You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go

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 You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go

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Exorciste Humaine
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Rhyan L. James
Rhyan L. James
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MessageSujet: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyLun 19 Juil 2021 - 17:13

(de base, il s'appelait "destin ta mère" mais je me suis raisonnée ; je m'excuse j'ai pas le temps de tout coder)

À qui le dire ?
Je tourne en rond dans la salle de bain. Qui appeler ? Qui ne va pas poser de questions ? Qui est encore assez pote avec moi ?
Ian, mais après Carla, j’peux pas lui faire ça.

Shybaï ?

TAKI?!

Je devrais appeler Takeji, mais ces derniers temps, il sait être un sad fucker noyé sous un nuage de problèmes, alors non. Ok, Shy.

Une tonalité, deux.

— Shy, je suis désolée de t'appeler (ok panique à bord) je - je - je crois je suis presque sûre d'être enceinte.
— Wow heu... wow ! Mais... enfin... de qui ? Et... tu entends quoi par "presque sûre" ? Et... est-ce que je dois me réjouir ou c'est pas une bonne nouvelle ?
— Pas une bonne nouvelle Shybaï, pas une bonne nouvelle.
— Ok. Bon, pas de panique. Pas de panique. Tu es où maintenant ?

Je sais qu’elle va venir. J’veux pas qu’elle vienne.

— Je suis chez lui. Enfin chez nous. Enfin tu vas m'engueuler à un moment où à un autre donc stp pas maintenant, attend... demain ! S'il te plaît

Je me mets à chialer de peur parce que je sais que ça va mal se passer, j’aurais du fermer ma gueule.

— Calme toi Riri, tout va bien se passer, d'accord ? Quoi que tu décides, quoi qu'il se passe, ça va aller, ok ? Dis moi où tu es, je laisse les enfants à Pandora, je trouve un teleporteur et j'arrive.

Et voilà. J’vais vomir.

— Je suis chez Cyan Soul, Shy...

Il y a un blanc.

— Chez Cyan... Soul. Merde. Oui Jun, maman a dit un gros mot. Merde, merde, merde. Il est au courant ??
— Pas encore. Mais j'vais pas pondre un mêlé c-c-c-'est

Je me remets à chialer.

— J'arrive Rhyan. Pour l'instant, n'en parle à personne, d'accord ? Envoie moi tes coordonnées, je suis là dans maximum une heure.

Elle s’impose et je suis plus terrifiée par le fait qu’elle vienne que par le fait d’avoir un monstre dans mon ventre. Peut-être que je vais le garder. Cheh ! à la vie et au bon sens.
Non, sûrement pas.

— Mais je vais pas te faire venir ici, c'est dangereux pour toi comme pour lui, si il rentre on f-f-f-ait quoi ? N-n-on je je sais pas pourquoi j'appelle j'vais a-v-vorter ça se fait maintenant ça doit être facile.
— Alors donne moi l'adresse d'un restaurant ou d'un café. Je veux pas que tu sois toute seule.

J’ai envie d’exploser, c’est pas ce dont j’ai besoin putain ! Mais c’est moi qui ai appelé, c’est moi qui suis responsable alors je me force à me calmer.

— Je suis pas toute seule Shy, il va rentrer, je vais lui dire. Je... j'aurais pas l'audace de te dire que c'est un gars bien, mais il est bien pour moi.
— Rhyan... c'est pas une question de savoir si c'est un mec bien ou pas. C'est un Soul. Et il a mis une humaine enceinte. Il pourrait te tuer pour ça, lui ou sa famille. S'il est au courant... c'est ta vie qui est en danger.

La colère roule dans mon ventre, je sèche mes larmes.

— C'est pour ça que je te l'ai pas dit plus tôt... merci d'avoir répondu. J'vais te laisser, j'irais bien.
— Non, Rhyan je veux pas que tu sois toute seule !

Je raccroche avant d’avoir eu la méchanceté de dire « mais on se fiche de ce que tu veux Shybaï, on parle de moi, là. ». Mais ç’aurait pas été faux. Je sèche mes larmes, me sers une limonade alors que la

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyLun 19 Juil 2021 - 19:56


"You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go"


C'est toujours dans les moments où on pense que tout va bien, qu'une routine peut-être s'installe qu'au final le karma il revient comme un ascenseur qui tombe du dixième étage.


Je dois vous avouer que ces derniers temps, les missions se font plus rares. Avec le pseudo drapeau blanc entre Rosenrot et Orpheo, c’est environ 95 % de notre boulot qui part en fumée. Enfin, 95 %… Disons que nous sommes davantage invité à faire preuve de discrétion dans nos agissements et que de banales missions d’infiltration sont dorénavant relégués aux élites de la discrétion. Vous ne verrez donc pas Olive sur l’une d’entre elles. Exit aussi les gros bains de sang.
Ai-je précisé que ces affirmations n’étaient qu’une théorie ?

Je me secoue les mains comme pour les essorer après un lavage et m’accroupis sur les vêtements à terre pour nettoyer le bout de ma lame. Ce ne sont pas un ni deux mais trois corps qui sont étendus à terre devant moi, le quatrième n’étant qu’un ramassis d’organes et de sang éparpillés autour de moi. La faute à pas de chance. À vouloir tenter le tout pour le tout, on se retrouve souvent en première ligne. Il s’est retrouvé sur ma première ligne et je lui ai é-cla-té la sienne. Y’a même pas eu de match, il a étendu les bras à la Titanic pour protéger ses potes et j’ai fait couler son bateau. N’empêche qu’il s’est sacrifié et ses potes ont été protégé d’une certaine matière de la puissance de mon onde de choc. Ils se sont donc rués sur moi, tous ensemble et j’ai vraiment cru, comme toujours, que j’allais y passer. On s’est roulé dans le sang au sol, j’en ai abattu un d’une balle dans la tête, rapide et précise, le second s’est improvisé bourreau mais il gérait clairement pas la puissance de son pouvoir et le troisième m’a tailladé le bras tout entier et une partie du corps avec sa magie toute pourrie d’élémentariste d’air. J’ai pris le dessus sur l’un et l’autre, c’est un de mes collègues en renfort qui s’en est chargé.
N’empêche qu’avec une onde de choc de plus grande intensité, on n’en serait jamais venu là et j’aurais juste fêté la danse de la pluie rouge en souterrain. Mais fallait pas faire sauter les murs porteurs. Amen de mes deux.

J’ai les cheveux qui sont rouges, la peau qui est rouge, mes vêtements qui sont rouges, ça pue et ça me gave mais heureusement la mission est finie. L’infiltration n’en était pas une, on devait espionner deux gars on en a tué quatre hey, au moins plus besoin d’espion. Les gars en plus n’étaient pas d’Orpheo, seulement des détachés qui soit disant possédaient des informations. Je suis pas allé chercher plus loin, je suis simplement content d’avoir une fois de plus triomphé, d’avoir su faire grimper la dopamine et l’adrénaline et toutes ces choses en « ine » et je regrette simplement qu’Olive n’ait pas été de la partie.
J’essaye d’essuyer comme je peux le sang sur mon visage mais ça s’apparente davantage à du barbouillage qu’à du nettoyage. Ptin, y’a rien qu’à y penser, j’veux juste une douche. C’est un peu comme quand on décide d’aller à la mer parce que c’est cool la mer et qu’à la fin on sort on colle, c’est salé, c’est pas agréable, ça gratte y’a du sable mais c’était chouette dans l’eau alors on pense à autre chose. Mais la douche finit par passer au-dessus du fun malgré tout. L’autre sorcier me regarde, dans ses mains trônent de la paperasse un peu froissée et il dit :

« J’ai bien fait de te demander de venir Soul. Ça tournait au vinaigre et t’étais là pour les attendre. Quoiqu’il en soit, la mission est finie, tu peux rentrer. »

De rien gars. Je continue à éponger la lame et le pistolet et concrètement tout ce qui a touché du sang c’est à dire à peu près tout et relève la tête. Il n’y a évidemment pas d’élémentariste eau quand on a besoin d’eux. Je soupire. Je sais ce qui m’attend pour rentrer. Tout en soufflant, je parviens à trouver une place relativement propre sur mon corps, juste au-dessus de mon t-shirt et trace une rune d’illusion. En un instant, les traces rougeoyantes, les blessures, tout disparaît. Je n’ai pas été jusqu’à me refaire une coiffure bien soignée cependant.

-Hey, on peut espérer un retour rapide de téléporteur ? J’ai pas spécialement envie de me traîner dans les transports en commun avec les trois kilos de sang sur mes vêtements.

L’autre acquiesce. Illusion ou pas, si je commence à marcher, je laisserai des traces, si on me touche, la personne risque de faire une syncope. Si le téléporteur daigne rester propre, mieux vaut pour lui abandonner son métier dès à présent. Mais personne ne râle. Le téléporteur s’approche de moi et me demande la destination. Et c’est alors que je percute. Est-ce que Rhyan est à l’appartement ? C’est un peu compliqué parfois de gérer les allées et venues de l’un ou de l’autre. Il ne suffit pas non plus d’un « j’ai fini » par SMS à la manière d’un vieux couple qui finit sa journée de travail au bureau. Et il est tout à fait hors de question que j’enregistre le numéro de Rhyan sur mon portable de travail.

Je précise les coordonnées au téléporteur et retire mes chaussures et chaussettes. J’éviterai au moins les empreintes de sang dans les escaliers. Le voilà qui me dépose non loin du petit lotissement , à l’abri des regards et disparaît par la suite. Ça m’irait plutôt pas mal qu’elle n’y soit pas, là-haut. Cela fait plusieurs années que l’on respecte la promesse de ne pas parler du travail et que l’un et l’autre revient de temps en temps avec des blessures mais… ça rend toujours l’atmosphère étrange. Exit les questions « mais qu’est-ce qui t’es arrivé ?? ». Haha.

Je monte les escaliers rapidement, observant si dans mon sillage quelques traces demeurent. Ma technique semble cependant fonctionner. Je tourne alors les clés et à la manière dont la porte est fermée et non clenchée, je devine immédiatement que Rhyan se trouve, justement, dans cette pièce. Allons bon. Le seuil franchi, je dépose les chaussures, les chaussettes dans le bac juste à coté de l’entrée et je retire le haut et le bas par la même occasion pour rester en calbut et abattre les mètres qui me séparent de la salle de bain. Avec le haut qui a sauté, la rune dégouline et l’illusion est totalement rompu.
Mais ce ne sont que quelques mètres et l’appartement est grand, il y a la cuisine, la salle à manger, le salon, la chambre…

Mais princesse requin est là.
Princesse requin qui a eu de l’eau qui a coulé des yeux il y a peu.

Ah. Aaaaaah. Mais.
Je… lance mes mains en avant et la contourne très rapidement.

-Qu’est ce que... Miss. Je suis à toi dans… -je regarde mon poignet par habitude mais il n’y a pas de montre alors j’ai juste j’ai d’un imbécile – cinq minutes. Juste. Je me lave avant. Reste là. Tu restes là hein ? Enfin tu peux aller t’asseoir quand même.

Vous vous rendez pas compte, vous les femmes, du pouvoir des larmes. Vraiment pas. Y’a zéro résistance face à ça. S’il y a eu des gars capable de s’en foutre des larmes des femmes qu’ils aiment, ben je n’en fais pas partie. D’autant que Rhyan qui pleure ? Autant je préférerai que ce soit des pleurs du style « Ptin Cyan t’as fait un truc de merde comment je vais te marave la gueule j’suis tellement vénère. ». De la colère. Oui, voilà.
Elle avait pas spécialement l’air d’être en colère cela dit.

Je passe à la case douche express, le gel douche passe avec l’eau et le shampoing et tous ces trucs pour briller et c’est probable que j’ai utilisé les produits de Rhy parce que j’ai pas regardé. Je sentirai le Ushuaïa à la fleur de coco, écoutez, c’est pas le sujet là. Dans ma précipitation, j’ai pas attrapé de quoi me changer alors je me retrouve une fois de plus à parcourir l’appartement jusqu’à la chambre avec une serviette autour des parties, jusqu’à enfin trouver le Graal et me voici donc en short t-shirt blanc. Banal au possible, Ushaïa fleur de coco dans les cheveux.

Bien.
On fera la lessive plus tard aussi.

Je retourne à la recherche de Rhyan.

-Tu veux me dire un truc ?

Ça passe mieux que « Qu’est-ce qui va pas ? ». Si c’est un de ses collègues qui est mort, j’aurais bien l’air fin à essayer de la rassurer. Tout ce dont je me sentirai capable c’est de répondre « un de plus, un de moins... » Cimer le soutien psychologique. J’ai bien fait de pas tout de suite arriver les dents blanches et le sourire jusqu’aux oreilles d’un « bonne journée ».
Ah. Les armes.

Je disparais de nouveau pour aller récupérer toutes les armes abandonnées à l’entrée et revient dans le salon pour les disposer sur la table haute avant de me saisir d’un torchon, d’eau, d’huile, absolument tout. Séance nettoyage en même temps ma jolie, faudrait pas que je fasse rouiller les belles meurtrières.

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyMar 20 Juil 2021 - 10:58

Au moment où je l’entends, je ne suis plus sûre de rien, comme si le sol était fait de sables mouvants et qu’il fallait que je me décide vite, alors qu’aucune bonne décision était à portée. En vrai, pouvons-nous réellement être parents ?

N’importe quoi Rhy, pourquoi est-ce que tu envisages de le garder ? Je pense à sa famille, dysfonctionnelle, à la mienne, que je souhaiterais morte. Je passe ma langue sur mes lèvres, indécise. Il rentre à l’appartement plein de sang. Couvert, de, sang. et l’odeur, oh dear, l’odeur ! J’arrête de bouger et le fixe. Il voit bien que j’ai pleuré, je vois qu’il a vu, et lui, il voit que je le vois couvert, de, la, tête, aux, pieds, de sang. Il est en caleçon pourtant mais je vous jure que l’odeur de la mort et des tripes, c’est pas quelque chose que votre cerveau efface.

-Qu’est ce que... Miss. Je suis à toi dans…

Je sais pas si j’ai envie d’éclater de rire ou d’éclater en sanglots et du coup, je ne fais rien du tout.

— .. cinq minutes. Juste. Je me lave avant. Reste là. Tu restes là hein ? Enfin tu peux aller t’asseoir quand même.

Je sais pourquoi j’hésite : parce que je l’aime trop. Et je crois que mon amour pourrait aller au delà de Cyan, avec un mini lui et moi, mais je crois aussi que j’aime déjà trop ce potentiel petit nous pour lui faire subir… et bien, nous, justement.
Il s’efface sous la douche, extrêmement conscient de la situation.

Moi aussi, my love.

-Tu veux me dire un truc ?

Il revient habillé, tout en blanc, le sang est parti dans l’eau, il a lavé les morts d’humains, noirs, pas noirs, qu’est-ce que j’en sais, de mêlés peut-être, bon, c’est pas comme si j’étais pas habituée — Cyan est plus réel que mes valeurs.
J’ouvre la bouche pour dire okay, je pense que je suis enceinte, la rune est fatiguée, je sais pas tous les combien je dois la tracer, j’ai plus oser demander à Shy, mes amis sont mâles ou partis, j’ai pas de famille, tout ça, m’excuser, je me sens désolée sans savoir pourquoi et tout ça et là
il retourne
chercher ses armes
pour
les laver
Parce qu’il est lui, il exhude le Cyan Soul et je dis :

— T’as pris mon shampoing ?

J’hausse un sourcil, un sourire en coin (sans oser le toucher, quand on touche les gens, après, souvent, enfin je généralise alors je vais arrêter ça : quand je touche Cyan j’ai plus de mal à pas dire la vérité).
J’pense qu’il devrait savoir que j’ai un mêlé dans le ventre et que cette situation est pourrie, mais d’abord, justifie-toi mon garçon. Si il fait une blague genre, Orpheo se lave mieux senteur coco, je sais pas si j’hurle ou je chiale.

Ou je rigole.

Purée, j’irai en enfer.
Mais rien n'est assez réel pour moi pour que je ne puisse pas l'absorber avec un déni surentrainé.

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyMar 20 Juil 2021 - 16:04


"You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go"


C'est toujours dans les moments où on pense que tout va bien, qu'une routine peut-être s'installe qu'au final le karma il revient comme un ascenseur qui tombe du dixième étage.


Brillantes, brillantes petites lames. Pour le moment toutes rouges. Il y a comme toujours tout un arsenal à nettoyer. Des grandes, des petites, des larges et des moins larges, des armes de poing – que je n’utilise jamais – et des armes à feu. Juste assez pour ne jamais au grand jamais tomber à court de moyen de défense. J’avoue néanmoins ne pas avoir sortir l’artillerie lourde pour cette mission. L’avantage de posséder un pouvoir destructeur aussi bien efficace au corps à corps qu’à distance, c’est que cela me permet de m’alléger. Un peu.

Je ramène une bassine avec de l’eau et mouille le linge avant de commencer mon travail. Le sang a déjà commencé à sécher et je pense aux pommeaux gravés et j’ai dès lors envie de râler. Heureusement, entre le métal et les runes hydrophobes – oui ça existe et ce sont mes amis – la tâche ne sera pas si ardue.
Qu’importe.

— T’as pris mon shampoing ?

Je suis heureux de savoir que si quelque chose va mal de son côté, la chose est malgré tout moins importante qu’une remarque pareille. Je passe une mèche de cheveux devant mon nez pour vérifier mais il est tout à fait évident que cette odeur n’est pas la mienne et je dois retourner en mission demain matin.
Oui, oui j’ai utilisé ton shampoing. J’ai été pris de court par ses yeux et ma tête elle a vomi ses inquiétudes et mon corps il s’est magné pour rien. Parce que visiblement le Ushuaïa coco il est plus présent que nos deux vies réunies.

Je hausse les épaules, nonchalant, tout en astiquant la merde. Si ça continue comme ça, y’a pas que mes cheveux qui vont passer au shampoing. Même sous l’eau, ça continue à sentir des bouts de cadavres. Il faut que je lave mes vêtements fissa avant que l’odeur ne traverse la porte pour fureter chez le voisin.

-C'est du détergent. L’appart’ sent les tropiques chimiques à chaque fois que tu en mets. J’me suis dit que c'était le plus efficace pour faire passer les tripes et le sang.

C’est, à n’en pas douter, de la mauvaise foi. Mes produits de douche sont loin d’être dépourvus d’odeur et embellissent très certainement l’habitacle. Il n’y a qu’à voir, lorsqu’on rentre tous deux de mission, à quelques minutes d’intervalles et que le défilé de la douche commence, c’est comme si l’appartement se nettoyait de fond en comble. Difficile d’opter pour des produits sans odeur quand 90 à 95% de son travail consiste à mettre les mains dans le cambouis.
J’essuie la première arme. C’est pas plus mal après tout de sentir comme sa copine. Ça a un côté très kitsch et fleur bleue et je l’aurais totalement pas fait en temps normal mais ça reste pas non plus désagréable. Juste… amusant. Pas sûr que ça le reste lorsqu’il faudra repartir avec les collègues. Je pose mes mains de chaque côté de la table en posant la lame entre les doigts et sourit agréablement :

-Et puis ça me rassure d’avoir ta p’tite odeur avec moi.

Je me marre.
C’est pas tout à fait son odeur parce que ça reste chimique avant tout, mais c’est bien connu que les odeurs, ça a un pouvoir incroyable sur les gens. On soigne les gens de l’Alzheimer avec, c’est pour dire. Je me souviens de l’odeur des bouleaux en été au manoir familial, de l’humidité de la cave, de l’odeur de la chaleur en été et du bois qui travaille d’une maison qui a vu passer tant de générations. J’ai l’odeur de la coloration pour cheveux qui me rappelle les débuts de mission et même l’odeur âpre, lourde qui précède mon onde de choc. Il faut croire que les souvenirs olfactifs continuent leur bout de chemin avec Rhyan. Je reprends mes activités et ajoute :

-Non en fait, j’me suis juste trompé. J’ai cru qu’il était arrivé quelque chose de grave, j’ai pas fait attention. Pourquoi t’as posé tes bouteilles si proches des miennes pour commencer. C’était pas comme ça ce matin.

La justification est un sport national lorsque l’on s’appelle Cyan Soul. Quant à déterminer si oui ou non l’erreur en est une, est assumée et si elle a été appréciée, personne ne le saura. Je rapproche la chaise haute pour m’asseoir dessus et dépose les armes propres un peu plus loin, sur le torchon étendu.
Relève les yeux mais n’insiste pas. A l’oral tout du moins. Comme dit précédemment, difficile de demander comment la journée s’est passée. Mais est-ce que tu vois comme je suis inquiet ? Est-ce que cela ne concerne qu’Orpheo ? Est-ce que tu risques ta vie ou la mienne à me faire part de tes tracas ? J’inspire profondément et tente de garder le sourire sur mes lèvres.

-J’ai pensé à toi cet après-midi d'ailleurs, on s’est rendu dans une bibliothèque, elle ressemblait beaucoup à celle où je t’ai embrassé pour la première fois. Que de nostalgie.

Après on est passé au sous-sol et c’était le feu d’artifice mais j’suis pas sûr que cette info soit nécessaire.

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyMar 20 Juil 2021 - 22:54

En fait, ce qui est assez incroyable, c’est l’humeur de mon gars. Il est d’une étrange stabilité — il reste humain, des hauts des bas — mais globalement, il est toujours égal à lui même. C’est quelque chose que j’adore et que je respecte immensément, c’est solide, presque immuable, il est lui même tous les jours, m’accepte tous les jours, il n’est qu’assez rarement injuste. Et là, je vois bien qu’il est limite… sassy. Comme si frotter de l’acier ça faisait partie du jeu et que le jeu, il l’aimait bien.

-C'est du détergent. L’appart’ sent les tropiques chimiques à chaque fois que tu en mets. J’me suis dit que c'était le plus efficace pour faire passer les tripes et le sang.

Je souris, comme si j’avais oublié le poids, le fucking poids dans mon utérus.

— Tu te calmes de suite. La senteur coco t’as rendu super glowy.

Et là je me rends compte qu’il vient de parler de tripes et de sang. Je tilte, j’ai une vague de nausée alors qu’il continue à plaisanter :

-Et puis ça me rassure d’avoir ta p’tite odeur avec moi.

Je ne peux plus rire, parce que si j’ouvre la bouche, je vais vomir. Si je continue à vivre, je vais vomir en fait. Je pose mon cul sur une surface plane, dans l’attente qu’il continue à parler.

-Non en fait, j’me suis juste trompé. J’ai cru qu’il était arrivé quelque chose de grave, j’ai pas fait attention. Pourquoi t’as posé tes bouteilles si proches des miennes pour commencer. C’était pas comme ça ce matin.

J’adorerais poursuivre cette joute verbale — une vraie passion, à la banque, puis à la bibliothèque. Du blabla, des mots sur tout pour contrer l’autre comme un combat à l’épée. Je frissonne — comme si quelque chose de grave était arrivé. De grave.
Je range ça dans quelle catégorie, ton peut-être fils ?

-J’ai pensé à toi cet après-midi d'ailleurs, on s’est rendu dans une bibliothèque, elle ressemblait beaucoup à celle où je t’ai embrassé pour la première fois. Que de nostalgie.

J’ai un sourire tendre mais je n’ose pas l’embrasser ou le toucher, parce que je ne le considère pas comme acquis, petit un, parce que j’ai peur et que ça me rend tout flappy, petit deux et parce que je sais que

— Un truc grave, je répète.

que mon cerveau va s’en battre les couilles et me laissera pas garder ça. Comme si il SAVAIT que je pouvais pas ne pas dire ça à Cyan et donc tant qu’à faire crever l’abcès. J’avale ma salive. En plus, il a le droit de savoir. C’est son foetus autant que le mien (mais c’est mon corps plus que le mien).

— Pffffff, je soupire. Y’aura jamais de bon moment pour dire ça. Cyan ?


Ok j’me dégonfle.

— Tu..

Gnnnnnnn god help me. Pas de blague sur le shampoing. Ni sur le premier baiser. Ni sur le fait qu'il m'ait fait perdre tous mes jobs. Allez Rhy. Rhy ! Rhy ! Rhy ! Rhy ! Les tribunes scandent mon nom. J’ai sûrement l’air décédée du dedans, à fixer un point imaginaire, les joues rouges. Puis les larmes aux yeux. Puis j’ouvre la bouche comme si je manquais d’air.

— Je suis enceinte, en fait.

Il est loin le temps de la bibliothèque où je savais toujours quoi dire, une répartie en béton. Je sais qu’il ne me quittera pas pour si peu (est-ce vraiment si peu ?) et j’ai confiance en lui, mais je n’ose aucune blague genre sur les mêlés, ou mais donc un mêlé aura le nom Soul haha, ou ben faudrait se marier parce qu’avant le mariage la vie de moi c’est péché.

J’ose plus rien.

Enfin si, je rajoute, défaitiste, en haussant les épaules.

— Les problèmes.

Allez savoir pourquoi je pleure Torin, je pleure quand j'ai peur genre après un cauchemar où VRAIMENT j'étais enfermée dans une cave et ça s'ouvrait pas, je pleure devant les scènes où des buddies disent qu'ils s'aiment trop dans des moments charnières. Je ne pleure pas mes morts, je ne pleure pas les morts des autres, je ne me pleure pas non plus. Jamais. Les hormones ? L'impossibilité d'avoir une famille avec Cyan ?

Cette phrase m'assassine et je sèche mes yeux un peu humide. Je ne ferais pas de scène et je ne serais pas une idiote.

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyMer 21 Juil 2021 - 11:36


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C'est toujours dans les moments où on pense que tout va bien, qu'une routine peut-être s'installe qu'au final le karma il revient comme un ascenseur qui tombe du dixième étage.


C’est plus fort que moi. J’ai beau l’avoir vu les larmes aux yeux, mes plaisanteries elles ne connaissent pas de limite. Que ce soit face aux ennemis, face au chien du voisin ou aux humains qui déambulent dans la cage d’escalier, mes blagues continuent. P’t’être bien que dans le cas présent, y’a même un semblant d’apaisement qui se greffe. Tout va bien. Tout va bien n’est-ce pas ? Si tu souris, c’est que tout. Va. Bien.

— Tu te calmes de suite. La senteur coco t’as rendu super glowy.

Je ne lui réponds que par un immense sourire. Bien sûr que oui, quel meilleur moment que celui de se détacher de ce monde ensanglanté, de laisser couler la chair, les problèmes, la puanteur derrière soi pour récupérer le plaid, la cheminée, la douceur et se lover dans son appartement à soi. Dans sa propre possession. C’est plus le problème des autres, c’est juste moi, moi, moi. Et puis elle.

Je continue ma tirade sans savoir où elle me mènera. Les justifications sont mises bout à bout sans presque transition mais ça occupe l’esprit et l’espace et c’est tout ce qui compte pour le moment. Les mains continuent à gratter le sang machinalement, comme s’il ne s’agissait que de vaisselle, d’assiettes, de fourchettes. Je récupère un torchon et entrouvre le tiroir à mes pieds pour sortir la bouteille de vinaigre blanc. En dépose un peu sur le torchon. J’sais bien que y’a des dizaines de produits pour faire briller le métal, mais ça personnellement c’est pas mal et surtout ça coûte rien du tout. Non pas que l’argent soit un problème.

— Un truc grave

Je relève la tête, jusqu’à présent curieusement très concentré sur mon ouvrage. En fait, y’a rien de nouveau, le nettoyage des armes, ça me saoule et ça me détend en même temps. Comme un peintre qui apprécie et observe la blancheur de sa toile avant de lui donner des couleurs. Je m’arrête cependant sur les mots de Rhyan. Un truc grave. Les trucs graves nous ont miraculeusement lâché depuis un bout de temps, il est tout à fait normal qu’ils reviennent subitement à la charge. Avoir espéré vivre tranquillement, sans trop grosse pression, c’est un rêve que ne content que les livres de princes et de princesses.

J’incline la tête sur le côté. Je sens qu’elle s’apprête à parler et ça a l’air ô combien important mais le temps s’allonge et j’ai presque envie de la presser. Que le temps n’y change rien, j’ai toujours pas peur d’Anja, ni peur du père – ou presque – et encore moins d’Orpheo. Que l’aide elle n’a qu’à la demander. Si c’est une mission qui l’inquiète, et malgré notre promesse de ne pas nous immiscer dans les affaires de l’autre, alors je l’assisterai. Pas de problème. Y’a aucun, aucun putain de problème. Mais elle le sait pertinemment tout ça, alors pourquoi continuer d’apparaître aussi désemparé ?

— Pffffff. Y’aura jamais de bon moment pour dire ça. Cyan ?

Je la regarde. J’suis pleinement sur elle et même si le sourire a pas tout à fait quitté mes lèvres, c’est plus qu’une façade, une déformation professionnelle. Mon nom dans sa bouche sonne toujours particulier, même après tout ce temps. Sans doute est-ce parce que je l’entends si peu autour de moi. Soul, chef, toi. En général, ça se limite à ces trois appellations. Alors « Cyan ». Ça bouillonne presque d’originalité. Rhyan.

— Tu..

Je fronce les sourcils pour de bon cette fois-ci. Je pensais que l’affaire la regardait strictement mais pourquoi parle-t-elle de moi aussi subitement ? Et pourquoi, mais pourquoi diable ne parvient-elle pas à articuler la moindre syllabe depuis ? Chercher le bon moment pour le dire sans le trouver ? Depuis quand y’a un fossé qui s’est créé entre nous deux ? Je sais pas trop ce qui monte en moi, mais les mots sont les premiers à faire leur entrée. Exit l’intérêt qu’on ne doit pas avoir. Raconte-moi tout.

-Rhyan, qu’est-ce qu’il…
— Je suis enceinte, en fait.

Enc… Quoi ? Mes yeux papillonnent face à la révélation, sans savoir quoi dire, sans savoir quoi faire.
Ah.

— Les problèmes.

Et elle pleure.
Ah bis.
Je plie le bras à mi-hauteur et la désigne du bout du doigt, enfin de l’arme que je tenais dans la main et limite ça me provoque un court-circuit de voir ça. Du coup, je dépose assez brusquement le métal, pas violemment mais juste surpris par mon acte et en plus je ne réitère pas l’action parce que pointer les gens du doigt, c’est mal. J’ai des valeurs maintenant, oui, apparemment. Croyez bien que j’en suis le premier surpris.

Mon index vient gratter l’arête de mon nez et j’expulse tout l’air de mon corps. J’ai absolument aucune réponse et à vrai dire y’a un genre de melting pot d’émotions qui s’entrechoquent pour s’annuler la seconde suivante dans ma tête. Rhyan est enceinte et je me doute que si elle s’effondre là c’est parce que je suis aussi le père. Je suis le père. Le père ? Genre, vraiment ?

Oh damn.
Hahahahaha. Putain, c’est plus fort que moi, je m’appuie contre la table basse et me tourne dos à elle. C’est vraiment, vraiment pas le moment de taper une bonne grosse barre de rire mais malgré tous ses efforts, je suis pris au dépourvu et les nerfs lâchent brutalement. J’suis partagé entre le « c’est une blague » et « mais y’a aucun avenir, Rhyan. On savait pertinemment que ça existait pas, tout ça. ». Mais le miracle s’est fait malgré tout, malgré ses précautions, le hasard s’est pointé et cette situation est complètement invraisemblable.
Les problèmes ? Le problème.

Je tremble à moitié pour retenir les larmes et le rire coincé dans la gorge, la main sur la bouche pour stopper le tout mais y’a quand même du souffle qui s’échappe et finalement, le ballon de baudruche explose. C’est pas un rire qui sonne comme les autres. Il est sincère, oui, mais pas puissant. Il est subi et je suis presque résigné à l’entendre se faire la malle sans mon consentement.

Je me tourne enfin face à elle, les larmes au bord des yeux sans savoir vraiment si c’est dû au rire ou si y’a un truc derrière vraiment capable de faire sortir le liquide lacrymal. Ce serait une première, tant ma dernière crise de larmes semble remonter à avant même ma naissance.

-Désolé. Je… C’est sorti tout seul.

Histoire d’éviter de lui faire croire que je me fous de sa figure. Je prends une grande inspiration tout en levant la tête vers le ciel genre reboot du corps, tout va bien se passer puis expire le trop plein. Cette situation me revient brutalement dans la tête et j’ai à nouveau les nerfs prêts à se briser. J’aimerais juste qu’elle finisse par me dire que c’était une blague mais elle devrait être une très très bonne comédienne pour ça.

-Depuis quand est-ce que…

Hahaha un petit Orpheo Rosenrot Soul mêlé. Bonus s’il s’agit d’une fille. Rayez l’intrus. Y’a huit millions de contradictions dans le bout de chair qui habite son ventre. Une cible, déjà, dans son dos. Un futur plus qu’incertain qui tiendrait davantage du miracle au jour le jour que d’une vraie vie. Mais une promesse aussi, une preuve tangible d’amour. Ça me sidère.
Je fais quelques pas et vient me poser à côté d’elle. C’est fou de ne même plus savoir comment me comporter. L’irréalisme m’entoure, moi qui suis habitué à ôter la vie, on m’annonce subitement que je suis aussi capable de la donner. Certes, par procuration, mais tout de même.
Est-ce que je suis heureux ? En colère ? Non, pas en colère. C’est pas spécialement de sa faute vu son état et il y a toujours moyen d’éviter au môme de naître. La « menace » n’est pas immédiate et tant que ce sera le cas, je parviendrais à garder mon calme. Ce n’est qu’une phrase d’observation pour le moment.
Y’a comme un espèce d’aimant autour d’elle qui me pousse à vouloir la toucher. Vérifier sa présence. Pourtant, je n’en fais rien. Je reste là, inquiet et termine par le plus important :

-Et tu en penses quoi ?

J’en pense qu’elle sait parfaitement tous les problèmes que ça génère, que y’a huit mille raisons de juste tout couper à la source. Qu’on savait dès le début dans quoi on s’embarquait. Mais c’est surtout son choix qui a le plus de poids. Parce que c’est son corps, c’est elle qui souffre le plus. Pour moi, ce ne sont que des paroles, y’a pas d’hormones, pas d’individu qui grandit. Je ne vois que la dangerosité et un bonhomme de plus à protéger, incapable de lui-même se protéger mais bruyant, présent. Je vois les nuits qui raccourcissent et les prises de risques sur le terrain qui augmentent.
Je lui demande ce qu’elle en pense mais la route est déjà tracée, quoi qu’on en dise.

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyMer 21 Juil 2021 - 13:07

Il éclate de rire. D’abord il me pointe du doigt, enfin, de la lame, et ensuite il éclate de rire. J’ai envie de lui jeter un truc à la tête — absolument n’importe quoi fera l’affaire, un Soul, c’est quasiment immortel, alors go lui jeter une Toyota au front.
Mais son hilarité me fauche, et je me mets à rigoler aussi parce que c’est complètement con comme situation.

— Désolé. Je… C’est sorti tout seul.

Je sais bien. Je le connais bien maintenant ; je le sens, même. J’ai les hormones qui me pètent à la tête avec mes émotions, digne d’une rave party dans mon crâne. Go les émotions, mettez les basses à font et laissez la se démerder comme elle peut ! Je renifle, me mouche, je, suis, enceinte. J’ai la stabilité émotionnelle d’un enfant de six mois, qu’est-ce que vous voulez que j’en élève un ?

Mais plus je regarde Cyan, plus j’ai envie, évidemment.

— Depuis quand est-ce que…

Mais il ne termine pas sa phrase. Ça me fait chhhhaud au coeur, en vrai, cette réaction. Ça ne résout absolument rien, mais j’ai bien fait de lui dire. Il vient vers moi sans me toucher mais c’est bon, la barrière s’est brisée pour moi et je viens me coller à lui.

Il sent vraiment la coco et ça me fait ricaner alors que je passe une main dans ses cheveux. Si on m’avait dit que je sortirais aussi longtemps avec quelqu’un d’aussi beau, j’aurais commencé à me la raconter bien plus tôt. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis enceinte — je ne sais même pas pourquoi. Si je veux finir ma vie avec le Soul, autant que je me débarrasse de mes organes reproducteurs.

— Et tu en penses quoi ?
— Que j’me sens pas de lui donner du sang frais d’exorciste tous les matins, je dis en fronçant les sourcils et en secouant la tête. L’odeur… pire que tes fringues dans l’entrée.

Est-ce qu’on pourra être premier degré un jour ? Il me disait ce souvenir de la bibliothèque quelques minutes plus tôt. Je ne sais pas pourquoi on s’est embrassés, ce jour là. Enfin pourquoi lui, il m’a embrassé. Est-ce qu’on s’est reconnus des vies précédentes qu’on avait déjà passé à s’aimer ? Honnêtement, c’est pas si déconnant. Y’a jamais rien eu entre nous. La banque ? J’lui sauve son cul et il me ramène ma pièce à la bibliothèque, il me touche, m’embrasse. La grèce ? Orpheo ? Sa famille ? Rien. D’une simplicité déconcertante comme si ça avait toujours été écrit.

Ah là là.

— Que je voudrais le garder. Que je voudrais une famille avec toi, love. Que j’aimerais voir grandir un mini-toi et moi, prier pour qu’il n’ait rien d’un détonateur sur patte et n’apprenne jamais à passer le moindre mur.

Elle est sentimentale la Rhyan ! Dis donc. Quoi qu’il en soit on a scellé nos destins en continuant de se choisir à travers les mois puis les années. Je ne sais pas ce que pensent sa famille — est-il célibataire à leurs yeux ? et je ne pose pas la question. J’ai eu la faiblesse de l’avouer à Shybaï. Un noeud se fait dans mon estomac ; mettre en danger ce que je crois être l’amour de ma vie est abruti. J’ai été conne.

— Putain, je dis en mi-rigolant et en m’essuyant un oeil. Je pause ma paume contre sa joue. Mais ça va. Je sais ce que nous sommes et je sais ce que nous ne sommes pas. Et c’est okay. N’est-ce pas ?

Il a le droit de savoir et il a son mot à dire aussi. Même si il est pragmatique. Dis-moi de m’en débarrasser, Cyan, s’il te plaît.

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyMer 21 Juil 2021 - 18:29


"You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go"


C'est toujours dans les moments où on pense que tout va bien, qu'une routine peut-être s'installe qu'au final le karma il revient comme un ascenseur qui tombe du dixième étage.


Depuis quand est-ce que… Les mots me restent dans la gorge. J’ai l’impression d’être le spectateur d’une scène aussi tragique que belle, avec un ange en plein milieu, les yeux embués de larmes. J’imagine, vraiment, je tente d’imaginer ce que garder ce bout de nous pourrait entraîner et j’aime pas trop ce que j’y vois. Je regarde Rhyan, avec l’envie de lui dire « mais tu sais que c’est impossible, c’était peut-être un hasard mais ça reste un simple. Hasard. Tu peux pas te le permettre, on ne peut pas se le permettre. Ça ne nous concerne pas que nous, ça concerne aussi ce bout d’humain, son avenir. On l’emmènera où ? Elle comme moi bougeons énormément. Et qu’est-ce qu’on fera lorsqu’il faudra expliquer ce que fait papa, ce que fait maman ? Ou alors faudra-t-il le ou la déposer dans une famille d’accueil, sans lui laisser la probabilité de connaître son ou ses parents ? À quoi bon faire un enfant pour ne pas s’en occuper par la suite. Est-ce que je m’arrête là ou on aborde aussi le gros moyen de pression sur elle ou sur moi selon l’endroit où se fera son éducation ?

Pourtant, lorsqu’elle passe sa main dans mes cheveux, qu’elle rit à moitié, se rapproche, y’a toutes ces évidences qui tombent en miettes à mes pieds. On ne peut pas. On peut vraiment pas. Rhyan, y’a même pas un soupçon d’espoir dans ce gamin. Pourtant, y’a un bout tout caché sous la sueur, le sang, les meurtres, la rudesse et le reste. Un minuscule coin replié sur lui-même qui pourrait espérer sourire face à deux petites syllabes répétées mises bout à bout. Papa. Maman. Je ne sais pas trop comment toutes ces années ont pu passer sans que je cherche un instant à m’éloigner de cette princesse, que son sourire me paraît toujours éclatant, que nos échanges oraux assez musclés, comme des gamins de dix ans qui cherchent le dernier mot, m’amusent toujours autant. Que ses baisers ça reste des morceaux de miel déposés sur ma langue. Qu’au final, j’me sens pas plus différent qu’avant mais que j’ai trouvé un endroit que je peux appeler « home », qu’il soit en Angleterre ou au fin fond de l’Italie, pour peu que je le partage avec elle.

Alors je récupère son avis avant d’annoncer le mien.

— Que j’me sens pas de lui donner du sang frais d’exorciste tous les matins. L’odeur… pire que tes fringues dans l’entrée.

Je souffle du nez, pouffement très léger, avant de lui mettre une micro pichenette au front. C’est pas bien d’utiliser les phrases des autres contre eux. Bien sûr que je me souviens de cette phrase. J’aimerais lui répliquer que les enfants ça s’éduque à deux, qu’au final si j’peux continuer à me nourrir sans qu’elle crame rien, j’parviendrais à faire de même pour le môme. Qu’on serait même pas sûr qu’il choperait de moi et que p’t’être bien que ce serait une Rhyan miniature. Que ça me ferait deux princesses et qu’elle aurait alors du soucis à se faire...
Mais tout reste bloqué dans ma gorge. Parce que ces informations-là, elles montrent le bonheur et le bonheur je doute qu’il soit aussi omniprésent que ça. Je le sais. Elle. Le sait.
Mais elle poursuit.

— Que je voudrais le garder. Que je voudrais une famille avec toi, love. Que j’aimerais voir grandir un mini-toi et moi, prier pour qu’il n’ait rien d’un détonateur sur patte et n’apprenne jamais à passer le moindre mur.

Ou qu’il gagne à la roulette russe et se retrouve avec les deux pouvoirs ! Mais je fronce légèrement les sourcils malgré moi. Ses phrases sont claires, mais elles n’amènent qu’à un autre « mais », celui dont nous sommes tous les deux parfaitement conscients et avec lequel nous nous devons d’être responsables. Mais qui la prendra, cette responsabilité, de briser un « peut-être » ? C’est peut-être la première fois que j’ai l’air aussi décontenancé, face à un mur, une impasse, avec dans les mains une bombe à retardement qui menace d’exploser.

— Putain. Mais ça va. Je sais ce que nous sommes et je sais ce que nous ne sommes pas. Et c’est okay. N’est-ce pas ?

Je ne sais pas quoi répondre alors qu’elle pose la main sur ma joue. J’ai l’air abattu, tiraillé, alors je l’embrasse doucement. Pour me donner un temps de réflexion supplémentaire. Elle demande mon avis et ses yeux me crient de la mettre face au feu rouge. N’est-ce pas que tu sais que c’est voué à l’échec. N’est-ce pas qu’il faut s’en débarrasser tant qu’il en est encore temps, tant qu’on peut ne pas trop s’y attacher. Mais pourquoi tu t’es laissée le temps d’y penser, pourquoi tu m’en as parlé et tu ne t’en es pas immédiatement débarrassé ? Au final, ne sommes-nous simplement pas dans la même situation ? Tu me demandes de te dire de le détruire mais tu espères peut-être aussi ?
Je passe une main dans mes cheveux et à cet instant y’a juste l’honnêteté qui perce. Dans son hésitation et sa splendeur, qui ne répond ni par oui ni par non, qui n’a pas d’avis tranché, pour une fois.

-J’en sais rien. J’en sais vraiment rien. Je…

Pause respiration. Immense pause respiration.

-Ça nous tombe sur les bras et j’ai bien conscience qu’il faudra une réponse très vite mais…

Y’a mes coudes qui tombent sur mes genoux et la tête qui s’enfouit dans mes mains. Dingue qu’après des années, des dizaines d’années à tuer au quotidien, un bout de chair de quelques centimètres me donne autant de fil à retordre. C’est vrai, j’ai jamais eu aussi peur de tuer quelqu’un qui n’existe même pas encore.
Mais je dois continuer. Et pour dire quoi ? Pour poser des pour et des contre que tout le monde connaît ?

-Puis ce sera quoi ? Un mêlé Orpheo Soul Rosenrot. Ça a de quoi retourner les tripes de toute ma famille, même Green je pense. Même Bleu. Je parle même pas de l’organisation. Et d’Orpheo. Sa naissance ne sera rien de plus qu’une bombe si jamais une quelconque personne l’apprend. J’ai jusqu’à présent eu plus ou moins le soutien d’Olive, ou son silence mais ça… je ne le garderai pas longtemps secret.

Les craintes sont posées sur le plateau. Oui, Olive. Il m’était presque sorti de la tête mais il est tout à fait certain que cette nouvelle ne passera pas inaperçu à cause de notre don commun. La fatigue finira par prendre le dessus et les mots seront prononcés à bout de nerfs. Que fera-t-il à ce moment ? Comment la nouvelle sera-t-elle reçue ? J’aimerais qu’il me tabasse jusqu’à se calmer, mais n’aurais-je pas également fortement baissé dans son estime ? Et si les jumeaux Soul en viennent à s’éloigner l’un de l’autre, alors il ne suffirait que de quelques jours pour que père n’en soit averti. Perdue la Rhyan. Perdu l’enfant. Retour à la case départ. La boule roule dans ma gorge, indécise quant au chemin à emprunter.
Y’a pas de phase de test. Soit on prend le risque de tout perdre, pour de vrai cette fois-ci, avec une vraie punition à la clé, double en plus de ça, soit on tente parce que ce bonheur-là, c’est probable qu’on ne le retrouve pas de sitôt.

-J’ai… J’ai pas de leçon à te donner. Je veux juste pas qu’il t’arrive malheur parce que j’ai eu la bêtise de vouloir plus que ce qu’on arrive déjà à faire tenir par miracle, avec un semblant de normalité. Je suis… vraiment heureux de ce que tu dis, de ce que tu fais miroiter et j’aimerais…

Je relève les yeux vers elle. J’ai l’air con, ah j’ai l’air con. J’arrive pas à croire que je vais dire ça.

-J’aimerais vraiment entendre un « papa » sortir de la bouche d’un môme et puis toi qui lui tienne la main à côté, à te moquer de moi pour je ne sais quelle raison. Mais est-ce qu’on pourra vraiment y arriver ? Est-ce qu’on s’en occupera bien du micro-humain qui crie, qui pleure, qui a faim et qui dort peu, pendant au moins un an, tout en restant efficace sur des missions pour la plupart suicidaires ?

J’ai un mal de crâne qui me cisaille brutalement le lobe frontal alors ma main vient masser ma tempe.

-J’ai pas réellement envie de le perdre, mais tu passes avant. J’serai ton soutien quoi qu’il arrive, quoi que tu, ou qu’on décide.

Alors qu'est-ce qu'on décide ?
Un soupir s’échappe de ma gorge, dans un demi-rire. Je pense que ma décision transparaît dans le fond de mes mots mais je suis incapable de lui dire de l’abandonner ici et maintenant. « Tue-le » me semble impensable.

-J’suis désolée, c’est lâche, j’t’ai donné genre aucune réponse concrète. C’est tellement le bordel dans ma tête que j’vais bientôt finir par débiter des âneries je pense.

Comme le « et si c’était pas qu’une hasard, cette grossesse ? Et si y’avait vraiment quelque chose de possible ? » Je me contente de lui renvoyer la balle chaude, incapable de prendre une décision. Faudrait peser encore le pour et le contre. Mais comment peser les émotions ?

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyDim 25 Juil 2021 - 16:03

Cyan ne me dit pas de m’en débarasser et s’ouvre sous mes pieds un vide immense. Un gouffre dans lequel je le sais, je pourrais être avalée et disparaître, tout donner pour un petit autre. Je sais que je suis égoïste habituellement, mais le monde m’a raconté d’autres histoires depuis, d’autres histoires à base de sang et de soleil, du sel de Cyan quand il transpire alors qu’on fait l’amour, de mes mains dans son dos musclé et en perpétuelle reconstruction de blessures, de runes et d’un passé si lourd, si lourd à porter.

-J’en sais rien. J’en sais vraiment rien. Je…

Je l’aime trop, est-ce qu’il sait que je l’aime trop ? Il s’arrête pour respirer et je détaille son visage. Il a un peu changé, il devient quelque d’autre.

-Ça nous tombe sur les bras et j’ai bien conscience qu’il faudra une réponse très vite mais…

Je me demande s’il va me sortir le pitch que j’attends de lui. J’ai un monstre dans le ventre, une bombe à retardement, une épée de Damoclès qu’on gardera au dessus de nos têtes tant que j’aurais cet amas de cellules dans l’utérus.

-Puis ce sera quoi ? Un mêlé Orpheo Soul Rosenrot. Ça a de quoi retourner les tripes de toute ma famille, même Green je pense. Même Bleu. Je parle même pas de l’organisation. Et d’Orpheo. Sa naissance ne sera rien de plus qu’une bombe si jamais une quelconque personne l’apprend. J’ai jusqu’à présent eu plus ou moins le soutien d’Olive, ou son silence mais ça… je ne le garderai pas longtemps secret.

Je le regarde fixement, il ne parle pas bien souvent de sa famille, je ne sais pas dans quelle mesure ils se voient. Arrête-toi là Cyan. Un secret qu’on ne garde pas c’est une déclaration de guerre à tout ce qu’on est censés être. Je m’humecte les lèvres. Arrête-toi là.

-J’ai… J’ai pas de leçon à te donner. Je veux juste pas qu’il t’arrive malheur parce que j’ai eu la bêtise de vouloir plus que ce qu’on arrive déjà à faire tenir par miracle, avec un semblant de normalité. Je suis… vraiment heureux de ce que tu dis, de ce que tu fais miroiter et j’aimerais…
— Cyan.
-J’aimerais vraiment entendre un « papa » sortir de la bouche d’un môme et puis toi qui lui tienne la main à côté, à te moquer de moi pour je ne sais quelle raison. Mais est-ce qu’on pourra vraiment y arriver ? Est-ce qu’on s’en occupera bien du micro-humain qui crie, qui pleure, qui a faim et qui dort peu, pendant au moins un an, tout en restant efficace sur des missions pour la plupart suicidaires ?

Je ferme les yeux, et voilà que je repleure, super ! Elle est où la Rhyan qui tenait la main du garçon dans la bibliothèque, une main sur sa nuque pour l’attirer, une lame contre ses abdos pour l’éventrer juste au cas où ?

-J’ai pas réellement envie de le perdre, mais tu passes avant. J’serai ton soutien quoi qu’il arrive, quoi que tu, ou qu’on décide. J’suis désolée, c’est lâche, j’t’ai donné genre aucune réponse concrète. C’est tellement le bordel dans ma tête que j’vais bientôt finir par débiter des âneries je pense.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah. Putain. Je sèche mes larmes, encore (j’ai soif du coup) et soupire doucement en souriant.

— On ne devrait même pas hésiter. Et pourtant. Mec, on ne devrait même pas hésiter.

Mec comme si on était potes et pas amoureux et que du coup quand t’es ami avec quelqu’un t’es plus cohérent non, tu prends des décisions moins conne, tu es lucide sur la vie sur ce qui se fait de ce qui ne se fait pas.

— Cyan, je…

Je me mords la joue pour pas RECHIALER. RHYAN, PLEASE. Il se met à pleuvoir dehors à cause de moi. Chanmé.

…Si on le garde, on sait qu’on va mettre au monde un enfant déjà… déjà quasiment mort, non ? Comment est-ce qu’on pourrait être prétentieux et penser qu’on réussira à le sauver de tout ? Je suis pas sûre que ça soit un cadeau pour lui. Pour cette possibilité que j’aime déjà.Genre hey ! bienvenue dans la vie ! enfin, la vie… bienvenue dans un hide and seek géant qui durera… mh, laisse moi y penser… toute ta vie. Sans penser à nous. Je passe mes mains sur mon visage en rigolant. J’ai tellement envie de le garder, c’est absurde. L’esprit de contradiction qui va trop loin je crois !

J’essaie de dédramatiser mais c’est débile. C’est bien moins dramatique que ce qu’on dit, j’ai qu’à prendre une pilule ou me faire aspirer ce tas de cellules retrouvées là par accident et c’est la fin, on reprend notre vie normalement, on n’est pas assez cons pour se faire hanter par un choix aussi évident ?

— Je sais même pas comment j’suis tombée enceinte. T’es toujours runé ? Moi j’crois qu’elles ont vieilli mais je pensais pas tant.

Tuez moi. Si j'avais été précautionneuse, on n'en serait pas là.

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyLun 2 Aoû 2021 - 17:07


"You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go"


C'est toujours dans les moments où on pense que tout va bien, qu'une routine peut-être s'installe qu'au final le karma il revient comme un ascenseur qui tombe du dixième étage.


C’est vrai qu’on devrait pas se poser de questions, que cette histoire soit réelle ou non, on sait comment elle finira. Et subir le traumatisme de la perte après avoir enfin cru construire quelque chose ensemble, c’est la pire des sensations. J’ai peur de me projeter trop loin dans le futur car si je m’imagine la couleur de ses cheveux, son visage, la couleur de ses yeux, ce sera d’autant plus difficile de dire non.
Parce qu’on le sait tous les deux, c’est un « non » définitif celui-là, pas un peut-être. Il n’y a pas de peut-être dans la cache à cocher. C’est oui tu vis, non tu meurs dans l’immédiat.

— Cyan.

Elle prononce les quatre lettres de mon prénom mais je suis importé par mon torrent. Je pose les choses, le pour et le contre, le déferlement de mon apocalypse mentale. Je me rends compte qu’elle prend trop de place dans ma vie et que je l’autorise à en prendre encore davantage, avec un petit bout de nous en plus. Toujours le couteau sous la gorge, toujours la peur intrinsèque et l’urgence de changer d’appartement. Les murs n’ont pas l’odeur de nos nuits et de nos trop rares journées passées à nous détendre.

— On ne devrait même pas hésiter. Mec, on ne devrait même pas hésiter.

Je baisse les yeux, désolé de ne pas pouvoir l’aider. Je passe ensuite la main dans ses cheveux, quelque part, paradoxalement heureux de savoir que nos idées sont semblables, qu’avec un peu de chance, une autre vie, la question ne se serait pas posée, qu’on serait devenu parents. Qui sait, p’t’être bien qu’on se serait mariés.
Haha, qu’est-ce que j’suis devenu con.

— Cyan, je…
-Je t’aime.

Ça aide pas, pas du tout, mais elle finit pas sa phrase et la voir pleurer comme ça, ça me brise le cœur. On est face à un mur, une impasse et j’ai besoin de lui dire que je la soutiens. C’est important, non ? Ça me fait rire jaune de savoir que dix minutes plus tôt je m’extasiais de défoncer des exorcistes et maintenant… Maintenant j’ai l’air complètement atterré. La météo change subitement et je comprends que son pouvoir est à l’œuvre. C’est le bordel dans sa tête visiblement. Est-ce que j’aurais dû me la jouer intransigeant, Cyan Soul, sorcier noir, antipathique ?
Avec n’importe qui, oui.
Mais pas elle.

— …Si on le garde, on sait qu’on va mettre au monde un enfant déjà… déjà quasiment mort, non ? Comment est-ce qu’on pourrait être prétentieux et penser qu’on réussira à le sauver de tout ? Je suis pas sûre que ça soit un cadeau pour lui. Genre hey ! bienvenue dans la vie ! enfin, la vie… bienvenue dans un hide and seek géant qui durera… mh, laisse moi y penser… toute ta vie. Sans penser à nous. J’ai tellement envie de le garder, c’est absurde. L’esprit de contradiction qui va trop loin je crois !

J’pense qu’on a juste envie de croire en quelque chose de tangible. De se dire hey ce petit bout-là, ça représente l’amour qu’il y a entre nous deux et on fera tout pour le ou la protéger. Mais s’il décède, qu’est-ce qu’il restera de l’amour intangible ? Est-ce qu’on est sérieusement en train de parier sur des cartes truquées ? Je secoue la tête. J’y crois pas non plus et pourtant comme elle, j’arrive à me persuader d’un minuscule interstice, d’un bout de lumière dans un trou de souris qu’on pourrait essayer d’agrandir pour passer la tête à travers. Mais si je lui dis ça, c’est pas dans mon personnage, non ?

— Je sais même pas comment j’suis tombée enceinte. T’es toujours runé ? Moi j’crois qu’elles ont vieilli mais je pensais pas tant.

Normalement oui, je suis runé, mais c’est tout pareil, à force d’avoir du sang des autres sur le corps, les cicatrices qui se superposent, la poussière, la sueur, la fatigue, ça peut finir par s’effacer, perdre en efficacité. Je vérifie pas tout le temps cela dit, c’est vrai.
Je me gratte la tempe un peu gêné.

« Oui, j’le suis encore mais bon fatalement ça a pas trop dû marcher. J’étais p’t’être ultra crevé la dernière fois et y’a pas eu assez d’énergie pour l’alimenter. »

Des fois, ça m’arrive d’être en panne sèche de magie. C’est rare mais si physiquement ça a l’air d’aller plus ou moins, trois bons gros coups d’onde de choc et j’ai du mal à articuler la moindre rune. Et y’a pas de détecteur sur celles qui sont déjà tracées, pas de truc qui s’allume pour dire « hey, gros, j’fonctionne plus, fais attention. »

« Faudra que je pense à trouver un moyen de savoir quand elle fonctionne et quand c’est vraiment plus le cas. J’suis désolé de t’avoir mis dans une situation pareille. »

Mais c’est fait quand même. Excuse ou non. Il faut faire un choix. On va… Ouais. Je sais.
Je me lève du canapé et pars chercher le paquet de spaghettis, l’ouvre et récupère cinq tiges. J’en casse une et revient avec les cinq dans une main, visuellement tous de la même taille. C’est dangereux, mais puisqu’on s’en tient à ne pas savoir quoi faire, autant laisser le hasard continuer sa route. Je m’installe confortablement devant Rhyan, malgré moi joueur dans l’âme et convaincu de ma méthode.
Très sérieux, je lance :

« J’ai cassé une seule tige. Parce que c’est le seul et unique argument « pour » qu’on puisse avoir. Tires-en une. Si ça tombe sur une longue, c’est qu’il faudra abandonner l’idée. Mais si ça tombe sur la courte. – Je fais une légère pause. Alors... On pourra se donner une chance d’essayer. »

Une chance sur cinq. Je regrette presque de ne pas en avoir mis davantage. Est-ce qu’on peut vraiment décider de la naissance d’un petit sur la base de spaghettis ? La vision des choses est presque pitoyable. Amusante aussi. Sidérante en fait. Comment t’es né ?

Parce que ta mère a tiré le petit brin à la courte paille.

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyMar 14 Sep 2021 - 10:39

Je suis sur le bord de la falaise de la grande chialade, un pas de plus et je m’effondre alors qu’il dit subitement :

— Je t’aime.

Mon visage se défroisse en entier, subitement éclairé par cette petite déclaration, par cet abruti de Cyan qui se jette dans la mêlée des émotions pour lâcher un boulet de canon comme ça. J’étouffe un rire. Ça ne change rien à ce que je vais dire, à ce qu’on va vivre. Mais ça me rappelle à ce qu’on est. Et ce qu’on est, c’est un couple fort, un duo i-né-ga-lable. On est trop bien.
Bon, et trop cons ou trop pas chanceux.

« Oui, j’le suis encore mais bon fatalement ça a pas trop dû marcher. J’étais p’t’être ultra crevé la dernière fois et y’a pas eu assez d’énergie pour l’alimenter. »

Je grommelle un son dans ma barbe. Trop fatigué pour alimenter une rune mais pas pour le sexe. Ça ne fait aucun sens mais il doit sûrement avoir raison.

« Faudra que je pense à trouver un moyen de savoir quand elle fonctionne et quand c’est vraiment plus le cas. J’suis désolé de t’avoir mis dans une situation pareille. »

Je lui fais un grand sourire, un peu lubrique, désolée, les pensées pleines de ses lèvres sur ma peau, son odeur après l’amour et ses cheveux qui retombent devant ses yeux, les bleus que parfois ses doigts impriment sur moi, quand il rigole, mes doigts dans sa nuque.

— Pas moi.

J’souris, sans me sentir obligée de dire mais c’est pas toi Cyan, t’y es pour rien, parce qu’il y est pour quelque chose et moi aussi.

Il se lève d’un coup et j’me dis ah? mais il revient, avec, un paquet, de, spaghettis. Je me répète, un paquet, de, pâtes. Il revient avec des pâtes crues.

Il revient avec des pâtes.

Je fronce les sourcils, hyper sceptique quand je comprends qu’on va tirer notre futur et notre enfant ou pas à la courte paille. Un rire nerveux se bloque dans ma gorge.

« J’ai cassé une seule tige. Parce que c’est le seul et unique argument « pour » qu’on puisse avoir. Tires-en une. Si ça tombe sur une longue, c’est qu’il faudra abandonner l’idée. Mais si ça tombe sur la courte. Alors... On pourra se donner une chance d’essayer. »

Je ne sais pas que dire. J’ai trop envie de le garder, mais je sais que c’est absurde. Je laisse passer un moment long, qui s’étire encore, encore, encore, encore.

— J’suis désolée j’peux pas, je finis par avouer, penaud. Soit, on décide de l’avoir, et ça sera un enfant voulu, soit on laisse tomber parce qu’on est plus intelligents que ça.

J’suis pas sûre qu’on soit plus intelligents que ça.

— J’crois que je veux le garder, mais je sais pas si on aura les épaules de supporter un décès. L’énergie de cicatriser d’un truc pareil.

Ou la solidité de supporter de dire non, pas de bébé Cyan, pas de mini patte aux yeux océans, pas de problème de famille, pas de Soul à nos trousses, d’Anja Von Duisbourg échevelée qui nous courrait après dans la rue.

Mais si on le garde, je le sais bien, le temps sera compté.

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MessageSujet: Re: You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go   You gave me something so real I'm running low I'm sorry but I have to go EmptyVen 17 Sep 2021 - 10:24


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C'est toujours dans les moments où on pense que tout va bien, qu'une routine peut-être s'installe qu'au final le karma il revient comme un ascenseur qui tombe du dixième étage.


J’suis un imbécile heureux. Un imbécile heureux qui contemple le destin d’un bout de chair pas même formé, pas même conscient, pas même…



J’aimerais me voir en dehors de moi, spectateur de ce petit théâtre dramatique, entre ces quatre murs peints à la chaux d’une couleur pas trop claire, pour couvrir le sang des autres ou des deux personnages principaux. De ma place de spectateur, je pourrais réfléchir objectivement, froidement, détaché de ce qui s’apprête à pointer le bout du nez. Je me rendrais compte de l’impossibilité, du choix qui n’a pas lieu d’être. Je répondrais d’un franc et sincère « non ».
Mais l’hypnose n’a jamais fonctionné, je ne suis jamais sorti de mon corps et je découvre tous mes sentiments d’ordinaire si parfaitement lissés par mon éducation. Les Soul ne sont pas dépourvus d’âme, malgré ce que tout le monde raconte. Green est père, Bleu est douce, Olive m’aime de tout son coeur, Redwan… Red… Hm.
Passons…
Et je suis amoureux d’une exorciste.

J’lui dis que je suis désolé mais les mots du « j’voulais pas ça » restent coincés dans ma gorge. J’n’ai pas délibérément empêché mes runes de fonctionner, je me risquerai pas volontairement à déclencher ce genre de… De chose. Y’a clairement plus de raisons de se faire du mal que de bonheur à récupérer avec une nouvelle pareille.
Je suis heureux qu’elle sourit enfin un peu. Que malgré la marée d’émotions, on retrouve pas que l’écume du désespoir sur les grains de sable.

- Pas moi.

Je lui renvoie un sourire mi-gêné, mi-inquiet. L’air de dire que vraiment, c’est pas des mots à prononcer. Que c’est pas comme ça qu’on va pouvoir faire disparaître les sentiments et apprendre à ne pas fléchir face à l’impossible. Je grommelle un peu, décidé à faire entrer une nouvelle amie dans notre carrousel d’incertitudes. Le hasard.Un hasard magnifique qui sauve la vie, peut-être les vies indirectement mises en jeu. C’est souvent comme ça qu’on finit les missions chez moi. En offrant une part non négligeable au hasard.
Tu te souviens Rhy, le jour où j’t’ai sauvé au pile ou face ? Le jour où j’ai refusé de t’abandonner.
Alors joue. Joue avec des pâtes parce que j’n’ai que ça sous la main.

Mais elle m’observe sans rien dire et je ne lis pas d’hésitation, seulement de l’incompréhension. À mon tour, je ne saisis pas la raison de son inaction. N’est-ce pas la meilleure solution ? À défaut de n’avoir aucun troisième personnage disponible pour trancher…
Je n’ai pas le temps d’achever mes pensées qu’elle répond :

- J’suis désolée, j’peux pas. Soit, on décide de l’avoir, et ça sera un enfant voulu, soit on laisse tomber parce qu’on est plus intelligents que ça.

J’suis pas sûr d’être intelligent. Pas pour ça, tout du moins. Choisir de faire entrer cet enfant dans une famille. Dans notre famille. Subitement, c’est un pans de mon conditionnement familial qui s’effondre et un immense frisson parcoure ma colonne vertébrale. Je baisse la tête, sombre. Accepter cet enfant, c’est lui accorder une importance capitale, le placer sur un pilier central. C’est risquer non pas seulement la mort d’un enfant, mais celle d’une relation.
Jusqu’où suis-je prêt à aller pour contempler le visage d’un nourrisson ? Aussi… fragile qu’une feuille.
Est-ce que je serai seulement capable de le tenir sans le casser ?
Est-ce que je serai capable de le protéger d’absolument tout ? Parce que c’est ça concrètement, non ? Le protéger d’absolument, absolument tout.

- J’crois que j’veux le garder, mais je sais pas si on aura les épaules de supporter un décès. L’énergie de cicatriser d’un truc pareil.

Elle a raison. Mes mots se superposent parfaitement aux siens et ça réveille des sentiments contrastés. Je prends le petit brin des pâtes entre mes doigts et dépose le reste sur la table comme des mikado qu’on lance avant de jouer. Sauf que tout ceci n’est pas un jeu. C’est la vraie vie et y’a père, y’a Orpheo ou Rosenrot, Anja, y’a le monde contre la preuve vivante qu’on est capable de créer un truc malgré nos différences.
Enfin, j’aimerais pas perdre mon audience, j’aime toujours déchiqueter de l’exorciste.
Juste, pas tous.

Je joue avec ses cheveux un peu ondulés et dépose enfin le dernier brin sur la table, un peu à l’écart des autres.
Me décide enfin à parler après un soupir.

« Alors on devrait essayer. Enfin, j’veux dire, j’prends la responsabilité de te demander qu’on essaye. Je donnerai toute mon âme pour protéger le môme et ce qu’on a construit jusqu’à présent. Et si… »

J’me tais un instant, même si la certitude de ce que je m’apprête à dire me retourne l’estomac. Mais j’ai été élevé pour évaluer tous les plans, toutes les échéances et survivre, avant tout. Alors j’peux pas juste rester heureux et me contenter d’un « advienne que pourra ». J’veux qu’elle comprenne que je suis parfaitement conscient de l’épée de Damoclès au-dessus de nous deux, plus présente que jamais.

« Et si… Mais si on le perd, j’veux qu’on gère ça ensemble. Parce que si supporter ça, ce sera quasi-impossible, te perdre m’achèvera. »

Je ferme les yeux. Voilà, j’ai choisi le petit brin. Contre toute attente, à dix milles kilomètres de mon caractère, je me suis lancé à corps perdu dans cette mission suicide et je sais que ça se finira mal. J’suis prêt à le mettre à Orpheo pour peu qu’on le protège, j’suis prêt à faire confiance à mes ennemis pour peu qu’ils l’éloignent de mon père.
Parce que lui ne fera aucune exception. Parce qu’il m’aura certainement renié à cet instant précis.

Je trouve la force, sortie de nulle part, de sourire.

« Et j’aurais toujours besoin de toi pour me faire passer à travers les murs. »

Princesse requin.
Maman princesse requin.

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