Le pire viendra. ( Maysar - Pandora )

Sujet: Le pire viendra. ( Maysar - Pandora ) Dim 20 Jan 2013 - 11:40

On ne se souvient jamais
que de l'explosion la plus forte.

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« Et le gosse. Tu crois vraiment que nous le sauvons en faisant ça ? Ne vaudrait-il pas mieux le laisser mourir maintenant, au lieu de l'impliquer malgré lui dans cette guerre ? »

« Il vivra des moments difficiles. Mais il aura aussi l'occasion d'être heureux. Je ferai tout pour qu'il le soit le plus possible. Et il aura toujours le choix, que cela nous plaise ou non. Il est né pour être libre. »

Il est né pour être libre...

Et voilà, c'est arrivé. Il devait partir, je suppose...

Maysar survola en esprit les montagnes écossaises, aux côtés de la créature. Il était impressionné de la vitesse à laquelle Karhel était parvenu à maîtriser le Gùntray.

Mais est-ce vraiment une bonne chose ?

Cependant la lune se leva, et l'obscurité qui entourait la bête parut grandir. Elle plongea précipitamment vers le sol, et se posa dans une vallée encaissée. L'obscurité s'évanouit et Karhel apparut au milieu de la fumée, tremblant.

Il commence à comprendre. Et ses erreurs le rendront plus fort. Plus fort et plus dangereux que n'importe lequel d'entre nous. Espérons qu'il saura faire les bons choix, et que son cœur gardera sa pureté.

Karhel se remit en marche. Maysar le suivit un instant, jusqu'à ce qu'il s'arrête au fond d'une petite gorge, au bord du torrent. Il le regarda s'assoir en tailleur sur une pierre et prendre une position de méditation. Peu à peu, son visage se détendit, et un grand calme sembla l'envahir.
Rassuré par ce qu'il avait vu, Maysar s'envola de nouveau au-dessus des montagnes, et survola l’Écosse à toute vitesse. Il passa en flèche au-dessus de Little Angleton et fonça vers l'orphelinat. Il plongea en direction du sol et le traversa, réintégrant brutalement son corps.

Il se trouvait dans un vieux cachot du manoir, assis en tailleur à même le sol. Étirant ses membre engourdis, il se leva et regarda autour de lui. Les murs de pierre humide étaient recouverts d'une substance blanche : du salpêtre.

Parfait.

Il ouvrit une petite fenêtre dans l'Autre Lieu, juste assez large pour qu'il puisse y passer sa main. La membrane qui séparait les deux mondes était assez souple pour qu'il puisse la tordre afin d'accéder à un grand nombre d'objets qu'il entreposait là. Il ne tarda pas à ressortir avec un petit pot en terre et un vieux couteau. Il posa le récipient contre le mur et gratta la pierre au-dessus avec la lame du couteau pour récupérer la poudre blanche.

Les scientifiques l'appelaient nitrate de potassium, mais on l'avait longtemps nommé salpêtre, le sel de pierre. C'était un des éléments essentiels pour la fabrication de nombreux explosifs.
Maysar racla patiemment tous les murs du cachot. Une partie de la poudre lui servirait à fabriquer des fusée d'artifice pour les enfants. Ça leur plairait, il en était sûr. Quant au reste... il en ferait quelque chose de bien plus sérieux... et bien plus important.

Le mal approchait à grands pas, il le sentait dans son cœur. Et lorsqu'il frapperait, ils devraient tous être prêts à l'affronter.
Salpêtre, charbon de bois, souffre. Les deux premiers ingrédients n'étaient pas difficiles à trouver. Le salpêtre recouvrait les murs de la plupart des vieux cachots du manoir. Le charbon de bois se fabriquait assez facilement. Mais le souffre... Il lui faudrait aller en Islande, au bord d'un volcan. Il devait prévenir Pandora qu'il s'absenterait quelques jours.
Il s'apprêtait à tracer une rune pour appeler sa vieille amie, mais au même moment, des pas résonnèrent dans le couloir menant au cachot. Ils les reconnaissait entre mille...

« Bonjour Pandora. Je te cherchais. »

Sujet: Re: Le pire viendra. ( Maysar - Pandora ) Sam 26 Jan 2013 - 18:03

Wir sind wie Eisblumen
Wir blühen in der Nacht

Pandora était à peine remise de la naissance de son petit fils Salim. Si toutefois il était possible qu'elle s'en remette un jour. Elle rendait visite à Nérys chaque jour, apportait de la layette au petit, des fleurs pour sa fille, à manger, des livres sur la maternité, dès qu'elle croisait Jonathan dans les couloirs, elle ne pouvait s'empêcher de lui poser des questions sur le bébé, lui parler de la vie de parent...La vieille femme ne serait plus jamais la même. Elle n'avait finalement jamais donné la vie, mais voir la jeune femme qu'elle avait élevé comme son propre enfant mettre au monde son propre enfant la remplissait de bonheur, si bien que le regret était bien moindre, encore plus atténué par cet heureux évènement qu'il ne l'avait été par tout le temps qu'elle avait vécu depuis sa dernière fausse couche.

Ces pensées en flots continus la traversaient alors qu'elle arpentait l'orphelinat d'un pas rapide, à la recherche d'une personne. Karhel Gueï. Personne ne l'avait vu, hier. Jusqu'à ce que Jonathan vienne vers elle dans la soirée, paniqué, et ne lui explique une histoire compliquée comprenant une créature étrange et Björn Kristiansen, en concluant que l'enfant s'était enfui. Aussitôt elle lui avait demandé d'aller chercher Takeji et d'entamer avec lui des recherches dans le domaine et les environs. D'autant que l'enfant ne pouvait pas parler. Et cela ne faisait que peu de temps qu'il était revenu à une forme de vie civilisée. Elle ne voulait pas qu'il lui arrive un quelconque problème due à ces deux "handicaps". Car en dehors de cela, c'était un enfant débrouillard, adorable, et plutôt sociable.

En attendant, la directrice avait de nouveau fouillé les dortoirs, l'extérieur de l'orphelinat, les salles de cours, et demandé des renseignements à quiconque elle se trouvait sur son chemin. Personne n'avait pu correctement la renseigner. Elle décida alors d'aller explorer les sous-sols avant de vérifier dans le placard magique où l'enfant avait très bien pu se perdre, ou de carrément envoyer une patrouille d'Orpheo pour baliser le secteur Il n'avait pas pu aller trop loin, se dit-elle, tentant de se rationaliser.

Ce faisant, elle prit les escaliers menant sous l'orphelinat, prenant garde à bien refermer la porte derrière elle au cas où un bambin aurait eu l'idée de la suivre. L'escalier pouvait être quelque peu dangereux pour un trop jeune enfant.
Allumant toutes les lumières, Pandora fouilla la salle de combat, l’amphithéâtre, la cave, ainsi que la salle de Takeji Kido. Pas la moindre trace de Karhel. Serrant les lèvres, elle se décida à finalement aller voir les anciens cachots. Elle espérait qu'il n'y était pas, certains anciens détenus y avaient laissé des runes dangereuses, et les poltergeist aimaient bien s'y cacher.

Elle ne fut pas spécialement surprise d'y trouver Maysar. Après tout, c'était l'homme le plus étrange qu'elle ait jamais rencontré. Il s'entendait merveilleusement bien avec Alfred. Et, malgré le fait qu'il ait essayé de la tuer, elle aussi l'appréciait énormément. Il était maintenant un de ses plus vieux amis, et d'excellent conseil pour ce qui était des affaires de poltergeist, d'âmes récalcitrantes. Et il connaissait plutôt bien Karhel. Il allait peut-être pouvoir la renseigner.

Elle avait à peine passé le pas de la porte du cachot qu'il lui déclara qu'il la cherchait. Son visage exprima une moue surprise, et elle regarda le vieil homme penché vers le sol froid et sale. Cela non plus ne la surprenait pas. La loufoquerie était le quotidien de Maysar. Elle espérait qu'il savait où était Karhel. C'est pourquoi elle prit la parole :

-Bonjour Maysar. As-tu quelque chose de particulier à me demander ? Je dois t'avouer que ce n'est pas toi que je cherchais en venant ici, mais Karhel. Il a disparu depuis cette nuit, Jonathan m'a raconté qu'il s'était passé quelque chose d'étrange hier...Il a parlé d'une créature... Peut-être...Pourrais-tu m'aider, avant que je ne demande des renforts à Orpheo...

Les pouvoirs mentaux de son ami étaient très étendus et surprenants, il était tout à fait possible qu'il sache où était le garçon, ou que son don lui permette de le localiser. Elle l'espérait fortement.

Sa vieille amie fit son apparition dans le cachot. Elle haussa les sourcils en l'entendant dire qu'il la cherchait mais ne s'attarda pas là-dessus, pas plus que sur sa position étrange, plié en deux, penché vers le sol. Il se redressa avec un sourire, croyant quand même bon de se justifier.

« Je m'apprêtais à tracer une rune pour t'appeler, mais tu... »

Elle ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase.

« Bonjour Maysar. As-tu quelque chose de particulier à me demander ? Je dois t'avouer que ce n'est pas toi que je cherchais en venant ici, mais Karhel. Il a disparu depuis cette nuit, Jonathan m'a raconté qu'il s'était passé quelque chose d'étrange hier...Il a parlé d'une créature... Peut-être...Pourrais-tu m'aider, avant que je ne demande des renforts à Orpheo... »

Ah oui... Karhel. Il s'étonnait même qu'elle ne soit pas venue le voir plus tôt.

« Ça ne sert à rien de le chercher ici. Il vient d'entrer en Angleterre.»

Maysar se détourna. Il ne voulait pas regarder Pandora en face. Il connaissait ses talents de télépathe...
Il n'avait jamais osé lui faire part de son secret concernant Karhel et le Guntray. Comment réagirait-elle, si elle l'apprenait ? Mal, certainement. Elle ne comprendrait pas.

Alfred aurait probablement compris, lui...

Mais Alfred était parti à tout jamais, laissant à Pandora une blessure qui n'avait jamais pu cicatriser. Et qui l'avait changé à jamais. Il valait mieux pour lui qu'elle ne sache rien de son secret. Et pourtant, elle connaissait déjà suffisamment d'éléments pour la mettre sur la piste. Il espérait qu'elle ne ferait jamais le rapprochement entre le fait que Karhel sache parler nazca, et le voyage qu'il avait effectué avec Bjorn avant sa mort...

Maysar se ferma à tout sentiment, avant de se retourner vers son amie.

« J'ai vu ce qu'il s'était passé dans la tour. Je surveillais Karhel par l'esprit au moment où il s'est transformé, dans le phare. Jonathan est arrivé au même moment. Je suppose qu'il t'a tout raconté... Ils ont lutté un moment, jusqu'à ce que Karhel reprenne forme humaine. Il a du parvenir à maîtriser l'esprit de la bête... Il a laissé Jonathan dans le phare, et est retourné à l'orphelinat prendre des affaires. Puis il a créé une illusion de lui-même pour tromper Jonathan. Et il est parti...»

Maysar soutint le regard de Pandora. Il savait qu'elle allait lui reprocher de n'avoir rien fait.

C'est une épreuve qu'il doit surmonter seul...

Wir sind wie Eisblumen
Viel zu schön für den Tag

Pandora regarda son ami se relever, et commencer une phrase, qui disait qu'il voulait l'appeler, et que, toute à son inquiétude, elle ne le laissa pas finir, pour lui demander des renseignements sur Karhel Gueï, l'orphelin disparu. A sa grande surprise, il lui répondit calmement, et tout de suite qu'il était parti en Angleterre. Après un instant de choc, la vieille femme se rendit compte que ce genre de réaction n'était pas si étonnante que cela de la part de Maysar. Il était comme cela depuis longtemps, c'était un des aspects de sa personnalité. Mystérieux. Il détourna son regard. Elle se retint de lire dans ses pensées. Il était son ami, elle devait le respecter. Il eut l'air pensif, un instant. Puis il lui expliqua de manière décousue l'origine de la fuite de l'orphelin. Elle ne saisit pas tout. Elle se rapprocha de son ami et regarda son visage parcheminé comme le sien avant de lui demander calmement, mais l'inquiétude trahie par sa voix :

-Quelle est cette créature dont tu parles Maysar ? N'es-tu pas inquiet pour l'enfant ?

Elle cherchait à déceler dans les yeux et le visage du vieil homme une réponse précoce à ses questions. Il semblait cacher des secrets insondables et compliqués. Mais elle n'aurait su lui en tenir rigueur, il était une personne normale comme elle, et, bien qu'ils soient amis de longue date, il pouvait parfaitement lui cacher des choses. On ne sait jamais tout d'un individu, pensait-elle. Elle espérait simplement que ce qu'il ne lui disait pas ne mettait en danger personne d'autre que lui, corps dont il était le seul maitre. Il avait toujours possédé une certaine indépendance, et même le fait d'être en quelque sorte sa supérieure ne pouvait la lui retirer. Pandora arrivait à ne pas trop s'inquiéter pour Karhel à cet instant précis grâce à cette sérénité qui se trouvait en Maysar, cette assurance lorsqu'il avait raconté ce qu'il s'était passé et lorsqu'il lui avait appris où se trouvait le garçon à l'heure actuelle. Cette quiétude apparente était la seule chose à laquelle elle pouvait en cet instant se raccrocher, elle ne comprenait pas grand chose, mais pourtant, n'était pas paniquée. Elle avait confiance en Maysar, et en les réponses qu'il pourrait lui donner. Il fallait toutefois qu'il choisisse de le faire. Son statut de directrice de l'orphelinat ne lui apportait pas de réel avantage dans cette relation. Son ami avait toujours fait comme bon lui semblait, et il ne lui avait, de la sorte, jamais nui, excepté bien sur le jour de leur rencontre. Ce qu'elle ressentait dans l'attitude de ce vieil homme qu'elle connaissait déjà depuis si longtemps, c'était cette maitrise tendue et précaire de la situation, toutefois gérée par une sérénité apparente, une sagesse inhérente au personnage, bien qu'elle ne le sache pas parfait, loin de là. C'était là tout le charisme de Maysar, et ce qui la rassurait en cet instant.