter derrière elle. Il posa ce même bras sur son épaule gauche, se tenant légèrement en biais d'elle.
- Comment va ce cher Declan ?, ajouta-t-il sur le même ton.
Et sa voix doucereuse murmure à mon oreille des paroles affreuses. Je reste quelques secondes sans réagir, proche d'une tétanie qui me brûle et sans prévenir, attrape son poignet d'une main, puis sa gorge de l'autre, me retournant pour lui faire face. Mes yeux dans les siens, il n'y a que la colère que je ressens qui prend place dans mon coeur. Ses sentiments à lui, je ne les perçois plus, tant mon sang s'est embrasé.
- Ta gueule Dorian, tu n'as aucun respect !
Les souvenirs se mélangent. Ce ne sont pas les pires qui sont les plus désagréables, mais les plus agréables qui sont bien les pires. Sa main... Sa main sur mon cou, enfermant ma gorge d'une poigne forte, de la violence de notre relation... Et ses yeux bleus, fixés sur mon corps... Son sourire que j'ai tant haï, si méfiante de ce qu'il annonçait... Ses yeux qui me perdent, qui me demandent. Il m'a toujours cherchée, traquée jusqu'à la perte du Mystery. Mon ventre remue de nos souvenirs à deux, de ces rencontres innommables. Maman avait brûlé Londres pour moi. Lui, il avait mis mon monde à feu et à sang. L'amour, dans cette famille, n'est que violence. J'ai envie de vomir mon dégoût, mais je ne pleure que ma honte.
Les bras de Carla m'entourent, rassurant, si frêles en comparaison. Et ses bras qui m'entourent me ramènent aux siens. Sa chaleur et sa haine. Nous étions fait pour nous détruire et peut-être nous aimer ainsi, en pièces. Des morceaux de moi que les mots de la jeune femme ne parviennent pas à recoller. J'ai le cœur en miettes de ce que j'ai fait et de ce que je suis. Un monstre. Un putain de monstre. Finalement, je veux bien noyer mon passé dans de la vodka ou une cagette de cidre. J'en ai plus rien à faire, de la dignité, ça ne vaut pas la peine de la douleur. Je l'ai fracassée, ma dignité, sans vergogne, aucune, par amour. Et ce n'est non pas l'amour de romance, celui qui fait fondre les cœurs. Non, c'est l'amour comme une tare familiale.
– … cet homme. T’as rien à voir avec lui Luka, rien à voir.
Je relève mes yeux vers celle qui aurait dû verser des larmes et qui me regardait me vider des miennes. Cruelle ironie. Je hoquette, essaye de reprendre le contrôle. J'essaye de redevenir Luka, non plus cette chose atroce que je suis devenue. Luka. Pas celle qui a cédé si facilement. Pas celle qui s'est laissée emporter, encore une fois naïve. Une fois de trop.
- Carla, j'ai tout à voir avec lui, j'articule difficilement. Cet homme, c'est le cousin de ma mère et son assassin. Cet homme, c'est le chef de Croix, une organisation de sorciers noirs fondée par la famille Cross, la famille de ma mère. C'est eux qui ont tué mon père et massacré les Grey. C'est ma mère qui avait attaqué Londres, pas des terroristes. C'est Dorian qui a attaqué le Mystery Orphanage... Et tout ça, c'est en partie à cause de moi.
Je respire bruyamment, pour un courage que je n'ai pas. Je raconte ma fuite du Mystery Orphanage, il y a ce qu'il me semble une centaine d'année maintenant. Je raconte ma vie au manoir, avec les Cross, Maman à la tête de Croix. Je raconte que Nathaniel Grey, le cousin de mon père, est tombé amoureux de ma mère et l'a mise enceinte de Maël. Que Natasha Cross a signé son arrêt de mort, quand elle a décidé de le garder. Dorian l'a su, Dorian a tué Maman. Pas Maël, parce qu'il était sorcier, après tout. Que j'aurai pu tuer Dorian à ce moment-là, parce que le combat contre Maman l'avait affaibli. Mais on ne tue pas sa famille. Parce que j'ai pris Maël et parce qu'il m'avait juré qu'on en resterait pas là, pour affermir sa position, Dorian a attaqué le Mystery. Il a aussi kidnappé mon ami Declan Mystery, l'a torturé et fait violer...
- J'ai récupéré Declan aux portes de la mort Carla. Il refusait de manger. C'était sa façon de continuer à vivre et ça le tuait. Je me suis occupée de lui... Et puis un soir, je me suis fait happer par le monde des rêves.
Ses yeux bleus clairs dans les miens et sa bouche sur la mienne.
Je sens le sang se retirer de mon visage, l'abjecte sentiment de la dégradation de ce que j'étais se répandant dans mon corps et annihilant ma dignité. La violence des souvenirs de ce mois de février marque au fer rouge mon âme rabaissée de cette mémoire. Je n'étais plus moi-même.
- Je l'ai... ma voix se brise. Je l'ai aimé Carla. Je... Oh mon dieu. Il m'avait retrouvée après. Il m'a enlevée. Pendant des jours je n'ai vu que lui. Et je ne sais pas... ma bouche tremble, je perds mes forces. Je ne sais pas comment j'ai pu, mais j'ai fini par l'aimer. Le désirer.
Une frêle esquif, qu'il a menée.
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Dernière édition par Luka E. Grey le Lun 22 Mar 2021 - 9:05, édité 3 fois
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Sam 20 Mar 2021 - 13:28
Carla pressa la pulpe de son doigt contre les joues rougies par les larmes. La jeune femme avait beau ne pas être comme ses amis, être « normale », sans pouvoir, la seule à ne pas être orpheline, ils ne représentaient pas moins de la famille qu’elle s’était choisie. Pas besoin des liens du sang, pas besoin de génétique pour le comprendre. Luka était sa meilleure amie, sa sœur, son ancre dans les tempêtes. Elle était bien plus importante que le reste de sa famille, que son père qui la frappait, que sa mère qui ne savait que se taire, que son frère, même, qu’elle n’avait plus revu depuis des années. Jeremy… Où était-il ? Qu’était-il devenu ? Est-ce que lui aussi faisait des études désormais ? Allait-elle le croiser, un jours, à la cafétéria du campus. Deux plateaux qui s’entrechoquent, des regards qui se croisent, surpris, se reconnaissant, hésitant sur la manière de se comporter ensemble après tout ce temps éloignés. Fallait-il se sauter dans les bras comme lorsqu’ils étaient enfant, ou se tenir prudemment éloignés, désormais qu’ils étaient grands ? Était-ce normal que rien ne soit évident dans sa famille biologique ? Alors qu’avec Luka, Louis, Ange, Hayley, même Ian, tout lui paraissait naturel. Pas forcément facile, mais inscrit en elle, instinctif. Elle aurait donné sa vie pour eux. Si les âmes sœurs dont Luka parlait existaient vraiment en amour, alors elle devait bien exister également en amitié.
– Carla, j’ai tout à voir avec lui. Cet homme, c’est le cousin de ma mère et son assassin. Cet homme, c’est le chef de Croix, une organisation de sorciers noirs fondée par la famille Cross, la famille de ma mère. C’est eux qui ont tué mon père et massacré les Grey. C’est ma mère qui avait attaqué Londres, pas des terroristes. C’est Dorian qui a attaqué le Mystery Orphanage… Et tout ça, c’est en partie à cause de moi.
Dorian Cross. Le monstre de ses cauchemars, celui qui s’était lentement transformé en tas de chair sans vrai visage, une forme déformée par la colère, la rage, le dégoût. Dorian Cross avait une famille, et dans cette famille il y avait Luka.
– J’ai récupéré Declan aux portes de la mort Carla. Il refusait de manger. C’était sa façon de continuer à vivre et ça le tuait. Je me suis occupée de lui… Et puis un soir, je me suis fait happer par le monde des rêves.
L’histoire de Declan résonna dans sa propre histoire. S’il n’y avait pas eu Sylvester pour passer, par hasard, chez Louis ; s’il n’avait pas été là pour s’occuper d’elle ; s’il ne lui avait pas fait promettre de ne pas mettre fin à ses jours… Carla n’aurait pas été là pour écouter Luka, pas été là pour la serrer dans ses bras, pour regarder les larmes couler avec la gorge trop nouée pour oser parler. Comme si elle savait que le pire n’était pas encore arrivé, n’avait pas encore été dit.
– Je l’ai… Je l’ai aimé Carla. Je… Oh mon dieu. Il m’avait retrouvée après. Il m’a enlevée. Pendant des jours je n’ai vu que lui. Et je ne sais pas… Je ne sais pas comment j’ai pu, mais j’ai fini par l’aimer. Le désirer.
L’étudiante avala les mots comme un poison qui, lentement, se répandait dans ses veines, coulant jusqu’à son cœur. L’amour de Luka pour cet homme, l’amour de sa sœur pour celui qui l’avait violée. Il y a pire crime que celui d’aimer.
– Tu n’étais pas là ce soir-là Luka. Tu n’es pas celle qui l’a poussé à me faire ça, à arracher mes vêtements, à… à… à me violer.
Il y avait pire crime que celui d’aimer, mais lorsque l’amour portait sur un monstre, comment se relever de tout ça ?
– J’ai haï cet homme dès l’instant où je l’ai vu. Je ne voulais pas faire ça avec lui, je ne voulais pas qu’il me touche et, pourtant, lorsqu’il a posé ses mains sur moi, mon corps lui, a bien voulu. Je ne me suis même pas débattue Luka. Même pas.
Sur le moment, elle avait juste espérer pouvoir se réveiller un jour de ce terrible cauchemar. Oublier les doigts sales, oublier la douleur. Et le temps avait un peu effacé tout cela. Il avait gommé les détails, adoucit la douleur. Mais pas complètement, jamais complètement. Et parfois, dans le noir, après avoir fait l’amour avec Louis, elle se rappelait du contact de cet homme, du poids de son corps sur le sien et du plaisir qu’elle avait pris malgré elle et, dans la noir, elle pleurait.
– On a toutes les deux été ses victimes. Alors pleure contre lui si tu dois pleurer, mais ne pleure pas pour moi.
Carla serra son amie un peu plus fort contre elle, embrassant ses cheveux, caressant sa joue baignée de larmes.
– Il n’est plus là maintenant, chuchota-t-elle, mais moi je suis là. C’est dur, mais ça finira par aller, tant qu’on sera là l’une pour l’autre.
Deux sœurs dans la tempête de la vie.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Lun 22 Mar 2021 - 9:51
De la bière et une montagne de popcorn
Carla & Luka
« L'amitié est comme une bouteille de vin. Elle prend de la valeur avec l'âge. »
La main de Carla se balade dans mes cheveux et me raccroche à la vie comme une ancre à un port. J'ai presque senti mon esprit se scinder, exploser de ces émotions en vrac, jusqu'à ne plus rien sentir. L'indifférence n'est jamais une possibilité, l'empathie l'interdit. Pourtant, j'ai cru que la rupture arrivait, que ma tête et mon cœur ne pouvaient plus l'encaisser. Ma tête se cale naturellement dans le creux de son cou et elle répond tandis qu'elle souffre aussi. Qui est la plus brisée de nous deux ? Ce n'est pas un concours, c'est la putain de vie. Mais cette âme soror, pressée contre la mienne, est comme un baume face à cette violence. Sa douleur et la mienne comme une spirale de reflets, une myriade infinie. Je ne suis pas seule.
Il n'est plus là maintenant... Et je ne suis pas seule. Les joues inondées, je me calme doucement, comme une enfant après un cauchemar encore vivace. Le rythme de mes sanglots ralenti. Mes épaules s'affaissent, usées de ce poids qu'elles portent sans cesse. Je reste là, dans ses bras...
... Les bras de Dorian enfermait le corps de la jeune femme qui dort contre lui. Il l'avait haï et maintenant son regard avait changé. Entre la haine et l'amour, il n'y a qu'un pas. C'était ce que Natasha lui avait dit et il n'y avait pas cru. Mais Dorian ne savait pas aimer correctement. Il y avait toujours de la folie et de la violence dans ce sentiment pourtant si fort chez lui. C'était d'ailleurs par cette force qu'il s'était hissé si haut, au sommet de Croix. Et sa vanité lui empêchait toute humilité à ce sujet : il détruirait n'importe qui s'il n'en avait que seulement l'envie. Il songea à Sebastian et durement accepta lui aussi de le perdre. Il n'y avait que sa chair, ses enfants, qu'il ne pourrait abattre dans sa quête de pouvoir et de grandeur. C'était sa chair, son testament et un grand homme laisse toujours un testament. Ses yeux se posèrent sur Luka. Il l'avait manipulée, il le savait. Et il savait aussi qu'il l'aimait avec cette violence habituelle, mais une douceur de plus. Dorian frémit dans la pénombre. Ses doigts caressèrent l'épaule nue de son amante incestueuse. Pourquoi cela avait-il changé ? L'effleurement délicat avait réveillé la jeune femme qui se tortilla jusqu'à lever ses yeux ensommeillés pour les planter dans les siens. Il l'embrassa sans un mot. Dorian n'était pas très doué pour ce genre de chose, aussi éloquent qu'il soit. Elle commença à s'agiter et le renversa sur le dos, grimpant à califourchon sur son membre dur, un sourire malicieux au coin des lèvres. Se penchant à son oreille, elle susurra :
- Tu étais déjà dans mes rêves...
Quelque chose se fêla encore plus dans le cœur du chef de Croix ; une parcelle de raison déjà morcelée. Dorian eu peur : il ne pourrait détruire Luka. L'idée même de la tuer lui donnait pour la première fois l'envie de mourir lui aussi. Il avait pourtant déjà essayé auparavant, de la tuer. L'homme se rendit compte avec une pointe de désespoir qu'il l'aimait réellement et qu'il continuerait de la briser, car il ne savait pas faire autrement. Et face à cette terreur qui menaçait de le faire abdiquer, il ne su réagir que comme il l'avait toujours fait : en reprenant le contrôle. Ses mains puissantes attrapèrent Luka et il bascula, enfermant à nouveau son corps autour le sien. Il résolu son amour dans une étreinte bestiale qui laissa des marques sur le corps de la jeune femme et quand il eut joui, la laissa choquée, les yeux larmoyants et envoûtés. Dorian se leva, imposant de toute sa hauteur, son regard glacé contemplant durement ce qu'il avait fait d'elle et ce qu'il continuerait à faire. Il ne savait pas s'arrêter : Luka était à lui.
- Je le tuerai... je murmure.
Les yeux vidés fixés sur le mur, je sens la fatigue s'emparer de moi ; la lassitude laisse une douceur qui endort les peines. Délicatement, je me détache de Carla, mon dos s'appuyant contre le mur, pour mieux la regarder. Mes joues sont encore humides, mes larmes ne coulent plus. L'alcool me tourne la tête et frappe les parois de mon crâne. Les émotions de Carla et les miennes se mélangent encore.
- Je n'étais pas là. Et toi non plus. Tu étais partie, quand il t'a fait ça. Ton corps est resté derrière et il l'a malmené. C'est ce qu'il fait. Il a besoin de posséder.
Ma voix est basse, j'articule lentement, la gorge enrouée de mes sanglots éteints. Je prends le temps de dire ce que je veux dire, de dire combien je me hais.
- Je n'étais pas là, pour Declan non plus. Mais je savais. Jamais je n'ai pensé à ça quand j'étais avec lui. Je ne voyais plus le sang sur ses mains et les vies qu'il avait brisées. Il était entré dans ma tête, je me foutais du reste. J'avais besoin de lui, de la grandeur qu'il promettait et à tout prix. J'ai même songé à lui rendre Maël... Je crois que je me hais pour ça aussi.
L'angoisse du sentiment me revient en pleine figure. C'est la peur qui m'a rattrapée et de justesse. Au bord du précipice, les talons sur la falaise et les doigts de pied dans le vide, pour une fois, je n'ai pas sauté. J'ai eu peur.
- Tu sais Carla, ce n'est pas une excuse, mais la vie nous a bien foirées.
J'attrape une frite froide à présent et la mange à petite bouchée. Messed up girls against the world.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Lun 22 Mar 2021 - 12:26
Luka glissa sa tête dans le creux du coup de Carla. Ses larmes semblaient s’être taries, torrent nécessaire, mais qui finissait toujours par s’épuiser. Parce que c’était ça, leur vie, à toutes les deux. Des événements qui les écrasaient par leur force bouleversante, mais dont elle finissait toujours par se relever. Même les tempêtes les plus terribles avaient une fin.
– Je le tuerai…
La jeune femme se détacha de l’étudiante qui serra un peu la mâchoire. La faille entre leur monde. Carla savait bien que ces mots, dans la bouche de son amie, n’avaient pas la même signification que les siens, ou ceux de ses potes de fac. C’était des mots meurtriers, une peine de mort qui avait été prononcée en l’absence même du coupable. Dans le monde des innocents, dans son monde à elle, on ne se vengeait pas ainsi. On passait par la justice, on portait une plainte qui n’aboutirait sans doute jamais, quand on avait encore le courage de se battre, ce qu’elle n’avait jamais pu trouver au fond d’elle, avant même de connaître la véritable nature de cet homme, insaisissable pour la police humaine. On attendait des mois, peut-être des années dans l’espoir d’une sentence, dans l’espoir de pouvoir respirer à nouveau, de savoir que ceux qui avaient fait du mal seraient punis. La vengeance n’avait pas cette odeur prononcée du sang.
– Je n’étais pas là. Et toi non plus. Tu étais partie, quand il t’a fait ça. Ton corps est resté derrière et l’a malmenée. C’est ce qu’il a fait. Il a besoin de posséder.
Elle aurait tant aimé que ce soit la vérité. Ne pas avoir eu à assister à cette violence, ne pas voir, dans le reflet des miroirs, la trace invisible des doigts de cet homme entre ses cuisses. Ne pas avoir vécu cette scène, mais s’être envolée dans un ailleurs chaud et rassurant, comme quand avec Jeremy ils se glissaient sous sa couette pour ne plus entendre les cris de leur père et les pleurs de leur mère. Puis simplement revenir récupérer son corps, le soigner parce que lui il était soignable, alors que son esprit se brisait encore, comme s’il ne pouvait jamais redevenir aussi entier qu’avant tout ça. Elle aurait aimé que ce soit la vérité, mais sa tête était aussi souillée que tout le reste. L’homme ne lui avait pas pris son innocence – les coups de son père l’avait fait bien avant lui –, mais il l’avait salie au plus profond d’elle-même, d’une crasse qui ne partirait jamais, qui resterait toujours un peu là, se faisant oublier parfois, devenant une habitude à l’intérieur d’elle-même, mais pour autant jamais annihilée. Pendant que lui, le monstre de ses cauchemars, ne devait même pas se rappeler de son acte ou de son visage.
– Je n’étais pas là, pour Declan non plus. Mais je savais. Jamais je n’ai pensé à ça quand j’étais avec lui. Je ne voyais plus le sang sur ses mains et les vies qu’il avait brisées. Il était entré dans ma tête, je me foutais du reste. J’avais besoin de lui, de la grandeur qu’il me promettait et à tout prix. J’ai même songé à lui rendre Maël… Je crois que je me hais pour ça aussi.
Le monstre qui avait été l’amour dans la vie de Luka. Un amour malsain, poisseux, mais un amour quand même. Ce même homme qui avait violé, tué, explosé la vie de dizaine de gens de Little Angleton. Carla ravala sa salive. Elles avaient vécu tellement de choses ensemble. Les doigts de pied accrochés au bord de la falaise, des confidences murmurés au creux de la nuit, et désormais cet homme qui se dressait entre elles. Celui qui avait déchiré les hanches de l’humaine tout en aimant la mêlée.
– Tu sais Carla, ce n’est pas une excuse, mais la vie nous a bien foirées.
La jeune femme regarda son amie piocher dans les frites, les petits cristaux de sel s’accrochant à ses doigts, la patate qui pliait légèrement, déjà ramollie par le temps. Est-ce que ça devait toujours se finir ainsi pour elles, pour eux, les gosses de Little Angleton ? Magiques ou innocents, orphelins ou avec leurs parents, il y avait cette malédiction qui leur collait au ventre. Et que même l’âge adulte semblait incapable de rompre.
– On n’a pas à chercher des excuses, pas dans cette histoire en tout cas. On n’est coupable de rien. Comme… comme ma mère qui n’a jamais osé partir. Sa seule faute est d’avoir eu peur, d’avoir été humaine. Comme toi quand tu l’as aimé.
Elle se rendit compte qu’elle n’avait jamais vraiment parlé de la violence de ses parents à ses amis, en dehors de Louis. Ils n’étaient pas idiots et ils avaient bien dû voir les traces sur son corps et les cernes sous ses yeux d’avoir parfois dû veiller toute la nuit pour s’occuper de son petit frère. Mais elle n’avait jamais voulu s’épancher auprès d’eux, comme si raconter c’était revivre les traumatismes.
– Il la frappait. Puis il m’a frappée moi. Mais vous vous en doutiez, non ?
La jeune femme soupira. Encore de la crasse collée dans son histoire.
– Cette relation ne fait pas de toi quelqu’un de moins bien. Au contraire. C’est aussi pour ça qu’on se relève toujours, non ? On est des battantes.
Des guerrières dans ce monde froid.
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Ton coeur et mon coeur à l'unisson.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Mar 20 Avr 2021 - 21:56
De la bière et une montagne de popcorn
Carla & Luka
« L'amitié est comme une bouteille de vin. Elle prend de la valeur avec l'âge. »
– On n’a pas à chercher des excuses, pas dans cette histoire en tout cas. On n’est coupable de rien. Comme… comme ma mère qui n’a jamais osé partir. Sa seule faute est d’avoir eu peur, d’avoir été humaine. Comme toi quand tu l’as aimé.
Je songe tristement que j'aimerais n'avoir que cela : des excuses. J'aimerais me dire que je n'y suis pour rien et que je ne l'ai pas laissé entrer. J'aimerais dire que je suis partie avec violence et que j'ai résisté. Ce n'est pas la vérité. Je n'ai pas toutes ces excuses. J'ai consenti comme on consent devant l'inévitable. Ce n'est pas un réel accord, c'est une acceptation, un oui-tacite qui se consume dés qu'on le demande. Je n'ai pas d'excuses derrières lesquelles m'abriter.
– Il la frappait. Puis il m’a frappée moi. Mais vous vous en doutiez, non ?
Je la regarde dans les yeux et une image du passé se superpose sur celle du présent. Carla, avec le même regard, plus jeune, la lèvre fendue de s'être soi-disant pris une porte et une trace de main cachée par ses vêtements. Combien de bleus cachaient-ils d'ailleurs ? Je mâchonne la frite cartonneuse et le goût de pomme de terre froide contraste avec la brûlure de l'alcool. Je hoche la tête pour acquiescer :
- Je l'ai su dés la première fois. Je l'ai senti...
Parfois je m'en veux de n'avoir pas réagit à l'époque et je me rends compte que j'étais tout simplement impuissante. Il y avait dans le regard farouche de Carla quelque chose qui nous défiait d'intervenir. C'était comme s'il était possible de faire plus de mal que les coups de son père. Carla ne répliquait pas avec ses poings, mais elle affrontait cette violence comme une guerrière infaillible. J'ai toujours admiré cela. Et quand elle dit que moi aussi je suis une battante, j'esquisse un sourire triste.
- Je ne sais pas si je suis une battante. Je sais me battre, ça oui, et même plutôt très bien. Je me rends compte que j'ai plutôt laissé les choses se faire. Je me suis toujours relevée, je suis revenue, j'ai affronté les conséquences de mes actes, mais l'histoire se répète toujours... Je suis fatiguée, Carla.
J'ai les yeux qui piquent. Cette lassitude immense s'abat sur mes épaules comme après une journée de plage. Il y a quelque chose d'agréable à se réfugier dans les bras de Morphée et de sentir ses muscles s'affaisser. Mais ce n'est pas de la fatigue qui mène au sommeil qui me tombe dessus, c'est une fatigue sournoise et froide, de celle qui se nourrie de l'injustice.
- Tu sais, j'ai passé le concours de la justice magique, et je suis sous le mentorat d'un haut membre du conseil d'Orpheo, le gouvernement magique. Un jour, je serai à sa place et j'essayerai de faire que personne ne vive ce que nous on a vécu. J'en ai marre que le monde se foute sur la gueule.
Je contemple les verres vides et les quelques frites qui restent, entachées d'huile et brillante de cristaux de sel. Les bruits du bar reviennent se manifester à ma conscience et je me rends compte que l'endroit s'est rempli et rempli de tant de personnes joyeuses. Nos deux tristesses combinées m'ont fait perdre de vue qu'il existe autre chose. Avec l'inconstance qui me caractérise, je saute sur mes pieds malgré la tête qui tourne un peu et tend ma main à Carla.
- Un ciné et des pop-corn ça te dit ?
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If I had a world of my own Everything will be nonsense Nothing will be what it is Because everything will be what it isn'tI invite you to a world Where there is no such thing as time And every creature lens themselves To change your state of mind.
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Sujet: Re: De la bière et une montagne de popcorn Mer 14 Juil 2021 - 17:50
La frite ressemblait à un bout de plastique entre les dents de Luka. Mâchouillée, sans jamais sembler vouloir se déliter un petit bout que son amie aurait pu avaler. Les frites avaient l'odeur de l'enfance, mais comme tout le reste, elles finissaient aussi par ne devenir que des souvenirs froids et sans goût.
– Je l'ai su dès la première fois. Je l'ai senti…
Les hématomes sur le corps, mais aussi dans la tête et le cœur. Des douleurs ancrées, mais qu'elle avait toujours refusé de partager en dehors de sa famille. Seuls Jeremy et sa mère savaient, bien qu'ensemble ils n'en parlaient jamais. Toutes les familles avaient leur secret et celui-là était le leur. Pourquoi ? Pourquoi garder le silence toute ces années et ne pas dénoncer, ne pas fuir ? Par peur peut-être. De devoir partir loin de ceux qu'elle aimait, de détruire sa famille, qu'il y ait des représailles. Et puis par amour, aussi. Comme Luka avait aimé Dorian, Carla aimait son père.
– Je ne sais pas si je suis une battante. Je sais me battre, ça oui, et même plutôt très bien. Je me rends compte que j'ai plutôt laissé les choses se faire. Je me suis toujours relevée, je suis revenue, j'ai affronté les conséquences de mes actes, mais l'histoire se répète toujours… je suis fatiguée Carla.
Pas besoin d'être empathe pour sentir la fatigue émotionnelle qui émanait des mots de la jeune femme. L'innocente attrapa la main de son amie pour nouer ses doigts aux siens ; elles avaient vécu beaucoup d'épreuves, parfois seules, parfois ensemble, mais restaient toujours debout. Fragile, mais debout. Peut-être qu'un jour ça serait le coup de trop, celui qui ferait que l'une des deux ne se relèverait pas, une faille dans leur équilibre. Mais pas aujourd'hui. Carla serra plus fort.
– Tu sais, j'ai passé le concours de la justice magique et je suis sous le mentorat d'un haut membre du conseil d'Orpheo, le gouvernement magique. Un jour, je serai à sa place et j'essaierai de faire que personne ne vive ce que nous on a vécu. J'en ai marre que le monde se foute sur la gueule.
Carla ne comprenait pas forcément ce que ce poste représentait, mais en tout cas ça en jetait. Et si son amie pouvait épargner à une seule personne, rien qu'une, de vivre ce qu'elles avaient vécu, alors ça en valait la peine. Des sacrifices, de se battre, de continuer à se relever. Mais c'était difficile, épuisant. Elle se demandait si Luka avait parfois eu envie de fuir, de fuir pour de vrai, que ce soit cet Orpheo ou sa famille dans le camp des méchants. S'éloigner de la magie et construire une maison au bord d'une rivière, regarder pousser les plantes et arrêter de se battre. Arrêter de tomber, aussi. Depuis qu'elle avait appris pour ses amis, depuis qu'un tout nouveau monde s'était dévoilé à elle, Carla se demandait parfois si elle n'aurait pas été plus heureuse loin de tout ça. Demander à Louis de brouiller son esprit et partir loin d'eux, retrouver sa famille et ses problèmes d'humaines, son innocence. Mais non, définitivement. Elle n'était pas prête à les sacrifier eux, pas pour tout l'or du monde. Pas pour toute l'innocence du monde.
– Un ciné et des pop-corn ça te dit ?
L'étudiante secoua un peu la tête, comme pour repousser la lourdeur du moment qu'elles avaient vécu. Le temps n'était plus aux larmes et quoi de mieux qu'un bon film avec une amie ? Un mauvais film, évidemment, pour pouvoir se moquer des répliques idiotes et du mauvais jeu des acteurs. Sans aucun doute leur passe-temps préféré. La jeune femme relâcha la main de Luka, attapa ses affaires et embrassa la joue de son amie, un point à cette histoire, avant de se relever.
– Ok mais c'est toi qui paie le pop-corn Madame la future Magistrate ! Je ne suis qu'une pauvre étudiante, moi !
Ce qui n'était pas du tout le cas de Louis qui remplissait le frigo chaque semaine et refusait à chaque fois qu'elle paie sa part de la nourriture – ça n'empêchait pas Carla de lui glisser des billets dans sa main, qu'il lui rendait ensuite sous son oreille, qu'elle cachait dans le porte-monnaie de son amoureux, bref un cercle sans fin qui se terminait généralement par Louis qui, refusant de garder l'argent et Carla trop fière pour ne pas payer la moitié de leur dépense, versait le tout à une association. Et le manège recommençait chaque semaine, ce qui au final les faisait beaucoup rire, surtout quand ils finissaient de régler ça sur l'oreiller. Parce que s'il y avait bien seconde raison pour Carla de ne pas vouloir s'éloigner du monde magique, c'était les prouesses au lit de son amant. Qu'est-ce qu'il était doué ! Tellement, qu'elle devait tout de même vraiment aimer beaucoup beaucoup ses amis pour que cette raison là ne soit que deuxième. Ses pensées la firent sourire ; l'insouciance, parfois, malgré les cicatrices.