S'ennuyer sans s'ennuyer, toute une affaire.

Contre les exploitations indignes d'enfants et d'adolescents, il fallait téléphoner à quel numéro ? Athénaïs se le demandait régulièrement avec un sourire en entrant dans le hall en début d'après-midi sans pour autant chercher dans un annuaire téléphonique. Pas terrible le téléphone quand on était muet. Et de toute façon, elle n'y pensait pas réellement. Les pensionnaires de Mystery avaient l'immense joie d'avoir le double de cours qu'un enfant anglais normal, hors période de vacances, naturellement, et parfois ils s'en plaignaient. Ayant toujours vécut cela, la mêlée ne trouvait pas cela particulièrement astreignant, mais elle savait que ce n'était pas le cas des enfants qui arrivaient ici après avoir vécu les cours que le matin. C'était d'autant plus difficile à accepter quand il faisait un temps éclatant comme ce jour-là, qui donnait plus envie de paresser à l'extérieur que de s'enfermer dans une salle de cours. Athénaïs secoua la tête avec un sourire avant de traverser le hall. Elle n'aurait jamais séché un cours, mais parfois, l'idée de se cacher plutôt que de travailler la titillait. Avant de la quitter rapidement. De toute façon, ce n'était pas à l'actualité du jour, il n'y avait pas de cours en vacances.

Elle avait encore le temps avant de se rendre à l'écurie comme elle l'avait prévu pour cette après-midi. Elle avait mangé plus rapidement que d'habitude et elle se retrouvait légèrement désemparée. Elle n'avait pas le temps de se lancer dans une activité qui prendrait trop de temps, mais elle avait tout de même le temps de s'ennuyer. Que faire ? Trouver un endroit tranquille ? Le placard à balais, la cuisine, le cabanon à l'extérieur ? Non, elle aurait trop de mal à retourner dans un endroit clos ensuite, même s'il s'agissait de l'écurie. Dans la cuisine, elle risquait de dévaliser les réserves de gâteaux. Il y avait des risques à ne pas prendre. Alors ? Distraitement, elle caressa la petite bonbonne d'eau qu'elle gardait toujours sur elle. Avec le temps, ce geste était devenu machinal. Elle salua avec un sourire et un signe de tête les personnes qui passaient. Parfois, elle allait même jusqu'à un signe de main pour une personne qu'elle connaissait bien, ou un signe plus respectueux quand il s'agissait d'un adulte.

Plantée au milieu du hall, elle ne devait pas donner une image très fine d'elle. Pourquoi ne pas rester tranquillement là, assise sur une marche d'escalier à se faire oublier ? Ce n'était peut-être pas ce qu'il y avait de plus enrichissant à faire, mais elle pourrait jouer avec l'eau qu'elle portait sur elle. Jouer, réviser une leçon de langue, ou amuser un enfant qui passait par là. Ou rester simplement à regarder et écouter ce qui se passait dans le coin. Ses projets étant devenus une évidence, elle s'installa le plus naturellement du monde et regarda un moment autour d'elle comme si c'était la première fois qu'elle pénétrait dans l'orphelinat, alors qu'il s'agissait de l'un des endroits qu'elle connaissait le mieux.

Ramenant ses cheveux blonds derrières ses oreilles, elle replia ses jambes pour s'asseoir en tailleur, de façon très précaire. Il ne lui restait plus qu'à espérer que personne ne la percute, surtout qu'avec un jeans, la position n'était pas des plus aisées à tenir. La bonbonne dans une main, elle dévissa le bouchon de l'autre et manipula d'un doigts quelques gouttelettes qui quittèrent le plastiques pour venir voleter devant le doigt tendant. Courbes, spirales, symboles sans sens prirent forme lentement avant de disparaître de façon naturelle, passant d'une image à l'autre sans problème. Malgré sa concentration, Athénaïs continuait d'écouter ce qui l'entourait, les bruits qu'elle ne pouvait pas reproduire. Se concentrer sur une activité simple et écouter. Le calme. L'adolescente adorait ces moments. Elle sourit à l'eau, qui lui répondit avec un clin d'oeil stylisé. Ou comment parler toute seule. La protection de l'enfance était oubliée. Elle était chez elle.

Passer à autre chose, se souvenirs des bons moments, oublier les mauvais, avant de plonger. Je ne veux pas penser 24/24h et sept jours sur sept à maman. Je lui ai cèder, mais quand elle n'est pas là le combat continue. Et d'ailleurs il ne faut plus que j'y pense. Après les aveux inquiétants que j'ai fait à Nérys, je suis de plus en plus déterminée. Maman m'aura, mais je reviendrais. En attendant je me bats. Derrière moi trois professeurs cette fois. Par ordre de Mrs Mystery, je dois toujours, toujours, mais vraiment toujours être surveillée. Et par des professeurs capables de me rattraper. La professeur de danse est métamorphe guépard, et télékinésiste, de quoi me stopper aisément. Le professeur d'anglais, français et arabe est influent et guérisseur, de quoi me contrôler un peu. Et le dernier un professeur de téléportation, lui il est téléporteur déja, et maîtrise de la terre. De quoi me rattraper au cas où.

Je souris doucement en pensant à cette mesure de précaution. Elle est très bien pensée. Mais il faudrait dire à Mrs Mystery qu'elle n'est pas très efficace. Disons que j'ai trouvé le moyen de la surmonter. La professeur de danse est malheureusement moins efficace que moi, ainsi que le professeur de langues. Il n'y a que le professeur de téléportation qui me poserait problème. Disons que la plupart des professeurs, à part ceux qui enseigne les art martiauxs, et le contrôle des armes, sont plutôt disons... pacifistes. Ils n'ont pas forcément reçu de formation pour se battre. Contrairement à moi. J'ai choisit cette voie il y a bon nombre d'année. Je n'avais pas encore sept ans. Cela fait donc plus de dix ans que je suis formée pour le combat. J'ai pratiqué au moins six art martiaux, et j'en fait quatre aujourd'hui, sans compter le court d'auto défense, la pratiques des armes, à feux ou blanches. Je ne suis pas de celle qui va parlementer pour ramener les poltergeist à la raison. Ca je ne sais pas faire. Non moi j'exterminerais les poltergeits, et les pratiquants de l'idéologie dîtes "noire".

Mais ça veut aussi dire tuer maman... Non pas maman. Personne ne touchera à un seul cheveux de maman. Je pourrais la ramener du bon côté. Je le jure maman. Un jour, je te ramènerais du bon côté. Je sers doucement les poing tandis que les professeurs me suivent à travers le Mystery Orphanage. D'une certaine manière je suis forte, mais face à maman je reste une enfant, pleine de faiblesse, ne comprennant plus le monde, totalement perdue. Je me suis déja assez épuisée aujourd'hui. Ce matin entraînement. Mes muscles ne me tirent pourtant même pas. A force de s'entraîner tous les jours, on en devient chaque jour plus fort. C'est une constatation agréable à faire. Je traverse le hall pour me rendre dehors, pour respirer un peu. Et je croise Athénaïs. Je souris. J'aime beaucoup Athénaïs. Elle ne sait pas parler, mais elle n'en a pas besoin. Nous nous connaissons depuis maintenant quatorze ans. Pour elle, la plupart de ses amis ont appris le langage des signes, moi y compris. Je m'avance vers elle, mes bergers derrière moi.

-" Salut Athénaïs. ça va?"

J'ai fait la même chose en langage des signes, par habitude plus que pour m'assurer qu'elle ait bien compris. De toutes façons Athénaïs entend parfaitement. Et elle est aussi capable de lire sur les lèvres. Aors niveau compréhension, pas besoin d'en faire trop. Il y a peu d'enfand sourd, muet, ou aveugle au Mystery Oprhanage. Non qu'ils soient refusé, mais la nature des humains doués ou des sorciers est telle que ce genre de choses arrive rarement. Je viens m'assoir devant Athénaïs. Dans le hall, comme cela, nous avons l'air de vraie clocharde, mais à quoi bon s'en soucier? Ici, c'est chez nous !