Le polonais prend un immense respiration, laisse les gens s’installer dans la salle. Il ne sait pas qui sait quoi à propos du fiasco Rosenrot, mais de ce qu’il a compris, les bouches sont restées closes.

Il sait surtout que Sloane Carver n’a rien dit, n’a pas moufté, n’a pas dit son prénom. Il ne sait pas pourquoi, et je ne compte pas découvrir le pourquoi du comment. En plus il y a vraiment beaucoup de monde dans la salle, et parce que je fais comment il faut les choses de la vie : je connais tous les visages. Tous.

Je toussotte pour attirer l’attention avant de projeter les visages des fantômes de leur vivant.

« Voici les trois frères Stevens, respectivement Luke, horrificateur, Austin, élémentariste eau, Harrison, lévitation, téléportation. Des triplés, tous mêlés, tous nés en 1996. Morts. On ne sait pas comment. »

Je change de slide pour montrer les dégâts à Londres, dans plusieurs quartiers.

« Aucun des trois n’est connu pour être élémentariste feu. »

Pourtant, tout n’est que brûlures.

« Ils continuent de parler de manière récurrente d’une Lola, nous ne savons pas de qui il s’agit jusque-là. »

Il s’essuie les paumes sur son jean, lisse le col de sa chemise. Il a mis longtemps à recouper les informations de tout le monde.

« Ce que je sais, c’est que parfois, le problème vient de l’instant de la mort et des éléments liés avec ça. Les enfants tués par leurs parents, par exemple, ont toutes les chances de rester errer sur terre : une histoire de manque d’humanité de la part du coupable, d’incompréhension, un quelque chose qui les rattache. Est-ce que quelqu’un ici a essayé de les exorciser ? »

Il passe à la slide suivante.

« Je crois qu’il est nécessaire de les piéger dans un endroit pour soit, les innihiler, soit, creuser dans leur passé avec des runes. Mélanger tous nos savoir faire et se réussir pour essayer d’avoir des flots d’informations pour qu’on puisse s’en débarasser au plus vite. Mais ces gens là avaient sûrement un entourage, des trucs laissés derrière, des passions, des peurs, tout ça à la foi. Les systèmes de runes sont très complexes et extrêmement durs à travailler et c’est le but de notre réunion. Chacun parle des langues différentes, a une culture différente, s’attache à des symboles différents : c’est tout l’enjeu des runes, elles évoluent comme le langage évolue. Vous avez eu une bonne semaine depuis la réception des documents pour proposer quelque chose, vous êtes invités à venir tour à tour présenter vos idées : runes, incantations, dessins, impact, tout ce que vous pourrez dire est intéressant, sera examiné et testé. »