Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]

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 Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]

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Sorcier Noir ~ Membre de Rosenrot
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CITATION DU PERSONNAGE : J’te fascine hein ? Allez viens on parle de moi !

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Evan Adams
Evan Adams
Sorcier Noir ~ Membre de Rosenrot
MessageSujet: Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]   Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy] EmptyMar 6 Mar 2012 - 22:08

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« Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! »
Remy & Evan


* Tu sais ce que j’adore dans tes yeux ? Mon reflet. *

    Driiiiiiiiiiing !
    Je sursaute.
    Je demeure immobile pendant un long moment, les yeux toujours clos, tandis que mon cerveau complètement embrumé peine à décider s’il s’agit de la sonnerie du téléphone, de mon voisin du dessus faisant de la trompette ou pire encore, de mon réveil.
    J’ouvre un œil inquiet. Le referme, en poussant un soupir las. Mon fidèle compagnon de chevet clignote tranquillement à côté de moi, m’annonçant « qu’il est l’heure de se lever ».
    Je replonge la tête sous mon oreiller, et avant même d’avoir pu compter jusqu’à deux, me rendors.
    Non mais franchement ! Qui a envie de se lever un dimanche ?

    La seconde sonnerie retentit (trop) peu de temps après et me tire de mon doux répit dans un vrombissement infernal. J’appuie avec conviction sur le satané réveil qui se tait automatiquement, comme dépité. Tant pis pour lui !
    Puis je pousse un grognement et, à contrecœur, ouvre les yeux. Je passe machinalement la main sur la place à côté de moi. Elle est vide. Et froide. Nouveau soupir, soulagé, cette fois : je n’ai commis l’erreur d’inviter une fille à passer la nuit chez moi un samedi soir.
    C’est sur cette réconfortante déduction que je me glisse hors de mon lit.

    Je me traîne jusqu’à mon fauteuil préféré dans lequel je m’étire nonchalamment pendant une bonne minute puis j’engloutis mon petit-déjeuner.
    Ensuite, direction la salle de bain. Je prends une douche brûlante qui achève de me réveiller et en ressors tout fumant mais les idées parfaitement claires. Enfin c’est une façon de parler parce que je n’ai aucune idée précise en tête. Si ce n’est celle de m’habiller, car je suis actuellement à poil, dos à ma fenêtre et que j’ai malencontreusement égaré ma serviette à l’autre bout de la pièce (pièce qui, heureusement, ne s’avère pas bien grande).
    Bon et puis quoi ? C’est les voisins qui s’en rinceront les yeux !

    Un coup d’œil à travers la vitre m’apprend non pas que ma jolie voisine blonde a sortit ses jumelles (bande de pervers !), mais surtout qu’il ne fait pas bien beau et pas bien chaud. Dehors, c’est tout gris. Un gris souris terne, à mourir d’ennui, par un dimanche après-midi. Je reviens, je vais me pendre.
    Il ne pleut même pas. Encore, la pluie, j’aime bien. Parce que quand il pleut, les gens sortent leur parapluie. Et moi, je ne prends jamais de parapluie, parce que je ne prévois jamais qu’il va pleuvoir. Je suis le seul idiot des environs qui a oublié d’écouter la météo ce matin même et donc, le seul à se promener sous la pluie, sans parapluie, trempé de la tête aux pieds. Vous n’avez pas compris pourquoi j’aime bien la pluie ? Ce n’est pas grave, moi non plus…

    Mais trêve de bavardages. J’enfile un pull noir, un jean simple et mon inséparable blouson de cuir, passe négligemment la main dans mes cheveux en bataille et, pas plus de cinq minutes plus tard, je claque la porte de chez moi.
    Je lève les yeux vers le ciel qui se couvre à vue d’œil. Et vous savez le plus drôle ? Je n’ai pas pris de parapluie !

    Lorsque j’arrive au Lonely Ghost, un agréable fumé me monte aux narines. Un mélange de pain chaud, de café et de bières fraîches. J’entre. La pièce est relativement pleine, preuve que je ne suis pas le seul à avoir eu cette bonne idée. Comme à mon habitude, je m’installe au comptoir et commande une boisson alcoolisée. Rien de tel pour attaquer un dimanche après-midi pluvieux et ennuyeux à mourir.

    J’ai fait un rêve étrange, cette nuit. Enfin, il me semble. Mais j’ai oublié. Vous savez, c’est comme ça les rêves, vous croyez les tenir mais dès que vous essayer de vous les remémorer, ils vous échappent. C’est possible que ça ait quelque chose à voir avec Lola. Parce que j’ai l’impression qu’à peu près tout ce que je fais en ce moment a à voir avec Lola.
    Je ne sais pas si j’aime ça ou si je déteste ça. Un peu des deux sûrement.
    J’avale une longue gorgée de mon breuvage amer en essayant de faire le vide dans ma tête. Ne penser à rien. Et surtout, ne pas penser à Lola. J’essaye. Mais je n’y arrive pas. L’image de la jolie blonde me revient inlassablement.

    Les minutes s’égrènent, le bar se remplie, mon verre se vide et mes pensées s’égarent enfin. Je songe à l’espace vide dans mon lit ce matin, et je me dis que ça fait un bout de temps qu’il n’a pas connu la chaleur humaine. Ce n’est pas plus mal, je m’étais promis d’arrêter avec ces histoires d’un soir, ça ne m’a causé que des ennuis. Oh je n’ai pas renoncé aux filles, ça serait un sérieux gâchis, disons simplement que je me ménage un peu. Ce qui me ramène à Lola, encore et toujours Lola. Ça doit être de sa faute, si je deviens si raisonnable. Oui, je l’ai embrassée, et après ? Ça ne m’empêchait pas d’embrasser ensuite la première inconnue qui aurait eu le malheur de croiser mon chemin ! Si ?

    Mon verre est à moitié vide.
    J’ai envie de tester mes limites, en fait, je crois que j’ai envie de me persuader que je n’ai pas tant changé, j’ai envie de savoir que je suis toujours Evan Adams, charmeur, cynique, impulsif, incassable. C’est une sorte de défi que je me lance à moi-même, et une petite vengeance personnelle que j’adresse à ma chère Lola.
    Je jauge du regard la gent féminine ici présente.
    Rousse élancée. Déjà prise. Dommage.
    Brune mignonne, un peu trop sage. Pas mon style.
    Blonde sauvage. Ressemble un peu trop à Lola.
    Talons aiguilles, taille mannequin. Qui s’en va déjà. Une prochaine fois peut-être ?
    Je me prends au jeu, mais il s’avère très vite évident que je ne trouverai pas mon bonheur ici. Enfin c’est ce que je pensais, il y a une seconde encore. Juste avant qu’elle n’entre. Crinière brune, démarche audacieuse, presque dédaigneuse, elle donne l’impression de pouvoir vous emmener jusqu’au bout du monde. Je la suis du regard, mi-amusé, mi-intrigué. Presque captivé. Parce que, pendant une seconde à peine, elle a tourné la tête, me laissant apercevoir ses grands yeux bleus. Aussi bleus et aussi grands que ceux d’Allie.
    Je pose mon vers vide sur le comptoir. Et je me lève.

    La fille me tourne toujours le dos, comme si elle me narguait. Elle s’est assise seule à une table pour deux. Dans ma grande perspicacité, j’en déduis que soit elle attend quelqu’un, auquel cas mieux vaut que j’arrive avant lui, soit elle a un ami imaginaire, soit… elle a désespérément besoin de compagnie. Je souris, enjôleur, et commande deux nouveaux verres. Un pour moi, un pour elle. Comme ça, si ça tourne mal, je m’éclipse avec mon joker et je lui laisse payer l’addition !
    C’est bon de voir revenir ces petits réflexes familiers.
    L’air sérieux juste ce qu’il faut, les yeux rieurs mais pas trop, un sourire en coin à peine dissimulé et je pose les verres sur la table, juste devant son nez, et dans un même mouvement, tire la chaise sur laquelle je m’apprête à m’asseoir.

    Pour toi Lola !
    J’éprouve vaguement une pointe de remord que je balaye d’un froncement de sourcils. Je réfléchirai à toi et moi plus tard.
    Je m’assieds. Mais Madame ne daigne toujours pas me montrer autre chose que ses cheveux.

    Quoi de mieux qu’une jolie brune pour oublier une blonde obsédante ?

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MessageSujet: Re: Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]   Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy] EmptyMer 7 Mar 2012 - 14:22

« Peut-être qu’on ne se le dit pas. Peut-être qu’il faut juste rester silencieux, regarder l’autre s’éloigner et faire comme si. Comme si rien n’avait jamais compté, comme si c’était satisfaisant de consacrer notre vie à des futilités. Et moi je ferai comme si. Comme si je n’étais pas faible, comme si j’étais indifférente alors qu’avec toi je n’ai jamais su l’être. »


*Et ben tu veux que j't'en apprenne une bonne ? J'aime pas ce que tu vois dans mes yeux.*

***

Vous savez, je n'ai jamais vraiment été amoureuse. Très attirée physiquement par des mecs, d'accord (bien que je ne l'ai toujours compris que plus tard), mais pas amoureuse. Ça non. Jamais. Je tiens trop à ma liberté pour ça : je refuse d'avoir la bride au cou, d'être enchaînée à un seul homme et de ne m'en tenir qu'à lui.

Je n'ai besoin de personne, pas même d'un mec.

Moi, je veux plaire, je veux jouer, je veux m'amuser. Je veux que les autres me jalousent et me haïssent. Je veux briser des mecs fous d'amour pour moi. Je ne veux pas de règles. Je veux être la seule qui décide. Et surtout, tenir ma vie bien en main. Je veux tout contrôler. Je veux que les hommes soient comme des pièces sur mon échiquier.
Moi, j'veux que ce soit facile.
Simple.
Aisé.
Je veux et j'exige du calme et de la sérénité dans mon existence. Surtout pas de prise de tête, pas de cœur qui fait boum, pas de longs regards langoureux, pas de guimauve ou de déclarations d'amour à la con.

Vous méprenez pas, hein : je suis pas contre les relations feutrées, les amitiés solides, les poignées de main univoques et les grandes claques dans le dos (euh...). Tant que ça n'est pas ambigu, moi, chui carrément pour. Cependant ! J'ai pas fait pour autant une croix sur le plan physique. Ça non. Si Remy Sullivan doit faire du sexe, il faut que ce soit sanitaire ! Voilà. Et pour le plaisir aussi, bien sûr. Pas d'attaches, pas de sentiments, rien. Rien du tout. Que dalle. Nada. Niente.
Enfin, disons que c'est pas dans mes plans pour le moment. Dans le genre pas du tout.

Et c'est donc pour ça que j'ai ce qu'on appelle dans le langage courant un ''plan régulier''. C'est un type un peu bad boy, vous savez, du style à ne même pas savoir comment se nouer une cravate autour du cou sans l'aide d'une femme. Il s'appelle Elijah et a le regard le plus magnétique du monde. C'est, entre autre, pour ça qu'il m'a tout de suite plu (j'dois dire qu'il a de l'humour, du sex-appeal et pas mal de mordant, c'est-à-dire tout pour me faire fantasmer). Qu'est-ce que je vous baragouine encore ? Pas grand chose... c'était simplement un petit prélude pour introduire son arrivée à Little Angleton, lui qui avait un boulot je-sais-plus-où et qui avait décidé, sur un coup de tête, de faire un petit détour pour me saluer et plus si affinité.
Sauf que j'étais pas au courant (bien que c'eut été une bonne surprise, moi qui avait besoin de décompresser).

J'vous dit pas la tête que j'ai du faire quand je l'ai vu débarquer à l'improviste dans l'appartement que je partage avec le-mec-dont-je-ne-me-souviens-plus-du-nom (tout ce que je sais, c'est qu'il est prof à Mystery, donc pas grand chose), un sourire mi-moqueur mi-coquin sur les lèvres et une bouteille d'un très bon armagnac à la main. Moi ? J'étais plantée là, la bouche en cul de poule, comme deux ronds en flan. Sonnée, certes, mais agréablement surprise. Passé ce stade, j'ai rapidement baissé les yeux histoire de me rendre compte de ma tenue : une chemise blanche toute simple ouverte sur un débardeur de la même couleur et un shorty en coton noir. Rien de bien gore, en somme. Je l'ai donc invité à rentrer...

… tout en sentant que mes hormones en furie me faisaient un remix de ''Mabrough s'en va t'en guerre'' dans le bas-ventre, comme à chaque fois qu'il se trouve dans un rayon de moins de deux kilomètres de moi.
Je l'ai prié de prendre place sur le canapé et on a parlé de tout et de rien.
Quand la bouteille a été à moitié vide, il s'était sensiblement rapproché de moi, une main sur mon genou, et j'avais les sourcils en accent circonflexe.
Quand la bouteille avait été vidée au trois quart, Elijah avait passé son bras autour de ma taille et je ne me souvenais plus de mon prénom. Ni de mon âge ou de mes mensurations, d'ailleurs.
Quand il ne restait plus rien dans la bouteille, il explorait le fond de ma bouche avec voracité et je savais chanter la Cantique Suisse en japonais. Mais pas en même temps, bien sûr.

J'vous passerais les détails de cette nuit magique non seulement parce que c'est privé, mais aussi parce que je me souviens pas de grand chose. Je vous dirais juste qu'au réveil, ma première impression était excellente (surtout que j'avais fait la grasse mat'), la seconde un peu moins vu qu'on a explosé un pied de mon sommier et que ma chambre était sans dessus dessous.

Pendant qu'il était sous la douche, je nous préparais rapidos un petit déjeuner bien basique (et c'est généralement à ce moment là que je regrette de passer mes week-end dans cet appart de Little Angleton au lieu de rester bien sagement à Mystery), soit des toasts au beurre, des pains au chocolat industriels, deux tasses de café, un peu de lait et deux clémentines chacun. J'vous avais dit que c'était pas extraordinaire (dans le genre basique, tu peux pas faire mieux).
C'est ensuite qu'il est parti, après m'avoir aidé à mettre un peu d'ordre ma chambre (vu qu'il était en partie responsable de ce remake du film Antichrist et que je le lui ai demandé). Je sais, c'est tue-l'amour, mais j'en ai rien à cirer.

La porte claquée derrière lui, je m'étire dans tous les sens et compte bien profiter de ce petit moment de solitude pour prendre un bon bain bien brûlant. Aussitôt dit, aussitôt fait : moi qui avait les membres tout engourdis comme si je venais de me taper une course d'endurance de plusieurs kilomètres, je dois dire que l'eau chaude a ce don de me faire un bien fou.

Huum... je me demande bien ce que je vais bien pouvoir glander aujourd'hui... Retourner à Mystery ? Naan... j'y suis tous les jours de la semaine. Aller me balader au port ? Pff... trop loin et puis, il y a de fortes chances pour que je me perde à nouveau et là, il est fort à parier que je ne tomberais pas sur Taki et/ou Shy pour m'indiquer le chemin. Aller faire les boutiques ? Pas mon genre et puis de toute manière, les magasins doivent être fermés, vu qu'on est dimanche. Aaah... on dirait que je suis condamnée à rester dans ce petit appartement vide. Toute seule. Le problème, c'est que je risque de broyer du noir très vite et franchement, je n'ai aucune envie d'en arriver là. Surtout que je suis encore plus vilaine dans ces moments là (et je ne fais pas allusion au côté pervers de la chose, merci).

...

Hé ! Attends une minute ! Je me souviens que des élèves dans les couloirs piaillaient sur un petit café au village bien sympatoche : le "Lonely quelque chose" (j'ai jamais été très douée pour retenir des trucs qui m'intéressent pas)... Je pourrais y faire un tour ? Hum ? Mouais... Ok. J'ai rien à perdre de toute manière.
A part du temps.

***

A Vous qui veillez sur nous, je sais que mon âme n'a pas grand chose pour Vous forcer à centrer Vos actions miséricordieuses sur ma personne. Je sais aussi que je suis une femme indigne et je n'ignore pas que le chemin vers Vous est parsemé d'embûches que je tenterai de franchir avec tout le calme et toute l'humilité dont je suis capable. Je ne Vous ai jamais rien demandé, ni pour moi, ni pour personne et je sais que ma prière est maladroite, mais je me dois de croire que mes paroles monteront à Vous sans peine, que Vous les entendrez et saurez les recevoir.

Je sais que si la colère est un péché mortel, l'envie de meurtre, elle, pèsera bien plus dans la balance de Saint-Pierre. Mais j'y peux rien : elle me tord les entrailles, se diffuse comme un doux poison dans mes veines, contracte mes mâchoires, opacifie ma vision, étire mes lèvres en une ligne droite amère et me coupe le souffle. Tout ce que je souhaite, c'est que Vous me permettiez de surmonter cette épreuve. Tout ce que je veux, c'est que Vous m'aidiez à ne pas transformer ce furoncle putride en tas de sable.
Parce que je Vous dit que la chose n'est pas loin d'arriver.

Qu'est-ce que je raconte ? Rien. Rien du tout. C'est juste un petit speech que je récite dans ma tête quand je suis en très colère et qu'il me faut déployer des efforts surhumains pour me faire redescendre la tension (là, j'ai le palpitant en techno-parade, tu vois l'genre ?). J'vois rouge comme on dit, alors j'ai cette fâcheuse tendance à me reposer sur la religion.
Bien que je sois athée.

Pourtant, tout avait relativement bien commencé : dès que j'étais rentrée dans le café, j'avais senti des regards insistants converger vers moi. Un mélange délicieux d'envie et de jalousie.
Tout ce que j'aime.
J'apprécie de temps à autre d'être le centre d'attention. Je ne m'en cache pas, j'ai tout fait pour aller en ce sens et faut dire que pour plaire, j'avais pas lésiné sur les moyens : en sortant de la salle de bain, je m'étais sommairement séché les cheveux, puis j'avais enfilé talons hauts, short bleu bien sympa et haut blanc vaporeux. Dans le genre sauvage, j'fais pas mieux.

Puis, je suis sortie en ville, comme prévu initialement, pour me rendre dans ce fameux café de Little Angleton histoire de passer mon après-midi pluvieux à siroter un bon café.

Une bonne fin de journée en perspective.
Normalement.
A la base.
Pff...
Étrangement, tout le toutim a franchement tourné en ma défaveur...

Me voilà donc en face de lui, les sourcils froncés et une moue boudeuse sur la tronche. Je regarde les verres qu'il avait daigné amener à ma table, puis je plonge dans ses pupilles. Je fais plusieurs fois l'aller-retour entre les deux sans dire un mot. Peut-être parce que j'arrive pas à croire ce qui est en train de se passer. Ou alors, parce que je viens de mettre un doigt sur la signification de l'expression "être maudite".

Bon sang... si j'avais su, je s'rais restée couchée aujourd'hui. Nan. Franchement, à chaque fois que je vois ce type, ça ne peut se passer que très mal pour moi. Rien que sentir son odeur me fout dans une rogne pas possible. J'crois que si les yeux pouvait tuer, il serait mort 200 fois. Au bas mot. Je suis allergique à tout ce qu'il touche et à tout ce qu'il représente.
Rien que de vous dire ça, ça me donne une de ces migraines...!

C'est à cause de ce... de cette sale cataracte que j'ai découvert ma capacité à changer les choses en sable, vous savez ? Non ? Et bah vous pourrez plus le dire : je l'avais vu de loin un jour et toutes les couleuvres qu'il m'avait fait avaler pendant notre "aventure" me sont remonté au bord des lèvres. J'étais appuyée contre une voiture et j'le regardais se balader tranquillement, les mains dans les poches. J'dois dire que j'étais tellement furax en voyant sa tronche que j'avais même pas remarqué ce que j'étais en train de faire et c'est quand je me suis retrouvée le cul sur un gros tas de sable que j'ai compris que j'étais pas qu'une simple illusionniste.

Je suis restée une semaine avec les mains en l'air tellement j'avais peur de réduire des trucs/gens en poussière (sable serait plus exact, mais bon) au simple toucher. Heureusement que j'étais seule quand je m'en suis rendue compte, et pas accompagnée de Viola...

    « Evan Adams. Si je m'attendais à cette surprise. »

Je souris, dédaigneuse (juste parce que c'est pas tous les jours que je me fais draguer par mon ex et parce que je me retiens de rajouter "mauvaise surprise, cela s'entend"), avant de croiser mes jambes sous la table et de m'enfoncer dans mon siège. Au moins, il a le bénéfice d'être toujours aussi sexy...

    « J'vois que tes mauvaises habitudes sont toujours là, hum ? A draguer tout ce qui roule du cul sous tes yeux. T'as toujours aussi mauvais caractère ou t'as réussi à t'adoucir, depuis la dernière fois ? »

J'vous jure que si je m'écoutais, j'lui balancerais les deux verres d'un coup à la figure avant de claquer la porte de ce satané café. Non mais.

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Sorcier Noir ~ Membre de Rosenrot
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CITATION DU PERSONNAGE : J’te fascine hein ? Allez viens on parle de moi !

MESSAGES : 781
DATE D'INSCRIPTION : 01/09/2011

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Evan Adams
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MessageSujet: Re: Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]   Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy] EmptySam 10 Mar 2012 - 0:03

* Des comme toi, j'en croque tous les jours au petit-déjeuner. *

    Donc, comme dis précédemment, je m’assieds. Vous savez, le truc qu’on fait lorsqu’on tire une chaise et qu’on pose ses fesses dessus. Logiquement, ma chaise à moi fait face à celle de ma future potentielle conquête. Et c’est à ce moment-là que je remercie, que je vénère carrément l’inventeur de la chaise, parce que sans elle, je serais probablement le cul par terre (passez moi l’expression).
    Et merde.
    Je m’excuse pour la douceur des mots mais c’est à peu près la seule chose qui me passe par la tête à cet instant précis.
    Je fronce les sourcils, esquisse un demi-sourire, fronce à nouveau les sourcils, puis sourire, sourcils, sourire… Bref.
    Et je tente de faire comme si cette situation était parfaitement calculée, parfaitement normale alors que bon sang ! Elle ne l’est pas !
    Combien de chances y a-t-il dans ce bas monde pour que je me retrouve à draguer mon ex copine un dimanche après midi dans un bar en plein milieu de nulle part ? Je dirais qu’elles avoisinent le 0,00001. Donc… soit elle n’a toujours pas digéré notre séparation mouvementée et elle m’a suivi jusqu’ici (ah, les femmes !), soit, le hasard a une vilaine dent contre moi. Tout bien réfléchi, j’opterais plutôt pour la seconde option ..
    Conclusion : je suis assis à une table, face à mon ex que je n’ai pas revu depuis un siècle au moins et que j’aurai préféré, à vrai dire, ne pas recroiser pour les trois prochaines décennies à venir. Ah oui, j’oubliais ! J’ai actuellement l’air passablement ridicule. Le tableau est plutôt réaliste, vous ne trouvez pas ?

    « Evan Adams. Si je m'attendais à cette surprise. »

    Pour me donner une contenance, j’avale une longue gorgée d’alcool et… et je manque d’en recracher la moitié. Son humour pourri me glace le sang. D’ailleurs, à ce moment précis, c’est une barrique et non pas un verre que j’ai envie de renverser sur son visage d’ange. J’abandonne, à regret, mes fantasmes, je serre les dents et me permets même un petit rire moqueur, bien que l’heure ne soit absolument, mais alors absolument pas à la plaisanterie.
    Je crois que je préfèrerais me trouver face à un rhinocéros enragé, et comme elle a l’air aussi ravie que moi d’être ici, il va falloir que je trouve un moyen de m’éclipser, et très vite !

    - Andy ! Heu… Molly ?

    Vous croyez que si je fais comme si je ne me souvenais absolument pas d’elle, elle me fiche la paix ?
    Permettez-moi d’en douter. Et je ne voudrais tout de même pas lui donner une raison supplémentaire de me balancer à la figure le contenu de son verre (que j’ai si aimablement déposé là à son intention), parce que je suis sûr qu’elle en meurt d’envie.

    - Ça y est, je me souviens ! Remy ! Quel bon vent t’amène par ici ?

    Remy. Remy Sullivan.

    Inutile de préciser, il me semble, que ce n’est pas le vent qui a conduit Remy ici, mais plutôt une énorme tempête destinée à me renverser, et que cela n’a rien de bon. En clair, tout ce blabla n’est qu’ironie par-dessus le marché. Mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ?

    Mon regard glisse innocemment sur sa tenue fort habillée (ou plutôt déshabillée), pour un dimanche après midi. Elle n’a pas changé. Toujours aussi délicatement provocante (les deux vont rarement ensemble mais dans son cas, ça me semble assez approprié : elle sait se faire remarquer, mais toujours avec élégance).
    Elle sourit. Elle est définitivement mignonne.
    Je hais tout ce qui est mignon.

    Enfin, il fut un temps où apparemment, cela ne me gênait pas plus que ça…
    Remy et moi c’est de l’histoire relativement ancienne. Mais vous savez, les mauvais souvenirs, quand on les alimente, ils paraissent tout de suite nettement moins vieux…
    Lorsque j’ai connu Remy, je traversais une période plutôt étrange. Et je crois pouvoir dire sans trop m’avancer que c’était également son cas. Je collectionnais les conquêtes, et j’étais devenu le don Juan des ruptures foireuses. Je m’amusais bien moi, pourtant. Mais un jour Remy a débarqué. Et nous nous sommes trouvés, presque par hasard. Je dis presque, parce que des filles, il y en avait des tas, et qu’elle ne se serait pas spécialement démarquée, s’il n’y avait eu ses yeux. Des yeux immenses. Immensément bleus. Comme ceux d’Allie, exactement comme ceux d’Allie. Ces yeux m’ont troublé et depuis ce jour, notre rencontre n’était plus totalement le fruit du hasard. Parce que chaque fois que je la regardais, je voyais ma sœur.

    Je me souviens qu’on s’engueulait souvent, avec Remy. Souvent pour rien.
    Et puis on rigolait un bon coup et c’était reparti pour un tour.
    Mais trop d’humour tue l’humour, notre relation était vouée à l’échec, plus encore que toutes les autres, car nous y avions investi autre chose. Ce n’était pas vraiment de l’amour. Pas de l’amitié non, surtout pas. C’était quelque chose d’indéfinissable qui nous liait l’un à l’autre et nous empêchait de regarder la réalité en face.
    Mais un jour, je me suis lassé, ou bien j’ai eu peur, je ne sais plus très bien, nous avons arrêté de rire et je suis parti. Enfin ça c’est ma version. Je suis sûr que si vous lui demandez, elle vous dira que c’est elle qui a mis les voiles. Foutaises !
    Je dirais que nous avons tous les deux notre part de responsabilités là-dedans. Mais on était sacrément remontés, je peux vous l’assurer (elle plus que moi).
    Après ça, je suis devenu encore plus invivable qu’avant, parce que cela n’avait fait que renforcer ma conviction que s’attacher à quelqu’un était lâche, stupide et inutile.
    Le plus marrant, c’est qu’elle m’en veuille encore. Je sais qu’il est difficile de m’oublier, mais tout de même. Avec les années, j’ai même réussi à lui pardonner. Enfin à moitié. Ou plutôt un quart. Ou rien du tout ?
    Mais ça, de toute façon, hors de question de le lui avouer !

    « J'vois que tes mauvaises habitudes sont toujours là, hum ? A draguer tout ce qui roule du cul sous tes yeux. T'as toujours aussi mauvais caractère ou t'as réussi à t'adoucir, depuis la dernière fois ? »

    Je mime une petite mine de chien battu vraiment très convaincante. À l’intérieur, je bouillonne, son cynisme me rend dingue.

    - Tu deviens vexante, Remy. Oh, mais rassure-toi : je suis encore pire qu’avant.

    Ça au moins c’est vrai. Je me demande si on arrivera un jour à être honnête l’un envers l’autre…
    En attendant, je suis en train (ou plutôt j’étais, avant de me rendre compte de ma monumentale erreur) de draguer mon ex-copine (pas étonnant qu’elle m’ait immédiatement attiré). Je suis tombé bien bas.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]   Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy] EmptyJeu 15 Mar 2012 - 14:57

*Des comme moi ? Tous les jours ? Ça j'en doute, parce que les "comme moi" feraient en sorte de te rendre malade à t'en faire devenir incontinent, mon pauvre ami.*

    « Andy ! »

Nouvel accès de rage destructrice. Raaaah ! Y'm'énerve, y'm'énerve, y'm'éneeeeerve !!! J'ai envie de tout casser, de le castrer à la petite cuillère, de le prendre par la racine des cheveux et de lui cogner plusieurs fois sa petite tête si fort sur la table qu'il n'arriverait même plus à se souvenir de son nom. Bien sûr, le tout serait accompagné de "Gniiiiiaaaaah ta mèèèèère !!!" hurlés inlassablement et si fort que ça t'en ferait presque trembler l'autre bout du monde.
Haa... heureusement que mon Jiminy Crickett perso me retient par la frange sinon, j'l'aurais déjà énucléé avant d'avoir à répondre d'un meurtre sordide.

Vous savez, je me suis souvent demandé si cette fameuse tendance que j'ai d'être maudite à ce point n'était simplement pas le fruit de mon imagination : j'ai toujours mis ça sur le compte de ma parano chronique ou sur la faute de mon petit esprit étriqué.
Mais là... je la sens venir la double Vermonster de chez Ben&Jerry's, et accompagnée de 25 minutes de respiration abdominale en position fœtale pour me calmer.
Et encore, c'est pas dit que ça suffise.

    « Heu... Molly ? »

Ben oui, je le hais. Je n'y peux rien, je peux pas m'le voir en peinture.
C'est pas humain tant de hargne, hein ? Surtout quand c'est à l'encontre d'une seule et unique personne.
Mais c'est comme ça.

Pourtant, j'essaye de m'amender, vous savez ? Tous les soirs, au fond de mon pieux, je fais moult prières pour me réveiller plus tolérante, plus mature, plus compréhensive, plus indulgente et moins emportée dans le genre... clone de l'Abbé Pierre, tu saisis la nuance ? Le souci, c'est que tous les matins, c'est Remy Sullivan au réveil, à savoir une tarée psychopathe ayant des envies de meurtres qui submergent son petit corps menu à intervalles réguliers et qui, un jour qui s'ra pas fait comme les autres, transformera ce tas de bouses de vache en gros tas de sable (tout juste s'il dira pas merci à la fin).
Il est très certain que ça se passera à notre prochaine et fortuite rencontre.
Hum... cela va de soi.
Parce que je veux le torturer puis le massacrer en prenant mon pied temps, c'est à dire dans un endroit avec beaucoup moins de témoins visuels.

Vous savez, Viola m'avait dit que ce mec n'était absolument pas une bonne chose pour ma santé mentale. Sur le coup, je lui ai dit d'aller voir ailleurs si j'y suis et que, de toute manière, quand il me lassera, j'le lâcherais dans toute l'étendue de sa solitude.
Ha ! J'l'ai p't'te quitté, mais notre... ''relation'' me reste toujours en travers du gosier.
Et ça, ça m'emmerde de le dire.

Nom de dieu, je me rends compte à quel point j'aurais du l'écouter, ma petite sœur : là, je ne peux rien faire à part serrer les dents, suffisamment fort cependant pour qu'on puisse les entendre grincer jusqu'au Bangladesh.

    « Ça y est, je me souviens ! Remy ! Quel bon vent t’amène par ici ? »

Je sais qu'il me cherche volontairement. M'énerver, c'est synonyme de victoire pour lui. Ça lui fait croire qu'il a la situation bien en main et qu'il peut faire de moi ce qu'il veut.
Il veut me montrer qui mène l'autre par le bout du nez.

Le problème, c'est que je ne suis pas Remy Sullivan pour des tartignoles.
Remy Sullivan est une très mauvaise joueuse.
Et elle déteste perdre.
C'est pour ça qu'elle gagne toujours.

    « Bon vent ? Quel bon vent ? J'ai l'air contente de voir ta tête ? Franchement, est-ce que j'ai l'air d'être heureuuuuuse de te voir ? Tss... »

Crétin.

    « Tu deviens vexante, Remy. Oh, mais rassure-toi : je suis encore pire qu’avant.

    - Vexante ? Vexante dis-tu... Oh ben mince alors ! C'était franchement pas dans mon intention que d'être vexante envers toi, tu sais...? »

Je me permets un petit sourire en coin, avant de regarder fixement le verre qu'il avait porté à ses lèvres quelques minutes plus tôt. Ah... je me souviens d'une de ses techniques de drague qui consiste, il me semble, à s'enfuir si la fille ne se montre pas coopérative, sensible à ses... charmes ou alors, plus moche qu'il ne l'avait imaginé. Bien sûr, il ne paie pas sa boisson, laissant ça aux bons soins de la félonne qui a osé un tel affront.
Étrangement, je vois la chose venir de loin.

Ohoho~

En plus, j'ai la diversion idéale : le café fait salle comble et le serveur, qui a les ongles en deuil et une tête qui me dit franchement pas, m'avait collée à une table de deux avec un regard plus que douteux sur le bas de mes reins.
J'l'ai pas giflé histoire d'avoir le meilleur service possible et aussi, pour éviter qu'il ne lui prenne pas la subite envie de cracher dans mon café .

Enfin bref, dites-vous que chaque fois qu'un café/restaurant est plein, y'a forcément CE gosse de 4-5 ans duquel tu ne peux pas voir grand chose puisqu'il ne cesse de courir tout autour de ta table en poussant des hurlements de sioux, vu que nonon, tu ne disposes pas de la vision périphérique intégrée. En revanche, la vache, tu l'entends, hein !
A côté, t'as papa qu'a fait ses tatouages tout seul comme le grand garçon qu'il est et maman qui n'a visiblement pas su choisir entre toutes les couleurs de sa palette de maquillage, à un point tel qu'on dirait le logo des homosexuels de San Franscico.

J'ai du m'appeler Albert (Camus, pour sa Peste) dans une autre vie, parce que je ne suis pas très charitable.

Quoi qu'il en soit, j'aurais pu profiter de cette distraction improvisée du môme pour me lever, me pencher vers Evan et lui chourer son porte-monnaie. Il est hors de question que je paie sa consommation d'ma poche (je ne suis qu'une pauvre femme au service de l’Éducation, hein !). Mais j'ai pas envie de m'approcher plus que je ne le suis déjà, tout simplement parce que je sais que je ne résisterais pas bien longtemps à l'envie de lui coller une baffe monumentale avant de réduire son adorable visage en miettes.
Et j'ai franchement pas envie de m'afficher, là, alors, j'prends le verre qui m'était destiné, le regarde sous toutes les coutures, avant de lui jeter :

    « J'espère que tu l'as pas empoisonné, ce serait d'un gâchis... »

Et je l'avale d'un coup sec. Désolée, je ne suis pas du genre chochotte, à siroter la chose pendant 120 ans.

    « … et puis, on sait toi et moi que je m'appliquerais à faire de mes derniers instants un moment diaboliquement inoubliable, gravé au fer rouge dans ce qui te sert de tête et ce, jusqu'à la fin de ta misérable existence. »


Je ricane longuement, sombre, avant de remettre cette satané mèche de cheveux, qui n'a trouvé rien d'autre pour m'emmerder que de m'obstruer la vue, derrière l'oreille. Je dois avouer que je ne sais pas ce que je lui ferais si je mourrais là, tout de suite, mais dans mon cas, l'énergie du désespoir a cette fâcheuse tendance à m'inspirer plus que de raison.
Ce qui est tout à mon honneur.
Bien entendu.

    « Alors ? T'es à la recherche d'une nouvelle victime, hein ? C'est la famine pour toi ? C'est pour ça que t'as rien trouvé de mieux que de draguer ton ex ? Et moi, de surcroît ? »

Je n'arrive pas à m'empêcher de rire. "M'esclaffer" serait plus juste : faut dire que cette situation est funestement comique...

    « Si c'est pas malheureux d'avoir autant perdu la main... »

Puisque je suis là, d'humeur Rottweiler, autant me servir de lui pour me décharger de ma méchante hargne, bien qu'il ne se laissera certainement pas mordre les mollets et qu'il ne prêtera pas gentiment son flanc à ma rogne.
Mais tant pis, autant me servir de ce que j'ai sous les dents...
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Sorcier Noir ~ Membre de Rosenrot
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CITATION DU PERSONNAGE : J’te fascine hein ? Allez viens on parle de moi !

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Evan Adams
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Sorcier Noir ~ Membre de Rosenrot
MessageSujet: Re: Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]   Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy] EmptyDim 18 Mar 2012 - 17:30

* J’ai un goût de chiotte. C'est pour ça que tu me plais ! *

    Elle me déteste. Elle me déteste, c’est carrément flippant. Je suis presque fasciné par la colère vaine qu’elle déploie sur ma propre petite personne. En silence, en plus. Ça c’est fort. À l’intérieur, elle hurle.
    D’ailleurs, elle vire légèrement au cramoisie. Je fais la moue. Le rouge tomate, ça ne lui va pas des masses. Tout compte fait, j’ai peut-être eu tort, une fille énervée c’est nettement moins sexy…

    J’ai un petit sourire innocemment diabolique. Moi qui pensais être le plus en rogne... J’étais plutôt loin du compte ! J’dirais pas que voir sa tête me fait un bien fou. Non, il faut quand même pas pousser. Et j’ai toujours cette cuisante envie de lui refaire le visage à coup de massue, certes. En fait, si ça ne tenait qu’à, je lui ferais bouffer… fzqjghqbdudsgvjsu…, ensuite je prendrais mon pied à… zqofjqeprdmjo, et pour finir je la laisserais agoniser dans son… azqpufjspm…
    Et plus si affinités. Note : certains passages ont été volontairement censurés pour les âmes sensibles.
    À part ça, je ne la hais pas. Pas du tout. Vraiment pas. C’est pas mon genre. J’ai juste envie de rendre mon petit-déjeuner chaque fois que j’ai le malheur de croiser son regard.

    « Bon vent ? Quel bon vent ? J'ai l'air contente de voir ta tête ? Franchement, est-ce que j'ai l'air d'être heureuuuuuse de te voir ? Tss... »

    Bon, OK. Apparemment, elle n’a pas beaucoup apprécié ma petite blague de rien du tout. Même ça, ça ne passe pas. Toujours aussi mauvaise joueuse à ce que je vois. On vient à peine de commencer, qu’elle sort déjà les crocs… C’est pas humain une telle mauvaise fois.
    Je secoue la tête, l’air faussement navré (ce que je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout).

    - Tu pourrais au moins faire semblant d’être contente de me voir ! Regarde, il y a des gens civilisés ici, tu veux vraiment qu’ils voient à quel point tu es insupportable ? Aller Remy, arrête d’aboyer comme ça, on sait tous que tu ne mords pas plus qu’un chiot.

    J’adore. Sincèrement, j’adore la mine déconfite qu’elle tire. Je jubile presque à la faire sortir de ses gonds. Le rôle de la gamine capricieuse lui va à merveille.
    Encadrer son portrait au mur, voilà ce que j’ai envie de faire. Sur le mur de ma chambre, de préférence. Comme ça, chaque fois qu’elle me tape sur le système, je sors mon jeu de fléchette vieux de mille ans au moins, et je prends un malin plaisir à les envoyer valser sur son adorable visage (je dois avoir des vaudous parmi mes ancêtres...).
    Sauf que… non, en fait non. Je n’arrive déjà pas à la voir en peinture, alors imaginez un peu dans quel état je serais (ou plutôt ce qu’il lui restera de portrait) au bout de deux jours !
    On a déjà essayé la vie commune. Ça n’a pas réussi. Et je n’ai aucune, mais alors aucune envie de retenter l’expérience, ne serait-ce qu’avec sa photo.
    Beurk.

    « Vexante ? Vexante dis-tu... Oh ben mince alors ! C'était franchement pas dans mon intention que d'être vexante envers toi, tu sais...? »


    Je prend mon courage à deux mains, en refoulant très très loin cette vilaine animosité qu’elle m’inspire et je lui fais le sourire le plus normal dont je suis capable (pour les circonstances, il doit plutôt ressembler à une grimace, enfin bon on ne peut pas être parfait).

    - J’avais oublié à quel point tu étais drôle, Remy.

    Inutile de préciser que c’est ironique, n’est-ce pas ? Elle et moi avons le même humour pourri, mais je dois dire qu’aujourd’hui elle se surpasse.

    Je la vois fusiller du regard le pauvre enfant qui a eu le malheur de passer un cheveux trop près d’elle ou d’hurler un peu trop fort. Elle balaye ensuite du regard les autres clients, toujours avec cet éternel air de reproche. Je me demande si elle est encore capable de regarder quelqu’un sans avoir cette affreuse ride réprobatrice lui barrant le front. Si elle continue comme ça, elle va finir toute fripée à même pas trente ans.

    On cherche de l’aide, trésor ? je me demande avec amusement, la voyant passer au scanner la quasi totalité de la population du café.
    Puis, n’ayant détecté aucun spécimen assez fou pour voler à son secours, elle lorgne dangereusement sur le contenu de ma poche, autrement dit mon portefeuille. C’est vrai que madame a eu l’occasion d’expérimenter mes techniques de dragues foireuses.
    Je lui lance un regard revolver, bien conscient que si les yeux pouvaient tuer, elle serait déjà étendue raide morte.
    Qu’elle ne s’avise même pas d’essayer de me subtiliser mon portefeuille oui je lui fais bouffer par les narines.

    « J'espère que tu l'as pas empoisonné, ce serait d'un gâchis... »

    Son verre, qu’elle vient de vider d’une traite, a lui aussi eu droit à l’autopsie. Je ricane.

    - Moi ? Non, c’est pas mon genre ! Je te réserve une mort lente et douloureuse. Mais bon, ne me tente pas trop non plus, ça pourrait me donner de mauvaises idées.


    Et j’avale le contenu de mon verre sans même le savourer. C’est comme ça que je le préfère. Au moins on est d’accord là-dessus : siroter du bout des lèvres, c’est mignon, mais quand on a quinze ans.

    « … et puis, on sait toi et moi que je m'appliquerais à faire de mes derniers instants un moment diaboliquement inoubliable, gravé au fer rouge dans ce qui te sert de tête et ce, jusqu'à la fin de ta misérable existence. »

    J’hausse un sourcil.

    Crétine.

    À ce moment là, j’ai une petite pensée amicale pour mon prof de terminale qui m’avait un jour fortement conseillé d’essayer le yoga. Je lui avais ri au nez et aujourd’hui je m’en mords les doigts.
    Ce même prof qui m’avait si justement fait remarqué que les plus jolies filles étaient souvent les plus vicieuses. À l’époque, je lui avait recommandé d’aller se faire voir, et par la même occasion, de se mêler de ses affaires.
    Aujourd’hui, je me demande s’il n’était pas un peu devin…

    « Alors ? T'es à la recherche d'une nouvelle victime, hein ? C'est la famine pour toi ? C'est pour ça que t'as rien trouvé de mieux que de draguer ton ex ? Et moi, de surcroît ? »

    En miettes. Je vais la réduire en miettes. Et je lui ferais recoller les morceaux à la colle Uhu.

    - On se fait du soucis pour moi ? Trop aimable, ça me touche. Mais je n’ai plus le droit d’offrir un verre à mon ex préférée ?


    Je souris largement, pour rendre mes paroles encore plus délicieusement cyniques. C’est donnant, donnant.

    « Si c'est pas malheureux d'avoir autant perdu la main... »

    Ma main, justement, remonte doucement le long de la table, à la hauteur de mon verre, et je dois déployer un effort surhumain pour ne pas lui asséner une claque monstrueuse. Mais bon, je n’ai pas envie de faire d’histoire, et encore moins de me faire remarquer.
    Je n’ai pas cessé de sourire.

    - … Dit la fille qui était assise seule à une table de deux. Dans le genre pitoyable, on peut difficilement faire mieux. Ça doit être ça, tu m’as fait… pitié.

    Je jure qu’à partir de maintenant, j’y réfléchirais à deux fois avant de m’asseoir à la table d’une jolie brune. Qui plus est, une table de deux. Quel con.
    En attendant, j’ai beau être l’archétype du mec pas croyant, je prie silencieusement pour que le bon Dieu ait pitié de nous et me sorte de ce merdier. Sinon, je vous assure, il va y avoir un mort.
    Et là, je ne réponds plus de rien.

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AnonymousInvité
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MessageSujet: Re: Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]   Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy] EmptyDim 18 Mar 2012 - 22:36

*Evan Adams : nm Se dit d'une erreur de jeunesse. Ou d'une erreur tout court.*

Son père avait été le meilleur pote du mien et réciproquement. Quant à nos mères, elles passaient leur temps en conversations téléphoniques, à piailler comme des poules sur tout et sur tout le monde.
Et en plus, ils étaient tous copains comme cochon.
Il n'est donc pas improbable qu'il ait été prévu, avant même nos naissances, que leurs progénitures s'unissent plus tard dans les liens sacrés du mariage.

Les rares fois où mes pseudo-parents venaient à la maison, il débarquait avec ses 3 frères et ses parents dans notre maison près de Genève, alors transformée provisoirement en gigantesque camp de vacances joyeusement bordéliques.

Il était de 4 ans mon aîné et un jour, mes nourrices m'avaient raconté, goguenardes, qu'il était tombé sous mon charme dès qu'il m'avait aperçue de l'autre côté de la vitre de la pouponnière.

Quand j'étais encore tout bébé, il se disputait souvent avec Billy et ses frères pour savoir lequel d'entre eux me prendrait dans ses bras. S'il ne gagnait pas à chaque fois, il s'empressait de venir me chercher au petit matin dans mon lit à barreaux pour me garder avec lui jusqu'au réveil des adultes, en dépit des crises d'hystérie de mes nourrices qui voyaient d'un mauvaise œil que ce gnome aux yeux d'un vert émeraude manipule la deuxième née de Madame comme un poupon de celluloïd.
Malgré ça, il continuait à me prendre sur ses genoux dans le grand rocking-chair du salon pour me bercer et me chanter des comptines.

Plus tard, je le suivais partout, tout le temps. Souvent, ses parents lui demandaient d'aller prendre des cigarettes pour eux et, quand il enfourchait sa bicyclette pour rejoindre le petit tabac du village, je n'avais pas besoin d'emplir à dessein mes deux grands yeux bleus de larmes innocentes pour qu'il accepte de me prendre sur son guidon. Généralement, il dépensait les quelques pièces que ses géniteurs lui donnaient pour m'acheter des bonbons que, finalement, nous partagions tous les deux. Quand il se faisait punir pour ne pas avoir pris ce qu'on lui avait demandé, je prenais un petit livre illustré, m'asseyais à son côté, mettais ma petite menotte dans la grande sienne et l'écoutais, fascinée, me raconter des histoires.
Je n'ai jamais vraiment compté le nombre de fois où il avait été fessé par la faute du petit tyran que j'étais, mais il ne s'en était jamais plaint. Il avait même l'air d'en être sensiblement ravi.

Le soir, devant la télé, nous partagions le fauteuil favori de mon grand-père, dont un ressort cassé nous obligeait à nous tasser tout contre le dossier. Il n'a jamais rechigné quand je mettais tout doucement ma tête sur son épaule. Il déposait même de temps à autres de gentils baisers sur le haut de mon crâne, m'expliquait les séquences des films qu'on regardait quand je ne comprenais pas et me cachait les yeux de ses mains quand il estimait que les images étaient trop violentes pour mon jeune regard.

Lui qui se battait comme un malade avec ses frères aînés qui le frappaient régulièrement avec une violence rare, il était avec moi d'une douceur angélique. Je pouvais faire de lui tout ce que je voulais sans qu'il n'émette la moindre plainte, contrairement à Billy qui s'esquivait à chaque fois que j'ouvrais la bouche. Je me souviens encore l'avoir maquillé, habillé avec de vieilles robes et l'avoir appelé Nathalie toute une journée sans qu'il ne rouspète un instant. Il n'hésitait pas à traverser les ronces et les orties pour récupérer la balle de tennis que je prenais un malin plaisir à y envoyer et me répondait tout le temps quand je l'appelais le soir par téléphone parce que je n'arrivais pas à dormir.
Même à la naissance de Viola, il a continué à venir me voir, sans ses parents et sans ses frères.

Mes nourrices disaient en riant que si Adam avait été destiné, bien avant sa naissance, à ma grande sœur, c'était nous qu'on finirait par marier : d'ailleurs, nous ferions très certainement de beaux enfants.

Mais le temps a passé et, lorsqu'il a intégré l’École de Magistrature de Bordeaux, nous ne nous sommes plus vu ni parlé. Enfin... jusqu'à l'été de mes 16 ans : il était devenu un homme extrêmement séduisant, j'étais presque une femme et il avait, une fois de plus, joué son rôle d'initiateur aux choses de la vie.
Je n'ai jamais plus aimé un homme comme je l'ai aimé cet été là.

Tout s'est effondré lorsque ma mère avait téléphoné à la maison ce matin-là. Je ne sais plus comment la discussion s'était déroulée, ni même à qui appartenait cette voix rauque qui me disait qu'après avoir sombré dans un coma profond et irréversible provoqué par la sclérose en plaque, Adam avait succombé à l’hôpital.

C'est après sa mort que tout a changé. Je ne l'ai jamais dit à personne (pas même Viola), mais quelque chose est mort en moi, avec lui. Peut-être que je me voile la face quand je dis que je n'ai jamais aimé personne : c'est vrai ! Si nous ne nous sommes pas mariés comme nos familles respectives auraient pu en rêver, il a quand même été mon seul et unique époux de l'âme !

Lui parti, j'ai commencé à refuser de m'attacher aux autres. Je n'arrêtais pas de me dire « Rem, à quoi bon nouer des liens si c'est pour souffrir ensuite ? » Soyons réaliste : moi, tout ce que je voulais et tout ce que je veux encore aujourd'hui, c'est être libre et indépendante, autant sentimentalement que professionnellement parlant.
J'ai joué avec tous les mecs qui finissaient par me manger dans la main, et ça m'amusait de les piétiner, de les détruire et de les voir se tordre de douleur à mes pieds.
Après tout, je ne suis qu'une femme qui se complaît dans le mensonge et qui vous fait croire qu'elle peut vous rendre heureux, vous qui avez une place si chère dans son cœur qu'en réalité vous ne faites que frôler, si d’aventure vous arrivez à l’atteindre.
Moi, la médiocrité sentimentale m’indiffère.

Le souci, c'est qu'Evan est entré dans ma vie au moment où j'étais encore impuissante et complètement désarmée, malgré ce que je laissais paraître.
Lui n'avait plus sa chère sœur à ses côtés et moi j'étais devenue incapable d'aimer quelqu'un.
C'est ce qui nous a rapproché un temps d'ailleurs.
Mais avec des caractères aussi forts que les nôtres, impossible de se voiler la face bien longtemps : il m'a avoué un jour, après un énième pétage de plomb et une énième dispute, que s'il sortait avec moi, c'était surtout à cause de mes yeux océan. Semblables en tout point à ceux d'Allie.

Je n'ai pas été vexée, touchée ou en colère.
Juste... indifférente.

Dans l'absolu, les bras grands ouverts, la bouche en cœur et les jolis mots d'amour, ce n'était pas chez moi qu'il aurait pu les trouver. Je ne peux plus cambrer mon âme pour qu'elle épouse celle d'un autre. Les courbatures ont été bien trop douloureuses au réveil.
Et Remy Sullivan ne sait plus faire ça.

Et puis vous savez, si j'ai quitté Evan, c'était seulement pour ses mensonges et pour toutes les couleuvres qu'il a pu me faire avaler pendant notre relation. Ce n'était aucunement à cause de ses motivations à sortir avec moi qui, de mon côté non plus, n'étaient pas franchement louables.

Si j'étais déjà une antithèse étoffée avant Evan, je suis devenue une antithèse inaccessible et franchement passionnée après son passage. Quand à lui, il est l'oxymore le plus poussé qu'il m'ait été donné de rencontrer.
Il n'a fait qu'achever de laminer la terre déjà brûlée et ce, à un point tel qu'on en est même venu à dire que je ne suis qu'une coquille vide de tout sentiment, tout simplement parce que je ne laisse aucune chance a ceux qui, charmés, souhaiteraient s'approcher d'un peu trop près.

Et bien je leur dis qu'ils ont raison.
Et qu'ils doivent se méfier.

Oh, bien sûr, quand je vois ce crétin, j'arrive encore à faire trembler mon coeur, à le laisser s'emballer et à laisser monter le sang à mes joues. Mais pas de la manière que vous envisagez :

    « Tu pourrais au moins faire semblant d’être contente de me voir ! Regarde, il y a des gens civilisés ici, tu veux vraiment qu’ils voient à quel point tu es insupportable ? Aller Remy, arrête d’aboyer comme ça, on sait tous que tu ne mords pas plus qu’un chiot. »

Ça non alors. Jamais.
D'ailleurs, je jure devant Dieu et Sa Sainte Garde que si on m'impose encore dans le même mois un contrôle d'identité effectué par un flic bègue, moustachu et sentant l'ail juste après le petit-déjeuner, un plongeon digne des plus grands films hollywoodiens sur le carrelage glacé de ma salle de bain, le talon de mes escarpins fétiches qui foire sur les pavés de Little Angleton et qui trouve rien d'autre à faire que de se fendre par le milieu, les emmerdes de fric, un tour dans un coin si paumé qu'il n'y a rien d'autre sur le tard qu'un pèlerin et trois tondus, une fin d'après midi avec pour seule compagnie le loser qui me sert d'ex (et encore, j'ai pas tout dit), je fais en sorte pour qu'il ne ressorte de mon bilan de compétences que les qualités requises pour me reconvertir en tueuse sanguinaire et psychopathe.

Il a ce don. Ce don de ramener à mon bon souvenir des périodes de ma vie dont je me serais bien passée. Tout ça en me foutant en rogne.
Je suis à deux doigts de commettre l'irréparable.
Je serais prête à dévoiler mes dons au grand jour rien que pour lui faire ravaler son air victorieux, vous savez ?

Ok Rem. Tout doouux. Inspire. Respire. Inspire. Respire. Très bien. Ne pense pas à ta rage, pense à la manière de lui rendre la pareille.
Bien. Je me gifle intérieurement pour me ressaisir, puis je lui souffle sur un ton relativement neutre :

    « J'ai aucunement l'intention de faire semblant avec toi, sale déchet hybride de poisson mutant sans écailles lacéré par un éclat de plastique recouvert de pus moisi. Je ne suis pas civilisée quand j'ai ta tronche en face des yeux, et si ça ne tenait qu'à moi, j'te la couperais... Et je fais pas allusion à ta tête. 

    - J’avais oublié à quel point tu étais drôle, Remy.

    - Si pour toi être empirique et réaliste c'est être drôle, alors faisons comme ça.
    »


''Clack !'' fait le verre que j'écrase de toutes mes forces sous la table.
Je ne fais que froncer les sourcils, battre des paupières et sourire comme la dernière des abruties pour me contenir, mais je ne bronche pas d'un cil quand je sens les morceaux s'enfoncer profondément dans ma chair. Je suis tellement furieuse que la douleur n'est rien comparée à la haine que j'éprouve envers ce mec.
Quand je vous disais que ce n'était tout simplement pas humain tant de hargne... c'était pas pour des pruneaux, hein.
Aah... comme je rêve de lui crever les yeux un par un.
Rien que l'imaginer se tordre de douleur sur le sol de ce maudit café me fait lâcher un rire cristallin.

Puis, je me retourne vers le gosse qui, 5 minutes plus tôt, ne pouvait pas rester tranquille sur son siège. Aah... on dirait que le déferlement de ma rogne ne lui a pas échappé et que ça lui a coupé la chique, hein ! D'ailleurs, y'a papa qui profite de ce moment d'inattention pour attraper le môme par la capuche de son pull-over Batman et lui administrer un aller-retour sonore en pleine figure. Maman, pour faire bonne mesure, amarre sa grosse paluche à la toute petite oreille du lilliputien que les gifles n'ont pas fait taire et hurle dedans que nom de dieu Bertrand, c'est pas des manières d'empêcher les gens bien comme y faut (nous, si je me fie à son regard dans notre direction) de manger en paix, sale petit con. Et la voilà qui lui enfourne d'énormes pelletées de spaghettis au jambon dans la bouche.

Dire que ses vieux avaient eu beau beugler à tour de rôle que merde Bertrand, viens t'asseoir tout de suite, putain, tu nous fais chier, le môme se figeait 2 secondes, crachouillait deux mots incompréhensibles (vu qu'il ne prend même pas la peine d’ôter sa tétine de la bouche) et recommençait son manège. Papa, de l'autre côté de la table, en avait de la fumée qui lui sortait des naseaux, dis donc. Mais Bertrand continuait de brailler, bouche grande ouverte et morve au nez, jusqu'à ce qu'il voit le verre dans la main de Remy Sullivan partir en poussière (sable conviendrait mieux).
Juste. Jouissif.

    « On se fait du soucis pour moi ? Trop aimable, ça me touche. Mais je n’ai plus le droit d’offrir un verre à mon ex préférée ? »

Je ricane en levant les yeux au ciel. C'est pas à moi qu'il va faire croire qu'il est venu à ma table délibérément pour m'offrir un verre.

    « Si c'est pas malheureux d'avoir autant perdu la main...

    -… Dit la fille qui était assise seule à une table de deux. Dans le genre pitoyable, on peut difficilement faire mieux. Ça doit être ça, tu m’as fait… pitié.
     »

Oooh ? Tu veux jouer à ce petit jeu avec moi ? Dans ce cas, j'te promets que t'y laisseras des plumes, mon tout beau. Et tu ne seras pas déçu du voyage.

    « … dixit le mec esseulé qui était accoudé au bar à regarder les minettes en chaleur défiler, un verre à la main. Tu sais, je n'ai à rougir de rien, surtout si c'est à cause de toi. Après tout, je ne t'ai forcé à rien. Et tu es venu. Tout seul. Et c'est pas à Remy Sullivan que tu feras croire que t'es venu à sa table seulement parler du bon vieux temps puisqu'entre nous, elle n'a jamais eu une très bonne mémoire. »

Sans lui laisser une chance de poursuivre ou même dans placer une, je continuais sur ma lancée, amusée :

    « Ooh... et je suis déçue, moi qui croyait que tu étais un peu plus... comment dire... ? Observateur ? Ou alors... direct. Moui. Parce que, tu vois, je crois plutôt que, n'ayant rien à te mettre sous la dent, tu es venu dans ce café pour... mmh... chasser... oui, c'est le mot... et que ton ego et toi vous vous êtes retrouvés comme deux ronds en flanc quand tu as vu que la fille qui était dans ta ligne de mire n'était autre que la délicieuse Remy. D'ailleurs, ton expression à ce moment-là était juste risible, pour ne pas dire jouissive. La mienne a du être pas mal non plus mais, de nous deux, c'est moi la victime de ton ''inattention'', tu ne crois pas ? C'est pour ça que je dis que je n'ai à rougir de rien et que de nous deux, le plus pathétique -je reprends tes termes, tu m'excuses-, c'est toi. »

Détendue, je me mordille les lèvres sensuellement, me penche vers la table pour finalement m'y accouder, sereine. Je n'arriverais à rien si je m'énerve, pas vrai ? En plus, je n'ai jamais fait autant de contrôle sur moi qu'à cet instant.
Je plonge mon regard dans le sien et, de ma menotte souillée par le sang, je lui prend la main avec une brutalité non dissimulée pour le forcer à me fixer droit dans les yeux. Puis je poursuis, sur un ton aguicheur :

    « Hahaha ! Me trouves-tu toujours aussi drôle, chéri ? Oh... tu préfères peut-être que je continue ? Et bien... mmh... pour répondre à ta question, je ne suis pas vraiment... soucieuse de toi, seulement... disons que j'ai l'habitude de choisir des mecs qui ont un peu plus de jugeote que ce que je viens de voir. Je t'ai simplement posé la question par curiosité, toi qui était champion dans cette catégorie. J'en viens donc à penser : notre séparation n'a peut-être pas été si bénéfique pour toi qui te retrouve à me draguer, moi. A moins que... tu t'es trouvé une nouvelle poulette et que ça devienne tellement sérieux que tu n'as rien trouvé de mieux que de venir te morfondre sur mon épaule ? Oh la la ! Fé-li-ci-ta-tion ! C'est quoi son petit nom ? Je la connais ? »


J'avoue que je tacle un peu au hasard. À l'aveugle. Des fois, ça me mène à la vérité mais... comme si Evan Adams pouvait s'amouracher d'une fille. LOL comme dirait l'autre. Tss... rien que le fait d'avoir des sentiments envers quelqu'un me semble complètement... j'trouve même pas de mot assez fort mais en tout cas, ça va dans le sens de ''inconcevable''.

Evan Adams. Amoureux. N'importe quoi. Mais bon... c'est un sujet relativement sensible et au moins, je sais que j'arrive à le titiller.
Et c'est tant mieux.

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Sorcier Noir ~ Membre de Rosenrot
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CITATION DU PERSONNAGE : J’te fascine hein ? Allez viens on parle de moi !

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Evan Adams
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MessageSujet: Re: Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]   Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy] EmptySam 21 Avr 2012 - 0:12


* Now you're just somebody that I use to know. *

    Il me semble que vous connaissez déjà la triste histoire d’Alicia Adams. Oui, je sais, vous êtes sincèrement désolé pour moi, toutes vos condoléances… Que son corps repose en paix, blablabla, amen. Bref. Passons les formalités d’usage qui me donnent la gerbe chaque fois qu’un individu a le malheur de les faire sortir des entrailles de la terre. Laissez les morts en paix, bordel ! En plus, à chaque fois, la personne sensée me remonter le moral parce que j’ai vraiment tout à fait l’air de quelqu’un de dépressif (hmm), en profite pour me conter ses petits problèmes journaliers (style mon tamagotchi vert à pois bleus est mort hier). Je trouve toujours un bon conseil du genre « tu peux aussi aller te faire pendre » et généralement, ces no-life me fichent la paix.
    Mais BREF. Bref, bref, bref. J’aime abuser de ce mot.
    J’imagine, donc, que vous connaissez l’histoire d’Allie. Laissez-moi néanmoins éclaircir quelques points, quelques détails croustillants qui vous aideront à anticiper le véritable cyclone Rémy que j’ai devant mes yeux ébahis.

    Allie était une garce. Une gamine pourrie gâtée, certaine d’avoir le monde à ses pieds. Le plus drôle, c’est que c’était vrai. Les gens qui côtoyaient Allie, que ce soit de la famille, des prétendants, des amis ou de vulgaires inconnus, tous, n’avaient d’yeux que pour elle. Parce qu’outre sa prétention et ses mesquineries, Allie était belle. Diablement belle. Et nous vivons dans un monde où l’apparence est reine, au grand dam des uns, et au bonheur des autres (comme moi). Alors on lui pardonnait tout, pour ses beaux yeux. Moi le premier.
    C’est ce que je haïssais et ce que j’aimais le plus chez elle. Sa capacité à enjôler le monde entier dans un battement de cil.
    Enfin, Allie avait beau être la personne la plus étrange que je connaisse, c’était avant tout ma sœur. Pour le meilleur et pour le pire…

    Lorsque nous étions enfants, il nous arrivait d’imaginer l’avenir. Pas tel qu’il le serait, non, c’était trop ennuyeux, mais plutôt tel qu’on le voulait. Avec nos mots, nos couleurs, nos idées.
    Et Allie était présente dans chacune de mes idées.

    Alors lorsqu’elle est morte, de nombreuses choses que je pensais ancrées dans le marbre pour toujours se sont effondrées. Comme notre famille. Ou comme moi.
    Ma réaction a été des plus bizarres. J’aurais pu me refermer sur moi-même, noyer mes souvenirs dans la boisson, et finir mes jours entre mes deux parents qui me regardaient comme un inconnu. Bref, j’aurais pu devenir l’archétype du gars aussi chiant que la pluie. J’aurais pu. Dieu merci j’ai évité la catastrophe. Enfin, plus ou moins.
    Mais je n’ai pas été totalement épargné, loin de là. À vrai dire, après la mort d’Allie, j’avais l’impression que je venais de traverser une monstrueuse tempête. Sans savoir avec certitude s’il s’agissait de la mort d’Allie, ou d’Allie elle-même. En fait, à ce moment-là, je m’en foutais comme de la première chaussette du frère de la mère de mon arrière-cousin éloigné. J’avais juste du mal à réaliser qu’il était possible que je sois en là, encore en vie. En morceaux, en miettes même, certes ; mais en vie. Avec le recul, je me dis qu’Allie ressemble beaucoup plus à une tempête, et sa mort à l’accalmie.

    Mais vous comprenez, quand quelqu’un a été présent à chaque moment de votre vie pendant dix-huit ans, dix-huit longues années, on ne peut pas juste tirer un trait dessus.
    Alors ouais, c’est vrai, j’étais en vrac. Je retrouvais chaque jour des parcelles de moi, de nous, d’avant. Et ça faisait mal. Ça faisait mal parce que je ne savais plus du tout où aller.
    C’est pour ça que je suis parti.
    Et c’est pour ça, ou plutôt à cause de ça, que j’ai rencontré Remy. Elle était loin d’être la première fille à croiser mon chemin, encore moins la première à ramper dans mon lit. C’était juste une fille parmi tant d’autres. Une jolie fille parmi tant d’autres.
    Que j’aurais fini par larguer comme une vieille chaussette trouée.
    Mais quelque chose a changé la donne. Peut-être son absence de compassion, peut-être son humour pourri, peut-être cet air un peu étrange qu’elle prenait parfois, quand elle pensait probablement que je ne la voyais pas. Un air un peu triste.
    Peut-être un peu de tout ça, ou peut-être juste son sadisme en toutes circonstances (même au lit, j’vous jure), peut importe. Toujours est-il que lentement, vicieusement, Remy n’était plus tout à fait une jolie fille parmi tant d’autres.

    On a jamais vraiment parlé de nous, ou de ce qu’il y avait avant. Je ne voulais pas de sa pitié et je ne lui aurais jamais offert la mienne. Mais il y avait des regards qui n’étaient pas innocents et j’ai compris que malgré ses grands airs, elle était aussi paumée que moi.
    On s’engueulait souvent. Tellement qu’il m’arrivait de la haïr et c’est ce qui m’énervait le plus. Je n’étais pas sensé ressentir des trucs de ce genre-là pour une fille. Elle était sensée me laisser indifférent, voire totalement blasé mais… Mais j’vous ai dit que Remy avait un peu changé la donne, vous êtes bouché ou quoi ?

    Toujours est-il que même les pires choses ont une fin. Remy et moi, ce n’était pas pour l’éternité, bien heureusement. Ça a fini, comme j’ai toujours su que ça allait finir, et aussi violemment que ça avait commencé.
    Pour elle ça a fini appuyée contre une voiture au milieu de nulle part avec l’air d’un rottweiler enragé (du moins c’est comme ça que je l’ai laissée) ; pour moi ça a fini dans un bar paumé à tenter de pulvériser mon record de vodka à la minute.
    J’me souviens que la dernière chose que je me suis dit en voyant Remy ce jour là, c’est que je plaignais la voiture qui allait faire les frais de sa mauvaise humeur.
    C’était pourtant pas de ma faute ! Enfin, pas tout à fait. Bon d’accord, peut-être un peu. En lui avouant que si je sortais avec elle c’était uniquement pour ses beaux yeux (qui, d’accord, ressemblaient un peu beaucoup à ceux d’Allie), je cherchais simplement à lui prouver que dans ma grande bonté naturelle, j’étais encore capable de dire quelque chose qui se rapprochait un tant soit peu de la vérité ! Je voulais simplement lui prouver que j’étais l’homme idéal, voilà tout. Pourquoi les femmes sont-elles si susceptibles ?
    Bon d’accord, tout est faux. Si je lui ai avoué ça, c’était pas pour être mignon, c’est parce que j’étais en colère et que quand je suis en colère, je suis pas gentil (comment ça, pas seulement quand je suis en colère ?).
    D’après elle, ce n’est pas pour ça qu’elle est partie. Enfin, déjà faudrait-il qu’on soit d’accord sur le fait que c’est elle qui est partie. Ce qui soit dit en passant est une pure diffamation féminine.
    Mais d’ailleurs, je me fiche que savoir pourquoi elle est partie, parce qu’elle n’est PAS partie, puisque c’est MOI qui l’ai larguée !

    Remy, ma chère et tendre Remy, tu m’horripiles (et encore, c’est un euphémisme). Tu possèdes le très exceptionnel don de me mettre en rogne rien qu’à la vue de ne serait-ce que le bout de l’ongle de ton petit orteil droit. Il fut pourtant un temps où Remy Sullivan ne m’était pas totalement inutile.
    Comme pour confirmer mes dires, ta voix si délicieusement insupportable choisit ce moment pour venir me taper un peu plus sur le système :

    - J'ai aucunement l'intention de faire semblant avec toi, sale déchet hybride de poisson mutant sans écailles lacéré par un éclat de plastique recouvert de pus moisi. Je ne suis pas civilisée quand j'ai ta tronche en face des yeux, et si ça ne tenait qu'à moi, j'te la couperais... Et je fais pas allusion à ta tête.

    Je la dévisage avec une moue faussement horrifiée et, sur un haussement de sourcil dédaigneux, j’éclate de rire. Non mais c’est vrai quoi, c’est pathétiquement hilarant. Elle ne fait pas semblant, elle croit dur comme fer à ce qu’elle raconte ! C’est trop mignon.

    - Je suis mort de trouille.

    Mais viens donc essayer, trésor, je t’attends. Viens donc et j’te fais ressembler à un rat tombé d’une falaise. Une si jolie frimousse, ce serait d’un gâchis.
    En parlant de frimousse, le petit qui beuglait tout à l’heure n’a apparemment pas saisi le message assassin de Remy, parce que ça ne l’a pas empêché de redoubler de volume.
    Et que ça braye Bertrand par-là, et que ça se prend une paire de claque par-ci. Papa et maman jouent des pieds et des mains pour le faire cesser mais ce n’est que lorsque le verre de Remy part en poussière qu’il daigne la boucler. En poussière, au sens littéral du terme. Alors que deux secondes auparavant sa main tenait fermement le verre qu’elle venait d’écraser sur la table, elle ne renfermait maintenant qu’une poignée de sable. Tiens, j’avais oublié que question pouvoirs, magie et compagnie, elle se la donnait assez. D’ailleurs c’est tant mieux ; un peu plus et Bertrand devenait muet pour le restant de ses jours.

    - Si pour toi être empirique et réaliste c'est être drôle, alors faisons comme ça.

    Inutile de préciser que ses insultes me laissent encore plus indifférent que du marbre. Et aussi glacial.

    - … dixit le mec esseulé qui était accoudé au bar à regarder les minettes en chaleur défiler, un verre à la main. Tu sais, je n'ai à rougir de rien, surtout si c'est à cause de toi. Après tout, je ne t'ai forcé à rien. Et tu es venu. Tout seul. Et c'est pas à Remy Sullivan que tu feras croire que t'es venu à sa table seulement parler du bon vieux temps puisqu'entre nous, elle n'a jamais eu une très bonne mémoire.

    En fait, Remy Sullivan est terriblement ennuyeuse. Elle est plutôt mignonne, quand on ne la connaît pas. Mais il suffit de creuser un peu pour s’apercevoir qu’elle est aussi vide et inintéressante qu’un ballon de baudruche. Le côté chiant en plus.

    - Tu sais, tu n’émeus personne avec tes longues tirades. Tu perds ton temps, et en plus tu parles dans le vent. Je pensais pourtant que t’avais compris que tu pouvais pas me blesser, depuis le temps. Mais si tu veux jouer, j’en ai des belles à te ressortir sur la jeune et insouciante Remy Sullivan. Tu sais, celle qui était devenu incapable d’aimer.

    J’ai pris un ton carrément pathétique sur ma dernière phrase pour lui faire comprendre à quel point elle est pitoyable.

    - Ooh... et je suis déçue, moi qui croyait que tu étais un peu plus... comment dire... ? Observateur ? Ou alors... direct. Moui. Parce que, tu vois, je crois plutôt que, n'ayant rien à te mettre sous la dent, tu es venu dans ce café pour... mmh... chasser... oui, c'est le mot... et que ton ego et toi vous vous êtes retrouvés comme deux ronds en flanc quand tu as vu que la fille qui était dans ta ligne de mire n'était autre que la délicieuse Remy. D'ailleurs, ton expression à ce moment-là était juste risible, pour ne pas dire jouissive. La mienne a du être pas mal non plus mais, de nous deux, c'est moi la victime de ton ''inattention'', tu ne crois pas ? C'est pour ça que je dis que je n'ai à rougir de rien et que de nous deux, le plus pathétique -je reprends tes termes, tu m'excuses-, c'est toi.

    Blablabla, et blablabla… Que du blabla ! De belles phrases, voilà tout. Tu crois que tu m’fais peur avec ton charisme de moule ?
    N’empêche que ça m’énerve. Non mais c’est vrai, pour qui elle se prend ? Je suis quand même Evan Adams, bordel ! Je plante mes yeux bien profonds dans les siens, histoire de ne lui laisser aucune chance de ce dérober.

    - Ouais, je suis venu ici dans le seul but de draguer une fille potable et de l’emmener dans mon lit. Et puis quoi ? Ça t’étonnes ? Vraiment ? Pourtant, t’en as toi même fait l’expérience, il n’y a pas si longtemps que ça. Donc, oui, effectivement, je chasse –je reprends tes termes, tu m’excuses- mais non, ce n’est pas de ma faute si j’ai eu le malheur de tomber sur toi !


    Mon verre est vide et elle n’a plus de verre. La situation commence à devenir sérieusement critique. Imperturbable, elle continue son monologue, sans s’apercevoir que tout le monde s’en fout, moi le premier. C’est bon Remy, j’ai percé à jour ta comédie burlesque, tu peux avouer que tu es folle de moi et que tu n’as qu’une seule envie : que je te saute dessus.

    « Hahaha ! Me trouves-tu toujours aussi drôle, chéri ? Oh... tu préfères peut-être que je continue ? Et bien... mmh... pour répondre à ta question, je ne suis pas vraiment... soucieuse de toi, seulement... disons que j'ai l'habitude de choisir des mecs qui ont un peu plus de jugeote que ce que je viens de voir. Je t'ai simplement posé la question par curiosité, toi qui était champion dans cette catégorie. J'en viens donc à penser : notre séparation n'a peut-être pas été si bénéfique pour toi qui te retrouve à me draguer, moi. A moins que... tu t'es trouvé une nouvelle poulette et que ça devienne tellement sérieux que tu n'as rien trouvé de mieux que de venir te morfondre sur mon épaule ? Oh la la ! Fé-li-ci-ta-tion ! C'est quoi son petit nom ? Je la connais ? »

    Là, ça fait tilt dans mon cerveau. Je sors de ma petite rêverie nostalgique. C’est moi ou elle vient de faire une vague allusion à Lola ?
    J’incline la tête sur le côté, comme si j’étais soudainement intéressé, ce que je ne suis pas plus qu’il y a deux secondes. Je suis juste hors de moi. Mais ça, elle n’a pas besoin de le savoir, ça la ferait beaucoup trop jubiler.
    Je la regarde, avec un petit sourire en coin très sexy.

    - Pourquoi, on est jalouse ?


    J’ordonne aux battements de mon cœur de cesser d’accélérer de cette façon, mais ils m’ignorent royalement. Ce n’est pas croyable, je suis venu ici pour oublier Lola et me voilà sur le point d’aborder ce sujet avec ce… cette… bref !
    De toute façon, je suis sûre qu’elle disait ça tout à fait au hasard. Elle est bien placée pour savoir qu’Evan Adams ne tombe jamais amoureux. Je ne vois pas pourquoi ça changerait.

    - Oh et je plains sincèrement les mecs que tu choisis, comme tu dis. Sans vouloir te contredire, à mon avis, ils ont autant de jugeote qu’un pigeon d’Alaska. Ou alors ils sont stupides. Et suicidaires.


    J’peux vous faire une confidence ? Un truc un peu marrant. Je ne suis jamais tombé amoureux !

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AnonymousInvité
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MessageSujet: Re: Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]   Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy] EmptyMar 24 Avr 2012 - 16:32

Dès qu'il ouvre la bouche pour répliquer, je lève les yeux au ciel, tandis que je raffermis ma prise sur sa main. Je sens que je vais avoir droit à mon discours de réprimandes aussi vaseux que le fond de la cuvette de mes toilettes.

    « Tu sais, tu n’ém... [j'ai lâché le fil de la conversation quand je me suis rendue compte qu'un beau blond accoudé au bar me faisait de l’œil. J'étais juste entre train de me dire que, ce soir, ne me réchaufferais pas toute seule, quand j'ai été coupée dans mon élan de pensées obscènes lorsqu'il se mouche et contemple sa production comme pour y lire l'avenir. Haa~... dommage... une si bonne viande... quel gâchis !] ...jouer, j’en ai des belles à te ressortir sur la jeune et insouciante Remy Sullivan. Tu sais, celle qui était devenue incapable d’aimer. »

Qu'est-ce que j'vous disais ? C'était pas des paroles en l'air, hein ! Mais ça m'fait bien rire le fait qu'il croit me connaître sur le bout des doigts. ''Insouciante''. Avec lui, je n'ai jamais été aussi insouciante que j'aurais pu l'être parce que sinon, il aurait tout de suite appris pour Adam. J'aurais lâché l'affaire au cours d'une dispute, me serait roulée en boule sur mon lit pour pleurer ma stupide langue trop pendue avant de remballer mes affaires, vu qu'il m'aurait viré de son appart' à coups de pied au cul, exaspéré : si j'avais été insouciante, il ne serait pas resté avec moi aussi longtemps.
Et j'aurais été comme ces autres filles qu'il ne faisait que mettre dans son lit.

Cependant, Remy Sullivan est une fille qui contrôle tout. En tout cas, elle s'efforce de le faire avec application.
Pas de place à l'insouciance dans sa vie rondement bien menée alors qu'il vienne pas me baratiner sur mon insouciance, ce con, juste parce qu'il croit avoir vu ou perçu certaines choses chez moi qui l'on aidé à me cerner : comme s'il avait acquis la connaissance suprême sur le dossier ''Remy Barbara Sullivan''.
Comme dirait l'autre : j'm'en tamponne le Makaranov de c'qui pense savoir, ce con.
De toute façon, il est très loin de la vérité. Si loin ! A des années lumières, même.
Parce que personne n'est au courant pour Adam. Viola ne le connaissait pas, Billy à peine et mes parents s'en tapaient comme de leur premier natel.

Adam, c'est mon secret à moi alors qu'il vienne pas me remplir la tête de ses spéculations de banquiste parce qu'il pas devin à c'que je sache. Qu'il s'avise pas de salir sa mémoire avec ses pensées bancales et ses je-pense-que à la mord-moi-l'noeud.
D'ailleurs, Evan peut bien s'enfoncer profondément ses supputations claudicantes dans la derche et ce, avec tout la force dont il est capable.

Crétin.

    « Dans ce cas, soyons deux à jouer, mon chou : j'en ai aussi des bonnes à te sortir, Monsieur-le-presque-incestueux-qui-prend-ses-copines-pour-sa-petite-soeurounette. Brother complex qu'on appelle ça, tu l'savais ? Tu commences et je prends l'relais ? Ou inversement. J'ai touuut mon temps. »

Je fais claquer ma langue sur le palais, dédaigneuse.
Sauvage.
Bénies soient mes nourrices qui prônaient l’apprentissage par l’observation :« tu verras, ma belle, tes copains de jeux (expression que j'ai pris au sens second du terme) s’avéreront être d’intéressants spécimen de bêtise humaine à l’état minimal. Vraiment très intéressants à observer ! ».
Et elles ne se sont jamais fourvoyées.

    « Ouais, je suis venu ici dans le seul but de draguer une fille potable et de l’emmener dans mon lit. Et puis quoi ? Ça t’étonnes ? Vraiment ? Pourtant, t’en as toi même fait l’expérience, il n’y a pas si longtemps que ça. Donc, oui, effectivement, je chasse –je reprends tes termes, tu m’excuses- mais non, ce n’est pas de ma faute si j’ai eu le malheur de tomber sur toi !

    - Prends pas la mouche, chéri ! Je ne faisais qu'énoncer la vérité, hein ! Parce qu'entre nous, ce n'est pas le fait que tu chasses qui m'étonne -j'en ai même rien à branler, si tu m'permets l'expression-, mais plutôt le culot que t'as eu de me draguer MOI. Faut suivre, l'ami. Remy Sullivan n'aime pas spécialement se répéter. 
    »

C'est fou ce que ce mec peut se montrer susceptible ! Y'a pas de quoi fouetter un chat, ho !

    « Et puis tu chasses comme tu veux, quand tu veux, ok ? C'est pas mon problème ! Par contre, la prochaine fois, j'te serais gré (oui, je peux être reconnaissante quand je le veux) d'essayer d'éviter de me mêler à ta vie de trou du cul. Ouvre un peu les yeux, mon chou, parce que j'vais finir par croire que t'as d'la merde dans les mirettes. Ou que tu t'es pas remis de mon départ. Nan parce que sans dec, c'est pas qu'j't'aime pas -puisqu'en fait j'te hais-, mais tout comme. Alors fuis-moi comme la peste si tu me croises dans la rue, fais semblant de pas m'avoir vue si tu m'aperçois en soirée, fais comme si t'étais soudainement atteint de cécité si tu me rencontres dans un bar. Bref, ignore-moi. Fais comme si je n'existais pas. J'te rendrais la pareille, juré, et LÀ on s'entendra comme larrons en foire, chéri. »

On s'entendra bien si on se parle pas. En fait, notre relation n'aurait dû en rester qu'au sexe. Et je suis sûre qu'on aurait explosé les records de longévité. Je parle de nos records.
Bien entendu.

    « Pourquoi, on est jalouse ? »

Heu... heu... BOUHAHAHAHAHAHAHA ! C'pathétique ! Comment il essaye de détourner le sujet de la conversation, là ! Moi jalouse ? Y'm'prend pour sa poupée gonflable, ou bien !
Remy Sullivan ? Jalouse ? Même pas dans les rêves les plus fous d'un coléoptère, oh ! Y's'fait des films tout seul, lui : plutôt avaler des déjections d'escargots que d'être jalouse à son propos, ouais !

Boom. Boom. Boom. Un raté. Boomboomboomboom.

Non non, ce n'est pas mon cœur. C'est le sien. Je crois qu'il ne s'est même pas rendu compte que j'avais toujours son poignet dans la paume de ma main ensanglantée. Il fait comme si je n'avais rien découvert de son pseudo-secret. En même temps, vous pardonnerez, hein, mais c'est carrément un scoop : EVAN ADAMS EST AMOUREUX !
Lol, comme dirait l'autre.

Boomboomboomboomboom.

Ouep. On dirait que Remy Sullivan a frôlé la corde sensible. Pire, elle la tient entre ses doigts : soit elle a mis le doigt dans le mile, soit elle a mis le doigt dans le mile.
Un des deux, en tout cas.

Un sourire victorieux et conquérant prend place sur mon visage, et mon regard s'adoucit pour se montrer bien plus dur ensuite : je sais que le fait d'avoir compris ça sans effort le met hors de lui. Parce que ça ne me regarde pas.
Parce qu'il sait que ça me fait jubiler de le voir comme ça.
Parce qu'il se rend compte que je tiens le bon filon.
Et le plus drôle, c'est que plus il essaye de se voiler la face avec son regard de bovin (qui se rapproche étrangement de la vache) mort et pas frais et avec son sourire grinçant tordu en une grimace, plus ça me fait... exulter. D'habitude, je me damnerais pour avoir une chance pareille. Mais là ! LÀ ! Ohoho~ Nom de dieu, c'est mon anniversaire en avance, hein !

Evan Adams, touché ? Carrément coulé ouais !!!!!! Et vous voulez savoir ? C'est juste jouissif.

Ah ! C'est fou ce que le hasard peut être utile à ma tâche de faire de sa vie un petit coin en enfer.

Oh ! Une idée. Maléfique. Ou presque. Pour moi en tout cas.
Quoi qu'il en soit, un sourire malsain étire mes lèvres. Je pose un doigt sur mon menton, comme si j'étais une jeune mais jolie ingénue, et je réponds en levant un sourcil narquois :

    « Parce que ça t'inquiète ? »

Il ne me répond pas parce qu'il sait que ça ne ferait qu'envenimer les choses.

Je penche la tête sur le côté, lâche sa main tout doucement.
Parce que Remy Sullivan sait ce qu'il lui reste à faire.

    « Pour elle ? »

Je pose mes doigts sur le dossier de ma chaise et je le contemple, espiègle, parce qu'il doit se demander ce que je peux bien foutre. Et ce que je peux bien baragouiner.

Oh... Je ne vais pas partir.
Je ne vais même pas tenter de m'enfuir.
Pas tout de suite du moins.
Parce qu'avec tout ce qu'il m'a fait subir, il est temps que je lui rende la monnaie de sa pièce.

Pas besoin d'être cruelle.
Pas besoin d'être violente.
Pas besoin de lever ne serait-ce que le petit doigt sur lui.
Je ne le frapperais pas.
Je ne le giflerais pas.
Mais, et même si ça m'emmerde autant que lui, je sais ce qu'il me reste à faire.
Pour ne pas qu'il m'oublie de sitôt.
Parce que je ne suis pas quelqu'un que l'on balaye de son existence en un coup de chiffon dans le vent.
Parce que je suis Remy Sullivan.
Parce que je déteste perdre.
Et parce que je gagne toujours.
Même si au final, ça me fait souffrir moi-aussi.

Moi, la médiocrité sentimentale m'indiffère.

    « Parce que si jamais c'était le cas, tu ne voudrais pas qu'elle le sache, hein ? »

Je contourne la table avec une lenteur exagérée et me plante devant lui dans toute ma longueur.
Se doute-t-il ne serait-ce qu'un instant de ce que je compte faire pour qu'il paye ce qu'il me doit ? Ohh... s'il le savait, il s'enfuirait probablement dans les toilettes pour se téléporter. Et Remy Sullivan n'aurait plus qu'à ramasser les pots cassés et à payer sa putain de consommation.
Cependant...
… cependant, elle est plus maligne que ce qu'elle aime faire croire, elle qui adooore s'amuser avec les sentiments des autres. Parce que ça lui procure un sentiment de puissance. Parce qu'elle même est incapable d'aimer quelqu'un comme il se doit.
Sur ce point, j'avoue que c'est tout à son honneur que d'avoir découvert ça, chez moi. Mais ce sera la seule chose qu'il saura de plus que les autres. Parce que si cet homme est amoureux, et bien soit. À mes yeux, il a perdu toute sa valeur. D'homme.
Chez Evan, je retrouvais une partie de moi semblable, inattaquable, obscure et boueuse. Aujourd'hui, il a perdu le statut spécial qu'il avait pour moi. Maintenant, il ne sera rien de plus qu'un jouet avec lequel je m'amuserais. Parce qu'oh ça ! Oui, je m'amuserais avec lui jusqu'à ce qu'il rampe à mes pieds. Jusqu'à ce que je me lasse.
Comme tous les autres, il se trémoussera devant moi, face contre terre, et il regrettera de m'avoir rencontrée.

Surtout que Remy Sullivan a une sacrée dent contre lui.
Faudra donc qu'il paye un jour ou l'autre et quoi de mieux pour le blesser que de la blesser elle, la cible malchanceuse de son amour sale et crasseux ?

    « A ton avis, est-ce que je suis jalouse ? »

Je me penche avec un sourire enchanteur sur les lèvres avant de me mettre à sa hauteur. Je n'esquisse pas même un pas vers lui, mais nos yeux se croisent. Les siens bouillent à la fois d'incompréhension et de colère. Mais surtout de colère. Ils jaugent les miens, pleins de malices.

Qu'est-ce qu'elle fout, celle-là ?

C'est que je vois dans ses pupilles qui regardent nerveusement aux alentours.

Mes mains encadrent délicatement les contours de son visage. Je veux le forcer à me regarder, droit dans les yeux.

C'est un signe d'adieu. Pour lui dire que je le respectais en tant qu'adversaire. En tant que chasseur insensible. En tant que prédateur indifférent.
Mais c'est aussi pour la période durant laquelle il m'a rendue aussi balanophobe que la sainte vierge devant le corps du Christ.

Je me rapproche dangereusement lui et dépose mes lèvres sur les siennes. Je l’embrasse. Violemment. Il n'y a pas de tendresse, de gentillesse ou quoi que ce soit.
J'y prends aucun plaisir d'ailleurs. C'est même répugnant.
Il tente de parler et j'en profite pour glisser ma langue dans sa bouche. L'odeur de l'alcool que nous avons ingurgité se mélange à notre salive. Je vois qu'il essaye tant bien que mal de se défaire de mon étreinte, mais je lui attrape les avant-bras (une douleur foudroie ma main souillée par le sang mais je l'ignore royalement), le bloque dans son élan et continue de lui rouler un patin profond et long (le dossier de sa chaise y aidant) dans le genre ''pelle de chantier'', comme quand j'étais encore au lycée.

Je suis en train d'embrasser Evan Adams à pleine bouche.
Dans un café bondé de monde.
Tout d'un coup, il y a nettement moins de bruit.

Mais ça ne se terminera pas comme ça, mon chou, parce que j'ai promis de te faire pleurer de colère : une fois le baiser quasi terminé, je lui mords la lèvre inférieure avec force.
Je compte laisser ma marque. Histoire que sa copine sache que je suis passée par là. Histoire qu'elle sache qu'il n'a pas tellement changé, en fait. Peut-être pour la prévenir. Peut-être pour qu'elle se méfie.
Je le mords jusqu'à ce que son sang emplisse ma bouche.
Puis, je fais un clin d'oeil au passé en lui léchant furtivement la lippe supérieure : je le faisais toujours quand on s'embrassait.

Forfait accompli.

Je me retire tranquillement et le fixe droit dans les yeux. Sa lèvre inférieure baigne dans le sang et je vois dans sa chair mutilée les morsures que j'ai moi-même créées.
Je passe ma langue sur ma bouche pour faire disparaître tout le liquide vermeil qui pouvait encore y séjourner. Et je souris.

    « Un souvenir pour ta chère et tendre... Oh ! Ça me fait penser que tu n'as pas répondu à ma question : est-ce que je suis jalouse, d'après toi ? »


Bah ! En fait, j'm'en tape de sa réponse. J'ai fais ce que j'avais à faire et puis c'est tout.
Je profite donc de sa confusion et de sa haine envers moi pour tourner les talons et me diriger vers la sortie, sans un regard pour lui. Là, je manque de me faire renverser par le serveur qui me demande si j'étais satisfaite.

    « Oui oui, c'était très bien. Merci. Vous pouvez aller voir mon ami, c'est lui qui va régler. Et en liquide, à ce que j'ai compris. »

Je lui glisse quelques pièces sur son plateau en guise de pourboire et, pendant que le serveur en question se dirige vers mon ex pour encaisser sa consommation, je me tourne vers Adams pour lui faire un clin d'oeil aguicheur et lui mimer silencieusement de mes lèvres : « à la prochaine, chéri ».
Puis je sors du ''Lonely truc'' et décide de rester sur la terrasse le temps de m'étirer dans tous les sens.

Spoiler:


Dernière édition par Remy Sullivan le Mar 11 Déc 2012 - 19:03, édité 1 fois
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Sorcier Noir ~ Membre de Rosenrot
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CITATION DU PERSONNAGE : J’te fascine hein ? Allez viens on parle de moi !

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MessageSujet: Re: Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]   Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy] EmptySam 12 Mai 2012 - 0:31

* Moi, si j’étais toi, je me montrerais du doigt, et je me foutrais de moi ! *

    Peut-être vous l’ai-je déjà dit, mais, outre mes innombrables qualités, j’ai bien un ou deux petits défauts. Voilà bien la preuve que personne n’est parfait. Rien de bien alarmant néanmoins, je vous rassure, juste quelques détails sans importance qui ne font que renforcer mon charme à toute épreuve. Et qui s’oublient très rapidement une fois enlacés sous la chaleur transpirante des draps. Mais je m’égare peut-être un peu ?
    Enfin bref, toujours est-il que j’ai une fâcheuse tendance pour l’art de la contradiction.
    Parce qu’effectivement, je me moque de ce que peut penser Remy au fin fond de son crâne aussi désertique que le Sahara comme de la première culotte du cousin germain de mon arrière grand-père. C’est un fait.
    Je me fous royalement, proprement, magistralement, de ce qu’elle croit savoir ou de ce qu’elle a bien pu inventer dans l’espoir de me voir ne serait-ce que vaciller devant ses yeux. Tant d’efforts déployés pour un résultat si médiocre. C’est navrant. Toute cette hargne, cette pseudo haine qu’elle met en œuvre pour me détester, je trouve ça presque touchant. Presque.
    Mais Remy n’est pas touchante, elle est chiante.
    Coucou, c’est là que mon esprit de contradiction fait son entrée ! Parce que voilà. J’ai beau trouver cette situation profondément risible et inintéressante pour ma petite personne, la regarder ainsi dans le blanc de ses yeux de vipère me donne la gerbe. Je vous jure, rien que sa tête me donne des boutons. Là, tout de suite, il y a un tas d’idées peu recommandables qui me trottent dans la tête, mais je les passerais sous silence pour ne pas heurter la sensibilité des plus jeunes.
    Pour le plaisir de vos oreilles, j’ai d’ailleurs décidé de rester calme. Autrement dit, j’ai décidé de ne pas lui foutre mon point dans son joli visage là tout de suite maintenant, bien que cela me démange cruellement la main. Je ménage à regret mes fantasmes et la nargue avec dédain. Difficile d’exprimer plus de pitié dans un seul regard. Je me détend un peu.
    Je n’arrive à rien quand je m’énerve et de toute façon, cela lui ferait bien trop plaisir pour lui rendre ce service. Je préfère la titiller, la chercher tranquillement, c’est beaucoup plus amusant et tellement plus jouissif.

    « Dans ce cas, soyons deux à jouer, mon chou : j'en ai aussi des bonnes à te sortir, Monsieur-le-presque-incestueux-qui-prend-ses-copines-pour-sa-petite-soeurounette. Brother complex qu'on appelle ça, tu l'savais ? Tu commences et je prends l'relais ? Ou inversement. J'ai touuut mon temps. »


    Habituellement, je lui aurais rétorqué qu’à la moindre minuscule allusion sur ma sœur, je lui refaisais le portrait. Mais je suis d’une humeur joueuse et je me contente de lui offrir un magnifique sourire sans prendre la peine d’en voiler l’hypocrisie.

    - Ou tu peux aussi aller te faire voir.

    Le tout envoyé avec une sincérité sans failles.

    « Prends pas la mouche, chéri ! Je ne faisais qu'énoncer la vérité, hein ! Parce qu'entre nous, ce n'est pas le fait que tu chasses qui m'étonne -j'en ai même rien à branler, si tu m'permets l'expression-, mais plutôt le culot que t'as eu de me draguer MOI. Faut suivre, l'ami. Remy Sullivan n'aime pas spécialement se répéter. »

    Elle se croit sûrement irrésistible ? Elle est juste hilarante. Plutôt comique en fait, la Remy.

    - Moi je prends la mouche ? Ne prends pas ton cas pour une généralité, trésor. C’est pas moi qui saute au plafond et qui fait des pieds et des mains parce que mon ex m’a malencontreusement adressé la parole… Oh et puis, je fais ce que je veux, ou je veux, quand je veux, et je n’ai pas besoin de ton approbation pour ça. Parce que tu vois, je me fiche pas mal de ce que Remy Sullivan n’aime ou n’aime pas.

    Il faut quand même que vous sachiez qu’ensemble, Remy et moi, on formait un couple un peu étrange. Pas vraiment le genre de couple qu’on prend en photo sur un banc, qui se donne la main dans la rue ou qui s’embrasse à la photocopieuse. Pas vraiment le genre de couple qu’on voit dans les films. Non, pas vraiment. Pas du tout, même.
    On était plutôt du genre sexy et diabolique, diaboliquement sexy. Le garçon et la fille qu’on admire secrètement mais que jamais, jamais on n’osera approcher, de peur de se brûler les ailes.
    Ça c’était quand on se supportait. Je me demande bien de quoi on a l’air, aujourd’hui, à se livrer une guéguerre puérile et sans trêve.

    « Et puis tu chasses comme tu veux, quand tu veux, ok ? C'est pas mon problème ! Par contre, la prochaine fois, j'te serais gré d'essayer d'éviter de me mêler à ta vie de trou du cul. Ouvre un peu les yeux, mon chou, parce que j'vais finir par croire que t'as d'la merde dans les mirettes. Ou que tu t'es pas remis de mon départ. Nan parce que sans dec, c'est pas qu'j't'aime pas -puisqu'en fait j'te hais-, mais tout comme. Alors fuis-moi comme la peste si tu me croises dans la rue, fais semblant de pas m'avoir vue si tu m'aperçois en soirée, fais comme si t'étais soudainement atteint de cécité si tu me rencontres dans un bar. Bref, ignore-moi. Fais comme si je n'existais pas. J'te rendrais la pareille, juré, et LÀ on s'entendra comme larrons en foire, chéri. »

    Je l’ai regardée avec tout le sérieux dont j’étais capable pendant une, deux, trois secondes et quand je n’y ai plus tenu, j’ai explosé. De rire. Littéralement. Un rire énorme et irrépressible qui a évidemment attiré l’attention de quelques bouseux curieux. Non mais… trop drôle quoi ! Ou que je ne me suis pas remis de son départ ! La blague ! Ça ne la dérange pas plus que ça de me balancer des âneries pareilles avec une telle sincérité ? On pourrait presque penser qu’elle croit dur comme fer à ce qu’elle avance. C’est trop mignon !
    Je me tais enfin et me retiens in extremis de ne pas lui faire une petite imitation de ses compétences théâtrales.
    Enfin, on est tout de même d’accord sur un point : moins on se voit, mieux on se porte.

    Puis enfin, elle se décide à lâcher mon poignet tandis qu’un sourire franchement malsain éclaire son visage et je devine qu’elle vient d’avoir une très mauvaise idée.
    Fais attention, chérie, j’ai mis de côté mes pulsions meurtrières, mais je pourrais les ressortir du placard si tu me dérange un peu trop. Elles ne sont jamais bien loin.

    « Parce que ça t'inquiète ? »

    Sincèrement ? Pas des masses.

    « Pour elle ? »

    Je fronce les sourcils. Ses questions ont autant de sens qu’un dromadaire au milieu de la banquise.

    « Parce que si jamais c'était le cas, tu ne voudrais pas qu'elle le sache, hein ? »

    Je soupire, parce que je commence à me lasser. Tu craches le morceau oui ou non ? Et puis en même temps, je m’interdis de penser à Lola ou à quoi que ce soit qui pourrait me détourner de la répugnance que j’ai pour la pseudo femme en face de moi.
    Parce qu’en fait, elle ne sait rien de Lola. Elle pense simplement que je suis amoureux et je reconnais que ce serait matière à plaisanter. Mais ce n’est malheureusement pas aussi simple que ça. C’est pour ça que son sourire satisfait ne me fait ni chaud ni froid.
    Parce qu’elle est si loin de la vérité.

    « A ton avis, est-ce que je suis jalouse ? »

    Elle se penche vers moi, dans un mouvement qui aurait pu être, un jour peut-être, sensuel s’il ne s’était pas agi ici de Remy Sullivan. Je fixe son visage qui se rapproche à vue d’œil, tout en me disant qu’il me suffirait de tendre le petit doigt pour lui appliquer une monstrueuse baffe qui rebondirait joyeusement sur ses joues rosées.
    Mais non. Non Evan. Ce n’est pas bien de taper sur ses jouets.

    Et puis là elle fait un truc complètement insensé. Carrément stupide. Elle m’embrasse. C’est long, brutal et répugnant. Elle n’est pourtant pas bien repoussante, Remy. Mais là ça ne colle pas, l’alchimie qui pouvait autrefois exister entre nous est rompue, brisée, achevée. Ses lèvres collées aux miennes, sa langue s’enroulant autour la mienne, ça ne me procure aucun plaisir. C’était pourtant ainsi que c’était censé se passer. Et ça aurait très bien fonctionné, parce que ça fonctionne toujours, parce que personne ne résiste à Evan Adams. Pas même Remy. Surtout pas Remy.
    Toujours est-il que je ne comprends pas ce qu’elle fout là, plaquée contre moi, à me rouler de longues et bruyantes pelles (dans le genre sexy c’est à revoir).
    Et ça m’emmerde profondément.
    D’ailleurs, j’ai comme l’impression que les conversations s’éteignent tout à coup. L’impression devient certitude lorsque j’entends la maman de Bertrand, outrée, lui souffler « regarde ailleurs, prends pas exemple là-dessus et finit ton assiette non de Dieu ! ».

    Je la repousse de la force de mes poignets mais la demoiselle s’accroche et j’ai pitié d’elle. De quoi aura-t-elle l’air si je l’éjecte comme une vulgaire chaussette moisie en décomposition ? Alors je prends mon mal en patience et la laisse prendre son pied.
    Lorsque je me dis que le supplice est enfin terminé, elle me mord la lèvre inférieure avec détermination. Je me recule brutalement au moment où elle lèche le sang qui s’échappe de ma bouche. Elle faisait ça aussi, avant. Curieusement, à l’époque, je trouvais ça agréable.
    Elle est visiblement très fière d’elle. Je lui rend son regard, avec une moue pas franchement convaincue, tout en m’humectant les lèvres.
    Pourquoi toutes les femmes tiennent-elles à me laisser une trace de leur passage ? Aurais-tu peur que je t’oublie, Remy chérie ? Désolé, mais cela ne sera pas suffisant ! Tu pourrais me marquer au fer rouge, je ne garderais pas plus de souvenirs de toi. Parce que tu m’indiffère totalement. Tu peux passes complètement au-dessus de la tête. La preuve, j’avais oublié jusqu’à ton existence avant aujourd’hui. Et c’était très bien ainsi.

    - Je t’ai connue plus sexy, Remy. Ça casse un peu le mythe. Ouais, vampires et compagnie, pas trop mon délire…


    Si elle fait ça avec tous les mecs, tu m’étonnes que cela ne fonctionne pas. Le pire, c’est qu’elle semble aimer ça. Moi, je trouve ça purement et simplement écœurant.

    « Un souvenir pour ta chère et tendre... Oh ! Ça me fait penser que tu n'as pas répondu à ma question : est-ce que je suis jalouse, d'après toi ? »

    Nous y voilà. Encore une question. Je pousse un deuxième soupire, désireux de passer à autre chose. On tourne en rond, Sweetie. Tu m’ennuies.
    Je souris.

    - Tu sais pas quoi ? Je m’en fous !

    Bim.
    Puis, sans prévenir, elle repousse sa chaise et se lève. Je la regarde, à la fois amusé et exaspéré, se diriger vers la sortie et manquer se prendre le serveur en pleine face. Maladroite avec ça !
    Ils échangent rapidement mais de là où je suis, leurs mots ne me parviennent pas. Ça m’est égal, de toute façon. Je ne compte pas m’enraciner ici.
    Je note avec satisfaction que mon ex ne fait que s’installer sur la terrasse.
    Au moment où le serveur arrive à ma hauteur, je suis déjà sur le départ. Il me tend notre addition avec un sourire un peu gêné. Le pauvre, il n’y est pour rien si cette fille est une garce. Je tâche alors d’expliquer à notre aimable serveur que ma chère copine a un sens de l’humour très particulier, que comme toute femme qui se respecte, c’est évidemment elle qui détient la carte bleue, que nous n’avons de toute façon pas fini de consommer, et qu’il a intérêt à retourner à ses oignons fissa sinon je m’occupe personnellement de son cas. Il se montre très coopératif. Très aimable, ce monsieur.

    Je marche avec nonchalance et sans me presser jusqu’à la terrasse. J’ai du temps à gaspiller après tout. Et puis on commençait tout juste à s’amuser !
    Une fois dehors, j’extirpe une cigarette de ma poche et je l’allume tout doucement. Je ne fume pas, ou très rarement. Seulement pour les occasions.
    Puis je rejoins ma chère et tendre Remy qui s’est déjà approprié une place sous le ciel d’un gris délavé sur le point d’exploser.

    - Tu ne pensais tout de même pas t’en tirer comme ça, chérie ?

    Tout en m’installant, je souffle un nuage de fumée qu’elle se prend de plein fouet.

    - Dis moi, Remy, qu’est-ce que j’ai bien pu te faire pour que tu te démènes à me haïr à ce point ? C’est pas que ça m’intéresse, mais je suis d’un naturel curieux.


    Et puis soudain je réalise : la terrasse ! Génial. Je m’éclipse comme je veux !

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MessageSujet: Re: Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]   Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy] EmptyLun 2 Juil 2012 - 17:49

Rien ne bruisse ; la catastrophe est tapie dans l'ombre.
Je le sens.
Je le sais.
C'est dans l'air (je vous passerais le « C'est dans l'air, c'est millénaire ; S'enivrer ; Coïter ; Quid de nos amours passés » de Mylène F., MDR, merci bien, adieu).

Je sais pas d'où ça me vient.

J'ignore d'où me vient cette vilaine intuition, mes amis, mais je sais que quelque chose de monstrueux se profile et va fondre sur moi comme le fauve sur le paauuuvre petit martyr que je suis et qu'originellement, cet enfoiré d'Evan au sex-appeal renversant (haaa... ça m'fait mal de le reconnaître) en sera un des vecteurs principaux.

Je sais aussi que ça m'est venu d'un coup : croyez-moi, Remy Sullivan a le nez en ce qui concerne la détection des problèmes qu'elle va se taper ou plus ou moins engendrer.
Elle a le flair.
Pourtant, ça l'empêche pas de rester là, bouche en cœur et yeux papillonnants, prise dans une grosse gangue de gelée gluante, collée à sa chaise par la graisse de son adorable postérieur.

Dans ma tête règne le silence oppressant du champ de bataille juuuuste avant l'assaut.

Bordel. J'ai le chic pour attirer les mecs à problème.
Que quelqu'un vienne m'achever à coups de figue, je me laisserais faire.
Je délire.
Faut que j'arrête d'agir avant de réfléchir.

JE SUIS UNE BLONDE.
Ou pas.
J'ai rien contre les blondes.
J'vous jure.

Ça tourne plus rond dans ma tête.

Je change d'état d'esprit comme on change de serviette hygiénique : bombe sexuelle qui tient le monde entre ses mains puis hystérique à l'intérieur tout en étant revêche à l'extérieur, sans oublier la phase mélancolique puis sadique.

Vous voulez que je vous dise ? J'ai jamais voulu de ça. Promis.
C'est juste que ce mec a le don de foutre une pagaille pas possible dans mon fort intérieur : je me vois déjà dévaliser la première pâtisserie du périmètre, avec la boulangère toute échevelée, le cul à même le carrelage, à refouler les clients suivants vers la sortie.
Tout ça pour calmer mes démons intérieurs.

Je suis folle, vous dis-je. Folle.

Encore aujourd'hui, j'arrive pas à comprendre quelle folie a bien pu s'emparer de moi à l'époque pour que j'accepte de me coucher dans le même lit que ce mec. Et si plus affinité.

Toute explication valable me sort par les trous de nez.
Surtout que ce mec n'a rien de bien.
Ni de parfait.
Bon je l'avoue, outre ses innombrables défauts, il a bien une ou deux petites qualités. Voilà bien la preuve que personne n’est parfait (parfaitement parfait ou parfaitement imparfait. Oui, Remy Sullivan fait dans la philosophie aussi). Rien de bien conséquent néanmoins, je vous assure, juste quelques détails sans importance qui ne font que renforcer la laideur de sa personne en général.
Et qui s’oublient très rapidement une fois que son masque de gentil charmeur ne s'effiloche.

Bah quoi ? Oui, comme tout le monde, Remy Sullivan a sa vision du Parfait.
Tout à fait :

Pour réaliser l'Idéal façon Remy Sullivan, prenez un gars aussi acariâtre (aux premiers abords) que givré, et qui aurait des petits plis autour des yeux à force de rire des couillonnades de la Remy sus-citée, renversant sa tête en arrière de manière tout à fait adorable et projetant ses HAHAHA en l'air de sorte qu'il les reçoive entre les deux yeux quand ils retombent.

Ajoutez une pincée de savoir faire dans l'art des guili-guili de partout, des baisers langoureux et de ceux qui aident à s'endormir quand on a pensé à des choses très tristes.

Puis, mélangez énergiquement en incorporant les deux ingrédients principaux : la patience et le sens de l'humour.
Surtout le sens de l'humour.
Quoique vous me direz, la patience est aussi très importante quand on doit se coltiner toute la journée une dingue telle que moi...

Laissez ensuite reposer suffisamment pour qu'il ne traîne pas les pieds toute la journée en geignant qu'il est fatigué d'avoir rien glandouillé.

Quand la (bonne) pâte aura levé et que les bras et les pectoraux seront bien dessinés (mmh), faites en sorte qu'il comprenne que L'Invention de la solitude de Paul Auster, la dégustation d'un verre de Gold Strike, Mephisto sur mes genoux et ma sœur à l'autre bout du fil téléphonique sont, comme dans toute logique, incompatibles avec l'aspirateur, les discussions existentielles sur la vie et la machine à laver sur essorage. Dans l'absolu, il faut qu'il ait intégré le fonctionnement des trois et aux heures ouvrables, cela va de soi.

Remuez ensuite délicatement de bas en haut histoire de lui inculquer l'art du massage thaïlandais qu'il devra, à l'issu de ce délicieux traitement, maîtriser parfaitement.

Mettez à dorer au four pour que sa peau contraste avec le teint laiteux de Remy la Suissesse.
Ah ! Tout bien réfléchi, inutile de badigeonner lourdement le Parfait au jaune d’œuf : en fait, Remy l'aimera mieux au naturel.

En fin de cuisson, saupoudrez d'idées romantiques (forcez pas trop la dose, non plus, hein, j'veux pas d'un transi d'amour) : un week-end surprise pour nager au milieu des requins blancs, des billets rigolos laissés sur la table du petit-déjeuner s'il part travailler avant que je ne me lève qui parlent de mon mauvais caractère et de mes satanées manies (la réconciliation naked on the floor, y'a qu'ça d'vrai), des bougies d'anniversaire sur la pizza, sa tête sur mes genoux pendant qu'on se moque de la coiffure (et de la dégaine en général) de Justin Bieber, des choses cochonnes dans des endroits insolites... bref, des trucs qui ne coûtent pas bien cher mais qui plaisent grave à Remy Sullivan.

Servez chaud (trrrrrrès chaud car, voyez-vous, Remy est une grosse gourmande qui brûle lui de faire comprendre le sens du mot anglais "ruttish") et laissez-la déguster ce qu'elle n'a jamais connu.

Mais je m'égare.

    « Dis moi, Remy, qu’est-ce que j’ai bien pu te faire pour que tu te démènes à me haïr à ce point ? C’est pas que ça m’intéresse, mais je suis d’un naturel curieux. »

Je penche la tête sur le côté et lève un sourcil intrigué parce que merde, sa question m'a prise de court. Qu'est-ce qui fait que je le hais à ce point ? Heu...

    « Ben... pour faire simple, le fait qu'on se ressemble beaucoup trop niveau caractère. Quand j'te vois, je vois tes défauts. Donc par effet miroir, les miens. Mais ton existence en général m'emmerde prodigieusement. »

Juste au moment où je me penche par dessus la table pour lui prendre la cigarette des mains et en tirer une bouffée, il commence à pleuvoir. À verse.
Youpi.

    « Et toi ? »

Je vais non seulement être trempée comme une soupe, mais en plus, je vais offrir un spectacle de moi édifiant, nichons à l'air. Enfin presque, puisque ce qu'on verra comme un nez en plein milieu du visage, ce sera mon soutif et rien d'autre.
Bien que ce soit déjà trop.

Note à moi-même : Remy. Pitié. Portes pas de haut blanc vaporeux quand tu vois qu'il va pleuvoir nom d'une pipe.

Oh. Oh. OH !
Attends trente secondes.
On arrête de se perdre dans les méandres de sa connerie, on fait abstraction du temps merdique de Little Angleton, de la terrasse et du mufle en face de soi et on réfléchit. On rembobine et on recommence.

On se reconcentre sur la sensation du tout début. Oui oui... du touuut début.
Le mauvais pressentiment.

Parce que vous voyez, y'a toujours ce truc qui m'tracasse là. Qui m'titille.
Il y a comme un vide, là.
Là, là, juste là, tu vois ?
Attends, je te montre. Voilà.
Eh bien, c'est là qu'il me manque un truc. Non non, je ne sais pas quoi comme truc, sinon, j'aurais sitôt fait de l'y r'mettre.
Je sais juste qu'y a un truc qui cloche, c'est tout. Ah oui, et que ça m'emmerde aussi.

Ça me fait comme quand on quitte la maison pour un long voyage avec la sensation d'oublier un truc de super important.
De primordial.
Alors on vérifie la clique Passeport-oseille-ticket, mais on a tout et la sensation reste.

Et ben là, c'est pareil.

Le souci, c'est que non, vraiment, je ne vois pas ce qui peut bien manquer. Et pourtant ça manque, c'est sûr. Ça manque tellement que m'en voilà toute ralentie et molle, la lippe boudeuse.

Non, décidément, il manque un truc.

C'est quand je vois Evan se lever que je comprends tout de suite.

Evan. Enfoiré de petit c*n de merde qui pue du cul tellement je le hais. Sorcier. Noir.
Et par dessus tout : téléporteur.

OOOOOOH LE CON.

    « Evan. N'y pense même pas. »

Je suis tellement en pétard que je trouve pas la force de hurler.
Ce que je sais, par contre, c'est que je vais pas le laisser s'enfuir de la sorte.

Remy Sullivan est une sangsue.

Et aussi indécrottable que du chewing-gum sous ta basque.

Spoiler:
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Ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, chérie ! [Remy]

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