L’orphelinat est presque vide. Calme. On entend des oiseaux qui chantent mais rien de plus. Moi, je suis sur mon lit. Je réfléchis, la musique dans les oreilles. Je regarde le mur. Il est banal mais les personnes qui ont fait l’orphelinat on dut mettre au moins une journée pour le faire. Le salaire d’un ouvrier pour la journée c’est quoi ? Peu je suppose et en plus l’orphelinat est vieux alors, avant, je n’ose même pas imaginer le petit salaire qu’ils avaient. Comment ils faisaient pour nourrir leur famille, ils ne devaient pas avoir assez ? C’est surement pour ca que mes parents m’ont abandonné, parce qu’ils n’avaient pas d’argent, ou vraiment très peu, ils ne m’ont rien laissé en tout cas. Problème d’argent, je ne vois que ca…ou alors, mon père a laissé tomber ma mère quand il a sut qu’elle était enceinte. Il y a beaucoup d’hypothèses possible en fait si on y réfléchit bien. On pourrait passer toute une vie à chercher. D’ailleurs, moi c’est ce que je ferais et je retrouverais mes parents. Vivant ou mort. Il faudrait même que je commence à chercher maintenant.


Je me lève de mon lit. Met mes chaussures et, décidée, je descends à pas de loups les escaliers, en direction du bureau de Mrs. Mystery. Une fois devant j’essaye d’ouvrir. C’est fermé. En même temps, c’est logique et ce serait trop facile. Je frappe. Personne. Tant mieux. Je décide de passer par dehors. Je sors donc de l’orphelinat et coup de chance, la fenêtre est ouverte. Je m’agrippe au rebord, lève une jambe et… « scratch », mince, j’ai fait un trou dans mon jean. Tant pis. Je continue mon escalade. C’est bon, je suis dans le bureau. Alors…par où commencer ? Il faut que je sois le plus discrète possible. Je m’approche du bureau. J’ouvre un tiroir rempli de stylos, et de feuilles vierges. Mauvaise pioche. Celui d’en dessous est fermé. Peut-être qu’il y a les dossiers de chaque orphelin dans celui-ci. Je regarde le bureau. Pas de clé en vu. J’ouvre une petite boite posée à côté d’un pot à crayon. Les clés ! Enfin, deux clés. J’essaye d’ouvrir le tiroir avec une des deux. La première est la mauvaises. J’essaye avec l’autre, tourne dans un sens, dans l’autre, le tiroir s’ouvre. Je souris fière de moi. Je me retrouve en face d’un tas de papier avec le nom de chaque orphelin. Je fouille, passe tout les dossiers de chacun et voilà écris noir sur blanc : Sacha Kelly Brook. J’hésite, j’ouvre la première page mais je n’ai pas le temps de lire, quelqu’un ouvre la porte, je repose en vrac mon dossier, ferme le tiroir pose la clé dans sa boite. Mrs McLaren, la sous directrice est devant moi.

C’était une belle journée qui commençait. Comme toutes les autres. Mais on ne peut parler de routine lorsqu’on s’occupe d’enfants. Ils sont tellement imprévisibles ! On est jamais au bout de nos surprises avec eux. A cet instant, la plupart des orphelins jouaient dehors, laissant l’intérieur des bâtiments curieusement vide et silencieux. Certains adolescents et pré-adolescents préféraient cependant rester dans leur chambre, pour parler entre eux, pour écouter de la musique, pour être simplement tranquille ou même, pour certains, pour finir leur nuit.
Nérys était dans la cour à surveiller les plus jeunes, avec sa mère. Celle-ci lui parlait mais la jeune femme n’écoutait que d’une oreille distraite. De l’autre côté de la cour, s’amusant avec les enfants, il y avait Jonathan. Elle eut un sourire évasif. Il était vraiment adorable... Il se retourna soudain. Leurs regards se croisèrent.

- Nérys ?

Pandora la ramena à la réalité en agitant bruyamment devant elle un trousseau de clés.

- Oui, excuse-moi, j’y vais tout de suite.

Ces derniers temps, elle avait du mal à se montrer discrète. Elle ne voulait pourtant pas que sa mère découvre sa relation avec John mais cela faisait bien deux semaines qu’ils n’avaient pu passer un peu de temps tout les deux. Il lui manquait...
Nérys se dirigeait lentement vers le bureau de la Directrice. Le rez-de-chaussée était calme ; rien ne laissait présager la rencontre incongrue qui allait avoir lieu. La jeune sorcière devait vérifier le courrier électronique de Pandora sur sa demande. Enfin, c’est ce qu’elle avait vaguement saisi de la conversation. La Directrice attendait sans doute un mail important... Peut-être des nouvelles d’Orphéo concernant les fameux humains noirs.
La jeune femme s’arrêta devant la porte ornée d’un petit écriteau en argent. La clé tourna dans la serrure. Le bureau était censé être vide bien entendu. Quelle ne fut pas sa surprise donc quand elle y trouva quelqu’un. Et pas n’importe qui ; c’était une pensionnaire.

- Sacha, qu’est-ce que tu fais ici ?

L’adolescente se tenait derrière le bureau. Un coup d’œil derrière elle apprit à Nérys que la fenêtre était ouverte. Sacha était sans doute passée par là ; nous étions au rez-de-chaussée après tout, ce n’était pas difficile d’y grimper.
La sorcière s’approcha du bureau sans quitter la jeune fille du regard. Sur le coup, elle était plus étonnée qu’en colère. Il semblait pourtant évident qu’elle n’était pas venue ici sans raison. Un premier examen rapide des lieux laissait penser que rien n’avait été déplacé. Mais Nérys n’était pas dupe. Elle poussa une des deux chaises qui se trouvait devant elle et s’assit. Elle invita l’adolescente à faire le tour du bureau pour s’asseoir face à elle.

- Qu’est-ce que tu cherchais ? demanda Nérys. Étrangement, il n’y avait aucun reproche dans sa voix. Évidemment qu’elle contait faire la morale à Sacha. Mais à son âge, celle-ci avait parfaitement conscience de ce qui était interdit et de ce qui était autorisé. La gronder comme une enfant était donc tout juste inutile.
C’est pourquoi, avant de la reprendre sur cette intrusion, la Sous-Directrice voulait comprendre.

- Sacha, qu’est-ce que tu fais ici ?


Je ne disais rien, je ne répondais pas, je ne bougeais pas. Je regardais la jeune femme qui n'avait pas l'air énervée mais plutôt étonnée. Je savais ce que je risquais en faisant la tête dure mais tant pis. Je ne réponderais pas. Je fit quelques pas en direction de la porte mais Mrs.McLaren me fit signe de m'asseoir sur la chaise en face du bureau de la directrice. J'obeis pour ne pas avoir trop de problème. Je regardais mes pieds, je n'osais pas lever la tête et, je ne voulais pas paraîte inscolente. Je sentais son regard posé sur moi. Elle brisa le silence en me demandant ce que faisais ici. Pourquoi je répondrais ? Ca ne la regarde pas. Bon, d'un côté, je n'avais rien à faire dans le bureau de la directrice. Je levais la tête,enfin. Je regardais la boîte qui contenait les clés qui m'avait servi pour ouvrir le tiroir. A quoi servait l'autre clé ?


Je voyais que la sous-directrice commencait à s'impatienter alors, je répondis.


- Euh, rien...Enfin, je...ben, non rien, je sais pas.


Bravo Sacha ! Avec cette réponse elle va être hyper convaincu ! Pff, vraiment moi, n'importe quoi. D'un côté, je n'ai aucune excuse valable et potable. Je n'aillais pas dire "Euh, je ne sais pas, j'ai voulu me taper un trip alors je suis passer par la fenêtre et je me suis retrouver là !" Non, franchement non. D'un coup je me suis dit : et si Mrs.McLaren appellait la directrice ? Je n'aurais rien à dire ! Je me sentirais encore plus mal et j'aurais une sanction. Je n'aurais jamais dut faire ca...je me retrouve coincé ici, et pour un bon bout de temps. Et comme je suis une vraie tête de mule quand je veux, elles vont avoir du mal à me faire avouer la vérité. Il faut que je trouve une excuse pour me sortir de ce bordel absolu.

Je restais indemne, ne sachant quoi dire. J'avais fait une conneries et une belle. Je commencais à hésiter, es-que je devais dire la véritée. Je regardais les mains croisées de Nérys, elles étaient fines, et ses ongles étaient soigneusement entretenus. La jeune femme me fixait, et essayait de deviner pourquoi j'étais rentré sans sa permission dans le bureau de la directrice. Je n'aimais pas me confier, et je ne voulais pas tout lui avouer, ce serait une trop longue histoire, et puis, c'est personnel. Enfin, elle savait surement plus de choses sur mes origines que moi je n'en savait. C'etait confus, et dans ma tête, c'était Bagdad. J'étais tétanisée. Voyant que je ne disais rien, Nérys me lanca, avec une pointe de menace dans la voix...


- J’espère pour toi jeune fille que Mrs Mystery ne remarquera pas que tu as fouillé...


Pour tout vous dire, j'épsère aussi qu'elle ne remarquera rien, et vu que Mrs Mystery à une dent contre moi, je prendrais cher. Je commencais à trembler.


- S'il vous plait ne lui dîtes rien, je risque de prendre cher. Mais, ca ne se reproduira plus.


Je ne savais pas si mes paroles était sincère, moi même je ne le savais pas. Je ne souhaitait rien lui dire, et m'échapper de cette pièce où l'air m'opressait. Je croisais les doigts, "pitier qu'elle me laisse partir, pitier". Je voulais juste m'enfuir. J'attendais une réponse de sa part, mais rien. Elle me regardais, toujours, et encore. Je levais les yeux, plongea mon regard dans le sien. Je la défiais du regard...
A ma grande surprise, elle baissa le regard en première, ca m'étonnait beaucoup de sa part, elle qui était autoritaire et plutôt imposante. Elle toussota, comme si elle se préparait à me dire quelque chose. J'attendais impatiement. Qu'allait-t-elle me dire? Allait-elle lacher prise, où continuer à m'imposer ses questions auquelle je ne répondrais surement pas?