Namyon se redressa et manqua s'envoyer la tête dans un placard non fermé. Elle aurait juré l'avoir fermé d'ailleurs. D'habitude, elle était loin d'être aussi maladroite et négligente. Mais voilà, il allait falloir revoir ce que désignait l'habitude, parce qu'en ce moment ça lui arrivait assez régulièrement. Placard par-ci, porte ou mur par-là. N'exagérons rien, ce n'était que de la négligence parce qu'elle était dans la Lune. Toujours à cause du même mec d'ailleurs.
Tout ça parce que ça commençait à faire un petit -énorme selon elle- moment qu'ils ne s'étaient pas vu, après le lac. Forcément ça commençait à lui peser. Et à l'inquiéter aussi. Après tout, les seuls moments où ils communiquaient, c'était quand ils se voyaient. Actuellement, elle ne savait donc pas dans quel état se trouvait le sorcier, même si il était très probablement en pleine forme. Parce qu'après tout, ça restait David.
N'empêche que ça la rendait un peu négligente du reste. Heureusement que ça se déclarait chez elle, dans son appartement. Seul Ichiru en faisait les frais comme ça, le pauvre.
D'une main, elle ferma le placard en soupirant. Il était temps de sortir de l'appartement, une sortie lui ferait du bien. Et puis, ça faisait un moment qu'elle voulait explorer le Domaine Landcastle plus en profondeur. On lui avait parlé de ruines, et elle comptait bien s'y rendre. Parce qu'elles envoyaient des signaux à sa curiosité qui demandait à sortir avec insistance, comme un gosse voulant aller au parc d'attraction. Alors elle attrapa rapidement une veste noire qu'elle enfila par dessus son haut de la même couleur, attrapa une dague d'exorciste et sortit sans embarquer ses clés. Quand elle rentrerait, il ne lui resterait plus qu'à prier pour que son colocataire soit toujours dans l'appartement.
Les marches de l'escalier furent dévalées deux à deux, avec une superbe réception à l'arrivée. Puis la jeune femme s'engagea dans les rues du village, prenant le chemin le plus court pour en sortir. Parce qu'évidemment, elle était pressée de s'envoler.
Lançant de temps en temps des saluts de la main accompagnés de sourires aux gens qu'elle connaissait et croisait, elle avançait rapidement et fut sur les routes en quelques minutes. Encore cinq minutes, et la voilà dans un endroit suffisamment désert pour qu'elle puisse aller imiter les moineaux.
Voler, c'était quand même hyper pratique. A part imiter le canard pendant les saisons de chasse autorisée, c'était sans danger, bien pratique pour aller vite, et permettait de se mettre hors de portée.
A filer à toute vitesse, il ne lui fallu pas longtemps pour arriver à proximité des ruines en question. Enfin, de leur supposée place selon sa source. Ce n'étaient pas des ruines cachées, c'était juste que la personne qui les avait mentionné ne semblait pas des plus claires. Elle avait aussi parlé de fantômes. Et ça tombait sous le sens que des poltergeist affectionnent cet endroit. D'où le fait que Namyon avait attrapé une petite dague d'exorciste au passage précédemment. Arme qu'elle avait caché en route.
Lentement, elle descendit du ciel pour atterrir sur le plancher des vaches et commença à marcher doucement.
L'endroit était envahit par tout un tas de plantes grimpantes qui s'accrochaient joyeusement aux pierres des ruines. Assez glauque comme coin mine de rien.
Au fur et à mesure de son avancée, elle percevait des sons à droite, à gauche. Tantôt un animal, tantôt un vieux machin qui se dégradait un peu plus. Et puis, au milieu de tout ça, un murmure insistant et qui pourtant semblait lointain, peu importe où la sorcière bougeait. A force, elle allait vraiment commencer à flipper.
En fait, c'était déjà plus ou moins le cas, mais comme elle était terriblement curieuse, elle continuait de flâner. Et le murmure toujours présent, qui soufflait des mots incompréhensibles. Ou tout du moins, que le cerveau de la sorcière n'enregistrait pas. Elle frissonna lentement tout en continuant d'avancer à l'aveuglette, vers ce qu'elle pensait être la source du bruit.

Alors là, elle avait fait fort. Déranger David... En pleine séance de magie noire. La chose à ne pas faire quand on est la copine d'un sorcier noir sans être soi même sorcière noire. C'était pas forcément évident à comprendre tout de suite, mais personne ne pouvait dire que c'était faux. En tout cas, personne dont la survie dépassait la minute. De là, on pouvait donc conclure, en voyant Namyon rester sur place comme un arbre, que son espérance de vie n'excédait pas la minute.
Mais peut-être pas. Parce que sa spécialité, en plus de la fuite au dernier moment, c'était bien de déranger David quand il ne le fallait pas. Sortie de douche, bourré dans un champ, de très méchante humeur après l'épisode du champ en question, à trois heures du matin au bord d'un lac... Douée hein? C'était aussi ce qu'elle pensait.
Elle avait vu la lionne en arrivant dans le cercle éclairé par le feu, mais ne s'en souciait pas pour le moment. Au diable cet animal gênant. Elle ne savait toujours pas pourquoi elles se faisaient la guerre d'ailleurs.
Quelque chose lui criait de stopper le sorcier tout de suite. Les cours d'exorcisme et les recommandations lui tournaient dans la tête. Elle n'était pas la plus attachée à Orpheo, il n'empêche qu'elle avait juré de combattre les sorciers noirs, et qu'elle avait fait tout le contraire depuis le début. En même temps, allez tomber amoureuse de votre ennemi. La tâche sera tout de suite beaucoup plus ardue. Voire irréalisable. En tout cas pour Namyon ça l'était. Elle voyait le sorcier sans le voir, les esprits tournant autour de lui accentuaient l'aspect déjà irréel de la scène. Quelque chose lui soufflait qu'il était complètement pris par cet espèce de rituel et n'avait conscience de rien. Pourtant, un appel sortit de sa bouche.

- Da... David?

Pour toute réponse, elle reçut une entaille au visage, fait par une lame invisible. Blessure qui partait d'au dessus de sa mâchoire pour barrer toute sa joue, et suffisamment profonde pour laisser le sang couler. Comme tirée brusquement d'un monde parallèle, elle ressentit soudain tous les sentiments qui frappaient à sa porte depuis quelques secondes. A commencer par une peur violente qui lui broya le ventre avant de se calmer, à la manière d'une forte averse.
Le sorcier pointa sa dague sur elle, qui se fit violence pour ne pas esquisser un seul geste envers sa propre arme par réflexe. Du coin de l'oeil, elle remarqua la lionne qui s'approchait.

- Que le mal frappe, fais-la tienne. Elle est à toi, prends-la, tues-la.

Et avec ça il commença à l'approcher, menaçant. Parmi les pensées précipitées dans la tête de la sorcière, celle qui écrasait toutes les autres était qu'il ne fallait pas le laisser approcher de trop près. Ni lui, ni la lionne. Surtout pas la lionne d'ailleurs, parce que depuis le temps que cette bête voulait en faire son repas...
Elle hésitait à faire sortir sa magie, n'ayant pas la moindre idée de comment réagiraient les sorts qui entouraient l'homme face à la magie blanche. Cependant, à le voir avancer, son temps de réflexion diminuait presque de moitié à chaque pas. La jeune femme prit une inspiration pour tenter de calmer son cœur, sans succès. Impossible de se calmer, et lorsque le sorcier fut trop proche à son goût, elle commença à reculer lentement. Quelque chose la retenait là, l'empêchait de fuir. Après quant à définir ce quelque chose... Amour, magie noire, curiosité, inconscience, fascination, peur? Peut-être le tout.

- David, c'est Namyon. Tu ne me reconnais pas?

Maigre tentative de raisonnement, mais elle n'arrivait pas à penser clairement tant elle était embrouillée. Ses yeux sombres rencontrèrent ceux, verts, du sorcier qui reflétaient quelque chose de plus qu'à l'accoutumée. Tentant de soutenir son regard le plus longtemps qu'elle put, elle ajouta:

- Tu es utilisé par ta magie, arrêtes ça !

Et enfin, elle se décida préparer sa propre magie très légèrement au bout de ses doigts. Certainement pas pour frapper le sorcier, mais la lionne commençait à sérieusement la menacer. Du feu sur la truffe, ça lui ferait du bien.
En reculant, elle n'avait pas conscience des possibles obstacles derrière elle. Un mur, un rocher ou bien un caillou délabré, et elle pouvait se retrouver coincée, ou tomber, très facilement.

L'atmosphère tournait un peu beaucoup à l'horreur. Entre les fantômes qui hurlaient, David qui n'était plus tout à fait David -et Dieu sait ce qui était arrivé la dernière fois qu'il n'avait plus été tout à fait lui-même- et puis, la nuit qui tombait, implacable et insensible à ce qui se passait en dessous, Namyon ne cherchait même pas à contenir sa peur. De toute façon, vu comme le sorcier souriait d'un air mauvais, et comme les fantômes s'agitaient, tout le "monde" présent devait être au courant que ce n'était pas la joie chez la sorcière.
Le fait qu'il ne la reconnaisse pas la blessa intérieurement, même si elle avait de plus en plus conscience que le sorcier n'était pas présent. Tout du moins, pas mentalement. Si c'était quelqu'un d'autre, normal qu'il ne la reconnaisse pas, non?
La lionne se plaça derrière elle en grognant. Si la sorcière avait été télékinésiste, l'animal aurait déjà passé son baptême de l'air depuis longtemps. Lionne volante sans ailes, et surtout lionne loin de la sorcière.

- Je ne suis utilisé par rien du tout.

Comment lui faire comprendre qu'il se trompait, et ne s'en rendait même pas compte?
Le sorcier eut vite fait de la rattraper, et de lui poser sa lame sur la jugulaire, provoquant par la même occasion l'arrêt de Namyon qui se figea sur place.

- Tu es à moi...

Non sans blague. Sauf que le sorcier semblait de plus en plus ailleurs, et qu'il était plus que probable que le "tu es à moi" soit ici un synonyme de "je vais te tuer". Et pas autre chose.
La lame lui entailla légèrement le cou alors que le sorcier l'embrassa avec violence. Elle voulu reculer, fuir et rompre le baiser. Sauf qu'elle resta, en essayant de ramener le sorcier par son geste, en répondant au baiser. Belle tentative, mais c'était raté.
La lionne rugit dans son dos, et la seule chose qui reteint la sorcière de violement tressaillir était la lame sur sa gorge. Pas encore suicidaire. Même si on pouvait penser le contraire.
Il rompit le baiser pour se mordre la lèvre jusqu'au sang, sous l'incompréhension totale de la femme. Elle constata que derrière lui, les âmes semblaient avoir disparu. Après quant à savoir si c'était bon ou mauvais signe...

- On se connait?

L'étonnement passa sur le visage de la jeune femme. Étonnement vite remplacé par de la peur lorsqu'il lui attrapa le poignet, en cherchant visiblement du regard où il pourrait bien enfoncer son arme. Ni une, ni deux, sans réfléchir la femme profita du fait qu'il tenait fermement son poignet pour tirer dessus et attirer l'homme vers elle. De là, elle se colla à lui puis l'embrassa doucement, comme elle le faisait toujours. Le sang dans la bouche de l'homme la rebuta intérieurement, mais elle passa outre, essayant de rappeler au sorcier qui elle était par des gestes, des sensations qui normalement éveilleraient quelque chose en lui.
Maintenant restait à savoir si ça allait être en bien ou en mal. Des fois que, complètement mal luné, il déciderait de la violer avant de s'amuser à la découper dans son trip de sorcier noir...
Rompant le baiser, elle recula la tête, son poignet toujours dans la main du sorcier.

- Oui on se connait.

Au dessus d'eux, le ciel grondait depuis un petit moment, et les nuages le rendaient noir d'encre. Si il n'y avait pas eu ce feu et sa lumière, c'était le noir, comme au delà du cercle de lumière projeté par l'élément. Pas de lampadaire au milieu des ruines dans la campagne écossaise. Quoi qu'il puisse se passer ici, personne ne le verrait. Et si il se mettait à pleuvoir, et que le feu s'éteignait, ils seraient carrément mal. Enfin, la sorcière savait bien invoquer du feu, mais sous la pluie...
Elle tira sur son poignet captif pour le libérer. Si rien ne ramenait la mémoire au sorcier, elle avait intérêt à vite se tirer. Mais si il la retenait, la fuite serait tout de suite beaucoup moins facile.

- On sort ensemble, David...

Voilà une phrase qui impliquait pas mal de choses. Mais surtout, la sorcière espérait qu'il commence au moins à la reconnaitre. Parce que pour le moment, elle avait l'impression de parler à un amnésique. Et quand l'amnésique en question est la personne qu'on aime, ça fait mal.

Mauvaise manipulation, vouloir récupérer son bras ne lui apporta qu'une lame sous la gorge de nouveau. Et un sorcier collé à elle, avec des intentions de plus en plus quoi... Tordues, malsaines? Disons que le mélange de ses intentions ne présageait pas vraiment de bons moments. Tout du moins pour Namyon.

- Tu comptes partir? Mais ce que je te veux Namyon.

Retrouvait-il soudainement la mémoire? A son regard pourtant, quelque chose disait que si il avait retrouvé la mémoire, ce n'était pas tout à fait transparent dans son esprit. Ou alors ça l'était trop et quelque chose clochait ailleurs, puisqu'il ne semblait pas enclin à laisser fuir la sorcière. Toujours est-il qu'elle ne savait plus quoi penser. La peur lui disait de fuir sans chercher à comprendre. Peut être bien que c'était ce qu'il y avait de plus sage à faire. Mais voilà, comme à chaque fois qu'elle croisait cet homme, elle ne fuirait qu'au dernier moment. Si son état le lui permettrait.
Pour en revenir à son affirmation, si soudainement il laissait tomber sa magie noire, éloignait cette dague d'elle et se montrait un peu moins dangereux, elle pourrait très bien le laisser faire. Parce qu'après tout, dans des conditions normales, elle avait aussi envie de lui. Mais là pour le coup, la menace de se vider de son sang pour une cérémonie obscure coupait court à toute envie. Quand c'était pas la lionne, c'était la dague. Et quand ce n'était ni l'une ni l'autre, il restait encore la magie.
Le sorcier lui effleura les lèvres avant de la regarder d'un air où le désir se mêlait à autre chose, pas vraiment identifiable, et qui ne portait peut être même pas de nom. Puis il tira sur son bras pour le lever aussi haut qu'il pu et apposa la pointe de sa dague dessus, appuyant suffisamment pour en tirer du sang.
Namyon ne comprenait pas ce qu'il faisait, par contre elle entendit distinctement le grognement de plaisir qu'il laissa sortir à la vue du liquide rouge. Tout comme elle le vit clairement se pencher pour aller lécher ce même liquide. Ça virait au glauque. Le sado-masochisme, c'était pas vraiment son truc, il allait falloir changer le sorcier d'objectif. Seulement, avant qu'elle ne puisse émettre un son, le sorcier vint violemment prendre ses lèvres, tout en continuant de jouer de la pointe de son arme sur le bras offert. Sentir l'acier froid effleurer son bras, et même l'entailler -aussi légères que soient ces entailles- la fit frissonner de peur, tandis qu'elle contint de justesse un mouvement de recul. Son bras ne la brûlait pas encore, mais à force ça viendrait. Déjà, les sillons laissés par la lame se colorait de rouge. Le sang ne coulerait probablement pas, et les marques disparaitraient au bout de quelques jours, mais pour le moment, elles n'en restaient pas moins présentes et visibles.
Toujours aussi brusque, David coupa le baiser avant de dire:

- Je sais ça aussi, je peux te lâcher, mais promets-moi alors de ne pas t'enfuir. Si tu me le promets, je te lâche...

A force, elle commençait à savoir que quand David était dans un état second et que tout son mauvais côté ressortait, il valait mieux lui obéir. Bien entendu, ça ne l'empêchait absolument pas d'attendre une ouverture pour se tirer rapidement. Mais quelque chose lui disait que quelque part, si elle s'en allait, le sorcier serait déçu. Et puis bien entendu, même si c'était complètement tordu de l'avouer, il y avait une certaine curiosité quant à la suite des événements qui lui tiraillait l'esprit. Quelque part, on était en droit de se demander si oui ou non elle avait conscience qu'elle risquait de finir zébrée de diverses coupures, voire plus. Et même si elle n'y laisserait pas la vie, elle y laisserait des plumes comme on dit. Son bras en montrait déjà les marques.
David promena sa dague de son bras à son visage, qui portait déjà une belle entaille sur toute la joue droite. Allez, à force elle se transformerait en zèbre. Un zèbre un peu particulier, puisqu'au lieu d'être noir et blanc, il serait beige et rouge. La sorcière se força à ne pas regarder l'arme, et à fixer le sorcier dans les yeux à la place. Elle n'avait pas fait un geste brusque, et s'apprêtait à lui dire qu'elle comptait rester. Mais une fois de plus, elle n'eut pas le temps de placer quoi que ce soit, car l'homme alla jusqu'à son oreille qu'il lécha avant d'y glisser tout un tas de choses interdites au moins de dix-huit ans. En fait, peut être même plus que dix-huit ans. Il avait une imagination très intéressante. Dommage qu'elle soit aussi fertile quand il s'agit d'utiliser une arme. En l'occurrence la dague. Ça créait tout de suite une certaine réticence chez la sorcière. On allait pas la blâmer non plus.
Que devait-elle faire? Sortir son arme, et qu'ils commencent à joyeusement se marquer l'un l'autre? Vous en conviendrez, c'est quelque chose qu'il vaudrait mieux laisser à d'autres. Donc sa dague resterait bien cachée. Dès fois qu'il vienne des idées saugrenues dans la tête du sorcier. Sait-on jamais.
Namyon déglutit nerveusement, et laissa s'écouler quelques secondes de plus pour s'assurer que sa voix ne tremblerait pas, puis dit:

- Je reste et ne fuirai pas, je te le promets.

Et pour lui prouver qu'effectivement elle ne partirait pas, elle posa sa main libre sur la joue de l'homme, tourna la tête -du côté opposé à la lame- et lui vola ses lèvres. Il n'y avait aucune brusquerie dans ses gestes, elle ne chercha même pas à déloger son bras, se concentrant juste sur l'échange de leurs langues, sur la proximité de l'homme. Oubliée la dague à cinq centimètres de sa joue, oublié le rituel en cours, oubliée la lionne qui était déjà partie depuis un moment. Oublié le fait qu'elle n'avait absolument pas la moindre idée de ce que le sorcier comptait faire après ça. Restaient leur contact, et la peur. Toujours cet étrange mélange de peur, de désir, d'amour, auquel décidément elle ne s'habituerait jamais. Qu'importe, qu'elle s'habitue ou non on ne lui laissait pas le choix.
Le pire, c'était qu'elle aimait ça au final.
Elle coupa lentement le baiser, laissant ses lèvres effleurer celles du sorcier lorsqu'elle demanda:

- Qu'est-ce que tu veux?

A part se la faire, bien entendu.
La logique s'indignait quand même, parce que la sorcière devrait être en train -à défaut de taper sur le sorcier- d'essayer de se renseigner, de faire quelque chose que son camp ferait. Et à la place... A la place elle cédait à ses émotions, se fourrait dans des situations pas possibles parce que cet homme était là, et en redemandait la fois d'après.

Et zou! La dague vola pour se ficher dans le mur. Soulagement général chez la sorcière. Bah oui, on se sent tout de suite mieux quand il n'y a pas ce genre de chose proche, très proche, trop proche d'une partie vitale de son corps.
David posa ses mains sur les épaules de la sorcière qui commença à sentir l'inquiétude naitre en elle. Inquiétude envers le sorcier. Son regard avait changé pour perdre cette lueur de folie causée par la magie noire. Il était enfin complètement revenu à lui?

- Je ne sais plus...

Alors la magie avait carrément remplacé le sorcier pour un temps, c'était ce qu'il fallait comprendre? L'homme semblait perdu, à regarder autour de lui. Il n'avait vraiment aucun souvenir? La sorcière ne comprenait plus trop, mais ne posa pas de questions. Mieux valait ne pas demander. Et puis, David semblait avoir pris des heures de sommeil en moins sur la tête d'un seul coup. Plus de magie noire, plus d'énergie. Plus de danger? Ça, ça restait à voir. Pour le moment elle se fichait bien du danger, observant le sorcier revenir lentement à lui, sans pour autant avoir l'air de vraiment savoir ce qu'il avait fait. Oh, il finirait par s'en rendre compte, à la voir pleine de longues coupures rouges. Son bras commençait d'ailleurs à la piquer à force.

- J'allais te blesser, je crois.

Il croyait ou il en était sur? Qu'importe. C'était fait de toute façon, et heureusement il ne l'avait pas poignardée. Enfin, elle n'était pas très nette non plus hein, à rester dans des lieux comme ça le soir en présence d'un homme contrôlé par la magie noire. Mais ça, allez donc lui dire, elle hocherait la tête, et recommencerait aussitôt qu'elle pourrait. L'amour prenait certaines proportions étranges avec ces deux là.
David faiblissait un peu plus avec les secondes. La prise sur les épaules de la sorcière se faisait plus légère, moins serrée, et pour peu, elle aurait juré que David risquait de s'écrouler. Sauf qu'il semblait encore solide sur ses jambes. Et puis, c'était David quoi. Il serait capable de piquer une crise parce qu'il se serait évanoui. Autant qu'il reste conscient.

- Tu es sur que ça va aller ?

Namyon regarda rapidement autour d'eux. Le noir total, sauf pour le feu. Si un fantôme décidait de jouer un tour à quelqu'un, il pouvait se pointer tout de suite. Aucun problème, il les aurait.
Elle repéra une roche -ou peut être bien que ce fut un bâtiment, un jour- à côté, et sur laquelle il était possible de s'assoir. Alors elle attrapa une des mains de David sur ses épaules, et l'entraina jusqu'à la pierre. Autrement dit elle le força à faire trois pas. Puis elle posa ses mains sur ses épaules à son tour, et l'embrassa en appuyant sur ses mains afin de le forcer à s'assoir, sans qu'il puisse se plaindre.
Elle ne réalisa même pas qu'avec sa manœuvre, elle venait de se placer à califourchon sur les genoux du sorcier en continuant à l'embrasser. Mais bon, il était trop fatigué pour s'énerver ou s'exciter, n'est-ce pas? L'espoir fait vivre.
Elle recula la tête pour rompre le baiser et caressa la joue du sorcier d'une main. Elle aurait souhaité avoir de vrais pouvoir de guérison pour le remettre sur pieds, mais tout ce qu'elle était capable de faire, c'était de légèrement apaiser la douleur. Aucune utilité ici. Alors elle n'en fit rien.

- Reposes toi. Je reste avec toi.

De toute façon elle n'avait pas l'intention de partir en le laissant comme ça. Mais il pouvait très bien lui dire d'aller se faire voir. Et la virer de ses genoux aussi. Bien qu'elle espérait qu'il ne le fasse pas. Tout du moins, pas méchamment.
Elle glissa sa main de la joue du sorcier à son épaule, et se pencha en avant pour voler ses lèvres à nouveau.
Drôle de définition de se reposer quand même. C'était plus une occupation qu'elle lui offrait là.

David passa sa main sur le bras blessé de Namyon, qui à cette occasion jugea intéressant de se manifester un peu plus. Mais la sorcière ne le montra pas. Ce n'étaient après tout que des coupures superficielles, bien qu'elles arrivaient à repeindre une partie de son bras en rouge.
En fait, David semblait tout aussi contradictoire qu'elle. A vouloir se reposer et pourtant à répondre bien volontiers à ses baisers. Ce qui ne déplaisait pas du tout à la sorcière bien entendu. Pourtant elle savait bien qu'elle devait le laisser se reposer, il tenait à peine sur ses jambes. Remarquez, le problème des jambes était réglé puisqu'ils étaient assis tous les deux.
David rompit l'échange trop vite au gout de la sorcière, mais elle ne l'exprima pas. Quelque part, elle se sentait quand même coupable de l'empêcher de se reposer correctement. Surtout qu'elle était celle qui lui avait dit de se reposer.
Ça fait longtemps qu'on a arrêté de chercher la logique chez elle.

-Tu peux me dire ce qui se passe là?

Ha la bonne question. Elle ne put songer à faire un début de réponse, car l'homme lui effleura les lèvres avant de l'embrasser avec force. Baiser auquel elle répondit avec autant de force, pour une fois. Tiens, il n'était peut être pas si fatigué que ça...? En sentant ses mains remonter dans son dos dans le but de la coller à lui, elle passe ses propres main derrière la nuque du sorcier afin de se rapprocher. La forme du rocher l'embêtait quand même pour placer ses jambes comme elle l'aurait voulu. Bah, ça ne l'empêchait pas d'être très bien placée quand même. Suffisamment bien pour sentir que son numéro faisait un sacré effet au sorcier. Même crevé, elle le faisait quand même réagir, quelque part, elle en était assez fière.
Une nouvelle fois, ce fut David qui rompit l'échange avant de fermer les yeux en se posant une main sur le front. Un sourire passa sur ses lèvres, suivi d'un rire qui fit naitre un sourire sur les lèvres de la sorcière. Le David fatigué, c'était quelque chose.

- Toi qui m'a fait languir durant des semaines, tu appelles ça se reposer?

Elle était presque sure que ses joues rougirent l'espace d'un bref instant. Vraiment bref. Puis il posa un index sur ses lèvres en rouvrant ses yeux, et lui souffla un "je t'aime" muet. Le cœur de la jeune femme accélérait à chaque fois qu'il le lui disait, comme si c'était la première. En retour, elle mima un "moi aussi" de façon muette, et ajouta à voix haute:

- Tu t'endormiras plus vite après.

Un nouveau type de berceuse. La berceuse pour adultes, un peu plus... Sportive que celle pour enfant dirons nous. Moins vocale aussi. Enfin, ça dépendait. Pas besoin de dessin.
Si elle l'épuisait jusqu'au bout, il s'endormirait plus vite nan?
Elle aurait très bien pu s'occuper du doigt de David devant sa bouche de façon suggestive, mais quelque chose lui soufflait que ce n'était pas vraiment une bonne idée. Et pour une fois elle écouta le quelque chose en question. De toute façon, elle trouverait bien à faire ailleurs. C'était pas les idées qui lui manquaient. Elle se contenta juste de poser ses lèvres sur l'index, sans plus, avant de poser sa main sur celle de David et de baisser les deux, en le regardant. Puis elle lui offrit un sourire et alla s'occuper des lèvres du sorcier. Commençant par les effleurer avant d'aller mordiller la lèvre inférieure. Puis elle colla enfin leurs bouches pour aller jouer avec la langue de l'homme. Ce qu'elle pouvait aimer faire ça. Sa main qui n'était pas autour de celle de David alla faire un tour dans ses cheveux pour les caresser. Déviant lentement de ses lèvres, sa bouche parti s'attaquer à sa mâchoire, puis à son cou. Dans sa tête, elle ne savait pas vraiment jusqu'où elle comptait aller, ni même pourquoi elle demandait au sorcier de se reposer et l'en empêchait. L'endroit? Peut être.
Relevant la tête de son cou, elle dit:

- A moins que tu ne préfères attendre...

Elle bougea légèrement le bassin pour se coller un peu plus à David, mais aussi pour l'échauffer en effleurant sa bosse. Marquant au passage ce que sous entendait sa dernière phrase, à savoir "attendre avec ça". Elle était bien trop entreprenante. Finalement, c'était à son tour de perdre la tête? Bien que c'était bien plus profitable au sorcier que ça n'avait pu l'être à elle plus tôt dans la soirée. Son bras s'en souvenait encore.
En lâchant la main du sorcier, elle vint l'entourer de ses bras pour poser sa tête dans son cou. Élan d'affection soudain. Décidément...

A force de faire n'importe quoi, ça allait lui retomber sur le museau. On peut se demander ce qu'il lui prenait, car après tout, c'était un peu tout le contraire de ce qu'elle faisait habituellement. Quelque part, elle devait en avoir marre de ne pas savoir sur quel pied se tenir, que faire, et voilà où ça menait à force. Enfin, elle aurait quand même pu choisi un autre moment.
La réaction du sorcier finit par venir. Il lui attrapa les épaules pour l'envoyer au sol. Son dos heurta la terre, lui arrachant une petite grimace. L'herbe du lac, c'était quand même moins dur.
Mais tout ça fut vite oublié lorsque le sorcier, après avoir attrapé ses poignets, l'embrassa de nouveau. Aucune résistance ne fut opposée au coup de hanche du sorcier, à peine si elle avait remarqué en fait. Elle n'était peut être pas tout à fiat entièrement présente... Mais elle allait rapidement redescendre sur Terre.
Le sorcier coupa le baiser, et sembla chercher quelque chose du regard.

- Namyon...Si tu savais ce que j'imagine...

Elle le regarda sans vraiment comprendre, alors qu'un coin de son esprit se réveillait. Même sans savoir, un début de peur et d'appréhension vint se loger dans son estomac. Elle prenait enfin conscience de ce qu'elle faisait depuis cinq bonnes minutes. Trop tard, bien trop tard. Il allait falloir lui faire réviser toutes les bases de la survie. Parce qu'à priori, c'était quelque chose qui lui faisait cruellement défaut.
Le sorcier approcha de son oreille pour commencer à s'en occuper de façon assez parlante, et la prise sur ses poignets se détendit légèrement. En tout cas, elle avait parfaitement réussit à l'allumer, c'était sur.

- Je te veux couverte de sang, et te faire l'amour.

Couverte de sang? Temps que ce n'était pas le sien... Mais non. Non, Namyon avait peut être -surement- quelques cases en moins, mais pas au point de vouloir faire l'amour à David en étant recouverte de sang. Le sang, il était mieux enfermé dans ses vaisseaux qu'en dehors. Bien au chaud, nourri, logé, on ne pouvait quand même pas le sortir de là. De toute façon il avait peur du noir. Et il faisait noir dehors.
Quoi, il fait noir aussi dans les vaisseaux sanguins? Mais non, y'a des lampes, demandez leur.
Tout ça pour dire que non, l'histoire du sang ne plaisait pas du tout à Namyon, qui sentait sa peur revenir de façon plus insistante. Il allait falloir trouver une solution et vite.
Elle frissonna quand David passa une main sur son visage. Main qui descendit jusqu'à son ventre pour le caresser lentement. Il n'était pas censé être fatigué à la base? Namyon se mordilla la lèvre inférieure un bref instant, songeant à une idée pour détourner le sorcier de son but. Idée qui ne tarda pas à venir. Elle avait plus ou moins les moyens de lui faire oublier cette idée non? En s'y prenant bien. Et ça ne casserait pas sa lancée précédente. Même si maintenant elle avait beaucoup plus conscience de ce qu'elle faisait.
Si ça foirait, elle serait mal. Et probablement couverte de sang.
Enfin, pour le moment elle avait juste très envie de reprendre les lèvres du sorcier, avant qu'il ne détaille plus en profondeur son plan. D'une main, elle attira la tête du sorcier à elle et effleura doucement ses lèvres des siennes. Elle dégagea une jambe pour l'enrouler autour de lui, et appuyer afin qu'il soit collé à elle. Puis leurs lèvres se rencontrèrent. La sorcière mit un soin tout particulier à mordiller la lèvre inférieure de l'homme, puis à caresser sa langue de la sienne dans un baiser lent et doux. La main qui était encore sur sa nuque glissa jusqu'à sa joue. Et elle rompit l'échange pour dire:

- Je suis sure que ça peut être aussi bien sans le sang.

Elle donna un léger coup de bassin pour appuyer ses dires, et prouver que c'était très bien comme ça. Un rapide baiser fut déposé sur les lèvres du sorcier avant qu'elle ne s'attaque à son cou en le mordillant. Lâchant sa joue au même moment, sa main fila vers le bas, pour remonter sous le haut de l'homme et lui caresser le ventre et le torse de façon à en tirer une réaction. Qu'elle espérait évidemment positive. Elle pourrait tout à fait y aller plus fort, le pousser loin en plaçant ses mains ailleurs, mais son but restait quand même de l'éloigner de cette idée sanglante. Marcherait, marcherait pas, à voir.